21 février 2005

[Aletheia n°71] La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et l'œcuménisme - et autres textes - par Yves Chiron

Aletheia n°71 - 21 février 2005

Il y a un an, la FSSPX rendait publique une étude critique consacrée à “ l’œcuménisme, initié officiellement par Vatican II et promu par Jean-Paul II ”[1]. Cette étude s’inscrivait dans une suite de publications où la FSSPX, de manière collective et officielle, entend exposer ses critiques des réformes et des enseignements de l’Eglise depuis le concile Vatican II. Cette série d’exposés doctrinaux a commencé en mars 2001 avec Le Problème de la réforme liturgique. La messe de Vatican II et de Paul VI. Ont suivi les symposiums et publications sur le concile Vatican II.

Par cette série d’études doctrinales, on peut estimer que la FSSPX entend montrer qu’elle n’est pas disposée à trouver seulement un accord pratique avec les autorités du Saint-Siège pour “ régulariser ” sa situation dans l’Eglise. Elle souhaite aussi obtenir du Saint-Siège des “ clarifications doctrinales ”.Avec Le problème de la réforme liturgique, la FSSPX réclamait la “ modification ” ou l’ “ abrogation ” de l’Ordo Missæ de 1969 (op. cit., p. 7) ; avec De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse, la FSSPX réclame que le Saint-Siège “ renonce clairement à cette utopie [l’œcuménisme] ” (p. 4).

Les fidèles qui ont lu, ou qui liront, la dernière étude doctrinale de la FSSPX, se doivent de lire la réponse, en plus de cent pages, que lui ont faite un Père bénédictin du Barroux et un prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre[2].

Le P. Basile Valuet met en cause la méthode d’argumentation de la FSSPX. Premièrement, “ la FSPX amalgame des réalités différentes, ce qui lui fait élaborer des pseudo-syllogismes, où le moyen terme change de sens d’une prémisse à l’autre, ce qui interdit de conclure ”. Deuxièmement, dans sa remise en cause doctrinale de l’œcuménisme du Saint-Siège, la FSSPX cite comme ayant la même valeur et la même autorité l’enseignement du Magistère (sans distinguer les “ divers niveaux d’engagement ”) et les conceptions d’auteurs privés (articles ou conférences de cardinaux).

Le P. Basile Valuet relève aussi des citations sorties de leur contexte et des contresens. Par exemple, sur l’ “ ignorance invincible ” et la bonne foi tels que les entendait Pie IX (op. cit., p. 30-31). L’abbé Lugmayr, lui, attire l’attention sur l’emploi de citations tronquées ou encore sur l’absence de toute référence à l’importante déclaration Dominus Iesus (6 août 2000) sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise.

Hormis ces critiques méthodologiques, la critique de fond faite par le P. Basile Valuet consiste à démontrer qu’en matière d’œcuménisme le magistère de Vatican II ne contredit pas le magistère antérieur, “ il en précise la pensée et l’expression ” (op. cit., p. 28). Pour ce faire, plutôt que de critiquer pas à pas le document de la FSSPX, le P. Basile Valuet relit les enseignements du Magistère, depuis Boniface VIII, sur le salut par l’appartenance à l’Eglise. Et, en parallèle, il cite et critique les analyses qu’en a fait la FSSPX dans son étude.

On ne résumera pas ici, plus avant, les démonstrations du P. Basile Valuet ni celles de l’abbé Lugmayr. Le lecteur de bonne foi devra lire et l’acte d’accusation de la FSSPX et l’acte de défense du P. Basile Valuet et de l’abbé Lugmayr.

Le P. Basile Valuet considère la FSSPX comme composée de “ dissidents ” (op. cit., p. 90), il souhaite l’ouverture d’un “ dialogue théologique oral ” avec elle. L’avantage d’un “ dialogue théologique oral ” peut résider dans l’immédiateté de la confrontation des arguments. Par son caractère non public, il peut permettre aussi d’éviter la surenchère, dans un sens ou dans l’autre.

Mais on doit convenir que si une telle controverse, orale ou écrite, existe, c’est que l’enseignement magistériel peut prêter à équivoque. Il n’est pas obvie. On l’a bien vu avec l’anaphore d’Addaï et Mari, déclarée valide par le Saint-Siège en 2001, bien qu’elle ne contienne pas les paroles de la consécration. La FSSPX y voit la “ reconnaissance ” d’un rite d’origine non catholique. Le P. Basile Valuet, lui, estime qu’une telle reconnaissance est un “ fait dogmatique qui, de soi, concerne toute l’Eglise, et où par conséquent on serait téméraire de penser que l’infaillibilité de l’Eglise n’est pas engagée. Tout doute sur la vérité ainsi déclarée par la décision du Pontife Romain risquerait donc de s’opposer aux exigences de la foi ” (op. cit., p. 89).

Nonobstant cette appréciation du P. Basile Valuet, on remarquera que cette acceptation de l’anaphore d’Addaï et de Mari par le Conseil Pontifical pour l’Unité des chrétiens a donné lieu à une controverse qui a dépassé les limites du petit monde traditionaliste. C’est au sein même du Vatican, qu’une revue de théologie prestigieuse, Divinitas, a consacré, récemment, tout un numéro spécial, près de 300 pages, au sujet[3]. Sous la direction de Mgr Gherardini, théologiens, exégètes et historiens ont confronté leurs points de vue contradictoires, en douze études.

Cette question de l’anaphore d’Addaï et de Mari renvoie au problème plus général de l’univocité de nombre des textes magistériels et des décisions disciplinaires depuis le concile Vatican II ; en matière d’œcuménisme comme en d’autres domaines. On se ralliera volontiers au jugement de l’abbé Bernard Lucien : “ La crise de l’Eglise tient sans doute à un manque d’intervention vigoureuse de l’autorité magistérielle, et parfois même, de la part de certains membres de l'Eglise enseignante, à des affirmations ou à des attitudes proprement scandaleuses, voire hétérodoxes… Mais elle tient aussi, très profondément, au mépris de la vérité doctrinale, à l’absence d’amour de la vérité, répandus de façon endémique dans le peuple de Dieu, à tous les échelons. (…) il abonde tout autant parmi les “traditionalistes“, toutes obédiences confondues, que chez ceux qui acceptent sans réserves Vatican II ou le Nouvel Ordo Missæ. Sans nous aveugler sur ce qui se passe alentour, n’oublions pas aussi de balayer devant note porte ”[4].

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Nouveautés romaines

. Inter Arma Caritas. L’Ufficio Informazioni Vaticano per i prigionieri di guerra istituito da Pio XII (1939-1947), Città del Vaticano, Archivio Segreto Vaticano, 2004, deux volumes, 1.472 pages.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Pie XII décida de créer un “ Bureau d’informations ” destiné à mettre en relations, principalement postales, les prisonniers de guerre ou les internés civils et leur famille. Ce Bureau fut placé sous la dépendance de la IIe section de la Secrétairerie d’Etat, dirigée par Mgr Montini (le futur Paul VI). Mgr Evreinoff fut chargé d’organiser et de diriger ce nouvel organisme pontifical. Au fil des mois et des années, des millions de demandes de renseignements vont parvenir au Vatican, en provenance du monde entier. Le Bureau d’informations comptera plus de 800 employés et fonctionnera jusqu’en 1947, c’est dire s’il s’est encore soucié du sort des prisonniers de guerre et des internés civils une fois la IIe Guerre mondiale terminée.

Le Bureau a mis à contribution tout son personnel diplomatique en Europe et ailleurs (nonces, délégués apostoliques) mais aussi, de manière générale, les évêques des pays ou des régions concernées, les autorités locales des ordres religieux, les aumôniers des camps, les grands organismes caritatifs (notamment la Croix-Rouge), et les gouvernements eux-mêmes. Ceux-ci, généralement, acceptèrent de répondre aux demandes de renseignements du Saint-Siège, mais, souvent aussi, le sollicitèrent pour ses ressortissants.

L’immense activité de ce Bureau d’informations était déjà connue par diverses publications, notamment la grande série des Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre Mondiale. Mais il manquait un inventaire systématique des fonds disponibles aux Archives Secrètes Vaticanes. C’est chose faite avec cette belle publication réalisée sous la direction de Mgr Sergio Pagano.

Un premier volume contient l’inventaire complet du fonds conservé : 2.349 références, soit 556 cartons d’archives, 108 registres et 1.685 grosses enveloppes. Un second volume contient un large choix de documents ; près de six cents, tous publiés intégralement : des lettres de prisonniers, des lettres d’officiels (ecclésiastiques ou civils) demandant ou donnant des renseignements sur des internés, des rapports émanant des représentants diplomatiques du Saint-Siège (47 au total, en provenance de tous les pays en guerre et concernant les différents époques de la guerre). Un index des noms, des personnes et des lieux, de près de trois cents pages, permet une recherche rapide.

