31 août 2011

[Paix Liturgique] Viviers (2) : les fausses promesses de Mgr Blondel, discrte émule de Mgr Rouet, au sujet de la célébration de la forme extraordinaire dans son diocèse

SOURCE - Paix Liturgique n°297 - 31 août 2011

Dans le cadre de notre série d’enquêtes sur les diocèses totalement privés de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, nous nous sommes penchés dans notre lettre 292 sur le cas du diocèse de Viviers. Nous avons à cette occasion parcouru l’historique de la liturgie traditionnelle en Ardèche et souligné sa complète disparition depuis l’arrivée à la tête du diocèse de l’actuel évêque, Mgr François Blondel.

Nous vous révélons aujourd’hui, document à l’appui, le sort réservé par celui-ci à l’application du Motu Proprio.

I – La demande diocésaine

À l’origine de la demande dans le diocèse de Viviers, il y a plusieurs familles qui, après avoir essuyé des fins de non-recevoir dans leurs paroisses respectives, ont décidé de se concentrer sur une demande unique.

Les représentants de cette demande, MM. Jacques Reboul et Philippe Brun, après avoir rencontré le curé de Largentière, l’abbé Nougier, ont écrit à Mgr Blondel pour lui demander de bénéficier des bienfaits du Motu Proprio Summorum Pontificum. Ce courrier, rédigé en octobre 2010, a reçu, dès novembre de la même année, une réponse de l’évêque. Cette réponse rapide – un point au crédit de Mgr Blondel – , nous vous la faisons découvrir ci-dessous, accompagnée de nos commentaires, tant elle est symbolique de l’état d’esprit de certains de nos prélats pour qui la générosité est non seulement limitée mais aussi rétractable !

II – La réponse de Mgr Blondel

Viviers, le 19 novembre 2010

Messieurs,

Monsieur l’Abbé Henri Meissat, Vicaire Épiscopal, et Monsieur l’Abbé Bernard Nougier, curé de la paroisse St Joseph en Pays de Ligne, m’ont remis de votre part en date du 14 octobre 2010 la demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum.

Ils m’ont apporté témoignage de l’état d’esprit qui était le vôtre au cours de la réunion qu’i1s avaient eue avec vous et de l’assurance que vous leur aviez donnée d’agir au nom d’un groupe stable.

J’ai donc pris en compte votre demande. Voici ce que je compte organiser pour y répondre.

Le célébrant que je désigne est Monsieur l’Abbé Henri Goin, ancien curé de la Cathédrale, ayant actuellement une responsabilité aux archives diocésaines et qui est un très bon latiniste.

Avec l’accord du curé de la paroisse Charles de Foucauld Le Teil/Viviers, l’église sera l’église Saint-Laurent à Viviers.

Le premier samedi de chaque mois y sera célébrée la messe selon le rituel de 1962. Les lectures de la Parole de Dieu seront celles du missel du rite ordinaire car je tiens à ce que vous soyez ainsi en communion avec toutes les communautés du diocèse. Ces lectures de la Parole de Dieu seront faites en français.

Cette messe, célébrée à (17h30 ?) sera considérée comme une messe paroissiale. Les annonces qui seront faites seront celles de la paroisse et du diocèse. La quête sera affectée à la paroisse.

Monsieur l’Abbé Meissat organisera une réunion entre Monsieur l’Abbé Goin et vous-mêmes où il sera alors décidé de la date à laquelle aura lieu la première célébration.

Et nous ferons le point dans six mois.

Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre, Je vous prie de croire, Messieurs, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs et de ma prière.

François BLONDEL
Évêque de Viviers

III – Les réflexions de Paix liturgique

1) Certes, et c’est à mettre au crédit de Mgr Blondel, tout comme le délai relativement court dans lequel il a donné sa réponse aux demandeurs, nous ne pouvons qu’apprécier la forme de sa réponse : écrite et circonstanciée. Cela n’est malheureusement pas si fréquent, tant de curés et d’évêques - quand ils se donnent la peine de répondre ! - se contentant d’un refus sec par oral ou noyant leur réponse sous un fleuve de considérations catéchético-pastorales.

2) Mgr Blondel conclut sa lettre par la formule : « Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre… ». Soit, mais Mgr Blondel pouvait-il sérieusement et honnêtement penser qu’il répondait à la demande ?
Sur quatre points, sa réponse porte en effet à discussion :
- le lieu : certes, Viviers est le siège épiscopal mais la demande avait été faite à Largentière… à 50 km de là, ce qui, par les routes ardéchoises, représente 50 minutes de trajet ;
- le jour : la messe accordée est une messe du samedi soir ce qui, selon les règles canoniques en vigueur pour la liturgie traditionnelle, n’est pas une messe dominicale puisque le missel de 1962 ne prévoit pas de messe anticipée au samedi ;
- la fréquence : la célébration n'est offerte qu’une fois par mois ce qui ne satisfait que partiellement le désir du groupe stable de fidèles de vivre sa foi au rythme de la forme extraordinaire ;
- le « bricolage » liturgique : en indiquant que les lectures seront celles du lectionnaire ordinaire, Mgr Blondel fixe une condition tellement contraire à l'esprit du Motu Proprio que l’instruction Universæ Ecclesiæ, publiée le 13 mai 2011, spécifie précisément dans son article 24 que “Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels qu’ils sont”, ajoutant à son article 26, si besoin est, que ces lectures sont celles “de la Sainte Messe du Missel de 1962”. On aura noté, au passage, le motif théologique donné par Mgr Blondel : les lectures communes comme signe de communion avec les communautés diocésaines…

3) À la réception de la réponse de l'évêque, les demandeurs n’ont soulevé que les deux points concernant le lieu et le lectionnaire et exprimé le vœu qu’ils soient corrigés. Depuis, l’évêché s’est fait silencieux. Du coup, dix mois après le courrier de Mgr Blondel, la première célébration n’a jamais eu lieu.

4) Si la question du lieu de la célébration ne peut être tranchée que par une nouvelle discussion entre les demandeurs et le diocèse, celle de la célébration “bricolée” – structure de la messe de 1962 avec lectures de 1970 – a en revanche été clairement réglée par l’instruction Universæ Ecclesiæ.

Peut-on donc espérer que le 14 septembre prochain, alors que l’Église universelle fêtera les 4 ans du Motu Proprio, Mgr Blondel fasse aux demandeurs ardéchois la bonne surprise de leur accorder enfin la célébration, même mensuelle, même le samedi après-midi, de la forme extraordinaire du rite romain mais bel et bien de la forme extraordinaire et pas d'une liturgie de son invention ?

[APIC] Menzingen: La Fraternité St-Pie X dans l’attente de la rencontre du 14 septembre au Vatican

SOURCE - APIC - 31 août 2011
Menzingen: La Fraternité St-Pie X dans l’attente de la rencontre du 14 septembre au Vatican

Des hypothèses qui "n’engagent que leurs auteurs"

Menzingen, 31 août 2011 (Apic) Les hypothèses avancées par certains médias concernant la possibilité d’un "protocole d’accord sur l’interprétation du Concile Vatican II" entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X, et l’institution d’une prélature, voire d’un ordinariat pour ladite Fraternité "relèvent du virtuel et n’engagent que leurs auteurs", précise la Maison généralice de la Fraternité à Menzingen, dans le canton de Zoug.

La Fraternité Saint-Pie X "s’en tient aux actes officiels et aux faits avérés", écrit-elle dans un communiqué émis mardi 30 août en soirée par la Maison généralice. Et de confirmer que le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a invité Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, et ses deux assistants, l’abbé Niklaus Pfluger et l’abbé Alain-Marc Nély, à le rencontrer au Palais du Saint-Office, le 14 septembre 2011.

Bilan des entretiens théologiques entre Rome et Ecône

Dans sa lettre d’invitation, le cardinal Levada indique que cette rencontre a pour but de faire d’abord un bilan des entretiens théologiques menés par les experts de la Congrégation pour la doctrine de la foi et ceux de la Fraternité Saint-Pie X, au cours des deux années académiques écoulées, et d’envisager ensuite les perspectives d’avenir, relève le communiqué. Menzingen précise que "sur les perspectives d’avenir, la lettre du cardinal Levada ne donne aucune précision, mais certains – dans la presse et ailleurs… – se croient autorisés à avancer des hypothèses…"

Pour permettre de faire le bilan, les conclusions des entretiens théologiques rédigées par les experts des deux parties ont été adressées à leurs supérieurs respectifs. C’est ainsi que Mgr Fellay a reçu, fin juin, le document qui fera l’objet de la rencontre du 14 septembre.

Mgr Alfonso de Galarreta, l’un des évêques traditionalistes, déclarait lors des dernières ordinations sacerdotales à Ecône: "Nous sommes catholiques, apostoliques et romains. Si Rome est la tête et le cœur de l’Eglise catholique, nous savons que nécessairement (…) la crise se résoudra à Rome et par Rome. En conséquence le peu de bien que nous ferons à Rome est beaucoup plus grand que beaucoup de bien que nous ferons ailleurs". Menzingen écrit que c’est avec cette conviction intime que Mgr Fellay se rendra à Rome à l’invitation du préfet de la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi. (apic/com/be)

[L'Echo Républicain - Eric Moine] Les traditionalistes pas bienvenus partout

SOURCE - L'Echo Républicain - Eric Moine - 31 août 2011

L’installation dans le Poitou de l’abbé Laguérie, figure de proue des catholiques traditionalistes du Bon- Pasteur, n’enchante pas l’évêché poitevin. Mais l’Eure-et-Loir devrait rester un des principaux bastions du mouvement.

Ancien curé de l’église de Saint- Nicolas-du-Chardonnet, quartier général des traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, l’abbé Philippe Laguérie est aujourd’hui à la tête de son propre mouvement traditionaliste, l’Institut du Bon-Pasteur, qui a installé un séminaire à Courtalain, dans la région de Châteaudun. Le Bon-Pasteur est reconnu par Rome ; pour autant, Philippe Laguérie et ses ouailles n’admettent toujours pas les ouvertures de Vatican II. Aussi, derrière la façade de la réconciliation officielle, ses relations avec l’Eglise ne sont pas devenues paradisiaques. Pour preuve, le déménagement de Philippe Laguérie de la région parisienne vers la région poitevine fait des vagues dans les bénitiers.

«J’émets des réserves quant aux bonnes pratiques ecclésiales»

Au point que l’administrateur apostolique de Poitiers s’est fendu d’un communiqué pour rassurer ses ouailles. Mgr Pascal Winter, qui dirige l’évêché en attendant le remplacement du précédent évêque parti en retraite, explique en somme que Philippe Laguérie lui est tombé du ciel. Mais sur le coin du nez. Le dirigeant des traditionalistes n’a prévenu l’évêque qu’après son installation dans des locaux privés, insiste Pascal Winter : « Il a pris l’initiative de me rencontrer pour m’annoncer cela. Cependant, la nouvelle m’était parvenue quelques jours auparavant. L’abbé Laguérie est ici en tant que citoyen français. Comme tel, il bénéficie de la liberté d’installation et de résidence.»

Pas question, donc, de laisser le traditionaliste prêcher sa bonne parole en dehors de son seul Institut du Bon-Pasteur, son Eglise dans l’Eglise : « Si la loi civile est respectée, j’émets des réserves tout au moins quant aux bonnes pratiques ecclésiales. » Pascal Winter insiste : « Ni l’abbé Laguérie ni l’Institut du Bon-Pasteur n’ont été appelés à venir dans le diocèse de Poitiers, ils n’y exercent donc aucune charge pastorale.»

