31 mars 2012

[Mgr Paulo Sérgio Machado, évêque de São Carlos (Brésil)] Retour au Moyen-âge

SOURCE - Mgr Paulo Sérgio Machado, évêque de São Carlos (Brésil) - original en portugais - 31 Mars 2012

"Je ne réussis pas à comprendre comment, au XXIe siècle, il y a encore des personnes qui veulent le retour de la Messe en latin avec le prêtre célébrant le dos tourné au peuple, utilisant les pesants parements "romains". Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, et, alors que nous sentons le besoin de tenir un Concile Vatican III, nous trouvons des personnes qui veulent retourner au passé. Et ce qui préoccupe, c'est que ces personnes sont entrées à l'université, mais l'université n'est pas entrée en elles. Je pense qu'est arrivé le moment pour nos scientifiques d'inventer un dispositif pour "ouvrir les cerveaux". Ces personnes n'ont pas en effet la moindre impression de se trouver "offline", ou "hors saison". Elles veulent à tout prix revenir au passé. Elles vivent encore miracles et apparitions, dévotions et "étrangetés" déjà heureusement dépassés.

Imaginez un prêtre célébrant en latin dans une chapelle rurale.

"Dominus vobiscum". "Et cum spiritu Tuo". Notre peuple pensera simplement que ce prêtre est fou...Je me souviens quand j'étais enfant, quand la messe était en latin. Les pieuses dames n'y comprenaient rien, elles priaient le rosaire. Je n'ai rien contre le rosaire, en outre je le récite tous les jours, mais le Rosaire est prière, non célébration.

Certains défendent aussi le retour des fameuses mantilles qui couvraient les têtes des femmes. Je me demande: pourquoi pas la tête des hommes ? Il serait beau de voir les hommes avec la voilette. Il serait difficile de trouver des candidats. Sauf quelque original qui "prétend enseigner le Pater Noster au vicaire".

Mais la demande persiste, qu'y a-t-il derrière ? Une nostalgie ? Je crois que non.Il s'agit plus d'un désir morbide, une peur de la nouveauté. L'aversion au changement. C'est ce que nous pourrions appeler, pour utiliser une expression française, - un "laissez faire, laissez passer", pour voir si ça marche. Il s'agit d'une tentative pour maintenir le "status quo", même s'il ne concerne qu'une demi-douzaine de fidèles.Et les autres, qu'ils aillent au Diable.

Selon ces puritains, l'enfer serait plein, quand en réalité c'est le paradis qui est rempli car Dieu veut que tous soient sauvés.Une minorité moraliste qui voit le péché partout et pour qui le Diable est plus puissant que Dieu. "Ouvrez les coeurs et non les habits" dit le prophète. Ces gens se préoccupent de laver les verres,et non les esprits et les cœurs. C'est la vieille attitude des pharisiens- qui sont encore nombreux- qui ont critiqué Jésus pour les guérisons le jour du Sabbat.

Je me souviens de l'histoire d'une personne qui, à la nouvelle que Jean avait occis Pierre, le Vendredi Saint, avait dit: "pourquoi n'as tu pas attendu le Samedi pour l'occire ?". Pour cette personne, c'était le jour qui était le plus important dans cette histoire !

Je conclus en citant deux pensées qui font réfléchir: "Le passé est une leçon à méditer, pas à reproduire" (Mário de Andrade - auteur de Macunaíma),et "Prenez à l'autel du passé le feu, non les cendres" (Jean Jaurès - socialiste français)".

+ Dom Paulo Sérgio Machado
Evêque de São Carlos

[Daniel Hamiche - Riposte Catholique] À propos de mon article «Isaiah, trois ans, “célèbre” la Messe…»

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Mon article d’avant-hier et la vidéo qui l’accompagnait ont suscité des commentaires – toujours bienvenus – dont j’estime certains surprenants voire navrants. Pour un lecteur, « le Saint Sacrifice n’est pas une dinette », un autre « balance entre l’indignation et l’étonnement », un troisième craint « un risque d’affaiblissement », n’apprécie pas le « caractère artificiel de la chose » et préférerait que cet enfant « n’ait pas de kit pour la messe », kit qu’il trouve par ailleurs « un peu trop réaliste »… Je pensais que des critiques viendraient du fait que le petit bonhomme “célèbre” selon la forme ordinaire du rite… Rassurez-vous, et comme le montre l’image ci-dessus, d’autres enfants américains “jouent” à la Messe selon la forme extraordinaire…
 
Alors, permettez-moi, comme on dit familièrement, d’en “remettre une couche”.
 
Ce type de “sacristie” miniature était commune en France au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe. Une lectrice de ce blogue – dont j’eusse préféré qu’elle postât en commentaire sa réaction plutôt que de m’informer par courriel… – m’écrivait : « J’ai toute une collection de miniatures d’autel anciennes et j’ai toujours peur qu’il y ait de la casse quand je les apporte pour le caté ! Mais c’est fabuleux pour faire passer ce qu’est la messe! Je les ai utilisés encore ce mercredi. » Et elle me faisait passer une information sur un autre kit américain, moins beau que celui qu’utilise Isaiah, mais sans doute destiné aux très petits (le tissu molletonné est lui… incassable !).

Il ne faut pas craindre de voir des petits enfants “jouer” à la Messe ou organiser des processions et toutes sortes de bénédictions dans la maison ou le jardin ! Saviez-vous que saint Pie X enfant “jouait” à la Messe tout comme Benoît XVI… avec la particularité, pour ce dernier, que non content d’imiter le prêtre à l’autel, il donnait… une homélie !
 
Je lisais récemment que le nouveau cardinal Timothy Dolan, l’archevêque de New York, lui aussi “jouait” à la Messe enfant. Aîné d’une fratrie de cinq, un de ses deux frères cadets, Bob Dolan à confié à EWTN que le “grand frère” jouait à la Messe fréquemment dans le sous-sol de la maison familiale, mais que l’assistance à la « Messe de Tim » était « obligatoire » pour toute la famille…
 
Laissez donc les petits garçons “jouer” à la Messe en songeant à saint Pie X, au pape Benoît XVI et au cardinal Dolan !

[Bertrand Decaillet - Le Forum Catholique] "Le problème de la suppléance ... reste inchangé depuis la condamnation sauvage ... de 1976"

SOURCE - Bertrand Decaillet - Le Forum Catholique - 31 mars 2012

[en réponse à un message précédent]

Le problème de la suppléance, tel qu'il se pose, inchangé depuis la condamnation sauvage (contre les formes prévues par le droit) de 1976, passe largement celui de la distribution des sacrements. Le fond du problème n'est pas tant la forme liturgique (qui en est néanmoins la manifestation) que la perte de la Foi non seulement malgré l'autorité de l'Eglise, mais avec son concours, semble-t-il.

Dés lors une célébration occasionnelle ( dont on n'a toujours pas eu connaissance objective, par le principal interessé, de l'intention qui motivait le geste irrégulier... je ne dis rien de plus) ne constitue de loin pas une levée de l'état de nécessité - tout au plus et au mieux un geste de sympathie, dont par ailleurs aujourd'hui une pratique ambigüe tant à l'égard des protestants que des non-chrétiens... est épiscopalement généralisée.
 
Pour lever le grave danger de mort pour la Foi (les âmes - car c'est ça la nécessité!!!) il faut redresser explicitement 40 ans de dérive.
 
Une célébration, même bienveillante et généreuse, ne suffit pas: il faut inscrire la démarche dans le temps d'un part (après 40 ans, une hirondelle ne fait pas...), par ailleurs dans la réaffirmation claire et clairement rectifiante de l'erreur qui tue la Foi.

Cette dernière situation existe peut-être a l'etat embryonnaire aupres de tel ou tel évêque (Impéria, Toulon...?) mais non de manière objectivée ni clairement affirmée.

Des lors la FSSPX met en garde contre une complaisance liturgique qui pourrait servir d'appât et ne rejoindrait pas le fond, voire pire, visant peut-etre à ôter la confiance des fidèle et les séparer de leur pasteur ordinaires (si j'ose cette formule), devenus ordinaires depuis 40 ans!, et néanmoins de suppléance effective.

J'ai pour ma part oeuvré pendant 20 ans - et de manière très active! - dans le cadre de deux paroisses ED diocésaines (ni FSSP, ni ICR...). Eh bien je peux vous dire d'expérience (la nécessité reste tjs liée à un état de fait non a des principes abstraits) que, malgré la messe traditionnelle, ces deux paroisses -par ailleurs comme des îlots bien moins ancrés dans la communauté ecclésiale et les réflexes ecclésiaux que dans la FSSPX. Ma conclusion après 20 ans: grave état de nécessité pour les âmes et un immense gâchis.

Ceci n'est que mon humble vision des choses et je vous demande de ne pas faire de ce message le porte-parole de la position officielle de la FSSPX. Inutile donc, aux obsessionnels de service de sortir l'artillerie lourde. Merci! ;-)

Puis-je me permettre par ailleurs un conseil, si vraiment cette question vous pose un vrai problème de conscience et qu'il ne s'agit pas bêtement de remettre le feu: adressez-vous a un théologien compétent de la FSSPX pour qu'il éclaire en compétence votre intelligence de la choses, mais ne cherchez pas ici LA vérité sur un sujet aussi délicat, lorsque tant d'émotions generent souvent des posts dépourvus de toute culture du sujet.

Enfin, dernière suggestion: ne pourrait-on pas accorder une trêve aux procès de tout poil à l'égard de la Fsspx, le temps d'accueillir pour elle, pour nous, ces prochains jours si Dieu veut, l''immense cadeau du Ciel que nous espérons tous?

Bien à vous, belle semaine sainte.
Udp

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Danger grave

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 31 mars 2012

Le désir de certains prêtres dans la Fraternité Saint Pie X de rechercher un accord pratique avec les autorités de l’Eglise sans accord doctrinal semble être une tentation apte à se reproduire. Pendant des années Monseigneur Fellay en tant que Supérieur Général de la Fraternité en a refusé l’idée, mais lorsqu’il a dit à Winona le 2 février que Rome est disposée à accepter la Fraternité telle qu’elle est, et que Rome est prête à satisfaire «toutes les demandes de la Fraternité au niveau pratique», Rome semble bien présenter une fois de plus la même tentation.
 
