30 juin 2011

[Paix Liturgique] Demande record de la Forme Extraordinaire dans le diocèse de Mgr d’Ornellas (Rennes) : Plus de 6 catholiques pratiquants sur 10 y assisteraient volontiers mensuellement (Sondage JLM Études)

SOURCE - Paix Liturgique n°289 - 30 juin 2011

Dans notre lettre n°287 du 17 juin 2011, nous dressions un panorama affligé de la « réception » du Motu Proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Monseigneur Pierre d’Ornellas :
  • une seule messe selon la forme extraordinaire du rite romain pour tout le diocèse de Rennes, messe instaurée en… 1988 par l’archevêque de l’époque ;
  • quatre ans après le 7 juillet 2007 (publication du Motu Proprio Summorum Pontificum), pas le moindre commencement d’application du Motu Proprio (pas une seule messe de semaine, pas de messe mensuelle expérimentale ou même de célébration saisonnière à l’occasion des vacances estivales qui drainent vers le diocèse plusieurs dizaines de milliers de catholiques) ;
  • plusieurs demandes sérieuses d’application du Motu Proprio refusées au nom de faux arguments (« il n’y a pas de demande » ; « il y a déjà tout ce qu’il faut avec la messe de Rennes », etc.).
Chose promise, chose due, Paix liturgique publie aujourd’hui les résultats du sondage réalisé par un organisme professionnel et indépendant auprès des catholiques du diocèse de Rennes sur la question du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Ce sondage a été réalisé par l’organisme JLM Études du 11 au 19 mai 2011 pour le compte de Paix liturgique selon les méthodes habituelles. Comme il est de coutume dans ce type d’études professionnelles, la représentativité est obtenue par la méthode des quotas : arrondissements, communes, sexe et âge.

Cette enquête indépendante a été menée auprès d’un échantillon de 745 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de Rennes. Sur ces 745 personnes interrogées, 435 ont déclaré se considérer “catholique”, soit un peu plus de 58 %.

L'intégralité des résultats est consultable sur le site de Paix liturgique.

1/ LES RÉSULTATS


Les résultats qui suivent sont établis sur les réponses des sondés qui se sont déclarés « catholiques ».

a) Assistance à la messe


22,2 % des sondés déclarent assister à la messe chaque semaine ;
11,5 % une à deux fois par mois ;
15,3 % pour les grandes fêtes ;
43,4 % occasionnellement ;
7,4 % jamais ;
0, 2 % ne répondent pas.

b) Connaissance du Motu Proprio

72,2 % des catholiques pratiquants du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 27,8 % qui n’en ont jamais entendu parler.

c) Perception du Motu Proprio

60,6 % des sondés (base : catholiques pratiquants) trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 20, 5 % n’ont pas d’avis (chiffre à rapprocher des 27,8 % de pratiquants qui ne connaissent pas l’existence du Motu Proprio) et seulement 18,9 % (moins de 1 fidèle sur 5) la trouvent anormale.

d) Participation à la forme extraordinaire

À la question « Si la messe était célébrée en latin et grégorien sous sa forme extraordinaire dans votre paroisse, sans se substituer à celle dite “ordinaire” en français, y assisteriez-vous ? »

Chez les pratiquants, 43,4 % déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 19,3 % à un rythme mensuel. Soit 62,7 % des pratiquants actuels du diocèse de Rennes qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962… si le texte du Pape était appliqué dans leur propre paroisse.
Plus de 6 catholiques pratiquant sur 10.

2/ LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

a – Le chiffre qui précède est un chiffre record, plus élevé encore que le chiffre du diocèse de La Rochelle : dans le diocèse de Mgr d’Ornellas, plus de 6 catholiques pratiquants sur 10 assisteraient volontiers à la messe traditionnelle au moins une fois par mois (4 sur 10 tous les dimanches), si une telle célébration leur était proposée.
Rappelons que, jusqu’à présent, les résultats des enquêtes d’opinion (internationales, nationales ou réalisées à l’échelle diocésaine) que nous avons commanditées depuis 10 ans (en ligne sur le site de Paix liturgique) réalisées par des organismes professionnels différents confirmaient une tendance dans le temps et dans l’espace : une partie importante de ce qu’il reste de catholiques pratiquants (généralement autour d’1/3) assisterait à la forme extraordinaire du rite romain si elle était célébrée dans leur paroisse.
Mais voilà qu’un dernier sondage, réalisé dans le diocèse de La Rochelle (notre lettre n° 284) révélait une demande locale encore plus importante : chez les pratiquants de ce diocèse, 40,3% déclaraient vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse de La Rochelle qui iraient au moins une fois par mois assister à une messe en forme extraordinaire qui serait proposée dans leur paroisse.
Nous évoquions un certain nombre d’explications possibles à cette augmentation, notamment :
  • Ce résultat montrait-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ?
  • Ou bien, plus généralement, le mouvement lancé par le Motu Proprio, augmenté par le bouche à oreille (duquel participent les blogs Internet et nos sondages) était-il en augmentation très significative ?
  • Ou encore, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, étant de plus en plus flagrant, les sondages liturgiques devenaient-ils une occasion de manifester un « ras-le-bol » certain ?
  • Ou enfin, la figure de Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine provoquait-elle une réaction particulière de récusation par le « peuple de Dieu » réel ?
Nous remarquions que de prochains sondages pourraient nous donner des éléments de réponse.

b – Or voilà justement que les résultats de Rennes non seulement confirment, mais dépassent ceux de La Rochelle : 43,4 % des catholiques pratiquants (40,3% à La Rochelle) déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine ; 19,3 % (16,1% à La Rochelle) tous les mois ; soit 62,7 % des catholiques pratiquants (56,4% à La Rochelle), plus d’un catholique pratiquant sur six.
Aux questions que nous posions, une réponse positive se dessine donc :
  • Le diocèse de Mgr d’Ornellas est aussi un diocèse de l’Ouest.
  • Le mouvement lancé par le Motu Proprio y est en augmentation significative, confirmant l'affirmation (n. 7) de l’instruction Universae Ecclesiae : « En raison de l'augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet ».
  • Le fait que plus de 60 % des pratiquants affirment qu’ils assisteraient mensuellement à la messe en forme extraordinaire dans leur paroisse, si elle leur était proposée, alors que ce n’est jamais le cas, révèle également une dimension protestataire.
  • Enfin la qualité d’homme d’appareil est encore plus marquée – de manière différente : homme de la ligne « parisienne » - chez Mgr d’Ornellas que chez Mgr Housset : le message de récusation est sans doute plus évident.

c – Demande record. Mais offre quasi nulle.
Les réponses faites aux demandeurs dans le diocèse de Mgr d’Ornellas (« Les familles demandeuses ne sont pas assez nombreuses » ; « la messe de Rennes suffit » ; « la majorité des fidèles ne souhaite pas que le Motu Proprio soit appliqué dans la paroisse, cela diviserait la communauté » ; etc.) sont donc autant de contrevérités, qui ont été répétées de manière incantatoire aux demandeurs de Chateaubourg (30 kms de Rennes), de Saint Malo (70 kms de Rennes), de St Méen le Grand (45 kms de Rennes) ou de Vitré (41 kms de Rennes) pour ne citer que quelques-unes des demandes sérieuses dont Paix liturgique a eu connaissance.

Familles demandeuses pas assez nombreuses ? Les familles intéressées par l’application du Motu Proprio dans leurs paroisses représentent 62,7 % des catholiques pratiquants actuels (base catholique allant à la messe au moins une fois par mois) et 43,4 % des catholiques qui vont à la messe tous les dimanches.

Majorité des fidèles opposés à l’application du Motu Proprio ?
Non c’est une minorité : 18,9 % seulement y sont opposés. D’ailleurs, ce faible taux d’opposition aux mesures du Saint Père pourrait d’ailleurs rapidement fondre comme neige au soleil si les curés de paroisses, garants de l’unité, étaient les acteurs actifs de la réconciliation dans l’Eglise en célébrant eux-mêmes indifféremment les deux formes de l’unique rite romain.
Rajoutons comme nous le disions dans notre lettre n°284 : « il serait dommage, et absurde, que nos pasteurs privent la majorité des fidèles d’un droit que le Pape leur a accordé en juillet 2007 et qui vient d’être rappelé dans l’instruction Universae Ecclesiae (voir notre lettre n°283) sous prétexte qu’une petite minorité surreprésentée s’y oppose. »
Et ce d’autant plus que le droit à la forme extraordinaire ne s’exerce pas, rappelons-le, au détriment de la forme ordinaire. Oserons-nous ajouter que les chances qu’a la forme ordinaire de survivre à un désintérêt de plus en plus grand, résident dans un « enrichissement » qui la rapprocherait de la forme extraordinaire ?

On le voit nettement, dans le diocèse de Rennes, les raisons de la non-réception du Motu Proprio ne sont pas à chercher du côté des fidèles (qui ne seraient pas intéressés, pas assez nombreux ou majoritairement opposés au Motu Proprio).
Mais alors d’où vient l’opposition au texte pontifical si elle ne vient pas des fidèles ?

d – Dans notre lettre n° 287, nous avions donné un portrait intellectuel, assurément critique, mais néanmoins complimenteur de Mgr Pierre d’Ornellas. Le fait est qu’il se trouve désormais en face de la demande record de messe en forme extraordinaire.

Se pourrait-il qu’il ne fasse pas bon usage de ces chiffres massifs, étant bien entendu qu’une enquête d’opinion ne prétend pas à l’infaillibilité, mais qu’elle révèle, surtout à ce degré, une demande de « retour » très lourde ?
La déconnexion entre structures ecclésiastiques et fidèles du rang en matière liturgique est de plus en plus évidente.
Car, « le dialogue suppose que l’on ne capture pas la parole » aime à répéter l’archevêque de Rennes.
Souhaitons que ce sondage libère la parole des fidèles du diocèse de Rennes au nom de qui trop de prêtres et de laïcs engagés (en l’occurrence le plus souvent dépendantes des mêmes structures cléricales, évêché ou paroisse, qui refusent d’applique le Motu Proprio) parlent sans jamais leur demander leur avis.

e - Ce sondage a coûté la somme de 4 000 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
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[AFP - L'Alsace] Ordinations de prêtres à Ecône

SOURCE - AFP - L'Alsace - 30 juin 2011

Le jour même où le pape Benoît XVI remettait à quarante évêques l’insigne de leur fonction, la communauté traditionaliste Fraternité Saint-Pie X à Ecône, en Suisse, procédait de son côté à une ordination « de masse » concernant treize prêtres (ci-dessus), provenant notamment de France, d’Italie et de Madagascar, ainsi que dix diacres français. Après la levée de l’excommunication par le pape actuel, deux années de discussions n’ont pas permis de surmonter toutes les divergences entre le Vatican et l’institution fondée par Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991). Une nouvelle rencontre entre les deux parties est prévue mi-septembre.

[Philippe Clanché - Témoignage Chrétien] Rome-traditionalistes : bientôt le verdict ?

SOURCE - Philippe Clanché - Témoignage Chrétien - 30 juin 2011

Les discussions doctrinales entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X seraient closes. Concernée plus que d’autres, la France attend de savoir quelle a été la véritable teneur des échanges.

La rumeur enfle sur Internet. Sans confirmation. Les négociations théologiques entre le Saint-Siège et les traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, commencées en octobre 2009, seraient terminées. Sans pour autant qu’on en connaisse le résultat. Seuls les disciples de Mgr Lefebvre communiquent sur l’affaire.

