30 septembre 2012

[Ennemond - Fecit] Des représentants de l'Eglise universelle

SOURCE - Ennemond - Fecit - 30 septembre 2012

Les différentes familles de Mgr Lefebvre étaient au Grand Rex samedi puisque, outre ses propres neveux qui constituent sa famille de sang, les missionnaires d’Afrique étaient eux aussi représentés. Les membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X – l’œuvre que Mgr Lefebvre a fondée – sont venus en grand nombre :

Il y avait effectivement outre Mgr Fellay et l'abbé Nély, son assistant général, bon nombre de membres de la FSSPX au premier rang desquels, l'abbé de Cacqueray, qui a beaucoup fait pour que ce projet de film aboutisse. Beaucoup de communautés religieuses amies étaient représentées. Il y avait par exemple les supérieurs de Mérigny, du Rafflay des soeurs de la FSSPX, l’assistante générale de Fanjeaux, j’en oublie certainement. Il y avait également des délégations d'autres communautés.

Des membres des communautés Ecclesia Dei, de la FSSP (l'économe du district de France), de l'IBP étaient représentés. L'abbé Barthe était présent, ainsi que plusieurs prêtres religieux (d'ordres missionnaires) et diocésains, notamment de la paroisse voisine de Saint-Eugène-Sainte-Cécile. Il semble bien que beaucoup venaient redécouvrir à l'écran une histoire commune. Le premier prêtre qui est venu me remercier était en pantalon !

Dans son mot final, Mgr Fellay a indiqué que Benoît XVI avait affirmé lors de l'audience de Castel Gandolfo que Mgr Lefebvre était « un grand homme de l'Eglise universelle ». C'était finalement l'objectif de ce film : montrer que ce prélat avait une dimension universelle. Le fondateur de la Fraternité lui-même avait déclaré lors de la fameuse messe de Lille dont des extraits on été diffusés à l'écran :

« Je ne veux point être le chef des traditionalistes, et je ne le suis point. Pourquoi ? Parce que je suis moi aussi, un simple catholique, certes prêtre, certes évêque, mais qui suis dans les mêmes conditions dans lesquelles vous vous trouvez et qui ai les mêmes réactions devant la destruction de l’Église, devant la destruction de notre Foi, devant les ruines qui s’accumulent sous nos yeux.»

[Abbé Rostand, fsspx - USA] "réfléchir sur les événements des quelques mois passés..."

SOURCE - Abbé Rostand, fsspx - District Américain de la FSSPX - version française via Ennemond - Septembre 2012

Chers amis et bienfaiteurs,

De retour du chapitre général de la Fraternité Saint-Pie X, j’aimerais vous remercier pour vos généreuses prières à l’intention de cette importante réunion.

Le chapitre, qui réunit tous les supérieurs de la Fraternité et les prêtres les plus anciens, s’est très bien déroulé. Comme vous avez déjà pu le lire dans la déclaration officielle du chapitre, une profonde unité a été retrouvée – unité dans notre mission essentielle, unité dans notre action, comme unité sous le gouvernement de notre supérieur général, Son Excellence Mgr Bernard Fellay.

C’est une grande grâce pour laquelle nous devons être bien reconnaissants. Une fois encore, merci pour vos prières.

Il est maintenant venu le moment de réfléchir sur les événements des quelques mois passés, et sur les causes qui ont permis que l’unité soit quelque peu malmenée.

La première raison est évidemment la délicate situation dans laquelle nous nous trouvons. Nos relations avec Rome ont toujours constitué un problème sensible et compliqué. Toujours est-il que ce n’est pas la première fois que nous avons affaire à de pareils problèmes. Alors, comment se fait-ils qu’ils soient tels que certains du moins ont perdu confiance en la Fraternité et, en particulier, en notre supérieur général ?

En regardant a posteriori ces événements, il est clair qu’un plan a été établi par quelques uns dans le but de déstabiliser la Fraternité Saint-Pie X. Depuis des années, des petits groupes – avec une agressivité accentuée ces derniers mois – attaquent et essayent de miner la Fraternité. Le supérieur général et ceux qui le soutiennent sont critiqués à tous points de vue. Tout est analysé, non pas pour trouver la vérité, mais dans le but de semer la division. Il est certain que certains ont réuni tous les moyens pour semer le trouble au sein de la Fraternité.

Le premier moyen utilisé a été le discrédit du supérieur pour obtenir petit à petit une perte de confiance. Ils ont utilisé des attaques continuelles, des calomnies et des vérités déformées, en les répétant encore et toujours, suivant l’adage subversif bien connu : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Cela signifie qu’en répétant de fausses accusations, elles finissent par être perçues comme vraies. Petit à petit, ces attaques ont pénétré l’esprit de certains.

Cette tendance n’est pas nouvelle. Depuis des années, les sites fondamentalement sédévacantistes ont distillé leur venin empoisonné dans le but de diviser et même, si possible, de détruire la Fraternité Saint-Pie X. Depuis des années, ils accusent de la manière la plus fallacieuse qui soit Mgr Fellay de gouverner la Fraternité avec un petit groupe de prêtres tandis que la majorité lui serait opposée. Ils allèguent que Mgr Fellay voudrait brader la Fraternité, que son but n’est pas la restauration de la Tradition dans l’Église, mais de trahir l’œuvre de Mgr Marcel Lefebvre. Ils répandent la rumeur que la Fraternité aurait déjà trahi son fondateur. Depuis des années, ils prophétisent que Mgr Fellay s’achemine vers le compromis.

Toutes ces rumeurs et fausses accusations ont été répandues sur internet avec de nombreuses insultes.

Au cours des derniers mois, durant lesquels ces attaques se sont intensifiées, il faut noter que la plupart des « indiscrétions », « fuites » et rumeurs au sujet de la Fraternité ont été publiées sur des sites sédévacantistes et des sites ouverts récemment, animés par le même esprit.

La fureur et l’acharnement de ces attaques –anonymes la plupart du temps – sont évidents. Ceux qui les profèrent ont démontré par leur œuvre de destruction qu’ils sont en réalité des ennemis de la Tradition et de la restauration de la royauté de toutes choses dans le Christ Roi. Ils essayent d’apparaître en vêtements de brebis, mais en réalité ce sont des loups qui tentent de disperser et de diviser le troupeau. En réalité, ils montrent plus haine envers la Fraternité que les médias anticatholiques !

Je mets en garde les fidèles à ne pas se laisser tromper – en particulier sur internet. De grâce, prenez garde au « cyber-bavardage » qui engendre plus de dommages encore que s’il est fait de personne à personne, car il peut être de fait de manière anonyme et parce que beaucoup peuvent en prendre connaissance dans un très court laps de temps. De fait, le cyber-bavardage doit être considéré comme une faute morale, de manière aussi sérieuse que toute sorte de rumeur, que ce soit en les propageant ou en les recherchant.

La déclaration du chapitre général montre une fois de plus, et contre toutes les fausses prophéties, que la Fraternité Saint-Pie X demeure unie autour de son supérieur général. La Fraternité demeure fidèle à sa mission essentielle et au travail et à l’esprit de notre fondateur, Mgr Marcel Lefebvre.

Le district des États-Unis continuera à vous informer de manière fidèle et réelle sur nos sites (sspx.org et dici.org) au sujet du combat pour la restauration de toutes choses dans le Christ-Roi.

Avec ma prière et ma bénédiction dans le Cœur Immaculé de Marie,

Abbé Arnaud Rostand

29 septembre 2012

[Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison] Sarto, Siri?

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 29 septembre 2012

Lors d’un sermon pour la fête de Saint Pie X, je me suis surpris à prononcer une «quasi-hérésie»: Je me demandais à voix haute si Joseph Sarto aurait désobéi à Paul VI lorsque celui-ci détruisait l’Église, si au lieu de mourir étant le Pape Pie X en 1914, il était mort comme Cardinal, disons en 1974. Dans la Fraternité Saint Pie X, cela doit ressembler à une hérésie car, comment la sagesse du patron céleste de la FSPX peut-elle être prise en défaut? Néanmoins la question n’est pas inutile Dans les années 1970Mgr. Lefebvre entreprit quelques visites personnelles à un certain nombre de cardinaux et d’évêques de l’Église parmi les meilleurs, dans l’espoir d’en persuader au moins une poignée à offrir une résistance publique à la révolution de Vatican II. Il disait souvent que la résistance unie de rien qu’une demi-douzaine de ces évêques aurait pu sérieusement entraver la débâcle Conciliaire de l’Église. Hélas, ni même le Cardinal Siri de Gênes que Pie XII souhaitait avoir comme successeur, ne voulait faire un geste publique contre l’Église officielle Conciliaire. Finalement, Monseigneur de Castro Mayer s’associa en public à Mgr Lefebvre, mais pas plus tôt que dans les années ’80, alors que la Révolution Conciliaire s’était déjà bien incrustée au sommet de l’Église. 
 
