29 novembre 2008

Le pèlerinage du Christ-Roi à Lourdes
29 novembre 2008 - Présent
Le pèlerinage du Christ-Roi à Lourdes
Que Soy era Immaculada Councepciou
(1858, parole de la Vierge à Bernadette en patois bigourdan)
Du samedi au lundi 27 octobre dernier s’est déroulé, à Lourdes, le pèlerinage de la Fraternité Saint-Pie X, à l’occasion de la fête du Christ-Roi instituée par le pape Pie XI, le 11 décembre 1925. Placé sous le sceau du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous, ce pèlerinage a revêtu une ampleur particulière.
Il était conduit par les quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre (assisté par Mgr de Castro Mayer, évêque émérite de Campos au Brésil), le 30 juin 1988, à Ecône. C’était donc, en même temps pour eux, le vingtième anniversaire de leur consécration épiscopale « illicite »… Ce fut pour tous un réconfort évident de les voir unis côte à côte, dans le même combat pour la rechristianisation, alors que les prophètes de malheur avaient espéré leur désunion.
L’ordinaire du lieu, Mgr Périer, évêque de Tarbes, avait concédé la faculté de célébrer selon le rite tridentin, en vertu du Motu proprio de Benoît XVI, du 7 juillet 2007, à la condition d’empêcher les quatre évêques d’officier dans la basilique Saint-Pie-X, d’une capacité de 20 000 places, largement occupées pour la circonstance. Cela au contraire d’un évêque anglican qui avait reçu licence de pontifier dans la basilique quelques semaines auparavant… Humblement, ceux-ci se conformèrent à ce diktat. Mais ce fut peine perdue car, fidèle à l’exhortation de l’apôtre Paul à Thimothée : « Proclame la Parole… insiste à temps et contretemps… exhorte en toute patience et avec le souci d’enseigner, car il y aura un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ! » Mgr Fellay, au cours de la grand-messe du dimanche 26 octobre célébrée par l’abbé Pfuger, premier assistant de la Fraternité, délivra une homélie saisissante pendant plus d’une heure. Celle-ci fut scandée tout au long par la triple objurgation de la Vierge à Bernadette : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! »
On put noter ici que le supérieur de la Fraternité réussit le tour de force, en fractionnant son propos, de la traduire successivement en cinq langues : français, allemand, anglais, italien et espagnol. Cela fut accompli dans le style le plus pur, sans le moindre accent et… sans papier ! Mais aussi, face à la crise de l’Eglise, l’essentiel de son message fut de prêcher la croisade du Rosaire, celui-là même que la Vierge avait  fait réciter à Bernadette.
Par ailleurs, ce furent trois journées de retraite intense pour les quelque 18 000 fidèles assidus à tous les offices et rassemblements. Elles débutaient par la grand-messe et continuaient par toutes sortes d’exercices de piété, entrecoupés par des retours continuels à la grotte  des Apparitions. Egalement, la cité mariale prenait un aspect paradoxalement insolite d’être parcourue par des centaines d’ecclésiastiques en soutane, de religieux et de religieuses, bénédictins, dominicains, capucins, oblats et oblates de tous ordres, frères, etc., en costume de toujours. Plus particulièrement, tous les pèlerins accomplirent les quatre étapes du Chemin du Jubilé, auquel le pape Benoît XVI avait tenu à attacher la faveur toute spéciale de l’Indulgence plénière. Il fallait donc aller des fonts baptismaux de l’église paroissiale où fut baptisée Bernadette, à l’oratoire de l’hôpital où elle fit sa première communion, en passant par le « cachot » où misérait la famille Soubirous ainsi que la porte Saint-Michel et les arcades précédant la grotte.
La seule fausse note fut à propos de la traditionnelle procession aux flambeaux du samedi soir. Des dispositions ambiguës avaient été déployées pour fractionner et égarer dans l’obscurité l’immense cortège de la Tradition vivante. Cela fut effectué d’ailleurs au grand dam d’autres pèlerinages, en tête celui des gardians camarguais, tout le monde se trouvant entraîné dans une giration sans but à la lisière du parvis des basiliques. Une corde avait été également tendue barrant l’accès de la grotte pour empêcher le périple habituel de la procession le long du Gave. Cependant, les cantiques traditionnels à la Vierge, en tête l’Ave Maria de Lourdes faisait éclater le côté dérisoire d’animations fictives en boucle par une sonorisation poussée à fond.
Le dimanche après-midi, une colossale procession du Saint-Sacrement envahit le bas de la ville après avoir suivi une partie du Gave depuis le parvis des basiliques. Ici encore, la sonorisation officielle tenta d’étouffer les cantiques des pèlerins de la Tradition. Le lundi matin enfin, après la grand-messe célébrée par l’abbé de Cacqueray, supérieur du district de France, ce fut la conclusion du pèlerinage à la grotte.
Ceux qui avaient pu dégager quelques instants de liberté en dehors d’un emploi du temps surchargé, auront pu découvrir, accolé à la basilique d’en haut, son « trésor ». C’est une visite parfaitement révélatrice. On trouve ici la mise au rancart, sous vitrines blindées, de la sacristie antéconciliaire désaffectée depuis Vatican II. Ce trésor conserve, entre autres objets précieux et ornements liturgiques, les cadeaux de tous les papes et chefs d’Etat à la basilique de Lourdes, depuis Pie XI.
Armoricus

26 novembre 2008




Une Administration Apostolique ou un grand mensonge?
26 novembre 2008 - article paru sur emdefesadelefebvre
Une Administration Apostolique ou un grand mensonge? Quand elle fut reconnue par le Saint Siège, la position officielle de l’Administration Apostolique St Jean-Marie Vianney était très différente de celle que nous vérifions malheureusement aujourd’hui.
A la question: “Conserverez-vous la Messe Traditionnelle ? L’Administration répondait : « C’est évident. C’est pour cela que nous avons lutté durant autant d’années et c’est pour cela que nous avons autant souffert. Et maintenant, grace à Dieu, le Saint Père nous concède le droit de conserver officiellement dans notre Administration Apostolique la Sainte Messe traditionnelle, codifiée par St Pie V, tous les sacrements, toute la Liturgie et la discipline traditionnelle. »
Mensonge ! Duplicité ! Ils se plaisent à tromper ceux qui ne sont pas sur leurs gardes.
La vraie réponse: L’abbé Hélio Rosa de l’Administration Apostolique célèbre chaque semaine la nouvelle messe dans la Cathédrale de Campos.

L’Administration Apostolique, en la personne de Mgr Judas Rifan, continue à recevoir des fleuves et des fleuves d’argent des catholiques traditionnels des Etats Unis, qu’il trompe de manière scandaleuse ! Si un grand nombre de ceux qui collaborent avec eux, savaient que Mgr Rifan (le Judas qui a trahi l’oeuvre de Mgr Antonio de Castro Mayer) a déjà concélébré la nouvelle messe, alors s’en irait aussitôt le prestige, l’admiration, et surtout, l’argent !
Ce qui les entraine encore à célébrer la messe traditionnelle, loin d’être le zèle pour la sacralité de la liturgie et la défense très ferme d’autrefois de la supériorité du rite latino-grégorien face à la « messe » bugninienne, ce sont les bénéfices qu’ils continuent à recevoir pour se faire passer pour traditionalistes.
Traitres !

