25 avril 2002

[Jean Madiran - Présent] "Quand nos évêques nous tiennent un violent discours d'exclusion"

SOURCE - Jean Madiran - Présent - avril 2002

Il y a donc une justice immanente. En attendant l'autre, elle frappe déjà la partialité politique de l'épiscopat français. Même La Croixannonce les fébriles interventions épiscopales en ces termes qui se retournent comme un gant : "Les évêques multiplient les mises au point pour dénoncer le discours d'exclusion de l'extrême droite". Dénoncer le discours... d'exclusion de l' "extrême droite" ? En effet. Lisez bien. Le discours qui exclut l' "extrême droite", vous le dénonceriez donc ?  Car c'est bien l' "extrême droite" qui, sous cette dénomination arbitrairement péjorative, est la seule qui soit frappée par un "discours d'exclusion". Celui des socialo-communistes. Celui de Chirac. Celui des évêques.

Et c'est un discours d'une radicalité sans précédent. Il décrète : "rien de commun", "aucun débat", "pas de dialogue". Les évêques français n'avaient jamais tenu un tel langage : ni contre les communistes, ni contre l'infiltration trotskiste, ni contre l'avortement. Ils avaient dit, ils disent encore, qu'il faut toujours dialoguer, qu'il y a partout une part de vérité ; et, comme le répète l'évêque d'Angoulême, qu'ils sont pour "le grand dialogue entre la tradition catholique et la tradition laïque". Où est leur "débat", où est leur "dialogue" avec la "part de vérité" du courant national? Depuis vingt ans et davantage, ils le condamnent sans l'entendre, ils le frappent d'exclusion au nom de l'Évangile, ils assimilent frauduleusement la "préférence nationale" à un racisme hitlérien : et ils n'en veulent jamais démordre, quels que soient les démentis et les réfutations.

Je suis l'un de ceux qui peuvent en porter le témoignage le plus catégorique. Chacun des 95 évêques français a personnellement reçu mon opuscule : L' "extrême droite" et l'Eglise, réponse, qui faisait justice des raisonnements tordus et des erreurs matérielles que depuis vingt ans et davantage nos évêques opposent au mouvement national. Pas un d'entre eux n'a eu un mot de dialogue, une esquisse de débat ni une ouverture du coeur. Cette carence générale et concertée se prolonge depuis bientôt quatre années, de temps en temps je le rappelle publiquement, ils n'en continuent pas moins à répéter les mêmes griefs arbitraires et les mêmes exclusions persécutrices, mais ils ne pourront plus invoquer leur ignorance ou leur méprise, maintenant l'une et l'autre sont apparemment volontaires.

A l'intérieur de l'Église, des voix ecclésiastiques s'élèvent pour reprocher à Mgr Ricard, président de l'épiscopat, de n'avoir fait contre Le Pen qu'un communiqué trop mou. A l'intérieur du parti socialiste, des voix insistantes s'élèvent pour reprocher à Jospin d'être maintenant silencieux sur Le Pen. De part et d'autre, c'est le même harcèlement révolutionnaire ; de part et d'autre, il vient de l'intérieur. L'inspiration trotskiste est analogue dans les deux cas. L'infiltration trotskiste va de soi dans le parti socialiste. Dans le clergé, elle est plus étrange, mais non moins réelle.

C'était déjà, il y a quatre ans, le même harcèlement révolutionnaire qui, à l'intérieur de l'Eglise, allait répétant :
Les évêques ne dénoncent pas suffisamment le Front national.
A quoi l'épiscopat faisait répondre déjà :
L'Eglise est engagée à fond dans la lutte contre le FN.
Mais en celà, ce clergé n'est pas l'Eglise.

Pour la première fois dans notre histoire, le clergé français abandonne la France qui veut survivre en tant que nation. Au temps de Jeanne d'Arc, seulement une partie du clergé avait fait défection, comme en témoignait, avant le procès de Rouen, le procès de Poitiers.
  
Pour la première fois dans l'histoire de France, le clergé diocésain et son épiscopat accompagnent une déchristianisation aussi étendue, aussi profonde et aussi rapide, dans l'espace d'une ou deux générations.

Ce qu'ils ont accompli ainsi donne la mesure de leur qualification.

16 avril 2002

[Aletheia n°28] Mgr Brincard et la franc-maçonnerie - et autres textes

Aletheia n°28 - 16 avril 2002
  • Mgr Brincard et la franc-maçonnerie

  • Les évêques de France et la franc-maçonnerie

  • À propos du RP Vieira

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Mgr Brincard : “ Il faut combattre la franc-maçonnerie ”

Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay, a été interrogé sur la franc-maçonnerie par la radio RCF-Le Puy. Ses réponses s'affichent aussi sur le site internet du diocèse.