« J’ai été invité à me rendre à Rome auprès du cardinal Levada (NDLR : préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), et ce sera pour la mi-septembre. C’est tout ce que je sais », a dit Mgr Bernard Fellay, supérieur général de Saint-Pie X, lors d’une messe d’ordination le 17 juin aux États-Unis. « Nous recevons de la part de Rome des messages contradictoires », a-t-il également affirmé.
Mgr Fellay a sans doute raison tant le Saint-Siège semble partagé sur la conduite à tenir. Après la phase technique et la mise au clair des positions de chacun, le dossier va désormais être traité, et réglé, au sommet, par le pape et le supérieur général.

DIVERGENCES

Benoît XVI joue gros dans ce dossier. Il se trouve face à une blessure personnelle. Joseph Ratzinger était en première ligne en 1988 lors du schisme. Jean Paul II l’avait missionné pour tenter d’empêcher les quatre ordinations épiscopales (1) décidées par Mgr  Levebvre. En vain. Leur retour au bercail demeure un objectif pour un pontife qui souffre des divisions.
De ce côté du spectre catholique. Benoît XVI prend des risques importants. Les sujets de divergences, liées aux orientations conciliaires – primat pontifical et collégialité épiscopale ; œcuménisme ; liberté religieuse ; Missel de Paul VI – sont loin d’être des détails. Sur ces thèmes, Mgr Fellay et ses troupes souhaitent un retour à « la tradition ». Or, le pontife ne cesse de dire que les acquis de Vatican II demeurent valables, tout en discutant leur mise en œuvre.

Les propos très critiques des intégristes sur la béatification de Jean Paul II et l’annonce d’un nouveau rassemblement interreligieux à Assise cet automne, font penser le rapprochement impossible. Pourtant, des éléments peuvent faire douter de la fermeté du Saint-Siège.

« Certaines objections de la Fraternité Saint-Pie X ont du sens, car il y a eu une interprétation de rupture du Concile. L’objectif est de montrer qu’il faut interpréter le Concile dans la continuité de la Tradition de l’Église », a dit Mgr Pozzo (2), membre de la Commission romaine Ecclesia Dei en charge des intégristes déjà ralliés et du dossier de Saint-Pie X.

HEMORRAGIE

S’il devait céder à Mgr Fellay, le Saint-Siège risquerait peut-être l’hémorragie des fidèles, notamment en France. La « fille aînée de l’Église » est ici en première ligne pour plusieurs raisons. Elle fut le berceau historique du lefebvrisme et se trouve être le pays qui compte aujourd’hui le plus grand nombre de fidèles et de prêtres de cette mouvance ( 10 des 20 ordonnés de la Fraternité de cet été ).

Le souvenir de Maurras et les déchirures de la Guerre d’Algérie contribuent à passionner la question. Ceci pouvant expliquer cela, notre pays a aussi fourni quelques figures progressistes de Vatican II ( Congar, Liénard ) et les changements conciliaires y ont été interprétés de la manière la plus avancée, notamment en matière liturgique.

Enfin, le traumatisme de l’affaire Gaillot fait penser à nombre de catholiques français que Rome est toujours plus clémente pour certaines divergences que pour d’autres. Aussi, une réintégration pourrait porter un nouveau coup à une Église française déjà mal en point.

À Bordeaux, le retour en grâce de l’Institut du Bon Pasteur de l’abbé Laguérie en 2006 a troublé le diocèse. On peut imaginer un séisme dix fois plus vaste si toute la Fraternité Saint-Pie X rejoignait la communion ro­maine.

Peu suspect de sympathie intégriste, le cardinal Vingt-Trois, à la tête de la Conférence des évêques de France, sera-t-il aussi influent que l’était son prédécesseur Jean-Marie Lustiger, pour faire comprendre cela à la curie romaine ? Tout semble indiquer que cette dernière s’intéresse de toute façon assez peu aux états d’âme français.

Et ce débat ne fait pas recette dans le monde catholique. Un exemple : ces derniers temps, les vaticanistes italiens se passionnaient pour un tout autre sujet, la date de l’annonce de la nomination du nouvel archevêque de Milan.

(1) Dont Mgr Fellay et le tristement célèbre Mgr Wil­liamson.
(2) Nouvelles de France (www.ndf.fr), le 8 juin 2011.

[Diocèse de Perpignan] "La vérité est une composante essentielle de la charité..."

SOURCE - Diocèse de Perpignan - 30 juin 2011

Diocèse de Perpignan - Note de la chancellerie

Des demandes sont faites par de fidèles pour des célébrations de mariages, baptêmes ou obsèques dans le rite qualifié d' "extraordinaire".

A la suite de l'instruction de la Commission pontificale " Ecclesia Dei" en date du 30 Avril 2011, sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum, et à l'occasion de plusieurs évènements et problèmes récents, il paraît utile de donner quelques précisions:
L'instruction précise, au N° 20a, à propos des célébrations eucharistiques publiques en rite extraordinaire, que les prêtres idoinessont ceux qui ne sont pas "empêchés par le droit canonique". Ont peut comprendre que cette indication s'étend aux autres sacrements, ainsi qu'à d'autres fonctions sacrées.

L'instruction définit également que le prêtre "doit avoir du latin une connaissance de base qui lui permette de prononcer correctement les mots et d’en comprendre le sens", et doit avoir aussi la connaissance du déroulement du rite ainsi que de sa pratique.

Elle indique enfin que les Évêques diocésains peuvent demander la collaboration des prêtres des Instituts érigés par la Commission pontificale Ecclesia Dei.

Dans le diocèse de Perpignan, les prêtres de la Fraternité Saint Pierre peuvent remplir habituellement cette collaboration, pourvus qu'ils se soient entendus avec le curé affectataire du lieu, et qu'en matière de mariage la délégation du curé soit accordée et bien spécifiée par écrit sur le dossier de mariage. D'autres demandes peuvent concerner des membres d'instituts "Ecclésia Dei" non présents dans le diocèse: dans ce cas, il faut consulter préalablement l'Evêque.

Pour les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, la Note de la Secrétairerie d'Etat du 4 Février 2009 est toujours en vigueur, qui informe que ses membres ne jouissent d'aucune reconnaissance canonique dans l'Eglise Catholique. Ils sont toujours "suspens" et ne correspondent donc pas aux critères d'idonéité indiqués par la Note citée ci-dessus.

Il faut donc en règle générale refuser de "prêter" un église paroissiale ou une chapelle pour des obsèques, un mariage ou un baptême qui serait célébré par l'un de ces prêtres, et encore moins accorder une délégation pour un mariage. C'est de la responsabilité du curé et doit être respecté par tous ses collaborateurs. Cela est également valable pour d'autres groupes ou instituts non-reconnus par la "commission Ecclesia Dei". Seul l'Evêque peut être juge en ces cas, et exprimer une autorisation, en indiquant quelles règles canoniques peuvent être appliquées.

La vérité est une composante essentielle de la charité, et il importe à chacun de faire que les fidèles soient parfaitement informés, ainsi que les responsables civils, et qu'aucune ambiguïté ne mette personne dans l'erreur. La Note citée plus haut dit bien que les fidèles qui demandent ne doivent jamais appartenir à un groupe qui nie "la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle" (n°19).

Il est rappelé par ailleurs que dans le diocèse, les célébrations de baptêmes, mariages ou obsèques en dehors des églises paroissiales ne sont pas autorisées: cela est valable également pour des célébrations en "rite extraordinaire" et doit être appliqué " "stricto sensu". Seul l'Evêque pourra permettre une dérogation à cette règle.

Enfin il est clair, et parfaitement en accord avec la Note, que les célébrations en rite "extraordinaire" ne doivent pas gêner les exigences liées aux horaires habituels de célébrations liturgiques de l'église demandée. En outre, il paraît normal que l'on doive ou puisse s'informer, au moyen de documents officiels, de la situation canonique de tout prêtre ou diacre venant célébrer et que l'on ne connaisse pas.

Cette note a reçu l'approbation de Mgr Marceau qui en a demandé la publication.

Le 30 Juin 2011
Francis WAFFELAERT
Chancelier

29 juin 2011

[Mgr Alfonso de Galarreta - DICI] «On n’a pas à choisir entre la foi et la charité ; on doit embrasser les deux !»

SOURCE - Mgr Alfonso de Galarreta - DICI - 29 juin 2011

«On n’a pas à choisir entre la foi et la charité ; on doit embrasser les deux!»
Sermon de Mgr Alfonso de Galarreta lors des ordinations du 29 juin 2011, à Ecône (Suisse)

Excellences,chers confrères,
chers ordinands,
mes bien chers frères,

Nous voici réunis, une année de plus, au séminaire d’Ecône, la Maison mère de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, afin de conférer le diaconat et le sacerdoce, afin d’accomplir par là ce qui constitue la vocation et la mission de la Fraternité. Il s’agit de transmettre, conserver, vivre le sacerdoce catholique afin d’assurer la pérennité de la Foi et de l’Eglise catholique.

Le Prêtre est un alter Christus, un autre Christ. Il agit in persona Christi, en la personne du Christ. C’est donc vraiment le sacerdoce du Christ parmi nous. C’est la présence du Christ parmi nous. Le prêtre assure la continuité des bienfaits de l’Incarnation de Notre Seigneur, de sa vie, son enseignement, sa grâce, sa rédemption. Et c’est là vraiment ce qui est l’essentiel. Au travers de cette crise – crise de la foi, crise de l’Eglise – il est évident que nous ne pouvons pas nous abstraire, ignorer la situation dans laquelle nous sommes, et surtout la situation de la sainte Eglise. A vrai dire, pour l’essentiel rien ne change. Pour l’essentiel il n’y a rien de changé. 

Le libéralisme tente de concilier le catholicisme et la pensée issue de 1789

Mgr Lefebvre avait bien vu et défini quel est le mal de notre temps, de la société, et surtout le mal dans l’Eglise. Ce mal s’appelle tout simplement le libéralisme. C’est cette conciliation, cet essai de conciliation entre l’Eglise et le monde, entre la foi catholique et les principes libéraux, entre la religion catholique et la pensée issue de 1789. Tout est là, tout le problème gît là. Tout le reste ce ne sont que des justifications théoriques, subtiles, sophistiquées, de la théologie moderniste pour justifier cette adaptation faite par le Concile Vatican II et par les autorités avec le monde issu de la révolution, avec le monde libéral.

Et je voudrais vous citer quelques paroles dues à celui qui était alors le cardinal Ratzinger dans lesquelles il affirme avec simplicité et clarté précisément cela. Dans un souci de fidélité et de précision, je vais vous les lire. Elles sont assez courtes.

« Vatican II avait raison de souhaiter une révision des rapports entre l’Eglise et le monde. Car il y a des valeurs qui, même si elles sont nées hors de l’Eglise, peuvent, une fois examinées et amendées, trouver leur place dans sa vision [du monde] ». (Entretien sur la foi, cardinal Ratzinger et Vittorio Messori, 1985, Fayard, p. 38)

« Le problème des années soixante était d’acquérir les meilleures valeurs exprimées par deux siècles de culture libérale ». (Entretien avec Vittorio Messori, mensuel Jesus, novembre 1984, p. 72)
Le pape actuel, Benoît XVI, à l’époque cardinal Ratzinger, montre également comment la constitution Gaudium et spes est le « testament du Concile », il indique son intention et définit sa physionomie en ces termes :

« Si l’on cherche un diagnostic global du texte [de Gaudium et spes] on pourrait dire qu’il est, en liaison avec les textes sur la liberté religieuse et sur les religions du monde, une révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de contre-syllabus. Le texte joue le rôle d’un contre-syllabus dans la mesure où il représente une tentative pour une réconciliation officielle de l’Eglise avec le monde tel qu’il était devenu depuis 1789 ». (Les principes de la théologie catholique, cardinal Joseph Ratzinger, 1982, Téqui, p. 427)

Voilà des textes et des affirmations assez clairs. C’est un aveu d’importance capitale, autorisé et qui nous dispense de prouver ces affirmations. Si eux-mêmes confessent que c’est comme cela, il n’est plus besoin que nous le prouvions. Vatican II a été bel et bien une conciliation de la religion catholique, de la foi de l’Eglise avec le libéralisme, avec la révolution et les principes de la Révolution française, et même – comme le pape le dit ailleurs – de la pensée de la foi avec la pensée des Lumières. Ces affirmations appellent plusieurs réflexions, plusieurs remarques.