25 novembre 2008

"Doucement !"
("« Présent » n’a pas passé sous silence l’événement du pèlerinage ...")
2008-11-25 - Jeanne Smits - leforumcatholique.org
Chers amis du Forum, « Présent » n’a pas passé sous silence l’événement du pèlerinage du Christ-Roi de la Fraternité Saint-Pie-X à Lourdes, puisque nous l’avons annoncé dans un article rédactionnel sans la moindre hostilité et sans la moindre arrière-pensée.
Il n’y a pas eu de reportage.
« Présent » n’y avait en effet pas envoyé de reporter, notamment parce que reportages et déplacements sont aux frais de nos journalistes depuis plusieurs années, « Présent » n’ayant pas les moyens de les rembourser…
Nous aurions pu pomper Internet pour passer des photos et des textes. Nous aurions pu (et nous l’avons fait) interroger des proches qui avaient participé à ce pèlerinage : serez-vous étonnés d’apprendre que sur des points qui nous paraissaient d’importance, comme les attitudes des quatre évêques, nous avons eu des récits différents, parfois contradictoires ?
Nous avons donc préféré, pour l’événement, demander une interview à un responsable de la Fraternité, pour lui donner l’importance qu’en effet il mérite et pour obtenir des renseignements exacts. Il ne faut pas nous imputer le fait que la réponse à cette interview se fait attendre ; nous comprenons bien que celui que nous avons interrogé puisse avoir d’autres urgences. Mais nous sommes dans l’impatience de la publier.
Nous n’avons pas de « peurs concurrentielles ». Nous n’hésitons pas à publier des entretiens avec Mgr Fellay ; nous évoquons sans difficulté le pèlerinage de Chartres-Paris ; et Fideliter, et Clovis, et Rosa Mystica…
Sommes-nous « accaparés par des soutiens hostiles » ? Je n’en vois point. Il se trouve que nous n’avons aucun soutien en dehors de celui de nos lecteurs. C’est notre fierté et notre liberté. Croyez bien que si « Présent » avait plus de moyens, cela permettrait peut-être d’étoffer notre équipe et d’avoir plus de gens sur le terrain.
Enfin, un coup de fil en toute sympathie et respect nous a permis de nous assurer, auprès de la Fraternité Saint-Pie X, qu’il n’y avait eu aucun appel de la part de ses autorités auprès des fidèles à devenir « abonnés absents » de « Présent ». Au passage, si nous avions 18 000 abonnés au sein de cette seule Fraternité nous ne serions pas dans les difficultés matérielles où nous sommes aujourd’hui…
Je tiens à préciser que si, à titre personnel, je ne suis pas habituellement « paroissienne » des différents prieurés et instituts de la Fraternité Saint-Pie X (encore qu’il m’arrive d’assister avec reconnaissance à une messe ici ou là), j’y ai de nombreux amis. Je serais extrêmement heureuse si (quand ?) Benoît XVI lève(ra) le décret d’excommunication pris contre ses quatre évêques. Vous remarquerez d’ailleurs que « Présent » s’interdit de publier des rumeurs ou des ragots, et plus largement tout commentaire acerbe qui la discréditeraient aux yeux de ses adversaires, puisque nous partageons l’espérance de voir toutes les composantes de la « Tradition » travailler au rétablissement de la Messe, du Catéchisme et de l’Ecriture…
Enfin, m’est-il permis une anecdote (et un mouvement d’humeur) ? C’était à mes débuts comme journaliste à « Présent ». J’étais allée à la XVIIe chambre correctionnelle de Paris pour « couvrir » l’audience du procès engagé contre Mgr Lefebvre à l’occasion de ses propos sur les Barbaresques. Au bout de six ou sept heures sur les bancs « presse » de la salle surchauffée, et des kilomètres de notes de débats prises autant que possible in extenso, il était enfin temps de partir. Je me levai, hébétée, et m’effaçai pour céder le pas à un abbé de la Fraternité, en lui disant : « Passez, je vous en prie, mon père » (il me remercia avec gentillesse). Aussitôt une dame du public qui avait m’avait entendue me sauta dessus, sans aménité : « On dit “Monsieur l’Abbé”, mademoiselle ! »
Tout cela pour vous dire que nous avons parfois l’impression, non dans nos échanges avec les évêques, les responsables et les prêtres de la Fraternité, mais dans ceux avec des fidèles qui nous entreprennent, que nous n’en ferons jamais assez.
Bien amicalement
Jeanne Smits (qui s’engage à titre personnel, en réponse à l’initiative de Mgr Fellay, à participer au bouquet du « million de chapelets » pour la levée de l’excommunication).
Présent ou absent ?
25 novembre 2008 - christus.imperat
Dix-huit mille catholiques se sont massés à la fin du mois d’octobre à Lourdes. Evêques, prêtres, religieux, religieuses, aïeux et petits-neveux, parents et enfants, fidèles d’antan et poupons tout juste naissants : Après les grands pèlerinages romains, suite aux jubilés de la porte de Versailles et du Bourget, ce grand week-end de la Fraternité Saint-Pie X pouvait difficilement passer inaperçu dans l’histoire de la Tradition catholique.
Sur la toile, des dizaines de blogs, sites ou fora ne s’y sont pas trompés et ont relayé à l’unisson les photographies de cette immense foule en prière venue s’agenouiller aux pieds de leur mère bénie. Transis dans leurs peurs concurrentielles ou peut-être accaparés par des soutiens hostiles, les anciens médias ont manqué le train, non seulement celui qui aurait pu mener leurs reporters jusqu’à Lourdes, mais également celui de la modernité journalistique.
La cinquantaine de dossiers de présentation qui leur avait été envoyée n’a engendré quasiment aucun compte-rendu dans les lignes de la presse écrite. Même la chaîne régionale de France 3 a su mieux faire …
« Ah ! il est vrai – expliquait l’abbé Lorans – que si Mgr Fellay avait été un gardian, mais ce n’est qu’un gardien de la foi. Comment peut-il faire la « une » des journaux ? Ah ! si l’abbé de Cacqueray s’était présenté à cheval devant la Vierge couronnée, mais il n’est à cheval que sur les principes catholiques. Il ne pouvait intéresser ces journalistes qui ne s’appuient, eux, sur les principes qu’avec l’espoir de les faire céder. »
Et le porte-voix de la Fraternité de conclure à propos de tous ces fidèles  : « Dix-huit mille pèlerins qui s’inscriront bientôt aux abonnés absents de ces mêmes journaux. » Pourquoi en effet continueraient-ils de se montrer si « présents » pour des quotidiens qui le paraissent désormais si peu ?
Sans doute un certain réalisme conduirait-il à ne pas espérer grand-chose de revues et magazines qui ont fait de leur soutien à un système a-catholique leur cheval de bataille. Rares en effet doivent être les pèlerins de Lourdes abonnés à Libération ou au Canard enchaîné. Mais peut-on se résigner sans auparavant s’étonner du silence d’une presse qui se disait autrefois « amie », qui ouvrait largement ses colonnes à Monseigneur Lefebvre et qui relayait fidèlement les grands rassemblements de son œuvre ? Son soutien est-il toujours « présent » ou s’inscrit-il inexorablement dans le passé ? Tout en bénéficiant jusque là d’une place privilégiée dans les stands de réunions comme les journées de la Tradition, son action de relais de l’information des milieux catholiques et traditionnels est une source d’information qui tend à se tarir peu à peu : les conférences de Villepreux, le pèlerinage jubilaire de Lourdes, la demande du retrait d’excommunication, le bouquet de rosaires pour cette intention, la bénédiction en France d’une nouvelle église, les communiqués des principaux supérieurs de la Fraternité – en particulier la toute récente condamnation par le seul ecclésiastique du pays de l’élection de Simone Veil à l’Institut -  de tout cela, il n’est absolument rien ressorti.
Les journaux qui se sont assignés comme rôle de couvrir l’actualité politique et religieuse et d’apparaître « différent de la presse quotidienne » n’ont certes pas vocation à devenir les organes de presse de la Fraternité Saint-Pie X. Mais alors que notre mouvement va croissant et que leur silence à notre égard finit par ressembler étrangement à celui de cette même presse muette et bâillonnée, nous sommes en droit de nous interroger : l’amitié de Présent appartient-elle au passé ?
Côme Prévigny

24 novembre 2008

La réconciliation progresse .. mais bien lentement !
24 novembre 2008 - Lettre n°153 de Paix Liturgique
Depuis la promulgation prophétique par le Saint Père du motu proprio Summorum pontificum le 7 juillet 2007 l'espoir est revenu, et beaucoup qui ne pensaient plus possible la réconciliation entre les fidèles se remettent à y croire… Malheureusement , le dernier carré des tenants du mépris qui sentent que leur combat pour exclure de l'église ceux ne partagent pas leur analyse est perdu, se déchainent et se mettent à diffuser des accusations, plus des calomnies, dont nous ne pensions plus que d'honnêtes adversaires oseraient les proférer… pour y remédier nous avons décidé de consacrer nos prochaines lettres de Paix Liturgique à répondre à ces ennemis de la Paix Objection 1
« Vous dîtes que vous voulez la paix et l’unité mais vous pensez que les prêtres diocésains ne sont pas des vrais prêtres, vous pensez que la nouvelle messe n’est pas vraiment la messe et récemment vous avez refusé de mélanger des hosties consacrées dans une de vos messes avec celles de la paroisse. Comment voulez-vous dans ces conditions que nous puissions faire un effort de rapprochement entre le rite Saint Pie V et le rite post-conciliaire ? »
Réponse de Paix Liturgique
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage dit le proverbe… Bien évidemment toutes ces accusations grossières et caricaturales n’ont d’autres buts que d’éviter le dialogue pour ne pas appliquer le Motu Proprio de Benoît XVI.
La meilleure réponse à ces énormités est probablement le fait que dans 99 % des cas, les fidèles demandent à leur propre curé de paroisse de célébrer la messe traditionnelle dans son église. Curieuse demande pour des gens qu’on accuse des horreurs ci-dessus… La réalité est là. Les familles qui demandent à vivre leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle se sentent tellement d’Eglise qu’elles ne demandent rien d’autre que de pratiquer dans leur propre paroisse avec leur propre curé.
Rajoutons que comme le confirment les trois sondages réalisés en 2001, 2006 et 2008 auprès d’organismes indépendants et professionnels, l’écrasante majorité des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise sont restés dans leurs paroisses et assistent ordinairement à la forme ordinaire du rite romain. Autrement dit, l’écrasante majorité des familles susceptibles d’êtres motivées par la mise en œuvre du Motu Proprio sont dans les paroisses…
Enfin, si ces caricatures étaient la règle que l’on rencontre dans chaque paroisse, on pourrait alors se demander pourquoi le pape Benoît XVI dépense-t-il autant d’énergie pour réhabiliter une liturgie qui n’intéresserait que quelques esprits sectaires et partisans ?
Ce type d’accusations ressemble plus à un combat d’arrière-garde qu’à une analyse objective de la situation.
Objection 2
« Je m'interroge sur l'intention du Pape. Que souhaite-t-il vraiment ? Ce qui est certain c'est qu'il ne souhaite pas que la forme extraordinaire devienne ordinaire. Je crois qu'il veut surtout régler le problème de la Fraternité Saint Pie X ».
Réponse de Paix Liturgique
Ce type de réponse confine à l’escroquerie intellectuelle. En effet, invoquer la volonté du Saint Père pour refuser de mettre en pratique ce que propose le Saint Père est un procédé qui n’honore guère les ecclésiastiques qui l’utilisent.
« Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 » Motu Proprio Benoît XVI 7 juillet 2007
« J'ai été amené à préciser, dans le Motu proprio Summorum Pontificum, les conditions d'exercice de cette charge, en ce qui concerne la possibilité d'utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII (1962) que celui du Pape Paul VI (1970). Des fruits de ces nouvelles dispositions ont déjà vu le jour, et j'espère que l'indispensable pacification des esprits est, grâce à Dieu, en train de se faire. Je mesure les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul n'est de trop dans l'Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté. »
Benoît XVI discours aux évêques du 14 septembre 2008.
Faut il ajouter les nombreuses déclarations des proches collaborateurs du Pape de ces derniers mois en faveur d’une plus grande application du Motu Proprio de Benoît XVI ?
Probablement cela ne servirait encore à rien pour ceux qui font encore mine de s’interroger sur ce que veut l’Eglise, sur ce que veut le Saint Père pour finalement n’appliquer que ce qu’ils souhaitent eux-mêmes… Il faut croire que nombre de nos ecclésiastiques ne sont pas prêts à remettre en cause leurs « acquis liturgiques » et à accueillir la différence en pratique et non plus seulement en rêve…
Quant à la Fraternité Saint Pie X, il est bien évident que le Motu Proprio n’est pas d’abord fait pour elle. Les mesures promulguées en 2007 par Benoît XVI visent l’Eglise universelle et fait de la paroisse et de son curé le cadre et l’acteur privilégie pour redéployer le trésor que constitue la forme extraordinaire du rite romain. Pourquoi un tel dispositif, de telles mesures exceptionnelles si ce texte était fait pour des fidèles qui ne sont plus dans les paroisses diocésaines ? Voilà une nouvelle échappatoire pour refuser dans les faits de suivre le Saint Père dans son œuvre de pacification et de restauration liturgique. Quoi qu’il en soit, ce type de réponse ne trompe personne, on préfèrerait seulement plus de franchise et de sérieux de la part de nos pasteurs.