Au cours des dernières décennies, la Congrégation pour la doctrine de la foi a rappelé aux catholiques que l'appartenance à un mouvement maçonnique était contraire à la foi chrétienne. J’aimerais savoir pourquoi toutes ces réserves face à la franc-maçonnerie ?

Votre question est courageuse. Avant d'y répondre, je voudrais faire, en guise de préliminaire, les remarques suivantes :

1) Il arrive que des hommes soient bien meilleurs que les doctrines auxquelles ils adhèrent. Il faut s'en souvenir lorsque nous rencontrons des francs-maçons. En revanche, c'est toujours le contraire qui se produit lorsqu'il s'agit de l'Evangile. L'Evangile est plus grand que celui qui le professe. Nous comprenons dès lors pourquoi la première vertu chrétienne est celle de l'humilité.

2) Au cours d'un dialogue, il convient de rejoindre le cœur profond de son interlocuteur. Dans ce cœur, en effet, il y a des aspirations qu'une fausse doctrine ignorera. C'est encore le cas des francs-maçons.

3) Les origines historiques de la franc-maçonnerie sont obscures. Dans le cadre de notre émission, je ne puis m'attarder sur elles. Pour éclairer mon propos, il suffit de dire que la franc-maçonnerie, telle qu'elle apparaît au début du XVIII e siècle, ne peut revendiquer sérieusement une filiation avec certaines corporations médiévales, par exemple, avec celle des tailleurs de pierres. De telles corporations, en effet, étaient d'inspiration chrétienne. Or les constitutions d'Anderson de 1723, texte de référence pour tous les francs-maçons, ne comportent plus la moindre référence au Dieu en Jésus-Christ, révélation reçue, gardée et transmise par l'Eglise fondée sur les apôtres envoyés par le Ressuscité prêcher au monde l'Evangile du salut. Un orfèvre en la matière, Jacques Mitterrand - qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme célèbre, François Mitterrand - l'affirme nettement dans un livre où il explique les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie.

Et maintenant, j'en viens à la question souvent posée : “Peut-on être catholique et franc-maçon“ Je réponds clairement : non ! La déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, déclaration engageant fortement l'autorité de l’Eglise, est sans ambiguïtés sur ce point. Elle est du 26 novembre 1983, signée par le cardinal Ratzinger, préfet de cette Congrégation, et dit ceci : "On a demandé si le jugement de l'Eglise sur les associations maçonniques était changé étant donne que dans le nouveau Code de droit canonique, il n'en est pas fait mention expresse comme dans le Code antérieur. Cette Congrégation est en mesure de répondre qu'une telle circonstance est due aux critères adoptés dans la rédaction qui a été suivie aussi pour d'autres associations également passées sous silence parce qu'elles sont incluses dans des catégories plus larges. Le jugement négatif de l'Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Eglise et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. Les autorités ecclésiastiques locales n'ont pas compétence pour se prononcer sur la nature de ces associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci-dessus. Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l'audience accordée au cardinal Préfet, a approuvé cette déclaration.“

Cette déclaration a été précédée par une autre, non moins claire, cette fois de la conférence épiscopale allemande. Faite en 1981, elle est cependant peu connue. C'est pourquoi j'invite mes auditeurs à la lire dans la Documentation catholique (n° 1807). On y développe longuement l'incompatibilité fondamentale entre la doctrine de la maçonnerie et les enseignements de l'Evangile.

Et qu'en disent les francs-maçons ?

La franc-maçonnerie reconnaît elle-même cette incompatibilité. J'en veux pour preuve ce que dit à ce sujet Paul Gourdeau, ancien Grand Maître du Grand Orient de France. Écoutons son message : "Ce qu'il est aujourd'hui important de comprendre, c'est que le combat qui se livre actuellement conditionne l'avenir, plus encore le devenir de la société. Il repose sur l'équilibre de deux cultures : l'une fondée sur l'Evangile et l'autre sur la tradition historique d'un humanisme républicain. Et ces deux cultures sont fondamentalement opposées : ou la vérité est révélée et intangible d'un Dieu à l'origine de toutes choses ou elle trouve son fondement dans les constructions de l'Homme toujours remises en question parce que perfectibles à l'infini. De cette bataille perpétuelle recommencée avec vigueur depuis quelque temps, Malraux disait hier que le XXIe siècle serait religieux ou ne serait pas. C'est à cette affirmation, c'est à ce défi qu'il nous appartient de répondre!“ (Humanisme, n° 193, octobre 1990).

Faire dire à la franc-maçonnerie ce qu'elle n'a jamais pensé, c'est à l'évidence faire preuve d'une naïveté nourrie d'ignorance, c'est confondre sentimentalisme et générosité. Mais Gustave Le Bon ne disait-il pas déjà : "Beaucoup d'hommes sont doués de raison, très peu de bon sens".