Vient alors la question: comment fut-il possible que les meilleurs parmi les esprits les mieux préparés aient pu être aussi aveuglés? Comment au moins quelques-uns parmi les meilleurs hommes d’Église de l’époque ne furent-ils pas en mesure de voir ce que l’Archévêque voyait, par exemple que la «loi» qui instaurait la Nouvelle Messe ne pouvait être en aucune façon une vraie loi, car il appartient à la nature même d’une loi d’être un ordonnancement de la raison pour le bien commun? Comment Monseigneur Lefebvre put-il se trouver si relativement seul pour refuser qu’un principe de bon sens aussi fondamental se laissât étouffer par respect de l’autorité, alors que la survie même de l’Église était gravement menacée par Vatican II et la Nouvelle Messe? Comment l’autorité put-el le arriver à prendre ainsi le dessus de la réalité et de la vérité?
Je réponds que depuis sept siècles la Chrétienté glisse dans l’apostasie. Pendant 700 ans, avec de nobles interruptions telle la Contre-réforme, la réalité du catholicisme s’est vue lentement ronger par le rêve cancéreux du libéralisme, comme quoi l’homme doit se libérer de Dieu en libérant sa nature de la grâce, son esprit de la vérité objective, et sa volonté du bien et du mal objectifs. Pendant très longtemps, pendant 650 ans, les chefs de l’Église catholique se sont accrochés à la réalité et l’ont défendue, mais à la fin, la force du rêve de la modernité, fantaisie toujours plus éblouissante et séduisante, finit par pénétrer dans leurs os suffisamment pour que la réalité perdît son emprise sur leurs esprits et leurs volontés. La grâce venant à leur manquer, ainsi que le dit Saint Thomas Moreà propos des évêques anglais de son époque qui trahissaient l’Église catholique, les prélats de Vatican II laissèrent le rêve des hommes peser plus que la réalité de Dieu, et l’autorité peser plus que la vérité. Il y a ici des leçons pratiques pour le clergé comme pour les laïcs.
 
Chers confrères, à l’intérieur comme à l’extérieur de la FSPX, pour servir Dieu, prenons garde de ne pas réagir comme Joseph Siri alors qu’en réalité il nous faut réagir comme Joseph Sarto, avec ses magnifiques condamnations des erreurs modernes dans Pascendi, Lamentabili et Notre Charge Apostolique sur le Sillon. Et pour obtenir la grâce dont nous avons besoin dans cette crise la plus terrible de toute l’histoire de l’Église, nous avons terriblement besoin de prier.
 
Quant à vous, fidèles, si les horreurs de la vie moderne vous font avoir «faim et soif de justice», réjouissez-vous, si vous pouvez, de ce que ces horreurs vous maintiennent dans la réalité, et ne doutez pas que si vous persévérez dans cette faim et soif, «vous serez rassasiés» (Mt.V, 6). Bienheureux les pauvres en esprit, les doux, ceux qui pleurent, dit Notre Seigneur au même endroit. Quant à la protection la plus sûre pour éviter que vos esprits et vos cœurs ne soient pris par le rêve, priez cinq, ou mieux quinze, Mystères chaque jour du Saint Rosaire de Notre Dame.
 
Kyrie eleison.

28 septembre 2012

[SPO] Chanter, c’est prier deux fois. C’est possible avec le Barroux…

SOURCE - SPO - 28 septembre 2012

J’ai déjà évoqué sur ce blog, au moment de son lancement, la possibilité qu’il y a de suivre certains offices chantés par les moines bénédictins de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux. Des offices chantés et écoutés en direct ! Pour mémoire, il s’agit des offices de prime, sexte, vêpres et complies.
 
Le seul problème est que notre vie moderne est une vie organisée contre la vie de prière. Bernanos l’avait déjà dit de manière lumineuse et, d’une certaine manière, prophétique. Difficile de se rendre forcément libre à 7h45 précise pour psalmodier Prime avec les moines ou à 17h30 pour chanter vêpres. Et il suffit parfois d’un quart d’heure. Évidemment, il est impossible de demander aux moines d’adapter leurs horaires à nos vies trépidantes.
 
Providentiellement, la solution est venue des… États-Unis, où, est-il besoin de le préciser, les horaires français des moines du Barroux ne correspondent pas aux divers fuseaux horaires des États-Unis. Avec l’autorisation de l’abbaye, un étudiant de Californie a créé un site – Barrouxchant.com – qui récupère automatiquement les offices du jour et les enregistre pour qu’ils puissent être réécoutés ou enregistrés sous forme de Podcasts. Aussi simple qu’utile, chacun pouvant alors prier l’Office en suivant le chant des moines, le mieux étant de respecter le plus possible la vérité des Heures (autant que possible on évite de psalmodier Prime au moment de vêpres). À vos ordinateurs, Iphone, smartphones et autres engins d’écoute.

[DICI] Revue de presse : Relations entre la Fraternité Saint-Pie X et Rome

SOURCE - DICI - 28 septembre 2012

La visite ad limina des évêques de France qui a débuté cette semaine, (voir l’article : Les évêques de France à Rome, p. 2), est l’occasion pour les journalistes d’interroger les prélats romains et français en séjour à Rome, sur l’état des relations entre la Fraternité Saint-Pie X et Rome, tant il est vrai que ces relations intéressent les Français. A entendre les propos de Mgr Gerhard Ludwig Müller, nouveau préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, rapportés par le cardinal Jean-Pierre Ricard sur la chaîne KTO, on pourrait même croire que ces relations n’intéressent que les Français ou presque ! En effet, selon le prélat allemand, il s´agit d´une question à prendre en compte tout en lui accordant « sa juste place » dans l´Eglise universelle, du fait qu´elle concerne avant tout « la France, la Suisse et l´Allemagne ». Les fidèles des 59 autres pays à travers le monde, desservis par la Fraternité Saint-Pie X apprécieront!

Le 21 septembre, l’agence suisse Apic titre « Problèmes internes à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ». S’inspirant de confidences faites à l’agence romaine I.Media par « des sources proches du dossier », mais anonymes, la dépêche de l’Apic révèle que « le Vatican espère que la FSSPX se prononcera définitivement, dans les semaines à venir, sur son adhésion ou non au préambule doctrinal qui lui avait été proposé il y a un an », car « il faut arriver à une conclusion, mais avec toute la pondération et la réflexion nécessaires ». Et d’ajouter : « Le Vatican est conscient des difficultés que peuvent poser les problèmes internes à la Fraternité. D´autre part, le ralentissement du processus peut s´expliquer par le renouvellement, intervenu cet été, de la direction de la Commission Ecclesia Dei. Au Vatican, on juge légitime que Mgr Fellay veuille rencontrer ses nouveaux interlocuteurs avant d´émettre sa réponse officielle. Néanmoins, aucune demande formelle d´entretien avec Mgr Gerhard Müller ou Mgr Augustine Di Noia, respectivement président et vice-président de la commission, n´est encore parvenue à Rome.»

Interrogé sur Radio Vatican, à la mi-septembre, Mgr Müller a déclaré qu’il entendait dépasser le « mal-être » de l’Eglise que constitue « l’opposition entre les traditionalistes et les progressistes ». Selon lui, « si l´on croit vraiment au Christ, sans instrumentaliser le Magistère de l´Eglise en soulignant uniquement certains points en faveur de sa propre idéologie, (...) l´unité de l´Eglise n´est pas déchirée par la jalousie et par l´ambition ». Certes, mais l’unité du Magistère telle que l’a définie saint Vincent de Lérins dans son Commonitorium doit s’entendre comme ce qui est cru partout (ubique), par tous (ab omnibus) et depuis toujours (semper). Le préfet de la Congrégation de la Foi affirme dans cet entretien qu’un de ses objectifs est de « réduire les tensions au sein de l’Eglise », or la tension première n’est pas entre les traditionalistes et les progressistes, mais bien entre le magistère traditionnel et celui qui a été promu à Vatican II. Continuité ou discontinuité, là est la question.

Le 18 septembre, dans un entretien accordé au site pius.info, l’abbé Franz Schmidberger, supérieur du district d’Allemagne, fait le point sur les relations avec Rome. Le résumé qu’en donne l’Apic, le 20 septembre, est titré : « Les Lefebvristes constatent l´échec des négociations avec Rome – L´abbé Schmidberger rejette l´idée d´un ralliement ». Le 20 septembre, la dépêche de l’Apic est reprise par La Croix. Il est intéressant de noter ce qui a été retenu des propos de l’abbé Schmidberger et surtout ce qui a été omis. Pour permettre aux lecteurs de DICI de se faire une opinion, nous avons intégralement traduit cet entretien que l’on trouvera dans nos Documents (p. 9). A sa lecture, on saura si le titre de l’Apic reflète la pensée exacte et complète de l’abbé Schmidberger qui montre, entre autres, à quoi ont servi les entretiens doctrinaux avec Rome, entre 2009 et 2011.

(Sources : imedia/apic/pius.info/fsspx.org – DICI n°261 du 28/09/12)

[DICI - Abbé Lorans] Monseigneur Lefebvre, un évêque dans la tempête

SOURCE - DICI - Abbé Lorans, fsspx - 28 septembre 2012

Le film documentaire qui sera projeté au Grand Rex à Paris, ce 29 septembre 2012, s’inspire de la biographie de Mgr Bernard Tissier de Mallerais : Marcel Lefebvre, une vie (Clovis). Les dernières lignes de l’Avant-propos de cet ouvrage magistral nous paraissent une bonne présentation du film consacré au fondateur de la Fraternité Saint-Pie X. Nous les transposons légèrement pour en faire l’avant-propos de ce documentaire qui deviendra une référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Eglise au XXe siècle.
« Nous serons ainsi amenés à cerner les mobiles profonds de l’action étonnante de cet évêque hors ligne et à percer les replis d’une personnalité que les meilleurs observateurs ont dépeinte comme fortement contrastée : tour à tour timide et hardie, conciliante et intraitable, dogmatique et pragmatique. Parviendrons-nous à discerner l’unité cachée de cette figure qui n’est pas tout d’un bloc ? Pour le tenter, nous n’avons pas hésité à recevoir les témoignages des ennemis les plus irréductibles de l’archevêque, qui furent, par certains côtés, ses amis les plus spontanément admiratifs.