[Aletheia n°133] Le testament intellectuel et spirituel d'Emile Poulat

Si l’on compte bien, c’est la troisième fois qu’Émile Poulat livre sa pensée à travers des entretiens approfondis et transformés en livre : en 1982, avec Guy Lafon (Le Catholicisme sous observation, éditions du Centurion) ; il y a quatre ans à peine, avec Dominique Decherf (Le Christianisme à contre-histoire, éditions du Rocher) ; aujourd’hui, avec Danièle Masson (France chrétienne, France laïque, Desclée De Brouwer).
On remarquera l’objet commun à ces trois titres, à un quart de siècle de distance. Mais on observera aussi le glissement sémantique. Il y a vingt-six ans, la question de la laïcité n’occupait qu’une place très réduite dans les questions et les réponses ; en ces premiers temps du pontificat de Jean-Paul II, l’interrogation portait plutôt sur l’avenir du catholicisme.
Aujourd’hui, la question de la laïcité est au cœur du dialogue à deux voix avec Danièle Masson. Un dialogue souvent vif, où celle qui interroge essaie de pousser dans ses retranchements celui qui refuse de se rendre, c’est-à-dire qui se refuse au rythme binaire.
D’un livre d’entretiens à l’autre, la « méthode Poulat » n’a pas changé. Il répugne toujours aux « explications » et encore plus aux solutions. Il préfère être un « analyste », le mot qui, pense-t-il, le définit le mieux. Il cherche « à savoir et à comprendre sans juger ». Mais cette position marque vite ses limites. Quand Émile Poulat dit : « j’attends une thèse sur les théologies et les catéchismes comme facteur de déchristianisation » (p. 29), il porte bel et bien un jugement sur certaines théologies et certains catéchismes. La phrase peut aussi apparaître comme une provocation. Mais Jean de Viguerie, dans ses livres, a montré la faiblesse d’une certaine apologétique du XVIIIe siècle face aux Lumières.
France chrétienne, France laïque dit le titre du livre dialogué entre Émile Poulat et Danièle Masson[1]. Dans l’esprit de Poulat, il ne s’agit pas de l’opposition entre deux France, mais d’une même France qui est à la fois « chrétienne » (nolens volens) et « laïque ». Poulat ou son éditeur n’ont pas osé titrer France chrétienne et laïque. Ce titre, pourtant, aurait correspondu à sa véritable pensée. Selon lui, depuis la loi de séparation de 1905 et ses modifications, la France vit une « laïcité apaisée », l’État reconnaissant et garantissant la liberté de religion et des cultes. L’Église y aurait « gagné en liberté » (p. 126).
Mais, parfois, la pensée d’Émile Poulat n’est pas sans paradoxe. Il ne cite pas le nom de Jean Madiran[2]. Pourtant, il n’est pas loin de partager certaines de ses analyses sur la laïcité. Madiran a analysé le processus qui a abouti, en France, à la laïcisation du discours de l’Eglise[3]. Poulat récuse le terme, mais concède : « Il n’y a pas de laïcité de l’Église, mais sécularisation interne » (p. 136).
On pourra reprocher à Poulat de ne pas dire ou de ne pas voir les conséquences de son constat. En 1974-75, par exemple, l’Église catholique, en France, à quelques exceptions près, a fait silence sur l’avortement. Ce silence n’est-il pas un exemple flagrant de la soumission de l’Église au courant dominant ? Comment l’Église catholique, qui saura, en 1984, faire se lever plus d’un million de manifestants pour la « défense de l’école libre », n’a-t-elle pas voulu employer les mêmes moyens, dix ans plus tôt, pour protester contre le projet de loi sur l’avortement ? 

Un épistémologue 

L’octogénaire Émile Poulat dit que ce troisième livre est son « testament intellectuel et spirituel ». Il y expose l’état actuel de sa pensée et les convictions qu’il souhaiterait faire passer à la postérité.
On ne trouvera pas de confessions trop intimes. Il ne dit rien, par exemple, de son passage à la Mission de Paris, de 1949 à 1954. Il fait allusion seulement, et discrètement, à « la nuit critique » qu’il a traversée ensuite. Une sorte d’épreuve du feu où ont brûlé « toutes les images et toutes les représentations, naïves ou savantes, qui satisfont notre besoin de certitudes » (p. 232).
Aujourd’hui, il récuse les preuves de l’existence de Dieu. Il préfère parler d’ « expérience de Dieu ». Il en arrive à dire : « quel est l’essentiel de la foi ? Pour beaucoup, c’est l’adhésion à un Credo, pour moi, c’est la relation à Dieu, c’est la prière. Je préfère les orants aux croyants » (p. 121). Ce minimalisme, et la « théologie interrogative » qu’il préfère à la théologie apologétique, ne sont pas sans rappeler la réflexion d’un Maurice Bellet, prêtre, docteur en théologie et en philosophie, psychanalyste, qui multiplie les livres pour dire que Dieu « précède toute raison »[4], qu’Il est « cet absolument insaisissable à quoi en un sens tout réfère mais dont nous n’avons, à strictement parler, aucun savoir ».
Émile Poulat cite le nom de quelques-uns de ses maîtres ou « quasi-maîtres » : Gaston Bachelard (« l’homme de la coupure épistémologique entre le savoir commun et la connaissance épistémologique »), Ignace Meyerson, le créateur de la « psychologie historique ». Il aurait pu citer des ouvrages qui ont été décisifs dans son itinéraire intellectuel, comme le livre, posthume, de Léon Brunschvicg, Héritage de mots, héritage d’idées.
On voit bien, et de plus en plus à travers ses livres, qu’Émile Poulat est épistémologue avant d’être historien ou sociologue du fait religieux. Kant reste, pour lui, une référence absolue. À juste titre, Poulat refuse de réduire le kantisme au subjectivisme, mais il est assez largement kantien. Selon Kant, il y a deux ordres différents et distincts : celui des phénomènes, qui sont l’objet de la science, de l’histoire, de la sociologie, et, au-delà, le monde des noumènes, de la pensée. La foi, selon Kant, relève de l’opinion ou de la conviction, c’est-à-dire du non-démontrable rationnellement.
Émile Poulat accepte cette séparation : « Le savoir de la foi et le non-savoir de la science ne se rejoignent pas : ils ne sont pas du même ordre » (p. 160).
À propos de l’historicité de ce que racontent la Bible et les Évangiles, il écrit encore : « Je crois qu’il faut sortir du vieux débat de la foi et de la raison […] il n’y a pas de science catholique par rapport à une science laïque : il y a une pensée catholique, mais une seule science. La querelle des deux sciences est close » (p. 215-216).
Benoît XVI, dans l’avant-propos à son Jésus de Nazareth, pense différemment. Le Pape écrit : « croire qu’il [Jésus] était Dieu tout en étant réellement homme […] voilà qui dépasse les méthodes de la méthode historique », mais « à l’inverse, à la lumière de cette conviction ancrée dans la foi, on peut lire les textes en s’appuyant sur la méthode historique ».
Benoît XVI récuse la volonté de séparation des kantiens, des rationalistes et des modernistes. Il cherche à conjuguer science et foi en proposant « une interprétation proprement théologique de la Bible […] sans pour autant vouloir ni pouvoir renoncer en rien à la rigueur historique ».
On trouvera nombre d’autres réflexions intéressantes dans ces entretiens Poulat/Masson. À bien des égards, ce sont deux visions de l’histoire de l’Église et deux conceptions de la foi qui s’opposent.
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[1] Émile Poulat, France chrétienne, France laïque. Entretiens avec Danièle Masson, DDB, 279 pages, 22 euros.
[2]Poulat ne cite pas non plus « l’autre journal catholique », Présent, (alors qu’il fait référence, à plusieurs reprises, à la Croix, où il publie, de temps en temps, des chroniques)
[3] Jean Madiran, La laïcité dans l’Église, Consep, 2005 ; qui parle, même, pour la France, de « laïcité de l’Église ».
[4] Son dernier livre : Dieu, personne ne l’a jamais vu, Albin Michel, oct. 2008.

22 novembre 2008

[Rédemptoristes Transalpins] La soumission à Pierre est le chemin qu'il faut prendre

SOURCE - Rédemptoristes Transalpins - version française publiée sur le Forum Catholique - 22 novembre 2008

22 novembre Papa Stronsay (île d'Ecosse)

Depuis notre réconciliation avec le Saint-Siège le 18 Juin 2008, des déclarations ont été faites sur l'Internet indiquant que nous avons eu à parcourir un chemin "lent et épineux" et que nous avions eu tort de faire confiance à l'Eglise. Il a été rapidement fait remarquer que nous n'avions aucun droit.

Nous avons eu à supporter patiemment ces remarques, c’est bon pour l'âme. En vérité cependant, la seule épine à supporter dans ces déclarations, c'est qu'elles proviennent de ceux que nous aimons, certains collègues catholiques traditionnels, avec apparemment l'intention de faire le pire à partit de nos décisions.

En fait, la route n'a été ni «épineuse» ni lente. Examiner les faits. Nous avons été reçus par l'Eglise comme une communauté, désirant le rester ; mais en fonction de Droit Canon nous n'étions incardinés dans aucun structure de l'Eglise ni individuellement en tant que prêtres ni collectivement en tant que communauté. Normalement, puisque nous n’étions pas incardinés, nous aurions dû être sans droits jusqu'à ce que tout soit parfaitement régularisé ; cela aurait pris du temps.

Mais l'Église d'être une véritable mère, consciente des besoins de la communauté et des fidèles dans Stronsay qui ont recours à nous, nous a accordé intérimaire facultés pour nous voir y répondre.

Certes, depuis le Motu proprio du 7 Juillet 2007, il devrait y avoir pardon et retour à la confiance dans l'Eglise. C'est ce que nous avons fait. Nous avons fait confiance à l'Eglise. Nous avons confiance au Saint-Père. Nous ne sommes pas maltraités ni par l'Eglise ni pas le Saint-Siège, comme certains l'ont dit. Nous ne sommes pas obligés de dire la Nouvelle Messe, comme cela fut dit. Nous ne sommes pas pris au piège pour être détruits. Chers amis, nous sommes soutenus et hébergés sans que personne ne nous demande une quelconque compromission. Les évêques d'Aberdeen et Christchurch est allé le plus loin au-delà des limites des prescriptions canoniques. Ce qui vaut la peine d’être noté. Mon expérience du Saint-Siège et de la régularisation a été excellente. Cela n'a pas été une mauvaise expérience.

Nous invitons tout prêtre qui veut à envisager de se réconcilier avec le Saint-Siège, à rester chez nous [sur Papa Stronsay] aussi longtemps qu'il le souhaite, de façon anonyme et tout à fait libre. La soumission à Pierre est le bon chemin.

20 novembre 2008

Le réseau Laguérie s’incruste à Rome
20 novembre 2008 - Romano Libero - golias.fr
L’abbé René Sébastien Fournié, ordonné prêtre le 22 septembre 2007 par le cardinal Castrillon Hoyos dans l’église Saint-Eloi à Bordeaux, est aujourd’hui responsable du deuxième cycle de la formation sacerdotale pour l’Institut du Bon Pasteur à Rome. Cette communauté qui n’est guère en odeur de sainteté en terre de France semble ainsi vouloir mettre sur pieds une antenne romaine. Fondée par l’abbé Laguérie, dissidence des lefebvristes, cette communauté s’est imposée un peu par la force et la ruse aux évêques de France qui en furent pour la plupart vivement contrariés. Cet institut poursuit une « critique constructive » ( !) du Concile Vatican II et revendique ce droit. Avec sans doute de solides appuis romains. L’abbé Fournié revendiquer en tout cas ceux du cardinal Castrillon Hoyos et du propre secrétaire personnel du Pape, le très photogénique Mgr Georg Gänswein. En tout cas, la toile tradi continue à se ramifier.