Car tout d’abord comment est-il possible qu’il y ait des valeurs touchant si essentiellement l’ordre naturel et surnaturel – pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’Eglise avant et après le Concile ! –, comment peuvent-elles, ces valeurs, naître en dehors de l’Eglise ? L’Eglise n’est donc pas la dépositaire de la Vérité ? L’Eglise catholique n’est pas la vraie Eglise ? Et la Vérité évolue alors au gré de l’histoire et du temps, des cultures et des lieux ? Il n’est pas vrai de dire que ce sont des valeurs nées en dehors de l’Eglise. Déjà, un auteur comme Chesterton disait que les idées de la Révolution française sont des idées catholiques devenues folles. Et nous pourrions dire avec plus de précision : ce sont des vérités catholiques indûment transposées dans l’ordre naturel, des idées qui sont vraies dans l’ordre surnaturel, avec des limites, mais qui ont été transposées directement dans l’ordre naturel.

Si vraiment le Concile Vatican II avait pris les valeurs libérales et les avait corrigées, purifiées et amendées, alors on aurait retrouvé tout simplement la vérité catholique de toujours, puisque ce sont des vérités chrétiennes déformées. Le libéralisme est une hérésie chrétienne, catholique, de par son origine, je veux dire.

D’autre part, il était quand même téméraire de vouloir cette conciliation alors qu’un magistère constant des papes, pendant deux siècles et demi, a condamné ces supposées valeurs : elles ont été condamnées en gros et en détail. Non seulement la possibilité d’une telle conciliation était condamnée, mais était également condamnée la nécessité d’affirmer une telle conciliation. C’est le Syllabus, c’est Pie IX.

Il y a là un des péchés originels du Concile. Très souvent ils nous mettent devant les yeux le magistère et l’autorité. Souvent c’est le seul argument qu’ils ont. Alors qu’ils ont, eux, commencé par se débarrasser d’un magistère de deux siècles et demi, et par faire précisément ce que les papes avaient à l’avance condamné. C’est plus que téméraire.

Ensuite on cherche une conciliation avec le monde, avec un monde éloigné de Dieu et opposé à Dieu. Voyez le monde, il suffit de regarder autour de nous pour comprendre de quel monde il s’agit. Or, l’Ecriture est très claire. Saint Jean nous dit : « Tout ce qui vient du monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie ». (I, Jean, 2, 16). Et l’apôtre saint Jacques disait aux chrétiens : « Adultères, ne savez-vous pas que l’amitié de ce monde est une inimitié contre Dieu. Quiconque veut donc être ami de ce monde, se rend et s’établit ennemi de Dieu ». (Jacques, 4, 4) 

L’esprit d’indépendance conduit à la déification de l’homme

Car enfin, quelle est l’essence, la substance, le noyau de cette pensée libérale ? Les papes et les grands auteurs du XIXe et du XXe siècle ont déjà tout dit. C’est tout d’abord le naturalisme, c’est la négation de l’ordre surnaturel, de la Révélation, de la grâce, et en conséquence et dans cet ordre, négation de l’Eglise, du Christ, de Dieu. Le naturalisme cohérent aboutit à l’athéisme. Et le communisme est là pour nous le rappeler : on n’avait jamais vu une telle horreur dans l’histoire de l’humanité. Deuxièmement, c’est l’esprit d’indépendance et de rébellion. Indépendance par rapport à tout : indépendance de l’intelligence par rapport au Vrai, de la volonté par rapport au Bien, de l’homme par rapport à Dieu, par rapport à l’autorité. Et troisièmement, c’est la déification de l’homme. Déjà saint Pie X le signalait : l’homme se substitue à Dieu, il se fait dieu et il ordonne la gloire à lui-même et la création à lui-même.

Donc on a tenté, on a essayé une conciliation avec ces idées-là, foncièrement et radicalement contraires à la Foi catholique, et tout simplement contraires à l’ordre naturel, à la réalité. Bien sûr, puisqu’il s’agit d’une tentative de conciliation, ils n’ont pas réaffirmé ces principes tels quels. Ils n’ont pas nié l’ordre surnaturel mais ils l’ont réduit et inclus dans la nature. Ils n’ont pas nié l’Eglise, mais ils ont mis l’Eglise au service du monde, le royaume des cieux sur la terre, au service du monde et au service de cette entreprise humaniste de l’unité du genre humain et de la paix, toujours dans l’ordre naturel. Voyez Assise par exemple, Assise III qui est présenté ainsi.

Ils n’ont pas nié le Christ, mais ils ont mis le Christ au service de l’homme. Le Christ est uni à tout homme, il révèle l’homme à l’homme et, avec sa grâce, il fait que l’homme soit un homme parfait. Voilà leur doctrine. Ils n’ont pas affirmé l’indépendance absolue de l’homme par rapport à Dieu, mais ils sont passés de l’ordre objectif à un ordre subjectif. Objectivement parlant, oui, il y a un dieu, il y a une vraie religion, il y a une vérité. L’homme aurait donc une obligation morale d’y adhérer. Mais de toutes façons, quoiqu’il arrive, l’homme se sauve en suivant sa conscience, sa vérité et surtout en exerçant sa liberté. Car c’est là, la dignité ontologique et sacrée de l’homme. L’exercice de la liberté, non dans le sens traditionnel – la liberté de se mouvoir dans le bien – mais le simple fait d’élire entre le bien et le mal, l’homme trouve là sa perfection et son salut.

Ils n’ont pas affirmé la divinité de l’homme, mais ils ont opéré un retour anthropologique par le personnalisme qui a mis le bien commun, et tout bien commun, au service de l’homme individuellement, de la personne. Et en dernière instance, on met au service de la personne le bien commun divin, universel, suprême, qui est Dieu. Car Dieu est le bien commun suprême. C’est pour cela que le Concile affirme que l’homme est la seule créature que Dieu aime pour elle-même. Que Dieu aime pour elle-même ! Et Dieu trouve sa gloire dans la gloire de l’homme, non pas dans la gloire que l’homme rend à Dieu, mais dans la glorification de l’homme.

Et donc nous avons le même but que les libéraux, les humanistes et les révolutionnaires. Pas de problème ! Nous chercherons tous la glorification de l’homme et par là nous obtiendrons aussi la gloire de Dieu. Aussi leur dieu est-il fini et perfectionné par la gloire de l’homme. Rien de moins ! 

Tout restaurer dans le Christ pour remédier au mal présent

Voyez comment est impossible cette conciliation. Et ils en ont appliqué rigoureusement toutes les conséquences. Mgr Lefebvre nous disait : Ils L’ont découronné. Oui, ils ont systématiquement méconnu la primauté et la royauté de Notre Seigneur, ses droits, les droits de Dieu. On est pour les droits de l’homme. Négation des droits de Dieu avec la déclaration des droits de l’homme. Ils ont découronné Notre Seigneur en Lui-même dans ses droits par la liberté de conscience, par la liberté de pensée, par la liberté du péché, par la liberté de culte, par la liberté religieuse. Il a été découronné vraiment. Mais ils ont découronné aussi Notre Seigneur dans son Eglise par l’œcuménisme, car si le Christ est roi, l’Eglise est la reine. Et ils ont découronné Notre Seigneur dans son Vicaire et dans ses évêques par la collégialité et par la démolition, en dernière instance, de toute autorité.

Voilà la pensée avec laquelle le Concile a tenté la conciliation. Et alors, bien sûr, maintenant il y a la conciliation de la conciliation, entendez l’herméneutique de la continuité. Et il y en a même qui nous ressemblent ou qui étaient des nôtres, et ne sont plus des nôtres, qui tentent la conciliation de la conciliation de la conciliation. C’est peine perdue, leur entreprise est vouée à l’échec d’avance : bonum ex integra causa, malum ex quocumque defectu. Le bien procède d’une cause totalement bonne, intègre, le mal de n’importe quel défaut dans la cause.

Mais ici il s’agit d’un défaut essentiel, car c’est l’essentiel de la pensée libérale qui est totalement et radicalement contraire à la foi catholique. C’est la chose elle-même qu’on cherche à concilier qui est contraire. On ne peut pas faire un cercle carré. C’est impossible. On ne peut même pas le concevoir. C’est du bon sens. On peut demander à quelqu’un de Martigny si on peut aller en même temps à Rome, la Ville éternelle, et à Paris, la cité des Lumières. Demandez-lui si on peut prendre le même chemin pour arriver à ces deux termes ! En Espagne, on dit que cela revient à mettre un cierge à Dieu et un autre cierge au diable. Déjà l’apôtre saint Paul l’avait dit plus ou moins en ces termes : « Ne vous attachez pas avec les infidèles à un même joug ». (2, Cor. 6, 14). Car quelle société peut-il y avoir entre la justice et l’iniquité ? Quelle conciliation entre les lumières et les ténèbres ? Quel accord entre le Christ et le diable ? Entre le fidèle et l’infidèle ? Entre le Temple de Dieu et le temple des idoles ? Or, dit saint Paul, le temple de Dieu c’est l’Eglise. Alors quelle conciliation peut-il y avoir ? Aucune.

Si Mgr Lefebvre nous a signalé avec précision le mal, il nous a indiqué aussi avec précision et clairvoyance le remède. Il nous a signalé le remède : c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et c’est plus précisément le Christ Prêtre et le Christ Roi. Il n’y a pas de salut, il n’y a pas de rédemption possible, ni pour les individus ni pour les sociétés, en dehors du sacerdoce et en dehors de la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Car il accomplit sa mission et par son sacerdoce et par sa royauté. « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui été posé par la main de Dieu, le Christ Jésus », affirme saint Paul, (Cor. 3,11). Et saint Pierre dit dans le même sens : la pierre qui a été rejetée par les architectes, par les constructeurs est devenue la pierre d’angle. Car il n’y a pas de salut dans un camp autre, en personne d’autre si ce n’est en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et il n’y a pas d’autre nom sous les cieux par lequel les hommes puissent être sauvés que le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. (cf. Actes, IV, 11-12)

Lorsque saint Paul dans l’épître aux Ephésiens veut fonder notre espérance fermement, il nous rappelle comment Dieu le Père a déployé sa puissance et la puissance de sa force en ressuscitant Notre Seigneur des morts, en le faisant s’asseoir à sa droite et mettant sous son autorité toute principauté, toute autorité, toute domination, tout trône. Ainsi que tout ce qui peut se nommer en ce siècle et dans le siècle à venir. Dieu lui a tout soumis en ce siècle et dans le siècle à venir. Il l’a constitué Chef de l’Eglise qui est son corps. L’Eglise est la plénitude de Celui qui est tout en tous. Le Christ est tout en tous dans l’Eglise. Et Dieu lui a tout soumis. (cf. Eph. I, 20-23)

Dans l’épître aux Corinthiens l’apôtre est encore plus clair en disant qu’il lui a tout soumis, qu’il n’a rien laissé qui ne lui soit pas soumis. Il n’a rien laissé en dehors de son empire, de sa royauté, et donc oportet illum regnare, il faut qu’Il règne (cf. I Cor. XV, 25). C’est là qu’est l’idéal du prêtre, du sacerdoce : tout fonder en Notre-Seigneur Jésus-Christ, tout instaurer, tout restaurer dans le Christ, mais aussi tout réunir, tout récapituler, tout ordonner à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Tout est à vous, vous êtes au Christ, le Christ est à Dieu. Voilà le dessein de Dieu de toute éternité : tout restaurer, tout réunir dans le Christ. Et en dehors de son sacerdoce et de sa royauté, la vie de l’homme est un cauchemar sans issue. Nous le voyons bien dans la société dans laquelle nous vivons ; il n’y a ni vérité, ni vertu, et hélas ni salut, ni rédemption, ni justice. Tout cela nous vient par Notre Seigneur, par son sacerdoce, par sa royauté : Je suis la voie, la vérité et la vie. (Jean, 14, 6)

Et donc, chers confrères, chers ordinands, la vie du prêtre est justement de soumettre toute intelligence à Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la vérité, toute volonté à Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la vie, et d’offrir à tous les hommes la seule voie du salut qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. 

