29 février 2012

[Christophe Saint-Placide] Motu Proprio : les États-Unis l’ont intégré


Les Etats-Unis nous étonneront toujours. Je ne voudrais pas ici empiéter sur le travail remarquable de mon collègue d’Americatho qui semble tout connaître du catholicisme américain avant même que les événements se passent. Mais, quand même ! Ce pays, grand comme un continent, où la modernité s’étalent à longueur de rue (et elles sont longues, les rues), est aussi celui qui voit certainement le meilleur accueil du motu proprio Summorum Pontificum. Peut-être même sommes-nous en face, en ce qui concerne les État-Unis, d’une deuxième phase, celle de l’intégration de Summorum Pontificum dans le paysage de l’Église catholique. Certes, il y a des résistances et des abus. Certes bien des choses pourraient être mieux. Mais, avons-nous en France, par exemple, autant d’évêques qui célèbrent la forme extraordinaire ? Avons-nous des cardinaux ou des archevêques de la trempe des Dolan, Chaput ou Burke ? Mis à part les bénédictins, peu d’ordres en France permettent la célébration de la messe traditionnelle à égalité avec la forme ordinaire. Aux Etats-Unis, une province dominicaine y est ouverte et nombreuse aussi sont les universités à offrir la messe en forme extraordinaire à leurs étudiants.
 
Tout cela pour dire que mercredi prochain, en la fête de saint Thomas d’Aquin, une messe dans le rite dominicain sera célébrée en l’église Saint-Vincent-Ferrier (photo) à New York par le père Austin Dominic Litke, O.P. La prédication sera assurée par le père James Dominic Brent, O.P., professeur assistant en philosophie à l’Université catholique d’Amérique. C’est la première messe chantée selon le rite dominicain dans la province dominicain de l’Est depuis 40 ans !
 
Cette célébration sera précédée la veille d’une conférence sur le thème : « Au-delà du dogme : saint Thomas et le modernisme postconciliaire ». Le drapeau n’est pas caché. Cette conférence sera donnée par le père Guy Mansini, O.S.B.
 
Le 26 mars prochain, c’est à Manhattan, en l’église des Saints-Innocents, que sera célébrée une messe dans la forme extraordinaire à l’initiative des Chevaliers de Colomb qui marquent ainsi un moment de prière contre l’avortement. Normalement, cette journée de prière se déroule le 25 mars, en la fête de l’Annonciation, mais celle-ci tombant cette année un dimanche, elle est reportée au lundi. Le célébrant sera un évêque émérite, Mgr James C. Timlin, ancien ordinaire de Scranton. Avant la célébration de la messe, Mgr Timlin conférera le sacrement de confirmation selon les livres liturgiques de 1962.

28 février 2012

[Hélène Rouquette-Valeins - Sud Ouest] Paroisse Saint-Éloi à Bordeaux : les "tradis" qui font toujours débat chez les catholiques

SOURCE - Hélène Rouquette-Valeins - Sud Ouest - 28 février 2012

"Un décalage abyssal avec notre siècle"... Chrétiens sans frontières écrit au cardinal Ricard à propos de Saint-Éloi, le refuge bordelais des traditionnalistes
 
«Alors que nous nous apprêtons à fêter un anniversaire qui nous tient à cœur, Vatican II, qu'un synode des évêques est annoncé courant 2012, serait-il question d'ouvrir les portes des lefebvristes dont on connaît les objectifs ? » Huit membres du collectif Chrétiens sans frontières Gironde viennent d'écrire au cardinal archevêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard pour s'inquiéter de la « réintégration » de la paroisse Saint-Éloi dans le diocèse. Le collectif adhère à la fédération du Parvis. Les réseaux du Parvis regroupent depuis dix ans au sein de cinquante associations françaises, 7 à 10 000 chrétiens, catholiques d'ouverture, protestants libéraux, unitariens. Les chrétiens unitariens refusent d'adhérer au dogme de la Trinité et prônent la recherche perpétuelle de la vérité.
« L'image d'un bastion »
Dans leur lettre, les membres du collectif se disent préoccupés « par le manque de lucidité de l'institution Église qui donne au monde l'image d'un bastion qui se protège et tente de se reconstruire et se défendre avec des armes désuètes et, ô combien dépassées. Comment pouvons-nous aujourd'hui encore, ne pas y voir un décalage abyssal avec notre siècle ? »
 
Concernant l'affaire Saint-Éloi, érigée en institut pontifical en 2006, les choses semblent assez claires. L'institut du Bon Pasteur a été érigé en « société de vie apostolique », regroupant à l'origine sous la houlette de l'abbé Laguérie, six membres fondateurs. A ce jour il compte douze prêtres, douze séminaristes. Issue de la Fraternité Saint Pie X, c'est une communauté dédiée au rite traditionnel.
 
La « réintégration » à laquelle font allusion les signataires du collectif, concerne la signature en février 2007 d'une convention entre l'archevêque de Bordeaux et l'institut, qui autorise les membres de l'institut du Bon Pasteur à utiliser le missel romain et prévoit la prise en charge des salaires et le versement du denier du culte. Mais cette convention a été signée « pour cinq ans et ad experimentum. » Les opposants à cette ouverture aux lefebvristes, voient donc arriver l'anniversaire en se posant des questions. Et ce d'autant que Mgr Ricard n'a pas l'air de vouloir répondre.
Les raisons du silence
Deux raisons semblent expliquer ce silence. Premièrement, les négociations entamées depuis trois ans entre le Vatican et Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, sont sur le point d'être rompues. Le successeur de Mgr Lefebvre a prononcé un sermon le 2 février dernier dans lequel il annonçait qu'il était impossible de signer le préambule doctrinal proposé par le Pape Benoît XVI. Il semblerait que Mgr Fellay ne serait pas reconduit sans ses fonctions lors de la prochaine élection qui verrait consacrer Bernard Tissier de Mallerais.
 
On peut donc penser que Mgr Ricard, qui a été obligé en 2006 d'avaler son col romain, ne soit pas pressé de répondre à l'aile la plus à gauche de son diocèse. Mais autre chose l'incite aussi à la discrétion. Des bruits insistants dans les couloirs du Vatican, laissent filtrer le nom du cardinal archevêque de Bordeaux comme nouveau préfet pour la congrégation pour la doctrine de la foi. Ce qui l'obligerait à quitter Bordeaux pour Rome. Et à « monter » dans la hiérarchie.

[Paix Liturgique] Cambrai, le plus ordinaire des diocèses

SOURCE - Paix Liturgique n°324 - 28 février 2012

Voici le dernier volet de notre enquête consacrée aux diocèses privés totalement de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, diocèses où la forme extraordinaire de la messe n’est aucunement proposée dans le cadre paroissial diocésain. Si la caractéristique des autres diocèses « exclusivement ordinaires » concernés par cette enquête (Mende, Langres, Angoulême, Châlons-en-Champagne et Viviers) est qu’ils sont plutôt ruraux et faiblement peuplés, le diocèse qui nous intéresse cette semaine est en revanche fortement urbanisé et très peuplé. Il s’agit du diocèse de Cambrai, qui appartient au département le plus habité de France (le Nord) et couvre les arrondissements de Cambrai, de Valenciennes, de Douai et d’Avesnes-sur-Helpe. Il compte plus d’un million d’habitants dont 700 000 baptisés soit environ 35 000 pratiquants si l'on retient le taux de 5 % de pratiquants réguliers (dont, comme le démontrent nos sondages, au moins un tiers, soit 12 000 fidèles, assisteraient à la forme extraordinaire si celle-ci leur était proposée). 
I – LE PORTRAIT DU DIOCÈSE
Historiquement, l’évangélisation de la région fut liée à la fois à la présence romaine et à celle des Francs. Jusqu’au XIe siècle, cet énorme diocèse était uni à celui d’Arras (d’où le siège épiscopal avait été transféré à Cambrai). Son territoire considérable fut réduit au XVIe siècle au profit de Malines et d’Anvers. Enfin, lors du concordat de 1801, il perdit toute sa partie belge et ses limites furent calquées sur celles du département du Nord. Compte tenu de la grande densité de population, ses limites actuelles plus réduites ont été fixées en 1913, avec la création du diocèse de Lille. Depuis 2002, s’il garde le titre d’archidiocèse, il dépend avec Arras de la « métropole » de Lille.

Aujourd’hui, l’évêque de Cambrai est Mgr François Garnier, 68 ans, nommé à ce siège le 7 décembre 2000 après avoir auparavant été évêque de Luçon. Originaire de Bourgogne, Mgr Garnier est un prélat dont on pourrait croire qu’il se bonifie avec le temps (Golias ne remarque-t-il pas que son caractère s’est arrondi et que son col est devenu romain ?). En réalité, Mgr Garnier peut être classé parmi les archéo-progressistes de l’épiscopat français, progressistes fort assagis, mais profondément libéraux. Il faut savoir qu’il y a dans les diocèses de France deux grands critères de dérive libérale :
- les absolutions collectives ;
- les bénédictions accordées lors des mariages de divorcés remariés.

Les évêques « identitaires » tentent de réduire ces deux plaies. D’autres évêques – le plus grand nombre – ferment les yeux par crainte d’une fronde d’une partie de leur clergé. D’autres enfin, dont Mgr Garnier, les approuvent à divers degrés. Le 5 avril 2003 (Eglise de Cambrai, avril 2003), il avait publié un texte qui a « beaucoup ému », comme on dit, les dicastères romains, qui n’en peuvent plus. Il y donnait des précisions sur l’organisation de temps de prière à l’occasion des « remariages », suivies de conseils à propos de la réception de la communion par ces « remariés » en les renvoyant in fine à leur conscience.

Quant à ses prises de position politiques et sociales, elles demeurent marquées par le souci de plaire à l’opinion dominante (sur les immigrés clandestins par exemple).

Disposant de moins de cent prêtres en activité (98, dont 80 pour les 51 paroisses), d’un âge moyen élevé (seuls 22 prêtres ont moins de 50 ans, dont 16 ont entre 40 et 50 ans), en 2003, Mgr Garnier a adapté l’organisation diocésaine à la sécularisation galopante, ramenant le nombre des paroisses de 452 à 51, regroupées en 12 doyennés. Sans promesse de relève : au cours des dix dernières années, la moyenne des ordinations sacerdotales s’établit à une par an. Et les finances à l’avenant : le budget annuel du diocèse est de 11 millions d'euros : il manque chaque année un peu plus d'un million d'euros pour équilibrer les comptes, les quêtes chutant de 12 % par an, en moyenne (1).

