31 mars 2011

[Disputationes Theologicae] L'échec des colloques doctrinaux avec la Fraternité saint Pie X et la question d'un "ordinariat traditionnel"

SOURCE - Disputationes Theologicae - 31 mars 2011
Les colloques doctrinaux entre le Saint-Siège et la Fraternité saint Pie X, ce n’est plus un secret pour personne, sont loin d’aller dans le sens espéré. Les accents enthousiastes se sont éteints, et les belles espérances semblent définitivement dépassées, d’un côté comme de l’autre. Dans les couloirs du Vatican, est réapparue une expression qu’on n’avait plus entendue depuis longtemps : certains disent à qui veut l’entendre que « la Fraternité c’est le schisme, ils sont hors de l’Eglise ». Et pourtant, après deux années de discussions régulières, il va falloir trouver une façon d’en sortir la tête haute. Les solutions possibles ne sont pas nombreuses et celle qui semble la plus plausible est qu’avant l’été, Rome proposera à Mgr Fellay de souscrire à un document, souscription qui sera accompagnée de la proposition d’une structure canonique idéale, celle d’un ordinariat personnel avec l’exemption par rapport aux évêques diocésains.

On discute depuis deux ans maintenant, mais les éclaircissements doctrinaux et magistériels sur le Concile et l’après-Concile n’ont pas avancé d’une virgule. Entre mille déclarations, on ne sait pas même aujourd’hui si Mgr Fellay a accepté, déjà, le Concile, afin d’obtenir la levée de l’excommunication : non seulement la lettre qui réclamait cette révocation de la condamnation, concordée pourtant de façon bilatérale, n’a jamais été intégralement publiée, mais deux textes différents circulent encore (sans que personne ne s’en scandalise). Dans le premier texte, les quatre évêques affirment accepter tous les Conciles jusqu’à Vatican II, avec certaines réserves, tandis que dans la deuxième version, distribuée aux fidèles un peu pus tard, ils affirment au contraire ne reconnaître les Conciles que jusqu’à Vatican I. Rome n’a pas non plus, jusqu’ici, diffusé la version officielle de la lettre dans son intégrité, ce qui serait pourtant déjà un bon point de départ pour que les positions respectives soient connues, sans malentendu. Mais pour l’instant on préfère – des deux côtés – parler de disputes doctrinales « de haut niveau ».

C’est la Fraternité qui avait réclamé des rencontres doctrinales, desquelles devait sortir une solution aux problèmes posés par le Concile Vatican II. Depuis dix ans maintenant, elle joue à la hausse en ignorant les propositions de Rome, propositions qui n’étaient pourtant pas si inacceptables qu’on l’a dit : la Fraternité n’a pas voulu se contenter de devenir un organisme canonique sui iuris, avec la liberté de discuter théologiquement sur certaines difficultés de la théologie moderne (et leur influence sur certains actes officiels non-infaillibles), et la faculté de célébrer exclusivement la « Messe grégorienne ». Non, elle a prétendu bien plus, elle a voulu que Rome s’engage sur le terrain théologique : le Siège de Pierre aurait même dû reconnaître publiquement ses erreurs face à ses inférieurs, comme condition préalable à toute éventualité d’un accord pratique. Ainsi, depuis dix ans, la Fraternité entretien l’hostilité chez ses propres prêtres et fidèles, en présentant tout accord qui précèderait une conversion de Rome comme une trahison de la foi. Cette politique a mené à certains résultats – voulus ou non, ce n’est pas notre rôle d’en juger – mais c’est un fait qu’en 2011 il y a dans la Fraternité davantage d’hostilité à un accord qu’en 2001, au lendemain de l’Année Sainte.

En 2009 apparaît donc le projet des colloques doctrinaux entre les deux partis, comme lorsqu’au Moyen-âge s’affrontaient scotistes et thomistes, mais cette fois dans le plus grand secret. La Fraternité s’empresse cependant de rappeler que « sur la vérité, on ne négocie pas : il n’y aura aucun compromis ». Et elle choisit ses représentants selon un critère qui semble être plus celui de la rigidité austère que celui de l’affabilité diplomatique… lesquels théologiens d’Ecône traversent donc les Alpes à plusieurs reprises, pour aider Rome à se convertir.  « Nous n’allons pas à Rome pour faire un accord, car il n’y a pas d’accord à faire entre la vérité et l’erreur. Rome doit se convertir. Et lorsqu’elle se sera convertie, alors les obstacles à un accord canonique auront disparu » – Mgr Fellay lui-même n’a jamais pris ses distances par rapports à de telles déclarations, dont les auteurs étaient ceux qu’il avait lui-même choisis pour discuter « respectueusement » avec le Siège apostolique.

Rome cependant cède sur ce calendrier et s’engage dans ces débats théologiques, avec des intentions plus diplomatiques que scientifiques, on le comprend aisément. La conséquence, que tous peuvent désormais constater, est que l’ensemble de la problématique du rite traditionnel et de la Tradition en générale s’est concentrée sur le seul « cas » de la Fraternité saint Pie X, au lieu de consister en une aide concrète pour appuyer canoniquement ceux qui étaient déjà reconnus… afin d’encourager par là-même la Fraternité à faire une démarche similaire. Une telle concentration du problème, au fond, est d’ailleurs moins exigeante pour Rome, qui peut traiter la chose comme s’il ne s’agissait que d’un désaccord avec un groupe de schismatiques turbulents. De cette décision, qui traduit tout un état d’esprit, s’ensuit cependant du point de vue pratique un déséquilibre tout-à-fait insensé, selon lequel la Commission Ecclesia Dei, et avec elle tous ceux qui en dépendent, au lieu d’être renforcée et confirmée dans ses prérogatives et dans son autorité, s’est trouvée réduite à n’être qu’un organe de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dont toute l’activité semble se limiter  à favoriser le succès des entretiens avec saint Pie X, ou plus exactement avec les plus intransigeant de la Fraternité. Comprenne qui pourra, mais le résultat est grotesque : toute la « question traditionnelle » est aujourd’hui suspendue aux caprices de l’aile dure de la Fraternité. Et les évêques ont beau jeu de ne pas se sentir concernés par l’affaire, puisqu’il faut attendre, disent-ils, que Rome règle définitivement cette question. Au point que l’Osservatore Romano, par exemple, ne se prive pas de mettre en doute l’orthodoxie des instituts dépendant d’Ecclesia Dei, jetant sur eux – et sur elle – le discrédit. La situation est donc aujourd’hui liée aux futurs choix de Mgr Fellay, qui, après avoir discrédité la solution pratique, se retrouve ainsi maître de la situation, bloquant en pratique le développement de tous les « traîtres », comme ils disent avec mépris, qui ont fait le choix de s’en remettre à Rome, et qui ont ainsi sombré dans le terrible « péché d’accordisme ».

La situation, finalement, est un peu celle de certaines guerres infâmes, dans lesquels les mercenaires tirent des coups de canons, font sauter des ponts, blessent l’ennemi, puis se retirent sur la montagne en laissant les civils à la merci d’inévitables représailles. La Fraternité saint Pie X tire à hauteur d’homme, depuis les forteresses de sa totale indépendance vis-à-vis de toute autorité ecclésiastique, en particulier des évêques. Et leurs faits d’armes désinvoltes n’ont d’autres conséquences que les représailles envers les instituts Ecclesia Dei, lesquels –à cause du choix qu’ils ont fait – se retrouvent être les uniques vulnérables, pour la plus grande joie des premiers, qui les observent du haut de leurs forteresses. Mais Rome temporise, sans se préoccuper d’aider les siens, et les réponses sont toujours les mêmes : « il faut être patient », « ce n’est pas le moment de donner des garanties canoniques aux Instituts Ecclesia Dei »… l’urgence, pour eux, est ailleurs.

Nous voici donc à l’issue de ces discussions, deux ans plus tard. Il y a eu des échanges, des textes, et des repas parfois presque sympathiques, mais, évidemment, aucune solution. Ni les uns ni les autres ne se sont convertis. Le Saint-Siège voudrait absolument que les textes du Concile soient interprétés en harmonie avec la Tradition, au sens d’une évolution homogène ; les autres soutiennent au contraire que certains passages sont définitivement hérétiques (ou, concèdent-ils, favens haeresim) et qu’il faut donc les exclure du Magistère, et avec eux tout le Concile qui les a adoptés. Ce serait là une condition sine qua non avant tout accord : se contenter d’exprimer des réserves théologiques, en remettant le jugement ultime au Saint-Siège – comme l’a fait le Bon Pasteur – serait une trahison. Les contenus hérétiques seraient nombreux, mais jamais une liste des textes posant problème n’a été exposée de façon définitive. Au fond, même la Fraternité le sait, les textes en question pèchent bien plus par leurs ambiguïtés que par leurs hérésies. Mais pour l’admettre, il faudrait qu’ils acceptent d’être taxés de « libéralisme » par leur propre aile dure, selon le vocabulaire qu’ils ont eux-mêmes mis en place en l’adaptant à la situation.

L’issue des débats n’apporte donc aucun rapprochement : les « Romains » laissent entendre que les théologiens de la Fraternité n’ont pas le niveau pour discuter, et que leur formation néothomiste les a fossilisés aux années 30. L’accusation ne manque sûrement pas de fondement, mais c’est là une façon un peu rapide, trop rapide, pour éviter de devoir affronter les véritables problèmes qui affligent l’Eglise depuis quarante ans. Du côté d’Ecône, on accuse les théologiens romains d’être tellement imprégnés de « nouvelle théologie » que toutes leurs formules, même les plus traditionnelles, ne sont jamais acceptables puisqu’elles peuvent toujours cacher, sous des termes irréprochables, des notions sournoisement modernistes… ce qui les rend d’autant plus dangereuses. Façon malhonnête là encore d’éviter toute véritable confrontation – même si ce jugement contient certainement quelque part de vérité – mais qui leur permet de passer à peu de frais pour des défenseurs sans faille de l’orthodoxie.

On se retrouve donc dans une impasse pour avoir prétendu obtenir une solution « doctrinale », au lieu de se contenter de réclamer des garanties réalistes pour pouvoir sereinement réaliser ce que Mgr Lefebvre – d’une façon bien plus sage et pondérée – avait défini comme « l’expérience de la Tradition ». On a voulu faire plus que nécessaire, on a voulu « convertir Rome ». Et maintenant que Rome ne veut pas se laisser convertir, on se retrouve au seuil d’une rupture, rupture à laquelle on donnera évidemment le nom reluisant de « doctrinale », mais qui ne sera en fait que le résultat d’une grave erreur d’orgueil et d’imprudence.

Le Saint-Siège proposera donc à la Fraternité un ordinariat personnel (ou l’équivalent), pour tenter de sortir de cette impasse. Alors elle devra choisir, et elle n’aura alors que deux alternatives, l’une et l’autre meilleures que la troisième, celle de l’équivoque continue.

Dans le premier cas la Fraternité acceptera le statut canonique qui lui est proposé. Sans renier les justes batailles qu’elle a menées dans le passé, elle devra alors définitivement se séparer d’une certaine mentalité sédévacantiste ou gallicane, et des tendances de « Petite Eglise » qu’elle traîne derrière elle. Elle devra aussi entrer dans un nouvel état d’esprit, dans lequel les évêques diocésains ne doivent pas systématiquement être traités avec mépris, comme s’ils étaient automatiquement des ennemis de l’Eglise seulement parce qu’ils célèbrent la Messe de Paul VI. Malheureusement, les derniers évènements survenus en France et les déclarations déconcertantes de plusieurs supérieurs de la Fraternité laissent penser qu’il est déjà trop tard pour espérer ce changement de ton. Quoiqu’il en soit, cela reviendrait en fin de compte à accepter l’accord pratique, ou « canonique » si l’on préfère, mais dans une situation bien plus problématique qu’hier, à force d’avoir tiré sur la corde dans tous les sens.