19 novembre 2008

Les demandes d'application du Motu proprio se multiplient ... voici aujourd'hui un témoignage chez nos amis Suisses
19 novembre 2008 - Lettre n°152 de paixliturgique.com
Nous reproduisons ci-après un passionnant compte-rendu de "la situation liturgique" dans le Valais publié par Charles Pellegrini dans le Nouvelliste du 13 novembre 2008..Nous évoquions récemment le Canada dans une précédente lettre. D'un document à l'autre, il est loisbile de constater que la demande d'application des bienfaits du Motu proprio n'est pas une spécificité française et que les réactions, bonnes ou moins bonnes, sont toujours aussi étonnantes que l'on soit en France, au Canada ou en Suisse …

Le retour de l’ancienne messe dans le Haut-Valais (Suisse) et demande en cours dans le Valais francophone.


L’ancienne messe – réhabilitée il y a un an et demi par Benoît XVI – est à nouveau dite un dimanche par mois à l’église du collège, à Brigue (Valais-Suisse). Elle est célébrée par le curé de Brigue. Des fidèles de cette ville et d’autres paroisses ont en effet demandé, comme les y autorise le Motu proprio du pape, à pouvoir bénéficier d’une messe en latin selon l’ancien rite. Ces fidèles, qui sont majoritairement de la paroisse de Brigue, ont obtenu de l’évêque de Sion l’autorisation d’assister à cette messe qualifiée de «rite extraordinaire» dans le document du pape qui parle de «rite ordinaire» pour la nouvelle messe. La messe de rite tridentin, en latin avec le prêtre célébrant dos au peuple (à l’origine tourné vers l’Orient) est en fait la messe avec les rubriques du pape Jean XXIII qui était célébrée jusqu’en 1970 par l’Eglise latine.

Une fois par mois. Cette messe latine a déjà été célébrée deux fois, le dimanche 5 octobre et le dimanche 2 novembre, par l’abbé Paul Martone, curé de la paroisse du Sacré-Cœur, à Brigue. La messe a en effet lieu tous les premiers dimanches du mois, à 17 heures, à l’église du collège, à Brigue. Le curé Martone, qui est né en 1961 et n’a donc jamais célébré la messe dans l’ancien rite, est allé se former à l’abbaye bénédictine du Barroux, en France, pour la dire (il s’agit d’une communauté monastique officiant dans le rite ancien mais en communion avec Rome).

Encore à l’essai… Le curé Martone fait le constat suivant: «Ces messes célébrées selon l’ancien rite ont été bien fréquentées – 150 à 200 personnes – et ce qui m’a surpris c’est que l’assistance était formée plutôt de jeunes. Ils ont moins de complexes ou de blocages qu’une partie de l’ancienne génération par rapport à la messe tridentine. Les fidèles qui suivent l’ancienne messe recherchent, me semble-t-il, quelque chose de plus mystique, de plus calme. Je ne comprends pas les réactions agressives de certaines personnes, de l’ancienne génération, qui ont envoyé des courriers de lecteurs au journal contre cette expérience. Il y a en effet des gens qui sont venus suivre l’ancienne messe et qui ont dit ensuite: c’était bien qu’on puisse voir ce que c’est mais nous préférons le nouveau rite. Je suis très content en tout cas de l’ambiance et de la manière dont cela se passe. Pour l’instant, on dit l’ancienne messe une fois par mois, pour voir si les gens s’y intéressent vraiment. Je ne puis pas la dire tous les dimanches car je dois assurer plusieurs offices dominicaux.»

La prochaine messe dite selon le rite ancien à Brigue – et autorisée par l’évêque – aura lieu, toujours à l’église du collège, le 4 janvier à 17 heures. Elle n’aura pas lieu le 1er dimanche de décembre car l’église est occupée pour un concert. A noter qu’Ecône célèbre chaque dimanche une messe ancienne à Glis.
Demande aussi dans le Valais romand (partie francophone du Valais alors que Brigue est dans la partie germanophone). A noter que 91 fidèles de diverses paroisses du Valais romand (principalement quatre paroisses) ont adressé à la fin décembre 2007 une demande écrite aux autorités ecclésiastiques (à Mgr Roduit et à Mgr Brunner) pour obtenir de bénéficier eux aussi de l’ancienne messe accordée par le Motu proprio de Benoît XVI. Les fidèles ont même émis le vœu que cette messe soit célébrée à l’église Saint-Jacques, à Saint-Maurice.
Plusieurs rencontres entre les fidèles demandeurs et les autorités ecclésiastiques ont eu lieu. Selon les initiants, elles se sont déroulées dans «un climat fraternel». Mais aucune autorisation n’a encore été accordée et l’affaire est même revenue à la case départ puisque l’autorité ecclésiastique demande maintenant aux personnes signataires de quatre paroisses d’adresser leur requête à leurs curés respectifs «afin de respecter les demandes du Motu proprio». A suivre…

Vincent Pellegrini

Pour en savoir plus ou entrer en contact avec Vincent Pellegrini

http://religions.blog.lenouvelliste.ch/

REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE


1 - S'il en était besoin, cet article illustre que le débat liturgique n'est pas un débat " franco-français" comme certain aiment à le dire… et que des fidèles des diocèses de toute l'Europe et du monde entier souhaitent bénéficier des mesures généreuses permises par le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI. Pourtant, il est encore de bon ton, dans un certain milieu ecclésiastique français, de limiter la portée de ce texte pontifical en prétendant faussement qu'il a d'abord été fait pour régler le problème avec la FSPX (identifiée par ailleurs comme essentiellement "française " alors que plus de la moitié de ses prêtres ne le sont pas …).

2 - Cet article illustre une constante dans la fréquentation des messes célébrées dans la forme extraordinaire du rit romain : L'on y retrouve de nombreux jeunes et beaucoup de familles. Ceci n'est pas un scoop pour qui s'est un peu penché sur la question depuis .... 1988. Pourtant en 2008, il se trouve encore des personnes étonnées de constater que les jeunes générations assistent volontiers à la messe traditionnelle qu'elles n'ont pourtant pas connue dans leur enfance. A force de répéter de manière incantatoire "il n'y a pas de demande, personne ne souhaite ce type de célébration dans ma paroisse", on ne peut qu'être "surpris" de constater la réalité le jour où par extraordinaire une telle célébration est mise en place. Les faits sont têtus...

3 - Une leçon peut être tirée de cet article : Seule l'expérience permet d'y voir vraiment clair. Combien de perte de temps, de circonvolutions et de verbiage pourraient être évités en proposant simplement ad experimentum une célébration paroissiale dans le forme extraordinaire "pour voir". A chaque fois que cela a été possible - comme à Rambouillet ou Vaucresson par exemple - cela a été un succès et a permis d'identifier une demande qu'on ne connaissait pas avant. Et même si ces expériences avaient été des échecs - ce qu'elles ne furent pas ! - quelles auraient été les conséquences '" Négatives" d'avoir tenté celle-ci ?

4- Comme partout il y a des autorités de bonne volonté qui sont à l'écoute et d'autres qui cherchent tous les moyens de reculer le moment de tenter l'expérience. D'un côté les hommes de paix, à l'écoute du Saint Père et tournés vers l'avenir. De l'autre, des aveugles, des fonctionnaires, des procéduriers, persuadés d'être dans le vent et des orgueilleux soucieux de ne rien mettre en place qui pourrait remettre en cause leur pastorale aux succès limité car adapté à d'autres époques... D'un côté la nouvelle évangélisation et l'édification de la paix, de l'autre des combats d'arrière garde...

5 - Notons aussi que l'existence d'une demande " Visible" fait des émules et que de nombreux fideles qio jusqu'alors pensaient pêtre seuls désirent à leur tour se lancer: qu'en serait-il si ils savait comme nous après les trois sondages qui ont été réalises que 20à 30 % des catholiques pratiquants désirent vivre leur foi catholique au rythme de la forme extraordinaire du rite romain . Non vraiment aucun demandeur n'est seul et cela devrait encourager de nouvelles demande ; POURQUOI PAS VOUS ?

18 novembre 2008

Brouillard-O-Scopus : Mgr Williamson sur le Nouveau Rite d’Ordination
18 Novembre 2008 - Abbé Cekada - traduction par Virgo Maria - traditionalmass.org
Un mélange Traditionaliste — Par monsieur l’Abbé Anthony Cekada
Brouillard-O-Scopus : Mgr Williamson sur le Nouveau Rite d’Ordination
Mardi, 18 Novembre 2008
Dans un post du 15 Novembre sur son blog, Dinoscopus, Mgr Richard Williamson FSSPX réfute un argument opposé au rite de 1968 d’ordination à la prêtrise à l’aide de l’argumentaire suivant :
Cependant l’argument ci-dessus, pour parvenir à sa conclusion, devrait établir la preuve que les documents et les réformes conciliaires en eux-mêmes excluent positivement la prêtrise et la Religion catholiques, car tant que le nouveau rite peut être considéré comme n’excluant pas la véritable prêtrise, il continue à pouvoir être toujours utilisé validement pour ordonner un véritable prêtre.
Hélas (pour les besoins de la clarté), la volonté de Paul VI, ainsi qu’on la voit dans toutes ses réformes (et à présent dans celle de Benoît XVI) est celle d’introduire la nouvelle religion de l’homme en même temps que la religion catholique de Dieu en sorte d’inclure et non pas d’exclure cette dernière! Et pourtant aucune personne saine d’esprit ne peut soutenir l’idée que 2 et 2 fassent 5 de telle manière de ne pas exclure qu’ils fassent aussi 4. Mais les Conciliaires ne sont pas sains d’esprit. Ils veulent apostasier tout en demeurant Catholiques ! Ainsi le nouveau rite d’Ordination peut bien omettre nombre des caractéristiques de l’ordination catholique, mais il n’introduit rien qui exclue positivement une véritable ordination.
Les passages en question procèdent du dernier cru de la méthode du brouillard Williamsonien que l’évêque diffuse lorsqu’il cherche à obscurcir une question : une construction tordue doublement négative (”rien qui n’exclue positivement ”) laquelle introduit un principe théologique qui n’existe pas ou qui est complètement tordu.
Qui affirme — je veux dire par là “quel théologien affirme” — que la forme essentielle destinée à un sacrement (”rite”dans ce passage de son blog) devrait être tenue pour valide aussi longtemps qu’elle “n’introduit rien qui exclue positivement une véritable ordination” ?
C’est là le principe sous-jacent que Mgr Williamson voudrait nous faire avaler.
Mais il s’agit là d’une diversion pour nous détourner de la réalité de la question — à savoir :
Est-ce que les formes de Paul VI destinées à conférer les Saint Ordres, en Latin ou en vernaculaire, ont introduit un changement substantiel dans les formes, de telle manière qu’elles ont cessé de signifier ce dont elles ont besoin pour conférer validement le sacrement ?
Mgr. Williamson connaît très bien ce principe fondamental. Alors pourquoi ce tour de passe-passe ?
Parce que, je pense, l’organisation de notre bon évêque a besoin de satisfaire deux parties :
(1) Des laïcs traditionalistes qui continuent à s’inquiéter de ce que des prêtres Novus Ordo travaillant avec la FSSPX puissent ne pas être validement ordonnés, et
(2) “Rome,” laquelle, assez naturellement, attendrait de la FSSPX qu’elle reconnaisse la validité des nouveaux sacrements en en faisant une condition pour mener de futures (et éternelles) “négociations.
En esquivant la question des nouvelles formes sacramentelles, la FSSPX peut ainsi rassurer les laïcs sur le fait que les ordinations des prêtres Novus Ordo qui travaillent avec la FSSPX ont bien été “examinées au cas par cas ” en sorte de s’assurer de leur validité, tout en rassurant en même temps “Rome” sur le fait que la FSSPX ne tient nullement les nouvelles formes pour invalides.
C’est une situation gagnant-gagnant. Distribution gratuite pour tous !
C’est pourquoi, Mgr Williamson distille des arguments qui évacuent et obscurcissent la question centrale.
Son blog possède un dinosaure pour mascotte. Pourquoi pas une anguille ? Ou peut-être le Monstre du brouillard ?