«Nous ne sommes pas à la rue»

Dans l’évêché poitevin, l’arrivée de Philippe Laguérie et de son secrétariat a été vécue dans le milieu catholique comme un premier pas vers un déménagement plus important. Car le séminaire de Courtalain est devenu trop petit. Le directeur du séminaire d’Eure-et-Loir nie cette velléité : « Il n’a jamais été question que le séminaire de Courtalain le suive là-bas », assure l’abbé Roch Perrel, même s’il doit louer une maison supplémentaire un peu plus loin dans le bourg. « Nous accueillons actuellement une trentaine de séminaristes : des Brésiliens, Français, Italiens, Polonais et même un Chilien. A la rentrée, nous en attendons une douzaine de plus, ce qui va probablement nous obliger à louer une seconde maison. Ce n’est pas idéal et je préférerais trouver un bâtiment plus vaste et éviter de verser des loyers. Mais nous ne sommes pas à la rue et personne ne parle de nous mettre à la porte.»

Les relations du séminaire du Bon-Pasteur avec la population de Courtalain paraissent plutôt bonnes et, avec l’évêché de Chartres, elles sont meilleures qu’avec celui de Poitiers. « Nous avons passé une convention avec l’évêché qui nous donne l’usage de l’église de Courtalain les dimanches et fêtes religieuses. Il nous est aussi demandé de dire la messe à Manou et un peu plus loin dans le diocèse de Blois, près de Vendôme. Nous cherchons donc un nouveau site dans le département d’Eure-et-Loir. Nous avons déjà eu plusieurs opportunités, mais cela ne s’est pas concrétisé. De toute façon, la campagne est un endroit propice pour un séminaire. »

L’Institut du Bon-Pasteur fera donc sa rentrée à Courtalain. Et même si le séminaire finit un jour par déménager, l’Institut n’a pas l’intention d’abandonner son village d’adoption : « Quelques prêtres y resteront de toute façon », affirme-t-on au séminaire.

Eric Moine, avec l’agence de Châteaudun

En France, en Pologne et en Colombie

L’Institut du Bon-Pasteur n’est pas seulement implanté à Courtalain. Ses vingt-cinq prêtres sont également installés à l’église Saint-Eloi de Bordeaux (Gironde). Ils disposent d’une école à Presly, au nord de Bourges (Cher) et animent un centre culturel à Paris, ajoute Roch Perrel: «Nous sommes encore jeunes, nous n’avons que cinq ans, mais nous sommes aussi implantés en Pologne et en Colombie.»

[SPO] Les « enfantes de chœur » de Fribourg-en-Brisgau

SOURCE - SPO - 31 août 2011

Il faut le dire en toute simplicité et avec un grand respect : l’annonce que le Bureau des Cérémonies du Pape a donné son feu vert pour l’engagement de filles pour servir la messe lors de la messe du Pape à Fribourg-en-Brisgau (il y aura neuf servantes et huit servants), lors de son voyage pastoral en Allemagne, a produit un choc assez pénible pour bien des catholiques.

Comme on le sait, la concession des filles pour le service de l’autel est une simple suppléance, pour ne pas dire un « abus », dont on ne voit pas pourquoi elle est promue en une circonstance aussi significative. Le service de l’autel en ladite circonstance revient de droit et symboliquement à des séminaristes ayant reçu une institution (laquelle remplace les anciens ordres mineurs) se destinant au sacerdoce, ou à tout le moins à des garçons vêtus justement en « clercs », seuls aptes à pouvoir suppléer des aspirants au sacerdoce.

Il est certain que l’exemplarité d’une telle cérémonie ne manquera pas de fonctionner auprès d’un certain clergé qui, non sans certains fidèles en nombre certain, n’attend que cela, non certes pour pratiquer la chose, ce qui est déjà largement le cas, mais pour la présenter comme un acquis irréversible, sanctionné par l’exemple du Pape.

Il est vrai que les pressions de la Conférence des Évêques d’Allemagne ont dû être considérables. Il est possible que ce point ait été « lâché » pour pouvoir refuser d’autres revendications. Il est certain en tout cas, au témoignage de ceux qui approchent le Saint-Père, qu’il se prépare à ce nouveau voyage dans sa patrie avec des appréhensions extrêmes. L’état du catholicisme allemand est notoirement désastreux et tous domaines, sauf qu’il reste un catholicisme financièrement riche et à cause de cela, jusqu’à un certain point, puissant médiatiquement. Les journaux progressistes, les associations, les mouvements violemment hostiles à toute « restauration » sont bien déterminés à manifester leur mauvaise humeur. Des manifestations fort désagréables ne sont pas à exclure.

Fallait-il pour autant consentir à ce coup de griffe profond dans le dessein de « réforme de la réforme », et même, plus gravement bien qu’indirectement, à la doctrine rappelée par Ordinatio sacerdotalis, concernant le fait que le sacerdoce a été réservé aux hommes par la volonté du Christ (exactement de la même manière qu’il a choisi le pain et le vin pour matière du sacrifice eucharistique) ? Avec un grand respect, encore une fois, on peut s’interroger sur l’à-propos des conseils donnés au Pape par un petit entourage, certes très bien intentionné dans la protection qu’il lui assure pour ménager ses forces, et l’on peut même s’interroger sur l’opportunité de cette protection psychologique renforcée.

29 août 2011

[Golias - Romano Libero] Fellay bientôt chez le pape

SOURCE - Golias - Romano Libero - 29 août 2011

La canicule suprenante autant qu’accablante de cette d’été pourrait nous faire oublier ce qui se prépare derrière les épais murs des sacrés palais. En effet, depuis plusieurs semaines l’hypothèse d’une réconciliation avec les anciens lefebvristes, regroupés autour de la fraternité sacerdotale Saint Pie X, que conduit l’évêque Bernard Fellay, son supérieur, semble, malgré le point très délicat et hautement explosif de la rencontre d’Assise voulue cet automne par Benoît XVI, être à nouveau évoquée.

Nous venons d’apprendre une nouvelle très importante. Le 14 septembre prochain, Mgr Bernard Fellay se rendra en effet à Rome. Devrait être en particulier tiré le bilan des négociations doctrinales paritaires de l’année passée dont la conclusion serait en faveur d’une réconciliation, sur fond d’une lecture minimaliste de Vatican II. Au fil des échanges, les deux côtés (Rome et les intégristes) seraient d’accord sur une volonté de consensus substantiel sur les critères d’orthodoxie doctrinale, tout en mettant en quelque sorte entre parenthèses les éléments délictueux de Vatican, qui relèvent d’une juste interprétation, et ne constitueraient pas de toute manière des objets obligatoires d’une adhésion. En contre-partie de cette relativisation par le Vatican de l’importance du dernier Concile, la partie intégriste adopterait une attitude plus positive à l’endroit de ce dernier. La Commission « Ecclesia Dei » présidée officiellement par le cardinal américain William Levada mais en fait conduite par le Secrétaire, Mgr Guido Pozzo, un Ratzingérien convaincu, travaille depuis des années au nivellement de la route de la réconciliation.

Outre cet aspect proprement doctrinal, se pose bien entendu la question de savoir quelle forme concrète pourrait revêtir la reconnaissance des intégristes. On parle de plus en plus d’une Prélature personnelle, assez semblable au statut de l’Opus Dei, ou alors d’un Ordinariat semblable à celui concédé aux Anglicans réintégrés, ce qui donnerait une autonomie complète ou presque aux intégristes ralliés et surtout leur permettrait d’échapper aux évêques locaux. Une perspective qui n’enchante évidemment guère ces derniers. Ce que l’on peut aisément comprendre.

Dans l’avenir le plus proche, le Vatican devrait soumettre à Mgr Fellay différents protocoles d’entente qui tracerait un horizon ouvert de consensus sur le fond, en préconisant une sorte de relecture de Vatican II en conformité avec la tradition. Autrement dit, une sorte de révision de Vatican II qui en raboterait les aspérités les moins appréciées par les intégristes.

Toutefois, l’issue de cette rencontre au sommet entre Benoît XVI et Mgr Bernard Fellay, qui sera très certainement marquée au sceau de la courtoisie, pourrait aussi être une certaine impasse. En effet, l’effet intégriste doit compter sur sa propre aile droite qui n’est guère disposée quant à elle au moindre compromis,ni même à faire preuve d’une humilité qui s’imposerait. Au contraire, ces radicaux de l’intégrisme jouent la surenchère et n’ont pas digéré - c’est un euphémisme - la réunion d’Assise qui se tiendra en octobre prochain. Et Mgr Bernard Fellay craint le discrédit dans son propre camp, s’il donnait l’impression de s’être écrasé devant Rome, d’avoir bradé la défense de la foi et de la tradition. Et d’avoir en sus suscité une division au sein de son propre camp. Autrement dit, sa marge de manoeuvre sera étroite le 14 septembre.

27 août 2011

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] «Les dons des Grecs?» -- II

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 27 août 2011

« Mais, Monseigneur, comment la semaine dernière (CE 214) avez-vous pu mettre en question la sincérité et bonne volonté des officiels romains qui ne cherchent qu'à mettre fin à l'aliénation de la Fraternité St Pie X par rapport à l'Eglise officielle ?  Vous les avez comparés aux Grecs qui trompèrent délibérément les Troyens avec le Cheval de Troie. Mais tout ce que veulent les Romains, c'est de dépasser cette division pénible qui a prévalu trop longtemps entre les catholiques de la Tradition et l'Autorité de l'Eglise ! »

Réponse : il n'y a aucun besoin de mettre en question la sincérité et bonne volonté de ces Romains. Voilà précisément le problème !  Après presque 500 ans de protestantisme et de libéralisme notre époque est à tel point confuse et perverse que le monde est plein de gens qui font le mal tout en étant convaincus qu'ils font le bien. Et plus ces gens sont convaincus qu'ils font le bien, plus ils peuvent être dangereux parce que c'est avec d'autant plus de sincérité subjective et de bonnes intentions qu'ils poussent vers le mal objectif et entraînent d'autres à leur suite. Plus ces Romains sont convaincus que leur Néo-église est ce qu'il faut, et plus efficacement ils détruiront la vraie Eglise.

« Mais, Monseigneur, Dieu seul est juge de leurs intentions ! 

Dès qu'il s'agit de défendre la Foi, les intentions subjectives n'ont plus beaucoup d'importance. Si les Romains sont bien intentionnés en essayant d'attirer la FSSPX dans l'Eglise officielle, peut-être les aimerai-je sur le plan personnel, mais je n'en détesterai pas moins leurs erreurs. Si par contre ils ne sont pas bien intentionnés parce qu'ils sont conscients qu'ils cherchent à détruire la vraie Foi, je ne les aimerai plus et je détesterai encore plus leurs erreurs. Qu'ils soient aimables ou non, que je les aime ou non, cela a peu d'importance, ou aucune, par rapport au fait objectif qu'ils sont en train de détruire l'Eglise.

Lorsque des hommes aimables colportent d'horribles erreurs, trop facilement il en résulte de deux choses l'une : ou bien j'en conclus que leurs erreurs sont aussi aimables que les hommes eux-mêmes et alors les hommes m'attirent vers le libéralisme, ou bien je conclus que les hommes sont aussi horribles que leurs erreurs, et dans ce cas-là, par exemple, les erreurs des Papes conciliaires m'attirent vers le sédévacantisme. Mais la réalité actuelle, c'est que jamais dans toute l'histoire de l'humanité il n'a été si facile pour les hommes d'être aussi aimables que leurs erreurs sont horribles. Telle est notre époque. On ne verra pire que sous l'Antéchrist, mais c'est bien ses prédécesseurs qui mènent dès aujourd'hui le monde à sa ruine.