Dans le second cas, la Fraternité refusera les propositions du Souverain Pontife, en invoquant une explication idéale : il est impossible de parvenir à un quelconque accord doctrinal sur les textes du Concile. Mais Mgr Fellay devra alors, par devoir de justice et par amour de la vérité, assumer les responsabilités de ses choix et reconnaître qu’un tel accord doctrinal – qu’à l’époque, Rome ne lui avait pas demandé – a échoué, et a rendu à cause de ses propres exigences la situation actuelle bien plus complexe qu’elle n’était il y a quelques années. Un tel choix aurait toutefois un aspect positif, celui d’en finir avec les ambigüités et avec le double langage. Ce serait la position la plus cohérente avec les dernières prises de position à l’intérieur de la Fraternité, qui après l’annonce d’Assise III, de la béatification de Jean-Paul II et les déclarations du Pape sur le préservatif, crient au scandale et affirment que la conversion exigée de Rome ne s’est pas réalisée. Les choses seraient donc, dans ce cas, clarifiées : celui qui voudra rester « romain » saura finalement à quoi s’en tenir, et il ne lui restera qu’à abandonner la Fraternité aux élucubrations sans fin d’un zèle inopportun. Rome dira que la Fraternité a abandonné définitivement l’Eglise, et déjà ces jours-ci on reparle à Rome d’attitude schismatique. Mais se lamenter d’un schisme ne sera pas facile, lorsque de fait n’a jamais été rendue possible, de façon sûre et sereine, l’expérience de la Tradition, puisqu’elle n’a pas même été sérieusement  tentée avec les organismes déjà existants. La faiblesse de Rome, c’est vrai, est devenue chronique, au point qu’une norme applicative sur le Motu proprio, qui devait sortir en janvier 2008, fera peut-être finalement son apparition au printemps 2011… mais au même moment, on envisage de pharaoniques projets d’accord avec l’aile dure de la Fraternité, quand on ne parvient pas à défendre ceux qui ont déjà réalisé un tel accord. Lorsqu’on laisse chasser d’un diocèse un institut traditionnel reconnu pour la seule raison qu’un prêtre a osé enseigner un peu de catéchisme à quelques enfants, lorsque le « plan pastoral diocésain » préfère confier une paroisse à un groupe de laïcs plutôt qu’à un prêtre qui porte la soutane « parce qu’il serait assimilé aux lefebvristes », lorsque les groupes stables sont soumis à de continuelles pressions et interrogatoires, qui les obligent à adopter des attitudes qu’ils n’acceptent pas en conscience, afin d’obtenir (ou par peur de perdre) une « concession » toujours instable, tout cela dans le silence général, il est d’autant plus difficile d’expliquer à des parents, à des séminaristes et à des prêtres qu’ils doivent abandonner la position, par certains côtés bien plus confortable et plus facile, représentée par la Fraternité saint Pie X.

C’est à Rome de prendre l’initiative, et de ne plus se laisser imposer sa ligne de conduite par les plans de Mgr Fellay. On ne réclame pas l’impossible, on ne demande que la possibilité de faire sérieusement, tranquillement et librement ce que Mgr Lefebvre appelait « l’expérience de la Tradition ». Que Rome donne au moins cette possibilité à ceux qui veulent le faire, sous l’autorité du Pape ! Celui qui veut combattre pour le bien de l’Eglise est bienvenu : si la Fraternité se sent concernée, tous attendent, pour l’Eglise, son soutien. Mais c’est le Vicaire du Christ, et lui seul, qui a reçu du divin Fondateur les instruments nécessaires pour « sauver l’Eglise » dans la crise qu’elle traverse. Et il n’a pas besoin, pour sauver la « barque qui prend l’eau de toutes parts », de ceux qui se croient indispensables. Même dans notre devoir de respecter avant tout le primat de la vérité, c’est toujours l’Eglise qui nous sauve et ce n’est pas à nous, aussi inflexibles et purs que nous puissions l’être, de « sauver l’Eglise ».

27 mars 2011

[Romano Libero - Golias] Finalement, un motu proprio très tradi

SOURCE - Romano Libero - Golias - 27 mars 2011

Contrairement à ce que les rumeurs romaines laissaient entendre il y a encore quelques semaines, et qui faisaient état d’intrigues au Vatican pour limiter la bienveillance du motu proprio de 2007 envers les traditionalistes, la dernière mouture du décret d’application devrait en définitive abonder dans le sens voulu par les défenseurs de la messe « old style ».

Si certains cardinaux comme William Levada, le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi ou Antonio Maria Canizarès Llovera, préfet de la congrégation pour le culte divin, ont tenté de limiter la largesse de l’application du motu proprio, le point de vue ratzingérien d’une concession très large l’aurait emporté. Le Pape souhaite donc faciliter la célébration selon les anciens livres liturgiques et n’avalise donc pas le point de vue restrictif. Qui reste cependant celui d’une très large majorité d’évêques de par le monde.

Le Pape serait de plus en plus convaincu du franc succès de cette mesure « libérale ». Sans doute, ici ou là, quelques réserves demeureraient, par exemple sur la messe d’ordination de prêtres diocésains qui ne pourrait être célébrée selon l’ancien rite. Néanmoins, l’intention de cette mise au point romaine est plutôt de désavouer la lecture minimaliste du motu proprio, dans le sens où la décision de célébrer une messe publique selon l’ancien rite (ou « forme extraordinaire » comme il est dit aujourd’hui) supposerait l’accord de l’évêque du lieu, alors que chaque curé est libre d’organiser une telle célébration dans sa paroisse pourvu qu’il y ait une demande. A l’évidence, Benoît XVI n’ignore rien des réticences très vives des évêques qui parfois interdisent aux curés bien disposés d’accueillir des groupes attachés à l’ancienne liturgie et de célébrer publiquement la messe pour eux. D’où ce nouveau rappel à l’ordre adressé non aux traditionalistes mais aux évêques peu coopératifs. Et parmi eux, de très hauts prélats, par ailleurs guère suspects de progressisme comme les archevêques de Madrid (Rouco Varela) ou de Washington (Wuerl), deux cardinaux de prestige et de poids.

Nous savons, de source romaine directe, que ce décret d’application a en effet subi une double correction. A l’origine, il avait été préparé par Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei » en charge du dossier. Par la suite, le cardinal Levada, et son fidèle conseiller, Mgr Charles J. Scicluna, un maltais avaient fortement amendé le texte dans le sens restrictif. Avec l’accord du cardinal Canizarès Llovera, le préfet de la congrégation du culte divin ! Nos informations récentes étaient donc exactes.

Une fois amendé par Levada, le document est arrivé sur le bureau du Pape. Et ce dernier n’aurait pas été satisfait du revirement opéré. Il serait donc revenu plus ou moins au document tel que Guido Pozzo l’avait initialement. Dans un sens plus favorable aux traditionalistes.

Malgré son rapprochement modérés à certains égards, Benoit XVI est trop attaché à la sacralité de la liturgie, sous une forme traditionnelle, pour se renier à cet égard. Il accepte l’esprit d’Assise. Fait un pas en direction des juifs qu’il exonère de toute culpabilité dans la mort de jugement. Mais, sur la liturgie, il n’a pas varié.

26 mars 2011

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Responsabilité tremblante

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 26 mars 2011

Beaucoup de monde se fait aujourd'hui une idée tellement sentimentale de Dieu, ou bien une idée tellement pauvre de sa puissance, qu'ils ne peuvent s'imaginer qu'il punisse, encore moins qu'il profite de l'univers matériel ou du mauvais temps pour punir. Pourtant la thèse se laisse bien défendre selon laquelle l'instabilité même des plaques tectoniques, d'où  viennent les désastres tels que nous venons d'en voir au Japon, est le résultat et le châtiment des péchés des hommes. Voici l'argument  (au sujet duquel, je l'avoue pour ma part, on ne nous a jamais rien enseigné à l'école) :--

Avant le péché d'Adam et Eve, la nature humaine fut une création glorieuse de Dieu, forte et stable, mais pas impossible à briser. La révolte contre Dieu la briserait. Et alors quand Adam et Eve commirent le péché originel, tous leurs descendants (hormis Notre Seigneur et Notre Dame) héritèrent d'une nature blessée, en sorte que nous avons tous à souffrir et à mourir, et c'est à peine si nous dominons notre nature inférieure. Il en serait de même pour la nature physique de notre planète. Avant le Déluge au temps de Noé, c'était comme un jardin de paradis, une création glorieuse de Dieu, forte et stable, mais susceptible d'être brisée. La corruption universelle du genre humain (Gen.VI, 5,11,12) pourrait la briser, et l'a brisée.

En effet, les géologues d'aujourd'hui peuvent ne pas croire au Déluge tel que la Bible le présente, mais ils croient en une énorme convulsion préhistorique de la surface de la terre pour expliquer, entre autres, l'évidence des fossiles, par exemple des animaux marins que l'on trouve aujourd'hui dans les hauteurs des montagnes comme les Rockies en Amérique du nord. A l'origine, postulent-ils, en dessous de la croûte rocheuse qui entourait la terre il y avait des chambres gigantesques d'eau sous forte pression de ces roches, de par la force de la gravité. Alors dès que cette coquille rocheuse se fendrait quelque part, l'eau en jaillirait vers la surface qu'elle inonderait du coup, et la roche s'écraserait vers le bas. De plus l'énormité des tensions en jeu pourrait étendre sur toute la face de la terre la montée de l'eau et la chute de la roche.

Mais de toute évidence, la sphère de roche antérieure à ce drame aurait contenu trop de roche pour former sans heurts la sphère postérieure plus rétrécie. Il y aurait eu trop de roche pour trop peu d'espace. Dès lors la sphère antérieure n'aurait pas seulement craqué, pour former les plaques tectoniques que nous connaissons aujourd'hui, mais elle se serait aussi froissée, pour former entre autres traits que nous observons dans la géologie actuelle de notre planète, ces grandes chaînes de montagnes qui ont soulevé les animaux marins loin au-dessus du niveau de la mer actuelle. Encore aujourd'hui le Mont Everest est soulevé de quelques centimètres chaque année par le fait que la plaque des Indes est forcée en avant sous la plaque eurasienne de la Chine et du Tibet.

De cette façon, tout comme le péché originel cause depuis la Chute des tensions punitives dans la nature humaine, de même la corruption préhistorique du genre humain est à l'origine de ces tensions dans la croûte terrestre qui sous-tendent tous les tremblements de terre et de mer comme nous venons d'en voir au Japon. « La nature, » a dit Notre Dame à La Salette en 1846,  « demande vengeance pour les hommes, et elle frémit d'épouvante dans l'attente de ce qui doit arriver à la terre souillée de crimes. Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes, tremblez, car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce que les lieux saints sont dans la corruption. »
Tremblons.  Et prions !

Kyrie eleison.

24 mars 2011

[Abbé Philippe Laguérie, ibp] Pour Monseigneur Lefebvre, merci mon Dieu !

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, ibp - 24 mars 2011

20 ans déjà, je n’ose y croire. C’est hier encore qu’il nous réchauffait le cœur et nous éclairait l’esprit de sa douce et puissante parole. Une chose est certaine : il est bien mieux là où il est qu’à subir les avanies et la haine. Merci à cette « Bonne Mère du ciel » d’être venue le délivrer en ce jour de son Annonciation, de l’Incarnation aussi et, par conséquent, de la constitution comme prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech, de Jésus de Nazareth, son fils, Notre Seigneur.

Je n’annexerai pas Mgr Lefebvre à ma cause ! Je n’en ai ni le gout, ni le droit, pas même la tentation. Personne ne le peut, d’ailleurs, qui aura mesuré une fois pour toutes l’envergure historique de cet évêque de l’Eglise Catholique (universelle). Sa doctrine, ses options et ses choix, son charisme en un mot, n’appartiennent à personne et ce serait lui faire injure que de le réduire à une quelconque mouvance, Fraternité comprise. Seule son Autorité de Fondateur-Supérieur de la Fraternité Sacerdotale saint-Pie X se prolonge en ses successeurs légitimes. Le reste est à tous.