« Alors le spectateur se trouvera peut-être porté à découvrir avec nous, image après image, le secret de Marcel Lefebvre, le mystère d’un homme qui ne fut si extraordinairement sûr de lui que parce qu’il fut absolument sûr de Dieu».
Abbé Alain Lorans

27 septembre 2012

[SPO] Oremus : pour bien chanter la messe en grégorien

SOURCE - SPO - 27 septembre 2012

Académie internationale de musique sacrée, fondée en 1933 par Suzanne Bellin, à l’initiative de dom Gajard, la Schola Saint-Grégoire se consacre à la diffusion et à l’apprentissage du chant grégorien, chant propre de l’Église catholique. 
 
Membre de la Consociatio Internationales Musicae Sacrae (CIMS) de Rome depuis sa fondation par le Pape Paul VI, la Schola Saint-Grégoire fut dirigée à partir de 1975 par un véritable apôtre du maintien du chant grégorien en la personne de Denis Lebon qui reçut en 1986 la décoration « Pro Ecclesia et Pontifice ». La Schola, qui anime des sessions de formation, est aujourd’hui dirigée par Claude Pateau.
 
Pourquoi évoquer cette véritable « institution », bien connue des milieux du chant grégorien ? Tout simplement parce que la Schola Saint-Grégoire est à l’origine d’un CD, d’un prix modique (10€, frait de port inclus), qui sous le titre Oremus propose les principaux chants du célébrant pour la messe selon le rite romain dans la forme extraordinaire et ordinaire. Il s’agit d’encourager et de faciliter ainsi l’apprentissage et l’usage des mélodies grégoriennes de base par le clergé.
 
On pourra commander ce CD sur le site de l’association et même télécharger les partitions grégoriennes des différents morceaux. Un CD à offrir à votre curé ou au vicaire de votre paroisse.

24 septembre 2012

[Paix Liturgique] le peuple Summorum Pontificum à Rome

SOURCE - Paix Liturgique, lettre n°352 - 24 septembre 2012

Du 1er au 3 novembre prochains se déroulera à Rome un grand pèlerinage international des catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain : prêtres, religieux, laïcs, associations et mouvements... Le pèlerinage se conclura par une messe pontificale selon la forme extraordinaire du rite romain célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome, le samedi 3 novembre à 15 heures. C’est une fort bonne idée, ô combien louable au moment où s’ouvre l’Année de la Foi que de vouloir la commencer par une profession de foi... extraordinaire!

Paix liturgique entend se placer parmi ceux qui vont donner toute la publicité qu’il mérite à cet événement d’ici à la Toussaint et invite tous ses lecteurs à s’associer à ce pèlerinage, soit en personne en se rendant à Rome, soit en en faisant la promotion dans leurs communautés dominicales paroissiales ou autres et s’y unissant par la prière.
 

Cette semaine nous vous proposons de prendre connaissance des fins spirituelles de ce pèlerinage, exposées par son aumônier, l’abbé Claude Barthe, lors de la présentation à la presse du pèlerinage, la semaine dernière à Rome.
 

I – UN PÈLERINAGE "UNA CUM PAPA NOSTRO"

Texte de l’intervention de M. l’abbé Barthe lors de la conférence de presse du 10 septembre 2012, à la Trinité-des-Pèlerins, à Rome.

Ce pèlerinage Summorum Pontificum de la Toussaint 2012, au début de l’Année de la Foi, qui va culminer par une messe dans la Basilique Vaticane a un but quadruple :

1°/ Ce sera une action de grâces. Les pèlerins vont d’abord offrir une messe en forme extraordinaire d’action de grâces et de soutien filial au Saint Père pour le 5ème anniversaire du Motu Proprio Summorum Pontificum, qui a pris effet, vous le savez, le 14 septembre 2007. Pour de très nombreux prêtres, diocésains, religieux, qui célèbrent désormais leur messe quotidienne en la forme extraordinaire, c’est un bienfait spirituel vraiment immense, de même que pour les fidèles des paroisses, paroisses trop rares encore malheureusement, qui peuvent ainsi bénéficier de cette liturgie et de sa mystique. On peut dire que l’effet de cet acte du pape Benoît XVI, c’est la naissance d’un véritable peuple Summorum Pontificum. Il voudrait l’en remercier.

2°/ Ce sera un acte de fidélité à Pierre. L’autre but est de manifester ainsi notre amour de l’Église et notre fidélité au Siège de Pierre, tout spécialement dans la conjoncture actuelle amère et difficile. Nous sommes très conscients que les peines que supporte aujourd’hui le Saint-Père sont lourdes. La messe romaine traditionnelle, tout spécialement en son Canon, a toujours été considérée à elle seule comme une magnifique profession de foi de l’Église Mater et Magistra : c’est ce credo liturgique que nous voudrions exprimer au Tombeau des Apôtres, auprès du Successeur de Pierre.

3°/ Ce sera une offrande et une supplication. Nous voulons faire de la sorte un présent au Seigneur très spécialement pour lui demander les grâces qui sont nécessaires au Souverain Pontife pour la poursuite de l’œuvre merveilleuse qu’il accomplit depuis le début de son pontificat, et spécialement aujourd’hui au sein des croix et des épreuves.

4°/ Enfin, ce sera une expression de participation à la mission de l’Église. Nous voudrions apporter visiblement à la nouvelle évangélisation que le Saint-Père entend promouvoir avec l’Année de la Foi, la coopération de la toujours jeune liturgie traditionnelle. Elle est clairement le soutien de très nombreuses familles, d’œuvres catholiques, spécialement d’œuvres de jeunesse, de catéchismes, d’écoles, et elle est la source de toujours plus de vocations religieuses et sacerdotales, ce qui aujourd’hui, dans le monde occidental, est extrêmement précieux.

Il me semble qu’il faut insister sur ce dernier point. Par la grâce de Dieu, dans certains pays comme la France et les États-Unis – mais le phénomène pourrait s’étendre –la liturgie extraordinaire, sans malheureusement remplir les vides, maintient une croissance vocationnelle importante. En France, par exemple, pour 710 séminaristes diocésains français, il y a 140 séminaristes français (dont 50 de la FSSPX) dans des séminaires voués à la forme extraordinaire, soit 16%. On retrouve ce rapport dans le nombre des ordinations : 21 nouveaux prêtres extraordinaires pour 97 diocésains cette année. En outre, la configuration spirituelle du jeune clergé diocésain est en pleine mutation : les jeunes prêtres des diocèses et les séminaristes diocésains sont attirés par la célébration des deux formes du rite et le disent expressément (en France, il n’est pas exagéré d’avancer qu’au moins un tiers des candidats au sacerdoce diocésain peuvent être qualifiés de Summorum Pontificum).

Cela, nous voudrions l’exprimer religieusement par ce pèlerinage et par cette messe à St-Pierre du 3 novembre : ce que l’on peut appeler le peuple Summorum Pontificum, le petit peuple comme on dit en français pour qualifier les gens modestes, est à la disposition du Saint-Père, aujourd’hui, pour la mission de l’Église.

Contact : barthe.cisp@mail.comII – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Cinq ans après la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum par Sa Sainteté Benoît XVI, nous nous réjouissons de cette initiative qui tombe à pic. En effet, un peu partout dans le monde, la dynamique suscitée en 2007 est bloquée du fait de verrouillages épiscopaux trop fréquents, et il faut bien le dire, du manque de soutien à Rome, de la part de ceux qui étaient chargés de régler en souplesse les cas contentieux.

On comprend aisément que la Commission Ecclesia Dei ait consacré beaucoup de son temps et de son énergie au dossier important de la Fraternité Saint-Pie-X, mais il semble que cela ait été au détriment de l’application du Motu Proprio. D’où une certaine géne des fidèles demandeurs de messes en forme extraordinaires dans leurs paroisses, qui constatent le hiatus entre le droit le plus solennellement déclaré, confirmé par l’instruction Universæ Ecclesiæ et les faits. Sans parler de l’usure de l’autorité que ce genre de situation d’impuissance de la loi engendre : il n’y a qu’à songer à la succession impressionnante de textes dénonçant les abus liturgiques et donnant, avec le peu de résultats que l’on sait, à la Congrégation pour le Culte divin les pouvoirs de les réprimer.

La formation du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum (CISP), même s’il n’est qu’un comité ad hoc pour promouvoir cet événement, nous paraît un signe que les « usagers » de la forme extraordinaire ou ceux qui voudraient avoir le bonheur d’en jouir, non seulement ne renoncent pas, mais veulent se manifester. Ce Cœtus Internationalis, auquel souscrit bien sûr Paix liturgique et qui s’appuie notamment sur la Fédération Una Voce, Notre-Dame-de-Chrétienté, Juventutem international et bien d’autres associations et mouvementsdont la coordination italienne des groupes Summorum Pontificum, fait d’ailleurs penser au cœtus fidelium paroissial de l’article 5 du Motu Proprio : le groupe stable de fidèles se manifeste ici au niveau international.