Pourquoi aller à Rome ?

Si les choses sont comme cela, quelqu’un pourrait me dire : mais alors pourquoi avoir des contacts avec ces gens-là, pourquoi aller à Rome ? Il semblerait que par principe il ne faille pas avoir de contacts, aucun contact avec eux. Eh bien ! C’est tout le contraire : par principe il faut que nous ayons des contacts et par principe il faut que nous allions à Rome. Ensuite évidemment c’est la prudence qui détermine les circonstances et qui détermine ce qu’il faut vraiment faire dans un cas concret. Mais, par principe, il faut y aller tout d’abord parce que nous sommes catholiques, apostoliques et romains. Ensuite si Rome est la tête et le cœur de l’Eglise catholique, nous savons que nécessairement la crise trouvera sa solution, la crise se résoudra à Rome et par Rome. En conséquence le peu de bien que nous ferons à Rome est beaucoup plus grand que beaucoup de bien que nous ferons ailleurs.

D’autre part, caritas Christi urget nos, la charité du Christ nous presse (2 Cor. 5,14). Il faut comprendre combien il est difficile de quitter l’erreur alors qu’on a vécu toute sa vie dans l’erreur. Il est extrêmement difficile d’avoir la lumière et la force pour rompre avec toute une série d’attaches d’ordre naturel, toute une vie vouée à cela, tout un enseignement avec la caution de l’autorité et les conséquences qui s’ensuivent. Reconnaissons que cela n’est pas facile, et ayons pitié. Car enfin ils ont besoin tout simplement de ce que nous avons déjà reçu gratuitement, la lumière et la grâce. Car qu’est-ce que nous avons que nous n’ayons reçu ? (1, Cor. 4, 7) Eh bien ! Eux, ils ont besoin tout simplement de recevoir ce que nous avons eu la grâce de recevoir par la miséricorde et la largesse de Dieu. La charité nous en fait un devoir.

Ceux qui s’opposent farouchement et par principe à tout contact avec les modernistes me rappellent un passage de l’Evangile. Lorsque Notre Seigneur n’a pas été reçu dans une ville, Jacques et Jean – les fils du tonnerre – lui proposent, s’Il le veut, de faire tomber le feu du ciel pour consumer cette ville. Et Notre Seigneur, indulgent, passe sur cet orgueil monumental mais naïf des apôtres – comme si Notre Seigneur avait besoin d’eux pour résoudre les problèmes ! –, et il leur répond : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. (cf. Luc 9, 51-56). Oui, ils n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit qui répand la charité dans les cœurs, et ils ne savaient pas de quel esprit ils étaient. Ils étaient tombés dans le zèle amer. 

Nous avons cru à la charité

Et quel est cet esprit ? C’est l’Esprit de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce n’est pas trop compliqué, il faut regarder comment Notre Seigneur a fait face à ses ennemis, à ses adversaires. Aussi bien saint Jean que saint Paul nous disent : c’est en cela que nous avons vraiment connu l’amour de Dieu, que le Père nous a aimés et le Christ a donné sa vie pour nous, alors que nous étions des pécheurs, alors que nous étions ses ennemis. C’est là surtout que se manifeste la charité de Dieu, et nous avons cru à cette charité. Alors nous devons faire de même. (cf.1 Jean, IV, 9-16 et Eph. II)

Comment cet amour de Notre Seigneur s’est-il manifesté ? Par la guerre, les anathèmes, les condamnations, ou en faisant tomber le feu du ciel ? Non ! Cette œuvre d’amour s’est accomplie par l’humilité, par l’humiliation, par l’obéissance, par la patience, par la souffrance, par la mort et en pardonnant encore à ses ennemis sur la Croix. Tout au long de sa vie Notre Seigneur a déployé tous les moyens possibles et raisonnables pour faire admettre la vérité par les pharisiens et pour leur offrir le salut et le pardon. Voilà tout simplement ce que nous devons suivre.

Je ne vois pas en quoi la fermeté doctrinale serait contraire à la souplesse, à l’ingéniosité, et même à la hardiesse de la charité. Je ne vois pas. Je ne sais pas en quoi l’intransigeance doctrinale serait contraire aux entrailles de la miséricorde, au zèle missionnaire et apostolique de la charité. On n’a pas à choisir : ou la foi ou la charité ; on doit embrasser les deux. Et encore sans la charité je ne suis rien même si j’ai une foi à déplacer les montagnes. Si je n’ai pas la charité je ne suis rien. Si je donne ma vie pour les pauvres et que je n’ai pas la charité, je ne suis rien. (cf. 1, Cor. 13, 3)

Relisez l’éloge de la charité par saint Paul dans son épître aux Corinthiens (cf. 1, Cor. 13), appliquez cela à la vie de Notre Seigneur, et vous saurez sans confusion possible quel est l’esprit catholique. La charité est patiente, la charité est bonne, elle n’est pas envieuse, la charité ne cherche pas son intérêt, elle ne tient pas compte du mal, elle rend le bien pour le mal, la charité excuse tout, croit tout, espère tout, souffre tout. Voilà comment nous pourrons vraiment coopérer à la restauration de la foi, à cette restauration de toutes choses dans le Christ. Et si le remède est dans le Christ, le sacerdoce et la royauté du Christ, ce remède passe nécessairement par le cœur de notre mère la Très Sainte Vierge Marie.

Notre Seigneur a été et sera toujours exclusivement le fruit de la Vierge Marie, du cœur de Marie. C’est elle qui est la mère du Christ, mère de Dieu, la mère de tous les hommes, la co-rédemptrice du genre humain, la médiatrice de toutes les grâces. Celle qui distribue et qui donne toutes les grâces. Elle est vraiment la reine de toute la création, reine du ciel et de la terre. Comme le dit saint Bernard, nous avons tout obtenu par la Vierge Marie, nous devons donc aller avec ferveur, dévotion et constance au cœur de Marie, afin d’obtenir les grâces qui nous sont nécessaires, et surtout cette vie forte dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. Car il nous faut aimer avec force.

Allons donc vraiment et souvent, par une dévotion vraie et intérieure, au cœur de Marie, à ce Trône de la grâce afin d’obtenir le secours nécessaire au temps opportun, afin d’être en dernière instance de vrais chrétiens et de vrais prêtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il. 

Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu.

(Transcription et intertitres DICI du 07/07/11)

27 juin 2011

[SPO] Un catéchisme traditionnel à Paris

SOURCE - SPO - 27 juin 2011
Pour beaucoup de parents, c’est un constat permanent. Si parfois les revendications liturgiques – en application du droit de l’Église – parviennent à se faire entendre, il est plus rare d’obtenir satisfaction en ce qui concerne l’au-delà de la messe : sacrement de confirmation, catéchisme, troupe scoute, etc.

Pour des parents, il est pourtant impossible d’envisager une vie chrétienne sans que leurs enfants reçoivent, non seulement la  vie liturgique selon les livres traditionnels, mais aussi l’enseignement doctrinal qui va avec. Pour certains pasteurs, c’est visiblement possible. C’est le cardinal Journet, je crois, qui affirmait que le néo-modernisme prenait les fidèles en tenailles entre les mâchoires d’une liturgie tronquée et celles d’un catéchisme mutilé. L’Action Familiale et scolaire avait naguère établi un document montrant que la néo-catéchèse était en lien direct avec la nouvelle liturgie. L’un n’allait pas sans l’autre.

Certes des efforts ont été fait ces dernières années, dans certaines paroisses. Mais les parcours catéchétiques restent en vigueur, les enseignements sont abandonnés entre les mains de « dames-caté » dont toute la formation est issue en droite ligne de l’hétérodoxie en vigueur depuis les années de l’après-concile. Bien sûr, ici ou là, des laïcs bien formés ont pu transmettre un excellent enseignement, jouant adroitement avec les portes laissées ouvertes par des curés débordés et peu enclins à s’occuper de la transmission de la foi auprès des plus jeunes. Mais dans l’ensemble, l’institution ecclésiale française est mal en point du point de vue de la formation catéchétique.

Aussi, si le motu proprio Summorum Pontificum doit s’appliquer dans les paroisses, il est vraiment à souhaiter que cette application ne se limitera pas à une messe dominicale (même s’il s’agit d’un premier pas), mais que la célébration de celle-ci s’accompagnera de tous les éléments des pédagogies traditionnelles dont le catéchisme traditionnel et le sacrement de confirmation.

En attendant, fort du constat que ce n’est pas encore le cas dans le diocèse de Paris, Emmanuel Delhoume vient d’annoncer sur son blog le lancement d’un catéchisme traditionnel à Paris à partir de la rentrée prochaine :
J’ai donc pris l’initiative de lancer un projet  pour l’est parisien particuliérement pour les familles du douzième arrondissement mais aussi du treizième et du vingtième. Un CATECHISME HEBDOMADAIRE  au coeur du douzième arrondissement  METRO DAUMESNIL par un prêtre d’un institut ECCLESIA DEI . il s’agit de préparer nos enfants aux sacrements et de les instuire des vérités de foi . C’est notre devoir de parents catholiques .