Il s’agit là d’une documentation exceptionnelle dont on espère qu’elle sera plus vite connue et utilisée par les historiens que ne l’ont été les douze volumes des Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, publiés à partir de 1965 et aujourd’hui pourtant encore ignorés de certains d’historiens qui écrivent sur la période.

. Harold H. Tittmann, Il Vaticano di Pio XII. Uno sguardo dall’interno, Milan, Casa Editrice Corbaccio, 2005, 231 pages.

Tittmann, diplomate américain, fut chargé d’affaires auprès du Saint-Siège pendant la Seconde Guerre mondiale, comme assistant de Myron Taylor, représentant personnel du président Roosevelt auprès de Pie XII. L’action et les jugements de Taylor sont connus, à travers sa correspondance, depuis l’étude d’Ennio Di Nolfo, publiée en 1978. Voici maintenant, préparée le fils d’Harold Tittmann, l’édition des souvenirs du chargé d’affaires américain. Un témoignage important, équilibré, sur le rôle et l’action de Pie XII entre 1939 et 1944.

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Anonymat et bonnes intentions ?

Le n° 69 d’Aletheia était une mise en perspective historique de la crise qui secoue la FSSPX. Y était soulevée aussi l’hypothèse d’une réforme des statuts de la FFSPX qui pourrait avoir lieu lors de son Chapitre général qui se tiendra en 2006. Ce dernier point était formulé comme une hypothèse, historique aussi, et non comme un souhait ; encore moins comme la propagation d’une rumeur. C’est bien ainsi que l’avaient compris les autorités de la FSSPX en France qui ont reproduit ce numéro sur leur site internet officiel, la Porte Latine.

Pourtant, après ce n° 69, et après le n° 70, qui était consacré au congrès sur la laïcité et à la situation de l’abbé de Tanoüarn, un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X a cru nécessaire de me joindre au téléphone pour se livrer, “ off the record ” (selon son expression), à des commentaires sur la crise de la FSSPX. Mon interlocuteur, qui exerce certaines responsabilités au sein de la FSSPX, me suggérait de reproduire ses analyses dans cette modeste lettre, sans citer son nom.

Ses commentaires étaient contradictoires, mal informés sur plusieurs points, et mon interlocuteur portait des jugements par trop dévalorisants sur les autorités de la FSSPX et sur les deux partis en présence. Aussi je m’abstiens de reproduire ces propos, comme je m’abstiendrai à l’avenir d’évoquer à nouveau cette crise de la FSSPX.

L’anonymat est rarement une nécessité impérative, il est souvent un manque de courage intellectuel et un moyen commode d’échapper à la critique voire au procès. Le site www.les.infos.free.fr, le site le plus riche et le plus complet sur la crise en cours (reproduisant des documents de l’un et l’autre bord), en fait les frais. Il a publié, par souci d’information, un texte, anonyme, mettant en cause Bernard Callebat, un des experts en droit canonique consultés par la FSSPX lors de la crise bordelaise. La menace de poursuite judiciaire, pour diffamation, a conduit le responsable de les. infos.free.fr à suspendre son site.

Depuis plusieurs mois, pour certains, la vie des catholiques de Tradition semble se réduire aux commentaires sur la crise interne à la FSSPX. C’est injuste à l’égard de cette Fraternité Saint-Pie X qui, en France, veut, tout à la fois, recentrer ses prêtres sur leur vie communautaire et spirituelle, continuer sa critique doctrinale du Magistère depuis Vatican II et inciter les laïcs à s’engager dans les combats temporels.

Hors de la FSSPX, l’action et la réflexion se poursuivent aussi. En témoigne, par exemple, la publication d’une nouvelle revue, Oremus, dirigée par Bruno Nougayrède, de la Nef, et Loïc Mérian, fondateur du C.I.E.L. (Oremus, 24 avenue Victor Dalbiez, 66000 Perpignan, 4 euros le numéro). Le numéro 2 contient, notamment, un bilan, pour 2004, du motu proprio Ecclesia Dei. Ce bilan tient compte, pur la première fois, aussi bien des communautés Ecclesia Dei que de la FSSPX. Ce qui donne les résultats suivants : 62 % des diocèses français ont une messe traditionnelle au moins hebdomadaire ; ce chiffre monte à 84 % si l’on tient compte des messes célébrées “ sans accord ecclésial ” (i.e. par la FSSPX ou les communautés religieuses liées à elle).

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Avis

. Je remercie ceux qui, en France et à l’étranger, communautés religieuses, prêtres, simples fidèles et bibliothèques contribuent, par un soutien financier, à l’impression et à l’envoi de cette modeste feuille, quinze fois l’année. La générosité régulière de certains ne peut faire oublier l’indifférence des autres. Qui plus est, chaque semaine désormais, de nouveaux lecteurs demandent à recevoir cette lettre d’informations. La liste des envois semble pouvoir s’allonger indéfiniment (et donc, les coûts de fabrication et d’envoi croître sans cesse). Aussi, sans rompre avec le principe de la gratuité qui est une des conditions de notre liberté, à partir du prochain numéro – n° 72 –, Aletheia ne sera plus envoyée, sauf demande expresse contraire, aux revues et publications qui, jusque-là, la recevaient en Service de Presse. Il sera loisible à ces revues et publications de continuer à consulter, gratuitement, Aletheia sur le site www.aletheia.free.fr.

. Les deux derniers ouvrages de Jean Madiran sont toujours disponibles à nos bureaux :

  • Maurras toujours là (Consep, 2004, 104 pages, 15 euros franco) ;

  • La Trahison des commissaires (Consep, 2004, 67 pages, 10 euros franco).

Association Nivoit, 5 rue du Berry, 36250 Niherne (France)

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NOTES

[1] Fraternité sacerdotale Saint-Pie x, De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse. 25 ans de pontificat, hors-série n° 3 de la Lettre à nos frères prêtres (2245 avenue des Platanes, 31380 Gragnague) février 2004, 45 pages, 5 euros.

[2] Articles du P. Basile Valuet, o.s.b. , “ La Fraternité Saint Pie X et l’œcuménisme ” p. 19-90 et de l’abbé Martin Lugmayr, “ Remarques concernant De l’œcuménisme à l’apostasie silencieuse ” p. 91-124 in Tu es Petrus (Maison Notre-Dame du Rosaire, 10 impasse de la Chapelle, 89150 Brannay), n° 96-97, 12 euros.

[3] Divinitas (Palazzo dei Canonici, 00120 Vaticano), numéro spécial 2004, “ Sull’Anafora dei Santi Apostoli Addai e Mari ”.

[4] Abbé Bernard Lucien, in Sedes Sapientiæ (53350 Chémeré-le-Roi), n° 90, hiver 2004, p. 124-125 (souligné dans le texte).

[Claire Chartier] Zizanie chez les intégristes

SOURCE - Claire Chartier - L'Express - 21 février 2005

La Fraternité saint Pie X, communauté emblématique des catholiques intégristes, n'a jamais si mal porté son nom. Après le clergé - deux prêtres ont été exclus cet été - c'est au tour des paroissiens de reprocher à la direction de la fraternité schismatique, fondée par feu Mgr Lefebvre en 1970, son refus du débat interne. L'heure est grave: ce groupe de laïcs "insurgés" n'a pas hésité à constituer une association, baptisée Sensus fidei - le sens de la foi. Un nom ad hoc pour ces thuriféraires de la messe en latin. Depuis l'hiver dernier, plus d'un millier de fidèles - sur environ 5 000 disciples - ont rejoint dans son équipée séditieuse le retraité parisien Yves Amiot, un lefebvriste de la première heure, que la hiérarchie de la Fraternité voue désormais aux gémonies.
 
Car chez les traditionalistes en dissidence avec Rome - pourtant bien placés pour savoir ce qu' "insoumission" veut dire, les critiques passent mal. Depuis l'hiver dernier, l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, fief historique de la congrégation, est redevenue le chaudron subversif des années 1980: des affichettes placardées sous verre dans le tambour d'entrée de l'église fustigent les sympathisants de Sensus fidei, taxés de "trotskistes", voire - ultime abomination - de "révolutionnaires" dans des tracts anonymes.
 
Bref, au royaume lefebvriste, les soldats de Dieu ne marchent plus très droit. La faute à l'abbé Laguérie, curé de l'église bordelaise Saint-Eloi, exclu de la Fraternité en août dernier après avoir dénoncé la rigidité des méthodes de formation des futurs prêtres de la communauté. Le problème de fond? L'essoufflement de l'ardeur prosélyte et le repli sur soi, pestent les insoumis. "La Fraternité ressemble aujourd'hui à un donjon dans lequel ne sont admis que les parfaits, les dociles", accuse Yves Amiot. Les catholiques hostiles à Vatican II fêteront cette année le centenaire de la naissance de Mgr Lefebvre. En attendant l'élection, à la rentrée 2006, d'un nouveau supérieur. Les soutanes n'ont pas fini de voler.