[ibproma.com - Abbé René-Sébastien Fournié] L’IBP-Roma inséré officiellement dans le paysage paroissial romain

SOURCE - ibproma.com - Abbé René-Sébastien Fournié - 18 novembre 2008

Le 15 novembre, j’avais une réunion avec le curé de la paroisse sur le territoire de laquelle nous résidons. Cette séance de travail commença par un dîner avec les différents prêtres de la paroisse : J’y fus reçu avec une hospitalité et une fraternité authentiques, particulièrement touchantes, loin de tout jugement et de tout préjugé.

Lors de ce dîner, le curé Mgr Pansa, me fit part de son désir de me nommer outre ma charge de Responsable de l’IBP-Roma, vicaire de sa paroisse et de savoir comment notre petite communauté pouvait aider cette grosse paroisse romaine. Il fut décidé de me confier les confessions, notamment celles du dimanche et de proposer aux séminaristes de se répartir les cours de catéchisme pour les 300 enfants de la paroisse.
A peine sa décision prise, tout s’est très vite mis en place…

Ainsi, tous les soirs de la semaine, les séminaristes de l’IBP-Roma à tour de rôle, chacun selon son groupe de jeunes, partent donner leur cours de catéchisme dans une des salles paroissiales, appelée… « Salle du Bon Pasteur » ! C’est une belle confiance dont nous témoigne le Curé de confier ainsi à nos séminaristes d’enseigner la jeunesse de la paroisse.

Ces derniers rentrent donc vers 19h30, heureux d’avoir pu parler du Bon Dieu pendant 1h30… en italien.

Par la suite le Vicariat de Rome me nomma officiellement vicaire de la Paroisse, tout en confirmant la reconnaissance canonique de l’IBP-Roma comme étant la maison de formation de second cycle (théologie) pour notre Institut.

16 novembre 2008

[Abbé Albalur, fsspx] Réponse de l'abbé David Aldalur aux objections faites à la FSSPX

SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 16 novembre 2008

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.

Nous fêtions, vendredi dernier, saint Josaphat. Saint Josaphat était un évêque polonais, évêque de Polotsk au 18ème siècle, qui a consacré toute sa vie pour le retour des schismatiques qu’on appelle orthodoxes à l’unité de l’Eglise et à l’unité de la foi. Saint Josaphat connaissait très bien le problème et il voulait faire participer à ses frères de sang schismatiques et hérétiques, la joie de retrouver la vraie foi, la joie de se retrouver dans l’unique Eglise. Or il semble qu’il existe une loi que vous avez peut-être vous-même expérimentée : lorsque nous sommes plein de bonnes intentions, que nous connaissons le vrai, que nous connaissons le bien, et que nous voulons le faire partager autour de nous, bien souvent nous ne trouvons pas les même dispositions. Nous nous retrouvons en face de personnes qui ne veulent pas savoir, des gens qui n’acceptent pas la vérité, des gens pour lesquels nous voulons du bien et qui en échange nous donnent des coups. Et c’est bien ce qui est arrivé à Saint Josaphat puisque son zèle pour la foi, son zèle pour la charité, ses bonnes intentions qu’il a eues lui ont valu des coups terribles puisqu’il en est mort martyr, martyr au 18ème siècle.

Et, il en est un autre, mes biens chers frères, plus près de nous, lui aussi avait ce grand souci de la foi pleine et entière dans son enseignement, dans sa proclamation ; une foi conjuguée avec ce que l’Eglise a toujours enseigné : la Tradition. Et il a voulu que cette foi retrouve pleinement sa place non seulement dans les cœurs des hommes mais même dans la cité céleste à Rome, dans la hiérarchie ecclésiastique. Vous avez tous deviné, il s’agit de Monseigneur Lefebvre. Lui aussi avait ce bien dans l’esprit, il voulait le retour de la foi et il a reçu des coups en retour. Oh, pas des coups physiques, ce n’était plus tellement à la mode, mais des coups terribles tout de même. S’il est vrai qu’il n’a pas subi le martyr physique, il a bien subi le martyr moral. Se retrouver accusé de schismatique, se retrouver accusé d’excommunié, ne sont-ce pas là les peines les plus terribles que l’Eglise puisse affliger ; se voir retiré, apparemment, de la communion pleine et entière avec l’Eglise et donc retiré de la source de la vie de l’Eglise.

Quelqu’un qui n’a pas la vie est mort. Un excommunié est mort. Alors martyr moral, oui, de se voir sujet à ces coups terribles venant de Rome.

Mes biens chers frères, je voudrais vous expliquer, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on entend exactement par schisme et par excommunication ? Qu’est-ce que le schisme tout d’abord ?

Le schisme, mes biens chers frères, n’est pas une simple désobéissance au Pape. D’une manière générale désobéir au Pape, c’est évidement un péché et il ne faut pas le faire, c’est évident ! Mais une simple désobéissance au Pape n’est pas suffisante pour constituer cet autre péché particulier qui est le schisme. Pour qu’il y ait schisme il faut plus qu’une désobéissance, il faut refuser en principe le fait que le Pape soit chef de l’Eglise, refuser l’existence même d’une primauté d’un des évêques de l’Eglise catholique, en l’occurrence l’évêque de Rome sur toute l’Eglise. Si on refuse intellectuellement et donc pratiquement cette vérité, ah ! oui alors cela constitue un schisme ! Mais un simple acte de désobéissance, en admettant qu’il puisse être peccamineux, n’est pas suffisant pour constituer un schisme.

Nous avons eu, d’ailleurs, dans l’histoire de l’Eglise, des manifestations de désobéissance d’une partie de l’épiscopat à l’égard du Saint Père, sans que cela constitue, pour autant, un schisme. Vous avez eu la terrible période autour de la condamnation de l’Action Française, période difficile où des évêques n’ont pas obéi au Pape lorsqu’il s’agissait de proclamer le décret d’excommunication de ses membres, parce qu’ils se voyaient devant l’alternative de mettre en dehors de l’Eglise leurs meilleurs fidèles. Ils étaient là en face d’un dilemne. Ils n’ont pas obéi, ils n’ont pas été schismatiques pour autant.

Un autre exemple beaucoup plus actuel. Regardez la plupart de nos évêques français, ils sont tous en état de désobéissance ouverte à l’égard de la volonté du Pape en ce qui concerne l’application du Motu proprio. Ils ne sont pas schismatiques pour autant. Pourtant ils désobéissent. Donc un simple acte de désobéissance ne suffit pas pour occasionner ce qu’on appelle proprement et précisément un schisme.

Alors mes biens chers frères, on pourra vous dire :

« oui, on vous comprend, peut être que l’accusation de schisme est exagérée mais tout de même vous accepterez qu’il y a dans la Fraternité et dans ses membres, peut être pas un schisme mais une attitude schismatique, un esprit schismatique, ne serait-ce que par le fait d’avoir posé cet acte de consécration des évêques. N’est-ce pas un acte schismatique ? Ou le fait de tout le temps s’ériger en magistère au-dessus du Pape. N’est-ce pas là aussi une attitude ou un esprit schismatique ? ».

Il faut répondre et savoir répondre. Pour qu’un acte de consécration épiscopale puisse être interprété comme un acte schismatique, il faut que cette consécration porte avec elle la volonté d’ériger une hiérarchie parallèle.

Si Monseigneur Lefebvre avait donné à nos évêques le titre d’archevêque de Paris, d’évêque de Sion, d’évêque de ce que vous voulez, là oui il aurait constitué un acte schismatique parce qu’il aurait constitué ce qu’on appelle une hiérarchie parallèle à côté de la hiérarchie nommée par le Pape. Là, c'eût été un acte schismatique. Mais la volonté de Monseigneur est trop claire, trop précise, manifestée par oral comme par écrit : lorsqu’il a posé cet acte des sacres, il n’a pas voulu s’ériger en Pape, ni même ériger les évêques qu’il consacrait en évêques parallèles. Non ! Il les sacrait uniquement parce que leur ministère épiscopal était nécessaire pour transmettre le sacerdoce, uniquement donc d’un point de vue sacramentel. Et il dit bien dans la lettre qu’il adresse à nos quatre évêques qu’un jour viendra où ils déposeront leur épiscopat et le Pape pourra alors choisir de les nommer peut-être quelque part, mais il n’a pas érigé de hiérarchie parallèle et donc son acte ne constitue pas un acte schismatique parce que ce n’est pas un refus de la primauté du Pape.

Et quant au magistère, cette tendance de la Fraternité de s’ériger au-dessus de tous les autres et voire même de l’Eglise. Mais ce n’est pas le magistère de la Fraternité que l’on érige, c’est le magistère de tous les Papes qui ont enseigné depuis toujours la foi, la tradition, la discipline, la liturgie. Nous n’érigeons pas un magistère qui est inventé par Monseigneur Lefebvre, ou inventé par nos évêques, ou inventé par les prêtres de la Fraternité. C’est le magistère authentique, traditionnel, cohérent, lumineux, lui, et bien plus certain que tous ces enseignements modernes depuis Vatican II et depuis Paul VI. C’est ce magistère là que l’on érige, ce n’est pas notre magistère. Voilà quant à l’accusation du schisme. Que les choses soient claires, mes biens chers frères.

Et puis quant à l’accusation d’excommunication. C’est peut-être un peu plus compliqué, parce que cette excommunication vient, essentiellement, du sacre des quatre évêques. Mais qu’est-ce que c’est exactement une excommunication. ?

Une excommunication c’est une peine, voilà sa nature, une peine. C’est une peine qui est liée à un délit, à un crime. Toute législation, toute société, à partir du moment où elle a le pouvoir de faire des lois, ce qui est le cas par exemple de nos Etats, attache à certaines fautes, des peines correspondantes. Ainsi, un criminel pourra être condamné à de la prison et à une amende selon le temps et la valeur prévu par la loi. Donc il y a des peines qui sont liées automatiquement à certains délits. Et dans l’Eglise, c’est la même chose.