Il s’agit pour nos familles de vivre la vie de foi la proximité sans étre obligé de traverser la moitié de Paris .N’hésitez pas à faire connaitre ce projet autour de vous  , à prendre contact au 06 67 28 33 38  ou à écrire à edelhoume@voila.fr

25 juin 2011

[DICI] France : Lancement de « Missions », dans la droite ligne du P. Maximilien Kolbe

SOURCE - DICI - 25 juin 2011

Encouragée par la Fraternité Saint-Pie X, l’association Missions vient de voir le jour. Œuvre d’intérêt général régie par la loi de 1901, elle a pour objet de venir en aide aux prêtres amis qui la sollicitent. Son président, Marc Sillard, reconnaît que l’élément déclencheur de ce lancement a été une lettre de l’abbé Karl Stehlin, Supérieur de la Fraternité Saint-Pie X dans les pays d’Europe de l’Est : « …Merci de votre zèle pour l’Immaculée et le salut des âmes. Je ne peux que louer et bénir une telle initiative. Vous savez que nous avons toujours les poches affreusement vides suite au développement assez surprenant ici dans nos pays d’Europe de l’Est. Une chaîne de prières me parait extraordinairement utile et nécessaire… » Et Marc Sillard indique la filiation que son association revendique clairement : 
L’abbé Stehlin vient de publier en français son livre L’Immaculée, notre idéal qui résume les grandes pensées, la vie et l’action d’un des plus grands héros de la Sainte Eglise au XXe siècle : saint Maximilien Kolbe. Ce prédécesseur de la Tradition catholique a donné à l’Eglise un des plus puissants instruments pour convertir les infidèles et sanctifier les fidèles. Il nous montre dans la pratique le rôle extraordinaire de la Très Sainte Vierge Marie dans nos temps apocalyptiques.
Ce qui est vrai à Varsovie, Tallinn, ou Lviv, est vrai partout ailleurs où la Fraternité est en pleine expansion et où ses missions s’étoffent un peu partout, en Asie, en Amérique, en Afrique et en Océanie. C’est à nous, les fidèles, en tant que catholiques, de les soutenir au mieux et de faire notre devoir dans la mesure de nos moyens, assurant ainsi le relais de l’action de nos prêtres. Sinon, qu’aurons-nous à présenter à Notre Seigneur lorsqu’Il nous demandera : ‘Qu’as-tu fait du talent que Je t’avais confié ?’ ».
Sous la plume de Fabienne Monclar, on peut lire l’objectif enthousiasmant que le bulletin de la jeune association propose à ses adhérents : « Saint Maximilien Kolbe avait deux volets dans son entreprise : la prière et la presse. Alors que les chevaliers de l’apostolat étaient le bras armé de l’Immaculée pour vaincre l’hérésie, sans que nous le sussions, en priant le chapelet que nous demandait Mgr Fellay pour la conversion de la Russie, la Sainte Vierge avait décidé de notre rôle plus modeste, l’autre volet de l’entreprise de saint Maximilien : la presse. Autrefois, cela s’appelait “ les Annales pour la Propagation de la Foi’’. Nous apprîmes les miracles accomplis par les Chevaliers de l’Immaculée dans les pays de l’Est. Une obole inattendue mais conséquente, en Corée (pays dont la conversion miraculeuse a provoqué nombre de persécutions) que mon père, qui avait mis sa vie de soldat au service du Christ, avait contribué à délivrer, nous permet de démarrer cette petite feuille qui s’étoffera grâce à vous.
 
« Car c’est vous qui serez le 3e volet du dessein de Marie, en adhérant et en propageant cette feuille autour de vous. Saint Maximilien a commencé en 1921 en distribuant son journal dans la rue. En 1938, il diffusait à 1 million d’exemplaires. Nous n’avons malheureusement pas sa sainteté mais l’Espérance inébranlable que nous donnent la prière et le sourire de Marie, et nous pourrons être, avec vous, le petit bras armé de l’œuvre du Cœur Immaculé. Nous sommes trois, nous serons des milliers ! » 
Missions - 6, Parc de la Bérangère – F-92210 Saint-Cloud – Tél : 06 70 16 57 24 – Courriel : missions.assoc@gmail.com – Adhésion : 20 € (Source : Missions – DICI n° 237 du 25/06/11)

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Un choix d'avocats

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 25 juin 2011

Ce « Commentaire » ne s'occupe pas normalement de questions propres à son auteur, mais à la veille de son Appel qui doit s'entendre en Allemagne le 4 juillet, une contre-vérité circule qui a besoin d'être corrigée pour entre autres choses apaiser des anxiétés sans fondement. La contre-vérité, c'est que pour me défendre contre l'accusation d' « incitation raciale » que me porte l'Etat allemand, je veux que le tribunal examine la vérité ou fausseté historique de ce qui s'est passé dans cet épisode le plus controversé de toute l'histoire récente de l'Allemagne.

De fait, dès le moment où j'ai su que l'on pourrait m'accuser en Allemagne d'avoir commis, par certains propos que j'avais tenus aux journalistes suédois en novembre de 2008, cette  « incitation raciale », je me suis rendu compte aussi que si je tenais devant un tribunal allemand des propos pareils, je courrais le risque de me faire jeter séance tenante en prison. Tel est l'état actuel des lois allemandes et des tribunaux allemands. Or, je ne tiens pas spécialement à me faire orner de chaines, si je peux l'éviter.

Alors dès le début de l'« affaire Williamson » j'ai suivi le conseil de me faire défendre en faisant valoir que ces propos ne visaient aucun auditoire allemand, et donc la loi en question ne s'appliquait pas à mon cas. Ceci est évident si l'on regarde la dernière minute de l'extrait du film de l'interview faite par les Suédois qui est devenu célèbre sur YouTube. De plus, tout de suite après que la caméra eut cessé de tourner, je les ai abordés directement pour leur demander très sérieusement d'être « discrets » dans l'usage qu'ils feraient de cette dernière partie de l'interview. S'ils venaient à témoigner en Allemagne ils devraient admettre tout cela. Dans la mesure où on ne peut pas les y forcer, ils refusent de se rendre en Allemagne.

Et pourquoi ai-je changé si souvent d'avocat ?  A l'origine le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X a confié ma défense à l'avocat de la Maison Généralice, Me Maximilian Krah, qui a choisi à son tour un membre du parti anticatholique - hélas -- des « Verts » pour le remplacer, Me Lossmann. Celui-ci s'est acquitté de sa tâche consciencieusement mais peut-etre sans trop d'enthousiasme. Grâce à des amis, j'ai repéré un avocat enthousiaste et habitué à gagner des cas si délicats, Me Nahrath, mais Me Lossmann n'a pas voulu collaborer avec lui. Dans le besoin pressant d'un bon avocat, j'ai donné mandat à Me Nahrath.

Mais dès que le Supérieur Général eut été renseigné par ses adjoints de la position politique de Me Nahrath, il m'a ordonné de trouver encore quelqu'un d'autre. Sans doute croyait-il de bonne foi que toute association publique avec un « extrémiste de droite » ferait du tort à la Fraternité. Il a approuvé l'avocat suivant, l'honorable Dr. Norbert Wingerter, catholique conservateur de l'Eglise officielle. Étant sous la fausse impression, je ne sais comment, que je voulais engager le tribunal dans la question de la vérité ou fausseté de ces événements controversés de l'histoire allemande, c'est le Dr. Wingerter qui serait à la source, sans s'en rendre compte, de la contre-vérité qui circule. Heureusement le Supérieur Général avait déjà approuvé un cinquième avocat qui comprenait bien comment je voulais me faire défendre.

Chers lecteurs, si vous pensez que dans cet Appel il y va de quelque façon que ce soit des intérêts de Dieu - pas tous ne le pensent - dites d'ici le 4 juillet une prière pour mon avocat actuel qui travaille dur sur le cas depuis plusieurs mois, mais qui risque d'avoir à affronter une pression forte de la part de puissants ennemis de la Foi, et de leurs serviteurs.

Kyrie eleison.

24 juin 2011

[SPO] Mgr Fellay : des prières pour l’après-régularisation de la FSSPX

SOURCE - SPO - 24 juin 2011

Dans un article, qui ne manque pas d’humour, mais qui est très affectueux pour la FSSPX, le remarquablement bien renseigné blog italien Messainlatino fait remarquer que si la Fraternité dénonce les « contradictions » de Rome, ses propres discours ne sont pas toujours totalement exempts de contradictions.

Ses instances françaises n’ont-elles pas affirmé qu’aux États-Unis, Mgr Fellay « profita de son sermon aussi pour infirmer les rumeurs circulant d’un projet d’accord entre la Fraternité et Rome ».

Un démenti ? Hum ! En fait, DICI a ensuite publié le texte intégral du sermon prononcé à Winona, où il apparaissait que le supérieur général disait être invité à se rendre à Rome par le cardinal Levada (Messainlatino se dit même en mesure de préciser que la rencontre aura lieu le 14 septembre, qui est le 4ème anniversaire de l’entrée en vigueur du Motu Proprio, et que le supérieur général sera accompagné de ses deux assistants).

Puis Messainlatino s’amuse à relever le vrai démenti du faux démenti de Mgr Fellay, fait par Mgr Williamson, qui se répand en avertissements apocalyptiques contre les risques de l’Ordinariat proposé par le Pape à Mgr Fellay.

Au total, on sent que Messainlatino boit du petit lait : son article du 10 juin 2011 – publié alors que l’invitation du cardinal Levada était lancée –, article que nous avions reproduit (« Le moment décisif pour la Fraternité Saint Pie-X est imminent »), qui a fait le tour du monde, et a été présenté comme faisant de sensationnelles « révélations », se fondait tout simplement sur ce que tous les « milieux informés » disaient depuis des mois, à savoir que, lors de la fin des colloques doctrinaux, une solution canonique plus ou moins calquée (au moins pour l’appellation) sur celle taillée sur mesure pour les anglicans de retour, devait être proposée par le Pape à Mgr Fellay. Et tout cela devait mis en branle vers Pentecôte. Il fallait donc – et il faut donc – redoubler de prières.

Nous est-il permis d’ajouter à ce que dit le blog italien : pour faire pression sur Mgr Fellay, comme on l’en a accusé ? Pas le moins du monde, puisqu’il suffit désormais au supérieur général de la FSSPX d’attendre, du fait que ses « conditions » ont été remplies. Mais, de la même manière qu’il fallait prier avant le Motu Proprio, prier avant la levée des excommunications, prier avant l’Instruction sur le Motu Proprio, toutes décisions prises de longue date avant leur réalisation, il faut aujourd’hui exercer une pieuse pression du Peuple de Dieu afin que ceux qui ont décidé cette autre mesure libératrice dans la suite des précédentes parviennent à la mettre en pratique malgré toutes les oppositions, les pièges, les campagnes toutes prêtres.

« Pour conclure, ajoute Messainlatino, nous remercions vivement tous ceux qui dans le monde se sont joints à la neuvaine de prière au Saint-Esprit pour soutenir le Pape et Mgr Fellay dans cette période juin que nous savions être décisive. Nous comprenons aussi l’exigence pour Mgr Fellay, sous la forme diplomatique d’un apparent démenti (= rien encore de précis ne nous a été présenté), de tranquilliser les esprits, spécialement à l’intérieur de la Fraternité. Nous avons en outre beaucoup apprécié ce passage de son homélie à Winona : 'si un jour Rome régularise finalement notre situation canonique, le combat commencera' . Et nous nous unissons cordialement à son invitation de continuer à privilégie les moyens surnaturels de préférence aux moyens humains ».

On ne saurait mieux dire : la dernière campagne de rosaires lancées par Mgr Fellay visait déjà assurément cette perspective de l’après-régularisation. « Dans cette prière, avec cette chaîne de roses qui nous unit à la Très Sainte Vierge Marie, nous sommes certains d’être sous sa protection et de combattre le bon combat ici-bas, disait Mgr Bernard Fellay à Winona. Elle nous guidera, soyez sans crainte. La Bonne Mère ne va pas abandonner ses enfants, mais soyez généreux, très généreux dans ces prières. Nous n’attendons pas de bons fruits pour l’Église obtenus par de simples arrangements humains, nous espérons les obtenir par des moyens surnaturels, et précisément la prière est le plus puissant moyen que nous possédions ».

22 juin 2011

[Paix Liturgique] A Mende, le motu proprio à l'amende?

SOURCE - Paix Liturgique n°288 - 22 juin 2011

Notre enquête sur les diocèses interdits de Motu Proprio Summorum Pontificum comportera finalement cinq lettres et non quatre. Que les nombreux lecteurs qui nous ont signalé l'oubli du diocèse de Châlons-en-Champagne dans notre décompte initial soient remerciés de la lecture attentive qu'ils font de notre lettre !

Cette semaine, c'est sur le diocèse de Mende que nous nous arrêtons.