17 février 2005

[Petrus - Le Forum Catholique] Mgr Fellay, s'il est candidat, sera forcément réélu!

SOURCE - Petrus - Le Forum Catholique - 17 février 2005

Pour répondre à notre ami Viktor Zerdo, je me permets de reproduire le post que j'avais envoyé au FC il y a un mois environ intitulé "L'illusion de 2006" : Beaucoup de laguéristes, désespérant désormais de voir revenir le liliputien Vatican de Menzingen à une attitude plus conciliatrice, reportent leurs espoirs sur le prochain chapitre général prévu à l'été 2006. Devant la calamiteuse gestion des hommes et les graves fautes de gouvernement de Mgr Fellay, ils espèrent un changement de direction et de méthode. Ce en quoi ils se font des illusions car il faut savoir que l'élection du supérieur général repose sur une forme de suffrage censitaire et non universel. Ce ne sont pas les quelque 450 prêtres estampillés FSSPX qui ont le droit de voter mais seulement une quarantaine d'entre eux (soit à peine 10% de l'effectif): les 31 supérieurs de districts et de maisons autonomes, les 6 supérieurs des séminaires internationaux, le supérieur général (Mgr Fellay), ses deux assistants (l'abbé Schmidberger et Mgr de Galaretta), l'économe et le secrétaire général (l'abbé Sélégny) et, je crois, les évêques (ce qui ne concerne que Mgr Tissier puisque Mgr de Galaretta vote en vertu de son titre de deuxième assistant du secrétaire général et Mgr Williamson en vertu de sa fonction de directeur de séminaire à La Reja). Soit 40 personnes très exactement.

Il est facile de comprendre que dans ce schéma Mgr Fellay, s'il est candidat à sa succession, est assuré d'être triomphalement réélu (ou de facilement faire élire son poulain s'il décide de ne pas se représenter). En effet, c'est l'actuel supérieur général qui, en fonction depuis plus de dix ans, a nommé tous les supérieurs de districts et de maisons autonomes, plaçant ses hommes, démettant les supérieurs de district qui ne lui convenaient pas et dont il n'était pas sûr de l'entière docilité à son auguste personne (le premier l'abbé Aulagnier en 1994). Pour s'assurer d'avoir des clones bien formatés (et prêts à le suivre comme un seul homme en cas d'accord probable à terme avec le Vatican. Ne parle-t-il pas d'"accord inéluctable" dans le dernier Cor Unum dont curieusement les larges citations faites par l'abbé Daniel Vd dans son dernier message du 5 janvier ont totalement disparu, vous pouvez vérifier, sans que le webmestre en soit responsable. Qui a donc pu être assez malin et machiavélique pour s'introduire sur le site du FC et supprimer toutes les citations de Cor unum? Un fellaysien certainement, doublé d'un génie de l'informatique! Pourtant c'est rare les génies chez ces gens-là!), Mgr Fellay a nommé des jeunes dociles et sans envergure (l'abbé de Cacqueray en France) ou des prêtres incapables de jamais désobéir ou protester (comme l'abbé Bouchacourt nommé supérieur du district d'Amérique latine).

Par conséquent, je ne vois que deux attitudes possibles pour les laguéristes et leur soutien:

_ la soumission inconditionnelle à Mgr Fellay et à l'abbé de Cacqueray ce qui, les connaissant et vu le contexte général, est humainement inimaginable, d'autant qu'ils ont irrémédiablement perdu toute confiance et toute estime pour le number one;

_ la scission, avec peut-être à sa tête Mgr Williamson. La journée du 6 février 2005 sera à cet égard un test très important ainsi que les quelques jours qui vont précéder et suivre cette manifestation qui s'annonce comme la plus chaude de l'année qui commence. 2005 serait en effet une excellente date pour créer une nouvelle société sacerdotale revendiquant l'héritage de Mgr Lefebvre: 2005 est en effet le centenaire de la naissance du fondateur de la FSSPX; c'est aussi le quarantième anniversaire de la fin de Vatican II et le centième de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Va-t-on oui ou non vers l'autodestruction générale, l'explosion en plein vol de la FSSPX en 2005 et la création d'une deuxième organisation?
Si vous répondez "oui", cochez la case A.
Si vous répondez non, cochez la case B.
Si vous répondez "je n'en ai rien à cirer", cochez la case C.

Le gagnant recevra au choix un portrait géant de Mgr Lefebvre (lavable en machine et résistant aux hautes températures), la collection complète de la revue Fideliter (1975-2005, 30 ans et 163 numéros du Paris-Match de la Tradition!) ou les textes du concile Vatican I expurgés des passages sur la nature de l'Eglise et la nécessaire obéissance au pape pour faire son salut.

Petrus.

13 février 2005

[Aletheia n°70] Le Congrès sur la laïcité et l’abbé de Tanoüarn - par Yves Chiron

Aletheia n°70 - 13 février 2005


À l’initiative des Cercles de Tradition, c’est-à-dire principalement de l’abbé de Tanoüarn, s’est tenu à Paris, au Palais de la Mutualité, le dimanche 6 février, un Congrès : “ Laïcité et Chrétienté. La Guerre des deux France. 1905-2005 ”. Ce Congrès a rencontré, paraît-il[1], un grand succès : “ un millier ” de participants selon Libération (7 février 2005) ; “ près de 1.600 personnes ” selon celui qui signe Joël Prieur dans Minute (9 février 2005), “ près de 2.000 personnes au fil de la journée ” selon l’abbé Aulagnier, toujours prompt à l’enthousiasme (Item, 8 février2005).

Il est à noter que ce succès est intervenu malgré les mises en garde des autorités de la Fraternité-Saint-Pie X et de quinze associations proches d’elle qui considéraient que cette initiative allait entretenir le “ climat de fronde ” qui secoue la Fraternité depuis plusieurs mois maintenant ; les abbés Laguérie et Héry, exclus de la FSSPX, ayant annoncé leur présence au congrès.

L’abbé Aulagnier, autre exclu de la FSSPX antérieurement, était présent lui aussi. Il note que ses deux confrères Laguérie et Héry “ ne furent pas ovationnés ni acclamés. Cette journée ne fut nullement un “meeting Laguérie“… ”.

On ajoutera que certains, qui lisent toute l’histoire humaine comme une suite de complots, avaient annoncé rien moins qu’une “ prise et occupation de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ” par les abbés Laguérie, Héry et de Tanoüarn. Les adeptes des théories conspirationnistes avaient imaginé et diffusé plusieurs scénarios possibles. Non seulement, bien sûr, aucun de ces plans ne s’est réalisé, mais l’hypothèse n’en avait même jamais été envisagée par les organisateurs du congrès.

Ce Congrès ne fut pas la première initiative des catholiques. Jean Madiran a justement rappelé qu’avant ce congrès du 6 février, “ les réactions catholiques à la nouvelle laïcité ont été nombreuses, dynamiques, fortement argumentés ” (Présent, 12 février 2005). Il y a eu le colloque organisé par le Centre Charlier en janvier 2004 (dont les actes sont parus, en partie, dans le mensuel Reconquête), puis le pertinent livre de Rémi Fontaine, préfacé par Dom Gérard (La Laïcité dans tous ses débats, Editions de Paris, avril 2004), et aussi la XIIIe Université d’été de Renaissance catholique organisée en juillet 2004 et consacrée au “ piège de la laïcité ” (plusieurs conférenciers de juillet ont pris aussi la parole au congrès du 6 février). On ajoutera à ces initiatives, plusieurs articles de Jean Madiran parus dans Présent depuis 2002. Par ailleurs, semble-t-il, Jean Madiran prépare un ouvrage sur la laïcité.

Il est donc exagéré de dire que jusqu’au Congrès du 6 février “ les catholiques étaient restés étrangement discrets sur le sujet ” (l’expression est de celui qui signe Joël Prieur dans Minute).

Une expulsion officielle mais non publique

Une des conséquences les plus surprenantes, pour l’observateur extérieur, de ce Congrès du 6 février est la sanction qui est en train de frapper son principal organisateur et animateur, l’abbé Guillaume de Tanoüarn. Les autorités de la FSSPX lui ont signifié, en décembre dernier, une mise à l’épreuve de trois mois. Au lendemain du Congrès du 6 février, il lui a été signifié oralement que cette mise à l’épreuve n’avait pas été jugée concluante et ne serait donc pas renouvelée. Si l’on comprend bien, l’organisation d’un Congrès sur la laïcité faite sans l’assentiment des autorités de la FSSPX, va constituer un des motifs de l’expulsion de l’abbé de Tanoüarn de la FSSPX. On se gardera bien de juger, ici, des autres motifs disciplinaires qui pourront être avancés.