Pourtant, certains se revendiquent d'une double appartenance : à l'Eglise et à la franc-maçonnerie ?

Je suis bien conscient que ce que je viens de dire ne plaît pas à tout le monde. Je n'ignore pas non plus qu'un illustre jésuite, le père Riquet - pour ne pas le nommer - a défendu une position différente de celle de l'Eglise. Il l'a même fait connaître dans un livre publié peu de temps avant son décès. À titre personnel, j'ai de l'estime pour le père Riquet. Je rends hommage à son courage pendant la Deuxième guerre mondiale. C'est sans doute, un religieux exemplaire sous beaucoup de rapports. Mais à propos de la franc-maçonnerie, il s'est gravement trompé, probablement abusé par des amitiés nouées en des circonstances difficiles et par une bonne dose de naïveté. À ce propos, il est salutaire de se souvenir que si instruits que nous soyons, nous demeurons fragiles, exposés à de nombreuses erreurs. Un lecteur attentif découvre sans peine que le père Riquet fait preuve de beaucoup de crédulité, par exemple, lorsqu'on affirme que le symbolisme de la franc-maçonnerie peut conduire à la découverte de Jésus-Christ ! En revenant à votre question initiale, je tiens à ajouter que les évêques, et moi le premier, nous sommes la voix de l'Eglise dans la mesure où nous agissons en communion les uns avec les autres autour du "serviteur des serviteurs" qu'est le pape. La déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la foi est une déclaration qui doit éclairer notre action pastorale.

Après tout ce que vous venez de nous dire, Père évêque, quelle attitude doit-on avoir à l'égard des francs-maçons ?

Ma réponse est celle-ci : la franc-maçonnerie constitue un défi qu'il faut relever sereinement et courageusement. Certes, il ne faut pas exagérer l'influence de la franc-maçonnerie ; il ne faut pas, non plus, la sous-estimer. L'attitude d'un catholique agissant en cohérence avec sa foi doit, me semble-t-il, être la suivante : d'abord la clairvoyance. Cela signifie connaître avec exactitude les véritables objectifs que poursuit la franc-maçonnerie. Ensuite, le désir d'approfondir sans cesse la foi chrétienne. L'ignorance est grand ennemi de la foi. Enfin, la résolution de suivre de plus en plus fidèlement Jésus-Christ. L'exemple est plus convaincant que la parole.

Et voici le mot de la fin : notre vraie force est de prendre appui sur Jésus-Christ Lui seul peut changer les cœurs. C'est pourquoi, autant il faut combattre la franc-maçonnerie en rappelant qu'elle est une forme particulièrement nocive de "gnose", autant il faut poser sur les francs-maçons un regard d'espérance, regard né d'une authentique charité, car "rien n'est impossible à Dieu" !

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Les évêques de France et la franc-maçonnerie

. Cette intervention, la plus ferme qu'on ait entendue en France de la part d'un évêque depuis des décennies, peut être perçue comme un certain changement dans l'attitude de l'épiscopat français face à la franc-maçonnerie. D'après diverses sources, la Conférence épiscopale française a abordé à plusieurs reprises ces dernières années, à huis clos, cette question. Les multiples offensives laïcistes de ces dernières années autant que l'attirance de certains catholiques pour la franc-maçonnerie (notamment celle de la GLNF) incitent nombre d'évêques de France à réagir.

L'épiscopat est, sans aucun doute, divisé sur la position à adopter et sur la forme de la réaction. Une déclaration commune en forme de -condamnation solennelle est, semble-t-il, à exclure. En revanche, il est prévu des "initiatives" et des "interventions", personnelles ou collectives, qui prendront des formes diverses.

La rencontre entre les représentants de l'épiscopat français, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, en février dernier, pour examiner différents problèmes administratifs et juridiques qui se posent dans l'application de la loi de séparation de l’Eglise et de l'Etat de 1905, est à situer, en partie, dans cette perspective.

A côté de cette -initiative", les fortes et claires paroles prononcées par Mgr Brincard prennent place dans les "interventions" qui pourraient se multiplier. Même si elles sont loin d'être l'expression d'une position unanime des évêques de France.

. En mai 2001, un militant catholique, Michel-Constant Verspieren, a publié un ouvrage d'information critique sur la franc-maçonnerie : L’impasse maçonnique (Éditions Faver, 33 rue Jean Jaurès, 59491 Villeneuve d'Ascq, 180 pages, 15,09 euros).

Il a envoyé cet ouvrage à tous les évêques de France. Un peu moins d'un quart d'entre eux (24) ont accusé réception du livre. Cinq évêques, et un cardinal français résidant à Rome, ont envoyé des encouragement immédiats.