Correspondant aux limites géographiques du département de la Lozère, ce diocèse en sursis appartient à la province ecclésiastique de Montpellier. Pourquoi “en sursis” ? Tout simplement parce que ce diocèse rural, qui fut une terre de catholicité jusqu’à la fin des années 60, a été lourdement frappé par l’exode rural (il est le moins peuplé de France : 75 000 habitants pour à peine 60 000 catholiques). D’où le fait que la sécularisation et la crise du catholicisme y sont encore plus visibles qu’ailleurs : la pratique dominicale, semblable à ce qu’elle est dans toute la France (moins de 5% de la population), ne rassemble plus que quelques milliers de personnes, plutôt âgées. En outre, la politique de regroupement paroissial a été poussée à ses limites extrêmes par Mgr Jacolin, évêque du lieu depuis 2007 : depuis 2009, le diocèse ne compte plus que cinq paroisses ! Certes, le service du culte est encore assuré par une quarantaine de prêtres en activité. Mais ces prêtres, d'une moyenne d'âge élevée, ne sont en réalité que les derniers représentants d'un diocèse jadis très riche en vocations. Oui, malheureusement, Mende est bel et bien un diocèse en sursis, l'un de ces diocèses de France appelés à disparaître dans les temps qui viennent.

Le diocèse a pourtant une riche histoire. Placé sous le patronage de saint Privat, qui aurait été martyrisé en Gévaudan au IIIe siècle ; célèbre pour avoir eu pour évêque, à la fin du XIIIe siècle, le plus grand liturgiste du Moyen Âge, Guillaume Durand de Mende, le diocèse a longtemps fourmillé de vocations religieuses et missionnaires. Le site internet du diocèse rappelle d'ailleurs : “Au XIXe siècle, chaque année on pouvait compter 20 ordinations. Longtemps le diocèse de Mende a fourni des prêtres aux diocèses qui en manquaient."

Bien sûr, Mgr François Jacolin, appelé sur le siège épiscopal en janvier 2007 (1), n'est pas le responsable de cette situation de faillite mais il est dommage qu'il se soit résigné à s'en faire le liquidateur. Sur le plan liturgique, bien que la non-application du Motu Proprio dans le diocèse soit de sa responsabilité, on ne peut pas ne pas considérer l'héritage que lui a légué son prédécesseur, Mgr Le Gall.

Aujourd'hui archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall a en effet occupé le siège épiscopal de Mende de 2001 à 2006. Il était auparavant Père Abbé de Sainte-Anne de Kergonan (latin et grégorien, liturgie de Paul VI très digne), abbaye fille de Solesmes. Élevé à l’épiscopat – symboliquement sur le siège de Durand de Mende – pour contribuer à redresser la situation liturgique en France, Mgr Le Gall est rapidement devenu et est resté Président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle au sein de la Conférence des évêques de France. Mgr Le Gall passait pour un liturgiste précis et rigoureux, n’hésitant pas à critiquer le Centre National de Pastorale liturgique.

Longtemps homme de confiance du cardinal Arinze, lorsque ce dernier était Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, Mgr Le Gall aurait dû faire avancer la question de la révision des traductions liturgiques en langue française et participer à la suppression des abus les plus criants. Il n’en fut rien. Et dans son propre diocèse, à Mende, Mgr Le Gall n'a laissé aucune trace de restauration liturgique. Au contraire, souvenir cuisant pour le bénédictin solesmien, continue à circuler cette photo de danseuses folkloriques lors d'ordinations diaconales à la cathédrale en 2004 :



Dans la ligne de Solesmes, l'ancien Père Abbé de Kergonan a fait jadis le choix de ne pas soutenir la liturgie tridentine – à la différence d’une autre fille de Solesmes, l’abbaye de Fontgombault – et de se faire le champion de la célébration digne du missel de Paul VI. Comme beaucoup de ces interprètes traditionalisants de la liturgie rénovée, souvent proche de Solesmes eux aussi, Mgr Le Gall en a fait un absolu au point de nier toute place à la liturgie traditionnelle. En octobre 2006, à peine promu à l’archevêché de Toulouse, lors du cinquantenaire de l'Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris, il allait même jusqu'à exprimer sa crainte – tant à la tribune de l'événement que dans les colonnes du Figaro – qu'en “libéralisant l'ancien rituel, le Pape fasse naître un front de défiance, de tristesse et de découragement vis-à-vis du Saint-Siège”, espérant même que “toutes les réactions entendues en ce moment en France pourront amener Rome à moduler le texte en préparation”. (2).

Reconnaissons cependant que Mgr Le Gall a voulu insuffler un peu de vie à son diocèse en tentant d'y introduire des communautés nouvelles. Malheureusement, une arrière-garde de prêtres ultra conciliaires a tout fait pour décourager toute introduction de sang neuf. Par exemple, l'Ermitage de Saint-Privat, au dessus de la la ville de Mende et de la vallée du Lot, est laissé à l’abandon depuis peu : il aurait pu sans dommage pour personne accueillir une communauté nouvelle pour en assurer l’entretien des lieux, l’accueil et l’évangélisation. Mais le choix des conseillers de l’évêque a été de le fermer.

En arrivant dans le diocèse en 2007, Mgr Jacolin recueillit donc cet héritage peu propice à l'accueil du texte libérateur de Benoît XVI.

UN ÉVÊQUE SANS AUTORITÉ ?

Pour mieux apprécier la situation difficile des fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain dans le diocèse de Mende, il faut avoir à l'esprit qu'aucune messe traditionnelle n'y est célébrée, pas même par la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, et que le diocèse voisin de Viviers est, lui aussi, vierge de toute célébration Summorum Pontificum.

A) Mende

En janvier 2008, Paix Liturgique relayait l'annonce de la création d'un groupe de demandeurs à Mende. À l'été 2010, voici comment Le Baptistère, bulletin d’information et de formation des catholiques attachés à la Messe de Saint Pie V et au successeur de Pierre, dans son numéro 52, rendait compte du sort réservé à cette demande : “Le cas le plus cocasse est certainement celui de Mende (Lozère)… Une demande a été effectuée par un petit groupe de fidèles, que le diocèse a acceptée… mais la messe dans la forme extraordinaire n’a jamais été célébrée depuis 2 ans faute de célébrant. Entre temps, le groupe de fidèles s’éparpille… et il est fort à parier qu’il ne restera plus grand-chose, dans un diocèse où les paroisses sont déjà bien clairsemées faute de fidèles.”

En fait, le groupe de demandeurs a résisté, de nouveaux fidèles motivés suppléant les anciens découragés par les atermoiements ecclésiastiques. Les témoignages que nous avons recueilli confirment tous que l'évêque a bien donné son accord, proposant même une chapelle de la cathédrale pour la célébration, mais sans être capable de trouver un prêtre disposé à officier. Faute de prêtre diocésain idoine, rappelons à Monseigneur Jacolin qu'il a toute liberté pour faire appel à un institut Ecclesia Dei, comme le rappelle l'instruction Universæ Ecclesiæ dans son article 22.

B) Marvejols

Et oui, nous avons connaissance de deux demandes dans le moins peuplé des diocèses de France ! C'est, encore une fois, la preuve qu'il y a partout des fidèles désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain. Même dans le Gévaudan...

Le 6 février 2009, nous annoncions dans notre lettre 164 la première célébration d'une messe à Marvejols pour le dimanche 15 février à 16h30. Il faut dire qu'un groupe d'une vingtaine de demandeurs s'était constitué ce qui, dans une ville de 5000 habitants, n'est pas anecdotique. Hélas, le 12 février, dans notre lettre 165, nous devions publier les lignes suivantes : “La première messe selon la forme extraordinaire du rite romain annoncée pour le dimanche 15 février 2009 à 16h30 à l'église de Marvejols n'aura pas lieu. Elle est reportée à une date ultérieure.” Plus de deux ans après, les demandeurs de Marvejols attendent toujours cette première messe...

En fait, ce qui s'est passé à Marvejols est trop similaire à ce qui se passe à Mende pour que ce soit tout à fait fortuit. Car c'est le prêtre devant officier qui a fait capoter la célébration, sous la pression de ses confrères, prenant prétexte de la levée des excommunications frappant les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Il voulait, a-t-il alors expliqué aux demandeurs, "éviter tout amalgame”.

Bref, à Marvejols comme à Mende, les prêtres résistent à leur évêque.

Malheureusement pour les fidèles de Lozère, ils semblent avoir hérité du seul évêque qui rechigne à user de son autorité ! Reste que le résultat à Mende est similaire à celui obtenu dans les diocèses dirigés par les évêques qui en abusent : dans tous ces cas, la volonté du pape n'est pas exaucée.

(1) De formation littéraire, Mgr Jacolin est entré au séminaire français de Rome dans les années 70 et a été formé en théologie à l'université grégorienne. Ordonné prêtre le 4 avril 1982, il a effectué tout son parcours sacerdotal au sein du diocèse de Châteauroux avant sa nomination à Mende par Benoît XVI.

(2) Article du figaro.fr, le 27 octobre 2006.

[SPO] Ordinations à l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre

SOURCE - SPO - 22 juin 2011
Cette année, son Éminence le cardinal Raymond Leo Burke, préfet de la Signature apostolique, ordonnera quatre abbés de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (ICRSP) dont trois français et un italien. Il s’agit de:

– L’Abbé Matthieu Thermed (France)
– L’Abbé Bertrand Bergerot (France)
– L’Abbé Brieuc de La Brosse (France)
– Et de l’ Abbé Federico Pozza (Italie).

Ce dernier est l’un des rares Italiens à appartenir à l’ICRSP et occupe une fonction importante au sein du séminaire de Grécigliano en s’occupant du secrétariat italien. Juriste de formation, particulièrement fin et cultivé – il parle un français remarquable et connaît parfaitement l’histoire de notre pays – il a déjà guidé plusieurs personnalités françaises à travers Florence et les villes environnantes.

Le séminaire Saint-Philippe Néri de Gricigliano accueille aujourd’hui  80 séminaristes.

On pourra lire ICI l’appel des prochains ordonnés.