Ce n’est certainement pas aux laïcs de prendre parti dans les affaires internes d’une société religieuse. En revanche, dans la mesure où il s’agit aussi d’un homme public, il est permis aux laïcs de dire leur estime. Or, l’abbé de Tanoüarn a été, sans conteste, un des prêtres les plus intellectuellement actifs de la FSSPX. Les publications qu’il dirige (Certitudes et Pacte), ses livres (La Tradition sans peur, livre d’entretiens avec l’abbé Aulagnier, paru en 2001 et Vatican II et l’Evangile, publié en 2003), les colloques et symposiums qu’il a organisés ou co-organisés, montrent une ardeur et une agilité d’esprit qui ne sont pas si répandues que cela dans la FSSPX.

La FSSPX pourra-t-elle continuer à prospérer sans l’acribie intellectuelle de l’abbé de Tanoüarn, comme elle a continué à prospérer sans l’enthousiasme et l’esprit d’initiative de l’abbé Aulagnier ? Oui, bien sûr. Elle continuera à prospérer dans ce qui a fait sa mission première : une fonction de suppléance. Dans le domaine liturgique et sacerdotal – la formation de saints prêtres –, dans le domaine liturgique – le maintien de la messe traditionnelle –, puis dans le domaine éducatif – 21 écoles privées hors-contrat dans toute la France, de la maternelle à l’enseignement universitaire.

Mais l’expulsion, prévisible, de l’abbé de Tanoüarn accentuera l’impression que les autorités de la FSSPX coupent “ les têtes qui dépassent ” (selon l’expression employée par Jean Madiran dans Présent, 10 septembre 2004). Que ces autorités ne savent pas admettre “ la cohabitation amicale d’autonomies respectueuses de leurs propres limites ” (id.).

Pourtant, encore une fois, ce qui me semble en jeu dans la crise qui traverse la Fraternité Saint-Pie X, ce n’est pas d’abord une question de personnes mais des questions de discipline et d’identité sacerdotales : quelle doit être la forme de vie des prêtres de la FSSPX, quelles formes doit prendre prioritairement leur apostolat ?

Le recentrage sur la vie communautaire et spirituelle voulue, semble-t-il, par le Supérieur du district de France de la FSSPX, a conduit à des sanctions contre quelques-uns des prêtres les plus brillants et les plus actifs. Il a jugé et il juge que la FSSPX peut se passer, se priver d’eux. Est-ce une maladresse insigne, un risque inconsidéré ou, au contraire, un acte de courage inspiré par des motifs uniquement spirituels et en vue de favoriser la sanctification de tous (prêtres et fidèles) ?

Ce n’est point au fidèle de l’extérieur à juger des actes et des intentions des uns et des autres. Mais, il est sûr que, où qu’il se trouve demain, on ne pourra qu’être attentif aux initiatives et aux écrits de l’abbé de Tanoüarn, une des plus belles intelligences qu’aura eue (qu’a encore ?) la FSSPX. Comme son cher Cajétan – le grand théologien thomiste du XVIe siècle – , il est un homme de transition.

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NOTE

[1] Invité, comme d’autres auteurs, à venir y signer mes livres, je n’ai pas eu à décider d’y aller ou pas, étant, ce jour-là, à Rome.

8 février 2005

[Abbé Paul Aulagnier] Pour les « cercles de Tradition » de Paris: Un franc succès à la Mutualité

Abbé Paul Aulagnier - 8 février 2005

On sait que les « Cercles de Tradition » de Paris ont appelé les catholiques de France, à une grande réunion à la Mutualité pour commémorer le centenaire de la Loi de 1905. Le thème annoncé était :
Laïcité et Chrétienté - La Guerre des deux France - 1905 2005
J’ai voulu y assister personnellement. L’événement me semblait important. J’avais bien entendu et lu sur « Internet » des mises en garde solennelles de Mr l’abbé de Cacqueray, Supérieur du District de France de la FSSPX… .Mais étaient-elles bien légitimes ? J’en doutais un peu…Etait-ce la bonne politique à mener… Je ne crois pas ?

Je pars donc de Vichy, dès 8h00. A 12h00, j’étais à la Mutualité, à Paris J’arrivais à la fin du débat sur « un dogme laïque : l’égalité des religions ».
Sur grand écran, je pouvais voir les têtes sympathiques d’un Serge de Beketch, d’un Olivier Pichon, d’un Daniel Hamiche. Les abbés Claude Barthe et Prieur. Tout ce beau monde divisait savamment sur le thème. La conversation est bien menée.

L’assemblée était nombreuse…attentive…vive…

Je fus immédiatement impressionné par la qualité de l’organisation, la tenue des gens, la gentillesse de l’accueil, la prévenance des personnes. Les halls d’entrée étaient parsemés de stands divers et nombreux. Heureusement même, me disais-je, que tous n’aient pu venir…Il est vrai que la charité et la joie d’être ensemble font souvent merveille…

Le débat fini, ce fut l’instant annoncé d’une pose. Alors ce fut la visite des stands, la dédicace des livres des auteurs présents. Vous connaissez !

Les organisateurs avaient eu la gentillesse de proposer mon livre « la Tradition sans peur ». Jérôme Triomphe, pour l’heure, animateur, de sa voix solennelle, annonçait les présents, les « officiels ». et les « non officiels », …l’abbé Laguérie et moi…. Alors il fallut que j’aille signer. Je me suis trouvé au milieu de sommités. Là, dans cette grande salle, j’ai pu voir rapidement en passant Anne Brassié, Aymeric Chauprade, son ami, Philippe Conrad. Je venais de lire leur fameux dossier sur la « Turquie et l’Europe » publié dans la Nouvelle Revue d’Histoire, le n° 16 de janvier-février 2005, si chaudement recommandé par « Présent » et notre « américaniste », Alain Sanders. Mais aussi .François Foucart, toujours jeune, Michel De Jaeghere, le Général Gallois., Olivier Pichon (Monde et Vie)… Je n’ai pu m’arrêter longtemps…il fallait aller signer…

Ces poses sont aussi l’occasion de rencontres, de conversations à bâtons rompus, la joie exprimée des contacts. Ce sont les salutations, des poignées de mains échangées. Les renseignements donnés, les retrouvailles des uns et des autres, les commentaires sur l’actualité religieuse, beaucoup de ces commentaires portaient, pour ce que j’en pus savoir moi-même sur cette étonnante interdiction exprimée, voulue, claironnée de Mr l’abbé de Cacqueray, contre cette manifestation. Voilà qui surprenait, qui inquiétait.

Bref ! Cette journée fut un succès, un vrai succès. Un grand succès.

Près de 2000 personnes au fil de la journée, le matin, le soir.

On se retrouvait, comme jadis, dans les grands rassemblements. Je pensais aux nombreuses « mutualités » qui ont eu lieu, ici, par le passé. Je repensais aux rassemblements autour de Mgr Lefebvre, à la Porte de Versailles, au Bourget, pour son jubilé sacerdotal, épiscopal. Je repensais à cette formidable réunion, ici même, le 21 janvier 1989 . Je repensais à ce texte combien émouvant de François Brigneau sur la mort du Roi Louis XVI, je revoyais le « dialogue de Carmelites » mise en scène par le Père Brugberger, diffusé en cette occasion. Que d’émotions. Je revoyais le 15 août 1989, organisé pour l’honneur de nos martyrs de la Grande Révolution. Là, c’était bien 50 000 fidèles venues de toute la France.

Je retrouvais aujourd’hui le même esprit. La même foi, la même joie, la même chaleur. Une joie chrétienne. Bon Enfant. Une atmosphère vraiment catholique.

Les conclusions de nombreuses conférences auraient vraiment réjouis le cœur de Mgr Lefebvre. Celle de Ayméric Chauprade, particulièrement, sonne encore dans mon oreille, comme le son du cor, dans le silence matinal, tout à l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il aurait été enthousiasmé des paroles d’un Philippe Conrad sur la défense de la Chrétienté devant le péril ottoman, le rôle de la papauté dans cette lutte. M’est avis, que le prochain pape aura, de nouveau, ce problème à régler pour le salut de l’occident chrétien. La laïcité prétentieuse, orgueilleuse, suffisante, méprisante sera vaincue par le « croissant ottoman, islamique». Il est conquérant comme le fut toujours l’Islam, dans tout le cours de son histoire. Que de souffrances occasionnées au fil du temps en cette Europe qui sut, alors, se défendre. Quelle belle présentation de cette monarchie espagnole qui reprit ses terres, jadis perdues. Oui, m’est avis que ce sera un des problèmes du prochain pontificat. Le cardinal Ratzinger a dit dans cette fameuse conférence au Sénat Italien que nous vous avons présentée dans le dernier « Regard sur le monde » du 2 février de bien belles et bonnes choses. Et si tout le problème de l’Oecuménisme, tout le problème de la « Liberté Religieuse » qui ébranlent les fondements mêmes de l’Eglise, allaient voler en éclat devant la conquête islamique. Pour lui, ni œcuménisme, ni liberté religieuse. Il faut peut-être être contaminé par le libéralisme philosophique et pratique pour y croire ?