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À propos du RP Antonio Vieira

Dans la revue Le Sel de la terre (Couvent de la Haye-aux-Bonshommes, 49240 Avrillé), qui publie son 40e numéro et fête ses dix ans de parution, un rédacteur s'inquiète des orientations qui seraient celles des éditions Ad Solem (2 rue des Voisins, CH - 1205 Genève, www.ad-solem.com). Ces éditions ont publié le dernier livre du cardinal Ratzinger, L’Esprit de la liturgie.

Parmi les autres auteurs publiés par ces éditions, l'éminent rédacteur dominicain jette la suspicion sur “ un livre d'Antonio VIEJA (sic) SJ, maître dans l'art de la conjonction des oppositions ( ... ) qui eut des ennuis avec l'Inquisition pour hérésie judaïsante, livre intitulé Le Salut en clair obscur et recommandé par Yves Chiron dans Présent du 15 janvier 2000, etc. C'est toujours un peu le même monde et les mêmes influences. ”

Pour être plus précis et juste, on peut rappeler que le jésuite Antonio Vieira (1608-1697) n'est pas un obscur auteur jésuite suspect d'hérésie. Ses sermons, dont les éditions Ad Solem livrent une nouvelle traduction et édition, ont été célèbres dans toute l'Europe et traduits en plusieurs langues. En France, pour le seul XIXe siècle, ils connurent deux éditions. Au Portugal, la dernière édition de ses œuvres, parue entre 1951 et 1954, compte 12 volumes.

À lire les quelques lignes citées plus haut, on pourrait croire que le livre publié par les éditions Ad Solem est une illustration de l' “ hérésie judaïsante ” du Révérend Père Vieira. Il n'en est rien. Les trois sermons publiés ici datent d'après sa condamnation par le Saint-Office et sa réhabilitation.

Il est vrai que pour certains écrits aventurés, Vieira fut condamné pour hérésie judaïsante l'Inquisition et qu'il subit ses prisons pendant vingt-sept mois, de 1665 à 1667.

Mais Vieira bénéficia d'une amnistie, fut autorisé par ses supérieurs à prêcher à nouveau et s'établit à Rome. Ses sermons lui valurent alors une renommée internationale. En 1675, pour le mettre à l'abri d'éventuelles suspicions inquisitoriales disproportionnées, le pape Clément X lui accorda un "bref d'exemption envers les Inquisitions d'Espagne et des autres royaumes."

Il restait au RP Vieira plus de vingt ans à vivre. La plus grande partie de son œuvre date de ces décennies. Six ans après l'exemption citée, le brillant prédicateur et théologien choisit de retourner en mission parmi ses chers indiens du Brésil, où il mourra. Non sans avoir préparé, sur ordre de ses supérieurs, l’édition de ses sermons.

15 avril 2002

[Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet] «Trésor en péril…»

Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet - Editorial - avril 2002

Le 10 mars dernier, nous avons pu célébrer le 25. anniversaire de la restauration de la Tradition catholique à Saint-Nicolas du Chardonnet. Ce fut, je crois, un grand moment paroissial où se manifestèrent successivement la ferveur, l'action de grâce et la bonne humeur dans une atmosphère familiale joyeuse. Je ne remercierai jamais assez toutes celles et ceux qui se dévouèrent pour le succès de cette journée...

Notre paroisse pense bien souvent aux autres mais pas assez à elle, si bien qu'il est souhaitable que nous ayons chaque année l'occasion de nous retrouver un peu entre nous; la kermesse paroissiale est sûrement en cela un rendez-vous privilégié. Cet anniversaire a permis de rappeler combien la paroisse catholique est un instrument unique de glorification de Dieu, de sanctification, d'éducation des âmes, d'éclosion de dévouements et de promotion des arts.

En effet, la paroisse est un lieu ouvert où entre qui veut reposer son âme quelques instants. Le fervent se mettra à genoux pour adorer Notre-Seigneur présent dans le tabernacle tandis que le pratiquant « à éclipse », sa casquette à la main, s'assoira sur un banc pour écouter le silence qu'il ne prend plus le temps d'entendre et c'est là que, peut-être, la grâce pourra le saisir...

La paroisse est le lieu privilégié où le baptisé vient honorer Dieu. Cette église, construite bien souvent grâce à la générosité des paroissiens, est l'écrin de la Présence Réelle. On a voulu la réduire à un lieu de rencontre entre chrétiens, comme le dit le jargon conciliaire. C'est une erreur! Car c'est avant tout le lieu où est célébrée la messe, c'est-à-dire le renouvellement du sacrifice de la croix; c'est pour qu'elle le soit dignement que ces paroisses ont été érigées afin que les baptisés puissent se nourrir de Notre-Seigneur, recevoir Son enseignement et se réconcilier avec Lui.