En outre, cet événement nous paraît être l’un des signes qui montrent que le monde dit traditionaliste se transforme, s’élargit et se renouvelle, du fait notamment du texte de 2007 : la vie liturgique traditionnelle sort des cercles restreints (parfois pas si restreints que cela : qu’on pense au pèlerinage annuel de Notre-Dame de Chrétienté à Chartres, ou à la messe à Sainte-Marie Majeure de 2003) pour rentrer dans les paroisses ordinaires. Incontestablement, il existe désormais une entité nouvelle du fait de la rencontre entre les défenseurs « historiques » de la liturgie traditionnelle et ceux que nous appelons les « silencieux » (au moins 35% des catholiques pratiquants de la Vieille Europe) demeurés attachés à leurs paroisses. Et donc, parler de « peuple Summorum Pontificum » comme le fait l’abbé Barthe nous semble en effet une bonne qualification de ce phénomène que nous constatons pour notre part quotidiennement.

2) On pourrait certes faire observer aux organisateurs qu’ils auraient pu annoncer plus tôt la messe du 3 novembre. Mais ils font remarquer que la messe célébrée par le cardinal Castrillón Hoyos à Sainte-Marie-Majeure, le 24 mai 2003 (plus de 2000 personnes), n’avait été annoncée – d’abord de bouche à oreille – qu’à partir du 14 avril. Et puis, disent-ils, les choses ne sont jamais simples à Rome, où l’on fait attendre longtemps les décisions. Mais, Deo gratias !, l’heure et le jour sont désormais connus et fixés au samedi 3 novembre à 15 heures.

Notons que le 3 novembre à 15 heures est un jur et un horaire très favorable pour les pèlerins italiens qui pourraient faire l’aller-retour à Rome dans la journée comme pour les fidèles français travaillant le vendredi 2 et pouvant prendre l’avion le samedi matin vers Rome. Et surtout, on sera au cœur des vacances de la Toussaint.

Reste que c’est bien d’un pèlerinage qu’il s’agit, qui ne se limitera pas à cette messe du 3 novembre mais commencera dès le mercredi 31 octobre, à 19h15, par les premières vêpres de Toussaint en la paroisse de la Trinité des Pèlerins et sera suivi de messes pontificales pour la Toussaint et le jour des Morts.

3) Les promoteurs de la messe de novembre comptent sur au moins 3 000 assistants, prêtres et séminaristes diocésains, fidèles. Du nombre des participants dépendra le lieu de la célébration (l’autel de la Chaire au fond de la basilique ou, selon un usage fréquent, un autel devant la Confession). Ce serait ainsi une nouvelle étape : après une messe par le cardinal Burke dans la chapelle du Saint-Sacrement le dimanche 18 octobre 2009, puis une autre par le cardinal Brandmüller, le dimanche 15 mai 2011, à 8h du matin, à l’autel de la Chaire devant 1000 personnes, on pourrait dire que la messe tridentine est revenue sur le tombeau de Pierre.

Il restera, dernière étape, la célébration par le pape lui-même, ou pourquoi ne pas espérer la venue du Saint-Père pour bénir l’assemblée du 3 novembre sutout après avoir entendu sa recommandation aux évêques français venus en visite ad limina de "défendre l’unité de l’Église tout entière (CIC, can. 392 § 1), dans la portion du Peuple de Dieu qui lui est confiée" même si, en son sein, "s’expriment légitimement des sensibilités différentes qui méritent de faire l’objet d’une égale sollicitude pastorale"...

4) À ce propos de la messe du pape, un avocat brésilien, Joao Otavio Benevides Demasi, a lancé à la veille de l’été une pétition en ligne pour demander « au Saint Père Benoît XVI de célébrer une messe publique selon le missel de 1962 ». Cette pétition, accessible ici a recueilli près de 2000 signatures, intéressantes par la grande diversité géographique des signataires.

Cinq ans après le Motu Proprio, c’est dans le monde entier que la forme extraordinaire du rite romain retrouve peu à peu sa place, bien trop lentement sans aucun doute. Mai elle apporte déjà toute sa richesse et suscite dans nos vieilles terres d’Europe où la chrétienté hélas s’épuise, un renouveau de vocations sacerdotales et religieuses.

Pour suivre l’actualité du pèlerinage :
http://unacumpapanostro.wordpress.com/
et
http://www.facebook.com/unacumpapanostro

23 septembre 2012

[SPO] Confirmation par le Primat d’Irlande

SOURCE - SPO - 23 septembre 2012
Pour le cinquième anniversaire de l’entrée en application du motu proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI, son Excellence Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin et Primat de Dublin, a présidé, le 16 septembre dernier, la célébration de la messe solennelle selon l’usus antiquior et il a conféré le sacrement de confirmation dans sa version traditionnelle. Une bonne nouvelle donc que les photographies suivantes laissent bien deviner. [photos sur SPO]

22 septembre 2012

[SPO] Philippines : un évêque célèbre selon l’usus antiquior

SOURCE - SPO - 22 septembre 2012

Nous avons déjà signalé à plusieurs reprises l’application du motu proprio Summorum Pontificum aux Philippines, dans cette lointaine Asie, qui démontre que la célébration de la liturgie romaine la plus vénérable n’est pas une affaire simplement européenne ou même occidentale.
 
C’est ainsi que jeudi 20 septembre, Mgr Antonio R. Tobías, évêque de Novaliches, a célébré la messe selon les livres litrugiques de 1962 dans l’oratoire Saint Ignace de Loyola de l’Université jésuite de Manille. [Plusieurs photographies rendent compte de cet événement]

[Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison] Déclaration réversible

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 22 septembre 2012

Peut-être pas tout dans le Chapitre Général de la Fraternité Saint Pie X de Juillet en Suisse n’a été désastreux, mais de ses deux documents officiels, les «Six Conditions» sont «d’une faiblesse alarmante» (cf.EC 268, 1er Septembre), tandis que la «Déclaration» finale laisse beaucoup à désirer. Voici un résumé très bref de ses dix paragraphes:--

1 Nous remercions Dieu des 42 ans d’existence de notre Fraternité. 2 Nous avons redécouvert notre unité après la crise récente (vraiment?), 3 pour professer notre foi 4 en l’Eglise, dans le Pape, dans le Christ Roi. 5 Nous adhérons au Magistère constant de l’Eglise, 6 comme à sa Tradition constante. 7 En nous unissant à tous les catholiques qui souffrent la persécution, 8 nous prions pour que nous viennent en aide la Très Sainte Vierge Marie, 9 Saint Michel, 10 et Saint Pie X.

Voilà une Déclaration qui ne manque pas de piété, dont Saint Paul dit qu’elle est utile à tout (I Tim.IV, 8). Néanmoins, auprès de ses deux disciples, Timothée et Tite, il insiste constamment sur la nécessité de la doctrine qui est quand même le fondement de la véritable piété. Hélas, en ce qui concerne la doctrine la Déclaration n’est pas si forte. Au lieu de fustiger les erreurs doctrinales du Concile qui ont dévasté l’Église au cours des 50 dernières années, la Déclaration ne contient dans ses paragraphes les plus doctrinaux, 5 et 6, qu’une faible condamnation de ces erreurs. Par contre elle met en relief la constance du Magistère et de la Tradition de l’Église, ce qui est tout à fait juste, mais cela constitue un argument trop facile à renverser de la part d&rsq uo;un Conciliaire. Voyons de quelle façon:

Le paragraphe 5 qualifie les nouveautés du Concile Vatican II comme «étant entachées d’erreurs», alors que le Magistère constant de l’Eglise est «ininterrompu»: «Par son acte d’enseignement, le Magistère transmet le dépôt révélé en parfaite harmonie avec tout ce que l’Eglise entière a toujours cru, en tout lieu». Ce qui implique, bien sûr, que Rome devrait faire passer Vatican II à la blanchisserie, pour enlever les taches. Mais voyons ce qu’un Romain pourrait répliquer: - «La façon dont le Chapitre exprime la continuité du Magistère est en tout point admirable! Mais ce Magistère, c’est nous autres Romains , et nous, nous déclarons que le Vatican II est en continuité avec le passé, sans taches!».

Il en est de même pour le paragraphe 6. La Déclaration dit: «La Tradition constante de l’Eglise transmet et transmettra jusqu’à la fin des temps l’ensemble des enseignements nécessaires au maintien de la Foi et au salut», et alors il faut viser à un retour des autorités de l’Église à la Tradition. Riposte d’un Romain: «La façon dont le Chapitre décrit la manière dont la Tradition maintient la Foi est tout à fait admirable! Mais c’est nous, les Romains, qui sommes les gardiens de cette Tradition et nous, nous disons qu’en vertu de l’herméneutique de la continuité Vatican II n’interrompt pas la Tradition, mais la continue. Ce qui fait que le Chapitre se trompe complètement en prétendant que nous devons y revenir».

Quel contraste entre la vulnérabilité de cette Déclaration et la force de l’attaque irréversible lancée par Mgr. Lefebvre contre les erreurs du Vatican II dans sa Déclaration célèbre de novembre, 1974. Il y déclare que la Rome Conciliaire n’est pas la Rome catholique parce que la réforme Conciliaire est «naturaliste, Teilhardienne, libérale et Protestante…toute entière empoisonnée…provenant de l’hérésie et conduisant à l’hérésie», etc., etc. Sa conclusion est un refus catégorique d’avoir quoi que ce soit à faire avec la nouvelle Rome, puisqu’elle n’est en rien la Rome véritable.

Lisez sur Internet les deux Déclarations et voyez laquelle des deux est, sans risque d’erreur, la trompette qui appelle à la bataille nécessaire (I Cor.XIV,8)! On est amené à se demander combien des capitulants de 2012 ont jamais étudié les paroles et les raisonnements du grand Archévêque.

Kyrie eleison.