Prophétiser aujourd’hui pour demain à partir d’hier ce que Mgr Lefebvre aurait fait maintenant me parait également une folle audace. A la vérité, je n’en sais rien ! La centaine de prêtres réunie deux fois en la salle des catéchismes de Saint-Nicolas du Chardonnet, autour du fatidique 5 mai 1988, a applaudi à tout rompre aussi bien à l’annonce du protocole qu’à sa dénonciation. Hardi défenseur des sacres, je fus pourtant de cette masse. La vérité, c’est qu’il était seul à pouvoir apprécier ce geste, dont la plupart de ses collaborateurs immédiats le dissuada.... Reste que l’histoire lui a amplement donné raison. La Tradition Catholique, malgré nombre de changements opérés depuis dans le bon sens, a encore bien du mal à s’imposer ; sans les sacres, elle était morte. Ses ennemis le savaient mieux que nous. Quel est ce prêtre, cet évêque même, qui peut dire, à célébrer aujourd’hui la messe grégorienne, qu’il ne le doit pas, de près ou de loin, à la vaillance de Mgr Lefebvre ?

Maintenant, lui faire dire ceci ou cela pour le présent, relève du tour de passe-passe et de la prestidigitation ! S’envoyer au visage des citations, forcément circonstancielles, de Mgr Lefebvre pour nous dire doctement ce qu’il ferait certainement aujourd’hui est assez pitoyable et, de surcroît, peu respectueux de sa mémoire. Par définition la prudence est l’application de principes immuables, certes, mais à des circonstances infiniment variées. A circonstances différentes, choix prudentiels divers. Ces spécialistes de la citation appropriée (Et infaillible d’un comportement futur !) le font passer pour une girouette. De son vivant, il a lui-même varié beaucoup, suivant les circonstances et c’est tout à son honneur ; ses choix étaient tellement crucifiants ! La prudence est une vertu, disposition personnelle ; il n’y a pas de prudence par procuration.

C’est l’enseignement doctrinal du prélat qui ne souffre aucune contestation, et lui seul. Là, il n’a pas bougé d’un iota. On peut même dire qu’il n’a eu aucune doctrine personnelle et s’est volontairement contenté (Quelle sagesse !) de redire inlassablement l’enseignement de l’Eglise dans les grandes encycliques des papes. Que les « vieux », qui étaient bien jeunes alors, se souviennent : ça nous agaçait même quelque-peu ! On attendait souvent qu’il choisisse, qu’il tranche et prenne parti dans une thèse théologique, pour ou contre Cajetan ou Capreolus sur la personne, pour ou contre les franciscains ou les thomistes sur le motif de l’Incarnation, pour ou contre une spiritualité à la française ou à l’espagnole.... Jamais il ne se livra à cet exercice combien légitime pour un double docteur en Philosophie et Théologie. Il sentait d’instinct que l’unité n’est que dans les choses nécessaires, pourvu que la charité soit en toutes. Il concevait la fidélité et son rôle providentiel en celle-ci comme lui interdisant tout particularisme. Sa seule « spiritualité » connue fut celle de l’Eglise Catholique, celle du Saint-Sacrifice de la messe, sans compromission, là-dessus comme en tout. Les très rares fois où il se « lâcha » en politique concernait des domaines où la religion était immédiatement impliquée comme dans la décolonisation révolutionnaire de l’Afrique. Quelle lucidité prophétique.

Dans cette ténacité héroïque de Mgr Lefebvre, contre vents et marées, le plus cruel fut sans aucun doute son opposition à la Rome postconciliaire, « inimaginable » « inconcevable » selon ses propres termes. Le plus romain de tous les évêques en but aux tracasseries les plus pénibles de Rome, le plus papiste poursuivi par les papes : bien avant les sacres qui permettront alors de le traiter facilement de schismatique. La qualification de « sauvage » pour son séminaire en parfaite légalité canonique (1968 !), sa fermeture forcée en 1974, l’hémorragie conséquente de séminaristes pris de panique (Moi qui suis malade quand un seul nous quitte !), la suspens a divinis de 1976, son recours à la Signature Apostolique supprimé d’une lettre par le Secrétaire d’Etat, le Cardinal Villot, la trahison de ses professeurs en 1977, la trahison des « sedevacantistes » de tout poil etc.…Sans compter une presse qui le méprise, les confrères dans l’épiscopat qui l’honnissent, Rome qui le persécute en attendant sa mort, le pousse aux sacres avec Assise I et finalement l’excommunie. Pourquoi, direz-vous ? Pour sa fidélité sereine à la doctrine des papes et à la messe du pape Grégoire (590-604). Quand on écrira l’histoire de cette période de l’Eglise, heureusement qu’on pourra l’invoquer pour sauver l’honneur, comme on évoque saint-Athanase au IVème siècle ou saint-Thomas Becket au XVIème...

Je ne sais plus quel Cardinal a dit (Oddi, Stikler ou un autre, peu importe) que Mgr Lefebvre était un fou ou un saint ! Poser la question, c’est y répondre. Vous me direz que le pape Jean-Paul II a fait un miracle et que, pour l’heure, on n’en connaît pas d’éclatants obtenus par Marcel Lefebvre. C’est tout à fait logique, normal. Jésus est le garant de l’Autorité de l’Eglise qui est la sienne. Malgré de nombreux miracles, on ne parvient pas à canoniser Isabelle la catholique, Pie IX ou simplement à béatifier Pie XII, alors qu’ils n’ont jamais eu à s’opposer à l’Autorité. En revanche, il a fallu six siècles pour canoniser (enfin !) une humble bergère du XVème siècle parce qu’elle avait été brulée vive sur l’ordre de l’évêque du lieu, flanqué, s’il vous plait, de trois cardinaux de la Sainte Eglise Romaine. Mgr Lefebvre se mettra à faire des miracles, vous verrez, quand… il sera canonisable. Dieu, qui est très délicat, se doit de préserver le pouvoir et l’honneur de ceux qui sont assis, non pas dans la chaire de Moïse, mais dans celle de son Fils.

A la veille d’un choix historique pour la Fraternité saint-Pie X, je ne sais pas ce qu’aurait fait Mgr Lefebvre, encore moins ce que doivent faire à présent les dirigeants de son œuvre. Mais je suis persuadé, concernant le passé récent et comme je le dis depuis 8 ans maintenant, qu’il ne s’y serait pas pris de la sorte et ne se trouverait pas dans ce piège. Il n’aurait pas engagé de « discussions doctrinales » avec Rome et la phrase qu’on cite sans cesse de lui ne dit pas cela. Elle affirme que c’est lui, Mgr Lefebvre, qui aurait posé les questions et non plus les autorités, ce qui n’est pas la même chose, voyons. Au terme de discussions on est nécessairement d’accord ou non, on s’accorde ou c’est la rupture doctrinale, avec toute la gravité qu’elle comporte. C’est un risque fou, peut-être suicidaire. Mgr Lefebvre, en revanche, se serait efforcé de négocier pas à pas des conditions pratiques optimales pour la vie (« Expérience ») de la Tradition et il me parait parfaitement raisonnable de penser que, là-dessus, les autorités romaines se fussent montrées très souples. Car que chercher ? Une absence de compromis doctrinal avec le maximum de garanties pratiques, n’est-ce pas ? Mais il risque de se produire exactement l’inverse : un bidouillage doctrinal doublé d’une paralysie concrète. Ou encore, en cas d’échec complet de toute entente, une réinscidence des peines et censures, élargies aux prêtres, qui sait, aux fidèles ? Quod Deus avertat !

L’heure pour Marcel Lefebvre de faire très vite son premier miracle !

Monseigneur, priez pour nous.

[Paix Liturgique] Séminaires de France en 2011 des chiffres toujours plus bas, mais une traditionalisation progressive

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 275 - 24 mars 2011

Des sources proches de la Conférence des Évêques de France font connaître les résultats d’une enquête interne bouclée au 15 novembre 2010. Elle a été réalisée par la Commission pour les ministres ordonnés et laïcs en mission ecclésiale, présidée par Mgr Giraud, évêque de Soissons. Ces chiffres étaient très attendus par la CEF et dans les évêchés de France, où le pessimisme est de plus en plus noir (voir notre lettre n°238 du 9 juillet 2010 : « 2010 en France : jamais aussi peu de séminaristes et d’ordinations. Les chiffres donnés pour 2010-2011, après enquête auprès de tous les séminaires de France, ne sont pas propres à relever le moral. Ils sont encore plus mauvais que ceux de 2009-2010 : officiellement, le nombre des séminaristes diocésains (dans les séminaires, les Groupes de Formation Universitaire, les Séminaires universitaires, et avec les séminaristes en stage, inclus les séminaristes des DOM, de la Mission de France et du diocèse aux Armées) est passé de 756 séminaristes diocésains au 15 novembre 2009, à 732 au 15 novembre 2010, soit une nouvelle baisse de 3%.

Officiellement, car nous allons voir plus bas quels correctifs il convient d’adopter. En toute hypothèse, et au-delà des discussions toujours possibles sur tel ou tel chiffre, les tendances lourdes mises en évidence sont incontestables. Car, à condition de ne considérer que des chiffres arrondis, on parvient à des mesures de croissance ou de décroissance, de même qu’à des proportions et à des prospections relativement exactes.

Un effritement continu du nombre des séminaristes diocésains

Les évêques français sont dans la même disette que tous les évêques d’Europe occidentale, ce qui n’est pas une consolation, bien au contraire. Ceux de Belgique, d’Allemagne, de Suisse, sont encore plus pauvres. On apprend que la baisse en Espagne est impressionnante : 1.227 grands séminaristes cette année, pour 1.337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France : du coup, la baisse n’est que de 3,2%. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du ¼, en 5 ans (http://www.conferenciaepiscopal.es/index.php/dia-del-seminario.html). Les séminaires italiens ne sont pas mieux lotis, leurs effectifs n’ayant jamais été si faibles : 15, 30, 40 séminaristes dans les plus grands diocèses, 139 pour l’énorme diocèse de Milan (voir l’enquête d’Il Foglio, commentée par le blog Messa in Latino : http://blog.messainlatino.it/2011/03/seminari-italiani-sempre-piu-vuoti.html).

Les chiffres donnés par la Conférence des Évêques de France à ses membres cherchent à cacher un peu la misère. Par exemple, en juin 2010, la CEF annonçait 83 ordinations diocésaines pour 2009/2010 (AFP, 23 juin 2010). Mais en novembre 2010, elle diffuse un nombre d’ordinations de 96, en précisant qu’il englobe « 11 hors cursus », ce qui du coup permet de noter un heureux « frémissement » (il y avait 89 ordinations diocésaines en 2009 ; 98 en 2008, 101 en 2007). Comment a été calculé ce chiffre plus rassurant ? Une (pure) hypothèse : nous avions nous-mêmes procédé à un ajustement, dans notre lettre n° 238, du 9 juillet 2010, en estimant que l’on pouvait rajouter aux 83 ordinations diocésaines décomptées, les 3 ordinations de la Communauté Saint-Martin et les 2 ordinations de la Communauté Saint-Thomas-Becket (institut bi-formaliste), qui ont l’une et l’autre des apostolats diocésains. Cela donnait 88 ordinations, auxquelles la CEF a peut-être ajouté aussi les 8 ordinations des communautés Ecclesia Dei non religieuses, ce qui est somme toute normal dans la mesure où ces prêtres français sont normalement appelés à exercer leur ministère en France.

Par ailleurs, les chiffres officiels des séminaires diocésains comptabilisent à juste titre les étudiants de communautés nouvelles (nous y reviendrons) qui vont être utilisés, après leur ordination, dans les rangs des prêtres diocésains. Mais ils comprennent aussi des religieux, des séminaristes étrangers envoyés par leurs diocèses d’origine pour une formation en France, et aussi, dans le cas du Séminaire français de Rome, des prêtres déjà ordonnés. De sorte que, l’an passé, en ajoutant séminaire par séminaire le nombre exact des candidats destinés effectivement aux diocèses de France, on arrivait à moins de 700. On peut penser que, vérification faite, il faudrait aussi réviser à la baisse le chiffre de 732 donné pour cette année (96 séminaristes sont, par exemple, de nationalité étrangère, soit 13%, et il n’est pas évident que tous visent une incardination en France).

De même, pour l’année de discernement, l’année de propédeutique, qui précède la première année en premier cycle, la Commission épiscopale annonce une hausse tout à fait étonnante : il y aurait 120 étudiants en 2010/2011, pour 80 seulement en 2009/2010. En réalité, à la rentrée 2009, le nombre des étudiants en propédeutique était d’au moins 140, et il est tombé en cours de cette année de discernement, ce qui est normal, à 80. 120 est en fait, cette année, le chiffre de départ.