En attendant il est certain que les Romains qui vont rencontrer le 14 septembre les chefs de la FSSPX seront convaincus que la Néo-église telle que Vatican II l'a refaite est l'Eglise qu'il faut, et dans ce cas-là ils seront gravement dans l'erreur, mais il est possible aussi qu'on les choisisse pour leur charme personnel pour qu'ils attirent la FSSPX vers la Rome officielle. Alors ne soyez pas surpris, chers lecteurs, si on fera en sorte que la FSSPX semblera mépriser les offres nobles et les bonnes intentions de Rome, mais il n'en sera rien. L'unique objet d'un mépris éventuel de la part de la FSSPX portera sur les erreurs horribles. Vive la vraie Rome !  Vivent les Romains aimables !  Mais à la lanterne leurs erreurs horribles !

« Monseigneur, où réside leur erreur essentielle ? »

Dans l'homme mis à la place de Dieu. Ceux qui refont l'Eglise glissent dans l'apostasie, et ils entraînent à leur suite des âmes sans nombre.

Kyrie eleison.

[SPO] [Jean Madiran - Présent] Une situation provisoire ?

SOURCE - SPO - 27 août 2011
Dans un excellent article paru ce samedi dans Présent, Jean Madiran revient sur la situation de la messe traditionnelle :
La coexistence de deux « formes » de l’unique « rite » romain, appelées forme ordinaire et forme extraordinaire, a vraiment l’air d’une situation provisoire. L’opinion est très répandue que dans l’avenir l’Eglise aura à nouveau son propre rite romain sous une forme unique ; on pense y arriver non point par le brusque et brutal décret d’un pape ou d’un concile, cela paraît absolument exclu désormais, après l’échec dramatique de la brutale brusquerie liturgique de Paul VI. Il y faudra comme un nouveau « mouvement liturgique », entend-on dire ici ou là. Mais au-delà de la mouvance évoluante, dont peut-être il restera toujours quelque chose, il y a le roc de la dénommée actuellement « forme extraordinaire », qui a le privilège de devoir être conservée et être honorée. Cela ressort du 07.07.07, et mieux encore sans doute, de l’Instruction Universae Ecclesiae du 30 avril dernier, en son paragraphe 6 : « Par son usage vénérable et ancien, la forme extraordinaire doit être conservée avec l’honneur qui lui est dû. »

En effet la messe traditionnelle a naturellement une primauté d’honneur, qui demeure même quand elle est incomprise ou contestée. Elle est et elle sera « conservée » dans la mesure où elle est et elle sera « honorée ».
Cette réclamation concernant la primauté d’honneur, induite par les textes de Benoît XVI, est loin d’être réalisée sur le terrain de la vie liturgique. À notre connaissance, dans aucun cathédrale de France, la messe selon la forme extraordinaire n’est célébrée chaque dimanche, avec la dignité requise. La primauté d’honneur n’est même pas effective à Rome. Comme si, à « la brutale brusquerie liturgique de Paul VI », répondait un très long effort de restauration qui compte plus sur l’activité de la base que sur les décisions naturelles de la hiérarchie.

Au début de son article, Jean Madiran expose un autre aspect du problème liturgique, moins perçu par la base justement et qui montre, à sa manière, qu’il faudra bien que la hiérarchie entre dans ce processus de restauration liturgique :
La catholicité n’est pas encore sortie des incertitudes et difficultés liturgiques. D’ailleurs il n’y a pas uniquement le missel qui soit en cause, comme l’indiquait Yves Daoudal il y a maintenant presque trois ans, et ce qu’il observait est toujours dans le même état : « … Il y a aussi l’année liturgique, dont le mouvement dynamique est détruit, et il y a l’office, le bréviaire “réformé” qu’on appelle la “liturgie des Heures”, qui est un exemple patent de volonté de rupture, avec la répartition des psaumes sur quatre semaines, ce qui est contraire à la pratique de toutes les Eglises dans tous les temps ainsi qu’au symbolisme des nombres et de la semaine ; et, pire encore, la censure des psaumes, c’est-à-dire la censure de la Parole de Dieu, que Dieu a donnée à l’Eglise pour en faire sa prière quotidienne. » Benoît XVI a visiblement placé la liturgie catholique sur la voie d’une réorientation, mais it’s a long way…, comme nous chantions naguère, il est encore fort long, le chemin à parcourir pour une réorientation d’ensemble de la liturgie catholique.
Nous avons souvent insisté ici sur l’importance du maintien du bréviaire traditionnel, et donc de l’année liturgique qui lui est associée. Le maintien de ce bréviaire est d’ailleurs prévu par Summorum pontificum, au paragraphe 3 de son article 9 :
Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1962.

Fas est clericis in sacris constitutis uti etiam Breviario Romano a B. Ioanne XXIII anno 1962 promulgato.
Les laïcs peuvent évidemment, autant que faire se peut, s’associer à cette prière de l’Église en disant tout ou partie du bréviaire. Outre les effets surnaturels qui lui sont liés, ils comprendront mieux ainsi l’unité et la beauté de la liturgie traditionnelle qui forme un ensemble dont la messe est assurément le centre, ou pour mieux dire, le cœur.

[Bénédictins de l'Immaculée - Villatala] De retour!

SOURCE - Bénédictins de l'Immaculée - Villatala - 27 août 2011

Après ces longs mois d'attente, nous revenons enfin sur notre Blog pour vous faire part des différents événements qui ont eu lieu depuis notre dernier message. Le Fr. Toussaint nous a quitté pour mener une vie d'anachorète, il reste néanmoins dans le diocèse. Le Fr. Marain a rejoint Villatalla depuis plusieurs mois. Il se prépare pour entrer au noviciat. Le Frère Alain est resté deux mois parmi nous, après quoi il est reparti au Sénégal. Nous avons assisté au pèlerinage de Pentecôte: Paris-Chartres, sous le patronnage de Mère Theresa, Sainte Maria Goretti et Notre Dame de Guadalupe. Nous avons également assisté aux ordinations à Ecône en Suisse (Valais), puis à Wiegrazbad en Allemagne. Actuellement, nous sommes 3 à Villatalla. Heureusement pour nous, notre nouveau curé Don Tomaso, un jeune prêtre polonais fort courageux célèbre selon la forme extraordinaire. Malgré les nombreuses critiques faites contre lui à ce sujet, il tient bon. Nous le recommandons à vos prières. Comme toujours, nous attendons toujours avec grande joie de futures vocations. La communauté s'agrandit lentement. Aussi priez pour les vocations. Nous attendons votre venue si toutefois vous désirez passer quelques jours en prières avec nous.

Prions également pour que Mgr Oliveri nous érige en prieuré le plus vite possible.

26 août 2011

[SPO] A propos du 14 septembre : communiqué de SPO

SOURCE - SPO - 26 août 2011
J’ai décidé de me mettre au même diapason que mon confrère Osservatore Vaticano dont je publie le communiqué suivant. J’appartiens au lot de ceux qui ont publié la dépêche APIC sur la rencontre entre le cardinal Levada et Mgr Fellay le 14 septembre dernier. Elle contenait (et contient toujours) une erreur grossière (dans les propos attribués à Mgr Fellay) et une erreur mineure (dans la description de ceux qui accompagneront le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X). L’erreur grossière avait déjà été démontée et il ne s’agissait que de montrer l’intérêt que suscite cette rencontre ainsi que le début des grandes manœuvres pour créer la peur et la tension (La Croix n’y a pas manqué). Aussi, après réflexion, j’ai décidé de ne plus aborder ce thème, préférant confier tout cela au Christ dans la prière. Je m’associe donc ici au communiqué (ci-dessous) d’Osservatore Vaticano :
Les grands blogues et médias s’agitent en tous sens dans la perspective de la venue de Mgr Fellay à Rome, le 14 septembre. Une récente dépêche d’agence abondamment reprise contient, à ce sujet, des erreurs grossières qu’il n’est même pas utile de relever. Pour notre part, nous avons choisi, en ces heures, de respecter la consigne que les « hautes parties contractantes » ont adoptée : le silence. Il favorise en outre la prière pour l’Église du Christ.

25 août 2011

[Abbé Nicolas Bély, FSSPX, Zimbabwe] "... le Bon Dieu a fait vivre à ses prêtres une Semaine Sainte bien spéciale"

SOURCE - La Porte Latine - FSSPX, Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Zimbabwe n° 17 - Août 2011

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Depuis plus de six mois, vous vous êtes certainement demandés pourquoi vous n'aviez aucune nouvelle de votre chère Mission du Zimbabwe, pour laquelle vous avez pourtant offert tant de dons et de prières — vous avons-nous été assez reconnaissants ? — Vous êtes nombreux à prier pour que l'apostolat de la Fraternité puisse se répandre au Zimbabwe, et qu'au milieu des difficultés les fidèles puissent goûter cette Paix surnaturelle que donne seul le Saint-Esprit. A ces intentions, certains d'entre vous, en particulier les enfants des écoles, ont offert leurs efforts de Carême, d'autres ont fait une neuvaine aux Saints Apôtres, et beaucoup d'autres prières et sacrifices ont été offerts qui ne sont connus que de Dieu seul. Soyez-en tous vivement remerciés !

Mais, voilà : il faut bien dire que le Bon Dieu a une drôle de manière d'exaucer nos prières ! A la fin du Carême, le Bon Dieu a fait vivre à ses prêtres une Semaine Sainte bien spéciale. En effet, l'abbé Picot et moi-même avons tous les deux été expulsés du Zimbabwe durant le Jeudi Saint, et les fidèles se sont retrouvés jusqu'à aujourd'hui sans prêtre à résidence permanente.

Notre cher Frère Bernard, après bien des tracasseries, a lui aussi été expulsé un mois plus tard.

Quelle raison pour ces expulsions, exercées de main militaire en moins de quarante-huit heures ? Nous ne parvenons pas à l'expliquer. La raison invoquée est que nous n'avions pas des titres de séjour en règle. Chacun sait, il est vrai, que depuis maintenant huit ans, les prêtres n'ont jamais pu obtenir de carte de séjour, malgré les nombreuses demandes aux autorités compétentes. Nous étions cependant en règle, car nous quittions le pays tous les trois mois pour y revenir avec un nouveau visa de visiteur. Cela justifie-t-il que nous ayons été dénoncés, puis arrêtés le Mardi Saint, et enfin sommés de quitter le pays le Jeudi et le Vendredi Saints ? Vous avouerez que la Divine Providence nous aura fait une grâce bien spéciale en nous assimilant de si près à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ !

C'est en tout cas avec ce grand esprit si surnaturel que nos chers fidèles zimbabwéens ont reçu cette dure épreuve. Heureusement pour eux, tandis que l'abbé Picot partait pour le Kenya, et moi-même pour l'Afrique du Sud, l'abbé Trauner a pu arriver juste à temps pour célébrer le Triduum sacré. Ainsi, les fidèles — ô combien ils ont prié avec ferveur en ce Jeudi Saint — ont pu sanctifier leur Semaine Sainte, et cinq d'entre eux ont reçu le Baptême durant la Veillée Pascale.

Depuis lors, les confrères d'Afrique du Sud se relaient à tour de rôle pour visiter le Zimbabwe : les abbés Esposito, Trauner, Bedel et Martin de Clausonne continueront, l'un après l'autre, d'aller passer deux ou trois semaines à Harare. Cela s'ajoute à leurs apostolats respectifs à Johannesburg, Durban, Cape Town, Port-Elizabeth, mais aussi la Namibie, Madagascar, La Réunion et l'Île Maurice. Qu'ils soient ici vivement remerciés de leur aide précieuse ! Ils continueront cette rotation aussi longtemps qu'il faudra pour que des titres de séjour soient enfin délivrés. Une procédure juridique est en cours à cette effet. Avec nos prières, elle pourrait aboutir dans les prochains mois. Mais en attendant, que de frais de voyages !...