Alors quel est le délit que soi-disant Monseigneur aurait posé, fait ou accompli ? Ce délit c’est d’avoir sacré sans mandat pontifical. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il a sacré sans autorisation venant du Pape. Alors mes biens chers frères, je voudrais que l’on pose un regard historique sur cette peine. Parce que, il faut savoir que le Pape, ne s’est réservé la nomination directe des évêques qu’au XIème siècle, signe que cela n’a pas toujours été le cas dans l’Eglise, et ensuite cette peine précise de l’excommunication liée au délit de sacrer sans autorisation, n’a été fixée que par Pie XII, donc cela n’a pas été, non plus, toujours le cas dans l’Eglise. Pourquoi Pie XII a rendu la chose plus sévère ? Parce qu’il a été confronté au problème chinois. Certains évêques chinois qui sacraient des évêques qui collaboraient au régime communiste et on a vu l’apparition de ce qu’on appelle l’église patriotique et donc la constitution d’une église schismatique qui n’obéissait plus au Pape. Et pour éviter ce genre de problème, en voyant la propagation du communisme à l’époque, et bien Pie XII a attaché une peine plus sévère au fait de sacrer sans l’autorisation du Pape.

Mes biens chers frères, cet historique nous met le doigt sur une évidence : c’est que nous sommes là en face d’une loi ecclésiastique certes, nul ne peut dire le contraire, mais une loi ecclésiastique humaine. L’Eglise est régie avec deux sortes de lois : des lois divines et des lois humaines. Ces lois humaines ecclésiastiques sont sûrement plus parfaites que les lois humaines civiles, mais elles n’en restent pas moins des lois humaines. Il faut que les choses soient claires.

Alors, mes biens chers frères, agir comme Monseigneur Lefebvre l’a fait, et le faire sans raison, de toute évidence s’eut été condamnable. Mais agir avec un motif, agir avec une raison, alors, pour le moins, l’affaire mérite discussion.

Alors, quel a été le motif présenté par Monseigneur pour rendre cet acte légitime ? Il parle de l’état de nécessité. Mes biens chers frères, qu’est-ce que c’est que l’état de nécessité ? L’état nécessité est une situation extraordinaire (car la nécessité ne peut pas être ordinaire, sinon cela ne peut plus être la nécessité). C’est une situation par définition extraordinaire, dans laquelle les biens nécessaires à la vie naturelle ou surnaturelle ( il peut y avoir un état de nécessité naturelle), donc, un état extraordinaire dans laquelle les biens nécessaires à la vie naturelle ou vie surnaturelle (notez bien que l’état de nécessité peut concerner la vie pour elle-même ou les biens nécessaires à cette vie), donc, ces biens ou cette vie se trouvent menacés de telle sorte que pour sauvegarder cette vie ou les biens nécessaires à cette vie on se retrouve habituellement (c’est cela l’aspect extraordinaire), on se trouve habituellement obligé d’enfreindre la loi.

Mes biens chers frères, l’état de nécessité ce n’est pas un état qui a surgi dans les années 70, l’état de nécessité c’est quelque chose que l’Eglise a toujours enseigné même si de fait elle ne le vivait pas, elle en envisageait la possibilité. Et l’état de nécessité ce n’est pas un terme, ce n’est pas une réalité inventée par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Cette réalité de l’état de nécessité est intrinsèquement liée à la loi humaine, c’est une conséquence de ce qu’est la loi humaine. Vous voyez, il n’y a pas d’état de nécessité quant à la loi divine, parce que Dieu est Dieu et il prévoit tous les cas possibles, sa science est telle qu’Il prévoit tous les cas possibles. Et donc il ne peut pas y avoir d’état de nécessité en matière de loi divine. Personne ne peut dire : « nous sommes dans une situation où la loi naturelle ne peut pas s’exercer », non ! Cela n’existe pas, cela ne peut pas exister. Mais quant à la loi humaine, parce qu’elle est humaine et qu’elle ne peut pas, sinon on lui donne les attributs de Dieu, elle ne peut pas prévoir tous les cas. Il y a intrinsèquement dans la loi humaine, la possibilité de voir surgir un état de nécessité. Cet état peut ne pas surgir de fait, mais il peut, il y a dans toute loi humaine la possibilité de voir surgir un état de nécessité parce que tous les cas ne peuvent pas être prévus par l’homme.

Voyez, mes biens chers frères, je prendrais l’exemple d’une loi qui prévoit que telle rue est à sens unique, mais il se trouve que dans cette rue une maison brûle, et bien l’état de nécessité oblige certaines personnes à prendre cette rue à contre sens pour sauver les vies qui sont dans cette maison. Nous sommes là en face d’un état de nécessité qui supprime l’application de la loi ; et la suivre ce serait au risque de la vie des personnes qui sont dans la maison qui brûle.

Alors quel est le but de l’Eglise ? Mes biens chers frères, quel est le but de toute sa législation ? C’est bien simple : prêcher la foi, et administrer les sacrements. Si donc l’application de certaines lois vient nuire à l’obtention de cette fin, la foi et les sacrements, et bien la loi devient mauvaise et son application et le fait de la suivre devient mauvais aussi. Or il suffit d’ouvrir les yeux. L’Eglise est dans une situation d’une maison qui brûle, d’une maison qui prend feu et toutes les législations qui entourent cette maison, ces voies à sens unique se trouvent en partie modifiés. C’est vrai que la voie du sacre épiscopal avait comme sens unique le fait qu’il fallait l’autorisation de l’Eglise ; mais la maison brûle, donc l’état de nécessité réclame de prendre cette loi à rebours pour sauver les habitants de cette Eglise. Nous sommes dans une Eglise qui brûle. Il n’y a qu’à voir tout l’enseignement doctrinal, pastoral, liturgique issu du concile Vatican II, cette proclamation de la trinité conciliaire comme je me permets de l’appeler : liberté religieuse, collégialité, œcuménisme et ceci contre la foi traditionnelle, contre l’enseignement des papes. Toutes les thèses modernistes ou néo-modernistes condamnées par saint Pie X ou par Pie XII se retrouvent dans le concile Vatican II. Cette liturgie réformée qui nous a donné une messe à saveur protestante, des sacrements à saveur œcuménique. Et bien, face à tout cela, mes biens chers frères, nous sommes obligés de réagir, ce n’est pas facultatif. Nous sommes obligés de réagir, et non seulement nous sommes obligés mais cette réaction, elle est légitime.

Alors le décret d’excommunication, touchant Monseigneur Lefebvre, ce décret d’excommunication Ecclesia Dei, voilà le nom qu’il porte, est-il valide ? Et bien, mes biens chers frères, il est valide ! Il est aussi valide qu’une condamnation sans jugement et aussi valide qu’une condamnation sans faute, c’est-à-dire qu’il est sans fondement, il est invalide, il n’y a pas, aux yeux de Dieu, d’excommunication. Elle n’existe pas, parce qu’il n’y a pas de fondement à cette excommunication.

Alors, comprenez bien. Lorsque Monseigneur Fellay, notre Supérieur, nous invite à prier pour que cette situation d’injustice dans l’Eglise cesse, ce n’est pas la levée des excommunications que Monseigneur demande. Non, non, il n’y a pas d’excommunication ! C’est le retrait du décret injuste, un décret sans fondement, un décret qui n’a pas de valeur mais qui met l’Eglise dans une situation d’injustice par rapport à tout l’enseignement traditionnel. C’est un peu comme le cas de sainte Jeanne d’Arc. Sainte Jeanne d’Arc a été elle aussi excommuniée, déclarée hérétique, déclarée schismatique, sorcière, tout ce que vous voulez par l’Eglise. Aujourd’hui elle est sur les autels, elle est sur les autels parce que l’Eglise a jugé que toutes ces condamnations n’avaient pas de fondement. En fait elle n’était pas excommuniée, parce qu’il n’y avait pas de fondement, c’était un décret invalide. Et bien, c’est le même cas pour Monseigneur Lefebvre.

C’est un peu la même chose que pour le Motu proprio. Benoît XVI écrit en disant que, en fait, le rite de saint Pie V n’avait jamais été condamné. Mais c’est ce que la Fraternité disait depuis quarante ans. Il n’empêche que pendant quarante ans il y a des prêtres, sûrement que vous avez connus, qui ont été mis à la porte, qui ont été mis dehors pour ce seul motif, ils gardaient une liturgie qui était soi disant condamnée. Parlez en au Père Morandi ici, mis dehors parce qu’il voulait garder la messe de saint Pie V, et on disait : « Non ce n’est pas possible, c’est interdit ». Il faudrait aujourd’hui que la congrégation des Pères Marianistes appelle le Père Morandi et dise « Excusez-nous, on pensait que c’était interdit, mais non, en fait on vous a expulsé sans motif ». Sans motif ! Et bien là c’est encore la même chose. Il faut que Rome se rende compte que cette excommunication est sans motif, elle n’a pas de fondement.

Je terminerai, mes biens chers frères, en répondant aux objections que j’appellerai sentimentales. Ce que je viens de vous dire beaucoup diront :

« oui c’est vrai, c’est possible… mais tout de même vous vous enfermez dans une attitude répulsive à l’égard de tout ce qui vient de Rome, vous vous enfermez dans une attitude de non accueil des efforts du Pape, il y a une tendance au sectarisme, vous vous enfermez dans un ghetto traditionaliste ».

Mes biens chers frères, j’ose répondre que cette apparente attitude répulsive n’est rien d’autre que l’attitude répulsive de la foi. Nous sommes trop habitués à un magistère qui ne condamne plus rien. Tout est positif, tout est union, tout est moyen de s’unir, mais ce n’est pas cela la foi. La foi, elle est répulsive à l’égard de tout ce qui va contre elle. Et donc notre attitude apparemment répulsive, elle n’est rien d’autre que l’attitude de la vraie foi qui ne supporte pas à côté d’elle l’erreur. Elle n’est rien d’autre que l’intolérance de la vérité, rien de plus intolérant, mes biens chers frères, que la vérité. Une table reste une table même pour celui qui ne veut pas que ce soit une table. C’est intolérant cela ! Rien de plus intolérant que la vérité. Rien de plus intolérant, peut-être aussi que le message de Notre Seigneur qui dit « Je suis la pierre angulaire sur laquelle beaucoup s’écraseront ». C’est tolérant cela ? Le « signe de contradiction », c’est répulsif cela aussi ! Et le Ciel, après tout, le Paradis n’est-il pas un ghetto aussi ? Le Ciel où ne seront accueillis que ceux qui n’auront accepté que cette foi et cette vérité de Jésus Christ. Alors, mes biens chers frères, acceptons plutôt le ghetto du Paradis que l’ouverture de ce monde, ne nous trompons pas !