Cependant, plusieurs parmi vous connaitront les dernières nouvelles de Rome, et, à moins que le Vatican ne joue une partie de cartes avec la Fraternité Saint Pie X, Rome a annoncé vendredi dernier, le 16 mars, qu’elle a trouvé que la réponse de janvier de Monseigneur Fellay à son Préambule Doctrinal du 14 septembre de l’année dernière «n’est pas suffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture entre le Saint-Siège et la dite Fraternité». Et le Vatican a donné à la Fraternité Saint Pie X un mois pour «clarifier sa position» et éviter ainsi «une rupture aux conséquences douloureuses et incalculables».
Mais que se passerait-il si Rome tout d’un coup n’exigeait plus l’acceptation du Concile et de la Nouvelle Messe? Si Rome se mettait inopinément à dire: «Bien. Nous avons réfléchi à tout cela. Rentrez dans l’Eglise tels quels. Nous vous accorderons la liberté de critiquer le Concile tant que vous voudrez, et de célébrer exclusivement la Messe de St Pie V. Mais rentrez donc!» Cela pourrait être assez rusé de la part de Rome, car comment la Fraternité pourrait-elle refuser une telle offre sans paraître incohérente et pleine d’ingratitude? Et cependant, sous peine de mort elle devrait refuser. Peine de mort ? Expression forte. Mais voici à ce sujet un commentaire de Monseigneur Lefebvre.
 
Le 5 mai 1988, il signa avec celui qui était alors le Cardinal Ratzinger le protocole (première rédaction provisoire) d’un accord pratique Rome-Fraternité. Le 6 mai il revint sur sa signature (provisoire). Le 13 juin, il dit: «Avec le protocole du 5 mai nous étions bientôt morts. Nous n’aurions pas duré un an. Jusqu’à présent la Fraternité est unie, mais avec ce protocole nous aurions été tenus de multiplier les contacts avec eux, il y aurait eu la division à l’intérieur de la Fraternité, tout aurait été une cause de division (caractères gras ajoutés). De nombreuses vocations seraient venues vers nous à cause de notre union à Rome, mais de telles vocations n’auraient toléré aucun désaccord avec Rome – ce qui aurait provoqué la division. Dans la situation actuel le, les vocations se trient d’elles-mêmes avant de nous rejoindre» (ce qui est encore le cas dans les séminaires de la Fraternité).
 
Et pourquoi une telle division? La guerre parmi les vocations n’en aurait été qu’une occasion parmi d’innombrables autres. Evidemment, parce que le Protocole du 5 mai aurait signifié un accord pratique reposant sur un désaccord doctrinal qui est radical : entre la religion de Dieu et la religion de l’homme. Monseigneur Lefebvre continuait : «Ils sont en train de nous tirer vers le Concile tandis que de notre côté nous sommes en train de sauver la Fraternité et la Tradition en faisant attention de garder nos distances» (caractères gras ajoutés). Pourquoi alors Monseigneur Lefebvre a-t-il jamais recherché un tel accord? Il continuait: «Nous avons fait un effort honnête pour garder la Tradition tout en restant dans l’Eglise officielle. Cela s’est avéré impossible. Ils n’ont pas changé, si ce n’est en pire.»
 
Et ont-ils changé depuis 1988? Beaucoup penseraient, seulement en pire encore.
 
Kyrie eleison.

30 mars 2012

[DICI] Le communiqué du Vatican, la lettre ouverte de Mgr Bux et les commentaires des journalistes

SOURCE - DICI - 30 mars 2012

Dans la matinée du vendredi 16 mars, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, – assisté de Mgr Luis Francisco Ladaria, secrétaire de ce dicastère, et de Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei –, a reçu Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, accompagné de l’abbé Alain-Marc Nély, second assistant général. A l’issue de cette rencontre qui a duré deux heures, la Salle de presse du Vatican a publié le communiqué suivant : 
 
« Au cours de la rencontre du 14 septembre 2011 entre Son Eminence le Cardinal William Levada, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et Président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, et Son Excellence Monseigneur Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité sacerdotale saint Pie X, un Préambule doctrinal, accompagné d’une Note préliminaire, a été communiqué à ce dernier, comme base fondamentale pour parvenir à la pleine réconciliation avec le Siège Apostolique. Dans ce Préambule étaient énoncés certains principes doctrinaux et critères d’interprétation de la doctrine catholique, nécessaires pour garantir la fidélité au Magistère de l’Eglise et le sentire cum Ecclesia.
« La réponse de la Fraternité sacerdotale saint Pie X à ce Préambule doctrinal, parvenue en janvier 2012, a été soumise à l’examen de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, puis au jugement du Saint-Père. Conformément à la décision du Pape Benoît XVI, l’évaluation de la réponse de S.E. Mgr Fellay lui a été communiquée par lettre remise en ce jour. Cette évaluation fait remarquer que la position qu’il a exprimée n’est pas suffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture entre le Saint-Siège et ladite Fraternité.
« Au terme de la rencontre de ce jour, dans le souci d’éviter une rupture ecclésiale aux conséquences douloureuses et incalculables, le Supérieur général de la Fraternité sacerdotale saint Pie X a été invité à bien vouloir clarifier sa position, afin de parvenir à la réduction de la fracture existante, comme l’a souhaité le Pape Benoît XVI. »
Les commentaires de la presse
Ce communiqué a fait l’objet de commentaires divers, assez révélateurs des qualités professionnelles de leurs auteurs. Passons sur le fait que le correspondant romain de La Croix, Frédéric Mounier, transforme l’abbé Nély en abbé Benelli. L’urgence ne permet pas toujours de vérifier.
 
Plus sérieusement, lorsqu’il remet ce communiqué à la presse, le P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège déclare : « La réponse de Mgr Fellay est attendue d’ici à environ un mois ». Il n’en faut pas plus pour que La Vie (ex-catholique) puisse titrer immédiatement : « Le Vatican lance un ultimatum aux intégristes qui voudraient se rallier à Rome ». Le « temps ultime » du P. Lombardi devient un « ultimatum », ce qui n’est pas tout à fait la même chose, comme le remarque sur son Religioblog, Jean-Marie Guénois du Figaro :
 
« Bizarre cette déformation de l’information… Alors que Rome révèle aujourd’hui qu’une nouvelle rencontre a eu lieu ce matin entre Mgr Fellay, leader des Lefebvristes, et le cardinal Levada, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, en vue de trouver un accord certes très difficile, beaucoup de confrères parlent d’un ‘ultimatum’ lancé par le Vatican pour trouver une solution avant ‘un mois’. J’ai lu et relu le communiqué officiel et je ne trouve ni le mot ‘ultimatum’ et surtout aucune trace d’un esprit d’ultimatum. C’est-à-dire, d’une pression exercée sur le calendrier pour aboutir à un résultat en forçant le levier du rapport de force.
 
« Pire, affirmer cela déforme profondément l’information publiée aujourd’hui par le Vatican. D’autant que ce thème de l’ultimatum est venu de l’interprétation des propos du Père Lombardi, porte-parole du Vatican, qui a répondu à une question de journaliste sur les ‘délais’. Il a estimé que le Vatican attendait une réponse d’ici ‘environ un mois’. Il n’a pas parlé, à ma connaissance, d’ultimatum. Ce qui serait d’ailleurs ridicule pour une crise ouverte depuis… cinquante ans, dès l’ouverture du concile Vatican II ! »
Pas assez rassuré par l’« ultimatum » de son titre, Jean Mercier de La Vie considère dans l’article qu’il est simplement inutile : « Cette nouvelle demande d’éclaircissements intervient alors que Mgr Fellay a déjà, à deux reprises, envoyé un texte au sujet du préambule doctrinal et qu’il a affirmé publiquement que le protocole romain n’est pas signable par la FSSPX. On se demande donc quels éclaircissements sont réellement nécessaires. » A moins de trouver à cet « ultimatum », devenu « officieux », une explication politique : « Cet ultimatum officieux lancé par Rome a peut-être comme objectif de susciter des ralliements chez des prêtres intégristes de tendance modérée. »
Pourquoi ces supputations et imputations ? On notera que le 22 décembre 2011, dans son édition en ligne, sous la plume de Natalia Trouiller, La Vie faisait l’éloge du sérieux des « révélations » que l’on pouvait obtenir sur la Fraternité Saint-Pie X grâce aux sites sédévacantistes, lesquels se sont réjouis, le 31 décembre, d’être enfin reconnus officiellement, oubliant les divergences doctrinales qui doivent pourtant exister entre conciliaires et sédévacantistes, pour sceller une alliance objective contre l’ennemi commun. Dans son numéro du 19 janvier 2012, consacré à la « guerre secrète des intégristes », La Vie empruntait à nouveau aux sites sédévacantistes leurs « analyses » et même, sans s’en rendre compte, une partie de leur terminologie.

Mgr Nicola Bux et le pape Benoît XVI.
La lettre ouverte de Mgr Bux
Le 19 mars 2012, trois jours après la rencontre de Mgr Fellay avec le cardinal Levada, Mgr Nicola Bux, consulteur à la Congrégation pour la doctrine de la foi et au Bureau des célébrations liturgiques du pape, adresse une lettre ouverte à Mgr Fellay et aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X les invitant à accepter un accord. Le 21, interrogé par l’agence romaine IMedia, ce prélat romain refuse de voir « une sorte d´ultimatum » dans la demande par le Saint-Siège d´une nouvelle clarification de la position de la Fraternité Saint-Pie X. Il estime seulement « qu´une fois arrivé à un certain point, il faut se décider ».
 