Bref, en dépit de sa taille et du fait que la pratique religieuse semble comme toujours mieux résister en zone urbaine qu’en zone rurale (c’est-à-dire que le taux de pratique y est le même - moins de 5 % - mais qu’au prix d’une réduction considérable du nombre des célébrations, les églises en ville ont encore l'air remplies à l'heure de la messe), le diocèse de Cambrai se trouve dans la situation de crise comparable à celle de la plupart des diocèses de France. Une crise que Mgr Garnier a fait diagnostiquer en commanditant un audit sur deux ans de l’institution diocésaine. Les conclusions désastreuses l’ont-elles incité à agir ? Lors d’une récente visite au séminaire interdiocésain de Lille, il a plaidé en faveur du « réveil de la vocation de baptisé ». On a parfois l’impression que nos évêques se pastichent eux-mêmes…
II – L’ACCUEIL DU MOTU PROPRIO DANS LE DIOCÈSE
En 2007, au moment de la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum, Le Monde donna la parole à divers prêtres. Parmi eux, « André Dhelin, prêtre à Maubeuge » qui déclarait : « L’Église a besoin de symbole, mais pas de celui-là. Il donne à certains un argument supplémentaire pour dire que l’Église s’occupe plus d’elle-même que du monde. » Des paroles banalement affligeantes mais bien caractéristiques d’un certain esprit postconciliaire qui sévit encore dans la province ecclésiastique de Lille.

Pour sa part, Mgr Garnier avait publié à l’été 2007 une circulaire intitulée « À propos du Motu Proprio : sur la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 » et destinée « aux prêtres du diocèse et aux équipes liturgiques ». Dans celle-ci, l’évêque ne dressait pas de barrières à l’application du texte pontifical – c’était le moins que l’on pouvait attendre –, mais il en profitait pour prier « pour que les liturgies dont nous avons la charge soient irréprochables » et surtout pour « saluer de tout cœur les membres des équipes liturgiques, notamment ceux et celles qui – bien formés – reçoivent la mission de conduire la célébration de nombreuses funérailles, étant donné notre petit nombre de prêtres ». Et toc. Et de douter du bien-fondé des abus dont « les textes de Rome parlent souvent » : « Si quelques "abus" existent encore, – c’est d’ailleurs ainsi depuis toujours et quels que soient les rituels utilisés –, ils sont de moins en moins nombreux : Dieu sait les efforts constants que nous faisons ensemble depuis le Concile pour qu’il n’y en ait plus ». Ah, le bon apôtre !

Lors du discours prononcé par Benoît XVI aux évêques de France réunis à Lourdes, le Saint Père revint sur la portée du Motu Proprio Summorum Pontificum: « Le culte liturgique est l’expression suprême de la vie sacerdotale et épiscopale, comme aussi de l’enseignement catéchétique. Votre charge de sanctification du peuple des fidèles, chers Frères, est indispensable à la croissance de l’Église. J’ai été amené à préciser, dans le Motu proprio Summorum Pontificum, les conditions d’exercice de cette charge, en ce qui concerne la possibilité d’utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII (1962) que celui du Pape Paul VI (1970). Des fruits de ces nouvelles dispositions ont déjà vu le jour, et j’espère que l’indispensable pacification des esprits est, grâce à Dieu, en train de se faire. Je mesure les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l’honneur et de la confiance qu’Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d’être des serviteurs de l’unité ! » (2)
Las ! Retenu à Valenciennes par la célébration du Millénaire de Notre-Dame du Saint-Cordon, Mgr Garnier était le seul prélat absent. Il n’a pas entendu le discours du Pape…
III – L’APPLICATION AVORTÉE DU MOTU PROPRIO À CAMBRAI
Si, à l’origine de notre enquête, nous n’avions pas inclus Cambrai parmi les diocèses privés de la forme extraordinaire du rite romain, c’est parce qu’une tentative d’application du Motu Proprio a eu lieu courant 2009. Début 2008, l’association Una Voce publiait en effet l’annonce de la constitution d’un groupe stable de fidèles à Cambrai, précisant qu’un « dialogue constructif [s’était] établi avec M. le curé de la cathédrale ». Quelques temps plus tard, l’abbé Denis Lecompte, alors curé de Notre-Dame de Grâce, accepta de célébrer la messe traditionnelle en semaine, à 18 heures, la substituant à la forme ordinaire. Une messe hebdomadaire, un jour de la semaine. Cela dura six mois, pas plus. L’abbé Lecompte se vit décoré d’un titre de prélat, et nommé recteur de la basilique du Saint-Cordon à Valenciennes (promoveatur ut amoveatur)… basilique dont il faut préciser qu’elle est fermée pour travaux jusqu’à date indéterminée.

Notons qu’en moyenne ce furent au moins 20 fidèles qui assistèrent chaque semaine à cette célébration. Ce qui correspond à au moins une bonne centaine de fidèles qui y auraient assisté chaque dimanche.

Après la mutation de l’abbé Lecompte, les fidèles que rassemblaient cette messe tentèrent d’obtenir, mais sans succès, un autre célébrant. L’évêque demanda au représentant du groupe de lui présenter une liste de demandeurs – le fait patent de l’assistance de fidèles aux messes de semaine durant six mois démontrant l'existence irréfutable d'un groupe stable de demandeurs locaux semblait insuffisant – mais il la jugea inadéquate car composée pour moitié de fidèles de Cambrai et pour l’autre moitié de fidèles de Valenciennes. En effet, en plus des familles de Cambrai, un groupe de familles de Valenciennes s’était constitué pour demander la messe.

Après un premier rendez-vous encourageant avec le doyen de Valenciennes qui leur avait proposé la plus ancienne église de la ville et un horaire convenable, ces familles valenciennoises reçurent une fin de non-recevoir lors d’un second entretien. Il faut dire que, dans l’intervalle, le prêtre avait vu le vigilant évêque du diocèse... Néanmoins, par la suite, l’évêché dépêcha un prêtre âgé pour célébrer des funérailles traditionnelles. Ce qui incita les fidèles à renouveler leur demande. Pour contourner le problème du manque de prêtre idoine, ils firent valoir auprès de l’évêque la possibilité de faire appel à une communauté Ecclesia Dei, en l’occurrence l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, bien implanté dans la région. Réponse de l’évêque : « Je ne veux pas qu’ils entrent dans mon diocèse ».

Du coup, seuls les fidèles qui peuvent et sont suffisamment « motivés » pour se déplacer en voiture vers les villes voisines plus ou moins éloignés peuvent se rendre à Brasmenil, Havré, Quiévrain, Lille, Lens, célébrées par des communautés Ecclesia Dei ou par la FSSPX.

Mais de messes paroissiales extraordinaires à Cambrai, point.
D’application du Motu Proprio à Cambrai, point.
De respect de la volonté du Pape à Cambrai…

(1) Source : http://www.paroissefrancaisedemilan.com/page-1355.html
(2) Au cours de ce discours, le pape a appuyé sur les points qui font
mal : catéchisme (un enfant sur cinq qui naît aujourd'hui en France
sera baptisé ; un sur quinze participera au catéchisme) ; vocations ;
etc. À lire ici :
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2008/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20080914_lourdes-vescovi_fr.html

[Christophe Saint-Placide] Deux paroisses personnelles dans le diocèse de Coire


L’agence de presse Apic a annoncé la création de deux paroisses personnelles pour la forme extraordinaire dans le diocèse suisse de Coire. Elle reprend le communiqué du diocèse de Coire publié le 27 février dernier et que l’on peut trouver ici.
 
On pourra tempérer l’interprétation de l’agence Apic qui voit dans cette décision une main tendue aux membres de la Fraternité Saint-Pie X, en cas de rupture définitif des discussions actuelles entre Mgr Fellay et Rome.
 
En fait, il semble que Mgr Huonder applique le motu proprio Summorum Pontificum et que cet évêque, réputé conservateur, bénéficie de la confiance de Benoît XVI. Celui-ci l’avait soutenu quant au printemps dernier les Églises cantonales du diocèse avaient contesté ses décisions et demandé sa démission. Le Pape et le cardinal Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques, lui avaient clairement exprimé une confiance absolue.
 
De la même façon, en décembre dernier, cet évêque avait vivement mis en cause l’éducation sexuelle transmise à l’école et avait demandé que les parents puissent dispenser les enfants de cette matière. À cette occasion, il avait déclenché une tempête médiatique en déclarant que « l’Eglise prend connaissance de la Déclaration des droits humains (qui était invoquée à ce sujet, ndlr). Elle jauge les formulations et revendications de cette convention à la lumière de la révélation divine. » Mettre Dieu avant un texte sur les droits de l’homme avait été considéré comme un relativisme insupportable et une atteinte profonde aux assises morales du monde moderne.
 
Le 19 février dernier, sa prise de position en faveur de la caisse de maladie Pro Life, qu’il a appelé à choisir de préférence aux autres caisses, avait été reçu comme un encouragement par les militants anti-avortement et comme une prise de position claire d’un évêque sur la question du financement des avortements en Suisse. Ces différents exemples montrent qu’il est pour le moins hasardeux de réduire la décision de Mgr Vitus Huonder de créer deux paroisses personnelles à une simple question de main tendue à d’hypothétiques déçus de la Fraternité Saint-Pie X. On notera au passage que la devise de l’évêque de Coire est « Instaurare omnia in Christo ».
 
Voici le texte intégral de la dépêche de l’agence Apic :
Diocèse de Coire: Deux paroisses personnelles pour le rite tridentin
Par souci pastoral
Coire, 27 février 2012 (Apic) L’évêque de Coire, Mgr Vitus Huonder a établi, le 22 février 2012, deux paroisses personnelles dans son diocèse. Ces paroisses sont destinées aux fidèles désireux de célébrer selon le rite tridentin.

Les paroisses de Marie Immaculée à Oberarth en Suisse centrale, et de Saint Maximilien Kolbe à Thalwil, dans le canton de Zurich ont été établies paroisses personnelles pour le rite extraordinaire, indique le porte-parole de l’évêché Giuseppe Gracia.

Mgr Huonder fonde sa décision sur le Motu proprio « Summorum Pontificum » de Benoît XVI de 2007, par lequel le pape facilite la célébration de la messe selon le rite préconciliaire.

Dans une lettre aux prêtres de son diocèse, Mgr Huonder précise que la création de paroisses personnelles doit mettre fin à une situation provisoire peu claire en droit canon. Dans ces régions, il y a en effet depuis des dizaines d’années des lieux où l’office est célébré selon le rite tridentin.
Besoins pastoraux au premier plan 
Mgr Huonder précise dans sa lettre qu’il a eu, avant de prendre sa décision, des entretiens avec le Conseil presbytéral et le Conseil épiscopal. Il déclare pouvoir comprendre l’opposition de certains à la création de paroisses personnelles et leur « crainte de voir favorisée ’une Eglise dans l’Eglise’, de perpétuer ce qui pourrait mettre en danger l’unité ».