Nous avons une messe aujourd’hui qui nous invite à reprendre, à garder les pieds sur terre, des exemples de paysans, des exemples tirés du travail de la terre, ce grain de sénevé. Et bien, cela me rappelle un proverbe de ce pays de paysans qu’est le Pays Basque qui dit : Martxoan haizea, le vent en mars, apirilan euria, la pluie en avril, maiatzan lorea, les fleurs en mai, et alors seulement, ekainan sagarra, les pommes en juin. Il y a des étapes, mes biens chers frères. On n’obtient pas des pommes, s’il n’y a pas de fleurs, s’il n’y a pas de vent, et s’il n’y a pas de pluie. Et bien, ne mangeons pas ces pommes précoces ou artificielles qui n’ont pas de goût, attendons que les choses se passent correctement. Il le faut, la pluie de la grâce qui réformera les cœurs, même à Rome. Il faut ce vent de la foi qui doit balayer toutes les erreurs qui règnent encore à Rome. Il faut ces fleurs qui annonceront le retour de la Tradition et seulement enfin nous pourrons manger les pommes de cette vérité, de cette foi unique, de cette foi en Jésus-Christ.

Monseigneur Lefebvre a vraiment été ce jardinier providentiel, lui qui a planté ce grain de sénevé. La Fraternité passera l’année prochaine le cap des 500 prêtres ; alors priez pour eux, priez pour nos supérieurs pour que nous restions tous fidèles à ce beau et grand combat. Prions Notre Dame du Rosaire, acceptez avec docilité et avec grande confiance l’invitation de Monseigneur Fellay à dire ces chapelets pour le retrait de ce décret d’excommunication, pour retrouver un état de justice dans l’Eglise et que le bien se fasse. Il faut que nous soyons ce levain dont parle l’évangile d’aujourd’hui, ce levain entre les mains de la femme, dit l’évangile. Cette femme c’est Notre Dame, c’est la Très Sainte Vierge Marie. Voilà pourquoi il nous faut dire ces chapelets qui seront ce levain entre les mains de Notre Dame et qui fera lever toute la pâte. Si nous nous laissons prendre entre les mains de la Très Sainte Vierge Marie, nous sommes sûrs d’être vainqueurs. Ainsi soit-il.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.

Abbé David Aldalur

Versailles, le 16 novembre 2008
Conférence de l'abbé Celier à Amiens
16 novembre 2008 - laportelatine.org
Un appel de la communauté catholique traditionnelle d'Amiens à tous les propriétaires, communaux ou privés, d'édifices à destination cultuelle