Ceci précisé, on peut aussi apporter des correctifs en sens inverse :
· Concernant les chiffres de propédeutiques : en 1ère année de 1er cycle, un certain nombre de candidats entrent comme séminaristes, alors qu’ils n’ont pas été soumis à l’année de propédeutique (ils étaient 120, au 15 novembre 2010, en 1ère année de 1er cycle dans les séminaires diocésains).
· Concernant le nombre des séminaristes : on pourrait parfaitement rajouter au nombre des séminaristes diocésains français, la cinquantaine de séminaristes de la Communauté Saint-Martin, les religieux en formation de la Communauté Saint-Jean destinés à un apostolat dans les diocèses de France, les séminaristes du Chemin néo-catéchuménal formés dans des séminaires propres, dans la mesure où ils se destinent à un apostolat en France, et d’autres encore, membres de communautés comme la Communauté Saint-Thomas-Becket, déjà nommée. De sorte que l’on peut tenir pour globalement exact, à titre indicatif, le nombre donné par la CEF de jeunes gens qui se préparent en 2011 à être prêtres dans les diocèses de France, voire même à l’arrondir à 740.

Une croissance des séminaristes traditionnels

A/ Stabilité dans les chiffres, croissance dans les proportions :

Le décompte des séminaristes français « extraordinaires » est théoriquement beaucoup plus facile, à l’unité près. Il faut cependant apporter ici aussi des correctifs en deux sens : les séminaristes français des communautés Ecclesia Dei sont parfois envoyés dans des ministères étrangers ; mais inversement, certains séminaristes diocésains sont désormais expressément destinés à pratiquer la forme extraordinaire du rite romain (ceux de la Société missionnaire de la Divine miséricorde, dans le diocèse de Toulon, ou d’autres séminaristes diocésains individuels). On s’en tiendra donc ici aussi à des évaluations globales (mais basses) : 140 séminaristes « extraordinaires » français, dont 50 pour la FSSPX ; 40 étudiants en année de spiritualité (l’équivalent de la propédeutique, dont 17 pour la FSSPX).
La proportion de séminaristes à strictement parler « extraordinaires » (se destinant à la célébration habituelle de la forme extraordinaire) est donc de 16% (près de 20%, si on ajoute les séminaristes diocésains « extraordinaires », et qu’on les retranche des séminaristes diocésains « ordinaires »). Le chiffre en fait est stable – ce qui est déjà considérable –, mais la proportion est en croissance (à cause de la décroissance des « ordinaires »). De même, le chiffre des entrées « extraordinaires » en année de spiritualité reste stable (42, pour 41 l’an passé) mais, comme nous l’avions déjà noté (Lettre n°199 du 12 octobre 2009), la proportion est, quant à elle, en franche progression : avec tous correctifs à la baisse, ces étudiants sont (plus de) 33% des étudiants en discernement en 2010, pour (plus de) 23% en 2009. Il est donc probable que le chiffre des ordinations « extraordinaires » restera lui aussi stable dans les années à venir, mais que la proportion (15 % aujourd’hui) va continuer à croître.

B/ La croissance « Motu Proprio » :

Mais si nous parlons de croissance du nombre des séminaristes traditionnels (et pas seulement de leur proportion), c’est qu’elle se manifeste désormais hors des instituts traditionnels spécialisés.

Il convient tout d’abord de faire, au vu des chiffres donnés en interne par la CEF, une rectification notable concernant les communautés nouvelles. Une opinion répandue, que nous avons nous-mêmes partagée sans vérification, voulait que les foyers de vocations les plus importants en France étaient à égalité les traditionalistes et les communautés nouvelles (dites encore charismatiques). Or, sur 732 séminaristes officiellement recensés par la CEF, 68 seulement sont issus de communautés nouvelles (dont 27 de l’Emmanuel et 23 du Chemin néo-catéchuménal, ce dernier de recrutement largement étranger, plus une poussière de communautés avec chacune 1 à 3 séminaristes). Autrement dit, sur 880 séminaristes français (740 ordinaires et 140 extraordinaires), l’apport des traditionalistes est le double de celui des communautés nouvelles : environ 16% de séminaristes traditionalistes pour 8% de séminaristes des communautés nouvelles (si on ajoutait les séminaristes des Communautés Saint-Martin et autres, qui ne sont « communautés nouvelles » qu’au sens large de communautés récentes, on arriverait à 11%). En fait, les séminaristes français de la FSSPX sont aussi nombreux que ceux de l’Emmanuel et du Chemin néo-catéchuménal réunis (et dans l’hypothèse d’une régularisation canonique, ils vont logiquement s’accroître).
Il faut surtout noter que les responsables diocésains et les cadres des séminaires constatent qu’une proportion notable des séminaristes « ordinaires » (20%, parfois plus, avec l’exception notable, pour l’instant, des maisons parisiennes) se déclarent désormais ouvertement de tendance traditionalisante, sous la forme d’une revendication bi-formaliste.

Il n’est d’ailleurs pas impossible que, toutes choses égales, on reste ici aussi à un niveau stable – ce qui est, de nos jours, énorme –, mais que la croissance soit également dans la proportion entre eux et les autres séminaristes (globalement classiques, il faut le dire). Le monde ecclésiastique « esprit du Concile », même en sa version modérée, s’étiole toujours plus. Inversement, la tendance conservatrice de l’institution ecclésiale reste ce qu’elle est, et même s’affirme bien plus facilement. Compte tenu la raréfaction du clergé français (un peu plus de 8.000 prêtres en activité, dont l’âge moyen dépasse 65 ans, 800 disparaissant chaque année, certains diocèses se préparant à avoir ou ayant déjà seulement une grosse dizaine de prêtres en activité), on peut prévoir que plus de la moitié des prêtres français seront bientôt traditionalisants, c'est-à-dire d’esprit Motu Proprio), sans pouvoir préciser dans combien de temps (10 ans ?), et constater que la moitié des séminaristes ne va pas tarder à l’être.

Mais ceci au sein d’une réduction des forces catholiques qui sera toujours plus impressionnante. S’agissant ici de vocations, il faut aussi prendre en compte le fait que la pression de la sécularisation use beaucoup la persévérance dans le sacerdoce et la vie religieuse : pour le dire clairement, le nombre des « départs », après quelques années de sacerdoce ou de vie religieuse, mais aussi après 10 ans, 15 ans, est extrêmement élevé, toutes tendances et toutes sensibilités confondues.

NOS REMARQUES

1/ Il semble que le vivier des vocations traditionnelles, sans être indéfiniment extensible, peut être encore augmenté. A supposer, dans la meilleure hypothèse, que des diocèses s’organisent de manière décidée pour les accueillir comme telles (comme commencent à le faire les diocèses de Lyon et de Toulon), on peut imaginer :
· Qu’un certain nombre de vocations qui se dirigent aujourd’hui vers les communautés Ecclesia Dei (auxquelles on peut adjoindre la future structure officielle de la FSSPX), se présenteraient plus volontiers dans les diocèses. Ce qui d’ailleurs n’enlèverait pas aux communautés en question, et pour longtemps encore, leur intérêt supplétif ni leur rôle d’aiguillon.
· Que des vocations aujourd’hui perdues, car elles ne veulent pas s’agréger à des communautés Ecclesia Dei ou à la FSSPX et ne peuvent pas, compte tenu de leur spécificité, rejoindre des diocèses, pourraient être accueillies.
· Enfin, que l’accroissement d’un « milieu vital » traditionnel ou traditionalisant ferait grandir le nombre des candidats dans les séminaires et les maisons religieuses.

2/ Car, outre leur accueil par les diocèses, la croissance de ce type de ces vocations qui restent est liée :
· à une mutation liturgique (développement de la liturgie traditionnelle ; rectification traditionalisante de la liturgie ordinaire en un certain nombre de lieux, notamment dans les cathédrales) ;
· à une rectification catéchétique (outre l’enseignement donnée dans les centres traditionnels, on peut imaginer des paroisses pilotes de ce point de vue) ;
· et à un redressement déjà commencé en certains endroits, mais qui pourrait devenir une politique déterminée, de l’enseignement catholique (développement de l’enseignement catholique hors contrat, y compris sous initiative diocésaine ; instauration d’un ou plusieurs établissements catholiques modèles sous contrat par diocèse), en lien avec des familles motivées et « militantes » ;
· sans oublier l’utilisation des mouvements de jeunesse pour un encadrement liturgique, catéchétique et spirituel traditionnels.

3/ Cependant, on est aujourd’hui dans une période indécise : les conditions pour un certain retournement de situation dans un sens traditionnel commencent à être remplies ; mais ce retournement n’est encore mis en œuvre que de manière très timide, sans pratiquement aucune visibilité institutionnelle. Que peut-il alors arriver ? Plusieurs points sont à considérer :
· Le monde traditionaliste qui, avec ses défauts, aurait vocation à être le « noyau dur » de cette restauration, reste encore maintenu aux marges du monde catholique officiel. Il est vrai que c’est aussi sa force : il est constitué d’un ensemble d’œuvres, mouvements, écoles, associations de laïcs beaucoup plus libres vis-à-vis d’une hiérarchie qui reste très « esprit du concile » que les groupes équivalents, de tendance traditionalisante, intégrés au monde catholique officiel français.
· Car le poids de l’idéologie « esprit du Concile » reste très lourd au sein des diocèses, ce qui restreint énormément la marge de manœuvre des « traditionnels » internes au monde ecclésiastique établi. D’ailleurs, certains d’entre eux, selon une loi qui se vérifie toujours dans les affrontements idéologiques sévères et persistants, intègrent en eux-mêmes la pression externe : ils s’autocensurent volontiers et amoindrissent par précaution préalable chacune de leurs positions restauratrices.
· En réalité, un vrai retournement ne peut être que le fait que de responsables ecclésiastiques, spécialement – mais pas seulement – d’évêques. Ils pourraient être nommés dans cette perspective, mais il n’existe manifestement pas de politique romaine vraiment résolue à cet égard : la dernière édition du Trombinoscope de Golias note à juste titre, dans son introduction, que la nonciature et le Saint-Siège procèdent en France par saupoudrage de quelques prélats à tendance traditionnelle, destinés à piquer d’émulation par une « contagion progressive » plus modérés qu’eux.
· Cependant, le glissement vers des positions plus traditionnelles des responsables existants ou récemment nommés, pour sembler faible, n’en est pas moins réel. L’aboutissement du retournement en cours est inévitable, même si les voies qu’il peut emprunter restent cachés dans les mystères insondables de la Providence et seront les fruits d’un Esprit dont le souffle déjoue tout calcul humain. Il faut beaucoup prier et implorer pour que ce souffle soit puissant, dévastateur, car on ne voit pas comment ce renversement religieux pourrait intervenir indépendamment d’une visée de reconstruction sociale à matrice catholique. Mais ceci est une autre histoire, ou plutôt cela relève du sens de l’Histoire, celle dont le Christ est Seigneur.

[Abbé Laguérie, ibp] Pour Monseigneur Lefebvre, merci mon Dieu !