Vraiment et dans les allées --qui ne sont point les allées du pouvoir, malheureusement -, et dans la salle de conférences, rayonnait la vérité chrétienne, intelligemment défendue expliquée, justifiée.

Oui ! Ce fut une journée de qualité.

Alors ma question est simple, péremptoire.

Cette interdiction dont fut l’objet cette réunion du 6 février 2005, à la Mutualité est inadmissible. L’autorité, qui l’a proclamée, n’a pas le bon sens des choses. Elle mène une politique contradictoire, qui va à l’encontre de ses propres intérêts. Elle montre ainsi qu’elle n’a pas l’intelligence de ce qui doit être fait. Elle se cabre sur son propre pouvoir qu’elle croit menacer, alors qu’il n’en est rien. Elle est portée, à voir, partout, des actions « révolutionnaires », « subversives » dès lors qu’elles n’émanent pas d’elle. Aussi faut-il les condamner, lever le bras vengeur et ameuter tous les sujets fidèles. Ceux qui entendent l’appel, seront déclarés « justes », les autres « subversifs ». Une telle autorité est alors l’unique raison de la propre division qui est en train de s’étendre. C’est elle qui fomente par sa « propre inexpérience », pour ne pas dire « bêtise », les conflits qu’elle déplore et qu’elle veut, bien sûr, légitimement, dit-elle, éradiquer de sa main de fer. C’est alors la pluie des injustices, des commandements insupportables. Les gens, les petits comme les grands, en restent tout ébahis

Alors on professe bien évidemment l’unique bien : l’obéissance. On empoisonne tout le monde avec cette obéissance. Il faut se prononcer pour l’autorité. On ne voit plus qu’elle. On oublie toutes les autres valeurs à défendre, à faire aimer, à aimer. Celles qui, précisément, le 6 février 2005, éclataient tout spontanément, tout naturellement : le vrai, la joie, la gaîté.

Avec la seule obéissance à respecter coûte que coûte, sans rien d’autre à aimer, vous engendrer la morosité, la tristesse, l’ennui, la servitude. Oui la servitude. Je crois que toutes ses « 15 associations » qui ont exprimé passivement leur docilité à l’autorité, ont plus manifesté leur servitude qu’une véritable obéissance. L’obéissance n’est pas la servitude. Or, s’il en est bien ainsi, la servitude casse les reins à toute spontanéité qui est le cœur de toute action vraiment libre. Là encore cette autorité croit servir le bien, le bien commun, le bien de la FSSPX en se faisant ainsi « servir ». Elle n’engendre que ruines, nécessaires défaites. Elle agit ainsi encore contre ses propres intérêts.

Cette autorité ne se détruit pas seulement elle-même, elle détruit le bien qu’elle doit, par devoir et finalité, fomenter. Or le bien, aujourd’hui, voudrait que tout soit fait pour l’unité, que tout soit ordonné à l’unité, pour créer l’unité des cœurs. C’est tout le contraire qu’elle réalise. Au lieu de l’unité, c’est la division. Au lieu de l’union des cœurs, ce sont les conflits qui augmentent et qui ne peuvent pas ne pas augmenter… Et aujourd’hui, au sein même de la FSSPX, que d’inimitiés entre anciens amis…Quel drame ! A cause d’une mauvaise politique, d’un mauvais gouvernement. Les prêtres, aujourd’hui, le vivent – ce drame - dans une grande abnégation qui fait mon admiration. Les fidèles commencent à s’ouvrir. « Mais que se passe-t-il » ? Certains ont vu ce qui se passe ? D’autres n’y comprendront jamais rien, mais souffrent de ces dissensions qu’elles voient sans comprendre. Hier, au 6 février qui, pour moi, sera une date, que de fidèles de saint Nicolas sont venus, auprès de moi, chercher explications…

Je pourrais continuer ces réflexions. Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre qu’il est urgent pour le bien de la FSSPX, qu’une telle autorité, qui gère ainsi, si mal, croyant en plus bien faire, ce « prés carrée », cesse ces opérations mortifères. Il faut qu’elle soit destitué avant qu’il ne soit trop tard, ou qu’elle donne elle même sa propre démission.

Avant que l’orage ne gronde plus encore ! Ce qui serait la pire des choses !

Deux problèmes aujourd’hui sont majeurs sans être pourtant premiers. Je m’en suis expliqué dans « Regard sur le monde » du 2 février.

C’est le problème des procédures juridiques engagées de part et d’autre dans le conflit de Bordeaux qu’injustement M l’abbé de Cacqueray appelle « mutinerie ». Il faut évidemment arrêter ces procédures. Seule l’autorité peut aujourd’hui le faire.

Le deuxième problème, c’est, c’était, cette journée du 6 février 2005. Il fallait qu’elle soit l’occasion d’une unité proclamée, voulue, d’autant qu’au même moment l’autorité de la FSSPX appelait ses « troupes » à l’action politique. Pour être crédible, il fallait nécessairement reprendre en main cette journée « politique », cette journée qui fut une journée de « bonne politique », comme le disait Mgr Lefebvre à la Porte de Versailles en 1978,. Au lieu de cela, ce fut l’ « exclusion », l’ « ordre de s’exclure d’une telle journée ». Ce fut l’anathème contre ces propres amis, avec l’obligation faite de montrer du doigt le « méchant » et d’interdire de s’unir à lui, à eux, créant, dans notre propre sein, une nouvelle division, une nouvelle « distorsion », sans aucune raison. Les « fauteurs de troubles » : les abbés Philippe Laguerie et Christophe Héry, les « soi-disant » fauteurs de trouble, n’y eurent aucune responsabilité, et ne prirent pas la parole. Ils ne furent pas ovationnés ni acclamés. Cette journée ne fut nullement un « meeting Laguérie », mais bien une journée organisée par « les Cercles de Tradition de Paris », patronnée par Mgr Richard Williamson et sous son lointain contrôle.

Exclusion ! Division ! Alors qu’il faudrait resserrer les « liens » d’amitiés. Les urgences de l’heure le réclament à l’évidence.

En tant qu’ancien de la FSSPX , - je le suis plus que quiconque, pourrais-je dire comme saint Paul -la liturgie nous rappelait la chose dans ce dimanche de la «Septuagésime » -

je me suis permis, de le dire au Supérieur de District. Je lui ai adressé une lettre, dans les premiers jours de janvier, le 8 janvier, exactement, en envoyant copie au Supérieur Général et à ses assistants.

Il y a urgence.

Je ne crois pas inutile, vu la situation, de la publier. Elle est de bon sens. Elle pourra éclairer les intelligences et fortifier les cœurs.
Abbé Paul Aulagnier
42 Avenue de la Marne
03200 Vichy
8 janvier 2005

A Monsieur l’abbé de Cacqueray
Maison saint Pie X
11 Rue Cluseret
92150 Suresnes

Cher Monsieur l’abbé,

Dans ma prière de ce matin, j’ai pensé que je devais vous écrire pour attirer aimablement votre attention sur la situation de votre District de France. Ce n’est pas votre attitude à mon égard, plutôt injuste et irrévérencieuse, qui m’y pousse mais le souci du « bien commun ».

Se dressent, en face de vous, deux « terribles » affaires : le procès de Nanterre, avec le premier acte, le 31 janvier, à Bordeaux et la journée du 6 février.

J’ai comme l’impression que vous allez vous « buter » en ces deux affaires….Il ne le faudrait pas. Il serait de la plus haute importance d’assouplir votre attitude.

M’est avis que vous affrontez là vos deux premiers « graves » obstacles qui vont avoir, si vous les passez mal, ou si vous échouez, des conséquences gravissimes pour vous et votre avenir de supérieur de District et pour vos confrères, non pas seulement pour vos « trois mousquetaires » mais bien d’autres encore…

Pour le procès de Nanterre, je vous conseillerais vivement de l’arrêter « quam primum ».