Rien n'est trop beau pour Dieu » disait le curé d'Ars, et c'est au nom de ce principe que l'art chrétien n'a cessé de se développer. Voyez nos églises romanes et gothiques qui, depuis des siècles, ont traversé les tourmentes de la société. Immuables., ces paroisses ne cessent de dresser leur clocher vers le ciel, image de l'immutabilité de Dieu. Les curés ont su promouvoir les arts pour les mettre au service de la foi. Ils ont fait appel à des maîtres verriers pour les vitraux, à des tisserands pour les ornements, à des joailliers pour les vases sacrés et les reliquaires, à des ébénistes pour les stalles et le mobilier liturgique; tous ces artistes rivalisèrent de talents. Que de chefs-d'œuvre sortirent de leurs mains! Il faut aussi se souvenir des maîtres de chœur et des chorales qui interprétèrent tout au long des siècles le grégorien et les chants polyphoniques qui traversèrent l'histoire avec une éternelle jeunesse. Notre époque apostate regarde tout cela avec étonnement et incompréhension tandis que l'Église conciliaire, au nom de la pauvreté, a tout bradé aux antiquaires qui en ont fait leurs choux gras. On a vu alors les églises se vider de leurs richesses. Les curés ont volé leurs paroissiens car ces derniers sont les véritables propriétaires de ces biens. Ces richesses sont le fruit de leurs sacrifices, de leur piété et parfois même de leurs larmes: Je ne peux m'empêcher de rappeler l'épisode de l'onction de Béthanie lorsque Marie versa du parfum sur les pieds du Christ pour honorer sa divinité. Judas s'exclama alors:« On aurait pu donner le montant de ces parfums aux pauvres ». Le clergé conciliaire reprend à son compte cette réflexion parce qu'il n'a plus foi en la divinité du Christ. Il a fait de nos paroisses des temples glacials, des salles de réunions où le fonctionnel a remplacé le sacré.

La paroisse rythme la vie sociale non seule- ment par les trois Angélus qui y sont sonnés mais aussi parce que c'est ici qu'elle prend le chrétien en charge jusqu'à son entrée dans l'éternité.

Il y reçoit la grâce première de sa naissance à la vie surnaturelle, son âme y est nourrie et soignée, sa foi est fortifiée par la prédication qu'il y entend. C'est ici que son foyer sera béni, qu'il pourra venir déposer devant Dieu les fardeaux de la vie pour y demander les secours divins et c'est enfin là que seront récitées les dernières prières dont il aura besoin pour lui faciliter l'entrée au Paradis.

La paroisse est le lieu de tous les dévouements. Tous les milieux sociaux s'y côtoient dans la discrétion et l'anonymat le plus absolu sachant que Dieu rendra au centuple ce temps donné pour venir balayer, astiquer, raccommoder ou restaurer. Les curés passent, le dévouement demeure... car ce n'est pas pour lui que l'on vient mais pour Dieu seul. Je me rappelle une de mes parois- siennes que je félicitais de venir nous aider et qui me répliqua avec un aplomb plein de foi: « Mais, Monsieur le curé, je ne viens pas pour vous, ne me remerciez pas, je viens pour Dieu car vous savez, j'ai tellement reçu ici, j'ai tellement à me faire pardonner ». Ces personnes-là sont de précieuses perles... Il ne faut pas oublier aussi ces étudiants qui viennent se dévouer pour encadrer les jeunes enfants ou les adolescents. La paroisse leur offre ainsi la possibilité de faire l'aumône de leur temps et de transmettre ce qu'ils ont reçu. Il faut savoir que ces jeunes gens qui auront su se donner garderont toute la vie cette disponibilité et ce sens du sacrifice si nécessaires pour fonder un foyer ou pour répondre à l'appel divin s'ils ont été choisis. Voilà pourquoi nous disons qu'une paroisse est un véritable trésor: trésor de dévouement, de piété, de foi, de charité, etc. Nous ne pouvons pas nous passer des paroisses et c'est pourquoi nous faisons nôtre cet appel de Monsieur l'abbé Laurençon : «Que le virus de Saint-Nicolas se répande un peu partout!». Ces paroisses sont les instruments où s'exprime la visibilité de l'Église. En période de persécution on peut s'en passer mais ce n'est pas une situation normale. Oui nous voulons des paroisses, de nombreuses paroisses, de très nombreuses paroisses. Nous en avons été spoliés par la dictature conciliaire, nous voulons qu'elles nous soient rendues; elles sont à nous!