Pour lui, ces réserves ne sont cependant pas « aussi importantes que les besoins pastoraux des personnes qui, depuis si longtemps, vivent dans le provisoire et qui constituent une partie de notre diocèse. »

Les paroisses personnelles ne sont pas affectées à un territoire particulier. En Suisse, on les connaît dans le secteur de la pastorale en langue étrangère. Il s’agit, par exemple des missions italienne et espagnole en Suisse alémanique ou en Suisse romande.

Selon les observateurs, la décision prochaine de Rome au sujet de l’éventuelle réintégration des traditionalistes de Mgr Lefebvre pourrait aussi avoir influencé Mgr Huonder. C’est une main tendue aux personnes qui ne voudraient plus suivrent la Fraternité St Pie X dans le schisme. (apic/com/gs/js)

27 février 2012

[APIC] Diocèse de Coire: Deux paroisses personnelles pour le rite tridentin

SOURCE - APIC - 27 février 2012

Diocèse de Coire: Deux paroisses personnelles pour le rite tridentin
Par souci pastoral
Coire, 27 février 2012 (Apic) L’évêque de Coire, Mgr Vitus Hunder a établi, le 22 février 2012, deux paroisses personnelles dans son diocèse. Ces paroisses sont destinées aux fidèles désireux de célébrer selon le rite tridentin.

Les paroisses de Marie Immaculée à Oberarth en Suisse centrale, et de Saint Maximilien Kolbe à Thalwil, dans le canton de Zurich ont été établies paroisses personnelles pour le rite extraordinaire, indique le porte-parole de l’évêché Giuseppe Gracia.

Mgr Huonder fonde sa décision sur le Motu proprio "Summorum Pontificum" de Benoît XVI de 2007, par lequel le pape facilite la célébration de la messe selon le rite préconciliaire.

Dans une lettre aux prêtres de son diocèse, Mgr Huonder précise que la création de paroisses personnelles doit mettre fin à une situation provisoire peu claire en droit canon. Dans ces régions, il y a en effet depuis des dizaines d’années des lieux où l’office est célébré selon le rite tridentin.
Besoins pastoraux au premier plan 
Mgr Huonder précise dans sa lettre qu’il a eu, avant de prendre sa décision, des entretiens avec le Conseil presbytéral et le Conseil épiscopal. Il déclare pouvoir comprendre l’opposition de certains à la création de paroisses personnelles et leur "crainte de voir favorisée ’une Eglise dans l’Eglise’, de perpétuer ce qui pourrait mettre en danger l’unité".

Pour lui, ces réserves ne sont cependant pas "aussi importantes que les besoins pastoraux des personnes qui, depuis si longtemps, vivent dans le provisoire et qui constituent une partie de notre diocèse."

Les paroisses personnelles ne sont pas affectées à un territoire particulier. En Suisse, on les connaît dans le secteur de la pastorale en langue étrangère. Il s’agit, par exemple des missions italienne et espagnole en Suisse alémanique ou en Suisse romande.

Selon les observateurs, la décision prochaine de Rome au sujet de l’éventuelle réintégration des traditionalistes de Mgr Lefebvre pourrait aussi avoir influencé Mgr Huonder. C’est une main tendue aux personnes qui ne voudraient plus suivrent la Fraternité St Pie X dans le schisme. (apic/com/gs/js)

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Les communautés Ecclesia Dei en pèlerinage à Trèves

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 27 février 2012
À l’invitation de l’évêque de Trèves (Allemagne), Mgr Stephan Ackermann, cette ville accueillera entre le 13 avril et le 13 mai prochain jusqu’à un million de pèlerins qui viendront vénérer la sainte tunique du Christ. Cette sainte tunique fut apportée à Trèves par sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin et elle n’est exposée que très rarement. Au XXe siècle, elle le fut en 1933, 1959 et 1996. Trèves, le plus ancien siège épiscopal allemand, contient également d’autres lieux de pèlerinage.
 
Du 20 avril au 22 avril prochain, les communautés traditionnelles dites Ecclesia Dei ainsi que leurs fidèles entoureront son Éminence Walter cardinal Brandmüller lors d’un pèlerinage organisé à leur intention. Le programme prévoit notamment la célébration d’une messe pontificale traditionnelle par le cardinal Brandmüller le samedi 21 avril à 10h00, avec l’assistance liturgique de la Fraternité Saint-Pierre, dans l’ancienne abbaye impériale Saint-Maximim et des Vêpres pontificales le même jour et au même lieu, à 16h30, toujours par le cardinal Brandmüller,  avec l’assistance liturgique de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre. Le dimanche 22 avril, plusieurs messes privées seront célébrées dans la forme extraordinaire à 7h00 et 8h00 et une grand’messe le sera également à 10h15, en conclusion de ce pèlerinage.
 
La messe traditionnelle sera célébrée pendant toute la durée de l’exposition de la sainte Tunique, du 14 avril au 12 mai, en la chapelle “Helenenhaus”, (Windmühlenstraße 6 à Trèves), en semaine à 17h00 et le dimanche à 9h00 et 17h00. 
 
Plus de renseignements ICI

[Christophe Saint-Placide] Les communautés Ecclesia Dei en pèlerinage à Trèves


À l’invitation de l’évêque de Trèves (Allemagne), Mgr Stephan Ackermann, cette ville accueillera entre le 13 avril et le 13 mai prochain jusqu’à un million de pèlerins qui viendront vénérer la sainte tunique du Christ. Cette sainte tunique fut apportée à Trèves par sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin et elle n’est exposée que très rarement. Au XXe siècle, elle le fut en 1933, 1959 et 1996. Trèves, le plus ancien siège épiscopal allemand, contient également d’autres lieux de pèlerinage.

Du 20 avril au 22 avril prochain, les communautés traditionnelles dites Ecclesia Dei ainsi que leurs fidèles entoureront son Éminence Walter cardinal Brandmüller lors d’un pèlerinage organisé à leur intention. Le programme prévoit notamment la célébration d’une messe pontificale traditionnelle par le cardinal Brandmüller le samedi 21 avril à 10h00, avec l’assistance liturgique de la Fraternité Saint-Pierre, dans l’ancienne abbaye impériale Saint-Maximim et des Vêpres pontificales le même jour et au même lieu, à 16h30, toujours par le cardinal Brandmüller,  avec l’assistance liturgique de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre. Le dimanche 22 avril, plusieurs messes privées seront célébrées dans la forme extraordinaire à 7h00 et 8h00 et une grand’messe le sera également à 10h15, en conclusion de ce pèlerinage.
 
La messe traditionnelle sera célébrée pendant toute la durée de l’exposition de la sainte Tunique, du 14 avril au 12 mai, en la chapelle “Helenenhaus”, (Windmühlenstraße 6 à Trèves), en semaine à 17h00 et le dimanche à 9h00 et 17h00.
 
Plus de renseignements ICI

26 février 2012

[Ennemond - Fecit] Réalisme

SOURCE - Ennemond - Fecit - 26 février 2012

Il est sans doute bon d'être optimiste, mais il ne faut pas non plus faire de plans sur la comète. Si demain la FSSPX est régularisée, n'imaginons pas que les évêques vont soudainement l'accueillir à bras ouverts, lui confier des églises, lui ouvrir ses cathédrales. Dans sa conférence le 15 août dernier à Saint-Malo, Mgr Fellay invitait à ce sujet à beaucoup de prudence, laissant même craindre un regain d'animosité à notre encontre. Combien d'églises ont-elles été entièrement concédées à des communautés ED par des diocèses en France, combien de paroisses personnelles ont été érigées ? Trois ou quatre, me semble-t-il. Or parmi celles-ci, il faut compter Saint-Eloi à Bordeaux qui a été obtenue non par clémence de l'archevêque de Bordeaux mais par le zèle d'un prieur de la Fraternité Saint-Pie X. C'est la même chose pour l'église du Port-Marly qui a été reconquise à coup de béliers, au sens propre du terme.

Si vous voulez plus d'enthousiasme à votre premier post, vous devriez éviter de laisser entendre que la FSSPX n'occupe pas de place au sein de l'Eglise. Sans doute la formulation est-elle maladroite et n'est-ce pas votre pensée, mais il m'a semblé que les intentions telles qu'elles étaient exprimées sur le Forum catholique, évitaient ce genre de dérapage. Enfin, pour rappel, une croisade du rosaire et de sacrifices est prévue jusqu'à la Pentecôte 2012. Les initiatives se complètent. Tant mieux.

25 février 2012

[Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison] L'oecuménisme de Benoît (I)

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 25 février 2012


Une remarquable étude de l’œcuménisme conciliaire est apparue en Allemagne il y a quelques années, écrite par un certain Dr. Wolfgang Schüler. Dans «Benoît XVI et Comment l’Eglise se Voit Elle-même», il démontre que l’œcuménisme répandu par Vatican II a transformé la compréhension qu’Elle a d’Elle-même, et il prouve par une série de citations textuelles de Joseph Ratzinger comme prêtre, Cardinal et Pape, que celui-ci a promu cette transformation d’une façon parfaitement cohérente, depuis l’époque du Concile jusqu’à aujourd’hui. Et ce ne sera pas pour lui de quoi avoir honte.
 
Dans un ordre logique – cela prendra plus d’un «Commentaire Eleison» – voyons d’abord la véritable conception que l’Eglise a d’Elle-même, et alors avec l’aide du Dr. Schüler, comment cette conception fut changée par le Concile et comment Benoît XVI a promu d’une façon cohérente ce changement. Finalement nous tirerons les conclusions qui s’imposent pour les catholiques qui veulent garder la vraie Foi.
 
La vraie Eglise catholique s’est toujours vue Elle-même comme un tout organique, une société une, sainte, catholique et apostolique, constituée par des êtres humains unis par la Foi, les sacrements et la hiérarchie romaine. Cette Eglise est tellement une, qu’aucun élément ne peut en être arraché ni enlevé sans cesser d’être catholique (cf. Jn. XV, 4-6). Par exemple, la Foi qui constitue l’élément de base du croyant catholique ne peut être fragmentée, mais doit être gardée dans son intégralité (au moins implicitement) ou pas du tout. Et cela parce que c’est sur l’autorité de Dieu révélant les dogmes de la Foi catholique que je crois en eux, de telle sorte que si je rejette un seul dogme, je rejette du coup l’autorité de Dieu qui les cautionne tous, auquel cas même si je crois à tous les autres dogmes, ma croyance ne repose plus sur l’autorité de Dieu mais seulement sur mon propre choix. 
 
En réalité le mot «hérétique» vient du mot grec «choisir» (hairein), car la croyance d’un hérétique étant fondée uniquement sur son propre choix, il a par là même perdu la vertu surnaturelle de foi, de telle sorte que même s’il ne rejette qu’un seul dogme de Foi, il n’est plus catholique. Dans une célèbre citation, Saint Augustin dit: «Sur beaucoup de choses vous êtes avec moi, sur peu vous n’êtes pas avec moi, mais à cause de ce peu pour lequel vous n’êtes pas avec moi, le beaucoup pour lequel vous êtes avec moi ne vous sert à rien.» 
 