21 juin 2011

[SPO] Les discussions entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X ne sont pas un échec

SOURCE - SPO - 21 juin 2011

C’est ce qu’affirme une dépêche de l’agence de presse catholique I.Media en date du 20 juin :
Il est trop tôt pour dire que les discussions doctrinales avec la Fraternité Saint-Pie X sont un échec, affirme Rome.
Les rencontres de la Commission de dialogue doctrinal entre l’Eglise catholique et la Fraternité Saint-Pie X sont désormais achevées, a appris I.MEDIA. Si plusieurs sources romaines concordantes évoquent l’échec de ces discussions doctrinales entre Rome et les Lefebvristes, des sources proches du dossier affirment en revanche qu’il est “trop tôt“ pour le dire et annoncent une prochaine rencontre entre les responsables de deux parties pour évaluer ces 2 années de travail, une rencontre qui pourrait avoir lieu mi-septembre.
“Les discussions ne sont pas formellement terminées“, a expliqué à I.MEDIA une source autorisée, proche du dossier, précisant que si “la phase de la disputatio est bel et bien terminée“, celle-ci nécessite encore une “évaluation des deux parties“. Dans ce sens, confie-t-on à Rome, “il est trop tôt pour dire qu’il s’agit d’un échec, comme il est trop tôt pour dire que ces discussions ont réussi“.
En vue d’évaluer la portée des discussions entamées en octobre 2009, une réunion aura lieu “dans les prochains mois au niveau des responsables de la Fraternité Saint-Pie X et de la Congrégation pour la doctrine de la foi“, explique-t-on encore côté romain, avant que les résultats ne soient communiqués à Benoît XVI.
Le 18 juin dernier, alors qu’il célébrait l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire de Winona (Etats-Unis), le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X a indiqué qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au milieu du mois de septembre prochain.
Dans une longue homélie, Mgr Bernard Fellay a également eu des propos durs au sujet de Rome, évoquant en particulier les “messages contradictoires“ du siège de l’Eglise catholique, une Eglise “pleine d’hérésies“, et fustigeant tout particulièrement la Secrétairerie d’Etat.
Si les deux parties avaient promis de garder le silence sur les discussions en cours depuis près de deux ans, il n’en reste pas moins vrai que certaines voix, côté romain, n’hésitent à évoquer un “échec“ au terme des rencontres entre théologiens. Il semble en outre que certaines déclarations récentes des responsables de la Fraternité Saint-Pie X aient rendu les rapports plus tendus : des prises de position concernant la béatification de Jean-Paul II (1978-2005), le 1er mai dernier, ou encore la rencontre interreligieuse d’Assise (Italie), convoquée par Benoît XVI en octobre prochain.
Les discussions doctrinales, à huis clos, entre des théologiens catholiques mandatés par Benoît XVI et les représentants de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, avaient débuté le 26 octobre 2009 au siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui abrite les locaux de la Commission pontificale Ecclesia Dei. Dès l’origine, ces discussions devaient porter sur le concept de Tradition, le Missel de Paul VI, l’interprétation du Concile Vatican II (1962-1965), mais aussi sur l’unité de l’Eglise et les principes catholiques de l’œcuménisme, sur le rapport entre le christianisme et les religions non chrétiennes et, enfin, sur la liberté religieuse. AMI
Par ailleurs, le site du district allemand de la Fraternité Saint-Pie X est allé en quelque sorte plus loin en évoquant d’éventuels accords :
« Même s’il devait y avoir un statut écclésial pour la FSSPX, ce qui naturellement est très souhaitable, cela ne signifierait pas que les évêques résidentiels l’accepteraient aussi. »

[SPO] En Italie, le Concile est vraiment en débat

SOURCE - SPO - 21 juin 2011

Posté par summorum-pontificum dans Enquête et analyse le 06 21st, 2011 | pas de réponse
Sur Chiesa, Sandro Magister vient de publier une lettre très intéressante d’Enrico Morini sur la question de l’herméneutique du Concile Vatican II. Qui est Enrico Morini ? Sandro Magister le présente ainsi :
Son auteur est le professeur Enrico Morini, un historien qui enseigne à l’université de Bologne, ville qui a donné son nom à l’ »école » qui représente la pointe la plus avancée, du point de vue progressiste, de l’interprétation du concile Vatican II comme « rupture » par rapport à une partie de la tradition.
Morini est un disciple du moine Giuseppe Dossetti (1913-1996), fondateur de cette « école » connue dans le monde entier principalement à cause de sa monumentale histoire de Vatican II traduite en plusieurs langues, mais également acteur influent de ce même concile.
(…)
Le professeur Morini, 64 ans, est un spécialiste du christianisme oriental. Il enseigne l’histoire de l’Église orthodoxe à l’université d’état de Bologne et à la faculté de théologie d’Émilie-Romagne. Il est diacre et préside la commission du diocèse de Bologne pour l’œcuménisme.
Enthousiaste par rapport au Concile Vatican II, plus réservé au sujet de l’après-concile – qu’il présente comme « le plus grand ennemi du concile » – Morini soutient la thèse que le Concile a bien rompu avec une partie de l’enseignement de l’Église héritée du deuxième millénaire, « et en particulier avec le modèle occidental d’Église et de papauté produit par le concile de Trente et, avant cela, par la réforme grégorienne du XIe siècle », en vue de revenir aux origines :
Cette reprise de la tradition du premier millénaire par l’Église catholique a comporté de fait une rupture implicite – pardon pour la schématisation excessive – avec la tradition catholique du deuxième millénaire. Selon moi, il n’est pas vrai qu’il n’y ait pas de ruptures dans la tradition de l’Église. Il y avait déjà eu un hiatus, précisément lors du passage du premier au deuxième millénaire, avec le changement créé par les réformateurs “alsaciens-lorrains” (ce qu’étaient le pape Léon IX et deux des trois légats envoyés à Constantinople en la fatidique année 1054, le cardinal Humbert et Étienne de Lorraine, futur pape), par ce que l’on appelle la réforme “grégorienne”, par une approche éminemment philosophique des vérités théologiques et par l’intérêt débordant pour la canonistique (déjà déplorée par Dante Alighieri), au détriment de la Sainte Écriture et des Pères, propres à la pleine période médiévale. Sans parler, à une époque plus tardive, de la Réforme tridentine, avec sa dogmatisation rigide – allant même au-delà des présupposés de l’Église médiévale – ni de la “confiscation” de la Sainte Écriture aux simples fidèles, jusqu’à l’apothéose de la “monarchie” pontificale avec Vatican I, reléguant encore plus à l’arrière-plan l’image de l’Église non divisée du premier millénaire. Il ne faut pas s’en étonner : c’est justement parce que l’Église est un organisme vivant que sa tradition est sujette à une évolution, mais aussi à des régressions.
Que ce retour ait vraiment été l’intention la plus profonde de Vatican II, on peut s’en rendre compte à travers deux exemples. Le plus immédiat se situe dans le domaine ecclésiologique, domaine dans lequel l’enseignement du concile en matière de collégialité épiscopale est sans équivoque. Or la collégialité des évêques est précisément un trait caractéristique de l’ecclésiologie du premier millénaire, y compris en Occident, où elle était parfaitement associée à la primauté romaine. Un fait est révélateur : au cours du premier millénaire, toutes les déclarations dogmatiques romaines que les légats pontificaux portaient en Orient aux conciles œcuméniques – relatives aux questions débattues à ces conciles – étaient précédées d’une déclaration synodale de tous les évêques relevant de la juridiction supra-épiscopale de Rome. S’il est vrai que le plus grand ennemi du concile a été l’après-concile – avec la fuite en avant de certains pasteurs d’âmes et de certains groupes de fidèles qui, au nom de “l’esprit du concile”, ont introduit des pratiques subversives précisément en ce qui concerne la tradition de l’Église avant ses divisions ou qui tout du moins en demandent l’introduction avec insistance – je crois pouvoir affirmer que c’est précisément le contraire qui s’est produit en matière d’ecclésiologie : les règles d’application ont été gravement réductrices par rapport aux délibérations conciliaires, dans la mesure où le caractère purement consultatif attribué au synode des évêques ne tire pas de l’enseignement de Vatican II toutes les conséquences qu’il devrait en matière de collégialité épiscopale. Et puis – toujours pour rester dans le domaine de la structure de l’Église – le rétablissement du diaconat comme degré permanent du sacrement de l’ordre n’a-t-il pas été, lui aussi, un retour à la tradition du premier millénaire ?
Morini estime également qu’un deuxième élément de rupture se trouve dans la réforme liturgique :
Dans ce cas aussi, il y a eu une rupture évidente avec la liturgie préconciliaire – qui était notoirement une création tridentine, avec des interventions ultérieures – mais précisément dans le but de retrouver la grande tradition du premier millénaire, celui de l’Église d’avant les divisions. Peut-être ne sommes-nous pas conscients que le nouveau missel qui fait l’objet de critiques contient une fantastique reprise d’oraisons tirées des sacramentaires les plus anciens – remontant justement au premier millénaire –  le léonien, le gélasien et le grégorien, ainsi que, pour l’Avent, du patrimoine eucologique de l’antique Rouleau de Ravenne, trésors qui sont restés en grande partie en dehors du missel tridentin. On peut en dire autant à propos de la reprise, dans le cadre d’une opportune pluralité de prières eucharistiques, de l’antique anaphore d’Hippolyte et d’autres tirées de la tradition hispanique. En ce sens, le missel “conciliaire” est bien plus “traditionnel” que le précédent.
Ce faisant, il reproche à l’après-concile d’avoir estompé la continuité avec le premier millénaire contenue dans le nouveau missel par ce qu’il nomme au niveau de la base le « spontanéisme liturgique désordonné » et au niveau de l’autorité compétente en promulguant des
« textes créés pour l’occasion – concernant de nouvelles anaphores et de nouvelles collectes – visiblement étrangers, par leur langage aventureusement contemporain et existentiel de façon moderne, au style eucologique du premier millénaire, profondément inspiré par la pensée et par la terminologie des Pères. »
Il se montre ainsi favorable à Summorum Pontificum car celui-ci introduit ou plus exactement réintroduit à sa manière, qui n’est plus géographique mais « vieux-ritualiste » la pluralité liturgique propre au premier millénaire. Sur ce point, il me semble fort proche de la pensée de Joseph Ratzinger.
Cette position étant exprimée, Morini n’en défend pas moins la vision de l’école de Bologne qui consiste à continuer à prendre des décisions dans l’Église dans l’esprit du Concile :
En revanche j’ai la sensation d’avoir en commun avec l’“école de Bologne” la possibilité, ou plutôt l’opportunité, d’une lecture « augmentative » du concile, cohérente avec les principes qui l’ont inspiré (l’expression est d’Alberto Melloni), qui permet, ou plutôt qui suggère, au magistère suprême de prendre aujourd’hui des décisions que Vatican II, dans le climat historique de l’époque, n’avait pas pu prendre en considération. Ce principe inspirateur – dans ce que je considère comme l’herméneutique correcte du concile – c’est précisément la reprise de la tradition du premier millénaire, comme l’a souligné implicitement le cardinal Ratzinger lorsqu’il a écrit – dans un texte qui n’a jamais été explicitement contredit par le pape actuel – qu’il ne faut rien imposer de plus aux orthodoxes, dans la physionomie d’une Église finalement réunifiée, que ce à quoi ils croyaient pendant le premier millénaire de communion.
C’est pourquoi il n’est absolument pas dans “l’esprit du concile” d’introduire dans l’Église des innovations inconsidérées, en matière de doctrine et de pratique théologique, comme le seraient le sacerdoce des femmes ou encore des développements aberrants dans les domaines de l’éthique et de la bioéthique. En revanche, il serait parfaitement dans “l’esprit du concile” – je dis encore cela à titre d’exemple – d’éliminer du « Credo » l’adjonction unilatérale, injustifiée et offensante du « Filioque » (sans que cela implique une négation de la doctrine traditionnelle des Pères latins – eux aussi du premier millénaire – relative au fait que le Saint-Esprit procède aussi du Fils, comme d’un unique principe avec le Père).
Même si l’on ne partage pas nombre des considérations émises par Enrico Morini, ce texte publié par Sandro Magister est intéressant à lire. Il montre notamment :
1°) que la question de l’herméneutique du Concile n’est pas aussi simple que l’on pourrait le croire et qu’elle est insuffisante en soi pour régler les problèmes de l’Église dans les prochaines années ;
2°) que, en gros, pour une grande partie des historiens du Concile, de droite comme de gauche pour faire court, la rupture du concile avec l’enseignement précédent est une évidence et que seul le jugement appréciatif sur cette rupture diffère ;
3°) que les lignes sur la question liturgique ne sont pas toujours aussi tranchées en Italie qu’en France ;
4°) que le débat sur le Concile est possible, naturel alors qu’une chape de plomb existe toujours en France à ce sujet.
Dans notre pays, ce n’est pas simplement l’application et même la réception de Summorum Pontificum qui posent difficulté, c’est aussi la simple possibilité d’un débat sur le Concile Vatican II. L’Italie n’a pas ces pudeurs ou ces faux rapports à l’autorité. Espérons que ce vent de liberté souffle jusqu’aux portes de l’Église de France.