-Attendu qu’il n’est pas « digne » pour une autorité religieuse de la Tradition de recourir à un tribunal de la République laïque pour régler ce genre d’affaire - je suis très étonné que vous ne le sentiez pas –,

- Attendu que recourir, dans ce cas, à un tribunal est aussi le signe évident d’une faiblesse d’un gouvernement, et de son incompétence - vous montrez au grand jour que vous êtes incapable de régler un problème qui relève en tout de votre autorité,

- Attendu que manifester publiquement son incompétence dans le gouvernement n’est pas une bonne chose,

- Attendu qu’il n’est pas sûr, non plus, que vous gagnerez, - disons que, dans un procès, un échec est toujours possible – et en cas d’échec, vous perdrez la face vis-vis de vos confrères et vous serez obligé de donner vous-même, honteux, votre démission, et en cas de victoire pour vous, vous nourrissez la « haine » ou la « colère » ou « l’indignation » de ces deux confrères, ce qui n’est pas bon, non plus, - ce qu’il serait bon d’éviter si vous le pouvez et vous le pouvez - N’oubliez pas que ces confrères sont soutenus par une portion non négligeable de votre « troupeau » et que Saint Nicolas en subira des conséquences, ainsi que l’unité des cœurs et des esprits…alors qu’il serait de la plus haute importance aujourd’hui de chercher et de nourrir l’unité, - vous jouez ainsi imprudemment avec le feu,

- Attendu qu’en cette affaire, c’est l’association FSSPX, association « cultuelle », qui est en jeu - il serait bien plus prudent et raisonnable de ne pas trop la mettre sur la place publique, cette association, de la garder au chaud, un peu cachée, puisqu’elle est vitale pour la vie du District,

- Attendu que la sagesse populaire a toujours enseigné « qu’il vaut mieux un mauvais accord qu’un bon procès » – demandez aujourd’hui à Mgr Fellay s’il ne partage pas cet avis populaire après le procès récent perdu par la FSSPX aux USA, aux conséquences financières énormes. Il aurait mieux valu que Mgr Fellay suive les sages conseils de Mr l’abbé Crowdy au lieu de se « cabrer, lui-aussi dans son honneur, pensait-il…

Pour toutes ces raisons et d’autres encore,

Je me permets de vous conseiller de « lever le pied »,

Je me permets de vous dire de « jouer » plus prudemment. Il y va de votre intérêt et de l’intérêt de vos confrères qui ont besoin de vivre en paix.

Je me permets de vous conseiller de recourir à une négociation. Choisissez deux ou trois conseillers de votre choix, pour vous entourer, laissez les abbés Héry et Laguérie choisir aussi leurs propres conseillers, le même nombre de conseillers, deux ou trois, pas plus, de chaque côté et réunissez-vous, avec même vos avocats, ce ne serait pas une mauvaise chose, autour d’une table et trouvez une solution. Prenez le temps qu’il faudra. Vous ne réussirez peut-être pas du premier coup. Mais vous affirmeriez ainsi votre autorité, vous vous grandiriez auprès de vos confrères, vous arriveriez certainement à trouver une solution. Elle ne vous donnera peut-être pas toute satisfaction. Mais, dans les conflits, la politique est l’art du possible.

Dans l’affaire du 6 février : là aussi ne vous « cabrez » pas, ne vous « raidissez » pas trop. Ne vous « braquez » pas. L’affaire a très mal démarré. La journée cependant est annoncée. La condamner, conseiller de ne pas y aller, alors qu’un texte de Mgr Williamson circule et encourage cette manifestation, serait très maladroit. Vous ne pouvez, sans cesse, et à toutes occasions, pour manifester votre autorité ébranlée ou contestée, vous opposer à tout le monde. Pour asseoir son autorité, il faut du temps. Un jour, ou même toutes les compétences possibles et le dévouement acharné que vous devez manifester certainement, n’y suffisent pas…Mesurez cela. La Maison générale, croyez-moi, ne pourra pas vous soutenir, cette fois, totalement, car elle risquerait de manifester une division entre les quatre évêques, ce qu’elle ne peut pas faire…Si vous vous « entêtez », elle sera obligée de vous lâcher au milieu du gué si les choses évoluent mal. Et si vous n’y prenez pas garde, elles vont très mal évoluer…Si vous vous « cabrez » encore en cette affaire, vous risquez d’entraîner une réaction très vive des laïcs qui ont lancé la journée. Attention, il n’est pas bon de gouverner avec des oppositions incessantes. Vous vous fatiguez. Vos nerfs sont à vif. Ce qui vous fait écrire des « édito » où vous étalez beaucoup trop vos « états d’âme »… Ce qui n’est pas bon… Vous donnez prise, alors, trop facilement à vos adversaires…Ils peuvent voir votre résistance et dire : « tiens, il perd pied ». Cela vous fragilise… Faites attention à l’attitude de Jean Madiran. Il arrive dans l’affaire du 6 février. Vous pouvez considérer, pour l’instant, avec fierté, avoir le soutien de Jean Madiran. Etre à la une du journal « Présent », cité par Madiran, est une bonne chose ! Attention ! Il y a cependant, dans les circonstances présentes, un piège (1) pour vous. Ce n’est pas Madiran qui vous le temps. Les circonstances sont là. Comme lorsque vous rencontrez une plaque de verglas sur la route. Qui accuser ? la Providence ? les cantonniers ? Le climat ? Votre conduite ? Plus facilement votre conduite ! Les « assurances » généralement en restent là… C’est vous même qui l’éviterez, ce piège ou qui y tomberez. Par votre bonne conduite ou votre imprudence. Mais si vous tombez dans le panneau ou dans le piège si vous loupez le 6 février, cela sera grave pour vous et pour votre District. - Que vous le vouliez ou non, le 6 février aura lieu…ou dans la paix ou dans l’agitation- Si la « cacophonie » règne, vous serez dépassé Vous perdrez pied, vous vous noierez.

Pour éviter cela, je vous conseille d’assouplir votre réaction. Ainsi vous aurez plus de chance de reprendre la situation en main et d’apaiser les esprits et de satisfaire le juste appel ou mieux la juste réponse de Madiran à votre appel. Votre appel à l’action politique est lancée au même moment que la journée du 6 février. Vous n’y pouvez peut-être rien, mais il vous faut maintenant le prendre en compte. Il faut nécessairement allier et votre appel et le 6 février. Madiran, et « Chrétienté Solidarité » et « Renaissance Catholique » et « Civitas »…, vous attendent là. Vos confrères aussi, de Tanoüarn en particulier. Attention ! Il est puissant sur Paris, plus même qu’un Laguérie. « Excité », il peut être un « tigre » qu’il vaudrait mieux « amadouer »…Question de simple prudence ! Imprudent qui l’affronterez dans un tel contexte, sous prétexte d’autorité. Cette situation autour du 6 février exige votre habileté Et l’habileté vous oblige à éviter toute attitude rigide et tout affrontement.

C’est un mot qui se veut, pour vous, amical. Je souhaite que vous le considériez de cette manière.

Pour conclure clairement :

Souvenez-vous, dans votre prière, que vous avez deux obstacles à franchir tout prochainement : le procès de Nanterre et le 6 février. Ou vous jouez habilement et vous gagnez la paix de votre district et vous serez un grand chef, vous en avez peut-être l’étoffe, en vous souvenant cependant toujours, vu votre caractère, qu’il vous faut toujours « jouer » la pédale douce ou vous échouez en ne passant pas ou mal ces deux obstacles et c’en est fini de vous parce que votre district sera demain sans dessus dessous…Une cacophonie. Et vous aurez échoué au plus grand drame de la FSSPX, de tous et de chacun.

Si Monseigneur Lefebvre était là, il vous dirait, aujourd’hui, croyez moi, comme il me l’a dit un jour, alors que nous nous lancions dans l’affaire des écoles, « Monsieur l’abbé, vous n’avez pas droit à l’échec ». Paroles de Mgr Lefebvre. Aujourd’hui pour vous comme hier pour moi !

Je prie pour vous.

Avec, malgré tout, l’expression de mes sentiments dévoués en NSJC.

Abbé Paul Aulagnier

P.S. Copie : à la Maison Générale, à Mgr Williamson, à Mgr Tissier de Mallerais
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(I) le « piège »…Je m’exprime mal. Je veux dire « le danger », la « difficulté ». C’est le sens qu’impose le contexte.
Avez-vous passé comme il faut l’obstacle du 6 février ?

Je crains que non. Voilà tout un groupe important de vos fidèles de Paris. – Qui tient Paris, tient la France– que vous avez obligée, par votre attitude, à entrer en « rébellion ». Ils ne le veulent pas. En répondant à Monsieur Amiot, vous croyez avoir régler le problème. Votre réponse est beaucoup trop livresque. Et sera de peu d’effet. Bien contraire. Voilà une division de plus qui va s’organiser, se cimenter d’autant qu’elle a bien agi et réussi. Au grand drame de l’unité et de votre autorité. Je plains le pauvre abbé Beauvais. Quelle sera votre autorité maintenant auprès de ses gens qui ont entendu de bien belles choses, le 6 février 2005? Quelle sera la sienne auprès de tous ses fidèles nombreux qui sont allés au 6 février 2005 ?