Malgré cela, le lendemain, 21 mars, Natalia Trouiller persiste et signe : « Mgr Nicola Bux, un proche du pape, adresse une lettre à Mgr Fellay et à ceux qui le suivent. Une preuve que la Fraternité est bien devant un ultimatum. » Et de développer : « Lu dans son intégralité, son message (de Mgr Bux) est clair : les lefebvristes n’ont aucune autre concession à espérer de Rome, soit ils reviennent maintenant, soit ils poursuivent leur chemin seuls. La lettre est certes écrite d’une main de fer, mais dans un gant de velours : il y a fort à parier que certaines phrases comme « Il est indéniable que de nombreux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Eglise », vont faire beaucoup parler. »
 
Cette critique du Concile qui chagrine la journaliste de La Vie est reprise, deux jours après, 23 mars, par François Vercelletto sur le site de Ouest France : « La tonalité générale du texte (de Mgr Bux) est largement ouverte aux demandes et aux critiques des intégristes, en particulier sur le Concile Vatican II. En particulier lorsqu’il écrit : « Il est indéniable que de nombreux faits du Concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Eglise. » (…) Il sera très intéressant de suivre l’évolution de cette question.
 J’ignore si l’esprit général de cette lettre est représentatif ou non de ce que pensent les plus hautes autorités de l’Eglise.
 Personnellement, si tel était le cas, je ne m’en réjouirais pas. »
 
Il n’empêche que sur le fond on ignore si les clarifications qu’apportera Mgr Fellay suffiront ou non « pour surmonter les problèmes doctrinaux ». Le 21 mars, Mgr Bux a répondu à IMedia que le pape recherchait « l´union et la recomposition après les séparations, mais pas à n´importe quel prix ». Le 22 mars, dans un courrier électronique, Mgr Richard Williamson, fait observer à Mgr Bux : « Votre lettre commence par un appel à ‘tout sacrifier au nom de l’unité’. Mais il ne peut y avoir de véritable unité catholique qui ne soit fondée sur la vraie Foi catholique. (…) la Foi sacrifiée à l’unité fera une unité sans Foi. »
 
Jean-Marie Guénois affirme dans l’article déjà cité de son Religioblog : « Rome, me semble-t-il, ne cherche pas un compromis au rabais. Les Lefebvristes, de toute façon, ne l’accepteraient pas. Cela serait source de problèmes difficiles à moyen terme. Rome cherche un accord, fondé sur une vision large du catholicisme. Une vision capable d’intégrer plusieurs familles dont certaines sont très éloignées les unes des autres. Un esprit capable d’admettre un débat interne, cette disputatio qui appartient pourtant à la grande tradition intellectuelle – et actuellement perdue – de l’Eglise catholique. » On se demande vraiment si c’est cette disputatio théologique que Mgr Bux suggère dans sa lettre ouverte à la Fraternité Saint-Pie X lorsqu’il écrit avec une prudente modération : « Il demeure certainement des perplexités, des points à approfondir ou à préciser, comme celui de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux (qui a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une importante clarification apportée par la déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000) ou celui de la manière dont est comprise la liberté religieuse. Sur ces thèmes aussi, votre présence canoniquement garantie dans l’Eglise aidera à plus de lumière. Comment ne pas songer à la contribution que vous pourrez apporter, grâce à vos ressources pastorales et doctrinales, à votre capacité et votre sensibilité, au bien de toute l’Eglise ? ».
 
Nul ne sait ce que réserve l’avenir. Mais il est certain que l’avenir appartient à Dieu, et pas aux journalistes. C’est pourquoi le Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X invite tous les fidèles à la prière et au sacrifice en ces Jours Saints et dans les semaines suivantes. – Lire le Communiqué de la Maison Générale.

(Sources : vatican.va/IMedia/Apic/Religioblog/La Vie/ecclesia-mater/Ouest France – DICI n°252 du 30/03/12)

[SPO - Riposte Catholique] Un nouvel évêque italien embrasse le motu proprio

SOURCE - SPO - Riposte Catholique - 30 mars 2012

Ce sont les moines de Nursie, la communauté bénédictine anglophone fondée par Dom Folsom, qui l’annoncent dans leur dernier bulletin : ils célèbrent désormais une fois par mois la forme extraordinaire dans le diocèse voisin de Foligno (Ombrie) en la belle église romane de Sainte Marie Infraportas. L’évêque local, Mgr Sigismondi, leur a en effet demandé de l’aider à faire connaître la liturgie traditionnelle à ses fidèles.
 
Comme le précisent les moines : «« L’évêque assiste généralement à la messe dans le chœur, offrant ainsi un témoignage personnel de l’importance de ce « trésor de l’Église » selon les mots du pape ». Dans un pays où le motu proprio du Saint Père a été grandement freiné par la passivité des évêques, le geste de Mgr Sigismondi est à signaler. Et ce d’autant plus que Mgr Sigismondi, âgé seulement de 51 ans, est l’un des plus jeunes évêques transalpins. Un prélat à suivre donc…

[Marie-Lucile Kubacki - La Vie] Quatre évêques de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne excommuniés

SOURCE - Marie-Lucile Kubacki - La Vie - 30 mars 2012

Des anciens religieux de l’ordre basilien de saint Josaphat qui s’étaient autoproclamés évêques de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne en 2008 ont été excommuniés pour désobéissance
Rome : quatre évêques excommuniés
Ils s’étaient autoproclamés évêques de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, en 2008. Après avoir tenté d’être reconnus par l’Etat ukrainien en tant qu’Eglise orthodoxe gréco-catholique ukrainienne, quatre anciens religieux de l’ordre basilien de saint Josaphat, un Ukrainien, un Slovaque et deux Tchèques, ont été excommuniés. Leurs rapports avec le Vatican s’étaient détériorés il y a quatre ans, quand, dans une lettre adressée à Benoît XVI, ces « évêques » très critiques envers les autorités du Vatican avaient dénoncé « une dérive générale de l’Eglise ». Leurs griefs ? Les « conceptions hérétiques » enseignées par les facultés de théologie, « le syncrétisme avec des religions païennes », la « présence d’évêques et de prêtres homosexuels et pédophiles », notamment au sein de l’Eglise gréco-catholique. 

Forts de tout cela, les quatre religieux, avaient fondé « l’Eglise orthodoxe gréco-catholique ukrainienne », en 2009, à destination des fidèles les plus orthodoxes, déçus par l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, comme le rappelle Infocatho.be et l’agence Apic. Avant de les excommunier, le Vatican avait tenté de passer par la négociation. Il espérait les convaincre d’arrêter de « tromper les fidèles, ce qui est arrivé pour beaucoup d’entre eux ». Rome les encourageait à la « repentance » et à « un retour (…) dans la pleine communion avec l’Eglise catholique ».  Mais rien n’y a fait. La tentative d’inscription auprès de l’Etat ukrainien d’une Eglise orthodoxe gréco-catholique ukrainienne, a été l’erreur de trop. 

La Congrégation pour la doctrine de la foi  les accuse de calomnier « les représentants du Saint-Siège et de l’Eglise locale » et de pécher par désobéissance. Par leur comportement, les quatre anciens religieux « continuent à défier l’autorité ecclésiastique, en portant atteinte moralement et spirituellement non seulement à l’ordre basilien de saint Josaphat et à l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, mais aussi au Siège apostolique et à l’Eglise catholique toute entière ». Le Tribunal ordinaire de l’Eglise archiépiscopale majeure ukrainienne les a reconnus coupables « d’usurpation illégitime d’office, de sédition et de haine contre certains hiérarques et de provocation à désobéir ».

[AUDIO] [Abbé Patrick de La Rocque, fsspx] Conférence du 30 mars 2012, à Nantes - entier

SOURCE - Abbé Patrick de La Rocque, fsspx - 30 mars 2012

M. l'abbé Patrick de La Rocque, membre de la Commission Doctrinale de la FSSPX pour les Relations avec Rome, nous parle du déroulement des discussions.

[écouter enregistrement]

29 mars 2012

[Victor Scribe - Riposte Catholique] Le sens commun du Père Garrigou-Lagrange

SOURCE - Victor Scribe - Riposte Catholique - 29 mars 2012

Le Père Garrigou-Lagrange (1877-1964) a illustré pendant des décennies l’Ordre des prêcheurs, les fameux dominicains, notamment à travers la publication de vingt-trois ouvrages et de plus de six cents articles. Aussi à l’aise en théologie fondamentale qu’en théologie spirituelle – il est l’auteur de plusieurs ouvrages de spiritualité –, le Père Garrigou-Lagrange fut notamment l’ami de Jacques Maritain dont il empêcha certainement la condamnation et qu’il n’a pas suivi dans ses options de philosophie politique. Depuis la victoire de la « nouvelle théologie », il est considéré avec mépris et dédain par les théologiens contemporains, et même par certains thomistes. Il semble que seuls les séminaires traditionnels s’appuient encore sur son enseignement.
 
Ses livres n’étant plus disponibles – à l’exception d’un petit traite édité chez DMM par la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier (Les trois conversions et les trois voies) – les éditions Nuntiavit ont réédité son célébre ouvrage Le Sens commun, la philosophie de l’être et les formules dogmatiques (242 pages, 15€). C’est un livre de base qui entend répondre aux grandes questions posées par le modernisme, et ce dans un esprit strictement thomiste. C’est ce que sous-tend cette étude sur la nature du sens commun et sur sa valeur.
 
Dans une première partie, l’auteur définit ce qu’est le sens commun, puis s’attache à réfuter la théorie nominaliste du sens commun avant de présenter la théorie conceptualiste-réaliste du sens commun. Dans une deuxième partie, il n’omet pas de présenter également la critique moderniste des preuves thomistes de l’existence de Dieu puis de répondre à ces différentes critiques avant de consacrer la troisième partie au rapport entre sens commun et formulation dogmatiques.
 
Même si certaines discussions peuvent paraître un peu datées (le livre reproduit la troisième édition de cet ouvrage qui date de 1922), il s’agit d’une étude à connaître et dont on peut tirer son miel.

[FSSPX] Communiqué de la Maison Générale de la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - FSSPX - 29 mars 2012

A la suite de sa rencontre, le 16 mars 2012, avec le cardinal William Levada, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, invite instamment les fidèles à redoubler de ferveur dans la prière et de générosité dans les sacrifices en ces Jours Saints et dans les semaines qui suivront la fête de Pâques, afin que la Volonté divine se fasse, et elle seule, comme N.S. Jésus-Christ nous en a donné l’exemple au Jardin des Oliviers : non mea voluntas, sed tua fiat (Luc,22,42).
 
Plus que jamais se révèle indispensable la Croisade du Rosaire, commencée à Pâques 2011 et qui doit s’achever à la Pentecôte 2012. C’est pourquoi la Fraternité Saint-Pie X qui ne veut que le bien de l’Eglise et le salut des âmes, se tourne avec confiance vers la T. S. Vierge Marie afin qu’elle lui obtienne de son divin Fils les lumières nécessaires pour connaître clairement sa volonté et pour l’accomplir courageusement.
 