Par exemple un Protestant peut croire en Dieu; il peut même croire à la divinité de l’homme Jésus de Nazareth, mais s’il ne croit pas à la Présence Réelle de Dieu, corps, sang, âme et divinité, sous les apparences du pain et du vin après leur consécration à la Messe, alors il a un concept profondément différent et déficient de l’amour de Jésus-Christ et du Dieu auquel il croit. Peut-on alors dire que le vrai Protestant et le vrai Catholique croient au même Dieu? Vatican II dit qu’on peut le dire, et sur la base de croyances qu’il suppose plus ou moins partagées entre les catholiques et tous les non-catholiques, il construit son œcuménisme. Au contraire le Dr. Schüler illustre par une série de comparaisons que lorsque deux croyances qui semblent être la même font en réalité ; partie de deux credo différents, ce n’est plus du tout la même croyance. Voici une illustration: les molécules d’oxygène mélangées à l’azote sont exactement les mêmes qui se composent avec l’hydrogène, mais elles sont aussi différentes dans les deux cas que l’air que nous respirons (O+4N) est différent de l’eau que nous buvons (H2O)! A suivre.
 
Kyrie eleison.

24 février 2012

[Christophe Saint-Placide] La messe Mozarabe à Bologne

SOURCE - Christophe Saint-Placide - 24 février 2012
Bien que la ville de Bologne en Italie ne soit pas un territoire où est célébrée habituellement la liturgie Mozarabe, celle-ci a dévoilé ses splendeurs le 19 février dernier, dans la bonne ville italienne. La raison ? Son Excellence l’archevêque de Tolède, également Primat d’Espagne, Mgr Braulio Rodríguez Plaza, a célébré la sainte messe dans ce rite vénérable dans le Collège Majeur Saint-Clément des Espagnols, qui se trouve à Bologne. Dans son homélie, le prélat a affirmé que le rite Mozarabe est « une liturgie vivante, jamais morte ». Il s’est placé dans la perspective du texte conciliaire sur la liturgie, Sacrosanctum concilium, de manifester la vitalité de tous les rites latins.

[lanouvellerepublique.fr] "Leur façon d'appréhender l'Église n'est pas la nôtre"

SOURCE - lanouvellerepublique.fr - 24 février 2012

Christian Coffignal, directeur de Léon-XIII, seul groupe scolaire privé catholique de l’agglomération, donne son sentiment sur l’école de Niherne. 

Pour Christian Coffignal comme pour l'archevêque de Bourges (NR du 17 février), pas de confusion possible entre le groupe scolaire Léon-XIII (1) et l'école Saint-Michel de Niherne qui projette de s'installer à La Martinerie, à la rentrée prochaine.
Quelle est la différence entre un établissement comme Léon-XIII et un établissement public ?
« Nous sommes un établissement privé catholique, sous contrat avec l'État. Notre statut indique de façon claire que nous sommes une structure civile et une institution chrétienne, sous la vigilance de l'évêque du lieu. Notre école doit donner un enseignement dans le respect de la libre conscience, et tout enfant doit y être accueilli dans le respect de ses origines et de sa croyance. Ce qui nous différencie du public, c'est le caractère propre à Léon-XIII : nous proposons, dans le respect de la liberté de chacun, un éveil à la foi et à la pastorale, mais nous faisons bien la différence entre ce qui est de l'ordre de la culture religieuse et ce qui touche à la foi. »
Qu'est ce qui différencie le groupe scolaire Léon-XIII d'une école comme Saint-Michel de Niherne qui appartient à la mouvance de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) ?
« L'école de Niherne ne reconnaît pas l'évêque du lieu. Elle est donc de ce fait en rupture avec l'unité diocésaine. »
" En rupture avec l'unité diocésaine "
Craignez-vous que cette école, une fois implantée à La Martinerie, au cœur de l'agglomération, vous fasse concurrence ?
« Je ne connais pas leur projet éducatif, mais je ne pense pas que cette école constituera une concurrence pour nous : elle est à recrutement national, pour un type de public particulier. Leur façon d'appréhender l'Église n'est pas la nôtre. ».
Que répondez-vous à la Libre-pensée qui réagit aux propos de Mgr Maillard en écrivant : « Toute sa démonstration est sous-tendue par sa crainte de voir l'école Saint-Michel de Niherne lui tailler des croupières en lui soustrayant nombre de ses clients localisés à Léon-XIII. Nous réaffirmons notre souhait de voir abroger la loi de 1959 permettant le financement des écoles privées par des fonds publics » ?
(Sourire) « La Libre-pensée a la liberté de penser, l'Église aussi… »

(1) Le groupe scolaire Léon-XIII est le seul groupe scolaire privé catholique de l'agglomération castelroussine. Il réunit l'école Saint-Pierre (500 élèves), le collège Léon-XIII (400 élèves) et le lycée Sainte-Solange (275 élèves de la seconde au BTS).

23 février 2012

[Natalia Trouiller - La Vie] Négationnisme: Mgr Williamson relaxé en appel

SOURCE - Natalia Trouiller - La Vie - 23 février 2012

[...]
Condamné le 11 juillet dernier pour ses propos négationnistes à la télévision suédoise, l'évêque de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X a vu sa condamnation annulée en appel pour vice de procédure. La cour d'appel de Nuremberg a en effet estimé que "seule la diffusion en Allemagne et non l'interview elle-même, menée en privée, était susceptible de poursuites"; les avocats de l'évêque schismatique avaient argué pour la défense de leur client que les journalistes suédois qui l'avaient interviewé l'avaient assuré que l'interview ne serait diffusée qu'en Suède.
[...]

22 février 2012

[Golias] Le nouvel évêque de Lourdes , Nicolas Brouwet : un choix personnel de Benoît XVI

SOURCE - Golias - 22 février 2012

La nomination était attendue dans le sérail. Espérée par les uns, redoutée par les autres. Mgr Nicolas Brouwet vient d’être désigné par le Pape pour remplacer à Tarbes-Lourdes Mgr Jacques Perrier, atteint par la limite d’âgé.
Né en 1962, Nicolas Brouwet n’est pas un inconnu des lecteurs de Golias. De tendance franchement conservatrice, il incarnait dans les Hauts-de-Seine une ligne en nette contraste par rapport à celle de l’évêque diocésain en place, Mgr Gérard Daucourt. Comme si les deux prélats étaient non seulement représentatifs de deux générations mais vraiment de deux conceptions de fond de l’Eglise. Inutile de dire que le clivage est important. Courtois et souriant, avec un physique et une expression de gendre idéal, Mgr Nicolas Brouwet n’a rien d’un homme cassant. Sur le fond cependant, avec douceur et adresse, ce prêtre longtemps vu comme capable mais effacé et secret s’inscrit dans la ligne la plus traditionnelle possible. Il est l’un des très rares évêques de France, avec Raymond Centène (Vannes), Marc Aillet (Bayonne) et Dominique Rey (Fréjus-Toulon) à célébrer avec plaisir la liturgie selon les livres liturgiques anciens. En ce sens, les tradis parlent volontiers de ce jeune évêque comme d’un éclaireur qui inaugure un « nouveau » style épiscopal, très traditionnel. Un évêque en phase avec les choix liturgiques de Benoît XVI. Qui fut très heureux d’accompagner le fameux pèlerinage de Chartres et de pontifier avec une majesté sortie des livres d’images. Si le diocèse de Tarbes-Lourdes n’est pas très grand, le poste est stratégique en raison de l’importance des sanctuaires du célébrissime lieu de pèlerinage. Lourdes est une vitrine de l’Eglise de France à l’étranger. Son nouvel évêque entend bien donner lustre et relief à une restauration qui passe désormais à la vitesse supérieure. Selon nos sources, cette nomination irriterait la plupart des évêques, même si le charmant Nicolas a eu le bon goût et l’habileté de ménager ses confrères d’un autre style. Le plus irrité serait le cardinal Vingt-Trois qui avait ses candidats pour Lourdes. Mais le Nonce aura préféré écouter des conseillers plus discrets mais néanmoins puissants. C’est une nouvelle page qui s’ouvre aujourd’hui pour l’épiscopat français.

[Abbé Philippe Laguérie, ibp] Je crois à un accord pratique.

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, ibp - avril 2001 - 22 février 2012

Je me décide à publier de nouveau ce long article paru dans "Pacte" en avril 2001. Il va faire ses onze ans ! A l’époque, je suis encore de la Fraternité, vais ouvrir saint-Eloi dans un an (2002) et fonder le Bon-Pasteur dans 5 ans (2006). Certes, le temps a passé. Mais les faits nouveaux (Le Motu Proprio de 2007, la levée des excommunications de 2009) loin de l’infirmer, le renforcent plutôt puisqu’ils y sont annoncés. Plus surprenant, l’analyse n’y a pas pris une ride. Elle est devenue, malheureusement, d’une brûlante actualité. La vacuité des discussions doctrinales, avec sa surenchère obligée, y est dénoncée comme l’écueil prévisible de tout accord possible. A moins qu’on ne s’achemine vers le miracle d’un accord pratique, bien sûr ! Je prie ardemment pour cela et n’en rirai pas, promis... Mais il me semble bien tard pour y songer quand tous les indicateurs virent au rouge... Au dedans comme au dehors, et parce qu’on les y a mis. Que m’importe de nourrir quelque fierté d’hier quand je préférerais tellement, aujourd’hui, m’être trompé ! D’ailleurs, ne me serais-je pas trompé en croyant, alors, à un accord pratique (sans compromis) pour la Fraternité ?

Les italiques sont des citations. Les gras ont été rajoutés en cette édition.

Le 14 avril, Rome signifiait à notre supérieur général, Mgr Bernard Fellay, le résultat de la consultation par le pape de la Plenaria (Ensemble des responsables des dicastères romains) réunie le jeudi 22 mars à Rome. Cette lettre, qui laissait manifestement une porte ouverte, affirmait cependant le refus de notre demande, préalable à toute négociation : la liberté universelle pour tout prêtre catholique de célébrer la messe de toujours. L’argument invoqué se trouve être le désaveu qu’une telle mesure ne manquerait pas de faire peser sur le Concile Vatican II.
 
Voila où nous en sommes à cette heure et il me semble nécessaire, après vous avoir informés, de tirer la leçon de ce que j‘appellerai un premier "round". Le moins qu’on puisse dire, c‘est qu’on se trouve dans le cocasse, et même dans le paradoxe le plus complet. On se souvient de l’enthousiasme romain du début. Le cardinal Castrillon égrainait les propositions les plus mirobolantes. Deux d’entre elles méritent notre attention particulière.
 