21 septembre 2012

[Abbé Chazal] Les buts de la guerre

SOURCE - Abbé Chazal (réfractaire) - Version française de "War aims", par "Avec l'Immaculée" - 21 septembre 2012

Cebu, le 21 septembre 2012

Abbé François Chazal


Depuis ce mois fatidique de mai 2012, mon intention est toujours clairement restée la même : « Que la FSSPX et la Nouvelle Rome restent séparées jusqu'à ce que Rome se convertisse ». C'est ce que l’on appelle une condition de victoire.


Maintenant, après trois mois de combat ardent de la part des prêtres, des évêques, des moines et des fidèles, on constate que Mgr Fellay opère une marche arrière assez importante, ce qui est tout à son honneur. C’est aussi très rassurant, en ce sens que Son Excellence ne croit pas en sa propre infaillibilité, après tout.


Durant ces évènements, certains d'entre nous ont été sévèrement réprimés, comme il fallait s'y attendre, et la question se pose maintenant
  de savoir s’il faut cesser d'interroger ouvertement nos supérieurs, s’il faut rentrer dans le rang, démanteler ce réseau embryonnaire de prêtres qui vient d’émerger, éviter de diviser le troupeau et cesser des combats inutiles avec nos confrères.

L'humilité est la meilleure disposition pour répondre à cette question, mais comme dit saint Thomas, l'humilité est fondée sur la vérité.


Alors, qu’est-ce qui est le mieux : continuer à recevoir des coups pour l'amour de la vérité, tout en combattant humblement les supercheries du diable qui demeurent encore, ou bien déclarer que la guerre est gagnée pour le moment, écrire le document promis "War won" [guerre gagnée], et abandonner la sécurité de la FSSPX aux gros bonnets de la FSSPX ?


Eh bien, deux points : tout d’abord, nous ne sommes rien et, d'autre part, la bête respire encore. Que se passerait-il si le peu nous sommes continuait à vouloir démasquer le prince du mensonge, à satisfaire les besoins de ces âmes qui veulent profiter de notre sacerdoce et qui attendent patiemment que l’objectif de notre combat soit atteint ? 
PREMIÈRE PARTIE - LA BÊTE respire encore
La crise de la FSSPX continue tant que sa tête, Mgr Fellay, enseigne des erreurs et permet aux erreurs de se propager, divisant ainsi le troupeau. Autrement, ce sont les 20 prêtres de la résistance (en septembre 2012) qui se sont rendus coupables de diviser le troupeau.

Faisons donc un examen de la tête de la FSSPX. Heureusement, j'ai pu voir Mgr Fellay le 4 septembre. Je lui ai parlé pendant une heure et demie, à peine 72 heures avant sa marche arrière à Ecône lors de la grande conférence aux prêtres, le 07/09/2012.


Pendant environ 20 minutes ou plus, Monseigneur Fellay me réprimanda pour mon comportement scandaleux, destructeur et révolutionnaire et pour ce refus terrible d’arrêter mes activités, etc., puis il m'a demandé la raison d’une telle obstination.


Je lui ai répondu: « Parce que je crois que vous avez une nouvelle théorie sur Vatican II : vous dites que le Concile est erroné, mais que ses erreurs ne sont pas insurmontables.»


J'ai été prévenu par l’abbé Koller : Mgr Fellay est un homme intelligent, on ne peut pas l'accuser d'être simplement en faveur de Vatican II, c’est beaucoup plus compliqué que cela. Mgr Fellay connaît son public.


Son Excellence a répondu : « Mgr Lefebvre pensait comme cela à un moment donné, et il a signé les textes du Concile ». Ensuite, je pense qu'il s'est rendu compte qu'il avait omis de nier l'accusation et a commencé à marteler l'idée qu'il est bien contre le Concile Vatican II. Il m’a accusé de m’obstiner à lui faire dire qu'il aime Vatican II alors que c’est le contraire qui est vrai, qu'il est celui qui sait le mieux quelles sont ses pensées.


Alors je lui montrai ma petite collection de huit de ses citations, appelée « J'excuse le Concile » et il a répondu: « Ce n'est pas ce que j'ai dit ... Du début à la fin nous avons été en désaccord avec Rome sur le Concile Vatican II, et c'est pourquoi les négociations ont échoué. Vous fondez toute votre position sur une fausse supposition de ce que nous pensons (à propos de Vatican II).»


Quand il eut terminé, je lui demandai alors candidement: « Si vous êtes vraiment contre Vatican II, pourquoi, Monseigneur, étiez-vous si silencieux sur Assise III ? » Se référant à une phrase prononcée à St Nicolas du Chardonnet, il dit qu'il faisait siennes
  toutes les condamnations de Mgr Lefebvre sur Assise. Cela sonnait bizarrement et l’abbé Nely s’est précipité à la rescousse, en expliquant combien Assise III était vraiment mauvais. Ne comprenant pas, j’ai rappelé à Monseigneur son NON résolu, lorsque j'étais avec lui à Cebu, et que je lui ai demandé d’adopter une position forte et publique contre Assise III. (Il a dit la même chose aux frères Pfeiffer à l'époque).

Ensuite, j'ai demandé pourquoi il y avait si peu de différence entre DICI et les autres sites Ecclesia Dei, ou même Zenit sur le sujet. Il n'y a eu absolument aucune réponse à cette question. J’ai alors dénoncé le silence devant les scandales doctrinaux de Rome de ces trois derniers mois, scandales que nous pouvons vérifier en lisant
L'Osservatore Romano. Ce journal a été passé au filtre des lunettes roses de DICI pour ne nous dire que des bonnes choses à propos de Benoît XVI cet été. Nous n'avons pas besoin de savoir que le pape, cet été, a fait l'éloge de Vatican II en permanence, a insisté sur le fait que les musulmans restent musulmans, qu’il s'apprête à béatifier le successeur d'Escriva, continue à soutenir les Focolari et d'autres mouvements néo-chrétiens, loue le pluralisme et la liberté religieuse comme une solution à la persécution au Moyen-Orient, etc.

Si nous connaissions ces faits, ils obscurciraient la bonne nouvelle opinion que nous avons de Benoît XVI, et ils nous éclaireraient sur le fait que les erreurs de Vatican II font toujours rage.


DICI
est le porte-parole de Menzingen. Ce site est géré professionnellement et prépare à long terme un accord avec la nouvelle Rome, grâce à une utilisation massive de peinture rose, parallèlement à la marche arrière actuelle. En fait, il n'y a pas de marche arrière sur DICI. Sur tous ces points, je n’ai pas pu obtenir des éclaircissements de Monseigneur Fellay.

Ensuite, j'ai soulevé la question de l'interview sur CNS du 11 mai 2012, et plus précisément le problème des paroles de Mgr Fellay à propos de la liberté religieuse et voici ce qu'il a dit : " Sur CNS, je parlais aux catholiques américains qui portent aux nues la liberté religieuse. Le fondement, c’est le récipiendaire (ou récepteur). Ce « très limitée » est le contraire de ce que vous me faites dire. Je montrais qu'il y a un moyen de traiter le problème. On s’est écarté de mon propos."

(La philosophie moderne base tout sur l'esprit de celui qui connaît, sur le sujet récepteur, tandis que la philosophie catholique base tout sur la chose connue, la "chose" qui existe en elle-même, que cela nous plaise ou non)

J'ai alors senti que j'en avais assez entendu, j’ai compris que j'étais à présent certain de ce dont je voulais m'assurer : c'est que l'esprit de mon Supérieur général n'est plus ancré dans la vérité catholique, mais que ses idées se déplacent tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt sur le «oui», tantôt sur le «non».

En relisant la transcription de cet entretien, je vois que le même schéma se reproduit continuellement :

- Les choses ont changé à Rome, MAIS cela ne signifie pas que tout a changé.

- Le Pape veut reconnaître la FSSPX, MAIS son désir est bloqué par Vatican II et les évêques modernistes.

- Rome nous accorde déjà l’exemption de la tutelle diocésaine, MAIS il y a des problèmes pour ouvrir de nouvelles maisons.

- Cela ne va pas marcher si nous demandons l’autorisation des évêques, MAIS il y a tellement d’évêques novus ordo qui nous appellent.

- ... Nous avons notre propre apostolat MAIS tout évêque a le pouvoir absolu.

- Nous devrions être traités à égalité avec les évêques, MAIS il est normal que l'évêque ait son mot à dire (sur nous).

- Rome acceptera peut-être de mettre ses erreurs au niveau d’une opinion que nous pouvons attaquer, MAIS Rome absolutise le Concile.

Nous avons encore eu quelques MAIS à la conférence d’Ecône :

- Le Pape croit encore à Vatican II, MAIS il veut nous reconnaître.

- Le principe de 2006 (aucun accord pratique jusqu'à ce que Rome se convertisse) est vrai, MAIS qu'est-ce que nous entendons par « conversion de Rome » ? Cela ne pourrait-il être quelque chose de graduel ou de progressif ?

- L'offre de Rome était remarquable, MAIS, je vous le garantis, je n'ai jamais été intéressé par un accord.

Sur ce dernier MAIS, je vous demande de relire la lettre du 14 Avril pour voir si cela est authentique ?

Pas étonnant que nous soyons accusés d'être régulièrement tantôt noir tantôt blanc... c'est parce que l’enseignement officiel de la Fraternité Saint Pie X est maintenant tout gris ...