Que les fidèles veuillent bien offrir une sainte communion à cette intention. Qu’ils fassent pleinement leur, en pensée et en acte, la prière que Notre Seigneur nous a demandé d’adresser à notre Père des cieux : Sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum, fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra ; que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel !

Menzingen, le 29 mars 2012

[APIC] La ’Croisade du Rosaire’ est plus que jamais indispensable

SOURCE - APIC - 29 mars 2012

Suisse: Mgr Fellay invite les fidèles lefebvristes à prier pour les négociations avec Rome 
La ’Croisade du Rosaire’ est plus que jamais indispensable
Menzingen, 29 mars 2012 (Apic) Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, invite ses fidèles à prier pour que la "volonté divine se fasse" dans le cadre des négociations entre les lefebvristes et l’Eglise catholique, selon le site d’information www.dici.org du 29 mars 2012.
 
Dans un communiqué publié sur le site de la Fraternité, Mgr Fellay "invite instamment les fidèles à redoubler de ferveur dans la prière et de générosité dans les sacrifices en ces Jours Saints et dans les semaines qui suivront la fête de Pâques". Aux yeux de l’évêque lefebvriste, la ’Croisade du Rosaire’ est plus que jamais indispensable pour que "la Volonté divine se fasse, et elle seule". C’est pourquoi la Fraternité "se tourne avec confiance vers la Vierge Marie afin qu’elle lui obtienne de son divin Fils les lumières nécessaires pour connaître clairement sa volonté et pour l’accomplir courageusement", indique le communiqué. Toutefois, Mgr Fellay ne précise pas le sens de la réponse qu’il entend donner à la demande du Vatican.
 
Lors de la rencontre du 16 mars, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a accordé un mois à la Fraternité pour qu’elle clarifie sa position sur le préambule doctrinal, soumis mi-septembre 2011. Les héritiers de Mgr Lefebvre ont reçu un délai supplémentaire pour fournir une nouvelle réponse, et éviter "une rupture ecclésiale aux conséquences douloureuses et incalculables". Cette clarification est attendue pour la mi-avril, quelques jours après Pâques.

Rome a jugé la précédente réponse, fournie en janvier dernier, insuffisante "pour surmonter les problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture entre le Saint-Siège et la Fraternité". (apic/imedia/dici/mm/ggc)

28 mars 2012

[Christophe Saint-Placide] La messe usus antiquior attire : plus de 1 000 fidèles à New Brighton

L’installation par l’évêque de Shrewsbury, Mgr Davies, de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre au sanctuaire de New Brighton (en face de Liverpool) a été couronnée de grâces :
 
- plus de 1000 fidèles ont rempli l’église, dont de nombreux catholiques locaux découvrant pour l’occasion la liturgie traditionnelle. Il faut dire que la fermeture de ce lieu de culte en 2008 avait suscité une grande protestation parmi la population, fortement attachée à cette église dont la coupole s’aperçoit par temps clair depuis le Pays de Galles ;
 
- Mgr Davies a prononcé une remarquable homélie. Souhaitant que le sanctuaire, voué à l’adoration eucharistique, devienne un « phare d’espérance », il a expliqué le choix de la forme extraordinaire en s’appuyant sur le magistère de Benoît XVI et remercié l’Institut du Christ-Roi pour son dévouement. Racontant qu’un journaliste lui avait demandé s’il se sentait appartenir à une Église traditionnelle ou bien à une dynamique communauté évangélisatrice, il a rappelé que pour un catholique la réponse ne pouvait qu’être les deux ! « Nous ne pouvons être une communauté dynamique et évangélisatrice que si nous sommes enracinés dans la continuité de la foi et de la prière de l’Église » au centre desquelles on trouve toujours, source et sommet de la vie chrétienne, « le mystère et la réalité de l’eucharistie »;
 
- l’événement a eu un large et positif écho, jusqu’au fameux chroniqueur religieux du Telegraph, Damian Thompson, qui a salué dans l’un de ses billets le fait qu’il se trouve « enfin » un évêque anglais pour avoir le « courage de réintroduire la messe traditionnelle en latin » et appliquer le motu proprio Summorum Pontificum.
 
 Le photographe Philipp Chidell a composé sur Flicker une superbe galerie de photos de cette belle journée.

[Ugo Giguère] Nouvelle école primaire catholique privée à Saint-Césaire

SOURCE - granby.enregion.ca - Ugo Giguère - 28 mars 2012

Dès septembre
Nouvelle école primaire catholique privée à Saint-Césaire
Le prêtre Romain Pons se prépare pour une première rentrée scolaire au Centre Saint-Joseph de Saint-Césaire.

Si l’enseignement religieux a été retiré du cursus scolaire, certains parents y tiennent encore. Pour ceux-là, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) installée dans l’ancien couvent de Saint-Césaire s’apprête à ouvrir dès septembre une toute nouvelle école primaire catholique privée.

Au milieu des planches de bois et des outils, plusieurs ouvriers s’activent dans l’ancien couvent de briques rouges de la rue Notre-Dame. «On devrait avoir terminé pour juin», lance le prêtre Romain Pons, lors d’une visite en compagnie de l’Express. Ce chantier à l’arrière du Centre Saint-Joseph, connu comme l’ancien couvent, va voir naître une toute nouvelle école.

Trois classes, une cafétéria, une salle de toilettes et un grand couloir constituent l’aile scolaire du centre. Les élèves n’auront pas accès au prieuré, ni aux étages supérieurs destinés à des retraites spirituelles.

À cinq mois de leur première rentrée scolaire pour laquelle on n’a toujours pas ouvert les inscriptions, le nombre d’élèves n’inquiète pas trop le prêtre Romain Pons. «Si on a 10 ou 15 enfants, ce n’est pas grave. On commencera avec un petit effectif», explique M. Pons. La capacité maximale du nouvel établissement s’élève à 60 écoliers, soit trois classes de 20.

D’après l’ecclésiaste d’origine française, de nombreux fidèles de la fraternité habitent la Rive-Sud de Montréal et réclament cette école. Des gens de Marieville, Saint-Césaire et même Saint-Jean-sur-Richelieu auraient manifesté leur intérêt.

Il ne s’agit pas de la première expérience en milieu scolaire pour la congrégation FSSPX qui compte déjà l’école Sainte-Famille à Lévis. «Pour faciliter les choses avec le ministère de l’Éducation, ce sera en quelque sorte une succursale de Lévis», mentionne M. Pons.
Plus d’un million de dollars
Depuis qu’ils ont fait l’acquisition du bâtiment emblématique de Saint-Césaire, les religieux ont fait énormément de travaux. Au final, c’est plus d’un million de dollars qu’ils vont avoir investi en réparation de tout genre.

«Au prix qu’on a payé pour l’achat, on savait qu’on aurait beaucoup de travaux à faire», admet le prêtre qui habite les lieux avec trois confrères. La partie consacrée à l’école ne représente pas une très grande dépense puisque les lieux sont déjà dotés de classes, mais l’endroit a quand même besoin d’être revampé.

Entre autres travaux à compléter, il reste à isoler la cage d’escalier, à remettre les toilettes en fonction et à aménager un terrain de jeu. «Quand une représentante du ministère de l’Éducation est venue, elle trouvait que c’était un bel environnement pour les enfants», affirme le prêtre en pointant le jardin à l’arrière.
Culture religieuse et biologie
Le programme de cours obligatoires du ministère de l’Éducation comporte des éléments susceptibles d’entrer en conflit avec l’enseignement de la religion catholique. On a qu’à penser au tollé qu’a provoqué l’introduction du cours Éthique et culture religieuse.

«On peut le présenter en mettant un peu plus l’accent sur la religion catholique et forcément on va comparer avec les autres religions dans le monde, affirme Romain Pons. De la manière qu’on le présente (à l’école publique), on fait le catalogue. On dit tiens, voilà le catalogue des religions, tu choisiras quand tu seras grand», ajoute-t-il.

Comme il faut détenir une accréditation pour enseigner au Québec, ce sont des enseignants qualifiés qui vont offrir la formation aux élèves. Seul le cours de religion sera dispensé par un prêtre. Une autre matière sensible, la biologie. Faut-il enseigner le créationnisme ou l’évolution?

«L’évolution, ce n’est encore qu’une théorie. Le problème avec les livres de biologie, c’est qu’on enseigne comme un dogme ce qui n’est encore qu’une théorie, soutient le prêtre. L’Église en tant que telle n’est pas contre l’évolution, tant qu’il y a un acte créateur de Dieu à la base.»

27 mars 2012

[Christophe Saint-Placide] A Denton, un évêque pour ordonner

SOURCE - Christophe Saint-Placide - 27 mars 2012
On ose à peine le dire, au risque de déchaîner des commentaires acides ou de déclencher des moments de mauvaises humeurs. Et ce, pendant le très riche temps de la Passion, qui n’existe pas, me semble-t-il, dans le calendrier rénové de la forme ordinaire.
 
Mais il y a quand même de belles choses dans l’Église qu’il serait dommage de taire. Des choses bien ordinaires, certes et qui ne nécessitent pas de recourir à de lourdes argumentations par lesquelles nous devrions journalistiquement et, par nécessité, suppléer à des manquements variés et divers. Toujours est-il que le 17 mars dernier, sept nouveaux diacres ont été ordonnés, à Denton, pour la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, par Mgr Alexander K. Sample de Marquette (Michigan), qui n’a fait aucune difficulté pour utiliser les livres liturgiques traditionnels.
 
On notera  – il faudra d’ailleurs que j’en fasse un jour le décompte précis – que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a toujours pu trouver un évêque pour procéder aux ordinations et que c’est la même chose pour les autres communautés traditionnelles en France, aux Etats-Unis ou en Europe. Ce n’étaient pas tous de vieux évêques à la retraite, de vieux cardinaux à la parole d’un coup libérée, mais aussi des évêques en charge de diocèse, voire de jeunes évêques. Ils n’étaient peut-être pas tous impeccables quant à la doctrine traditionnelle. Mais, après tout, les évêques qui ont fait le Concile avaient tous été formés avec les bons vieux manuels thomistes, ce qui n’a pas empêché certains de dévier et de ne pas résister aux sirènes de la nouvelle théologie ou du progressisme le plus patenté. Reste qu’ils étaient évêques et qu’il n’y a pas d’Église catholique sans évêques unis au Pape. On aura beau faire, c’est ainsi et c’est pourquoi il nous faudrait très vite des évêques Summorum Pontificum. Mais je me répète et je risque stupidement de lasser certains.