Pendant ce temps, le Frère Bernard est à Johannesburg, en Afrique du Sud, et l'abbé Picot se trouve à Nairobi, au Kenya. Ce dernier se rendra cependant à Harare le 25 septembre pour célébrer, avec Mgr Tissier de Mallerais, les 25 ans du Prieuré. Car ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de prêtre à demeure actuellement que les fidèles ne peuvent pas célébrer leurs 25 ans (et plus) de combat pour la Messe traditionnelle au Zimbabwe.

Quant à votre serviteur, les Supérieurs m'ont rappelé au Gabon, où je dois me rendre prochainement. C'est l'abbé Stephen Macdonald, un prêtre américain actuellement en Australie, qui viendra me remplacer dès qu'il aura un titre de séjour.

Plus que jamais, chers Amis et Bienfaiteurs, nous comptons sur votre aide et sur vos prières, pour que continue de luire au Zimbabwe cette petite lumière — ô combien rayonnante — de la Tradition Catholique !

Abbé Nicolas Bély

[Paix Liturgique] Mgr Negri, évêque de Saint-Marin et défenseur résolu du Motu Proprio: “Le pape freiné par des forces contraires"

SOURCE - Paix Liturgique n°297 - 25 août 2011

Le 19 juin dernier, Benoît XVI s’est rendu en visite apostolique à Saint-Marin, l’un des plus petits diocèses d’Italie mais aussi l’un des plus petits États d’Europe. La raison de cette visite tient en partie à la personnalité de l'évêque du lieu : Mgr Luigi Negri, l’un des ratzinguériens les plus notables de l’épiscopat italien.

Tout comme son ami Angelo Scola, le Patriarche de Venise qui vient d’être nommé archevêque de Milan, Mgr Negri était un collaborateur très proche de Mgr Luigi Giussani (mort en 2005, peu avant l’élection de Benoît XVI), fondateur du mouvement Communion et Libération et qui a eu un très grand poids dans l’Église italienne à l’époque de Jean-Paul II. Chaque année, les colloques de Rimini, ville proche de Saint-Marin, sur la côte adriatique, organisés par le mouvement, étaient l’occasion d’un rassemblement où se pressaient les majeures personnalités politiques et religieuses italiennes.

C’est en concluant la réunion de 1990 que le cardinal Joseph Ratzinger, 15 ans avant son élection au Siège de Pierre, avait prononcé un discours particulièrement frappant, sur l’Église « toujours à réformer », dans lequel il ne citait pas une seule fois Vatican II, mais traitait de la réforme de l’Église, non pas à continuer, non pas à appliquer, mais de la réforme à faire, et même « à découvrir ». Il y stigmatisait « la réforme inutile » caractérisée par une liturgie refabriquée en permanence par les communautés, et expliquait que « l’essence de la vraie réforme » consisterait en une « ablation » de toutes les scories qui obscurcissent l’image de l’Église, notamment du point de vue du culte.

Si Communion et Libération, mouvement lié à la Démocratie Chrétienne (DC), dont il constituait un courant, a pâti de l’effacement de la DC dans le paysage politique italien à partir des années 90, les prélats qui en soutenaient l'action, voire en sont directement issus, sont restés un pôle incontournable de l’épiscopat italien. Citons le cardinal Giacomo Biffi, 83 ans, archevêque émérite de Bologne ; le cardinal Angelo Scola, désormais archevêque de Milan, l'un des candidats à la papauté les plus crédibles selon les vaticanistes ; le cardinal Carlo Caffarra, moraliste éminent, archevêque de Bologne ; et... Mgr Lugi Negri, évêque de Saint-Marin-Montefeltro, intellectuel de qualité, d’une profonde spiritualité sacerdotale, normalement destiné à la pourpre romaine. Des hommes qui, depuis le motu proprio Summorum Pontificum, ont en outre affiché leur soutien à la célébration de la forme extraordinaire du rite romain.

C’est à ce dernier titre que la messe de Benoît XVI à Saint-Marin, le 19 juin, était très attendue. Célébrée dans un stade en plein air, cette cérémonie a constitué le temps fort du déplacement pontifical. Non seulement le grand soin apporté à la préparation et à la célébration de la liturgie - comme toujours depuis que Mgr Guido Marini veille aux célébrations pontificales -, mais aussi le grand recueillement de la foule, ont frappé les observateurs.

Pour la première fois depuis bien longtemps, la quasi totalité des fidèles assistant à une messe papale ont communié sur les lèvres et même souvent à genoux, répondant volontiers au rappel fait par haut-parleurs des normes liturgiques en vigueur pour la communion : « Les fidèles qui, s’étant confessés, sont actuellement en état de grâce et peuvent donc, eux seuls, recevoir le Très Saint Corps de Notre Seigneur, se dirigeront vers le prêtre le plus proche d’eux. La Communion, selon les dispositions universelles en vigueur, sera distribuée seulement et exclusivement sur les lèvres, afin d’éviter les profanations mais encore plus de nous éduquer à une toujours plus grande et plus haute considération du Saint Mystère de la Présence de Notre Seigneur Jésus Christ. » C’est si simple que l’on se demande pourquoi cette catéchèse eucharistique n’est pas faite à chaque messe du Pape...

Tout simplement parce que l’organisation d’une cérémonie pontificale hors de Rome repose autant sur le savoir-faire des cérémoniaires pontificaux que sur la coopération des équipes liturgiques du diocèse. Or, en ce qui concerne Saint-Marin, Benoît XVI était incontestablement en terre amie. En effet, et c’est sans doute ce qui explique l’attention particulière que le Pape a eu pour ce diocèse, c’est tout au long de l’année que Mgr Luigi Negri s’efforce de mettre ses pieds dans ceux du successeur de Pierre. En témoigne sa présence en ouverture du colloque sur “Vatican II, un concile pastoral”, organisé en décembre dernier à Rome par le séminaire théologique des Franciscains de l’Immaculée (voir lettre PL 223). En témoignent aussi les paroles qu’il a tenu dans l’entretien qui suit, accordé le 15 décembre 2010 à Paolo Facciotto pour le quotidien La Voce di Romagna.

***
Paolo Facciotto : “Dans notre rapport à la liturgie se décide le destin de la foi et de l’Église” écrit Joseph Ratzinger dans le premier volume de ses œuvres complètes, intitulé Théologie de la Liturgie. Le 27 novembre aux 1ères Vêpres du 1er dimanche de l’Avent, le Pape a en outre défini la liturgie comme “le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous”. Excellence, pourquoi insister autant sur la liturgie alors que la caractéristique dominante de ce pontificat est le rapport entre foi et raison ?

Mgr Luigi Negri : La liturgie est la vie du Christ qui se manifeste dans l’Église et implique existentiellement les chrétiens. La liturgie n’est pas seulement un culte que l’homme rend à Dieu, comme dans la plupart des expressions religieuses naturelles. La liturgie est la manifestation à grande échelle de la vie, de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur qui prend forme dans l’organisme sacramentel. Elle implique les chrétiens de manière substantielle et fondamentale, les rendant partie prenante du Christ et de l’Église à travers les sacrements de l’initiation chrétienne et les accompagne ensuite dans les grands choix et les grandes saisons de leur vie : mariage, ordination. Maintenant, la liturgie défend la factualité du Christ et de l’Église. Pour cette raison, j’ai beaucoup de gratitude envers le professeur De Mattei pour son précieux volume sur l’histoire de Vatican II et les pages qu’il consacre à une lente et inexorable “socialisation” de la liturgie, déjà en marche avant même le concile. Comme si la valeur de la liturgie résidait dans la participation active du “peuple chrétien” à un événement qui venait de fait vidé de sa sacramentalité et finissait par n’être plus qu’une initiative de socialité catholique. Et je crois effectivement que sur la liturgie se joue la vérité de la foi parce, comme l’a mis en évidence Benoît XVI en ouverture de son encyclique Deus caritas est, le christianisme n’est ni une idéologie à caractère religieux ni un projet de nature morale mais la rencontre permanente avec le Christ qui a lieu dans la vie de l’Église et de chaque chrétien.
La liturgie rend le fait du Christ présent dans le flux et le reflux des générations : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Je crois que la défense exacte du dogme dépend de la vérité avec laquelle est vécue la liturgie. En ce sens, l’Église a toujours affirmé : « lex orandi, lex credendi ». La loi de la prière donne naissance à la loi de la croyance et, surtout, la régit de manière adaptée et positive.

Paolo Facciotto : Deux aspects me semblent centraux dans le livre du Pape (1) :
- la prééminence, malheureusement vérifiée, d’une vision de la messe comme assemblée, « moment de la vie d’un groupe déterminé ou d’une Église locale », repas, c’est-à-dire la participation comprise comme l’interaction de diverses personnes et qui, selon l’auteur, se transforme parfois en parodie,
- la célébration vers le peuple qui, pour une série d’équivoques et de malentendus, apparaît aujourd’hui « comme le fruit du renouvellement liturgique voulu par le concile » écrit le Pape.
Conséquences, la communauté comme cercle refermé sur elle-même et une cléricalisation jamais vue auparavant où tout converge vers le célébrant.


Mgr Luigi Negri : Je suis heureux que le Pape poursuive une « réforme de la réforme » liturgique du Concile, selon le mot de Don Nicola Bux. Mais je dois dire avec clarté que le Pape a du mal à faire cette « réforme de la réforme » car il est confronté à des forces de résistance, pas forcément passives d’ailleurs.
La réforme liturgique venue après le Concile s’est le plus souvent manifestée par de pseudo-interprétations quand elle n’a pas fait valoir des exceptions comme la norme : il n’y a qu’à penser à la langue de la célébration et à la distribution de la communion dans la main. Il y a eu de vrais coups de force des conférences épiscopales vis-à-vis de Rome. Il y a eu certainement, aussi, une faiblesse des réactions vaticanes, due probablement à des tensions au sein même des structures qui devaient fixer l’interprétation exacte et la mise en œuvre du Concile. Maintenant, en ayant bien à l’esprit ces données avec lesquelles le gouvernement de l’Église doit forcément composer, l’alternative qui se présente est entre une « sociologisation » de la liturgie – en quelque sorte l’adéquation des lois aux comportements de la communauté chrétienne rassemblée pour célébrer l’eucharistie, qui devient ainsi le sujet de la célébration et non plus son interlocuteur privilégié – et la remise au centre de la célébration de celui qui en est le véritable sujet : Jésus-Christ en personne.
La structure de la tradition liturgique comme l’Église du Concile elle-même l’a reçue, préserve les droits du Christ et Sa présence. Aussi, tout ce qui est entrepris pour affaiblir ou réduire la conscience de la présence du Christ au profit des modalités par lesquelles s’affirme la présence de la communauté est une perte de conscience de la valeur ultime de la liturgie, de sa valeur ontologique comme dirait Don Giussani, donc de sa valeur méthodologique et éducative. À l’époque de l’entrée en vigueur de la réforme de Vatican II, une haute personnalité vaticane – je ne peux pas vous préciser laquelle mais je vous certifie ces paroles pour les avoir lues de mes yeux – écrivit qu’ainsi, finalement, la célébration de la messe redevenait « un sain espace d’exercice de la socialité catholique ». « Un sain espace d’exercice de la socialité catholique » et non la mémoire de la présence du Christ qui meurt et ressuscite, qui crée le peuple nouveau, le soutient et le lance dans la mission...

Paolo Facciotto : Pouvez-vous me dire si cette personnalité figurait à un échelon supérieur à Mgr Bugnini ?

Mgr Luigi Negri : Bien des échelons au-dessus.