Donc j’ai senti que nous en avions assez dit, qu’il n'y avait pas besoin de toucher la question un peu plus complexe du Magistère, la question de notre utilisation retrouvée et élargie du nouveau Code de droit canonique, ainsi que d'autres questions. J'ai eu le temps de m'excuser pour l’utilisation, dans le passé, de quelques expressions injustifiées ou irrespectueuses, j’ai mangé deux fois à la table de Monseigneur, j’ai été autorisé à dire ma messe privée sur un autel latéral (contrairement à Manille), j’ai visité un endroit qui a un charme particulier et j’ai été très gentiment remis au train par l’abbé Selegny qui, en tant que témoin, m'a promis de m'envoyer une transcription détaillée de la conversation. Je tiens à dire que Monseigneur Fellay a été juste envers moi, qui suis un homme totalement opposé à ses idées et en pleine guerre contre lui.

Les idées de Mgr Fellay et la propagation incontrôlée du libéralisme dans la Fraternité Saint Pie X ont également été l'objet de ma visite à un autre évêque, et puisque l’abbé Couture utilise cet évêque contre moi, eh bien, je vais raconter pour ma défense tous les détails de cette visite.

Monseigneur Tissier de Mallerais a accepté de me voir le 16 Août à Ecône. Pendant 15 minutes, j'ai chancelé sous une puissante bordée épiscopale, j’ai tremblé de tous mes membres sous la froide colère de Monseigneur Mgr Bernard Tissier de Mallerais. Mon attitude, a-t-il dit, était complètement hors de propos, je prenais sur moi une tâche qui ne m'appartenait pas et je faisais une démonstration de désobéissance totale...

J'ai essayé de récupérer en disant que j'avais de graves difficultés doctrinales avec Mgr Fellay en montrant, comme d'habitude, ma petite collection de citations appelé « J'excuse le Concile ». Son Excellence a répondu : « Je sais, je sais, j'ai 10 fois plus de citations [de Mgr Fellay] favorables à Vatican II que vous ne connaissez pas!»

« Mais, Monseigneur, comment pouvons-nous être si tranquilles à ce sujet et à propos du résultat lamentable du Chapitre général?»

« Le Chapitre général, répondit-il, a été un désastre ; j'ai signé de mon nom, parce que c'était une action collégiale, mais certainement pas pour dire que j'étais d'accord avec le contenu. Par conséquent faites confiance en ce que font les généraux, acceptez votre nomination en France et tenez-vous tranquille pendant au moins trois mois

« Monseigneur, le navire prend l'eau, il se déchire sous la ligne de flottaison. J'admire ce que vous et d'autres avez fait pour essayer de le sauver, mais vous savez très bien que l'erreur se propage maintenant à travers les canaux officiels de la FSSPX. Comment pouvez-vous compenser le poids de l'institution, les professeurs mis en place dans les séminaires, les sermons édulcorés et publications ... Nos fidèles fuient de moins en moins loin les messes d’indult, font des compromis pour les cérémonies de mariage, pratiquent de plus en plus les méthodes naturelles de contraception sans les motifs graves demandés par Pie XII, faisant de ces méthodes naturelles une porte ouverte à des formes plus mauvaises de contraception. Leurs esprits sont infectés par DICI. Il est naturel pour eux de faire confiance aux deux assistants qui vont encore plus loin que Monseigneur Fellay et prêchent la bonne nouvelle que Rome a changé...»

J’ai continué ainsi un certain temps, acceptant des corrections sur certains points, comme sur le fait que nous ne pouvons pas tenir le pape comme entièrement responsable de la nomination de mauvais évêques dans le monde entier. Sinon, je lui ai dit qu'il pouvait me désavouer autant qu'il le voulait, mais que le silence de cet été était « contre-nature », antinaturel : « Je ne peux pas l’accepter et je ne l'accepterai pas, même si je suis maltraité et chassé. Je ne peux pas accepter ce nouveau massacre des âmes qui est préparé davantage par l'érosion des esprits que par la signature effective d'un accord avec Rome. Si seulement, Excellences, vous aviez fait publiquement opposition à Menzingen, je serais heureux de rentrer dans le rang et suivre le capitaine. Je suis d'accord que ce n'est pas mon travail de parler, mais si les bergers sont endormis, les chiens sont la ligne de résistance suivante, quand les loups sont entrés dans la grange.

Si l’on parle des erreurs en général, cela passe souvent au-dessus de la tête des fidèles. Je ne trouve pas que la bataille tourne bien, j'ai donné pendant 12 ans le bénéfice du doute à mes supérieurs, en écrivant des lettres et en étant très obéissant. En six autres années, Mgr Fellay aura amplement le temps de mettre des supérieurs neutres ou libéraux en position et il sera impossible de faire changer le navire de direction.

Vous n'êtes pas le seul, Monseigneur, à être poussé dans vos retranchements ; Fr. Peter Scott a à peine dit quelque chose en Mars, et après avoir été circonvenu par l’abbé Rostand, il est maintenant sur le point d’être envoyé au Zimbabwe. Fr. Hewko n’a fait aucune attaque contre Menzingen à la première messe de l’abbé Reuter et s'est retrouvé lourdement sanctionné. De nombreux autres prêtres sont dans le même cas. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir. Si c'est la façon dont ils traitent les prêtres, alors qu'aucun accord n’est signé, comment sera-ce le jour de l'accord, quand on fera rentrer tout le monde dans le rang?

Ce que je fais ressemble en effet à une rébellion, mais je ne demande pas que tout le monde fasse de même. Si je me trompe, le navire ne coulera pas et je mourrai heureux, mais si j’ai raison d’avertir les passagers, il y en aura plus de sauvés, si la tragédie arrive vraiment. Le problème vient de la passerelle de commandement du navire, et votre résistance sous le pont est impressionnante, mais ne fait que retarder le résultat final. Certains prêtres doivent au moins faire le travail d'exposer la source des erreurs
».

A ce moment, Monseigneur a été refroidi. J'avais déjà discuté de beaucoup de ces faits avec lui quand il est venu aux Philippines l'an dernier. Je comprends que c'est son amour de la Fraternité, son désir de garder une armée unie qui le motive, mais je vois aussi que la Fraternité n'est plus unie sur la doctrine, je vois que les libéraux l'attaquent de plus en plus et refusent de publier son livre sur les erreurs de Benoît XVI. En fait, on commence à le réduire au silence et le pire est à venir.

Je me sentais très triste pour lui parce que, tout au long de cet entretien, il y avait une telle sincérité en lui, même lorsqu’il me réprimandait. Je ne crains pas d'être réprimandé par un homme si honnête, et je crois que Mgr Tissier prêchera toujours contre la Rome d'aujourd'hui et nous dira de nous garder hors de sa portée.
Pour vous dire la vérité, il n’est toujours pas d'accord avec ce que je fais, à ce jour. Il a écrit à l’abbé Pivert (mon directeur spirituel) pour me contraindre, en répétant le même argument, en écrivant que les erreurs de Mgr Fellay sont 10 fois plus nombreuses que ce qu'elles apparaissent en public et que le Chapitre général est une catastrophe, mais qu'il n’y a aucune raison de lancer une telle attaque prématurée contre la direction de la FSSPX.

(Maintenant, mon cher lecteur, pardonnez-moi d'avoir été si long sur la pensée de Mgr Tissier. C'est parce qu'il reflète la pensée de tant de prêtres que j'ai pu rencontrer en France, qui est le haut lieu de la dissidence à Menzingen, mais qui est aussi complètement paralysée. Les français sont comme ça : à moins qu’un chef n’émerge, prenne les choses en main et mène au combat, personne ne monte à l’assaut.

Aux États-Unis, c'est l'inverse: environ 14 sont fermement opposés à Menzingen et peut-être 50% sont tout simplement lassés personnellement d'un accord avec Rome, mais suivraient les ordres, tandis que le reste est en faveur de l'accord et parfois le disent ouvertement. Il n’y a donc pas une forte opposition contre Menzingen, mais il y a proportionnellement plus de prêtres en résistance ouverte (10) qu'en France (2).


L'un des plus importants de ces esprits français que j'ai pu rencontrer est l’abbé Gleize, qui m'a déposé à Morgon le 17 Août. Nous avons parlé pendant cinq heures ; quel grand esprit, droit et clair! Les principales idées qui ressortent de sa position sont les suivantes :


- Une nouvelle doctrine a maintenant émergé dans la Fraternité Saint Pie X, et cette nouvelle doctrine est accompagnée de réduction au silence, de menaces et de punitions.


- Le principal signe de la Providence montrant ce changement est le silence assourdissant sur Assise III, qui a tellement contrasté avec le tollé de Mgr Lefebvre, en 1986, pour Assise I.


- Assourdissant aussi est le silence qui a suivi la crise de mai et le Chapitre Général : de la table à Ecône jusqu’aux prieurés à travers le monde ... aucune réaction de ceux qui savaient si bien que les choses se sont mal passées.


- Même si l’accord est annulé pour le moment, l’abbé Gleize dit que la tendance demeure: Fr. Schmidberger lui a dit qu'il ne suffisait pas de prier pour le Pape en le nommant à la messe, lors des bénédictions et de la Semaine Sainte, ou d'avoir sa photo dans la sacristie, etc. Aucune de ces choses ne nous garantit que nous n'allons pas devenir sédévacantistes. Le désir des accordistes est un désir qui dure depuis longtemps, et c'est un sentiment constant d'être dans une situation de séparation épouvantable, presque peccamineuse d’avec l ' "Eglise". J'ai dit à l’abbé Gleize que l’abbé Laisney (qui m'a lavé le cerveau pendant trois jours à Manille à propos de l'accord) souffre clairement du même genre de douleur. Il aurait prêché pour l'accord récemment à Kuala Lumpur. Mgr Fellay, quand je l'ai vu, m'a dit que notre idée de l'Église est trop radicale, que pour nous, c’est une Église qui n'existe que sur le papier (cf. aussi sa conférence d’Adelaide). Si l’accord est annulé, ce n'est pas à cause de nous, c'est parce que Rome ne le veut toujours pas, le bloque, même si le pape le veut. Très triste.