[Natalia Trouiller - La Vie] Allemagne: la FSSPX appelle à prier

SOURCE - Natalia Trouiller - La Vie - 27 mars 2012

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Dans un communiqué publié sur le site du district d'Allemagne de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, l'abbé Schmidberger, le supérieur du district, appelle les fidèles de la Fraternité à prier pour l'issue favorable des discussions entre la Fraternité et le Vatican. "Nous voilà arrivés à un point décisif", explique-t-il. "Si la lettre [du cardinal Levada demandant une réponse avant le 15 avril, NDLR] frappe par son ton désagréable, il y a néanmoins des espoirs légitimes qu'une solution satisfaisante soit trouvée. Si une réunion arrive, cela renforcera toutes les forces de la tradition dans l’Eglise. Dans le cas contraire, ces forces seront affaiblies et découragées. Il ne s'agit pas d'abord de notre Fraternité, mais du bien de l'Eglise".
[...]

[Paix Liturgique] Contestation à l'italienne: un évêque doute de l'avantage patoral et spirituel du Motu Proprio

SOURCE - Paix Liturgique, lettre n°328 - 27 mars 2012

En février 2011, l’évêque de Pavie nous adressait quelques lignes manuscrites courroucées en réaction à la lettre 18 de notre édition italienne qui évoquait les évêques de France, les visites ad limina et le Motu Proprio. Comme le motif de son courroux n’était pas précisé, nous avions rapidement oublié l’incident jusqu’à ce que nos confrères de Riposte catholique ne publient, le 6 février dernier, un article rapportant précisément le jugement de Mgr Giudici, évêque de Pavie, sur le Motu Proprio Summorum Pontificum.
 
En lisant ce texte, nous avons découvert que Mgr Giudici mettait publiquement en doute « l’avantage pastoral et spirituel » que représente le geste du pape, geste en premier lieu de justice et de vérité – la messe traditionnelle n’a jamais été abolie et peut donc être toujours célébrée –, geste en outre profondément pacificateur.

Une attitude qui explique probablement son accès de mauvaise humeur de l’an dernier et qui, surtout, rejoint celle des curés/évêques qui jugent encore la forme extraordinaire du rite romain inadaptée à la situation pastorale qu’ils connaissent, donc malvenue dans leur paroisse/diocèse. Parce que nous sommes au contraire convaincus, avec le Saint Père, des bienfaits du Motu Proprio, nous profitons du texte de Riposte catholique pour répondre à Mgr Giudici.
I – L’ARTICLE DE RIPOSTE CATHOLIQUE
En direct de Jurassic Park : la parole est à l’évêque de Pavie...

Pendant plus de dix ans, Mgr Giudici, actuel évêque de Pavie, a été le vicaire général de l’archidiocèse de Milan, alors gouverné par le cardinal Martini, l’un des derniers dinosaures du progressisme. Ce n’est donc pas un hasard si, dans un entretien récemment publié en Italie, il est présenté comme le plus “ martinien ” des évêques d’Italie.

Au cours de cet entretien, Mgr Giudici enfile les perles du progressisme, de l’œcuménisme à l’inculturation de la liturgie, de la situation des couples de fait à celle des divorcés, sans oublier la nécessité de donner plus d’espace aux laïcs dans l’Église et la critique de la “ ligne Ruini ”, l’ancien Président de la Conférence épiscopale italienne qui avait privilégié l’affirmation des valeurs chrétiennes et du dogme catholique à l’écoute des bruits du monde si chère au cardinal Martini et à son successeur, le cardinal Tettamanzi.

Bien entendu, Mgr Giudici ne se défile pas non plus quand il s’agit de critiquer la réconciliation liturgique voulue par Benoît XVI. Voici donc, en direct du Jurassic Park des prélats de la pastorale de l’enfouissement, quelques lignes pour se rappeler le bon vieux temps du progressisme béat et sûr de lui.
***
Q - Avec la libéralisation du missel tridentin, le pape Benoît XVI essaie de réduire le schisme avec les lefebvristes. Partagez-vous l’esprit du Motu Proprio Summorum pontificum de 2007 ?

Mgr Giudici : La lettre adressée par le pape aux évêques nous invitait à une attention et à un accueil majeurs de ceux qui avaient connu l’époque de la messe en latin. Et beaucoup d’entre nous, selon les circonstances, ont offert à ceux qui le demandaient l’opportunité de liturgies selon le missel de Pie V. Mais le Motu Proprio a changé certains aspects de cette demande du pape.

Q - Que s’est-il passé ?

Mgr Giudici : Désormais, en vertu du Motu Proprio, quiconque peut demander de célébrer la messe dans la liturgie de Pie V et chaque prêtre est tenu de répondre positivement à la demande. Cela implique une certaine pression pour des prêtres déjà bien occupés par ailleurs. En outre, il devient possible de célébrer la liturgie de Pâques avec le rite de Pie V dans des paroisses où le Triduum pascal se célèbre déjà avec le missel de Paul VI.

Q - Vous êtes perplexe ?

Mgr Giudici : Je me demande seulement quel sera l’avantage pastoral et spirituel que nous retirerons d’un style de prière qui se ressent de l’individualisme religieux caractéristique de l’époque à laquelle le missel de saint Pie V a été composé, avec le célébrant qui prie en tournant le dos à une assemblée facilement passive durant la liturgie.
***
Si besoin est, rappelons :

- que le Motu Proprio Summorum Pontificum est un don pour l’Église universelle comme le proclame l’instruction Universæ Ecclesiæ du 30 avril 2011. Dans la lettre du pape aux évêques du 7 juillet 2007, que cite Mgr Giudici mais qu’il semble avoir lu avec des œillères, Benoît XVI indiquait d’ailleurs très clairement vouloir répondre aussi au désir des « personnes jeunes » qui découvraient cette forme liturgique, « se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement »,

- que le Motu Proprio peut difficilement changer les aspects d’une lettre qui accompagne sa publication mais au contraire permet de mieux la comprendre.

Comment, en outre, ne pas demeurer éberlué en entendant un prélat réduire la célébration du saint sacrifice de la messe – occasion sans cesse renouvelée, pour le célébrant comme pour les fidèles, de rencontrer le Christ dans le mystère eucharistique – à une charge de travail supplémentaire pour un prêtre ? Quant aux avantages pastoraux et spirituels de la liturgie tridentine, des générations de saints, de missionnaires, de pieuses traditions populaires et de trésors artistiques témoignent en leur faveur. Mais Mgr Giudici, qui voit en la Contre-Réforme une période d’ « individualisme religieux » et méconnaît les raisons de la célébration “ ad orientem ” (le prêtre et les fidèles tournés vers Dieu) comme la réalité de la ferveur des fidèles qui y participent, semble incapable de le percevoir.

Nous nous contenterons donc d’inviter « le plus martinien des pasteurs italiens » à relire avec attention la lettre que Benoît XVI lui a effectivement adressée, comme à tous les évêques du monde, le 7 juillet 2007, et à s’arrêter quelques instants sur cette invitation du Saint Père : « Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place. »
II – DE LA BOUCHE MÊME DU PAPE, QUELQUES-UNS DES AVANTAGES PASTORAUX ET SPIRITUELS PERMIS PAR LE MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM
Il ne s’agit pas, ici, de discuter des avantages réels ou supposés de la forme extraordinaire au regard de la forme ordinaire mais bien d’exposer, à la lumière de l’enseignement du Saint Père, certains des fruits pastoraux et spirituels que sa célébration produit.

1) Une conscience accrue du sens du sacré :

« Bien qu’il y ait de nombreux motifs qui peuvent avoir poussé un grand nombre de fidèles à trouver refuge dans la liturgie traditionnelle, le plus important d’entre eux est qu’ils y trouvent préservée la dignité du sacré », Cardinal Joseph Ratzinger, en visite auprès des évêques chiliens, 13 juillet 1988.

« On constate un retour au mystère, à l’adoration et au sacré, et au caractère cosmique et eschatologique de la liturgie », Conférence du cardinal Ratzinger pour les 10 ans du Motu Proprio Ecclesia Dei, Rome, 24 octobre 1998.

2) La liturgie n’appartient pas aux célébrants :

« À l’époque où le nouveau missel n’avait pas encore paru, mais où l’ancien était déjà traité d’ancien, on n’eut plus conscience [...] que la liturgie n’est elle-même que parce que ceux qui célèbrent ne peuvent en disposer à leur guise », Cardinal Joseph Ratzinger, in La Célébration de la Foi, éditions Téqui, 1981.

3) Une source féconde de vocations :

« Les diverses communautés nées grâce à ce texte pontifical [le Motu Proprio Ecclesia Dei, NDLR] ont donné à l’Église un grand nombre de vocations sacerdotales et religieuses qui, zélées, joyeuses et profondément unies au pape, rendent leur service à l’Évangile dans cette époque de l’histoire, qui est la nôtre. Par eux, beaucoup de fidèles ont été confirmés dans la joie de pouvoir vivre la liturgie, et dans leur amour envers l’Église ou peut-être ils ont retrouvé les deux », Conférence du cardinal Ratzinger pour les 10 ans du Motu Proprio Ecclesia Dei, Rome, 24 octobre 1998.

4) L’unité de l’Église universelle comme des Églises locales :

« La présence de l’ancienne liturgie ne dérange et ne brise pas l’unité de leur diocèse, mais elle est plutôt un don destiné à construire le Corps du Christ, dont nous sommes tous les serviteurs », Conférence du cardinal Ratzinger pour les 10 ans du Motu Proprio Ecclesia Dei, Rome, 24 octobre 1998. 
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
Avant toute autre réflexion, nous devons considérer que répondre à la demande de fidèles qui désirent vivre leur Foi dans leur paroisse au rythme de la forme extraordinaire du rite latin semble être un profit pastoral plus qu'important. Surtout si l'on précise qu'en Italie plus de 50 % des catholiques pratiquants désirent cette évolution (voir le sondage Doxa de 2009). Le profit pastoral s'ajoute heureusement à un acte de justice et de charité d'autant que le Saint Père a rappelé le 7 juillet 2007 dans son Motu Proprio que cette messe n'avait jamais été interdite et que cette forme liturgique était un véritable trésor spirituel et théologique pour l'Église. Donc il va de soi que proposer toujours plus largement cette forme liturgique ne peut aucunement poser de véritables problèmes théologiques, ecclésiaux ou pastoraux pour des pasteurs de bonne foi ayant par-dessus tout le souci de la paix et de la réconciliation des fidèles de leurs diocèses.