Aujourd'hui les paroisses sont des trésors en péril, il faut les rendre au culte catholique, il faut les sauver pour nous sauver!

avril 2002 [Abbé Denis le Pivain - Notre Dame des Armées (bulletin)] "Le temps est révolu où les curés désignaient en chaire leurs candidats..."

SOURCE - Abbé Denis le Pivain - Notre Dame des Armées, versailles - Extrait du bulletin - avril 2002

Un certain nombre d'entre vous nous expose leur perplexité face aux prochaines échéances électorales. Une lassitude apparaît devant la pauvreté du débat, du moins au travers des principaux médias, et ceci engendre un sentiment de l'inutilité de ces élections.

Le temps est révolu où les curés désignaient en chaire leurs candidats ou leurs adversaires et il ne m'appartient que de vous donner quelques pistes de réflexion pour que nous fassions des choix en conscience.

Le catéchisme de l'Eglise Catholique nous indique que « les citoyens doivent autant que possible prendre une part active à la vie publique » (C.E.C. 1915). Pour remplir ce devoir, et en particulier la coresponsabilité du bien commun, il faut exercer le droit de vote (C.E.C. 2240). Puisque l'autorité a la charge du bien commun de la société, c'est au regard de la compétence à exercer cette charge qu'il convient de désigner l'autorité. Ce bien commun comporte trois éléments essentiels (CEC 1906)

1. Le respect de la personne et de ses droits fondamentaux, lui assurer les conditions d'exercice des libertés naturelles (C.E.C. 1907).
  
Parmi ces droits, vient en premier celui du droit à vivre depuis la conception jusqu'à la mort (C.E.C. 2274 et suivants) ; puis les droits de la famille (C.E.C. 2209-2211) avec en particulier le droit de pouvoir élever les enfants en accord avec des convictions morales et religieuses.

Le respect de la personne s'adresse aussi vis à vis de l'étranger selon une des plus anciennes traditions bibliques : la protection de l'étranger, de l'orphelin et de la veuve.

II va de soi que ce respect des uns et des autres implique en retour que chacun serve le bien commun, en particulier « le patrimoine moral et spirituel du pays » (C.E.C. 2241).

2. Le bien-être social et le développement du groupe.
   
II incombe à l'autorité de savoir jouer le rôle d'arbitre entre des intérêts particuliers, de protéger le bien commun et d'assurer à chacun la possibilité “de mener une vie vraiment humaine” (C.E.C. 1908). Dans la considération du bien-être, il convient de respecter une juste hiérarchie des valeurs en laquelle l'économie n'a pas la première place (C.E.C. 1886), ainsi que de créer des conditions favorables à l'exercice du principe de solidarité (C.E.C. 1939 et suivants).
 
3. L’autorité doit enfin maintenir la paix sociale, et donc assurer « par des moyens honnêtes, la sécurité de la société et celle de ses membres ». (C.E.C. 1909).
   
Nul candidat, me direz-vous, ne remplit toutes ces conditions… L’idéal n’existe pas ici bas…

Vous pourrez cependant relire tous ces textes indiqués, non pas seulement pour vous former un jugement en conscience pour l’élection, mais aussi pour prendre davantage conscience de la coresponsabilité de tous vis à vis du bien commun.

Il n’y a qu’un pas à franchir entre le désintéressement du bien commun et son non-respect.