1) Depuis le mois d’août, l’excommunication de 1988 n’est plus du tout un problème. A Rome du moins. C’est tout de même extraordinaire que cette fameuse censure, qui est depuis 10 ans le paravent exclusif d’un ostracisme commode, puisse s’évanouir aussi simplement, par une banale signature, sans aucune contre-partie : comme par une vraie poudre de Perlimpinpin d’un tout-puissant Merlin l’enchanteur. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Avis à ceux qu’elle terrorise depuis 10 ans. Avis à ceux qui s’en servent si communément pour s’affranchir du seul dialogue qui leur fait peur : avec ces frères non séparés, avec ces catholiques bien plus romains qu‘eux, on l’espère. Ah, tout de même, laissez-nous suggérer ici que ce spectre hideux qui s’évapore plus subtilement qu’un gaz rare, n’avait d’autre consistance que celle d’un fantôme écossais.
 
2) La seconde est cette société de droit pontifical, à juridiction personnelle et universelle, agrégeant dans son sein toutes les composantes traditionnelles (Opus Dei battue !) que nous sert sur un plateau le cardinal Castrillon, sans plus de difficulté qu’il ne s’en est donné pour lever l’excommunication. Le rêve de Mgr Lefebvre bien plus que réalisé : dépassé par la réalité. Le même coup de baguette magique qui nous fait passer, en un tournemain, du statut de vilains petits excommuniés (Avec les avorteurs, les apostats, les "mains violentes" sur le pape et les profanateurs des espèces eucharistiques) nous établit tout de bon dans la congrégation la plus libre, la plus souple, la plus choyée au niveau de la juridiction... On songe au psaume ll2 : « Il relève le pauvre de son fumier, pour le placer avec les princes de son peuple ».
 
Chers amis, signées ou pas signées, ces deux choses restent acquises, définitivement. Le travail que nous faisons est bon puisqu’on veut l’homologuer avec les prérogatives les plus merveilleusement romaines. C’est le cardinal de la congrégation pour le clergé, c’est celui pour la doctrine de la Foi, c‘est le pape lui-même, par leur intermédiaire (c’est sa volonté seule qui fait avancer les choses depuis le début, n’en déplaise aux attardés soixante-huitards de l’épiscopat français), oui ce sont ces personnages qualifiés qui nous disent qu’ « Il n’y a pas plus d’excommunication que d’arêtes dans une dinde » (Selon la formule du curé de Saint-Nicolas en 1988), et encore (selon celle du cardinal Gagnon en 1987, signant le livre d’or d’Ecône) : « Que le merveilleux travail de formation sacerdotale accompli ici rayonne un jour pour le bien de toute la Sainte Eglise ». Jamais plus un quidam de bonne foi ne pourra nier ces deux acquis et quels que soient les délais, ils passeront dans le droit puisqu’ils sont déjà dans les faits. Mais alors, pourquoi ce ralentissement, cet atermoiement, et ces délais qui fatiguent tout le monde, le pape surtout qui n’a pas besoin de cela en ce moment. Deux éléments ici sont décisifs à cerner :
 
l) La FSSPX, parce qu’elle est catholique jusqu’au bout des ongles, n’entend pas régler les choses à son seul profit. Que ses ennemis lui reconnaissent cela, au moins ! Que coûtait à Mgr Fellay cette signature qui le plaçait ipso facto comme l’un des prélats les plus prestigieux de l’Eglise catholique ? Rien... ou presque rien. Mais le "presque" de ce rien n’est pas négociable ; selon la formule du cardinal Eyt : "Tout n’est pas négociable". Ce qui n’est pas négociable, en effet, c‘est que le catholicisme de l’Eg1ise, le trésor de sa Tradition, sa messe donc, fasse l‘objet d’un indult, d`un passe-droit, ne soit pas pour tous, et partout, et toujours. Et voila bien le génie propre de la FSSPX, qu’ elle tient par son fondateur de l‘Eglise Romaine... précisément. Ces trésors qui sont les vôtres, les nôtres, nous ne voulons pas les garder pour nous seuls. Leur nature même nous l’interdit. Nous les tenons déjà, pour nous-mêmes. Que si vous voulez les reconnaitre, ce sera pour ce qu’ils sont : des trésors de l’Eglise catholique destinés, par leur être même, à toute l’Eglise catholique. Toute autre attitude de notre part, comme de la vôtre, serait compromis, incohérence, magouille. Si la Tradition et sa messe sont bonnes (Vous le reconnaissez puisque vous voulez nous les rendre en droit) elles le sont pour tous. Le père de famille doit à tous ses enfants ce qu’il sait être bon pour l’un. Le médecin ne peut réserver qu’à un seul patient le remède qui doit les guérir tous.
 
2) Mais le paradoxe atteint son comble quand l’épiscopat (français en particulier) élève contre ces tractations - qui de toutes manières auront lieu - des objections... doctrinales. Renversement de situation, l’arroseur arrosé : les évêques français viennent au secours de la doctrine, de l’orthodoxie, de la rigueur : la dérive intégriste des évêques ! On les croyait ouverts au seul dialogue… Et finalement voila des doctrinaires hyper-pointus et sourcilleux. Nos objections doctrinales vieilles de 20 ans : l’Eglise du Christ “subsistant" dans l’Eglise catholique, l’Eglise comme "Sacrement" du Salut, le salut universel et cet enfer vide, cette conscience humaine existentialisée et personnalisée au point qu’elle défie toute norme, ces valeurs de salut dans les religions en tant que telles etc. Sans compter ces milliards de divagations progressistes jamais poursuivies, jamais rétractées. Nouveau coup de baguette magique : tout ça n’existe plus et leurs auteurs élèvent des dubia sur l’orthodoxie de notre analyse du mystère pascal ! Comme si ce "mystère pascal" qui est le "passage" du Seigneur, sa croix, sa mort, sa Résurrection, sa rédemption, son sacrifice (La messe en un mot, notre raison de vivre et de combattre) étaient par nous récusés ! En une phrase, que personne ne cite ici (bizarre) saint Paul a résumé ce mystère Pascal pour les siècles des siècles : “ Le Christ, notre Pâques, a été immolé ". Je ne ferai à personne l’insulte d’expliquer cette phrase qui dit tout très clairement et définitivement. Le Christ est notre Pâques et il a été immolé. Que celui qui a encore la Foi comprenne.
 
Et justement voici ma conclusion - surprenante peut-être : Je crois à la possibilité d`un accord pratique et à la vanité totale de discussions doctrinales, à l’heure actuelle. Commençons par ce dernier point. Une discussion doctrinale (et un accord) devraient normalement dicter les conditions d’une entente pratique : qui ne le voit ? Cette dernière me semble cependant indispensable à l’Eglise tandis que la première me semble impossible… Et qu’il faudra bien se passer de celle-ci pour arriver néanmoins à celui-là. Une discussion doctrinale (et un accord) supposent de toute évidence qu’on marche à la même lumière. I1 est déjà difficile de tout voir semblablement sous un éclairage identique. Mais c’est gageure que de prétendre arriver à des conclusions semblables quand on part de prémices contradictoires. Tout débat doctrinal et théologique doit avoir pour seul éclairage la Foi, la Révélation, la lumière divine. Or tel n’est plus depuis longtemps l’éclairage des théologiens conciliaires, sans n’en juger aucun en particulier. Quand le document conciliaire " dignitatis humanae " énonce que : " Tout homme a droit à la liberté religieuse " et que cette liberté consiste en ce que nul ne soit empêché d’agir, en privé ni en public contre sa conscience, etc. on est manifestement sorti de l’éclairage de la Foi catholique, surtout à prétendre que c’est là un droit de la personne humaine en tant que telle, a raison de sa dignité native et inamissible. Il n’y a pas, il n’y aura jamais la moindre discussion théologique sérieuse sur ces prémices qui se situent contre et même en dehors de la Révélation. C’est là l’intuition primordiale de Mgr Lefebvre. Il a vu, oui vu, dans ces textes, et beaucoup d‘autres, la mort de la Foi, donc de la Révélation, donc de la Parole divine ; bref, de la seule lumière qui peut réconcilier intellectuellement les hommes pécheurs. On perd son temps, et peut-être son âme, à ces discussions qui n’aboutissent jamais pour le motif évident qu’elles n‘ont pas la moindre problématique commune. Est-ce à dire que je suis contre tout accord ? Non, au contraire ! Si un accord doctrinal ne sera possible que dans 20 ou 30 ans, ce n’est pas une raison pour y renoncer. Il est même urgent de se retrouver dans la communion liturgique et sacramentelle de l’Eglise de toujours pour que, faisant pareil on finisse par penser pareil. Le vieil adage " Lex orandi, lex credendi " trouve ici tout son sens pastoral. Prions de la même manière et nous finirons par penser de la même manière... C’est inéluctable. Ce qui a divisé l’Eglise (même avant le concile et la nouvelle messe) c’est la liturgie. Ce qui lui rendra l’unité, c’est la liturgie. Tout curé et pasteur d’âme sait cela d’emblée : ce qui unifie son troupeau, c’est l’unicité de sa messe. ll est indispensable et urgent que Rome libéralise la messe. Ce serait le petit début d‘une grande retrouvaille ; tandis que des discussions doctrinales, aujourd`hui, mèneraient au constat d’un échec définitif.
 
Abbé Philippe Laguérie

[AFP - Le Point] Négationnisme: la condamnation de l'évêque Williamson annulée en Allemagne

SOURCE - AFP - Le Point - 22 février 2012

La justice allemande a annulé mercredi la condamnation pour négationnisme de l'évêque traditionaliste britannique Richard Williamson, en invoquant des erreurs de procédure.
 
Le parquet allemand a cependant indiqué à l'AFP qu'il allait déposer rapidement une nouvelle plainte contre Mgr Williamson, pour les mêmes faits, comme l'autorise une décision de la cour d'appel de Nuremberg (sud) annoncée mercredi dans un communiqué. La cour d'appel se prononçait comme instance de révision sur ce dossier.
 
Le tribunal de grande instance de Ratisbonne (sud) avait condamné le 11 juillet 2011, en appel, l'évêque catholique de 71 ans à une amende de 6.500 euros pour avoir nié l'existence des chambres à gaz et contesté le nombre de juifs morts dans les camps de concentration.
 
En avril 2010, Mgr Williamson avait été condamné en première instance à une amende plus lourde, soit 10.000 euros pour "incitation à la haine raciale", après avoir refusé de payer une amende de 12.000 euros proposée par le parquet de Ratisbonne pour échapper à un procès.
 
Ses déclarations, faites en Allemagne fin 2008, avaient été diffusées par la télévision suédoise le 21 janvier 2009.
 
La cour d'appel de Nuremberg (sud) a expliqué que "seule la diffusion en Allemagne et non l'interview elle-même, menée en privée, était susceptible de poursuites". Or, "le motif d'accusation (au début de la procédure) ne précise pas que le contenu de l'interview (...) a été diffusé en Allemagne, ni où, ni comment".
 