1) L’affirmation tranquille par Mgr Giudici de son désaccord avec le pape, même si elle a le mérite de la sincérité que ne cultivent pas beaucoup de ses confrères, est choquante. Au souci de réconciliation et à la recherche de l’unité entre tous les catholiques qui animent le pape, il oppose son refus de reconnaître l’échec patent de la pastorale moderniste et exclut de tenter de dresser un barrage contre la sécularisation. Peu importe le coût pastoral de cette fermeture idéologique : hémorragie continuelle des fidèles, tarissement des vocations, évanouissement du catéchisme...

Dans les faits, l’attitude de nombreux évêques français n’est guère différente de celle de Mgr Giudici. Toutefois, en France, l’opposition épiscopale au pape est moins directe même si, de temps en temps, le naturel revient au galop et a bien du mal à cacher les intentions réelles. La lettre de l’évêque de Nanterre, Mgr Gérard Daucourt, à quelques-uns de ses fidèles progressistes en est un bon exemple : « (…) Il y a quarante - cinquante ans, c'était l'Action catholique qui tenait le haut du pavé de la pastorale de l'Église en France (j'ai été aumônier dans presque tous les mouvements). Aujourd'hui, le balancier est allé de l'autre côté. Je ne suis pas toujours à l'aise avec toutes les nouvelles sensibilités qui s'expriment. (…) Je ne crois pas que nous assistons à " l'enterrement de Vatican II ", même si certains durcissements sont réels. Oui, il y a de la papolâtrie ici ou là. Il faudrait analyser ce phénomène. (…) » Se pose ici une fois encore, en Italie comme en France, la question des nominations épiscopales. Comment mettre en œuvre dans les diocèses une pastorale de pacification avec des maîtres d’œuvre hostiles ?

2) Décalage aussi sur la forme. L’un parle le langage de la charité et de l’intelligence des choses de la liturgie, l’autre celui du mépris vraiment caricatural : « Je me demande seulement quel sera l’avantage pastoral et spirituel que nous retirerons d’un style de prière qui se ressent de l’individualisme religieux caractéristique de l’époque à laquelle le missel de saint Pie V a été composé, avec le célébrant qui prie en tournant le dos à une assemblée facilement passive durant la liturgie. »

Curieuse interrogation en effet. Nous pourrions pour commencer conseiller à Mgr Giudici de regarder de près la proportion largement significative du nombre d’ordinations sacerdotales et religieuses dans le courant Summorum Pontificum. Voilà un critère objectif, vérifiable par tous pour juger de « l’avantage pastoral et spirituel » du Motu Proprio.

Nous pourrions également lui conseiller de tenter l’expérience en célébrant lui-même, dans sa cathédrale, la forme extraordinaire du rite romain. Voilà une manière efficace de mesurer « l’avantage pastoral et spirituel » de ce « style de prière ».

Face à une telle attitude, nous comprenons bien qu'il est légitime pour les tenants de l'autorité de s'interroger pour mesurer le bien-fondé d'une décision ou bien d'une demande émanant de fidèles. Mais il est aisé de constater si cette interrogation est sincère ou ne l'est pas… en observant les moyens mis en œuvre pour tenter de trouver une réponse et même des solutions : par exemple l'instauration d'un authentique dialogue, voire la mise en œuvre d'une expérience, ou bien des incantations peu charitables sans réel désir de comprendre le point de vue des " autres " et en utilisant la célèbre " langue de buis " sans dialogue ni recherche de la paix.

3) Le résultat ? Le résultat c’est l’exclusion, car in fine sont maintenus pour ainsi dire en marge de l’Église diocésaine les fidèles attachés à la forme extraordinaire. Le résultat c’est que les tenants de ce progressisme reconfiguré maintiennent en dehors de leur troupeau les brebis qui remettent de fait en cause un demi-siècle d’errances dont nous constatons chaque jour les conséquences dramatiques à travers la baisse continue du nombre de pratiquants, d'enfants catéchisés, de baptêmes, de vocations religieuses, etc.

Le bilan catastrophique de ce progressisme, l’état de faillite dans lequel se trouve un grand nombre de diocèses européens rendent cet aveuglement épiscopal tant incompréhensible que révoltant.

4) Cette réaction de Mgr Giudici est en outre révélatrice de ce qu’est devenue une trop grande part de l’épiscopat italien. Les évêques italiens, dominés jadis par de grandes figures conservatrices, et gouvernant un peuple chrétien aussi papiste que peu progressiste, étaient restés globalement modérés dans leurs options liturgiques.

Mais advint le texte de 2007. La parution du Motu Proprio de 2007, qui a joué et qui joue chaque jour un grand rôle pour la révélation des cœurs, a fait mesurer avec stupéfaction qu’une large majorité de cet épiscopat était résolument défavorable à cet acte pontifical. D’où un hiatus inouï entre le pape, Primat d’Italie, et ses plus proches évêques. Un hiatus que la politique actuelle de nominations dans la péninsule semble vouloir commencer à résoudre. Pour la succession de Mgr Giudici, rendez-vous est déjà pris à Pavie en 2015, l'année de ses 75 ans...

25 mars 2012

[Christophe Saint-Placide] L’abbé Schmidberger appelle à prier pour la fin de la crise de l’Église

SOURCE - Christophe Saint-Placide - 25 mars 2012

Dans une lettre lue dans toutes les chapelles et lieux de culte desservis par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) en Allemagne, ce dimanche, l’abbé Franz Schmidberger, supérieur du district d’Allemagne de la FSSPX, a rappelé la teneur des demandes romaines faites à Mgr Fellay lors de son dernier entretien avec le cardinal Levada et la réponse qui doit être donnée par la Fraternité Saint-Pie X d’ici le 15 avril prochain.
 
Malgré les aspects désagréables de la procédure, l’abbé Franz Schmidberger voit qu’une solution satisfaisante peut être trouvée. Si celle-ci se réalisait effectivement, elle renforcerait, selon lui, considérablement ceux qui, aujourd’hui dans l’Église, travaillent à sa restauration. Dans le cas contraire, ils seraient plutôt affaiblis. L’abbé Schmidberger confirme bien ainsi l’importance de l’accord entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X, non pas seulement pour elle-même mais pour toute l’Église catholique.
 
C’est pourquoi ils demandent aux fidèles allemands des chapelles de la Fraternité Saint-Pie X, demande que l’on peut étendre bien au-delà des frontières allemandes et même des frontières de la Fraternité Saint-Pie X elle-même, de prier avec insistance pour libérer l’Église de la crise dans laquelle elle est actuellement installée.
Cette analyse rejoint finalement celle que nous avions livrée le 16 mars dernier après la rencontre entre Mgr Fellay et le cardinal Levada, analyse partagée également par Jean-Marie Guénois et que sont venues renforcer les confirmations de Mgr Bonfils et la lettre ouverte de don Nicolas Bux. Des deux côtés, les portes restent donc ouvertes et pour l’Église, un véritable espoir de restauration.

[Abbé Guillaume Gaud, fsspx - Apostol] Le dilemme de nos bastions de la Foi

SOURCE - Abbé Guillaume Gaud, fsspx - Apostol - daté d'avril 2012

Notre rôle consiste-t-il essentiellement à être des bastions de la Foi chargés de la préserver intacte en attendant des jours plus favorables ; et secondairement à être plus missionnaires et travailler à répandre davantage Notre-Seigneur autour de nous ? Ou à l’inverse devons-nous être avant tout missionnaire, et accidentellement être des bastions de la Foi ?

- Si nous optons pour la première réponse, que devons-nous faire pour préserver et affermir efficacement la foi dans nos prieurés et paroisses ?

- Si nous optons pour la seconde réponse, que devons-nous faire pour être missionnaire non en vœu, mais de façon profonde, surnaturelle et durable ? Et de façon à ne pas affaiblir notre Foi ?
DEFENDRE LA FOI
Regardons ce qu’ont fait les grands défenseurs de la Foi :
# A l’exemple d’un St Athanase, nous devons exposer notre propre personne aux calomnies, aux violences et aux condamnations, pour préserver la Foi catholique. Et non être un regroupement de pusillanimes, qui ne cherchent qu’à se protéger du prochain.

# A l’exemple d’un St Cyrille d’Alexandrie, nous devons aller au contact des hérétiques pour discuter, et ainsi affiner nos arguments et leur faire comprendre leurs erreurs. Et non être des Don Quichotte se battant contre personne d’autre que des feuilles de papier ou des visages sur l’écran de télévision. 
# A l’exemple d’un St Hilaire de Poitiers, nous devons protéger la Foi par l’étude de la Tradition, en allant au fond des difficultés. Et non en faisant semblant d’être des défenseurs.
# A l’exemple d’un St Grégoire de Nazianze, nous devons renoncer à nos idées personnelles pour mieux défendre la Foi. Et non utiliser la crise de l’Eglise pour défendre nos opinions théologiques.
PRESERVER NOTRE FOI
La meilleure façon de préserver notre foi est de : s'en imprégner.

Voilà pourquoi les papes ont toujours défendu l’école catholique. Voilà pourquoi le catéchisme commence dès le jeune âge. Voilà pourquoi il faut assister à la Ste Messe comme une éponge, suivre les actions liturgiques et les textes traditionnels, façonnés par la Foi et formant en nous la même Foi. Un autre moyen de préserver notre Foi est d'écarter ce qui l'affaiblit.