Paolo Facciotto : « En Italie, mis à part quelques exceptions dignes de louange, les évêques et les supérieurs des Ordres religieux se sont opposés à l’application du Motu Proprio » avait déclaré le vice-président de la Commission Ecclesia Dei (2) lors du premier anniversaire du Motu Proprio Summorum Pontificum par lequel Benoît XVI a « libéralisé » la liturgie traditionnelle tridentine. Une accusation de désobéissance envers l’épiscopat italien particulièrement forte. Où en est-on dans l’application du Motu Proprio ? Y a-t-il dans votre diocèse des célébrations selon le Missel Romain de 1962 ?

Mgr Luigi Negri : Pour ma part, j’ai cherché non seulement à recevoir ce texte et à en expliquer le sens profond à mon clergé mais aussi à le mettre en pratique. Il s’agit, pour moi, d’une possibilité de valoriser au sein de l’Église, pour qui le veut, une richesse plus étendue et mieux structurée que celle qui est à la disposition de tous. C’est comme si le Pape avait redonné la possibilité d’une célébration liturgique que l’individu comme le groupe ressentent comme correspondant plus à leur désir de croissance et à leurs principes. Je dois dire cependant que les normes d’application, que nous attendons depuis maintenant des années, font toujours défaut. En substance, là où l’évêque a obéi, comme c’est mon cas, se célèbrent non pas quelques-unes mais toutes les messes demandées selon les modalités prévues par le Motu Proprio.
Quand j’ai dit précédemment que le Pape a du mal à faire passer la « réforme de la réforme », j’avais précisément à l’esprit ce Motu Proprio qui, plus de trois ans après sa promulgation, manque toujours de ses éléments d’application. Mais j’ai l’impression que le refus, la résistance, ne portent pas tant sur le Motu Proprio que sur le fait que la réforme liturgique de Vatican II – telle que les textes ont été interprétés et telle que la liturgie s’est déterminée – semble ne plus pouvoir être mise en discussion. La résistance porte sur la possibilité même, offerte par le Pape, de pratiquer une autre forme de vie liturgico-sacramentelle. C’est ce qui est en jeu. Alors que le Pape a dit qu’il y a une richesse liturgique et sacramentelle à laquelle tout l’Église, si elle le désire, peut accéder sans que cela se résume à une seule et même forme, il y a selon moi un large pan du monde ecclésiastique qui considère en revanche que la réforme de Vatican II supplante tout ce qui la précède. C’est cette herméneutique de la discontinuité sur laquelle le Pape est intervenu avec beaucoup de force et de clarté.

Paolo Facciotto : Selon un sondage Doxa, 71% des catholiques trouveraient normal que coexistent dans leur paroisse les deux formes du rite romain et 40 % des pratiquants choisiraient la messe de saint Pie V le dimanche si celle-ci était offerte dans leur paroisse. Que penser de ces chiffres, à prendre bien entendu avec toute la prudence qu’il sied à un sondage ?

Mgr Luigi Negri : Au-delà de ces résultats, je suis d’avis qu’aujourd’hui l’Église doit être pleinement disposée à offrir des formes et des modes de participation à la vie du Christ qui correspondent dans leur diversité à la diversité qui existe parmi les hommes et parmi les jeunes. Je pense que nous devons être animés d’un sincère enthousiasme missionnaire. Au moment auquel les églises se vident et où il y a tant de difficultés à percevoir clairement le mystère du Christ et de l’Église, tout ce qui peut y concourir doit être mis en œuvre, à condition de ne pas en profiter pour servir ses propres options idéologiques. L’affrontement traditionalisme/progressisme n’a plus de raison d’être et nous devons en être reconnaissants à Benoît XVI. Il s’agit d’oppositions idéologiques qui hypostasient les points de vue, les sensibilités, les formes, au lieu de s’interroger sur ce qui est le plus utile à la mission de l’Église et donc à son devoir d’éducation.

Paolo Facciotto : Comment célébrait Don Giussani ? Quelle était son idée de la liturgie et comment vécut-il sa réforme ?

Mgr Luigi Negri : J’ai vu Don Giussani célébrer selon le rite de saint Pie V. Il le célébrait avec la conscience profonde d’être l’acteur d’un événement que la grâce ouvrait au cœur et à la vie des hommes. Et je l’ai vu célébrer la liturgie réformée de la même façon. Don Giussani allait à l’essentiel et était par nature peu enclin à s’arrêter sur les détails. Je ne peux pas dire comment il a réagi à la réforme parce que je crois que nous n’en avons jamais parlé, ni entre nous – même si nous avons eu des centaines d’heures d’échanges sur tous les problèmes de la vie de l’Église et de la société – ni en public.
L’image qu’il avait de la liturgie est contenue dans un très bel opuscule Dalla liturgia vissuta, una proposta. Je crois que la liturgie traditionnelle, tout comme la liturgie réformée, pourvu qu’elles demeurent fidèles à l’identité que leur confère le magistère, peuvent concourir à ce qu’une vie devienne une proposition de vie. La liturgie est une proposition de vie, celle du Christ au milieu des siens, qui devient proposition de vie. Je ne crois pas qu’il était disposé à mourir pour la liturgie de saint Pie V mais je ne crois pas plus, à la lueur de nos cinquante années de fréquentation, qu’il eut affirmé que la liturgie de Vatican II fut la meilleure possible. Au contraire, je crois que, comme sur d’autres aspects du Concile, il éprouvait quelques difficultés d’interprétation comme c’est aujourd’hui admis par la majeure partie des pasteurs et des théologiens intelligents. C’est si vrai que, 40 ans après, Benoît XVI nous dit que peut commencer aujourd’hui une vraie interprétation du Concile.

(1) Les Opera Omnia de Joseph Ratzinger sont en cours de publication chez l’éditeur allemand Herder. Sorti en 2010, Théologie de la liturgie » est théoriquement le onzième volume de la collection mais, en pratique et selon le désir du Pape, le premier a avoir été publié.

(2) Mgr Perl, lors du colloque Summorum Pontificum, organisé à Rome du 16 au 18 septembre 2008.

[SPO] Communautés satellites de la FSSPX : une certaine porosité « à la chinoise »

SOURCE - SPO - 25 août 2011

On a parlé, ces jours derniers, du transfert de la Mère Marie Micaela de la Congrégation des Sœurs Dominicaines de la Nouvelle-Zélande aux Sœurs Dominicaines de Wanganui dépendant de la FSSPX. Elle aurait reçu pour ce faire, une permission spéciale de la Congrégation pour les Instituts religieux et séculiers dominicansisterswanganui.blogspot.com. Cette « permission spéciale » n’est nullement confirmée. Mais le silence de la Congrégation romaine est plausible.

Il semble que quelques cas plus complexes se soient produits, mais dont le résultat est identique. À des religieux et religieuses dépendant de la FSSPX, qui ont demandé aide et conseil pour une régularisation canonique, il aurait été conseillé par le Saint-Siège, en certains cas, de demeurer dans leurs communautés en attendant une régularisation d’ensemble de la FSSPX et de ses communautés amies. Il n’est pas interdit de penser que certains de ces religieux aient été canoniquement « reconnus » à titre individuel (on nous dispensera de donner des précisions), de manière discrète. En somme, une certaine porosité « à la chinoise ».

[Abbé Aulagnier - ITEM] « Tradidi vobis in primis quod et accepi »

SOURCE - Abbé Aulagnier - 25 août 2011

XI ème dimanche après la Pentecôte.
« Tradidi vobis in primis quod et accepi »
« Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’ai moi-même reçu »
Ces merveilleuses paroles de saint Paul furent celles que Mgr Lefebvre prononça lors de son sermon pour la consécration épiscopale des quatre évêques de la FSSPX, le 30 juillet 1988. Il dit : « Loin de moi, loin de moi de m’ériger en Pape. Je ne suis qu’un évêque de l’Eglise catholique qui continue à transmettre, à transmettre la doctrine. Tradidi quod et accepi. C’est ce que je pense…c’est ce que je souhaiterais que l’on mette sur ma tombe, et le moment ne tardera sans doute pas. Que l’on mette sur ma tombe. Tradidi quod et accepi, ce que dit saint Paul, « Je vous ai transmis ce que j’ai reçu, tout simplement. Je suis le facteur qui porte une lettre. Ce n’est pas moi qui l’ai faite cette lettre, ce message, cette parole de Dieu, c’est Dieu lui-même, c’est NSJC, et nous vous l’avons transmise, par l’intermédiaire de ces chers prêtres qui sont ici présents et par tous ceux qui, eux-mêmes, ont cru devoir résister à cette vague d’apostasie dans l’Eglise, en gardant la foi de toujours et en la transmettant aux fidèles. Nous ne sommes que des porteurs de cette nouvelle, de cet évangile que NSJC nous a donnée, nous vous transmettons les moyens de sanctification, la vraie et sainte messe, les vrais sacrements qui donnent la vie spirituelle ».

Vous voyez, MBCF, l’importance pour Mgr Lefebvre, de la Tradition apostolique. Et cette Tradition semble même se résumer à la « sainte Messe ».

Voilà de fait ce qu’il nous a transmis : la sainte Messe. Il l’avait reçue de ces professeurs romains, il en avait étudié le profond mystère à la Grégorienne auprès de professeurs éminents, il en avait étudié la belle liturgie, au séminaire français même. Il avait été au séminaire de santa Chiara, grand cérémoniaire. C’est pourquoi il en connaissait si bien les rubriques liturgiques.

Il me semble que l’on peut dire en toute vérité que si l’Eglise romaine a pu garder ce « trésor » de la messe, moyen de toute sanctification, c’est grâce à Mgr Lefebvre, à son action apostolique. Sans lui, sans son séminaire, ses séminaires, sans ses prêtres, la messe latine grégorienne dite de saint Pie V n’existerait plus. Si le pape Benoît XVI a pu prendre un MP en faveur de la messe tridentine, s’il a pu la restaurer dans ses droits au sein de l’Eglise catholique, s’il a pu restaurer ce trésor, c’est parce que préalablement Mgr Lefebvre avait eu l’énergie, la foi, l’audace, le courage de la garder et de la transmettre comme un trésor reçu.

Et si l’on croit, de fait, que cette messe tridentine est le vrai trésor de l’Eglise, pour l’Eglise, on comprend combien elle lui doit une légitime reconnaissance puisqu’il le lui a gardé. Il faudra que cela soit dit un jour par la hiérarchie catholique. La justice le veut. La justice l’exige, la justice le réclame. Nous le réclamons.

Il resta fidèle à cette messe parce que la messe est le renouvellement du sacrifice de la Croix et que le sacrifice du Christ est le tout de la vie du Christ. Pour Mgr Lefebvre, le sacrifice du Golgotta, c’est le Christ, c’est la raison de sa venue sur la terre.

Pour Mgr Lefebvre, le sacrifice du calvaire est le point central de l’Evangile, de l’AT comme du NT. L’AT l’annonce par mille figures et prophéties, le NT le réalise de fait douloureusement. Le sacrifice du Calvaire est la raison de l’Incarnation, la réalisation de la Rédemption, Celui qui glorifie Dieu infiniment et ouvre les portes du Ciel à l’humanité pécheresse.