Les propos incriminés ne sont condamnables qu'en Allemagne et pas en Suède, la "description de leur mode de diffusion" en Allemagne était donc d'une "importance essentielle", a souligné la cour d'appel.
 
Les avocats de l'évêque ont toujours plaidé que les journalistes suédois ayant interviewé Mgr Williamson, l'avaient assuré que ses propos ne seraient diffusés qu'en Suède.
 
L'interview, diffusée début 2009 alors même que le Vatican levait une excommunication à l'encontre de Mgr Williamson et de trois autres évêques intégristes, avait provoqué un tollé dans la patrie du pape Benoît XVI, qui n'est toutefois pas revenu sur sa décision.
 
Dans son livre d'entretiens "Lumière du monde", le pape assure qu'il aurait pris une autre décision s'il avait été au courant auparavant de ces propos négationnistes.
 
Après l'éclatement du scandale, la chancelière allemande Angela Merkel avait publiquement appelé le pape Benoît XVI à condamner Mgr Williamson.
 
Plus tard, le pape a exprimé sa "pleine et indiscutable solidarité" avec les juifs et a condamné la négation de la Shoah.

21 février 2012

[Aymeric Chardon - NPA] L’extrême droite en soutane, entre réconciliation vaticane et conciliation politique

SOURCE

Dans la grande famille d’extrême droite, le courant des catholiques intégristes n’avait pas autant fait parler de lui depuis plusieurs années. Alors que le FN célébrait le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, le 7 janvier dernier, les traditionalistes catholiques organisaient de leur côté leur propre hommage. Ils étaient quelques centaines (environ 300) à défiler jusqu’à la statue de Jeanne d’Arc à Paris. Dans son discours final, Alain Escada, président de l’Institut Civitas, a exprimé la défiance des catholiques-nationaux envers la République : « Si elle est laïque, la France, elle, est catholique ». La messe est dite!
 
Les intégristes catholiques réunis au sein de la Fraternités sacerdotales Saint-Pie X (FSSPX) et les traditionalistes de la Fraternité Saint-Pierre (FSSP) n’en sont pas à leur coup d’essai. Profitant de la programmation de deux œuvres théâtrales qu’ils jugent, blasphématoires, ils ont battu le pavé une bonne partie de l’automne dernier, occupant comme jamais l’espace médiatique. Gonflés d’orgueil, ils qualifient eux-mêmes cette période d’« automne des catholiques ». L’enjeu est important, quand bien même le caractère blasphématoire de la pièce était ou non avéré – il est vrai que chez eux, peu ont vu les pièces en question.
 
Pendant trois semaines, chaque représentation de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci a connu son lot de péripéties : prières devant la porte du Théâtre de la Ville, intimidations des spectateurs, manifestations, usages de projectiles, irruption sur la scène, etc., rien n’a été épargné pour faire de cette pièce l’objet de tous les tabous. La contestation face au spectacle de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic, est, quant à elle, l’affirmation de l’influence des ultras sur l’ensemble des fidèles catholiques : l’évêché parisien a fait donner une messe à Notre-Dame-de-Paris à l’heure de la première représentation (à laquelle s’est jointe C. Boutin).
 
Opposition physique ou spirituelle, la programmation concomitante des deux spectacles a permis aux extrémistes d’afficher un regain d’activisme, message clair à destination du Vatican et aussi de la droite nationale.
 
C’est une querelle longue de 30 ans entre la FSSPX, dirigée aujourd’hui par Monseigneur de Fellay, et l’Église romaine. Écartée du Vatican par l’excommunication de son fondateur Marcel Lefebvre en 1988, la Fraternité, regroupant une centaine de milliers de fidèles à travers le monde, est, dès l’avènement du Pape Benoît xvi, l’objet de toutes les attentions de la part du siège pontifical.
 
En 2007, Rome annonce la levée de l’excommunication des prêtres traditionalistes, montrant le renforcement des conservateurs en son sein. C’est un tollé dans l’Église catholique. Cela met aussi en exergue, ce à quoi la Fraternité travaille depuis longtemps : être la réserve des vocations sacerdotales.
À l’heure où l’Église peine à trouver de nouveaux prêtres, la Fraternité possède elle une réserve importante de jeunes séminaristes, ce qui n’est pas négligeable pour le Vatican. Signe de ce rapprochement inquiétant, 2011, le Vatican reconnaissait à la Fraternité l’existence d’une mauvaise interprétation du concile Vatican  II – signe d’ouverture progressiste de l’Église catholique. Les traditionalistes peuvent se féliciter d’avoir de nouveau un pied à Rome. Mais les catholiques nationaux ne comptent pas s’en tenir au seul regard bienveillant de la papauté.
 
Longtemps affiliés au Front national, les catholiques nationaux, représenté par Bernard Antony – fondateur du quotidien Présent et animateur de l’association Chrétienté-Solidarité – se sentaient chez eux sous l’ère Le Pen père.
 
À l’époque, pas une seule grand-messe du parti ne pouvait commencer sans une « messe traditionnelle », et bon nombre d’anciens dirigeants et amis du chef frontiste avaient leurs obsèques à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, QG parisien des intégristes.
 
Au cours des années 2000 cette idylle s’effrite peu à peu. Les références de plus en plus nombreuses de Marine Le Pen à la République et à la démocratie rencontrent une opposition croissante des catholiques-nationaux, pourtant satisfaits du départ des néo-païens avec Bruno Mégret, en 1999. L’arrivée de nouvelles figures – avec leurs stratégies de mélange des genres – à l’élection présidentielle de 2007, sera le coup fatal : les catholiques-nationaux, pour la plupart, désertent le parti.
 
On imagine bien que les références affichées à la « laïcité républicaine » de la présidente du FN ne les feront pas revenir.
 
En 2012, année d’élection, ils espèrent agiter la vie politique et imposer leurs idées. L’institut Civitas – pendant politique et laïc de la FSSPX – s’invite dans la campagne. Sous forme d’interpellation des candidats, les fondamentalistes réaffirment leur opposition à plusieurs des avancées progressistes de notre société (Pacs, droit à l’avortement, liberté d’expression, enseignement).
 
Gageons que cette année les intégristes catholiques sauront peser sur les candidats proches de leurs idées.
 
Aymeric Chardon

20 février 2012

[Christophe Saint-Placide + APIC] Fraternité Saint-Pie X : une décision avant l’été

SOURCE - Christophe Saint-Placide - 20 février 2012

L’agence de presse Apic vient de publier une dépêche affirmant que le dossier de la Fraternité Saint-Pie X est désormais entre les mains du pape, comme l’avait d’ailleurs déclaré le 17 février le cardinal Ricard, donnant à cette information une perspective négative. Selon Apic, « Benoît XVI devrait émettre prochainement un jugement final pour de mettre un terme « avant l’été » aux discussions en cours depuis 2009 avec la Fraternité séparée de Rome. »

19 février 2012

[Dom Jean-Baptiste Porion, chartreux - Jacques Maritain] "Un ouragan de bêtise et d’abjection souffle autour du monde catholique"

SOURCE - Dom Jean-Baptiste Porion, chartreux - Jacques Maritain - Le Salon Beige - 19 février 2012

Lettre de Dom Jean-Baptiste Porion, chartreux, à Jacques Maritain (extrait du Volume VI de la correspondance Journet-Maritain, annexes, Ed. St Augustin), le 7 mai 1965 :
"Cher Monsieur Maritain,

[...] Je recommande à votre prière notre prochain chapitre général. Dans le landslide qui ébranle toutes les structures de l’Eglise, notre Ordre jusqu’ici n’a pas bougé. Mais il est difficile qu’il ne se ressente pas des conséquences. Ce qui me préoccupe le plus jusqu’ici actuellement, ce sont les efforts du corps ecclésiastique pour vomir l’élément érémitique, ascétique et contemplatif de la tradition chrétienne.

Dans le passé, les pontifes pouvaient être des saints, ou en rester très éloigné et les théologiens de même, mais leur estime de la vie claustrale et de son application aux réalités éternelles ne variaient pas : nous avons vécu neuf siècles de la foi de l’Eglise, - nous sommes un acte de foi de l’Eglise. Si le changement qui s’est produit à cet égard se confirme, il est difficile qu’il ne soit pas fatal aux Ordres de moines, ou de moniales orantes et cloîtrées.

Je trouve mes interlocuteurs romains plus ou moins résignés à cette évolution. Ce qui presse les clercs actuellement est l’urgence d’ouvrir l’Eglise aux valeurs du monde, de manifester en son nom « une authentique volonté d’accueil » pour le siècle et ses progrès merveilleux. (Il y a dans ce voeu quelque chose d’authentique et de juste, mais aussi un accent de vulgarité et de sottise si profond, qu’on n’arrive pas à le formuler sans ironie.) Par ailleurs, dans le fait même de notre isolement croissant, nous reconnaissons un trait de notre vocation et nous le prenons comme une grâce, en tâchant d’être plus fidèle à celle-ci.

Vous remerciant encore, je vous prie de croire, cher Monsieur Maritain, à mes sentiments respectueux.

En Notre-Seigneur,

J. Baptiste M. Porion, O. Cart."
Réponse de Jacques Maritain
"Toulouse, le 16 mai 1965

Merci mille fois de votre si bonne lettre mon cher Père et ami. [...] Ce que vous m’avez écrit à propos de votre prochain chapitre général m’a beaucoup ému. Il me paraît bien significatif au point de vue de la philosophie de l’histoire, que dans le même temps où au Concile, le Saint Esprit fait proclamer (dans un langage à mon avis trop plein de rhétorique) des changements d’attitude qui représentent un progrès immense (et qui ont beaucoup trop tardé), - dans le même temps un ouragan de bêtise et d’abjection d’une puissance extraordinaire et apparemment irrésistible souffle tout autour sur la vaste étendue du monde catholique et spécialement ecclésiastique. Cette crise me paraît une des plus grave que l’Eglise ait connue. Elle a à mes yeux un caractère eschatologique et semble annoncer de larges apostasies. [...] Ce que nous voyons aujourd’hui c’est un agenouillement délirant et général devant le monde. Tous ces catholiques tous ces prêtres en extase devant le monde, poussant dès qu’il s’agit de lui des gémissements d’amour et d’adoration, et répudiant frénétiquement tout ce qui, soit dans l’ordre intellectuel, soit dans l’ordre spirituel, a fait la force de l’Eglise, c’est vraiment un curieux spectacle, et que ne s’explique à mon avis que d’une façon freudienne, par une brusque libération collective de misérables libidines longtemps refoulées. Ce n’est pas le veau d’or qu’ils adorent, c’est une truie d’aluminium à cerveau électronique. Et s’ils se disent encore chrétiens, c’est parce que selon eux, c’est par le christianisme dûment terrestrialisé que nous pouvons atteindre enfin « l’épanouissement de la nature ». C’est donc bien simultanément que Dieu et le diable travaillent dans l’histoire humaine ; et quand l’Esprit-Saint se met à souffler, l’autre aussitôt produit ses hurricanes.