SOURCE - Abbé Laguérie, ibp - 24 mars 2011

20 ans déjà, je n’ose y croire. C’est hier encore qu’il nous réchauffait le cœur et nous éclairait l’esprit de sa douce et puissante parole. Une chose est certaine : il est bien mieux là où il est qu’à subir les avanies et la haine. Merci à cette « Bonne Mère du ciel » d’être venue le délivrer en ce jour de son Annonciation, de l’Incarnation aussi et, par conséquent, de la constitution comme prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech, de Jésus de Nazareth, son fils, Notre Seigneur.
Je n’annexerai pas Mgr Lefebvre à ma cause ! Je n’en ai ni le gout, ni le droit, pas même la tentation. Personne ne le peut, d’ailleurs, qui aura mesuré une fois pour toutes l’envergure historique de cet évêque de l’Eglise Catholique (universelle). Sa doctrine, ses options et ses choix, son charisme en un mot, n’appartiennent à personne et ce serait lui faire injure que de le réduire à une quelconque mouvance, Fraternité comprise. Seule son Autorité de Fondateur-Supérieur de la Fraternité Sacerdotale saint-Pie X se prolonge en ses successeurs légitimes. Le reste est à tous.
Prophétiser aujourd’hui pour demain à partir d’hier ce que Mgr Lefebvre aurait fait maintenant me parait également une folle audace. A la vérité, je n’en sais rien ! La centaine de prêtres réunie deux fois en la salle des catéchismes de Saint-Nicolas du Chardonnet, autour du fatidique 5 mai 1988, a applaudi à tout rompre aussi bien à l’annonce du protocole qu’à sa dénonciation. Hardi défenseur des sacres, je fus pourtant de cette masse. La vérité, c’est qu’il était seul à pouvoir apprécier ce geste, dont la plupart de ses collaborateurs immédiats le dissuada.... Reste que l’histoire lui a amplement donné raison. La Tradition Catholique, malgré nombre de changements opérés depuis dans le bon sens, a encore bien du mal à s’imposer ; sans les sacres, elle était morte. Ses ennemis le savaient mieux que nous. Quel est ce prêtre, cet évêque même, qui peut dire, à célébrer aujourd’hui la messe grégorienne, qu’il ne le doit pas, de près ou de loin, à la vaillance de Mgr Lefebvre ?
Maintenant, lui faire dire ceci ou cela pour le présent, relève du tour de passe-passe et de la prestidigitation ! S’envoyer au visage des citations, forcément circonstancielles, de Mgr Lefebvre pour nous dire doctement ce qu’il ferait certainement aujourd’hui est assez pitoyable et, de surcroît, peu respectueux de sa mémoire. Par définition la prudence est l’application de principes immuables, certes, mais à des circonstances infiniment variées. A circonstances différentes, choix prudentiels divers. Ces spécialistes de la citation appropriée (Et infaillible d’un comportement futur !) le font passer pour une girouette. De son vivant, il a lui-même varié beaucoup, suivant les circonstances et c’est tout à son honneur ; ses choix étaient tellement crucifiants ! La prudence est une vertu, disposition personnelle ; il n’y a pas de prudence par procuration.
C’est l’enseignement doctrinal du prélat qui ne souffre aucune contestation, et lui seul. Là, il n’a pas bougé d’un iota. On peut même dire qu’il n’a eu aucune doctrine personnelle et s’est volontairement contenté (Quelle sagesse !) de redire inlassablement l’enseignement de l’Eglise dans les grandes encycliques des papes. Que les « vieux », qui étaient bien jeunes alors, se souviennent : ça nous agaçait même quelque-peu ! On attendait souvent qu’il choisisse, qu’il tranche et prenne parti dans une thèse théologique, pour ou contre Cajetan ou Capreolus sur la personne, pour ou contre les franciscains ou les thomistes sur le motif de l’Incarnation, pour ou contre une spiritualité à la française ou à l’espagnole.... Jamais il ne se livra à cet exercice combien légitime pour un double docteur en Philosophie et Théologie. Il sentait d’instinct que l’unité n’est que dans les choses nécessaires, pourvu que la charité soit en toutes. Il concevait la fidélité et son rôle providentiel en celle-ci comme lui interdisant tout particularisme. Sa seule « spiritualité » connue fut celle de l’Eglise Catholique, celle du Saint-Sacrifice de la messe, sans compromission, là-dessus comme en tout. Les très rares fois où il se « lâcha » en politique concernait des domaines où la religion était immédiatement impliquée comme dans la décolonisation révolutionnaire de l’Afrique. Quelle lucidité prophétique.
Dans cette ténacité héroïque de Mgr Lefebvre, contre vents et marées, le plus cruel fut sans aucun doute son opposition à la Rome postconciliaire, « inimaginable » « inconcevable » selon ses propres termes. Le plus romain de tous les évêques en but aux tracasseries les plus pénibles de Rome, le plus papiste poursuivi par les papes : bien avant les sacres qui permettront alors de le traiter facilement de schismatique. La qualification de « sauvage » pour son séminaire en parfaite légalité canonique (1968 !), sa fermeture forcée en 1974, l’hémorragie conséquente de séminaristes pris de panique (Moi qui suis malade quand un seul nous quitte !), la suspens a divinis de 1976, son recours à la Signature Apostolique supprimé d’une lettre par le Secrétaire d’Etat, le Cardinal Villot, la trahison de ses professeurs en 1977, la trahison des « sedevacantistes » de tout poil etc.…Sans compter une presse qui le méprise, les confrères dans l’épiscopat qui l’honnissent, Rome qui le persécute en attendant sa mort, le pousse aux sacres avec Assise I et finalement l’excommunie. Pourquoi, direz-vous ? Pour sa fidélité sereine à la doctrine des papes et à la messe du pape Grégoire (590-604). Quand on écrira l’histoire de cette période de l’Eglise, heureusement qu’on pourra l’invoquer pour sauver l’honneur, comme on évoque saint-Athanase au IVème siècle ou saint-Thomas Becket au XVIème…
Je ne sais plus quel Cardinal a dit (Oddi, Stikler ou un autre, peu importe) que Mgr Lefebvre était un fou ou un saint ! Poser la question, c’est y répondre. Vous me direz que le pape Jean-Paul II a fait un miracle et que, pour l’heure, on n’en connaît pas d’éclatants obtenus par Marcel Lefebvre. C’est tout à fait logique, normal. Jésus est le garant de l’Autorité de l’Eglise qui est la sienne. Malgré de nombreux miracles, on ne parvient pas à canoniser Isabelle la catholique, Pie IX ou simplement à béatifier Pie XII, alors qu’ils n’ont jamais eu à s’opposer à l’Autorité. En revanche, il a fallu six siècles pour canoniser (enfin !) une humble bergère du XVème siècle parce qu’elle avait été brulée vive sur l’ordre de l’évêque du lieu, flanqué, s’il vous plait, de trois cardinaux de la Sainte Eglise Romaine. Mgr Lefebvre se mettra à faire des miracles, vous verrez, quand… il sera canonisable. Dieu, qui est très délicat, se doit de préserver le pouvoir et l’honneur de ceux qui sont assis, non pas dans la chaire de Moïse, mais dans celle de son Fils.
A la veille d’un choix historique pour la Fraternité saint-Pie X, je ne sais pas ce qu’aurait fait Mgr Lefebvre, encore moins ce que doivent faire à présent les dirigeants de son œuvre. Mais je suis persuadé, concernant le passé récent et comme je le dis depuis 8 ans maintenant, qu’il ne s’y serait pas pris de la sorte et ne se trouverait pas dans ce piège. Il n’aurait pas engagé de « discussions doctrinales » avec Rome et la phrase qu’on cite sans cesse de lui ne dit pas cela. Elle affirme que c’est lui, Mgr Lefebvre, qui aurait posé les questions et non plus les autorités, ce qui n’est pas la même chose, voyons. Au terme de discussions on est nécessairement d’accord ou non, on s’accorde ou c’est la rupture doctrinale, avec toute la gravité qu’elle comporte. C’est un risque fou, peut-être suicidaire. Mgr Lefebvre, en revanche, se serait efforcé de négocier pas à pas des conditions pratiques optimales pour la vie (« Expérience ») de la Tradition et il me parait parfaitement raisonnable de penser que, là-dessus, les autorités romaines se fussent montrées très souples. Car que chercher ? Une absence de compromis doctrinal avec le maximum de garanties pratiques, n’est-ce pas ? Mais il risque de se produire exactement l’inverse : un bidouillage doctrinal doublé d’une paralysie concrète. Ou encore, en cas d’échec complet de toute entente, une réinscidence des peines et censures, élargies aux prêtres, qui sait, aux fidèles ? Quod Deus avertat !
L’heure pour Marcel Lefebvre de faire très vite son premier miracle !
Monseigneur, priez pour nous.

23 mars 2011

[Rémi Lélian - Respublica Christiania] L'esthétique extraordinaire

SOURCE - Rémi Lélian - Respublica Christiania - 23 mars 2011
Bien sûr, il y a la querelle théologique sur la validité des sacrements, et je n'ai pas la prétention de résoudre ici ce débat entre les tenants de la messe de toujours et les partisans de la messe ordinaire depuis le concile de Vatican II, chacun ayant ses arguments, et ces arguments, à quelque camp qu'ils appartiennent, quand ils ne sont pas la manifestation hystérique d'une idéologie stérile, sont souvent valables et méritent d'être entendus. Cependant, c'est par la superficie, comme Nietzsche disait des grecs qu'ils sont superficiels par profondeur, que j'aimerai à présent aborder cette grave question, puisqu'elle engage l'instant ultime, dans le monde et dans l'histoire, où le catholique s'exhausse hors le temps pour communier avec le Seigneur. Paradoxalement, si je désire me faire ici le modeste apologue de la messe en latin, c'est pour des raisons humaines et, bonnes ou mauvaise, des raisons d'abord esthétiques.

S'il est un fait du monde contemporain, c'est sa laideur et sa tristesse, qui nous obligent trop souvent à confondre la joie avec le mensonge, Dieu avec une idée de Dieu, et la vie avec le vide. Ce monde, placardé de facticité, où l'amour lui-même tourne systématiquement à la farce de la névrose, à l'intérieur duquel celui qui s'y livre entièrement ne souffre d'aucun autre secours que la main perpétuellement tendue de Celui qu'il ignore pourtant, ne peut attendre en guise de récompense que le salaire de son péché : la mort ! Et qu'importe l'argumentaire frelaté des athées en tous genres, des scientistes idolâtres ou des pécheurs malgré eux ravagés constamment par une faute, dont ils ont perdu le sens même, et qui les tue d'autant plus qu'ils ne croient pas à son existence, c'est avant tout par le beau que l'on combat la laideur, de la même manière que Dieu contrecarre la synergie implacable de la Chute par sa Grâce.

Le mystère de la messe en latin, c'est la beauté de son rite, le chant grégorien, et la langue de la Rome ancienne surmontée selon la puissance de l'Incarnation. En extension, c'est aussi la civilisation catholique occidentale qui, comme chaque chose qui naît un jour sur cette terre, si elle est amenée à disparaître, n'en finira néanmoins pas de dispenser aux générations à venir ces toiles du Titien ou ce magnificat de Monteverdi qui, l'espace d'un instant, ont condamné la barbarie à se taire et, le temps de quelques mesures, continuent dès qu'on les écoute de murmurer à nos tympans assourdis et soudain ressuscités : « Non ! L'ignoble n'est pas l'ordre du monde », « non ! la peine et le mensonge ne sont pas les seuls lots que nous soyons dignes de mériter ».