Nous avons parlé longuement de la nouvelle pratique de la FSSPX concernant les affaires canoniques et surtout la tendance croissante de la FSSPX qui permet de plus en plus que tous ses cas difficiles soient résolus par la nouvelle Rome et à la lumière du nouveau Code de Droit Canon. De nombreuses irrégularités canoniques se sont produites au chapitre général, en particulier autour de la façon dont l'évêque Williamson a été traité. La déclaration et les six conditions ressemblent à quelque chose de bâclé et contiennent un changement important d'orientation de notre congrégation tout entière.


- Une autre confirmation du changement de position de Mgr Fellay est qu'il prêche dans ses conférences régulières de trois heures que Rome a changé.


Lors de mes visites à Avrillé et Morgon, j'ai été informé par les supérieurs de ces lieux que lorsqu’ils sont allés avec le Père Matthieu à Menzingen, Mgr Fellay a pris deux heures et demie pour les persuader que Rome a changé.


Ils étaient bouche bée devant ce changement de cap et devant l’ardeur de Mgr Fellay.


Mes propres parents sont allés à une conférence de trois heures à Brignoles en juin ; même chose : «
Rome a changé ». Mes pauvres parents ont quitté la conférence en ayant l’impression de n’avoir rien appris et en ayant la sensation qu’ils n’avaient pas compris ce qu’ils étaient censés comprendre.

Et qu’est-ce qui va être dit dans la grande fête conviviale organisée par
l’Angelus [ndlr, Editions américaines traditionnelles, équivalent de Clovis] sur la "papauté" en octobre ... compte tenu de la récente marche arrière ? On peut deviner que le pape va être considéré un peu mauvais MAIS assez bon sous d’autres aspects.

Par conséquent 20 prêtres à peu près sont actuellement engagés dans le processus d'avertir ouvertement le troupeau sur les erreurs restantes de Menzingen, en dépit de la marche arrière sur l'accord avec Rome, sur la déclaration du 15 avril et sur la question de l'exemption. Car si l'on décrit la nouvelle Rome, d’une façon fausse et sous des couleurs riantes, il est normal de craindre que, dans six ans, la Fraternité sera six pieds sous la nouvelle Rome ...


DEUXIÈME PARTIE - Que s’est-il passé ?
War on!   Puis What next ... mais ... Qu'est-il arrivé?

Au mois de mai une note interne a déclaré que dans le cas où Rome accepterait notre dernier protocole doctrinal (du 15 Avril), une structure canonique nous serait proposée.

Puis, le 13 Juin, l'offre de Menzingen a été refusée par Rome, un peu comme cela a été refusé en septembre 2011. A commencé alors un processus de retour en arrière qui est toujours en cours. La ligne officielle est maintenant que nous sommes de retour à la case départ, que l’accord est annulé, et que nous n'avons jamais cherché un accord en premier. Le 7 septembre, Mgr Fellay a fait totalement marche arrière à propos de la déclaration du 15 Avril ainsi que sur une autre erreur majeure faite au Chapitre général, quand il voulait simplement, comme condition souhaitable être exempté de la tutelle des diocèses Novus Ordo.
Dans le même temps, deux choses continuent à se produire : le changement doctrinal et le manque de clarté sur nos relations avec Rome.  

LE CHAPITRE GÉNÉRAL
Au Chapitre général, tout était censé être parfaitement clair, mais les documents qui en sont sortis ont déjà besoin d'éclaircissements.
M. l’abbé Petrucci m'a dit que les capitulants étaient pressés d'écrire les textes et que l'intention d'un grand nombre d'entre eux était de créer un cadre qui permettrait d'éviter à Mgr Fellay de se rapprocher de la nouvelle Rome prématurément. La plupart d'entre eux nous ont dit qu'ils ont vraiment combattu, qu’ils ont obtenu le meilleur résultat possible, qu’ils ont sauvé la situation. Cela correspond clairement au nouveau but de la guerre de Menzingen : affirmer que la guerre est finie.  

Rectification du tir :
Je n'ai aucun doute sur les intentions des capitulants mais le texte qui émanait du chapitre, produit d'une sorte de compromis entre deux positions, m'a tellement fait peur que j'ai écrit une attaque contre lui, je l’ai publiée sur Internet, je l’ai fait imprimer et je l’ai posté à tous les prieurés et amis de France, je l'ai distribué en tract aux fidèles. En voici les principaux éléments :

Proclamé le jour de la Bastille, ce texte est un peu sentimental parfois et même s’il contient une citation de Mgr Lefebvre, il s'agit d'une déclaration beaucoup plus faible que les déclarations de 1974 et 1976. La question du Magistère reste ambiguë dans ce texte parce que nous n'avons pas plus la mention de deux magistères opposés (cf. « deux Romes » (1974), « deux Églises » (1976)), mais l'astuce principale du texte est à la fin de celui-ci, dans les six conditions pour une reconnaissance canonique de la FSSPX. [ndlr : l’abbé Chazal a manifestement pris connaissance d’un texte non tronqué de la déclaration du chapitre, qui contenait les six conditions]


Un premier groupe [de conditions] omet la notion de 2006 qui était que nous devions attendre la conversion de Rome pour conclure un accord avec elle. C'est la première fois que nous y renonçons, si officiellement, en opposition au rejet de l'accord par Mgr Lefebvre en 1988 et en contradiction avec ses nombreux avertissements ultérieurs que la crise durerait longtemps et nécessiterait que Rome redevienne bonne pour nous réconcilier.


La première condition concerne le maintien de notre liberté d'enseigner et de notre liberté d’attaquer ceux qui enseignent les erreurs. La deuxième et la troisième consistent à garder l’usage exclusif des rites traditionnels et avoir au moins un évêque.


Tout ceci semble très courageux, mais le principe de base d'une démocratie libérale est cette liberté pour quiconque d’être en désaccord public sur toutes les questions importantes. Donc, nous aurons la liberté d'enseigner la Tradition tandis que d'autres auront la liberté de défendre le modernisme, nous allons attaquer la nouvelle messe tandis que d'autres vont attaquer la vraie messe sous le même toit ; de même pour toutes les autres questions. Un évêque français a très bien compris cela et a dit : « Laissez-les venir et être en désaccord avec le Concile Vatican II (s'ils le peuvent), car nous-mêmes, nous sommes en désaccord avec les vingt autres Conciles »


Cela ne marcherait jamais. Pourquoi ? Parce que ça ne marche jamais d’entrer dans le système, comme a dit Mgr Lefebvre : «
Si j'avais signé l'accord, nous aurions été finis en un an. » (13 Juin 1988). Une fois dans le système, nous ne résisterons pas aux personnes qui ont une doctrine entachée par les erreurs de Vatican II, parce que ceux qui ont essayé auparavant n’ont jamais réussi. De plus, nous avons déjà commencé à arrêter de convaincre Pierre alors qu’il a été reconnu digne de blâme (Galates). Encore une fois, regardez DICI maintenant, tandis que dans le passé nous n’avions aucun scrupule à dire ouvertement que le Vatican était infiltré par les francs-maçons et que leurs idées avaient triomphé.
Mélangés à de mauvais prêtres catholiques et à de mauvais fidèles, nos propres fidèles seront affaiblis, désorientés et divisés, plus encore qu'aujourd'hui.

En ce qui concerne la liturgie, il suffit de dire que Mgr Pozzo vient juste de dire à l'Institut du Bon Pasteur de rentrer dans le rang cinq ans après leur accord.


Quant à cet évêque solitaire, comment pourrait-il répondre aux besoins de 1 000 prêtres traditionnels environ et de tous leurs fidèles ? « 
Et si cet évêque meurt ? », a demandé franchement un fidèle du sud de la France. L’abbé Pfluger a répondu : « Eh bien, Rome en nommera un autre… »  

Le deuxième groupe de conditions est presque plus effrayant, car ce sont des conditions souhaitables ou préférables, par lesquelles nous demandons, sans insister, de ne garder que nos tribunaux mineurs, en renonçant à l'avance de nous occuper des causes majeures (comme nous le faisons déjà, parce que quand l'affaire est grave ou importante soit nous laissons à Rome le soin de traiter le cas soit nous refusons de traiter le cas, j'en ai été informé par des canonistes et des enseignants du séminaire).


Heureusement, Mgr Fellay a fait marche arrière verbalement sur la seconde condition, en disant que, bien sûr, notre exemption de la tutelle des évêques novus ordo était une nécessité absolue pour nous. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il n’apparaît pas que c’était le cas au chapitre général. (Et puisqu'il s'agit d'une question de droit, un amendement écrit devrait être placé dans le texte final).


Même manque de clarté pour la troisième condition, qui stipule que nous voulons simplement avoir une «majorité de la Tradition» et la présidence de cette commission pontificale sous l’autorité du pape. D’autres personnes Ecclesia Dei, valets de Mgr Müller, peuvent prétendre être aussi pour la Tradition. Et c'est uniquement dans le cas où le pape ne voudrait pas insister sur son avantage et renoncerait à placer directement ses hommes dans cette commission.