Pardonnez tout ce bavardage du sans doute à l’exaspération où je suis de voir la messe, qui était chaque matin un moment de paix pour ma pauvre âme, envahie maintenant par la sottise et la laideur et la vulgarité de la stupide traduction française que notre épiscopat s’est empressé d’approuver…

Croyez mon cher Père et ami à ma très affectueuse et dévouée vénération.

Jacques Maritain"

18 février 2012

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Chapitre Saint Cyprien de Carthage

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 18 février 2012

Cette année encore, il y aura un chapitre du Pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, à la Pentecôte, qui réunira des personnes venant de l’islam. L’année dernière, pour la première fois, ce chapitre, placé sous la bannière de saint Cyprien de Carthage, avait marché de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres. Ce fut une véritable réussite et un splendide témoignage pour les pèlerins venus de toute la France, de plusieurs autres pays d’Europe et même de pays hors d’Europe, de voir ces marcheurs, reflets vivants de l’amour de Dieu et de la conversion.
 
Pour les responsables du chapitre Saint Cyprien de Carthage, ce chapitre ne peut exister que s’il existe une véritable entraide chrétienne et notamment si « nos frères et sœurs aînés dans la foi sont là pour nous aider. » Le Pèlerinage aura lieu cette année les 26, 27, et 28 Mai 2012. Le mieux est de prendre contact avec Notre-Dame de Chrétienté pour voir comment aider ce chapitre.

[Abbé Philippe Pazat, fsspx] Safari au Kenya - Nouvelles de la fondation des Soeurs missionnaires du Kenya

SOURCE - Abbé Philippe Pazat, fsspx - Février 2012

Chers amis et bienfaiteurs,
 
J'étais sur le point de vous envoyer cette newsletter lorsque j'ai eu des problèmes avec mon ordinateur. Et voilà pourquoi je vous écris à présent sur un iPad (Apple ne me paie pas de pourcentage). Néanmoins, ma missive sera plus courte que je ne prévoyais.
 
Avant toute chose, j'espère que pour vous tous le début de l'année 2012 a été béni et qu'elle le restera jusqu'à son terme. Ici la Divine Providence nous a comblés de très bonnes nouvelles.
 
La première est l'immense joie d'avoir pu célébrer les messes de Noël dans la nouvelle chapelle agrandie (voir photo ci-dessus).  Tout le monde ici a travaillé dur pour rendre ces évènements possibles : les ouvriers pour le montage et la mise en peinture, les religieuses pour tout ce qui concerne le nettoyage, et moi-même, en paresseux que je suis, pour superviser le tout. Tout était fin prêt quelques minutes avant les douze coups de minuit et l'odeur de la peinture et du vernis était bien plus forte que le parfum suave de l'encens.  L'une des sœurs oblates, qui est terriblement allergique aux odeurs de peinture et de vernis a offert de nombreux sacrifices au cours de cette Sainte Nuit.
 
Mais c'était une joie que de pouvoir célébrer la Messe dans une chapelle plutôt que dans une salle de séjour, et d'offrir un bel endroit, quoique bien simple, à Notre Seigneur au Tabernacle.
 
Ensuite, les autres bonnes nouvelles concernent le fait que les sœurs peuvent maintenant utiliser une partie du nouveau second étage que nous avons ajouté, avec un bureau principal et les salles de classe. Ce qui leur facilite la vie et surtout, elles peuvent à présent être toutes ensemble dans le même bâtiment. Il faudra encore quelques semaines, voire quelques mois avant qu'elles ne puissent avoir tous les meubles nécessaires à la vie de tous les jours. Mais, on le sait, en Afrique, le temps est « éternel », personne ici ne meurt de précipitation ni de stress à l'idée d'être en retard.

Nous espérons que la construction sera entièrement achevée prochainement. Peut-être vers le milieu du mois prochain. Ce serait vraiment terrible que les nouveaux toits ne soient pas faits avant la saison des pluies qui arrive.
 
A propos du temps : certains pays ont eu un hiver particulièrement froid et beaucoup de neige. Évidemment, personne ici n'avait jamais vu de neige, sauf quelquefois au sommet du Kilimandjaro. Pourtant, puisque nous ne sommes qu'à un degré Sud en-dessous de l’Équateur, les nuits ici peuvent connaître des températures basses qui ne dépassent pas les 5° C (41F). Et dans la même journée, la température peut grimper jusqu'à 30 degrés C (86F), ce qui représente un écart considérable et nécessite à une adaptation rapide du corps. Du reste, dès qu'il fait moins de 18°C, la plupart des Keynians (et les sœurs philippines aussi) ont froid.

Pour reprendre les considérations zoologiques de notre précédente newsletter, voilà que depuis près de 2 mois, nous recevons fréquemment la visite d'une tribu de singes. Ils ont beaucoup apprécié le blé de notre voisin, puis ils se sont mis à très bien creuser pour manger nos pommes de terre douces. Bien entendu ils ne refusent pas de manger la nourriture de nos poules. Ils ne sont pas regardants ! Lorsque nous recevons leurs visites, il faut faire attention à maintenir les portes et les fenêtres fermées, pas seulement pour éviter qu'ils ne mangent notre propre nourriture, mais parce qu'ils s'emparent de tout ce qui leur plaît. Ce sont d'habiles voleurs, très rapides!
 
Du reste j'en ai surpris un, assis sur le rebord de la fenêtre de mon bureau, fort intéressé par les mouvements de l'écran de mon ordinateur. Un fait intéressant peut-être pour Darwin, qu'il pourrait transformer en un argument pour étayer sa théorie de l'évolution?
 
Pour continuer avec les nouvelles zoologiques, j'ai pris deux petits chats. Pourquoi ? Mais c'est très simple. On reconnaît l'arbre à ses fruits. Ainsi j'ai deux rats de moins dans mon plafond (un bon moyen aussi pour nourrir les chats) et les écureuils semblent avoir abandonné l'idée d'occuper le toit et le grenier de ma maison. Nous allons voir maintenant si ces deux félins vont s'occuper des taupes qui abîment notre beau jardin.

Je souhaite à tous un saint temps de Carême.
 
Que Dieu vous comble de grâces, par l'intercession de Notre Sainte Mère, afin que tous atteignent la Résurrection éternelle.
 
Abbé Philippe Pazat, aumônier

[Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison] Confronter le chaos

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 18 février 2012


Des lecteurs attentifs de ces « Commentaires » peuvent avoir remarqué une contradiction apparente. D’une part les « Commentaires » n’ont cessé de condamner tout ce qu’il y a de moderne dans les arts (par exemple EC 114, 120, 144, 157, etc.). D’autre part, la semaine dernière le poète Anglo-américain T. S. Eliot s’est fait appeler « ultra-moderne », et vanter pour avoir lancé un nouveau style de poésie plus authentique en ce qui concerne l’époque moderne, certes chaotique.
 
Ainsi que les « Commentaires » l’ont souvent signalé, la modernité dans les arts se caractérise par son manque d’harmonie et sa laideur, parce que l’homme moderne choisit de plus en plus de vivre sans ou même contre Dieu qui a mis l’ordre et la beauté dans toute sa création. Cette beauté et cet ordre se trouvent maintenant tellement enterrés sous les fastes et les œuvres de l’homme sans Dieu qu’il est facile aux artistes de croire qu’ils ne s’y retrouvent plus. Si donc les artistes doivent être véridiques par rapport à ce qu’ils perçoivent de leur entourage et de leur société, il s’ensuit que seul un artiste moderne exceptionnel transmettra quelque chose de l’ordre divin qui demeure caché sous la surface désordonnée de la vie moderne. En effet, la plupart des artis tes modernes ont renoncé à l’ordre et, comme leurs clients, se vautrent dans le désordre.
Mais Eliot naquit et fut éduqué vers la fin du 19ème siècle alors que la société conservait encore un ordre relatif, puis il reçut aux USA une bonne éducation classique lorsque seuls quelques bandits rêvaient en secret de remplacer l’éducation par l’enseignement de matières inhumaines. Aussi le jeune Eliot peut-il n’avoir eu que peu d’accès à la vraie religion, mais on l’avait bien introduit à ce que celle-ci avait engendré depuis le Moyen Age, à savoir les grands classiques de la musique et de la littérature occidentale. Ressentant et cherchant en elles l’ordre qui manquait autour de lui, Eliot fut ainsi capable de saisir le profond désordre du 20èmesiècle commençant, désordre qui ne ferait qu’éclater avec la Première Guerre mondiale (1914-1918). D’où < em>La Terre Désolée de 1922.
 
Mais dans ce poème il est loin de se vautrer dans le désordre. Au contraire, clairement, Eliot le hait, montrant à quel point il est vide de chaleur et de valeurs humaines. Ainsi La Terre Désolée conserve peu de trace de la religion occidentale, mais elle se termine sur des bribes de religion orientale, et comme le dit Scruton, Eliot sondait certainement les profondeurs religieuses du problème. En fait, quelques années plus tard Eliot a failli devenir catholique, mais il en a été détourné par la condamnation en 1926 de l’ « Action Française » par Pie XI, condamnation dans laquelle il reconnut davantage le problème et non pas sa solution. Alors par reconnaissance envers cette Angleterre qui lui avait tant permis d’apprécier l’ordre traditionnel, il choisit une solution incomplète, une combinaison d’Anglicanisme avec la grande culture, et un chapelet toujours dans sa poche. Cependant Dieu écrit droit avec des lignes tordues. Combien d’âmes à la recherche de l’ordre seraient restées loin de Shakespeare ou d’Eliot si elles avaient pensé que l’un ou l’autre, par le fait d’être pleinement Catholiques, avaient des réponses seulement préfabriquées, sans correspondance véritable à la vie.
 
C’est triste, mais c’est ainsi. Or, les âmes peuvent bien se tromper de façon ou d’autre si pour s’éloigner d’auteurs ou d’artistes catholiques ils prennent comme excuse que ceux-ci ne sont pas fidèles à la réalité de la vie, mais il dépend des catholiques de ne pas leur offrir cette excuse. A nous autres catholiques de montrer par notre exemple, face aux profondeurs des problèmes modernes, que nous ne nous laissons pas bercer par des solutions artificielles, nécessairement fausses. Nous ne sommes pas des anges, mais des créatures terre à terre, pourtant invitées au Ciel si nous acceptons notre Croix moderne en suivant Notre Seigneur Jésus-Christ. Seuls de tels disciples peuvent refaire l’Eglise, et le monde! 
 
Kyrie eleison.

[Abbé Denis Puga, fsspx - Le Chardonnet] Jésus selon Jean-Christian Petitfils

SOURCE - Abbé Denis Puga, fsspx - Le Chardonnet - février 2012

Jean-Christian Petitfils vient de publier chez Fayard une vie de Jésus.
 