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Surtout que les fidèles sont animés d’aucune animosité. Ils veulent le bien. Mais ne comprennent pas votre dureté.

En bon entendeur, salut !

[Justin Petipeu - Le Forum Catholique] L'abbé de Tanouarn contre les méchants

SOURCE - Justin Petipeu - Le Forum Catholique - 8 février 2005

Ca n’aura pas traîné…Coupable du crime odieux d’avoir parlé en maître de la loi de 1905 au cours d’un congrès magnifique, l’abbé de Tanouarn va donc être exclu de la FSSPX. Il faut des prétextes et sa présence au congrès du 6 février en est un. Cette exclusion était prévue et même planifiée depuis longtemps. Une exclusion qui, par les temps qui courent, lui va droit au cœur ; comme une décoration. En quelques mois, les abbés Héry, Laguérie, et de Tanouarn auront donc été « vidés » de la Fraternité. C’est intéressant. Voilà sans doute trois des prêtres les plus connus du grand public et les plus appréciés dans et au-dehors de la Fraternité…L’un pour ses coups d’éclat apostoliques effectuée aux dépens de l’épiscopat français et à la plus grande gloire de Dieu, et les autres pour le harcèlement intellectuel et doctrinal qu’ils mènent contre le néo-catholicisme. C’est significatif : le grand silence s’est abattu aujourd’hui sur la FSSPX, tout comme celui qui règne sur la plupart de nos catholiques Ecclesia Dei et que nous dénoncions hier….Le grand silence ? Je parle du grand silence anti-conciliaire et anti-laïcard, parce que pour vomir, pour médire, pour calomnier, il y a foule…
Le chœur des médiocres
Ceux-là se sont déchaînés après la publication de « la paille et le sycomore ». C’est toute la camarilla des anti-gnostiques et des tradi-amishs, que la présence de prêtres souriants, voire aimables et simples, gêne terriblement. Depuis des mois, c’est un feu continu : « L’abbé de Tanouarn est actionnaire de ceci », « il est propriétaire de cela », « il a écrit telle lettre à un tel », « il côtoie tel personnage »….De réponses intelligentes et de critiques vraies adressées à l’abbé de Tanouarn, vous n’en trouverez point. Les médiocres ne se risquent pas à répondre ou à argumenter. Ils salissent ou du moins, ils essayent. Remarquez bien, il faut se mettre à leur place : ce n’est pas une feuille comme « Sous la Bannière » à côté de laquelle le Bulletin de liaison des enfants de chœur d’Ile de France semble être un monument de théologie et de doctrine, qui va se risquer à discuter avec l’abbé de Tanouarn…Ce serait demander à une patineuse en tutu de faire un croche-pied à un sumo…Les médiocres sont plutôt prudents et ils se tiennent à distance, préfèrant lui jeter des pierres, mais de loin. Et quand ils voient que leurs cailloux n’atteignent pas la haute stature du méchant pagano-gnosto-ésotérico-mondano-libéralo-catholique prêtre, alors ils se précipitent dans les jupes des « zautorités » de Suresnes et ils hurlent, la main tendue et le doigt accusateur :

« Voyez ! il mange avec les pécheurs ! » (Luc, XIX, 7)

Ca fait 2000 ans que ça dure et il semble que les sépulcres blanchis ont un bel avenir devant eux…Ils seraient pardonnables si seule l’insuffisance de leurs capacités intellectuelles était en cause, mais le problème est que souvent, la jalousie s’en mêle.
Le chœur des esclaves
De même qu’à l’Opéra, le chœur des esclaves, particulièrement bien fourni, se tient debout sur la scène et chacun tapant du talon sur les planches, chante : « Marchons, marchons ! » en restant bien évidemment parfaitement immobile. 
 
L’obéissance est son dogme suprême, ou plutôt une sorte de cache-sexe à ce qu’il faut bien appeler de la servilité. Il n’est pas rare que parmi les choristes, on reconnaisse tel ou tel qui, il y a si peu de temps, applaudissait à tout rompre l’abbé de Tanouarn et n’avait pas assez de mots gracieux et sympathiques à l’égard de sa personne…Mais grâce à la soit-disant obéissance, on peut maintenant se permettre de lui reprocher ceci ou cela, que, forcément, on n’avait pas remarqué à l’époque. Et si le nom du prêtre est prononcé dans les salons de ces braves gens, chacun se trouve un prétexte pour parler d’autre chose, ou se plonger dans la lecture attentive du dernier Figaro…Regards fuyants et sourires gênés sont la règle. On est bien sûr pas très fiers des outrances et des injustices des « zautorités », mais ma foi, avec le temps, ça passera. On s’y fera. 
Et voilà qu’imperceptiblement, on glisse doucement de la servilité au cynisme. Un cynisme qui se dit finalement, que tout cela est bien dommage, mais que dans quelques mois, le bon prêtre sera oublié et que pour finir, « c’est comme ça ». On n’a pas fini de mesurer toutes les conséquences positives de cette crise et le fait que la lobotomisation d’une partie importante des fidèles apparaisse maintenant au grand jour en est une.
Le chœur des gogos
Voilà des braves gens qui nous chantent une partition originale inspirée de celle des médiocres : l’abbé de Tanouarn serait un libéral, tout comme les abbés Laguérie et Héry, alors que les zautorités seraient des gens sérieux qui refusent toute connivence avec le modernisme. Je ne sais d’où est tiré ce raisonnement mais il me paraît on ne peut plus faux. Qui ne voit que seuls les abbés dérangeants pour l’Eglise conciliaire en France sont aujourd’hui sanctionnés ? Qui ne voit que seuls ceux qui mènent le combat doctrinal contre le Concile et le NOM se font exclure ? Qu’a-t-on reproché à l’abbé Laguérie si ce n’est qu’il mène la vie dure à Mgr Ricard ? Avec les exclusions des abbés Héry et de Tanouarn, on peut être sûr que les critiques quotidiennes et sur le terrain sont désormais finies….La FSSPX est maintenant silencieuse et tout se passe comme si, l’abbé de Cacqueray ayant fait le ménage à la demande de l’épiscopat, un accord secret ou public pouvait enfin être signé. Rien de doctrinal, diront les gogos…Non mais c’est tout comme : la FSSPX renonce à l’esprit de conquête et préfère se regarder le nombril. C’est plus confortable…Je me permets de me citer moi-même pour une fois, dans un de mes messages :
Veut-on une reconquête de l’Eglise par sa propre Tradition ? Veut-on répandre et promouvoir la célébration de la messe traditionnelle ? Veut-on convertir et amener à Jésus-Christ, à son Eglise, à ses lois le maximum d’âmes ?
Ou veut-on former un parti de « purs », défendu par des partisans qui ne connaissent rien d’autre que ce qui est « encarté » FSSPX ? Une sorte de petit club monolithique, ayant passé un accord honteux avec les autorités pour acheter sa tranquillité sur le dos du bien des âmes ?
Les gogos vont avoir une surprise de taille, à mon avis. Qu’on y réfléchisse ! Rien ne justifiait les exclusions auxquelles nous assistons, à part le fait que les prêtres exclus ou sur le point de l’être sont des prêtres combatifs et surtout qui mènent le débat intellectuel contre l’Eglise conciliaire. Toutes les affaires qui leur sont reprochées ne sont que des prétextes ; la vraie raison est ailleurs : ils dérangent. Ils parlent. Ils écrivent. Ils polémiquent. Les zautorités ne peuvent marchander en paix avec des hommes pareils sur leurs talons. 
 
On pourrait dire : voilà qui est paradoxal. Comment ? tous ces abbés sont plutôt modérés et ne cessent de discuter avec l’Eglise, voire d’autres tendances « tradies » ( et c’est le fameux « tradi-œcuménisme » ). Et alors ? Regardez les sédévacantistes…Ils n’ont aucun autre boulet à tirer que sur ceux qui ne sont pas dans la ligne ; aucune insulte sauf à la FSSPX. 

La reconquête et le combat sont indissociables d’un esprit non-schismatique…Le jour où la FSSPX se taira, et il faut croire que ce jour est proche, alors elle aura fait le deuil de la Tradition. Elle sera peut-être « tradi », mais pour elle et rien que pour elle. Elle aura renoncé au beau combat de Mgr Lefebvre et surtout elle ne sera plus une oeuvre d'Eglise au service de l'Eglise. 
 
L’affaire du Congrès du 6 février est éclairante…L’exclusion de l’abbé de Tanouarn l’est encore plus.

4 février 2005

[Petrus - Le Forum Catholique] "...du haut de votre lefebvrisme inconditionnel..."