Mgr Lefebvre écrivait dans son « Itinéraire spirituel » : « On ne peut qu’être frappé par l’insistance de NSJC durant toute sa vie terrestre, sur son « heure » : « J’ai désiré d’un grand désir cette heure de mon immolation. Jésus est tendu vers sa Croix. Le Mysterium Christi – qui est tout l’Evangille – c’est avant tout le Mysterium crucis. C’est pourquoi dans les desseins de l’infinie sagesse de Dieu, pour la réalisation de la rédemption, de la Recréation, de la Rénovation de l’humanité, la Croix de Jésus est la solution parfaite, totale, définitive, éternelle par laquelle tout sera résolu. C’est dans cette relation de chaque âme avec Jésus crucifié que le jugement de Dieu sera porté. Si l’âme est dans une relation vivante avec Jésus Crucifié, alors elle se prépare à la vie éternelle et participe déjà à la gloire de Jésus par la présence de l’Esprit saint en elle…Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il sèche puis on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent » (Jn 15 6). Pour notre justification, pour notre sanctification, Jésus organise tout autour de cette fontaine de vie qui est son sacrifice du Calvaire. Il fonde l’Eglise, Il transmet son sacerdoce ; Il institue les sacrements pour faire part aux âmes des mérites infinis du Calvaire. C’est pourquoi Saint Paul n’hésite pas à dire : » Je n’ai pas jugé que je devais savoir parmi vous autre chose que Jésus et Jésus Crucifié » (I Cor 2 2)

Voilà l’Evangile de Vie.

Or ce sacrifice du Calvaire devient sur nos autels le sacrifice de la messe.

Dès lors comme il n’y a rien de plus grand dans le Christ que sa Croix, son sacrifice du Clavaire, il n’y a rien de plus grand dans l’Eglise que la Sainte Messe puisqu’elle n’est rien d’autre que le Sacrifice de la Croix perpétué dans le temps sous une forme non sanglante, sacramentelle.  C’est, comme le dit le Catéchisme du Concile de Trente, la même Victime, NSJC. C’est en effet le seul et même prêtre, Jésus-Christ, car les ministres qui offrent le sacrifice de la messe n’agissent pas en leur nom propre mais au nom de NSJC. Ils disent bien : « Ceci est mon corps » et non « ceci est le Corps du Christ », se mettant en la place de NSJC pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang.

Ah! si nous pouvions avoir une foi plus vive en ce mystère, nous serions plus nombreux aux pieds de nos autels !

Les choses étant ainsi, il faut enseigner que le Saint Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un sacrifice de louange et d’action de grâce, ni un simple mémorial de celui qui fut offert sur la Croix, mais est encore et surtout le Sacrifice propitiatoire du Christ qui apaise Dieu et nous le rend favorable. Car ce sacrifice de la Croix est un acte de si grand d’amour et d’obéissance si parfaite, que Dieu nous pardonne nos péchés et opèrent en nous l’œuvre de notre salut. Car tous les mérites si abondants de la Victime Sainte se répandent sur nous par ce sacrifice non sanglant.

Et si par aventure, à Dieu ne plaise, la réforme liturgique de Mgr Bunigni voulait atteindre à la substance de ce sacrifice de la messe, comme le laisse nettement apparaître la définition qu’il en donnait à l’article 7 de l’Institutio generalis de la Constitution Missale romanum…alors Mgr Lefebvre se dressera là contre, de toutes ses forces. Pourquoi ? Parce qu’il y va de la réalité substantielle de l’œuvre de NSJC. Car NSJC est venu sur la terre pour accomplir ce sacrifice par lequel il rendait à Dieu son Père , non seulement la gloire et l’honneur qui lui sont dus, en confessant sa totale Seigneurie sur toutes choses, mais aussi en accomplissant notre salut par mode de cause efficiente, par mode de mérite, par mode de satisfaction nous délivrant de l’obligation de la peine qu’avaient mérité nos péchés, par mode de rachat, nous délivrant de l’esclavage du péché et du démon et par mode de sacrifice, nous permettant de rentrer en grâce auprès de Dieu, réconciliés avec Lui. Dès lors les portes du ciel, nous sont ouvertes, l’obstacle, le péché étant enlevé.

Aussi on comprend que Mgr Lefebvre ait voulu nous laisser un testament, un seul testament, celui de NSJC : « Novi et aeterni Testamenti ». « Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti ». L’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son sacrifice, c’est son sang, c’est sa Croix Et c’est cela le ferment de toute la Chrétienté, de toute la civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au Ciel, aussi je vous dis : « Pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour l’amour de NJJC, pour la dévotion à la Très sainte Vierge Marie, pour l’amour de l’Eglise, pour l’amour du Pape, pour l’amour des évêques, des prêtres, de tous les fidèles, pour le salut du monde, des âmes, gardez ce testament de NSJC. Gardez le Sacrifice de NSJC ; Gardez la messe de toujours ».

Voilà ce qu’il nous a transmis parce qu’il l’avait d’abord, lui, reçu.

24 août 2011

[SPO] Une nouvelle paroisse personnelle pour la Fraternité Saint-Pierre

SOURCE - SPO - 24 août 2011

Et, évidemment, c’est aux États-Unis. Entièrement consacrée à la liturgie traditionnelle, cette paroisse se trouve à Houston, Texas. Le cardinal DiNardo, archevêque de Galveston-Houston met ainsi en application l’article 10 de Summorum Pontificum.
S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit.

Fas est Ordinario loci, si opportunum iudicaverit, parœciam personalem ad normam canonis 518 pro celebrationibus iuxta formam antiquiorem ritus romani erigere aut rectorem vel cappellanum nominare, servatis de iure servandis.
La décision est prise, mais tout est à faire.

Un peu plus de seize hectares de terrains permettront de construire une église, un presbytère, des salles paroissiales et certainement une école. Sur le terrain de la paroisse sainte Elizabeth Ann Seton les prêtres de la Fraternité Saint-Pierre commenceront à célébrer la messe dès le 4 septembre prochain. Il s’agit de la troisième paroisse personnelle consacrée à la liturgie traditionnelle au Texas, les deux autres étant Mater Dei dans le diocèse de Dallas et St. Joseph the Worker dans le diocèse de Tyler.

Source : Rorate Cæli.

[Abbé Régis de Cacqueray, FSSPX] Mgr Fellay confirme : Réunion avec la FSSPX à Rome le 14 septembre 2011

SOURCE - Abbé Régis de Cacqueray, FSSPX France - 24 août 2011

Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France
Suresnes, le 24 août 2011
Communiqué du Supérieur du district de France
Le 15 août dernier, lors de l'Université d'été du district de France qui s’est tenue près de Saint-Malo, notre Supérieur Général Monseigneur Bernard FELLAY, a confirmé la nouvelle qu’il était invité, lui et ses deux Assistants, à une réunion avec le Cardinal William LEVADA, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (et de la Commission Ecclesia Dei qui lui est rattachée), le 14 septembre prochain à Rome.
Le 17 juin 2011, au cours du sermon des ordinations sacerdotales au séminaire Saint-Thomas d’Aquin de Winona (Etats-Unis), Monseigneur FELLAY avait déclaré :
« La vérité est que j’ai été invité à me rendre à Rome auprès du cardinal LEVADA, et que ce sera pour la mi-septembre. C’est tout ce que je sais. Cela concerne les entretiens que nous avons eus avec Rome après lesquels, comme cela a été dit, " les documents de synthèse seront remis aux plus hautes autorités ". Ce sont les mots exacts, et c’est la seule chose que je connaisse du futur, tout le reste ne serait qu’invention. Alors, je vous en prie, ne courez pas après ces rumeurs. »
Selon le plan de route transmis au Supérieur général, le but de cette réunion est d'évaluer les discussions doctrinales ayant eu lieu entre Rome et la Fraternité Sacerdotale Saint-   Pie X depuis octobre 2009.
Monseigneur FELLAY a également précisé ce 15 août qu'il n'avait pas reçu d'autres précisions.
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France de la FSSPX

[catho.be] Le Vatican pourrait proposer à la Fraternité Saint-Pie X « l’institution d’un ordinariat »

SOURCE - catho.be - 24 août 2011

Le supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, avec laquelle le Vatican mène des discussions doctrinales depuis 2009, sera reçu à Rome le 14 septembre 2011. La tenue de cette rencontre, annoncée par le supérieur du district d’Allemagne de la Fraternité, a été confirmée le 23 août par le Bureau de presse du Saint-Siège.

Au cours de cette visite, si les difficultés doctrinales venaient à être surmontées, le Vatican pourrait proposer à la Fraternité « l’institution d’un ordinariat », selon le site internet « Vatican Insider ». Mgr Bernard Fellay avait annoncé dès le mois de juin qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Il sera accompagné de ses deux assistants, les abbés Niklaus Pfluger et Alain-Marc Nely [photo].

Cette rencontre aura pour but d’évaluer la portée des discussions à huis clos entamées en octobre 2009 au siège de la CDF, qui abrite les locaux de la Commission pontificale « Ecclesia Dei ». Ces discussions portent sur l’interprétation du Concile Vatican II (1962-1965) mais aussi sur le concept de Tradition, le Missel de Paul VI, l’unité de l’Eglise, l’œcuménisme et le rapport entre le christianisme et les religions non chrétiennes, ainsi que sur la liberté religieuse.

Selon « Vatican Insider », le Vatican devrait soumettre à Mgr Fellay des protocoles d’accord sur l’interprétation du Concile Vatican II selon l’herméneutique de la continuité, un point sur lequel Benoît XVI a insisté dès le début de son pontificat.

Dans le cas où les difficultés doctrinales seraient surmontées, Rome pourrait proposer à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X l’institution d’un ordinariat semblable à celui créé à l’intention des anglicans désirant rentrer en communion avec Rome. De cette manière, la Fraternité dépendrait du Saint-Siège, et plus particulièrement de la Commission « Ecclesia Dei », et pourrait conserver ses caractéristiques propres sans devoir en répondre devant les évêques diocésains.

Ctb/apic/imedia/bl

[Famille Chrétienne] Lefebvristes : l’accord avec les anglicans pourrait-il faire jurisprudence ?

SOURCE - Famille Chrétienne - 24 août 2011

Mgr Bernard Fellay avait annoncé dès le mois de juin qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). La tenue de cette rencontre a été confirmée le 23 août par le bureau de presse du Saint-Siège. Il sera accompagné de ses deux assistants, les abbés Niklaus Pfluger et Alain-Marc Nely.

 

Doctrine : ce qui reste à régler

Cette rencontre aura pour but d’évaluer la portée des discussions à huis clos entamées en octobre 2009 au siège de la CDF, qui abrite les locaux de la commission pontificale Ecclesia Dei. Ces discussions portent sur l’interprétation du concile Vatican II (1962-1965) mais aussi sur le concept de tradition, le Missel de Paul VI, l’unité de l’Église, l’œcuménisme et le rapport entre le christianisme et les religions non chrétiennes, ainsi que sur la liberté religieuse.

 

Vatican Insider rapporte que le Vatican devrait soumettre à Mgr Fellay des protocoles d’accord sur l’interprétation du concile Vatican II selon l’herméneutique de la continuité, un point sur lequel Benoît XVI a insisté dès le début de son pontificat.

 

L'accord avec les anglicans pourrait servir de modèle

Dans le cas où les difficultés doctrinales seraient surmontées, Rome pourrait proposer à la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X l’institution d’un ordinariat semblable à celui créé à l’intention des anglicans désirant rentrer en communion avec Rome. De cette manière, la fraternité dépendrait du Saint-Siège, et plus particulièrement de la commission Ecclesia Dei, et pourrait conserver ses caractéristiques propres sans devoir en répondre devant les évêques diocésains.

23 août 2011

[Ennemond - Fecit] Le 14 septembre prochain...

SOURCE - Ennemond - Fecit - 23 août 2011

On sent déjà une effervescence naître à l'approche de cette date du 14 septembre. Un article affirmait ces jours-ci que l'issue de cette réunion pouvait s'avérer très ouverte tant il y a des courants divers au sein de la Fraternité Saint-Pie X. Sans doute les propos de l'évêque britannique ne seraient-ils pas tenus par son supérieur général, mais je ne pense pas que l'inconnu se trouve de ce côté là. Malgré tout, le chapitre général de la Fraternité, qui se tiendra en temps et en heure s'il y a des propositions faites par le Saint-Siège, n'est constitué que de quarante personnes et tous suivent la position pragmatique de leur fondateur qui est mort il y a vingt ans seulement. La situation de cette oeuvre est assez exposée- on ne parle plus de ligne de crête mais de fil du rasoir disait un éminent membre de la Fraternité - pour que les avis les plus divergents se soient déjà éclipsés sur une planète Ecclesia Dei ou atomisés sous forme d'astéroïdes sédévacantistes.