Spécialiste de l'histoire française des XVIIe et XVIIIe siècles, auteur de nombreux ouvrages appréciés à juste titre sur cette période, il tente dans son nouveau travail une aventure d'historien à la recherche des données historiques sur la vie du Christ. Avant lecture on aurait pu s'attendre à une étude fouillée (le livre comporte plus de 650 pages !) de l'historicité des documents évangéliques, de leur crédibilité et à partir de là découvrir l'élaboration d'une vie de Jésus fondée sur des faits indubitables en montrant par exemple leur corrélation et leur conformité avec les données de l'histoire de l'Antiquité.
Un postulat regrettable
Mais tout en proclamant vouloir ne faire qu’œuvre d’historien, l’auteur s’engage dans une toute autre voie non scientifique. Cherchant son inspiration auprès de quelques exégètes modernes du XXe siècle comme Xavier Léon Dufour, le P. Benoit, le P. Grelot et surtout en se mettant aveuglément à la remorque des thèses de l’Ecole Biblique de Jérusalem, Jean-Christian Petitfils part d’un a priori : le genre littéraire des évangiles, et tout spécialement des évangiles que l’on nomme synoptiques (Matthieu, Marc, Luc), serait un genre tout à fait à part. En effet l’intention des auteurs ne serait pas de nous rapporter les événements tels qu’ils se sont déroulés en réalité mais tels que les auteurs les ont perçus et entendent les transmettre aux fidèles. Bien entendu, en aucun endroit de son ouvrage Jean-Christian Petitfils ne nous explique, et encore moins ne nous démontre, pourquoi il en aurait été ainsi et pourquoi, surtout, il a choisi, lui historien, de suivre cette thèse qui a toujours été rejetée dans l’Eglise catholique jusqu’au milieu du XXe siècle. Mais, comme le déclare notre auteur sans nostalgie aucune, c’était une « époque pas si lointaine où l’on tenait les écrits évangéliques pour vérité historique irréfragable » (p. 469). Saint Pie X stigmatisait déjà il y a un siècle les exégètes modernistes : « Il semblerait vraiment que nul homme avant eux n’a feuilleté les livres saints, qu’il n’y a pas eu à les fouiller en tous sens une multitude de docteurs infiniment supérieurs à eux en génie, en érudition » (encyclique Pascendi). Les vingt pages de bibliographie à la fin de cet ouvrage sur Jésus sont  éloquentes : 98 % des études citées sont postérieures aux années soixante. En un mot avant le concile Vatican II, il semblerait que la véritable exégèse n’ait pas existé. Des grands noms qui ont illustré, tant dans les universités romaines que dans les instituts catholiques, la défense de l’historicité des évangiles, pas un seul n’est cité, comme par exemple les pères Tromp, de Grandmaison, Renié, l’abbé Fillion etc…
 
Influencé par les études de Xavier Léon-Dufour, Jean-Christian Petitfils manifeste une préférence indéniable pour l’Evangile de Jean (qui, pour notre auteur, n’est pas de saint Jean l’apôtre…) au point d’entreprendre de nous libérer en matière historique de la « Tyrannie du Jésus des Synoptiques » (p. 544). C’est pourquoi, tout au long de son ouvrage, il n’a de cesse de mettre en doute la réalité des événements que les évangiles de Matthieu, Marc et Luc nous rapportent. Un épisode rapporté par ceux-ci viendrait à être absent de l’évangile de Jean, aussitôt la suspicion apparaît quant à sa vérité. Cela n’empêche pas l’auteur de prétendre que Jean lui-même n’est pas forcément toujours fidèle à l’histoire réelle, la part de symbolique ayant son rôle !
Une vision partiale et fausse
Quelles vont être les conséquences de l’application par l’auteur d’un tel filtre d’a priori sur l’historicité de nos évangiles ? Donnons quelques exemples tirés de l’ouvrage lui-même. Il ne sera pas alors difficile au lecteur de comprendre que, pour Jean-Christian Petitfils, il y a un fossé entre le Christ de la Foi et le Christ de l’Histoire.
 
Le récit de la tentation du Christ au désert est un « récit fictif illustrant une idée théologique ». (p. 96). Le voir autrement serait faire preuve d’une « lecture fondamentaliste.» (Idem).
 
La prière et l’agonie de Jésus à Gethsemani : « Le récit des synoptiques est une construction élaborée à partir de diverses traditions et phrases hors de leur contexte » (p. 290). « Historiquement il n’est pas simple de dire ce qu’il s’est passé » et l’auteur de renvoyer l’épisode au dimanche de l’entrée triomphale dans Jérusalem en l’assimilant à un tout autre épisode rapporté par l’évangile de Jean.
 
Le baiser de Judas ? « Peut-être une figure littéraire et symbolique soulignant la perfidie extrême » (p. 309).
 
La comparution de Jésus devant le Sanhédrin dans la nuit du jeudi au vendredi durant laquelle le Christ se déclarant Fils de Dieu ce qui lui vaut d’être déclaré digne de mort ? Lisez bien : « Jésus n’a jamais comparu devant le Sanhédrin ». « Les évangélistes ont agrégé dans un procès fictif l’ensemble des éléments qui l’opposaient aux autorités juives ». (p. 320).
Le procès devant Ponce-Pilate ? Sur le plan historique affirme l’auteur, « il n ‘y a aucune certitude que les événements se sont passés comme Matthieu les rapporte » ; (p. 350). Et bien sûr Jean-Christian Petitfils, pour ne pas aller à l’encontre de la pensée dominante contemporaine, n’hésite pas à déclarer que les paroles des Juifs réclamant sur eux la responsabilité du sang qui va être versé (paroles qui selon lui n’ont probablement pas été prononcées !) « vont nourrir chez les chrétiens un antijudaïsme, une haine des Juifs comme peuple déicide, que rien, absolument rien ne justifie. Elles vont servir de prétexte à des siècles de meurtres, de pogroms et d’incompréhension » (p. 350). Trois fois l’auteur réaffirme cela dans son ouvrage.
 
« Mon Père pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Que penser de cette parole de Jésus sur la Croix ? « Ce cri de détresse a-t-il réellement jailli de la bouche de Jésus » se demande l’auteur ? « Certains en ont douté. » Mais on peut « supposer un arrière fond historique ». D’où la question qu’il se pose, sans y répondre : « A partir de quel élément réel les synoptiques ont-ils élaboré leur version ? » Il avance cependant une hypothèse « Jésus aurait simplement soupiré : Mon Dieu, c’est toi » ! (p. 393). Comme on le voit en quelques lignes il ne reste quasiment rien de l’historicité de l’une des paroles les plus sublimes et bouleversantes du Christ méditée par les générations de chrétiens depuis les origines de l’Eglise.
 
Pour les récits de la Résurrection du Christ, il en est de même : « On n’est pas obligé de croire littéralement Matthieu lorsqu’il nous dit que l’Ange s’adresse aux femmes pour leur dire que le Christ est ressuscité » p. 434. Et l’auteur de conclure : « C’est ici au tombeau vide que s’arrête l’Histoire et que commence la Foi. L’historien sans s’engager sur la résurrection de Jésus ne peut à partir de ce moment qu’enregistrer les témoignages, les confronter » (p. 432). Mais permettons-nous d’objecter gravement à l’auteur : si l’historien ne peut me dire si les témoignages sur la résurrection de Jésus sont crédibles, qui pourra m’en donner la certitude pour me permettre de poser mon acte de Foi ?
Les récits de l’enfance
Jean-Christian Petitfils n’examine les récits évangéliques de l’enfance de Jésus qu’à partir de la page p. 451 dans son épilogue. Cela en dit déjà long sur l’estime que l’historien qu’il se veut d’être leur porte ! Que dit-il ? « Ces récits n’entretiennent pas le même rapport avec l’Histoire que les récits de la vie publique de Jésus. » (Et nous avons vu auparavant que l’historicité de ces derniers avait déjà beaucoup de lacunes !) « Ils sont le fruit d’une activité rédactionnelle élaborée… dans le dessein spécifique d’exalter l’origine divine de Jésus dans sa conception (p. 454)… Leur théologie prend volontairement la forme du merveilleux.
 
Leur écriture colorée, enjolivée d’anecdotes, fait la joie de la piété populaire. » (p. 455). Et l’auteur de citer le cardinal Ratzinger : « Ces récits débordent radicalement le cadre de la vraisemblance historique ordinaire et nous confrontent avec l’action immédiate de Dieu ». Tout est là, pour Jean-Christian Petitfils et ses inspirateurs : sans la foi, il est impossible de dire ce que fut historiquement l’enfance de Jésus.
 
Concluons. Tout l’ouvrage est sous-tendu par une vision moderniste de l’inspiration des écritures, que le pape saint Pie X a parfaitement stigmatisée et condamnée dans son encyclique Pascendi : « Ils distinguent, dit le Pape, soigneusement l’Histoire de la foi et l’histoire réelle ; à l’histoire de la foi, ils opposent l’histoire réelle, précisément en tant que réelle ; d’où il suit que des deux Christ l’un est réel ; celui de la foi n’a jamais existé dans la réalité ; l’un est venu en un point du temps et de l’espace, l’autre n’a jamais vécu ailleurs que dans les pieuses méditations du croyant ».
 
Jean-Christian Petitfils, en écrivant son « Jésus » ne s’est sans doute pas rendu compte qu’en se mettant à l’école d’exégètes modernistes plutôt que d’agir en véritable historien, il perd toute vision objective de la véritable histoire de Jésus. Pour le non chrétien, cet ouvrage ne pourra l’amener qu’à la conclusion que l’on ne possède guère de sources crédibles sur l’histoire du Christ. La foi du lecteur chrétien, quant à elle, sera ébranlée au point qu’il finira par se demander si le Christ auquel il croit est bien le même que celui qui a vécu parmi nous. Echappé de sa période historique habituelle où il excelle, Jean-Christian Petitfils a fait une téméraire incursion dans l’Antiquité Chrétienne.
 
Ce fut un désastre. Vite, qu’il retourne à son époque de prédilection ; c’est là que nous l’apprécions.
 
Jésus, Jean-Christian Petitfils, Fayard, 2011, 670 pages.
 
Abbé Denis PUGA


Notes - Pour aller plus loin, lire notamment l’encyclique Providentissimus de Léon XIII sur l’inspiration biblique, l’encyclique Pascendi et le décret Lamentabili de saint Pie X sur les erreurs modernistes, Cent ans de modernisme par l’abbé Bourmaud (chez Clovis), Centenaire de l’encyclique Pascendi, actes du symposium 9-10-11 novembre 2007 (chez Clovis) ainsi que le Catéchisme sur le modernisme d’après l’encyclique Pascendi Dominici Gregis de S.S. Pie X, éd. Forts dans la foi, n° 32-34.