Le rite latin, c'est cela : un rite, donc une esthétique, donc un rempart derrière lequel chacun peut se réfugier, non pour s'isoler mais pour y être consolé ; non afin de s'améliorer seulement mais parce que la Parole, à laquelle il sert d'écrin, nous accueille tel qu'en nous-mêmes et que, malgré les blessures, Elle nous sait digne de son amour. Elle chante pour nous le prouver, elle sacralise le moindre de ses gestes pour nous en convaincre et nous dire « tes plaies filtrent la lumière », « ton être détruit ne sera pas réparé mais transformé », plus simplement, que Dieu nous aime et qu'il nous offre le recueillement dans la lumière en avant-goût du salut. Il faut avoir assisté une fois dans sa vie, une pauvre fois simplement, à une messe extraordinaire, sans idée préconçue dans un sens ou dans l'autre, sans comprendre le latin et en suivant son déroulé à tâtons pour sentir immédiatement qu'il s'y passe quelque chose, que la beauté, même dans une église modeste, peut se déployer en un faste étranger à l'atrocité du monde, en un faste qui rejoint la pauvreté en se faisant charité et qui nous sauve déjà... par son esthétique seulement…

Rémi Lélian

21 mars 2011

[Le Barroux - F. Louis-Marie, o.s.b.] Le bon grain et l'ivraie

SOURCE - Le Barroux - F. Louis-Marie, o.s.b. - Lettre aux Amis du Monastère - 21 mars 2011

Le film Des hommes et des dieux a mis admirablement en lumière la générosité de la communauté de Tibhirine. Grâce au jeu exceptionnel des acteurs (Michael Lonsdale notamment), le courage des moines apparaît dans toutes ses dimensions. Courage plein de lucidité : ils savaient ce qu’ils risquaient. Courage plein de charité : ils ne demeuraient là que pour servir. Au Père Christian de Chergé qui affirmait à un villageois que les moines restaient perchés à Tibhirine comme un oiseau sur la branche, le brave homme répliqua du tac au tac : « Non, les moines sont la branche ! Les villageois, eux, sont l’oiseau. » Le village ne devait sa stabilité qu’au monastère.
Comment aussi ne pas admirer les riches vertus du prieur de Notre-Dame de l’Atlas : soif d’absolu, don total aux autres, ascétisme, puissance de travail, vaste science, agilité d’esprit. Et quel courage ! Lorsqu’une certaine nuit de Noël, des membres du GIA armés jusqu’aux dents viennent chercher le Père Luc (médecin) pour soigner des blessés, le prieur leur tient tête et obtient leur départ par sa seule fermeté. Le Père Christian ne manquait pas non plus d’une grande clairvoyance dans certains domaines. Ainsi, il discernait bien la double menace qui pèse aujourd’hui sur le monde. À Poyo, en Espagne, au cours d’un congrès de pères abbés et mères abbesses cisterciens, n’a-t-il pas parlé avec lucidité de l’invasion menaçante de l’athéisme et de l’islam ?
Quoi qu’il en soit de toutes ces belles qualités, on ne peut suivre cependant le Père Christian en toutes ses initiatives et moins encore le prendre comme référence théologique pour le dialogue interreligieux. Il est évident que ce n’était pas un théologien. Il manquait pour cela de la structure philosophique nécessaire à une pensée cohérente. Son écriture coule bien.  Elle est aussi animée de splendides élans poétiques. Mais la poésie n’est pas de la théologie. Les raisonnements du Père de Chergé sont remplis d’équivoques et de sophismes. À Poyo, il déclare par exemple que Jésus est le seul musulman possible. Ailleurs, il affirme que le Coran est une épiphanie du Verbe. Il établit un parallèle entre Coran et Évangile en se fondant sur l’étymologie : « Coran » vient de la racine « proclamer » et Jean-Baptiste « proclame ». Voilà une « preuve » bien faible pour assurer que Jésus est « le Coran fait chair » ! Une autre affirmation du Père de Chergé risque de nourrir bien des équivoques : l’islam serait une autre voie pour aller au Dieu unique. Affirmation dangereuse. Est-il déjà si sûr que nous ayons le même Dieu que les musulmans ?
À ce sujet, j’ai fait, il y a quelques années, une expérience très éclairante. Je marchais dans une rue sombre. Un homme d’origine nord-africaine sort de sa maison et m’aperçoit. Il me jette un regard sombre et se met à m’accompagner en me dévisageant des sandales à la couronne. Voulant détendre l’atmosphère, je le salue : « Bonjour ! » Mais lui me répond avec énergie : « Dieu ne procrée pas ! » Il faisait allusion maladroitement au mystère de la Sainte Trinité. Pour lui, un chrétien ne se distinguait pas par ses habits ou par une coupe de cheveux originale, mais essentiellement par sa foi au Dieu « Père, Fils et Saint-Esprit ». Et il considérait cette affirmation comme un blasphème. Sa foi coranique l’obligeait à refuser que le Dieu unique puisse subsister en trois personnes. Elle se voulait négation farouche de ma foi chrétienne sur ce point essentiel. Le Coran et l’Évangile lui apparaissaient contradictoires dans leur message sur l’identité de Dieu. En reconnaissant en Dieu un Fils distinct du Père, j’introduisais un deuxième Dieu. J’étais un polythéiste. J’ai alors regardé mon barbu et je lui ai répondu que j’étais d’accord avec lui. Il en fut troublé… « Oui, Dieu ne procrée pas. Il engendre. Ce n’est pas la même chose. » Et je l’ai laissé avec cette porte ouverte sur le mystère… Nous adorons un Dieu qui n’est pas le Dieu fermé sur lui de l’islam. Notre Dieu est un abîme de vie : génération éternelle dans le sein du Père d’un Fils en tout semblable à lui et spiration de l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils.
Le carême approche. Vivons-le dans une union étroite à Jésus, vrai Fils de Dieu. Et prions notre Père du Ciel de nous donner avec plénitude son Esprit de force et d’amour afin qu’il nous protège de toute dhimmitude intellectuelle et affective. Un dialogue interreligieux mal mené peut devenir de la poudre aux yeux et servir à ce que le Père Christian de Chergé appelait lui-même « l’invasion de l’islam ». La moisson est abondante mais le maître manque d’ouvriers. Demandons avec insistance au Seigneur les ministres compétents dont l’Église a le plus grand besoin : personnes de courage et de culture dotées d’une solide structure mentale et d’un jugement éclairé. Dans la prière et le jeûne, obtenons enfin du Seigneur toutes les grâces de force dont ont besoin nos frères chrétiens d’Orient. Ils paient souvent de leur vie leur fidélité à leur foi en Dieu « Père, Fils et Saint-Esprit ».
+ F. Louis-Marie, o.s.b., abbé

[Abbé Laguérie, ibp] Même Dieu, même religion?

SOURCE - Abbé Laguérie, ibp - 21 mars 2011

Monsieur l’abbé, pourriez-vous me donner votre avis sur la question de la prière des Juifs et des Musulmans, qui est au coeur du problème du dialogue inter-religieux. Ma question suppose la véracité de deux prémisses (pourriez-vous me la confirmer ?) :
Les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans se réclament tous de fait d’un même Dieu (le Dieu d’Abraham)
Seulement ils ne le conçoivent ou ne le reconnaissent pas de la même manière (Les Juifs et les Musulmans ayant refusé de recevoir sa Révélation chacun pour des raisons diverses qui sont toujours des torts)
Si ces deux prémisses sont vraies, il faut en conclure que les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans adressent tous leurs prières à un seul et même Dieu, ce qui pose beaucoup de questions.
Il me semble inconcevable que Dieu reçoive de la même façon la prière des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans, sinon, il y aurait évidemment un salut hors de l’Eglise et, en dernière analyse, celle-ci n’aurait pas de raison d’être. Ou alors, si Dieu recevait les prières des Juifs et des Musulmans, comment se pourrait-il qu’ils ne finissent pas tous par se convertir à la vraie religion ? Pourquoi, s’il les entendait et recevait leurs prières, Dieu les laisserait-ils dans l’erreur ?
Faut-il donc penser que, bien qu’elles lui soient aussi adressées, Dieu ne reçoit pas les prières des Juifs et des Musulmans comme celles des Chrétiens parce qu’ils ne le reconnaissent pas comme il convient et notamment parce qu’ils ne reconnaissent pas Jésus-Christ et on dit que toute prière passe par le Christ ?
Faut-il faire des distinctions entre de bonnes et de mauvaises prières des Juifs et des Musulmans ?
S’il y a des prières de Juifs et de Musulmans mal adressées, faut-il considérer qu’elle sont comme du vent ou qu’elles sont sacrilèges commes des prières adressées à d’autres divinités ?
Je vous remercie d’avance pour vos réponses si vous avez le temps.

La question du chapeau introductif m’a été posée sur le forum de mon article « Un tournant ». Elle est tellement importante que j’en fais un autre article, ne pouvant la traiter d’une simple réponse forumesque. Je remercie cet intervenant de sa pertinence comme de sa précision. Tâchons d’y voir clair.
Qu’il n’y ait dans le ciel qu’un seul Dieu, comme réalité extra-mentale objective, qui a créé le ciel et la terre, est une évidence pour tous les monothéistes, qu’ils soient juifs, chrétiens musulmans ou autres. Autres ? Oui, si l’on considère qu’il peut y avoir des monothéistes qui n’adhèrent à aucune des trois religions qui s’affirment « révélées ». La description, la représentation, la conception qu’on peut s’en faire, vraie ou fausse, ne change rien à la réalité divine et il faudrait être complètement idéaliste pour n’en convenir point. Dieu « est » tel qu’Il est, quelles que soient les représentations que s’en peuvent faire les hommes. Ces derniers n’ont pas le pouvoir de changer quoi que ce soit, un seul trait ou un seul iota, de la réalité divine qui les précède, les crée, et peut se passer de leur reconnaissance, culte etc.
En ce sens qu’il n’y a qu’un seul Dieu, sur Lequel les hommes n’ont aucune prise, on peut dire que les hommes ont tous le même Dieu…puisqu’il n’y en a qu’un !
Mais attention ! Cela ne veut pas dire que les religions ont le même Dieu, comme on va le voir. On se limitera volontairement aux religions monothéistes, mais les arguments valent a fortiori pour « celles » qui auraient réduit Dieu à une créature, une idole, un fantasme, une idée, comme au panthéisme d’ailleurs…
La religion ne dit pas seulement l’existence de Dieu mais lien, liaison, rapport à Dieu, ce qui est tout autre chose. Comme le mot l’indique, la religion (Re-ligare) consiste à lier, relier la créature à Dieu. Elle commence avec cette liaison, comme l’indique l’Apôtre en Heb 11, 6 : « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croit qu’Il existe (1) et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent (2) ». La religion commence avec cette deuxième exigence et on le voit bien chez les théistes qui reconnaissent l’existence de Dieu sans pour autant concevoir ou pratiquer la moindre religion.
Attention encore ! Lorsque l’on commence un discours sur Dieu qui dépasse la seule affirmation brutale de son existence, on met un pas dans la religion, on y est, on passe de 1 à 2. Dès lors que l’on « affirme » sur Dieu, on détermine nécessairement un visage de Dieu qui comporte inéluctablement un type de comportement de Lui à nous et de nous à Lui. Toute conception de l’essence divine, au-delà de son existence et même si nous savons qu’en Lui les deux ne font qu’un, véhicule un visage divin tel que notre positionnement par rapport à Lui n’est pas neutre. Dire quelque chose de Dieu, c’est rentrer résolument en religion. Il n’y a pas de neutralité par rapport à Dieu.
Nous en arrivons donc à un paradoxe étonnant : alors que Dieu est le même pour tous, la religion est différente en chacun, selon la conception que chacun se fait de Dieu. C’est même vrai en ceux qui se reconnaissent de la même religion. Le rapport à Dieu est tellement intime et personnifié (existentiel) que chacun se situe uniquement en rapport à l’Unique. De sorte que Dieu, Tout en tous, est différent en chacun. Dès lors que la religion est un rapport, il est modifié par l’un de ses constitutifs. Le problème ce n’est pas Dieu, semper Idem, c’est nous.
Mais alors, pourquoi les religions ? Plutôt celle-ci que celle-là ? Pourquoi imposer une vision de Dieu plutôt qu’un autre ?
La réponse est simple et définitive : pour ne pas abandonner Dieu, seule réalité incontournable, aux caprices des hommes, justement. Cette réalité extra-mentale qui fonde l’homme et sa destinée ne saurait être livrée aux fantasmes et à l’arbitraire des hommes ou du diable. Pour tenir sur Dieu un discours qui mérite notre confiance et notre adhésion, nous ne pouvons nous en remettre à qui que ce soit : c’est trop risqué ! Le seul discours sur Dieu qui puisse fonder le nôtre n’est pas de l’homme mais de Dieu. Là commence la religion parce que là commence la Révélation. Nous en remettre à l’homme d’une affirmation aussi déterminante serait folie et suicide. Que savons-nous sur Dieu qui soit garanti ? Les élucubrations humaines sont terribles ; songez que les plus géniaux de tous les hommes, les grecs, qui donnaient Dieu pour le plus désirable des êtres (Proton-erotikon) n’ont pas su imaginer que Lui-même soit capable d’amour !
Et voilà pourquoi les seules religions qui « marchent » sont révélées. Elles parlent « Au nom de Dieu » tandis que personne n’acquiesce au discours de l’homme. Un reste de bon sens des hommes sur le mensonge des hommes : « Omnis homo mendax ». Quel homme peut nous dire la vérité de Dieu sans risque de nous trahir ? Qu’en sait-il, le bougre ? Mais si Dieu vient à parler, quel homme aurait l’audace d’y contrevenir ?
Trois religions se disent révélées, la juive, la chrétienne et l’islamique. Les autres ne comportent même pas cette prétention et s’avouent elles-mêmes des sagesses acquises. Passons.
Que le Dieu des juifs soit le même que le nôtre est une simple évidence. Il le fut durant plus de six mille ans, avant l’incarnation du Fils, et qui peut modifier cette réalité massive de « Jahvé » ? On peut dire la même chose du dieu de l’islam, simple reprint de Jahvé à destination des saracènes et des naziréens (Cf. l’ouvrage définitif du Père Marie-Edouard Gallez : « Mahomet et son Messie ». Cette secte chrétienne a son messie qui n’est autre que Jésus de Nazareth, comme en témoigne le Coran). Comme réalité extra-mentale, encore une fois, il n’y a qu’un Dieu, qui est le même pour tous ceux qui ne nous font pas sortir de chez les batraciens de lagunes.
Mais dire qu’il n’y a qu’un Dieu, qui a créé le ciel et la terre, n’est évidemment pas dire que les religions ont le même Dieu. Voilà l’erreur funeste et mortelle que répètent, imbéciles, les œcuménistes de tout poil depuis quarante ans. Dieu, son essence, ses attributs, son visage, son comportement est si différent d’une religion à l’autre qu’évidemment nous n’avons pas du tout le même Dieu. Halte-là !
Pourquoi le dieu du Coran méprise-t-il tant les juifs et les chrétiens, jusqu’à devoir les éliminer en toute bonne vertu et logique ? Les juifs y sont de sinistres « Réducteurs » et les chrétiens de viles « Associateurs ». Les uns trafiquent les Ecritures et en éliminent le messie et les autres osent égaler un fils et un esprit au Très-Haut. Entre ces dieux-là, il faut choisir !
Les juifs, quant à eux, se sont arrêtés en chemin et s’éclairent encore à la bougie en plein soleil de midi. Ils prient devant un mur.
Le culte que l’on rend à Dieu comme les espoirs qu’on nourrit d’en être exaucé sont à l’avenant. Telle conception de Dieu, tel rapport qu’on en soutient, déterminent le culte, la prière et la morale. Encore une fois le problème n’est pas le Dieu unique mais la religion. Je crois plus en la prière d’un ignorant, d’un analphabète, d’un pauvre, qui ignorent tout de Dieu qu’à celle d’un embrigadé des fausses religions qui le dévisage, l’altère et le corromp.
Le grand problème d’Assise n’est pas de faire prier tous ceux qui veulent bien, aux quatre coins du monde, pour la paix. On pourrait, on devrait organiser un super Assise ! C’est d’y convoquer les religions en tant que telles. On peut trouver partout des petits et des humbles dont la prière est précieuse aux yeux du Seigneur, certes. Mais c’est précisément qu’elle n’a pas été dévoyée par une religion des hommes ou du diable. Depuis 2000 ans nous savons, nous chrétiens, que c’est « Par Lui, avec Lui et en Lui que sont rendus au Père tout honneur et toute gloire ». Laisser croire le contraire aux petits ou aux hypocrites est une trahison.
Je réponds donc clairement à votre question : il peut y avoir une bonne prière d’un juif ou d’un musulman (à supposer leur bonne foi...) Il n’y a pas pas de bonne prière juive ou musulmane...