Autrement plus important est l'abîme qui peut exister entre les esprits régnant sur la curie qui vont de la foi catholique aux divagations néo-modernistes. Récemment, Mgr Pozzo a demandé à Mgr Fellay de dire à ses fidèles que tout ce qui venait de Rome ne venait pas forcément du pape, cela montre un peu l'état de guerre qui existe au sein du Vatican. Le dicastère de Mgr Pozzo propose même de ne pas tenir compte de certaines condamnations fulminées par un autre dicastère. Il n'y a pas que certains diocèses qui sont hors contrôle, il y a également des dicastères romains.

Or, c'est Rome qui doit apporter une solution. Celle-ci dépendra des rapports de force existant au sein de la Curie. C'est pourquoi, dans toute la littérature parue ces derniers jours, la plus sensée me semble être celle d'Austremoine, qui envisage tous les cas de figure devant lesquels la Fraternité peut être confrontée. Demain, elle peut être reconnue de facto comme elle peut-être condamnée à nouveau. C'est pourquoi, cette solution dépendra aussi et surtout des offrandes, prières et sacrifices que nous, fidèles, pourront consentir pour une issue bienheureuse. Ne les négligeons pas car ils porteront plus de fruits que les pronostics hasardeux.

[Austremoine - Fecit] Ni acceptation ni opposition de principe

SOURCE - Austremoine - Fecit - 23 août 2011

Ni acceptation ni opposition de principe: telle est la position de la Fraternité.

Il n'y a pas d'acceptation ni de refus de principe à un statut canonique. Mais un statut canonique ne veut pas dire nécessairement accord pratique.

La FSSPX a toujours refusé un accord pratique qui visait à s'entendre sur la forme et se taire sur le fond. Et ceci est touours vrai et le sera toujours.

Et c'est bien dans cette optique que Mgr Fellay avait demandé les discussion doctrinal afin de bien exposer les différents avec auparavant le respects des deux préalables. C'est chose faite aujourd'hui.

Que faire aujourd'hui ?

Du coté de la FSSPX rien ne change. Elle peut continuer comme aujourd'hui, pousuivre son apostolat. Elle a déjà subit le pire de la part des autorités ecclésaistiques, elle ne peut pas avoir pire que ce qu'elle a eu.

Du coté de Rome il y a plusieurs options.

- Ils peuvent considérer la FSSPX comme n'étant pas catholique et la recondamner. Cela n'aurait pas de sens à une époque où loeucuménisme fait rage et où une nouvelle condamnation n'aurait pas de sens surtout après le chemin parcouru par le pape en sens inverse.

- Ils peuvent vouloir gagner du temps, laisser la situation en l'état ou poursuivre les discussions. Ce sera du temps gagné pour faire oublier le dossier et surtout attendre que les plus rétissant à une réintégration soient partis. Cette hypothèse possible ne semble pourtant pas rentrer dans la volonté romaine qui se presse lentement pour une fois et semble vouloir avancer au pas de charge (tout est relatif !).

- L'accord pratique : il va être proposé, c'est certain et ce ne sera pas la première fois. Rome fera le forcing, posera ses conditions, brandira des menaces, c'est une habitude. Un accord pratique n'est pas possible sans un accord doctrinal. Cette hypothèse va être tenté, je doute qu'elle aboutisse.

- L'octroie d'un statut de façon unilatérale : on ne demande rien à Mgr Fellay. Rome lui dit : voici votre statut. Il répond aux attentes de la FSSPX, il vous donne une totale liberté, vous l'avez, c'est signé. Mgr Fellay ne pourra accepter ou refuser, le statut sera là, naturellement si la liberté de la FSSPX est totalement garantie. Pour Rome cette procédure sera facilement justifiable grâce aux discussions doctrinales.

[AFP] Saint Pie X attendue au Vatican le 14/09

SOURCE - AFP - 23 août 2011

Le supérieur de la Fraternité catholique intégriste Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay, se rendra le 14 septembre au Vatican pour rencontrer un haut responsable de l'Eglise catholique, rapporte aujourd'hui l'agence d'informations religieuses I-média.

"Le supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (...) sera reçu à Rome le 14 septembre 2011. La tenue de cette rencontre (...) a été confirmée par le bureau de presse du Saint-Siège", selon I-média. Mgr Bernard Fellay avait annoncé dès le mois de juin qu'il avait été invité à rencontrer le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), le poste qu'occupait auparavant Joseph Ratzinger avant d'être élu pape.

Cette rencontre aura pour but d'évaluer la portée des discussions à huis clos entamées en octobre 2009 au siège de la CDF. Ces discussions portent sur l'interprétation du concile Vatican II (1962-1965) mais aussi, entre autres, sur le concept de tradition, sur l'unité de l'Eglise, l'oecuménisme ou le rapport entre le christianisme et les religions non chrétiennes, affirme I-média.

L'évêque intégriste français Marcel Lefebvre avait fondé en 1970 la Fraternité Saint Pie-X et en 1988, il avait été excommunié pour avoir sacré quatre évêques.

Benoît XVI s'est montré soucieux de mettre fin à ce schisme. Le Vatican a publié ainsi en mai une instruction visant à faciliter la célébration de la messe en latin d'avant Vatican II, chère aux lefebvristes, à la condition que l'autorité du pape ne soit pas contestée.

Mais début juillet, le Vatican avait dû réaffirmer l'illégitimité de nouveaux prêtres de la Fraternité, ordonnés sans l'accord de Rome. Le 18 juin, alors qu’il célébrait l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire de Winona (Etats-Unis), Mgr Fellay, avait tenu des propos très durs contre une Eglise "pleine d’hérésies". Il avait fustigé la béatification de Jean Paul II, et critiqué la rencontre interreligieuse d’Assise (Italie), qui sera organisée en octobre, 25 ans après la première rencontre convoquée par Jean Paul II.

22 août 2011

[APIC] Evaluation des dialogues doctrinaux menés depuis près de 2 ans

SOURCE - APIC - 22 août 2011

Allemagne: Les dirigeants de la Fraternité Saint-Pie X au Vatican le 14 septembre prochain 

Evaluation des dialogues doctrinaux menés depuis près de 2 ans

Stuttgart, 22 août 2011 (Apic) Les dirigeants de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X - le supérieur général Bernard Fellay et ses deux assistants Niklaus Pfluger et Alain-Marc Nely - sont attendus le 14 septembre à Rome pour un dialogue au Vatican. Ils doivent notamment y rencontrer le cardinal américain William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Le 18 juin dernier, alors qu’il célébrait l’ordination de plusieurs nouveaux prêtres au séminaire traditionaliste de Winona, aux Etats-Unis, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X avait déjà indiqué qu’il avait été invité à rencontrer le cardinal Levada au milieu du mois de septembre prochain.
Rome, une "Eglise pleine d’hérésies"

Dans une longue homélie, Mgr Bernard Fellay avait également eu à cette occasion des propos durs au sujet de Rome, évoquant en particulier les "messages contradictoires" du siège de l’Eglise catholique, une "Eglise pleine d’hérésies". Il avait fustigé tout particulièrement la Secrétairerie d’Etat du Vatican.

La nouvelle de la visite de la direction de la Fraternité traditionaliste à Rome a été confirmée par l’abbé Franz Schmidberger, supérieur du district de la Fraternité en Allemagne, sur son site internet. Il s’agit de discuter des résultats des dialogues doctrinaux qui ont duré presque deux ans entre le Saint-Siège et la Fraternité, indique-t-il.

L’abbé Schmidberger relève que les discussions vont tourner autour de la situation de la Fraternité du point de vue du droit canonique. Il est à noter que ce n’est pas seulement le supérieur général qui se rend à Rome, mais aussi le Conseil général de la Fraternité Saint-Pie X. (apic/kna/be)

20 août 2011

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] «Les dons des Grecs?» -- I

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 20 août 2011

Le 14 septembre, dans quelques semaines, doit avoir lieu à Rome, nous dit-on, une réunion entre le cardinal Levada avec des officiels de Rome et le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X avec ses deux Assistants. Il convient d'en aviser tout catholique qui apprécie ce qu'il a été donné depuis 40 ans à Mgr Lefebvre et à sa Fraternité de faire pour la défense de la Foi, parce que cette Foi est plus que jamais en péril, et « Un homme averti en vaut deux », surtout s'il est prêt à prier.

C'est le cardinal Levada, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui a reçu la tâche il y a deux ans de surveiller les Discussions doctrinales entre Rome et la FSSPX qui ont eu lieu entre l'automne de 2009 et le mois d'avril passé. Il semble raisonnable d'anticiper qu'à la base de ces Discussions Rome va annoncer sa décision le 14 septembre pour ses rapports futurs avec la FSSPX.

Or, tout le monde dit que les Discussions ont confirmé qu'aucun accord doctrinal n'est possible entre la FSSPX qui s'accroche à la doctrine catholique de toujours, et la Rome d'aujourd'hui qui ne veut pas lâcher l'enseignement nouveau du Concile, et qui persévère dans cette désorientation, comme il appert de la néo-béatification de Jean-Paul II au mois de mai, et d'Assise III, annoncé pour la fin d'octobre. Alors la situation après les Discussions est exactement la même qu'avant : d'une part, pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes la FSSPX s'efforce d'aider Rome à revenir à la vraie Foi catholique, tandis que pour la gloire de l'homme moderne et pour plaire à ses ignobles médias de communication (comme on a vu en janvier et février 2009) la Rome conciliaire d'autre part fait tout dans son pouvoir pour induire la FSSPX à se laisser dissoudre dans cette pourriture de l'esprit et de l'âme qu'est l'œcuménisme de la nouvelle religion.

Alors imaginons ce que pourront imposer les Romains le 14 septembre -- la carotte ? le bâton ? Tous les deux, probablement, ajustés avec une expertise toute romaine à l'état d'esprit qu'ils observeront à ce moment-là dans la FSSPX. Le bâton pourrait être la menace d'une « excommunication » totale et définitive pour la FSSPX. Mais quel catholique possédant la Foi se laisserait impressionner par une telle menace ? On se souvient de la réaction de Mgr Lefebvre lorsqu'on a pour la première fois menacé de l'expulser de l'Eglise conciliaire : « Comment veut-on m'excommunier d'une église dont je n'ai jamais fait partie ? »

Quant à la carotte, la plus habile de la part de Rome pourrait être l'offre apparemment irrésistible de la « pleine communion avec Rome » selon les conditions demandées par la FSSPX. Il n'y aurait qu'une petite clausule cachée quelque part qui stipulerait que les futurs évêques et supérieurs de la FSSPX pourraient être choisis par un comité composé de Romains et de membres de la FSSPX, avec une majorité la plus étroite possible, mais qui serait... des Romains. Après tout, la FSSPX voudrait-elle intégrer Rome, oui ou non ? « Décidez-vous ! » sera leur demande raisonnable, émise déjà en 2001, parait-il, par le cardinal Ratzinger.

Les esprits clairs se rappelleront le conseil du Troyen sage - mais déconsidéré - qui ne voulait pas qu'on laissât entrer dans les murailles de Troie le Cheval des Grecs : « Quoiqu'il en soit, je crains les Grecs, même quand ils apportent des dons ». N'empêche, on fit entrer le Cheval. On sait ce qu'il advint de Troie.