Médias, sites internet ou publications subversives. Les messes dites de « Paul VI » traduisant autre chose que la Foi traditionnelle, sont dangereuses, et ont amolli des millions de fidèles en France, qui se sont ensuite définitivement détournés de la pratique religieuse. L’esprit de compromission avec le mal et de relativisme de l’erreur doit être absolument combattu car il désarme toute résistance à la base. Réfléchissons-y. A cet effet, depuis Léon XIII, les papes ne cessent de redire qu’il faut étudier le catéchisme du Concile de Trente, St Thomas d’Aquin et les Encycliques des Papes, pour se rendre capable de défendre efficacement la Foi.
DES JEUNES QUITTENT LA TRADITION
Or, même en des bastions de vraie préservation et défense de la Foi, on constate que des fidèles et des jeunes qui y ont été éduqués, s’écartent peu à peu de la Tradition. C’est qu’il ne suffit pas d’être des bastions. Un bastion qui vit replié sur soi, se divise contre lui-même. Car « là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ». Un jeune éduqué dans un bastion qu’on envoie dans le monde n’est pas préparé à cette confrontation. Seuls les plus forts resteront en vie. Beaucoup mourront. C’est ce qui se passe actuellement. Le rôle du bastion est donc d’affermir en paix la jeunesse, mais la confrontation au monde doit se faire peu à peu, avant sa sortie définitive.Pour éduquer l’intelligence de nos jeunes, il ne suffit pas de leur donner les principes, mais que leur intelligence les assimile par la confrontation à l’erreur (celle qui est à leur portée). Pour éduquer le cœur de nos jeunes, il ne suffit pas de leur donner l’amour du bien, mais aussi la haine du mal (car le péché restera toujours attirant).
LE ROLE DE L’APOSTOLAT EXTERIEUR
Ainsi, pour la subsistance-même des bastions, il faut une confrontation apostolique à ce qui est à l’extérieur. Mais la mesure de cet Apostolat sera précisément la préservation de la Foi catholique. Nous allons discuter, mais pas au risque de mettre en danger notre Foi. Ainsi - sans forger des catégories, et toutes choses étant égales par ailleurs - les deux types-clés des jeunes qui nous quittent sont :

# ceux qui sont surprotégés (j’entends par là un étouffement par des règles trop minutieuses, ou non aimées car non comprises grâce à la confrontation – toujours proportionnée à l’âge), et qui finissent par secouer un joug jugé insupportable.

# ceux qui, à l’inverse, ont fréquenté des milieux libéraux, avec ouverture d’esprit – « j’suis pas coincé ». Le relativisme doctrinal se construit de cette manière. Une vraie confrontation au monde doit donc avoir un seul but : le but apostolique, c’est-à-dire faire régner le Christ en soi et chez les autres.

Un vrai Apostolat, pour être fructueux doit avoir deux caractéristiques : être surnaturel, être adapté au milieu à convertir. Des Messes-shows ont attiré des foules mais n’ont pas produit les fruits escomptés. Ce naturalisme ne relève pas des techniques d’Apostolat du Sauveur… Nos Prieurés, s’ils tentent d’être vraiment surnaturels, n’attirent pas autant qu’ils le devraient. Pourquoi ? Nous sommes, de façon indéniable, souvent inaccessibles aux hommes d’aujourd’hui. Notre but prochain n’est évidemment pas d’attirer tout le monde, mais les âmes ayant une certaine disposition d’ouverture à la Foi et à l’Amour de Dieu. Même ces âmes se découragent parfois en venant dans nos chapelles. Les raisons ? Une méfiance marquée, des divisions et des critiques ne témoignant que de l’orgueil, des remarques désobligeantes sur les vêtements, des discussions politiques âpres et inutiles. Merci aux instruments inconscients du démon… Merci aux gens qui ont mieux compris que Dieu à quelle vitesse il faut faire avancer les âmes… Essayons d’amoindrir les obstacles aux conversions au lieu de les augmenter. Mais cela n’est pas suffisant : nous devons attirer. Les missionnaires ont toujours accompli cela depuis 2000 ans : s’adapter au maximum à la population visée, selon la finalité et les principes moraux chrétiens.
LE « MILIEU TRADI »
Il ne doit pas exister de « milieu tradi ». La Tradition catholique ne doit pas être un milieu social, car le christianisme ne l’est pas. La Tradition doit rassembler tous les milieux sociaux, et les recevoir avec leur identité propre. Nous ne sommes pas pour la disparition des classes. Les modes vestimentaires qui se sont peu à peu imposées chez nous reflètent la modestie – ce qui est nécessaire, mais la modestie ne se borne pas aux modes vestimentaires tradis. A vouloir trop imposer des règles d’habillement, on en dégoûte plus qu’on en forme. La conséquence est dans une sorte de libération à outrance de ces règles, qui va alors à l’encontre de la modestie. La deuxième conséquence est une sorte d’image sclérosée de la Tradition, qui paraît vivre dans les années cinquante – peu attirant ! Cependant la force de ce regroupement dans la Tradition catholique consiste dans la logique entre notre Foi et notre vie quotidienne. Cette adéquation doit refléter notre conviction et notre sincérité, et non seulement des règles. Elle est une véritable mise en lumière de la Vérité catholique. Et c’est ce qui attire. Mais restons toujours le plus possible à la portée des contemporains de bonne volonté. Nous devons donc être fermes avec nous-mêmes, mais rayonnant de miséricorde et de compréhension pour notre prochain. Il aimera alors notre fermeté !

Abbé Guillaume Gaud

[Eric Bertinat - Controverses] Les 17 derniers jours de Mgr Lefebvre

SOURCE - Eric Bertinat - Controverses - La Porte Latine - 25 mars 2012

Entretien de Jo Grenon, directeur de l’hôpital de Martigny, à Eric Bertinat, pour Controverses.
Monsieur Jo GRENON est le Directeur de l'hôpital de Martigny. Il s'occupa avec un grand dévouement de Monseigneur durant son hospitalisation. Il nous a reçus avec beaucoup de gentillesse pour nous raconter les derniers jours du fondateur de la Fraternité Saint-Pie X.
Samedi 9 mars, Monseigneur Lefebvre entre à l’hôpital de Martigny. Vous avez été parmi les premiers à le voir. Comment l’avez-vous trouvé ?
Alité, souriant et confiant ! Monseigneur se trouvait aux urgences. Puis, nous l’avons installé à la chambre 213, une chambre privée située au deuxième étage. De cette pièce, Monseigneur avait vue sur la Forclaz, donc la France, et sur le col du Grand-Saint-Bernard, l’Italie, Rome…
Quels sont les examens qui ont été pratiqués sur Monseigneur lors des premiers jours ?
Durant toute la première semaine, Monseigneur fut nourri par perfusion, avec antibiotiques. A part les analyses de routine, il subit de nombreux examens dont certains sont très douloureux. Bien que les médecins aient déjà diagnostiqué le mal, ils jugèrent tout de même plus prudent de faire subir un scanner à Monseigneur Lefebvre. Aussi, nous devions conduire Monseigneur à l’hôpital de Monthey. Je lui ai demandé s’il ne préférerait pas s’y rendre en automobile plutôt qu’en ambulance, attaché à une civière. Bien que j’insistai pour la solution de l’automobile, Monseigneur préféra l’ambulance. Jeudi soir, je lui ai fait apporter un repas. Il souffrait de ne pas pouvoir manger normalement.
Monseigneur a-t-il beaucoup souffert ?
Oui ! A son arrivée, il m’a dit souffrir le martyre. Puis les douleurs se sont atténuées sous l’effet des médicaments.
Quels ont été les contacts entre Monseigneur Lefebvre et les infirmières qui le soignaient ?
Les infirmières l’ont trouvé très gentil, très doux, mais aussi exceptionnellement discret. Il n’a jamais utilisé la sonnette de service. Il ne voulait pas les déranger.
Comment était Monseigneur durant cette première semaine ?
Il a répété à plusieurs reprises durant cette semaine : « Je suis un vieil homme ». Il était un peu inquiet des suites d’une éventuelle opération. Mais il était en même temps résigné et confiant. Je pense qu’il n’a probablement pas su l’exacte ampleur de son mal.
Et spirituellement ?
Le lundi suivant, le 12, il a demandé à recevoir l’extrême-onction. Le lendemain, il m’a expliqué : « J’ai demandé l’extrême-onction, c’est très important ! Ma sœur est partie sans sacrement » A plusieurs reprises, il m’a dit : « J’ai terminé mon travail, je n’en peux plus. Je suis épuisé, il ne me reste maintenant plus qu’à prier et souffrir ».
A-t-il parlé de la Fraternité, de son avenir ?
Un long entretien avec Monseigneur au milieu de la première semaine m’a permis de l’entendre dire sa satisfaction de l’œuvre accomplie. « La Fraternité est dans de bonnes mains et riche de quatre évêques pleins de zèle » m’a-t-il dit. Et de s’émerveiller de Monseigneur Fellay qui parle cinq langues « comme je parle le français, vous rendez-vous compte ? » Il me parla aussi des directeurs et des professeurs de séminaires « dévoués et bien en place ». Monseigneur était parfaitement serein et apparemment très heureux pour l’avenir.
Vous m’avez parlé du respect qu’il imposait aux médecins…
Oui, oui. Un médecin m’a même rapporté avoir été subjugué par Monseigneur. « Quand on croise son regard, on rencontre la bonté divine » m’a-t-il dit.
Comment s’est déroulée l’opération, lundi 18 mars ?
A 9 heures, Monseigneur a été conduit en salle d’opération. L’opération a duré de 9 heures 30 à 12 heures 30. Puis il fut conduit dans la salle de soins intensifs. Monseigneur eut un réveil difficile et des souffrances intenses pendant 2 à 3 jours qui suivirent l’opération. Puis cela alla mieux ; on le leva un peux mais le cœur restait fatigué.
Les médecins donnèrent-ils à Monseigneur des médicaments pour calmer la douleur ?
Bien sûr. Monseigneur fut sous une surveillance médicale de tous les instants. Grâce à l’appareillage moderne dont est équipé l’hôpital, on suit avec exactitude la progression de la douleur. On put ainsi donner à Monseigneur, avec beaucoup de précision, la médication adéquate pour soulager ses douleurs.
Nous arrivons à la fin de la dernière semaine
Vendredi, il me demanda de lui apporter sa chaînette – cette pauvre chaînette, avec de simples médailles, reste pour moi l’un des souvenirs les plus émouvants des derniers jours de Monseigneur – sa montre et son appareil auditif : une preuve du mieux-être du malade. Samedi, on pense à le réintégrer dans sa chambre dès dimanche. « Mais les infirmières veulent me garde ici » me dit-il en plaisantant. Dimanche, l’espoir fait rapidement place à l’inquiétude. Monseigneur fait de la température. Le médecin cardiologue lui fait une échocardiographie et décide de garder Monseigneur aux soins intensifs. Dimanche après-midi, Monseigneur se met à parler beaucoup. Mais à travers son masque à oxygène, il est difficile de le comprendre. Je perçois cependant : « Nous sommes tous ses petits enfants ». Avait-il déjà la vision du ciel ? Il parlait en tout cas du Bon Dieu. Au moment où je le quitte, il me sourit pour la dernière fois et me tend la main en signe d’adieu… Dimanche soir, je reçois un téléphone de l’infirmière responsable. On est en train de réanimer Monseigneur et ça ne va pas très bien. Je décide d’alerter M. l’abbé Laroche. Puis l’infirmière responsable me rappelle pour me dire que le rythme cardiaque est reparti normalement. A 3 heures 30, un dernier téléphone pour m’avertir du décès de Monseigneur.
Vous êtes parmi les premières personnes à voir Monseigneur mort. Comment l’avez-vous trouvé ?
Je me suis immédiatement rendu aux soins intensifs. J’ai trouvé le corps inanimé de Monseigneur. J’ai été terriblement frappé par la ressemblance entre le corps de Monseigneur et les tableaux représentant Jésus descendu de la Croix. Monseigneur avait juste un drap qui lui couvrait les hanches. Ses mains et ses bras portaient les traces des longues souffrances qu’il venait de subir. Ses jambes étaient très abîmées, mais depuis des années elles le faisaient souffrir. Je pense, encore bien souvent à cette dernière image de Monseigneur, là, étendu sur son lit aux soins intensifs, tel le Christ descendu de la Croix…