20 mars 2011

[La Dépêche] Bras-de-fer devant N-D de Marceille

SOURCE - La Dépêche - 20 mars 2011

Le dix-septième pèlerinage organisé par la Fraternité Saint-Pie X, hier, à la basilique Notre-Dame de Marceille, à Limoux, s'est achevé par la célébration d'une messe, devant environ 700 à 800 fidèles, en bordure d'une route communale et non pas à l'intérieur de l'édifice religieux.

Officiellement ces circonstances inhabituelles étaient imposées par les travaux de réhabilitation en cours à l'intérieur du sanctuaire, propriété de l'évêché. Officieusement, l'évêque de Carcassonne et Narbonne, Mgr Alain Planet, est accusé « d'exclusion » volontaire par la Fraternité Saint-Pie X. Au matin de ce dernier pèlerinage, créé en 1995, entre l'école Saint-Joseph des Carmes à Montréal et Notre-Dame de Marceille, la communauté sacerdotale a publié un communiqué, sous la signature de l'abbé Jérôme Le Noac'h, prêtre de la Fraternité, mentionnant : « A l'heure même où sa Sainteté le Pape Benoît XVI a enfin accepté de nouer un dialogue avec la Fraternité Saint-Pie X, fondée par Mgr Lefebvre, Mgr Planet a décidé de prononcer l'exclusion du pèlerinage… à Notre-Dame de Marceille…». Un échange d'écrits sur les deux dernières années montre que la bonne entente dans le diocèse audois entre le chef de l'Église romaine et la communauté traditionaliste aurait volé en éclats à la suite de la publication d'un article, en décembre 2009, dans le bulletin paroissial « Le Seignadou ». Dans sa correspondance avec la Fraternité, Mgr Planet critique ces déclarations qui appellent, selon lui, à la désobéissance les communautés Ecclésia Dei du diocèse. Les Ecclesia Dei sont issues du « schisme » qui avait été provoqué au sein de l'Église par Mgr Lefebvre, à la suite de consécrations épiscopales sans mandat pontifical au sein de la Fraternité Saint-Pie X.

Hier, l'évêque de Carcassonne et Narbonne était injoignable «directement» mais a répondu à nos sollicitations téléphoniques par une réponse écrite (lire-ci-contre). C'est la première fois, en tous les cas depuis l'existence de cette procession à la basilique Notre-Dame de Marceille, que la sous-préfecture, à Limoux, et les forces de gendarmerie ont été saisies de la sorte pour la sécurisation et le bon déroulement du pèlerinage. Le ton avait été donné par l'évêque dans une lettre recommandée, le 5 février dernier à la Fraternité. Rappelant son interdiction de pénétrer dans le domaine, Mgr Planet écrivait : «…Je vous supplie donc de ne pas me contraindre à utiliser tous les recours légaux à ma disposition pour répondre à une éventuelle invasion ». La voix de l'évêque a cette fois été entendue. À l'issue de l'office célébré par l'abbé Régis de Caqueray, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie X, les pèlerins ont quitté les lieux dans le calme.

[Midi Libre] Mgr Alain Planet : « Extrême droite »

SOURCE - Midi Libre - 20 mars 2011

Dans un communiqué transmis hier soir, Mgr Planet   déplore :   « Une fois encore, l'extrême droite vient de s'en prendre à Notre-Dame de Marceille (...). La Fraternité Saint-Pie X, avant d'être un mouvement religieux, est un mouvement politique (...). 700 personnes, dont de nombreux enfants et adolescents manipulés, ont, malgré les interdictions affichées, occupé le parc de la Basilique. L'arrogance permanente de ce groupe à l'égard du catholicisme romain, son mépris de la juridiction de l'évêque du lieu et son jeu ambigu auprès des honnêtes gens pour se faire passer pour pleinement catholique, m'avaient conduit à suspendre l'autorisation de l'accueillir à N.-D. de Marceille jusqu'à ce que sa position par rapport à l'Eglise catholique soit clarifiée (...). Il appartiendra à la justice de se prononcer. » Depuis mardi, une polémique se développe, par ailleurs, entre Mgr Planet et la Fraternité, à la suite de la publication d'un article sur     La Porte Latine, le site Internet de celle-ci. Il est, en substance, reproché   à l'évêque sa volonté de dialogue avec certaines obédiences maçonniques ou avec d'autres religions, au détriment, estime la Fraternité, du dialogue avec elle.

19 mars 2011

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Pourquoi la souffrance?

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 19 mars 2011

Ce dernier déplacement dramatique des plaques tectoniques à l'est du Japon qui a causé à  l'intérieur du pays le plus grand tremblement de terre que le Japon ait connu depuis longtemps, et sur le littoral un raz-de-marée absolument dévastateur, doit susciter en beaucoup d'esprits la question classique : si Dieu est tout-puissant et parfaitement bon, comment est-ce possible qu'il permette tant de souffrance des hommes ?  La réponse classique n'est pas trop difficile en théorie, au moins quand on ne souffre pas trop soi-même ! -

Tout d'abord, la souffrance est souvent un châtiment du péché. Le péché envoie les âmes en Enfer, alors que Dieu les a créées pour le Ciel. Si la souffrance sur terre va freiner le péché et aider les âmes à choisir le Ciel, alors Dieu, qui est certainement maître des plaques tectoniques, peut sans difficulté s'en servir pour châtier le péché. Les Japonais étaient donc spécialement pécheurs ?  Notre Seigneur lui-même nous dit de ne pas poser cette question-là, mais plutôt de penser à nos propres péchés et de faire pénitence, « autrement vous périrez tous de façon semblable » (Lc.XIII, 4). Assurément il y a des Japonais qui se demandent en ce moment si après tout le but de la vie consiste à s'adonner au matérialisme et au confort qu'ils ont appris à l'Occident.

Deuxièmement, la souffrance humaine peut bien être un avertissement qui détourne les hommes du mal et coupe leur orgueil. En ce moment tout l'Occident impie devrait se poser comme problème son propre matérialisme et sa prospérité. Car si depuis des années l'incidence des tremblements de terre et des autres désastres naturels augmente constamment dans le monde entier, n'est-ce pas que le Bon Dieu cherche à attirer notre attention, en espérant peut-être nous éviter la « pluie de feu » dont sa Mère nous a avertis à Akita (au Japon) en 1973?  Mais actuellement n'est-il pas tout à fait probable que les Japonais tirent bien plus de profit de leur désastre que l'Occident lointain, parce que ce sont eux précisément qui souffrent ? Ces pays-là qui subissent dès maintenant un avant-goût du Châtiment suspendu au-dessus de toutes nos têtes, peuvent avoir même de la chance.

Troisièmement, Dieu peut utiliser la souffrance humaine pour mettre en valeur les vertus de ses serviteurs. Voilà ce qu'il a fait avec Job et avec les martyrs chrétiens de toutes les époques. Peut-être peu de Japonais ont-ils aujourd'hui la foi surnaturelle, mais s'ils s'humilient sous ce qu'ils sentent être la main puissante de Dieu, ils s'acquerront du mérite et ils rendront gloire à Dieu au moins sur le plan naturel. Déjà  leur réaction exemplaire n'édifie-t-elle pas le monde entier ?

Enfin il y a la réponse que Dieu lui-même donne à Job, qui vers la fin de son Livre dans l'Ancien Testament n'est toujours pas satisfait des explications de sa souffrance que lui-même ou sa famille ou ses amis ont pu trouver. Je condense et adapte les Chapitres 38 et 39 de son discours ! - « Où étais-tu, Job, lorsque j'ai posé les fondements de la terre ?  C'est toi qui as tracé le dessein des plaques tectoniques ?  Qui, dis-le-moi, retient normalement la mer dans ses limites, et ne permet pas qu'elle inonde la terre ?  Penses-tu vraiment que je n'ai pas eu de bonnes raisons pour la laisser inonder le littoral nord-est du Japon ? »  Et Job de se soumettre enfin !  Cette réponse le satisfait, et il reconnaît qu'il a eu tort de mettre en question la sagesse et la bonté de Dieu (Job Ch.42, 1-7).

Faisons nous-mêmes pénitence, laissons-nous avertir comme il faut par le désastre au Japon, espérons nous aussi rendre gloire à Dieu quand il sera notre tour de souffrir, et reconnaissons surtout que Dieu seul est Dieu.

Kyrie eleison.

18 mars 2011

[FSSPX - La Porte Latine] Au sujet des propositions de Mgr Alain Planet à la FSSPX...