Kyrie eleison.

[SPO] Miracle : Mgr Le Gall a célébré la messe en forme extraordinaire

SOURCE - SPO - 20 août 2011

C’est un effet « Benoît XVI » ou comme l’écrit Yves Daoudal sur le Forum catholique, c’est un véritable « miracle » qui s’est déroulé aux Journées mondiales de la jeunesse. Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse, ancien abbé de l’abbaye de Kergonan (congrégation de Solesmes), farouche défenseur de la nouvelle liturgie et adversaire acharné de la forme extraordinaire, a célébré la sainte messe selon les livres liturgiques de 1962. La messe a été célébrée pour le groupe Juventutem [video] en l’église paroissiale de Saint François de Sales de Madrid.

Mgr Le Gall était présent lors des journées liturgiques de Fontgombault au début des années 2000 lorsque le cardinal Ratzinger était intervenu dans le cadre d’un nouveau mouvement liturgique s’appuyant sur la liturgie traditionnelle. Mgr Le Gall n’avait pas caché son opposition aux propos de celui qui allait devenir le pape Benoît XVI. Lors de la publication de Redemptionis sacramentum, document de la congrégation pour le Culte divin « sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie », Mgr Le Gall n’avait pas hésité à déclarer qu’il n’y avait pas de problème liturgique en France. Depuis, le miracle a eu lieu. Non content d’accepter un apostolat de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre dans sa ville de Toulouse, il vient de célébrer la messe pour Juventutem, groupe de jeunes catholiques attachés à la forme traditionnelle.

17 août 2011

[Paix Liturgique] Mgr Gullickson, un nonce apostolique "de restauration" : le Motu Proprio pour un "nouveau mouvement liturgique"

SOURCE - Paix Liturgique n°296 - 17 août 2011

Ambassadeurs du Saint-Siège autour du globe tout autant que représentants du Pape auprès des églises locales, les nonces apostoliques sont d’ordinaire tellement pris par leurs obligations diplomatiques qu’on en oublie qu’ils sont aussi, et avant tout, des pasteurs. Et donc des liturgistes : il y a des nonces bugniniens, comme le nonce au Kazakhstan, qui a imposé à cette Église l’introduction de la communion dans la main, et il y a des nonces ratzinguériens comme le nouveau nonce en Ukraine (si nous étions polémistes, ce qu’à Dieu ne plaise, nous ajouterions qu’il y a aussi des nonces couleur de muraille, ou couleur de conférence épiscopale…) La récente nomination (mai 2011), par Benoît XVI, du prélat américain Thomas E. Gullickson, archevêque titulaire de Bomarzo, comme nonce apostolique en Ukraine, nous offre l’occasion de mettre en lumière l’un de ces hommes d’Église, souvent méconnus. La nonciature en Ukraine est un poste très sensible eu égard aux relations avec le monde orthodoxe : le patriarcat d’Ukraine, catholique depuis la fin du XVIe siècle, réintégré de force dans l’orthodoxie en 1945 par Staline, mais devenu autonome, depuis la chute du communisme, vis-à-vis du patriarcat de Moscou, est le talon d’Achille de l’orthodoxie ; l’un des grands desseins de Benoît XVI est son retour vers Rome, qui pourrait se réaliser par la réunion du patriarcat orthodoxe de Kiev et l’archevêché majeur catholique (l’Église ruthène illustrée par l’héroïque cardinal Josef Slipyi).

Nonce apostolique aux Antilles anglophones depuis 2004 (Bahamas, Jamaïque, Trinidad et Tobago, etc.) en même temps que délégué apostolique auprès des Eglises de Guyane, Guadeloupe et Martinique (l’équivalent d’un primat de cette région), Mgr Gullickson a tenu durant son séjour dans les Caraïbes un blog très intéressant, nourri par ses homélies dominicales, ses lectures et ses réflexions spirituelles et liturgiques. Dans ce blog, intitulé Island Envoy, Mgr Gullickson a abordé à plusieurs reprises le Motu Proprio Summorum Pontificum.

Dans le texte qui suit, publié l’été dernier, à l’occasion de la fin des trois années probatoires du Motu Proprio, il commente les trois objectifs poursuivis par le Pape lors de la promulgation de Summorum Pontificum. Ces trois objectifs ont été résumés ainsi par le canoniste allemand Gero Weishaupt :

a) une réponse aux signes des temps et un retour à la normale

b) l’enrichissement mutuel des missels de 1962 et de 1970

c) la réconciliation dans l’Église.


LE TEXTE DE MGR GULLICKSON

Trois ans après la publication de Summorum Pontificum, la situation liturgique de l’Église s’est-elle améliorée ? Quel type d’exposition à la liturgie ancienne entraînera la réalisation de ces objectifs ? Les trois objectifs formulés par Weishaupt rendent-ils justice à ceux fixés par le Saint Père dans sa lettre aux évêques du 7 juillet 2007 ? La défense de la vérité et la promotion de la justice, tout comme le respect de la continuité qui doit exister en matière de tradition liturgique de l’Église, me semblent s’imposer comme des priorités plus évidentes de la lecture de la lettre du Saint Père lui-même.

(...) Ce que signifie Weishaupt par son premier objectif est certainement en accord avec les paroles du Pape, mais il vient à court de l’expression du Saint Père : plus que de parler des “signes des temps” il devrait faire une référence claire à la correction des abus liturgiques. Parler d’un retour à la normale semble passer à côté de la question, car tout dépend de la normalité que vous recherchez. Il va sans dire que la réconciliation (objectif c) est fondée sur un profond respect mutuel, mais c’est plus compliqué que cela.

Plus que l’expression laconique "enrichissement mutuel", je pense que nous avons besoin de citer en entier les paroles du Saint Père en ce qui concerne les abus et le malaise général qui, dans la célébration de facto de la forme ordinaire au cours des quarante dernières années, ont trop souvent entravée l’adoration en esprit et en vérité et ont été une source de confusion et de découragement pour les catholiques. Je voudrais souligner en particulier l’espoir pour la liturgie nouvelle exprimé par le Pape : “La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.”

Le Pape Benoît XVI veut clairement délier les chaînes qui ont limité l’usage du Missel de 1962 au cours des quatre dernières décennies et préserver le Missel de 1970 de ceux qui ont pris en otage la liturgie contemporaine durant la même période. Il signifie en définitive qu’il est temps d’appliquer correctement la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.

Summorum Pontificum constitue certainement un point de repère dans la lutte pour l’expression liturgique complète et correcte dans l’Église. Il pourrait être décrit comme un moyen de persuasion douce, une mise en contact, une introduction. Il ne peut pas servir de seul véhicule pour la réforme, parce que la vérité exige aussi d’exposer de façon continue et persistante les abus liturgiques qui continuent à contrecarrer le culte vernaculaire dans son expression complète et adéquate. Seul un retour à l’usus antiquior comme forme ordinaire du culte pourrait éliminer les abus d’un seul coup, mais ce n’était pas l’intention du Saint Père. Benoît XVI n’a pas dispensé ses frères évêques de se montrer vigilants dans leurs efforts de réforme ; il n’a pas dispensé les prêtres d’enseigner à leurs fidèles la juste manière de célébrer ; il exhorte les musiciens et les artistes à de consciencieux efforts pour restaurer les liens avec la tradition à laquelle nous devons tenir.

Le culte divin est plus qu’une réunion de prière, beaucoup plus qu’un exercice spirituel. Les paramètres du culte céleste et la tradition qui nous vient des apôtres conditionnent le caractère sublime et la gravité qui appartiennent au sacrifice eucharistique et tout ce qui en découle. (...)

En méditant hier sur les mystères lumineux du rosaire, la pensée m’est venue qu’ils sont d’une certaine façon des mystères très eucharistiques ou qu’ils pourraient être abordés ainsi à des fins de méditation. Les Noces de Cana, en particulier, m’ont parlé de l’application de Summorum Pontificum et de toute la question de la réforme la liturgie en langue vernaculaire : seuls les serviteurs qui avaient puisé l’eau savaient ce qui se passait, ce qui n’empêche pas l’Évangile de faire de la transformation de l’eau en vin par Notre Seigneur, à la demande de Sa Sainte Mère, Son premier signe public.

Je suis résolu à poursuivre l’humble travail de remplissage des jarres, je vais le faire en montrant le bon exemple en célébrant et plus particulièrement à travers l’adoration ad orientem. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui travaillent pour le culte bien ordonné et pieux la possibilité de changer les cœurs et les esprits. La liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir. Nous devons le meilleur à Notre Seigneur et aussi à ses enfants au sein de l’Eglise, pour l’amour du salut du monde.



RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

Cette réflexion sur le Motu Proprio est très intéressante à plusieurs titres.

Tout d’abord elle ne reflète pas la position d’un fidèle "lambda" mais d’un évêque, de surcroit nonce dans un pays très délicat à superviser du fait des rapports constants avec le monde orthodoxe. Il va de soi que Benoit XVI, aidé par le Substitut Mamberti, n’a pas nommé Mgr Gullickson à ce poste-clé pour la diplomatie et la pastorale du Saint-Siège par hasard : il a choisi un homme de confiance et dont la position fondamentale d’attachement à la Tradition de l’Eglise doit avoir un rôle important dans le cadre de sa mission en Ukraine.

Du même coup, et en raison de ses prises de position liturgiques, cela permet de situer ce prélat dans le groupe d’influence des hommes de gouvernement favorables (cardinal Cañizares, cardinal Burke, cardinal Ranjith, cardinal Piacenza, cardinal Koch) à une « réforme de la réforme ». Et non seulement cardinaux, mais autour d’eux évêques, diplomates, officiers de Curie, et non des moindres.

Par ailleurs, Mgr Gullickson ne se contente pas de défendre une application large et généreuse du Motu Proprio ; il insiste sur les nombreux abus liturgiques que connait la pratique de la forme ordinaire du rite romain et sur la nécessité d’appliquer, enfin, correctement la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II (si tant est que cela soit possible…)

Mgr Gullickson va même très loin en louant implicitement la sagesse de Benoit XVI qui aurait pu faire cesser ces abus en imposant la forme extraordinaire du rite romain mais qui a plutôt fait le choix de permettre à nos pasteurs de corriger progressivement la façon souvent abusive dont est célébrée la forme ordinaire du rite romain dans les diocèses. Ces propos, typiques des prélats évoqués plus haut, sont d’une grande force et annoncent le développement à long terme que pourrait amener la vision de notre Pape.

En effet, dès lors que l’on constate comme une évidence qu’il y a une forme riche et une autre, disons, beaucoup moins riche, l’enrichissement mutuel est mis au second plan et n’est plus vu comme un échange entre les deux forme mais plutôt tout naturellement comme une amélioration (une rectification ?) par la forme extraordinaire du rite romain de la forme ordinaire, l’urgence étant de revenir au total à une célébration traditionnelle de la Sainte Liturgie. On comprend bien alors la vision (qui exprime le « programme » des prélats dont nous parlions) de ce pasteur selon laquelle la forme extraordinaire du rite romain ne s’imposera pas brutalement mais, par sa présence dans tous les diocèses, amènera progressivement la forme ordinaire du rite romain à elle. C’est tout simplement la mort annoncée de la forme ordinaire du rite romain.

Merci à Mgr Gullickson pour ce cri du cœur qui induit le développement des lieux où est célébrée la forme extraordinaire du rite romain. En effet, si comme il l’affirme " la liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir", il est urgent pour tout catholique de bonne volonté, quelle que soit son rang, de faire tout son possible pour que la forme extraordinaire du rite romain soit enfin offerte à tous les fidèles de toutes les paroisses et de tous les diocèses.