[Yves Chiron - Aletheia] Un mauvais livre sur Fatima

SOURCE - Yves Chiron - Aletheia - 25 mars 2012

À première vue, le livre est imposant : plus de 400 pages d’un assez grand format. Le titre suscite immédiatement la curiosité, mais a un côté racoleur. 

L’auteur, qui signe d’un pseudonyme, est un parfait inconnu. La quatrième de couverture nous dit : « Après une carrière complète sous les drapeaux, il s’est reconverti dans l’industrie ». Durant ses loisirs, cet ancien militaire devenu industriel a consacré, est-il dit, « quatre années de recherche et de réflexions » au 3e secret de Fatima.

Son intention semble droite et bonne : « notre démarche est uniquement inspirée par la recherche de la vérité et le souci de faire mieux connaître la dévotion au Cœur immaculé de Marie » (p. 14). Son ambition n’est pas mince : il prétend faire « une démonstration d’une logique imparable » (p. 12).

La consécration faite par Jean-Paul II en 1984 et la 3e partie du « secret » de Fatima, publiée et interprétée en 2000 par le Saint-Siège, sont contestés par certains groupes (Fraternité Saint-Pie X, Contre-Réforme catholique, revue

Le Sel de la Terre, le P. Nicholas Gruner et Fatima crusader) et certains auteurs (le P. Paul Kramer, Christopher A. Ferrara, Laurent Morlier, Antonio Socci). La plupart estiment que la consécration accomplie par Jean-Paul II en 1984 ne correspond pas à ce que la Vierge Marie a demandé à Sœur Lucie.

Ils divergent, en revanche, sur le texte du « secret » publié par le Saint-Siège en 2000. Selon les groupes et les auteurs, il est soit « certainement authentique », soit authentique mais incomplet, soit authentique mais interprété de façon complètement erronée, soit encore il s’agit carrément d’un « faux ».

Joseph de Belfont reprend le dossier et il fait mine de ne pas tirer de suite les conclusions de sa recherche. Mais on se doute bien que s’il consacre plus de quatre cents pages au sujet, sous un titre aussi sensationnaliste, c’est qu’il prétend contester, lui aussi, la validité de ce que Jean-Paul II a accompli en 1984 et du texte qu’il a fait publier en 2000. Sa conclusion est nette : « le document publié par le Vatican est un faux : le secret officiel n’est ni le secret complet, ni une partie du secret » (p. 386).
On ne reprendra pas, une à une, les démonstrations de l’auteur. On passera sur les affirmations outrancières qui émaillent son livre. Par exemple qu’« à partir de 1958 », se seraient succédé, sur le siège de Pierre, des « papes à l’esprit moderniste » (p. 357).


En revanche, les bévues, les ignorances et les négligences relatives à Fatima sont nombreuses et graves. On n’en relèvera que quelques-unes. Elles discréditent le propos même du livre.

En 2006, le journaliste italien Antonio Socci a publié un livre, Il quarto segreto di Fatima (Rizzoli, 252 pages), qui veut démontrer que le Saint-Siège n’a pas publié, en 2000, la totalité du « secret » de Fatima et qu’une partie (« le quatrième secret ») a été occultée à dessein. Joseph de Belfont nous dit que le livre est paru « avec une préface de Benoît XVI » (p. 264) ! Cette erreur incroyable – comme si Benoît XVI pouvait préfacer un livre prétendant démontrer que le Saint-Siège a produit en 2000 un document volontairement tronqué –, n’est pas une faute de frappe ou une erreur de distraction, puisque l’auteur la répète à la page suivante en s’étonnant « que le pape ait préfacé à quelques mois d’écart le livre du cardinal [Bertone] et celui d’Antonio Socci » (p. 265).

Ailleurs, il nous dit que le mot enfer « n’est jamais employé » (p. 358) dans les textes promulgués par Vatican II. C’est faux, il l’est dans le texte latin de Lumen Gentium. Il nous dit pareillement que le mot rosaire « ne figure pas une seule fois dans les actes du concile » – ce qui est exact – et que « le chapelet dont la récitation quotidienne a été demandée par la Sainte Vierge à chacune de ces apparitions, n’eut même pas droit à un rappel » (p. 362) ; cette fois, c’est faux, dans Vatican II il y a une recommandation à recourir aux « formes variées de pitié envers la Mère de Dieu » (Lumen Gentium, 66). L’honnêteté et la justice auraient dû faire rappeler aussi que les deux papes du concile Vatican II ont, chacun, publié une encyclique tout entière consacrée au rosaire, pour exhorter à sa récitation : Grata recordatio, par Jean XXIII, le 26 septembre 1959 et Christi Matri par Paul VI, le 15 septembre 1966.

Le défaut d’information, voire la désinformation, est encore plus patente pour une source essentielle. Joseph de Belfont n’utilise à aucun moment les très longs témoignages que Sœur Lucie a livrés au cours de conversations avec deux cardinaux, le cardinal Padiyara, en octobre 1992, le cardinal Vidal, en octobre 1993. Ces entretiens se sont déroulés en présence de témoins et ont été édités en portugais en 1998 par Carlos Evaristo, qui avait servi d’interprète lors des deux entretiens. Une édition française est parue en 1999, sous le titre Fatima. Sœur Lucia témoigne (éditions du Chalet, 117 pages) ; j’en avais révisé la traduction, et rédigé la longue présentation et les annotations.

Dans une simple note de son livre (p. 173), J. de Belfont écarte d’un revers de main cet ouvrage et parle de « propos attribués à sœur Lucie », qu’il n’ose citer « tellement ceux-ci sont ahurissants ». Le défaut d’argumentation sidère. Belfont sait-il que ces deux entretiens ont fait l’objet d’enregistrements audio et video. La chose a été confirmée par le cardinal Vidal dans un courrier qu’il m’a adressé le 25 juillet 2000. Il y a mieux : l’entretien du 11 octobre 1993 entre Sœur Lucie et le cardinal Vidal a été diffusé sur la chaîne de télévision italienne Raidue le 31 janvier 2003. Des millions de personnes ont pu voir et entendre Sœur Lucie.

Dans ces deux entretiens, de 1992 et 1993, Sœur Lucie affirme et montre longuement, en répondant à des questions très précises, que la consécration réalisée par Jean-Paul II en 1984 correspond à ce que la Sainte Vierge a demandé. Sœur Lucie l’a répété à plusieurs reprises, à différents interlocuteurs, et dans différents écrits. Dans un de ses derniers écrits, Le message de Fatima, édité en 2006 par le Carmel de Coimbra, elle l’a encore dit explicitement (p. 54-55), indiquant aussi dans quel sens il faut comprendre l’expression « la Russie se convertira ». Joseph de Belfont ignore aussi ce témoignage.

Soutenir que la consécration de 1984 ne correspond pas à ce que demandait la Vierge Marie, c’est aller contre les affirmations de Sœur Lucie elle-même. Soutenir que le texte du « secret » de Fatima publié en 2000 est incomplet, falsifié, voire qu’il est un « faux », c’est accuser Sœur Lucie, Jean-Paul II, les cardinaux Ratzinger et Bertone de mensonge.

Dans les deux cas, on accrédite l’idée qu’il y a complot, conspiration ou, au moins, fourberie. Encore un exemple. Faisant référence aux travaux du Père Alonso, religieux espagnol qui a consacré beaucoup de travaux à Fatima, J. de Belfont nous dit que l’évêque de Leiria-Fatima, Mgr do Amaral, nommé en 1972, « en interdit la publication » (p. 148) et que « seuls deux volumes expurgés seront publiés en 1992 et 1999 ».

J. de Belfont est, encore une fois, mal informé. Le P. Joaquín M. Alonso, CMF (1913-1981), avait conçu une grande Historia critica de Fatima en vingt-quatre volumes. Ce vaste corpus n’a pu paraître de son vivant (le P. Alonso en a éprouvé de l’amertume), ni après sa mort. Mais il est faux de dire que ses travaux ont été « enterrés ». De son vivant, le P. Alonso a pu faire paraître rien moins que douze ouvrages sur Fatima, dont plusieurs ont connu plusieurs éditions et de nombreuses traductions (deux ont été traduits en français). Quelques mois après sa mort, paraissait encore une importante étude : « De nuevo el secreto de Fatima » (Ephemerides Mariologicae, XXXII, 1982, p. 81-94).

En matière d’apparition et de messages surnaturels, le dernier mot revient au Pape (s’il le juge nécessaire). À propos de Fatima, on peut simplement s’étonner et regretter que les papes successifs n’aient pas davantage exhorté à la dévotion au Cœur immaculé de Marie et à la pratique des cinq premiers samedis du mois. «Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé» avait dit la Vierge Marie à Sœur Lucie le 13 juin 1917.
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Joseph de Belfont, Mystères et vérités cachées du troisième secret de Fatima, Lanore, octobre 2011, 419 pages. L’Action familiale et scolaire fait la promotion du livre et l’auteur renvoie à l’AFS dans sa conclusion.