SOURCE - FSSPX - La Porte Latine - 18 mars 2011

Comme chaque année depuis 1995, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X organise un pèlerinage à Notre-Dame de Marceille à Limoux (Aude). Une seule fois, la première année, la messe du pèlerinage a dû avoir lieu à l'extérieur de la basilique, mais déjà sur les terrains du sanctuaire. Dés 1996, la colonne a pu accéder, avec l’accord de l’évêque de l’époque, Mgr Jacques Despierre, au chœur pour y assister à la messe. Certes, les confessionnaux étaient cadenassés pour que nos prêtres ne puissent y absoudre les péchés, ce qui les conduisait à administrer le sacrement hors confessionnal. Mais les portes restaient bel et bien ouvertes pour cette foule venant uniquement… prier. Les organisateurs du pèlerinage ont toujours veillé à en remercier les autorités ecclésiastiques, veillant, autant que possible, à maintenir comme ailleurs des relations respectueuses.
Telle est la situation dont a hérité Mgr Alain Planet lors de son arrivée dans le diocèse le 24 juin 2004.
Aujourd’hui et il est difficile d’y voir un accroissement de confiance de sa part, de nouvelles conditions sont exigées unilatéralement pour que puisse se perpétuer une situation qui avait parfaitement fonctionné depuis 15 ans. Le diocèse comme l’école de la Fraternité étaient conscients que tous les problèmes tant doctrinaux, liturgiques que canoniques n’étaient pas entièrement réglés – laissant leurs autorités respectives s’en charger – mais une mise à disposition, ne cherchant pas à résoudre des différends vieux de quarante ans, permettait un certain regain de confiance localement. Or, celle-ci se trouve manifestement ébranlée par de nouvelles exigences imposées par l’évêque :
Si par cette demande, l’évêque de Carcassonne et Narbonne veut s’assurer que son ministère légitime est reconnu, alors nous sommes prêts à le lui confirmer. S’il souhaite, par ces dispositions, entendre de notre part que la « pastorale » des évêques de France, tant doctrinale que liturgique, est fidèle à la Tradition de l’Église, alors nous ne pouvons en convenir.
Dans un récent entretien, notre supérieur général, Mgr Bernard Fellay, a confié : « Il ne fait aucun doute que dans l’avenir il pourra y avoir une collaboration avec certains évêques ». Prions Notre Seigneur pour qu’Il suscite des évêques courageux, comme nous reçûmes le concours de Mgr de Castro Mayer au Brésil ou de Mgr Lazo aux Philippines qui ont su comprendre cette crise de l’Église.
Dans son entretien, Mgr Fellay poursuivait : « Il sera indispensable que cela se fasse avec des évêques qui ont réellement compris la crise et qui veulent vraiment de nous. » En effet, Mgr Marcel Lefebvre, notre fondateur, par expérience, a vu en son temps que la dépendance d’évêques diocésains était un moyen caché pour eux de contenir et détruire à petit feu les œuvres saines. L’exemple des communautés Ecclesia Dei est lui aussi éloquent. C’est parce qu’elles dépendent des évêques pour recevoir les pouvoirs de confesser ou pour recevoir la confirmation qu' elles ont été brimées, confinées, réduites au silence, qu’on les a progressivement invitées au biritualisme.
Aussi, la question qui se pose est de savoir si Mgr Alain Planet « veut vraiment de nous » - comme le dit Mgr Fellay – afin de répondre à ces exigences. Veut-il développer nos œuvres établies dans l’Aude pour ce qu’elles sont, en les encourageant, en étendant leur ministère ? Ou bien veut-il en faire des communautés ligotées, auxquelles, après leur avoir concédé les pouvoirs de confesser - comme si la situation de néccesité n'existait plus - , on finirait par les leur refuser, par exiger d’elles d’autres conditions qu’on demande déjà à d’autres : le biritualisme, le silence sur la doctrine et la présence active à la messe chrismale le Jeudi-Saint ?
Bien entendu, afin de connaître les intentions réelles de Mgr Alain Planet à notre égard, nous ne nous contenterons pas de nous fier à de faux bruits ou de nous limiter à de vagues impressions. Dans le contexte actuel, de telles propositions de la part d’un évêque seraient inespérées pour certains. Elles le seraient si – et seulement si – la volonté de celui qui les donne est de faire grandir nos œuvres, non de les détruire par la voie d’une obéissance qui nous emprisonnerait. Aussi, en resterons-nous aux faits et déclarations de l’évêque de Carcassonne et Narbonne.
Pour Mgr Planet, les francs-maçons sont des « hommes de bonne volonté »
Alors que certains de ses confrères dans l’épiscopat rappellent courageusement la réprobation totale de l’Église à l’égard de la franc-maçonnerie, Mgr Alain Planet a manifesté, plus d’une fois, sa réelle amitié pour ses adeptes, confirmant sa volonté de dialoguer avec eux, minimisant complètement le danger qu’ils représentaient, faisant entendre que toutes les obédiences n’étaient pas opposées à l’Église, laissant publier (1) dans les journaux des annonces indiquant ses visites dans les loges maçonniques telles que celle de l’Express du 23 mai 2005 :
« Inédit. L'évêque de Carcassonne, Mgr Alain Planet, parlera des relations entre l’Église et la franc-maçonnerie, le 27 mai, à Narbonne (Aude), lors d'une tenue de la Grande Loge nationale française. »
Interrogé par la chaîne KTO le 13 juin 2008, il reconnaissait son engagement à dialoguer avec les francs-maçons :
« Toutes les obédiences [maçonniques] sont [dans l’Aude].Mais, je crois que, là aussi, c’est beaucoup plus compliqué que cela. Il y a tout un processus de rencontres des francs-maçons qui se fait. Bon, sans trahir de secret, je peux dire qu’il y en a même qui travaillent dans des groupes bibliques. On en a mis justement dans le point de la rencontre (sic). Ce n’est pas aussi simple que cela, aussi tranché. Qu’ensuite, il soit clair que l’idéal de la franc-maçonnerie n’est pas exactement celui de l’Église catholique, c’est évident. Mais ceci étant dit, cela veut dire qu’il y a toujours un dialogue pour les hommes de bonne volonté et que le dialogue existe dans l’Aude. »
Non seulement l’idéal de la franc-maçonnerie n’est pas exactement celui de l’Église, mais il est complètement contradictoire et incompatible avec le sien, rendant particulièrement nocives ces relations. Même le bon sens du journaliste l’a conduit à s’interroger devant l’évêque : « Qu’est-ce que vous attendez de ce dialogue ? »
Le laxisme de l’évêque vis-à-vis de l'islam
Le 2 novembre dernier, jour des morts, l’église du Viguier (Aude) était caillassée. Loin de prendre au sérieux cette nouvelle marque de la haine du Christianisme dans notre pays, Mgr Alain Planet voyait là l’amusement de quelques adolescents, allant jusqu’à renverser les rôles des coupables et des victimes :
« Les déchaînements de haine anti-islamiste qui ont suivi les événements de Carcassonne sont beaucoup plus offensants pour le Christianisme et le Christ lui-même que la sottise de quelques enfants mal intentionnés. »
Et lors de la cérémonie de réparation, l’évêque a même invité l’imam local à s’exprimer dans l’église du Viguier. (France Catholique).
Monseigneur Planet, habitué des temples protestants
Mgr Alain Planet participe régulièrement à des cérémonies organisées dans les temples protestants avec des pasteurs.
Ce fut le cas à Narbonne le 8 mai 2010 comme cela avait été le cas au temple réformé de Carcassonne (dont le service est notamment assuré par une femme pasteur) le 23 janvier.
Au cours d’une cérémonie à coloration politique célébrant la défense des « sans papiers », l’évêque n’a pas craint d’écouter le prêche du pasteur pour finalement donner sa bénédiction finale.
Ainsi, s’il met en garde contre des catholiques traditionalistes sous prétexte qu’ils ne seraient pas en pleine communion, en revanche, aucune réserve n’est faite à l’égard de ceux qui ne sont pas en communion du tout.
Enfin, pour la célébration du dimanche de Pâques en 2009, Mgr Planet assistait au culte protestant célébré par le pasteur Pairou à Malportel (Aude).
Le Motu Proprio engendrerait la « contamination » des rites
Peut-on légitimement penser que le but de Mgr Planet est d’encourager la messe traditionnelle ? On peut vraiment en douter lorsque, sur un plateau de télévision, il affirme son désaveu de la liturgie préconciliaire considérée comme « pauvre » :
« J’ai eu la chance d’être curé de ZUP et j’ai découvert que la liturgie quand elle est vécue avec des gens qui sont démunis de moyens pour recevoir les discours didactiques que nous savons si bien faire, là, sont capables de vivre des choses. Parce qu’on le vit ensemble. La liturgie, c’est vivre l’Évangile avec ses pieds, avec ses mains, avec son nez, avec son corps tout entier […] La liturgie de mon enfance était quand même très pauvre. Elle était intéressante, mais elle était très pauvre. »
Plus loin, l’évêque de Carcassonne explique diplomatiquement que le Motu Proprio pourrait engendrer une contamination entre les rites. Nous craignons de ne pas la voir au même endroit :
« On est souvent suspendu entre deux liturgies. Et c’est dommage. Alors ça peut aller dans le sens de l’enrichissement que souhaite le Saint-Père, ça peut aller dans le sens des contaminations qui empêchent l’un et l’autre d’exister. Donc je crois qu’il faut donner toute sa dimension à la réforme liturgique de Vatican II et qu’il y a encore un grand travail à faire ».
La justice envers les sœurs de Fanjeaux
Enfin, un peu d’histoire permet de comprendre le contexte du département de l’Aude. L’un des foyers de la résistance catholique pour conserver la doctrine et la liturgie fut Saint-Dominique du Cammazou à Fanjeaux, où Mère Anne-Marie Simoulin, qui avait dû prendre avec bon nombre de ses sœurs leurs distances par rapport à leur communauté déliquescente, étaient venues fonder en juillet 1975 une œuvre désormais unanimement reconnue puisqu’elles sont désormais fortes de 182 religieuses et qu’elles ont fondé 9 nouvelles maisons.
L’accueil de l’évêque de Carcassonne fut des plus glaciaux, puisque Mgr Pierre-Marie Puech, avait, l’année suivante, apporté aux religieuses en guise de bienvenue un rescrit qui leur imposait la dispense de leurs vœux de religion. Le décret ajoutait :
« La messe ne doit plus être célébrée, en latin comme en français, que selon le rite du Missel romain promulgué par Paul VI »…
Aujourd’hui, Mgr Alain Planet propose de confirmer dans les écoles dont nous assurons l’aumônerie. Mais il conviendrait d’abord que justice soit faite au profit des dominicaines de Fanjeaux qui n’ont jamais démérité.
Conclusion
Mgr Lefebvre en son temps était habitué à des sollicitations canoniques prometteuses lui garantissant que tout serait aplani moyennant telle ou telle concession symbolique. Loin de se faire aveugler par un mirage canonique, il savait sur quelles intentions ces promesses reposaient. C’est pour cette raison que Mgr Fellay avait demandé à Rome des préalables pour rétablir un minimum de confiance. Ne faudrait-il pas également prendre ces précautions à l’échelon des diocèses ?
Une fois de plus, les faits sont là, devant nous, révélant les intentions profondes des hommes et prouvant, s’il en était encore besoin, l’état d’urgente nécessité dans lequel se trouve ce diocèse sinistré.
Demain, devrons-nous demander une confirmation qui nous sera finalement refusée après-demain ? En conscience, nous ne pouvons faire prêcher devant nos élèves un prélat qui s’attache à affirmer ses accointances avec les protestants, les musulmans ou les francs-maçons, lesquels reçoivent plus d’égards dans ce diocèse que des catholiques auxquels on ajoute habilement des conditions afin de mettre un terme à des générosités passés.
Nous savons trop ce que ce système diocésain a engendré pour ne pas vouloir faire entrer dans nos écoles, même par les prêches, une pastorale désavouée par les faits. Aujourd’hui, toutes années confondues, il n’y a plus qu’un seul séminariste dans le diocèse de Mgr Planet. Dans son département, notre école de Saint-Joseph des Carmes, située à Montréal de l’Aude a, quant à elle, fourni aux séminaires de la Fraternité trente-neuf vocations sacerdotales depuis qu’il est évêque (2004), sans compter les nombreux prêtres ordonnés précédemment.
On jugera l’arbre à ses fruits pour considérer la prudence à adopter.
(1) A la suite de la parution d'un autre article de l'Express n° 3010 daté de mars 2009, Mgr Planet a fait publier un "message de l'évêque" dans lequel il confirmait l'existence d'un groupe catholiques-francs-maçons et persistait dans l'utilité de ces rencontres. Dans la suite de son message Mgr Planet se voyait contraint de rappeler les directives de l'Eglise au sujet de la Franc-maçonnerie. Ce rappel apparaît comme purement platonique au regard des faits patents rapportés dans notre dossier...