La communauté catholique traditionnelle d’Amiens, qui a vécu paisiblement pendant plus de vingt ans à la chapelle du Bon Pasteur, rue Daire, propriété du Conseil général, se trouve à la rue depuis un an et cherche un lieu de culte adapté à ses besoins.
Des propriétaires, communaux ou privés, d’Amiens ou de ses alentours possèdent sans doute des bâtiments à destination cultuelle qu’ils ont du mal à rénover, à entretenir et à faire vivre.
La communauté catholique traditionnelle d’Amiens lance donc un appel à ces propriétaires : elle sollicite une rencontre pour leur faire des propositions, pour examiner les offres éventuelles, pour rechercher un terrain d’entente dont les deux parties pourraient tirer un légitime profit.
Des solutions légales, techniques, économiques, humaines existent. En témoignent aujourd’hui les églises rénovées par les communautés catholiques traditionnelles à travers toute la France, par exemple à Marseille, à Compiègne, à Avignon, à Saintes, à Nice, à Thouars, à Boulogne sur Mer, à Toulon, à Chartres, à Saint-Malo, à Versailles, à Saint-Quentin, à Tours, à Aix en Provence, à Chamont, etc.
Les catholiques traditionnels : une réalité en France et à Amiens
Les catholiques traditionnels existent. A travers toute la France, sinon à travers le monde. Dans toutes les villes même simplement moyennes de France, on trouve un groupe de catholiques traditionnels.
Les catholiques traditionnels existent réellement. Ils ont des fidèles. Ils ont des prêtres, en particulier ceux de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Ils ont un culte, une vie, une communauté active, dynamique. Avec des enfants et des adultes, des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, des savants et des ignorants, des riches et des pauvres.
Les catholiques traditionnels ne sont pas un fantôme, un mirage. Ils sont présents au cœur de la cité, ils sont visibles, ils sont un certain nombre, nombre évidemment différent selon les lieux et les situations, mais nombre certain. On ne peut pas faire comme s'ils n'existaient pas.
La communauté catholique traditionnelle d'Amiens, en particulier, a démontré depuis un an, à la face de tous, de la manière la plus publique, qu'elle existe et qu'elle veut vivre. Tous les Amiénois ont pu constater de leurs yeux qu'il ne s'agit pas, selon une expression imagée, d'un rassemblement qui pourrait se tenir dans une cabine téléphonique. Il s'agit au contraire d'un vrai groupe, constitué, déterminé, relativement nombreux.
La nécessité d'un lieu approprié à leur vie religieuse et cultuelle
Les catholiques traditionnels, pour mener leur vie de foi, pour exercer leur culte, ont évidemment besoin d'un lieu où se réunir. Les circonstances, sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s'appesantir aujourd'hui, font qu'ils n'ont pas actuellement un accès normal aux églises de France, construites pourtant en vue du culte qu'ils célèbrent.
Ce lieu où les catholiques traditionnels peuvent se rassembler et exercer le culte catholique traditionnel, ce n'est pas n'importe quel lieu. C'est un lieu capable d'accueillir, dans des conditions d'hygiène, de sécurité et de tranquillité une communauté de 100 fidèles, ou de 300, ou de 500, ou de 1000, quelquefois plus, un lieu pour recevoir un enseignement, pour prier, pour chanter, etc.
Ce lieu ne peut donc être purement et simplement un lieu résidentiel. Ce ne peut être simplement un appartement ou une maison particulière. Un tel choix n'assurerait ni l'hygiène, ni la sécurité, ni la tranquillité de tous.
Il faut un lieu particulier, que l'on appelle un ERP, un « établissement recevant du public ». Un ERP, en effet, est légitimement soumis à des lois et à des règlements spécifiques, qui ont pour but d'assurer cette hygiène, cette sécurité et cette tranquillité nécessaires.
Cependant, il faut avoir conscience que, dans le cas présent, cet ERP ne sera pas un établissement industriel ou commercial, ce ne sera ni une usine ni un magasin, ce ne sera ni un cinéma ni une salle de sports, ce sera un lieu de culte. Et donc, il aura des besoins spécifiques, des horaires spécifiques, un fonctionnement spécifique.
Les catholiques traditionnels ont su s'adapter à de multiples situations
Depuis presque 40 ans que dure la crise de l'Église dont chacun peut constater la réalité, depuis 40 ans donc que le catholicisme traditionnel a dû s'organiser sous sa forme actuelle, il a, à travers notre pays, eu recours à toutes les solutions raisonnablement envisageables pour créer les lieux de culte dont il avait besoin.
Les catholiques traditionnels ont, d'une part, construit des églises et des chapelles à partir de rien, sur des terrains à bâtir. Ils inaugurent précisément une église nouvellement construite samedi prochain, 22 novembre, au cœur de la ville de Rouen.
Les catholiques traditionnels ont, d'autre part, transformé pour leurs besoins spécifiques toutes sortes de bâtiments : bâtiments industriels, bâtiments commerciaux, bâtiments administratifs, bâtiments agricoles, bâtiments scolaires, bâtiments résidentiels, etc.
C'est une solution, et la communauté catholique traditionnelle d'Amiens l'envisage, évidemment, comme bien d'autres communautés catholiques traditionnelles l'ont fait à travers la France.
L'immense patrimoine religieux de la France, fréquemment sous-utilisé
Cependant, cette solution, qui est envisageable, qui est praticable, n'est pas forcément la meilleure.
Deux articles récents, l'un du quotidien La Croix, l'autre du Figaro (tous les deux du 10 novembre 2008), rappellent qu'il existe en France 45 000 églises communales, auxquelles s'ajoutent environ 50 000 chapelles érigées en diverses circonstances et pour de multiples causes. Ces bâtiments ont été conçus pour le culte que les catholiques traditionnels célèbrent. Leurs dimensions, leurs spécificités, leur architecture, leur décoration, leur distribution correspondent parfaitement aux besoins des catholiques traditionnels.
Dans une partie des cas, ces églises ou chapelles appartiennent à des privés : congrégations religieuses, mais aussi personnes privées, associations diverses voire entreprises.
Mais, dans la majeure partie des cas, ces églises ou chapelles sont la possession des communes, soit comme lieux affectés au culte depuis la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905, soit comme monuments du domaine privé de la commune, hérités d'une histoire riche en vicissitudes.
Or, nous le savons, la pratique religieuse n'est plus ce qu'elle était. Désormais, ces dizaines de milliers d'églises et de chapelles connaissent souvent un faible taux d'utilisation, voire sont totalement inoccupées.
En considérant cet état de fait, il est légitime de se demander s'il est prioritaire d'arracher un bâtiment résidentiel ou commercial à sa destination propre, à son utilité sociale et économique, pour le transformer à grand-peine en un bâtiment cultuel, alors que peut-être un bâtiment cultuel, fait pour cela, se trouve à l'abandon ou sans utilisation à peu de distance.
Un patrimoine que l'on s'efforce de préserver... mais pour quelle utilité ?
Depuis vingt ou trente ans, à travers la France, les municipalités ont fait de gros efforts et ont consenti de lourds investissements pour rénover et mettre en valeur leur patrimoine immobilier, notamment leurs églises et chapelles.
Cependant, un bâtiment, même refait à neuf, s'il n'est pas vivant et utilisé régulièrement, ne tardera pas à se dégrader. De plus, si ces investissements n'ont pour résultat que de conserver de vieilles pierres, sans que le bâtiment manifeste une utilité réelle, il est à craindre que l'effort des municipalités ne s'épuise et ne se décourage.
Par ailleurs, les ressources des municipalités ne sont pas illimitées : dans un certain nombre de cas, des bâtiments, notamment d'origine cultuelle, ne peuvent être rénovés et entretenus convenablement, malgré la bonne volonté des élus.
Les catholiques traditionnels n'ont évidemment ni la prétention, ni les moyens de résoudre tous les problèmes d'entretien de toutes les églises ou chapelles de France. Mais puisqu'ils existent, ils peuvent au moins contribuer à en résoudre quelques-uns, et permettre à certains bâtiments d'origine cultuelle de continuer à vivre, voire à revivre après un certain abandon.
D'un côté, donc, il existe des propriétaires privés ou municipaux souvent embarrassés devant la charge d'un bâtiment cultuel qu'ils ne peuvent ni ne veulent détruire, en raison de son caractère historique, patrimonial, légal, etc., et que cependant ils ont du mal à rénover et à entretenir. De l'autre côté, il existe une communauté catholique traditionnelle qui cherche un lieu de culte ; qui, bien sûr, pourrait se résigner à le construire ou à le rénover à partir d'un bâtiment non cultuel existant, mais à qui il semblerait préférable de trouver un lieu de culte déjà construit pour cela, afin que les efforts financiers et humains soient orientés plus vers la restauration, l'embellissement et l'entretien que vers une transformation qu'il serait possible d'éviter.
Les catholiques traditionnels peuvent représenter une solution
Cette communauté catholique traditionnelle possède la volonté et les moyens de réaliser l'éventuelle restauration d'un bâtiment d'origine cultuelle. Elle peut, non seulement le restaurer mais, au fil du temps, l'embellir, par le légitime souci d'avoir le lieu le plus digne pour le culte qu'elle célèbre. C'est ce qui s'est réalisé à Marseille, à Compiègne, à Avignon, à Saintes, à Nice, à Thouars, à Boulogne sur Mer, à Toulon, à Chartres, à Saint-Malo, à Versailles, à Saint-Quentin, à Tours, à Aix en Provence, à Chamont, etc., comme le manifeste clairement le film qui a été projeté.
De plus, l'expérience montre qu'une communauté vivante, donc présente et attentive, est la meilleure garantie pour l'entretien d'un bâtiment de ce genre. Une tuile qui tombe, une fuite d'eau, la panne d'un chauffage : les problèmes sont très vite détectés, et la volonté de maintenir le bâtiment dans le meilleur état est présente.
Pour prendre l'exemple de l'église Sainte-Thérèse de Compiègne dont je suis le desservant, comme vous avez pu le voir dans le film, la messe n'y est célébrée, pour le moment, que le dimanche. Cependant, l'église est visitée chaque jour. La mission du visiteur (un paroissien ou une paroissienne, selon les jours) consiste bien sûr à prier, mais aussi à faire un tour de l'église pour vérifier qu'il ne s'y passe rien d'anormal. S'il y a un quelconque problème, comme c'est arrivé une ou deux fois depuis quatre ans, j'en suis averti dans la demi-journée et je peux intervenir sans délai.
Enfin, une communauté vivante, qui utilise le bâtiment selon sa destination spécifique, le culte catholique, redonne à ce bâtiment un sens à la fois historique et réel ; lui fait recouvrer sa place naturelle dans la vie de la cité ; lui permet d'être compris et apprécié par tous ceux qui vivent autour, ainsi que par ceux qui, au cours de leurs pérégrinations, ont l'occasion de le découvrir. Il ne s'agit plus alors d'un monument mort, d'un souvenir éteint, d'un simple vestige du passé : c'est une réalité actuelle qui se poursuit et qui vit.
Et les Amiénois, en particulier, ont clairement exprimé le souhait que leurs monuments religieux restent vivants et soient habités et utilisés par une communauté dynamique, lorsqu'ils ont répondu si nombreux, et si vite, à la collecte de signatures sur ce sujet.
Un appel de la communauté catholique traditionnelle d'Amiens
La communauté catholique traditionnelle d'Amiens a utilisé durant plus de vingt ans un tel bâtiment, la chapelle du Bon Pasteur, rue Daire, propriété du Conseil général. Malheureusement, en raison de la vente de l'ensemble immobilier au Conseil régional, elle s'est retrouvée assez brutalement sans lieu de culte. Les péripéties de l'année écoulée ont été suffisamment relatées par la presse locale pour qu'il soit inutile d'y revenir.
La communauté catholique traditionnelle amiénoise lance donc aujourd'hui un appel à tous ceux, propriétaires privés comme municipalités, qui disposeraient d'un bâtiment à vocation cultuelle inutilisé ou sous-utilisé. Cette communauté est prête à vous rencontrer, à vous faire des propositions, à examiner avec soin vos offres éventuelles, à rechercher un terrain d'entente dont les uns comme les autres pourraient tirer un légitime profit : les actuels propriétaires, en bénéficiant de la rénovation et de l'entretien d'un de leurs bâtiments ; les catholiques traditionnels, en bénéficiant d'un lieu de culte adapté où ils pourraient vivre au milieu de la cité, dans la paix et la tranquillité.
Il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions
Rappelons que, sur le plan légal, l'éventail des possibilités est fort large puisque, à travers la France et au cours du temps, les divers propriétaires, municipaux ou privés, ont recouru à toutes les formes de mise à disposition : vente pure et simple ; bail classique ; bail emphytéotique ; mise à disposition en échange d'un loyer symbolique ; mise à disposition gratuite, etc. Dans tous les cas, si un propriétaire envisage une mise à disposition, une solution légale pourra être trouvée.
Il en est de même si le bâtiment recèle des trésors architecturaux ou artistiques qui doivent rester à la disposition du public. Outre que l'utilisation d'un bâtiment par la communauté catholique traditionnelle signifie ipso facto son ouverture fréquente, voire quotidienne, au public, il est tout à fait possible d'envisager, dans des cas spécifiques, des conventions particulières d'occupation et d'ouverture. A Thouars, collégiale classée aux Monuments historiques et qui bénéficie actuellement d'un programme de rénovation qui associe la Fraternité Saint-Pie X, la ville, le département et l'État, une ouverture pour diverses manifestations culturelles (et au premier chef la journée du Patrimoine) est contractuellement prévue.
Notons que l'éventuelle rénovation d'un bâtiment qui appartient au patrimoine d'un quartier, d'une ville, d'une région, souvent après un malheureux abandon (avec toutes ses conséquences fâcheuses), ou du moins après une fermeture prolongée pour raison de sécurité ou d'absence de personnel, permet à ce quartier, à cette ville, à cette région, de se réapproprier une partie de leur histoire et de leur mémoire. Au milieu des autres monuments et lieux remarquables, ce bâtiment redevenu vivant participera à la renommée culturelle et touristique de la ville.
Cette éventuelle rénovation fera évidemment appel aux entreprises locales, de même que l'entretien régulier du bâtiment, ce qui permettra de créer ou de maintenir des emplois précieux, particulièrement en ces temps de crise économique.
De la même manière, la venue des fidèles pour les divers offices ne pourra manquer de contribuer au développement, ou du moins au maintien du petit commerce établi dans les alentours. Il est de notoriété publique que les boulangeries-patisseries établies près des églises ont toujours fait leurs meilleures affaires le dimanche matin à l'issue de la messe. Sur ce point en particulier, la communauté catholique traditionnelle est réellement... traditionnelle.
Enfin, il est évident que si la France est aujourd'hui laïque, ses racines sont profondément chrétiennes, catholiques. Qu'au cœur de la cité soit proposé à ceux qui le désirent, dans un cadre adapté, et dans un climat de paix et de respect mutuel, le culte qui a rythmé la vie de nos ancêtres, le culte qui a façonné notre langage et notre mentalité, le culte qui a imprégné notre culture et notre histoire, ce sera un signe de continuité, de cohésion entre les générations, de volonté d'assumer l'héritage reçu même en s'élançant vers l'avenir.
L'exemple d'une ville assez proche : l'église Sainte-Thérèse de Compiègne
Pour finir sur une note très concrète, je voudrais vous parler de ce que nous avons fait non loin d'Amiens, à Compiègne, avec l'église Sainte-Thérèse.
Une ensemble hospitalier, la fondation Debruxelles, n'avait plus d'utilité depuis la construction et l'ouverture, en 1995, du nouvel hôpital situé dans la périphérie de Compiègne. Cette fondation comprenait des pavillons médicaux, une résidence de personnes âgées et une chapelle dédiée à Sainte-Thérèse de Lisieux. Il fut décidé par la municipalité de démolir les pavillons pour vendre le terrain ; de reloger les personnes âgées et de réhabiliter la résidence pour en faire du logement social ; et de conserver la chapelle.
En effet, la mairie souhaitait garder un petit élément de monumentalité dans ce quartier plus récent et certainement pas aussi favorisé sur le plan social et architectural que d'autres parties de Compiègne. Cependant, maintenir cette chapelle posait des problèmes difficilement solubles. D'une part, Compiègne, qui bénéficie déjà d'un patrimoine cultuel prestigieux mais coûteux à entretenir, ne pouvait s'engager dans de nouveaux frais pour réhabiliter cette chapelle. D'autre part, l'usage potentiel de cette chapelle était fort limité puisque les hôpitaux de Compiègne, pour respecter les intentions de la fondatrice, Madame Debruxelles, avaient fait inscrire dans le contrat de vente à la municipalité que cet édifice ne devait servir qu'au culte catholique.
C'est alors que la communauté catholique traditionnelle de Compiègne s'est rapprochée de la municipalité, proposant de racheter cette chapelle, de la réhabiliter et de la maintenir pour le culte. Après une négociation permettant d'assurer les intérêts légitimes des deux parties, la chapelle, qui avait été achetée par la mairie pour un euro symbolique, nous fut revendue pour 91 000 euros, cet argent, au demeurant, étant reversé immédiatement aux hôpitaux de Compiègne.
Puis, durant l'année 2004, nous avons entièrement rénové le bâtiment en faisant appel, bien entendu, aux divers corps de métier de la ville et de la région.
Enfin, en janvier 2005, nous avons inauguré l'église Sainte-Thérèse, qui depuis ce moment poursuit son existence au cœur de la cité, dans une continuité historique et architecturale avec tout son passé.
Nous sommes même allés plus loin. L'église Sainte-Thérèse est ornée de grandes rosaces en vitrail, mais qui n'avaient jamais été achevées, faute sans doute de financement. Depuis 2005, avec l'aide d'une association municipale, nous rénovons et terminons ces vitraux selon leur esprit initial. Sur quatre rosaces, trois sont désormais achevées, la quatrième étant actuellement en cours de rénovation. Il nous restera ensuite à rénover les six vitraux plus petits situés au-dessus de l'autel, et ce monument aura non seulement retrouvé son état originel, mais acquis une splendeur que les aléas de l'histoire ne lui avaient pas permis encore de trouver.
Oui, cela est possible (avec un peu de bonne volonté réciproque)
Pour conclure, je voudrais dire qu'avec un peu de bonne volonté réciproque les choses sont possibles, que des solutions qui conviennent à tous peuvent être proposées, que la communauté catholique traditionnelle d'Amiens doit pouvoir trouver un lieu pour vivre sa vie et célébrer son culte tout en donnant satisfaction au propriétaire, communal ou privé, d'un bâtiment à destination cultuelle.
Et mon espérance est que, très vite, se dessine un terrain d'entente avec un tel propriétaire, communal ou privé, pour redonner une vie nouvelle à un monument à vocation cultuelle inscrit dans l'histoire d'Amiens ou de ses environs, et pour permettre à la communauté catholique traditionnelle d'Amiens de retrouver enfin une vie normale après un an d'errance.
Abbé Grégoire Celier
Amiens, le 16 novembre 2008

Grégoire Celier est journaliste et s'intéresse particulièrement à la question actuelle des bâtiments à destination cultuelle. Il a notamment coordonné un numéro spécial de revue intitulé « Le temps des églises », consacré à la réhabilitation d'églises à travers la France par les communautés catholiques traditionnelles (Fideliter 157, mai 2002).
L'abbé Grégoire Celier, par ailleurs, prêtre de la Fraternité Saint-Pie X, a négocié l'achat de l'église Sainte-Thérèse auprès de la mairie de Compiègne, a présidé à sa rénovation et, depuis janvier 2005, en est le desservant.