SOURCE - Petrus - Le Forum Catholique - 4 février 2005

Comme d'habitude vous affirmez péremptoirement du haut de votre lefebvrisme inconditionnel sans jamais rien démontrer : "la papolâtrie demeure un écueil à éviter autant que le sédévacantisme".

Ce que vous appelez de façon méprisante et irresponsable la papolâtrie, c'est simplement la nécessaire soumission de tout catholique au Pontife romain non seulement en matière de foi et de moeurs mais aussi de discipline et de gouvernement (Vatican I).

Quant au sédévacantisme, je ne peux vous répondre pour l'heure (attendons les 48 heures offertes fort courageusement et fort généreusement par Xa) mais j'observe une fois de plus que vous ne faites que répéter machinalement les quelques expressions toutes faites et d'ailleurs totalement inappropriées qui constituent le bagage habituel de la pseudo-théologie de la FSSPX et de ses soutiens (le cas de nécesité, la suppléance, le refus de la papolâtrie, l'obéissance au pape limitée à l'infaillibilité, elle-même réduite à la proclamation solennelle d'un dogme, la défense de la Tradition avec un grand T comme tête à claques!)

Non, décidément, quand je lis sous votre plume approximative une phrase comme "la papolâtrie demeure un écueil à éviter autant que le sédévacantisme", je me confirme dans l'idée que l'on n'a vraiment pas affaire avec la FSSPX à une organisation catholique mais à une Petite Eglise janséniste et illuministe avec son propre saint et fondateur : saint Marcel Lefebvre.

Je n'entrerai jamais dans cet improbable esquif. Désolé.

Petrus.

[Petrus - Le Forum Catholique] Réponse à l'abbé Daniel vd

SOURCE - Petrus - Le Forum Catholique - 4 février 2005

Monsieur l'abbé, merci pour votre réponse.

A mon tour de vous répondre.

D'abord pour l'orgueil dont vous m'accusez, je vous remercie de me le signaler, je pourrai m'en accuser utilement lors de ma prochaine confession auprès d'un prêtre non una cum.

Cependant il ne me semble pas que de la part d'un lefebvriste le reproche soit très crédible. Car ce n'est pas un sédévacantiste mais Mgr Lefebvre qui a dit que "le Bon Dieu va donner l'arche d'Alliance du Nouveau Testament à la FSSPX". C'est lui qui, le jour des sacres, a dit qu'il était l'évêque qui sauverait l'Eglise au XXe siècle tel qu'annoncé par la Sainte Vierge dans une apparition à Quito (alors, vos considérations sur la non-pertinence des révélations privées, vous pouvez d'abord l'appliquer à votre maître à penser!) C'est Mgr Lefebvre qui, dans une conférence en 1988, a expliqué que c'était désormais la FSSPX qui avait les quatre notes de l'Eglise (unité, sainteté, catholicité, apostolicité) et non plus l'église officielle. Enfin, c'est l'abbé Aulagnier qui, dans La Tradition sans peur, dit de la FSSPX qu'elle est "le roc sur lequel s'édifie l'avenir de l'Eglise"

Autant de déclarations absolument délirantes que n'a jamais prononcées à ma connaissance aucun sédévacantiste.

La FSSPX se prend pour l'Eglise, "l'instance critique de l'église conciliaire" comme dit modestement l'abbé de Tanoüarn, les sédévacantistes disent que l'Eglise est éclipsée, c'est tout différent. Bref, en terme d'orgueil, d'autosatisfaction et de mégalomanie, il me semble que l'on est battu d'avance avant même le début de la course!




Maintenant, en ce qui concerne vos réflexions sur Vatican I, cela m'amène à vous demander si vous considérez que ce concile oecumnique promulgué par Pie IX est infaillible. Car je vous renvoie au Denzinger : l'obéissance au pape en matière de foi, de moeurs, de discipline et de gouvernement est affirmée dans la constitution dogmatique Pastor aeternus d'une manière tranchante qui ne souffre aucune discussion pour tout esprit intellectuellement honnête.

De même tous les théologiens jusqu'à Vatican II (et non pas seulement certains) affirment que c'est une certitude théologique que le pape est infaillible, en vertu de l'objet secondaire de l'infaillibilité, quand il canonise un saint, promulgue une loi disciplinaire ou liturgique pour l'Eglise universelle ou lorsqu'il érige un nouvel ordre religieux. C'est la croyance et l'affirmation constante de l'Eglise et du magistère. Prétendre le contraire est tromper.




Que vous trouviez normal et sans problème de refuser la messe du pape, la messe de tous les évêques diocésains en communion avec lui me sidère littéralement. Pensez-vous que saint Pie V aurait accepté qu'on refuse sa messe en prétendant qu'on préférait la messe telle qu'ell se disait avant qu'elle soit codifiée par le saint pape? Croyez-vous que saint Pie X qui affirme, avec sa voix ferme et claire, que "là où il y a un dissentiment avec le pape, il n'y a pas de sainteté", aurait accepté que des catholiques de rite latin lui disent : ceci nous plaît pas dans votre messe; on veut bien être en communion avec vous mais on veut faire comme on en a envie?

De qui se moque-t-on?

La mentalité des "tradis" de tous polis est une mentalité objectivement schismatique, moderne et révolutionaire. On veut bien reconnaître Jean-Paul II comme pape et lui obéir mais à nos conditions : on veut notre messe à nous, surtout pas la sienne qui est pourtant celle de toute l'Eglise enseignante en Occident; on veut un statut juridique particulier qui nous protège du reste du troupeau; on veut poser des conditions au successeur de Pierre, l'obliger à plier, à faire des concessions, à le faire venir sur nos propres positions qui sont seules justes et vraies.

Là encore, de qui se moque-t-on?

Peut-on manquer à ce point de sens de l'Eglise, de cohérence doctrinale et de dignité intellectuelle?

Voilà où nous mène trente ans d'hétérodoxie lefebvriste

Chapeau bas, Monseigneur and Co!

Chapeau bas, monsieur l'abbé!

Petrus.

1 février 2005

[Petrus - Le Forum Catholique] Incohérence de la FSSPX

SOURCE - Petrus - Le Forum Catholique - 1er février 2005

Cher Olo,

je maintiens, au risque encore une fois de me faire beaucoup d'ennemis (mais comme dit l'adage : beaucoup d'ennemis, beaucoup d'honneur"), que la FSSPX a canalisé et neutralisé les forces de résistance à Vatican II les conduisant dans une impasse doctrinale. La FGSSPX est l'opposition officielle à l'église conciliaire comme dans les pays communistes il y avait une opposition officielle au PC en fait entièrement contrôlée et instrumentalisée par le Parti. D'ailleurs la FSSPX a toujours reconnu l'autorité de Jean-Paul II et hier de Paul VI, la validité de la nouvelle messe et même Vatican II "à la lumière de la Tradition". Avec de tels opposants, les modernistes peuvent se frotter les mains!

De deux choses l'une en effet : ou bien Jean-Paul II est pape et l'on est entièrement soumis au vicaire du Christ, non seulement au canon de la messe mais dans les actes, ou bien Jean-Paul II ne l'est pas et il faut le dire publiquement et en tirer toutes les conséquences. Ce que ne fait pas et ce que ne fera jamais la FSSPX qui n'a aucun courage et aucune cohérence intellectuelle et doctrinale. La seule chose qu'elle recherche, c'est le confort : nos "bonnes" écoles, nos sacrements una cum Jean-Paul II, nos prieurés, nos séminaires, nos maisons de retraite, nos troupes scoutes, etc, etc. Mais à quoi tout cela sert-il si l'on ne défend pas la vérité catholique dans son intégralité, dans son intégrité, dans sa totalité?

Quand on pense que le 30 juin 1988 Mgr Lefebvre a sacré quatre évêques contre la volonté formelle, publique et réitérée de Jean-Paul II tout en se disant en communion avec (una cum) Jean-Paul II au canon de la messe! Peut-on davantage se moquer de Dieu?

De même, du 20 au 22 août, la FSSPX organise un pèlerinage de réparation à Fatima contre la profanation du sanctuaire par des prêtres hindous invités par le recteur du sanctuaire et l'évêque conciliaire de Fatima. Or, les messes de réparation seront toutes en communion (una cum) avec Jean-Paul II et l'évêque de Fatima qui sont directement à l'origine de cette abominable profanation.

Peut-on imaginer pire mascarade : dire une messe de réparation en se disant en comunion (una cum) au canon de la messe, c'est-à-dire dans la partie la plus sacrée et la plus importante du saint sacrifice, avec ceux-là même qui promeuvent l'oecuménisme, la liberté religieuse et multiplient les radicales apostasies en tous genres?

Et vous voudriez que j'ai la moindre indulgence, la moindre sympathie pour la FSSPX et son fan's club!

Non, merci, cher Olo.

Cordialement.

Petrus.