Abbé Denis le Pivain
Au sujet de Campos - Le mot du Supérieur Général
Mgr Fellay, Nouvelles de Chrétienté n°73, Mars/ Avril 2002
La conjonction, à quelques jours près, de la reconnaissance de Campos par Rome, que certains pensent être une reconnaissance de la Tradition, et de la journée d’Assise, qui est à l’extrême opposé de la Tradition présente une telle contradiction qu’elle nous oblige à un regard approfondi ; la démolition systématique de tout ce qui est traditionnel dans l’Eglise depuis le concile Vatican II impose une cohérence logique dans l’œuvre entreprise. Avant de saluer la reconnaissance de Campos comme un retour de Rome à la Tradition, nous sommes obligés de nous demander si cet événement ne peut pas aussi, ne doit pas aussi, être inséré dans la logique post-conciliaire : et précisément la journée d’Assise fournit un argument probant en faveur de cette thèse. Si la Rome post-conciliaire est capable de réunir tant de religions, on peut même dire toutes les religions, pour une cause commune religieuse, comment ne pourrait-elle pas aussi trouver une petite place pour la Tradition ? Faut-il y voir un dilemme pour Rome : résorber le « schisme de la Tradition » en l’acceptant, alors que cette dernière s’est montrée jusqu’ici exclusive et condamnatoire (et donc accepter qu’elle a raison contre la Rome moderniste) ou continuer dans la ligne des réformes ? Très manifestement, la ligne des réformes est maintenue comme principe intangible et irréversible. Donc la condition que Rome doit poser pour l’acceptation d’un mouvement traditionnel est l’accord de principe du Concile  (on peut discuter sur les nuances et certaines conclusions). C’est le pas obligé. C’est l’entrée dans le pluralisme sous apparence de reconnaissance de la part de Rome, qui est imposé, ce n’est pas le retour de l’Église conciliaire à la Tradition. Le Cardinal Castrillón me reproche cet argument. Ce ne serait pas au nom du pluralisme que Rome désire notre retour, ce n’est pas dans une situation pluraliste que l’on veut nous placer. Et pourtant.
La condition pour réaliser ce  nouveau prodige a été exprimée par le Cardinal Castrillón, acteur de  l’accord camposien dès avant le début des discussions dans un article de 30Giorni d’abord en automne 2000, dans la Nef ensuite, finalement à Campos, lors d’une conférence de presse, le 19 janvier 2002. Le théologien de la maison pontificale, le Père Cottier, n’a pas usé d’autre argument d’ailleurs : l’acceptation du Concile est manifestement le point majeur et déterminant (vient ensuite l’acceptation de la nouvelle messe). C’est le principe d’où est partie la révolution dans l’Église, et de fait, tout le reste suit. Devant ce fait, il me semble que nous nous trouvons devant une ambiguïté de plus par rapport à l’Eglise conciliaire : lorsque nous disons accepter le Concile avec des restrictions (refuser ce qui est contraire à l’enseignement pérenne, interpréter l’ambigu à la lumière de la Tradition, accepter le toujours enseigné), il semble bien que nous disons tout autre chose que ce qu’en comprennent les romains. Car fondamentalement, nous considérons ce Concile comme la grande catastrophe du XXe siècle, la cause de dommages incalculables faits à l’Eglise et aux âmes, alors qu’eux y voient le grand miracle du XXe siècle, le bain de jouvence de l’Église.
Tout le reste suit : Le Père Cottier annonce le prochain pas que “l’on” attend de Campos : la concélébration de la nouvelle messe, bien entendu. Et Mgr Perl dit que cela se fera piano piano, petit à petit. Piano piano, les prêtres et les fidèles de Campos seront réintégrés dans le diocèse et dans “l’Église” postconciliaire. Lui aussi prévoit que cela se fera assez vite, cependant. On ne peut pas attribuer à Mgr Perl ces pensées seulement au nom d’une vengeance pour avoir été tenu à l’écart des négociations; c’est la pensée dominante  de  la Rome conciliaire.
Campos ne veut pas le savoir. La réalité se fera bien vite sentir. Très probablement trop tard. Ils pensent encore que de la part de Rome, c’est la reconnaissance de la Tradition. Alors que le contraire vient de se passer. Une partie de la Tradition, un mouvement traditionnel, a accepté, avec quelques réserves,  certes, la réalité postconciliaire. Rome estime le pas suffisant. On doit d’ailleurs remarquer que  pour la première fois, on a fait d’un Concile non dogmatique un critère  de catholicité déterminant.
Attendons la publication des statuts définitifs de l’Administration apostolique, qui n’ont pas encore été communiqués aux intéressés. Lu la veille du 18 janvier aux prêtres de Campos, le texte a été ramené à Rome pour amélioration. Un mot manquait, seuls la messe et le bréviaires traditionnels étaient prévus, il manquait les sacrements.
En ce qui concerne la nomination de l’évêque de l’Administration, elle est réglée par le droit commun. Pour la nomination des évêques diocésains, le Vatican n’est pas obligé de choisir un prêtre du diocèse. Pour une Administration qui compte 25 prêtres, on peut comprendre facilement que Rome ne veuille s’obliger à une telle limitation. Si le successeur immédiat de  Mgr Rangel sera encore choisi parmi les membres de l’Union sacerdotale Saint Jean Marie Vianney, ce qui n’est pas certain, ce ne sera que par une “miséricorde” spéciale et diplomatique. A noter aussi que les limites territoriales de cette Administration apostolique personnelle sont très strictes : le diocèse de Campos. Ainsi la réintégration dans le diocèse, chose annoncée par Mgr Perl, ne sera pas difficile. (1)
Nous avouons ne pas comprendre comment, dans la situation que  nous vivons, Campos ait pu si légèrement se lancer dans cette aventure sans prendre ou demander aucune mesure protectrice.
On a beau vanter les avantages acquis par la nouvelle structure canonique, le droit à la messe tridentine, par exemple, un évêque traditionnel, aussi, le fait que sur le papier, rien de substantiel n’aurait été galvaudé : la fragilité de l’Administration d’une part, la stabilité de la ligne réformatrice vaticane d’autre part, sont des arguments suffisants pour prédire  la chute de Campos malgré toutes les déclarations de meilleure intention. De plus, il faut bien distinguer un manque à la vertu de foi elle-même, d’un défaut dans la confession publique de la foi qui est nécessaire dans certaines circonstances comme l’a si bien rappelé Mgr de Castro Mayer le jour des sacres. Or une prévarication comme celle d’Assise réclame cette confession publique…
que nous n’avons pas entendue venant de Campos.
La situation ne retrouverait un intérêt particulier pour nous que si subitement ils se mettaient à résister et en arrivaient à un affrontement avec la Rome moderniste.
+ Bernard Fellay
NOTE : (1) La version définitive des Statuts de l’Administration vient confirmer l’analyse de Mgr Fellay sur ces deux points : la succession de Mgr Rangel et la limitation territoriale au seul diocèse de Campos. En ce qui concerne la succession, le “droit commun” signifie que le nonce apostolique présente une terna à la Congrégation des Évêques, c’est-à-dire qu’il prépare un dossier sur trois prêtres qu’il a retenus et Rome choisira parmi eux – à moins que  la Congrégation ne réclame des dossiers supplémentaires. Le nonce peut retenir tout prêtre qu’il trouvera idoine, dans le diocèse ou dans le pays même. Il n’y a donc nulle assurance que le successeur de Mgr Rangel soit un prêtre de l’Association, même si cela reste bien évidemment possible. Quant à la limitation territoriale, elle est également mentionnée dans les Statuts, sans qu’aucune exception ne soit signalée.