[Abbé Guillaume de Tanoüarn - MetaBlog] "...des critiques grincheux de Jean Borella, en particulier dans le monde traditionaliste..."

SOURCE - Abbé Guillaume de Tanoüarn - MetaBlog - 21 juin 2011

C'est un des grands penseurs catholiques d'aujourd'hui que nous accueillons ce soir, mardi au Centre Saint Paul. Jean Borella a un long itinéraire intellectuel, commencé dans les parages de Frithjof Schuon et qui se conclut dans la magnificence de l'orthodoxie catholique intégralement et tranquillement assumée.

Il y a des critiques grincheux de Jean Borella, en particulier dans le monde traditionaliste. L'abbé Coache en fit partie. C'est un des premiers souvenirs de ma vie intellectuelle. Je lisais Borella dans La Pensée catholique de l'abbé Luc Lefèvre. Et voilà que l'ancien curé de Montjavoux partit en guerre contre ce pelé, ce galeux, ce gnostique dont vient tout le mal.

Je me souviens d'une phrase de Borella dans La charité profanée, sur laquelle l'abbé Coache avait achoppé : "Le trisagion sacré monte vers la théarchie suressentielle".

Pour Coache, c'était clair : trisagion = Trinité. Théarchie suressentielle = Hypertheos gnostique. Pour Borella, il y avait un Dieu au dessus de la Trinité. J'ai d'abord été assomé par tant de certitude. Puis... à l'époque du haut de mes vingt ans, dans mon loden beige, j'ai eu comme un doute et j'ai pris un dictionnaire. Trisagion : est-ce la Trinité ? comme le prétend l'abbé C. Y a-t-il deux Dieux pour Borella ? Dans le Larousse de l'époque, trisagion était référencé. On nous apprenait qu'il s'agissait du Sanctus, le chant au Dieu trois fois saint. Borella était lyrique en évoquant le Sanctus en grec mais certainement pas hérétique. Quant à Coache... il était au moins léger dans cette affaire, qui pouvait bien relever de la diffamation. J'étais jeune à l'époque. Je crois que c'est cette petite méprise, orchestrée avec tant d'assurance et sur laquelle l'abbé Coache n'a jamais voulu revenir, qui m'a fait mépriser l'intégrisme. Pour toujours.

Je suis heureux de recevoir Jean Borella. Autant que je connaisse sa pensée, il s'est beaucoup rapproché du néothomisme, qu'il interprète avec toute la rigueur d'un philosophe de profession, en lui donnant son aura mystique - préeckhartienne. Hum ! Cajétan et moi, ce n'est pas notre tasse de thé, cette analogie d'attribution extrinsèque (ou quelque chose ainsi) que défend Borella (dans son livre Penser l'analogie). Borella, ce faisant, a avec lui toute l'Ecole néothomiste - Geiger, Fabro et bien sûr Gilson. Et je crois être l'un des rares apprentis théologiens à en tenir de mon côté non pour l'analogie d'attribution, mais pour l'analogie de proportionnalité. Aussi bien j'écouterai Jean Borella avec attention.

D'autant que son sujet ne sera pas l'analogie, mais la gnose. Le christianisme est-il une connaissance ? Un certain "christianisme pratique" dit aussi "christianisme progressif" qui sévit depuis le début du siècle vingtième, prétend qu'il n'y a aucune connaissance dans le christianisme. La révolution culturelle de l'Après concile a largement suivi cette piste, avec les résultats que l'on sait. Jean Borella a appelé cette situation : la charité profanée.

J'oubliais de dire que Jean Borella m'a fasciné par son éloquence, son aisance, sa puissance de conviction et de pensée lors du premier colloque de l'Institut Saint Pie X, où il était invité. Je crois que ce soir je serai encore ébloui. Et je souhaite à beaucoup de liseurs cet éblouissement là !

20 juin 2011

[APIC] Rome: Les discussions doctrinales avec la Fraternité Saint-Pie X sont terminées - Le bilan en septembre

SOURCE - Apic - mis en ligne sur fecit - 20 juin 2011

Rome, 20 juin 2011 (Apic) Les rencontres de la Commission de dialogue doctrinal entre l’Eglise catholique et la Fraternité Saint-Pie X se sont achevées, indique l’agence I.MEDIA. Si plusieurs sources romaines évoquent l’échec des discussions doctrinales entre Rome et les Lefebvristes, des sources proches du dossier affirment en revanche qu’il est trop tôt pour le dire et annoncent une prochaine rencontre entre les responsables de deux parties pour évaluer ces deux années de travail, une rencontre qui pourrait avoir lieu mi-septembre.

"Les discussions ne sont pas formellement terminées", a expliqué à I.MEDIA une source autorisée, proche du dossier, précisant que si la phase de la disputatio est bel et bien terminée, celle-ci nécessite encore une évaluation des deux parties. Dans ce sens, confie-t-on à Rome, "il est trop tôt pour dire qu’il s’agit d’un échec, comme il est trop tôt pour dire que ces discussions ont réussi".

En vue d’évaluer la portée des discussions entamées en octobre 2009, une réunion aura lieu "dans les prochains mois au niveau des responsables de la Fraternité Saint-Pie X et de la Congrégation pour la doctrine de la foi", explique-t-on côté romain, avant que les résultats ne soient communiqués à Benoît XVI.

"Eglise pleine d’hérésies"

Le 18 juin dernier, alors qu’il célébrait l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire de Winona (Etats-Unis), le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X a indiqué qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au milieu du mois de septembre prochain. Dans une longue homélie, Mgr Bernard Fellay a également eu des propos durs au sujet de Rome, évoquant en particulier les "messages contradictoires" du siège de l’Eglise catholique, une "Eglise pleine d’hérésies", et fustigeant tout particulièrement la Secrétairerie d’Etat.

Après deux ans, l’échec?

Si les deux parties avaient promis de garder le silence sur les discussions en cours depuis près de deux ans, il n’en reste pas moins vrai que certaines voix, côté romain, n’hésitent à évoquer un échec au terme des rencontres entre théologiens. Il semble en outre que certaines déclarations récentes des responsables de la Fraternité Saint-Pie X aient rendu les rapports plus tendus: des prises de position concernant la béatification de Jean-Paul II, le 1er mai dernier, ou encore la rencontre interreligieuse d’Assise, convoquée par Benoît XVI en octobre prochain.

Les discussions doctrinales, à huis clos, entre des théologiens catholiques mandatés par Benoît XVI et les représentants de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, avaient débuté le 26 octobre 2009 au siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui abrite les locaux de la Commission pontificale Ecclesia Dei. Dès l’origine, ces discussions devaient porter sur le concept de Tradition, le Missel de Paul VI, l’interprétation du Concile Vatican II (1962-1965), mais aussi sur l’unité de l’Eglise et les principes catholiques de l’œcuménisme, sur le rapport entre le christianisme et les religions non chrétiennes et, enfin, sur la liberté religieuse.

Source : APIC

[Ennemond - Fecit] Le succès des discussions doctrinales

SOURCE - Ennemond - Fecit - 20 juin 2011

Ces derniers temps, c'est le sauve-qui-peut sur la toile tradilandaise. Les informations fusent, se suivent, et finalement c'est toujours la même chose : Les coups de bluff tentent de sonder les reins et les coeurs... Et on a droit aux mêmes ritournelles : "la balle est dans le camp de la FSSPX" - "l'histoire ne repassera pas les plats" - "C'est le choix décisif pour Ecône" - "l'heure de vérité est arrivé". Et puis, le coup de théâtre passé parce que le temps de l'Eglise n'est pas celui du net, tout redevient comme avant. Ceux qui, parce que leurs familles sont divisées, parce que leurs coeurs sont un peu usés, voulant à tout prix une régularité canonique réconfortante, essayent de mettre le paquet sur la communication. Ils n'entendent pas ces responsables Ecclesia Dei qui, en catimini, à la fin d'un dîner, disent à qui veut l'entendre : pourvu que la Fraternité ne signe pas !
Et on les comprend, la situation des prêtres Ecclesia Dei donne bien des arguments aux prêtres les plus frileux de la Fraternité pour inviter à la prudence pour ne pas se fondre dans le marasme oecuménique qui veut faire entrer dans une Eglise sans limite des Anglicans aux côtés de Hans Kung  et de Bernard Fellay. Parmi tous ceux qui ont régularisé leur situation, une moitié a sombré dans le biritualisme. Même Mgr Rifan, qui aurait pu devenir l'évêque du monde traditionaliste régularisé est boudé par les siens, à force de concélébrations... Quant à ceux qui ont résisté dans des situations parfois délicates, ils sont pourchassés de bien des diocèses où seule l'oeuvre de Mgr Lefebvre a droit de cité, par la force des choses.
Et, en même temps, force est de constater que la politique de Mgr Fellay est payante et gagnante. Les préalables sont accordés : en 2007 puis en 2009. Les discussions doctrinales atteignent certainement un but escompté. Oui, nous ne louchons pas. Tout le monde a bien vu que l'épiscopat français restait ce qu'il était. Mais le monopole de Vatican II a vécu. Désormais, par l'exigence de Menzingen, accordée par le pape Benoît XVI, le monolithe est brisé. Une fois que les discussions doctrinales ont été lancées, les failles se sont multipliées. Elles s'appellent Gherardini, De Mattei, Schneider, Radaelli. Toutes ces voix auraient été étouffées jadis. Elles sont désormais portées par l'ouverture de discussions qui ont joué l'appel de l'air dans l'Eglise et ont laissé une belle et vraie leçon au monde catholique : le Concile est discutable.  Même la thèse Valuet n'y fait rien. D'autres leçons viendront ensuite.
La Fraternité attendra-t-elle que les trois nappes soient revenues sur tous les autels du monde ? Exigera-t-elle de manière absolue que l'Eglise toute entière soit devenue ce qu'est aujourd'hui le petit monde de la FSSPX ? Allons donc ! Ouvrons les yeux. Mgr Fellay avait demandé qu'un coup de barre soit donné en faveur de la Tradition catholique. Considérons qu'une lutte acharnée se joue, même à Rome, et que cette tradition doit encore être clairement retrouvée au sein de ce brouillard. Certains, se croyant sans doute investis d'une mission divine, se diront que la Fraternité a raté le coche. D'autres diront qu'elle trahit sa mission. Ce fut ainsi depuis des années et des années. Que la FSSPX ait dix ans d'avance ou dix ans de retard importe finalement peu. Qu'elle défende la foi, voilà l'important. Et c'est pour cela qu'elle reste ce fer de lance de la résistance catholique.
Pendant ce temps, les blogs redoublent d'imagination sur le net. Mgr Fellay promet de tenir informés les fidèles sur ce qui sera promis par Rome (pour l'instant absolument rien n'est proposé) et Messa in latino affirme que de belles structures sont offertes, laissant imprudemment les blogs du monde entier dire que la balle est dans le camp de la Fraternité... Aux Etats-Unis, Rorate caeli présente le supérieur du district de France comme un hardliner "ligne dure" de la FSSPX. Le connaissent-ils vraiment ?
On ne peut qu'être invités à mépriser ces sons divergents et à recourir à la seule issue, issue surnaturelle : Depuis Pâques, Mgr Fellay nous invite à ne négliger aucune prière, et surtout aucun sacrifice pour obtenir les grâces de retour des autorités de l'Eglise à la Tradition de l'Eglise. Le reste (que ce soient les plans sur la comète ou les retournements à la Dallas), est tout simplement grotesque.