Certains objecteront que Mgr Lefebvre lui-même a prononcé cette phrase : « J’accepte le  Concile, interprété à la lumière de la Tradition ». Il est vrai que Mgr Lefebvre l’a formulée devant le pape  Jean-Paul II, en octobre 1978. Notons cependant qu’il ne l’a pas reprise par la suite et qu’elle n’a pas fait l’objet du protocole d’accord du 5 mai 1988. En effet, Mgr Lefebvre s’est rendu compte qu’elle n’avait pas la même signification pour la Rome moderniste  que pour nous. La réponse donnée par le Cardinal Ratzinger au « Dubia » sur la liberté religieuse ainsi que les entretiens qu’eut Mgr Lefebvre avec ledit Cardinal avant les sacres de 1988 le prouvent abondamment : « Il n’y a plus qu’une seule Eglise, c’est l’Eglise de Vatican II. Vatican II représente la Tradition. » (Paroles du Cardinal Ratzinger, citées par Mgr Lefebvre dans la conférence de presse du 15 juin 1988). Il est donc dangereux de citer Jean-Paul II en ce domaine, et vouloir épouser ses propos : « Ce fut le critère également utilisé par le Pape Jean Paul II quand il a parlé de la « doctrine intégrale du Concile », cela veut dire, a-t-il expliqué, que « la doctrine doit être comprise à la lumière de  la Sainte Tradition et rapportée au Magistère constant de la Sainte  Eglise » (Jean Paul II, discours à la réunion de l’Ecole Sacrée, le 5 novembre 1979). (Cité dans le document : « Les Prêtres de Campos : Leur reconnaissance par le Saint-Siège », de l’Administration Apostolique personnelle  Saint Jean Marie Vianney.)

Au lendemain de l’accord des prêtres de Campos a paru un entretien (Radio-Vatican) avec le théologien de la maison pontificale, le Père Georges Cottier, O.P., dans lequel celui-ci exprimait qu’il était insuffisant que les prêtres de Campos reconnaissent la validité de la nouvelle messe, mais que l’on devait les amener à la célébrer : « Nous devons nous attendre peu à peu à d’autres actes de rapprochement : par exemple, la participation à des concélébrations dans le rite réformé. Mais il faut encore faire preuve de patience. Il est essentiel que leurs cœurs ne s’y refusent pas plus longtemps. L’unité retrouvée au sein de l’Eglise renferme en elle-même une dynamique interne qui portera ses fruits. »

« L’ampleur et la profondeur des enseignements duConcile Vatican II requièrent un effort renouvelé d’approfondissement qui permettra de mettre en lumière la continuité du Concile avec la Tradition (...) » (Ecclesia Dei Adflicta, du 2 juillet 1988)

« Nous reconnaissons le Concile Vatican II comme l’un des Conciles œcuméniques de l’Eglise catholique, l’acceptant à la lumière de la Sainte Tradition . » (Déclaration de Mgr Rangel, du 18 janvier 2002)

5 avril 2002

[Cardinal Castrillon Hoyos] Lettre à Mgr Fellay - 5 avril 2002

SOURCE - Cardinal Castrillon Hoyos - 5 avril 2002

Cher Frère dans le Seigneur,