«
Seigneur, venez à mon aide; hâtez-vous de me secourir. »
La FSSPX déchaussée, ou de stricte observance :  
Par conséquent, début août, je me suis rendu à Washington DC et j’ai rencontré le père Joe, qui a réussi à rassembler un groupe de cinq prêtres à Vienne, en Virginie, et à organiser ce que nous appelons un « Corps Uni de prêtres ». Nous avons siégé trois jours, nos esprits vibrant à l’unisson, en parfaite harmonie, considérant la gravité de la situation à laquelle nous étions confrontés. Mais au moins, nous avons pu planter un drapeau en affirmant notre intention, en élisant un patron et en mettant en place une base visible.
Voici le texte de la Déclaration, heureusement, il est court :

C’est Elle seulement, [la Vierge Marie,] qui peut vous aider.
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Fait à  Vienne, en Virginie, le 10 août 2012.

« Le cœur de la foi est la divinité du Christ et sa royauté sur toutes les nations :
« oportet illum regnare ». Les erreurs de Vatican II sont une attaque indirecte contre Sa divinité et une attaque directe contre Sa Royauté sociale. Elles resteront à jamais la révolution de 1789 au sein de l'Eglise.

Le Vatican d'aujourd'hui a changé seulement pour le pire depuis le Concile (plus de dégâts, davantage d’hérésies nouvelles, semi-modernisme plus efficace), à tel point  qu’on peut répéter les mots de l'archevêque de 1974 et de 1976 : «
L'Église qui affirme de telles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n'est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape, les évêques, les prêtres ou les fidèles adhèrent à cette nouvelle église, ils se séparent de l'Eglise catholique. » (29 Juin 1976).

Le pape a permis la vraie messe, mais seulement dans le panthéon des liturgies modernes. En outre, il a exprimé clairement son adhésion à la fausse doctrine de la liberté religieuse en prêchant qu'elle soit le modèle de la façon dont l'Église et l'État doivent être liés l’un à l’autre. Enfin la doctrine de l'œcuménisme a été largement et constamment professée par le Souverain Pontife dans ses visites aux temples protestants, aux synagogues et aux mosquées… et Assise III confirme que l'esprit d'Assise est bel et bien vivant. C'est cet esprit qui poussait Mgr Lefebvre à procéder à une «opération survie» qui est maintenant elle-même en grand danger.

La FSSPX d'aujourd'hui veut clairement se placer sous cette Église conciliaire, elle atténue le poison du Concile Vatican II, elle est de plus en plus silencieuse face aux abus commis par la hiérarchie conciliaire, elle utilise un langage ambigu se référant à deux Magistères contraires. En même temps qu'elle est toujours prête à croire en un débat permanent avec des fonctionnaires romains obstinés, elle utilise la manière forte envers ceux qui résistent à cette mauvaise réconciliation.

Nous devons attendre que Notre-Dame convertisse le pape et lui inspire de consacrer la Russie à son Cœur Immaculé, en union avec tous les évêques et nous devons persévérer dans la charité de la vérité et la vérité de la charité, organisée en un corps uni de prêtres fidèle à la position toujours maintenue par Mgr Lefebvre. »

Fr. Joseph Pfeiffer, Fr Ronald J. Ringrose, Fr Richard Voigt, Fr David Hewko, l’abbé François Chazal.

Nous avons ensuite élu l’abbé Pfeiffer comme «
patron», pour deux ans, parce qu'il n'y a pas assez d'Indiens pour ce chef indien. L'élection d'un Supérieur général, de deux assistants, d’un économe général et secrétaire général serait tout à fait ridicule, à ce stade, car nous sommes loin d'être ne serait-ce que cinquante, mais nous reconnaissons aussi Mgr Fellay comme étant notre supérieur légitime (rappelez-vous, il n'a pas signé d' accord avec la nouvelle Rome), même si, comme dans le cas de Benoît XVI, nous lui refusons obéissance pour des motifs de foi jusqu'à ce que cette crise soit terminée.

Ainsi, notre nom reste le même, la FSSPX. Nous sommes conscients du fait que le glissement doctrinal d’aujourd'hui met en danger nos engagements, nos promesses et nos serments, en particulier notre serment antimoderniste, comme l’abbé Koller l’a si bien dit dans son sermon. Nous nous attendons à ce que des avocats soient lâchés contre nous à un moment donné, mais dans le pire des cas, ils pourraient être en mesure de nous renommer FSSPX déchaussée, de stricte observance, parce que notre scission est une scission au sein du même ordre, comme cela s'est produit à plusieurs reprises au cours de l'histoire de l'Église. Nous ne créons pas un nouvel engin, une société de saint Pie XXIII, ou un autre vague institut. Tout ceci pour insister sur l’idée que nous n'avons pas changé le message, tandis que la ligne officielle de la FSSPX a changé.


Ensuite, nous avons mis en place une base à «Notre-Dame du Mont Carmel, 1730 N Stillwell road, Boston, Kentucky 40107, Etats-Unis, avec un ou des prêtres résidents permanent(s).Puis, nous avons mis en place une structure bancaire pour recevoir un soutien financier. Nous espérons commencer une petite école là-bas et créer nos propres sites Internet pour compléter le bon travail de "Truetrad" et d'autres sites. Si nous le pouvons, nous allons lancer un bulletin papier et marcher sur la lune, mais ne regardons pas trop loin.


Je comprends pourquoi certains supérieurs de la FSSPX nous poursuivent de leurs foudres car il semble vraiment que nous sapions la Fraternité, alors qu'en fait nous nous organisons simplement, avec comme claire perspective, l'expulsion. Lorsque Mgr Fellay m'a dit que nous n’allions pas faire long feu, j'ai répondu : «
Eh bien, Monseigneur, nous recevrons tous les prêtres que vous nous ferez parvenir ». Il est dommage de voir un prêtre jeté hors de sa congrégation sans aucune bonne raison et finir ses jours dans l'isolement.

Grâce au dernier rétropédalage, la crise est apparemment évitée, mais que se passera-t-il si Menzingen revient de nouveau sur ses pas, comme cela s’est passé plusieurs fois auparavant ? Nous voulons juste être le petit morceau de fer qui bloque la pédale. Et si Mgr Williamson se retrouvait expulsé? Où irait-il ? Et les prêtres qui le suivront ... finiront-ils dans l'isolement ? C'est une bonne chose si Mgr Williamson conserve toutes les options possibles, reçoit une aide de l'extérieur pour forcer Menzingen à le maintenir, en lui donnant un avant-goût de ce qu'est un évêque FSSPX en liberté. Pour l'instant nous sommes juste une vingtaine de prêtres dispersés, c'est-à-dire pas grand-chose, mais nous savons avec certitude que Menzingen ne veut pas que ce petit bourgeon fleurisse.


En temps normal, il est préférable que les 4 évêques restent unis, dans le cas d'une nouvelle crise, car les trois pourraient ainsi contrecarrer l'un d’entre eux comme ils l'ont fait de manière efficace.


Quant aux fidèles, maintenant qu’ils sont avertis de la situation, nous nous limiterons à ceux qui nous appellent à l'aide et nous fournirons à tous les autres une information permanente qui dit les choses clairement. D'abord les Juifs, puis les Gentils, d'abord nous irons chercher les petits restes dans la foule de la FSSPX, et ensuite nous irons pêcher tous les autres hommes.


Pour être bien compris, notre combat doit être décrit comme analogue à une lutte ; c’est une bataille, sous de nombreux angles. C'est aussi comme une attaque échelonnée, parce que tous les prêtres et les fidèles ne réalisent pas le mal actuel, en même temps, pas plus qu'ils ne choisissent de prendre une position publique en même temps.


Une fois de plus, nous ne sommes pas les sauveurs de la FSSPX, mais j'espère que vous comprendrez que nous jouons un petit rôle sur un plan plus large, car la résistance à la réconciliation a des aspects et des formes variées : de la Mère Anne-Marie Simoulin qui menace de recommencer à zéro et qui réprimande son propre frère, l’abbé Simoulin, à Dom Thomas d'Aquin au Brésil qui dirige des groupes de fidèles, tout comme nous, jusqu’aux nombreux bons prêtres qui résistent en France, à quelques religieuses héroïques qui se montrent disposées à subir la persécution de leur communauté, au Dr David Allen White, qui n’approuvera pas de bêtises ... la liste est assez longue et consolante.  


Si Menzingen reste sur sa marche arrière d'aujourd'hui, la crise va perdre de son urgence, il sera plus difficile pour nous d'expliquer notre position aux fidèles et de persuader un grand nombre de prêtres de rejoindre notre mouvement ... mais cette crise ne sera pas terminée, car nous avons des signes clairs que la Bête reste en vie.  


LE TOUR DE FRANCE (La France résistante)
Tandis que le Father Joe a passé beaucoup de temps aux États-Unis, a réussi à rafistoler un groupe de prêtres, j'ai pu passer trois semaines pour faire une « tournée des popotes de la résistance » ou un check-up des habitudes culinaires des endroits qui résistent au changement de doctrine de la FSSPX. La plupart des prêtres sont au courant de l'évolution de la doctrine au sommet, et parce que le district est grand, l'attitude des prêtres libéraux est plus facile à remarquer. Voici quelques exemples de lettres et conversations que j'ai reçus : au Pointet, les religieuses louent Benoît XVI devant les petits enfants, un prêtre en Bretagne appelle Jean-Paul II un saint, les mystères lumineux du Rosaire sont inclus dans un livre de chansons nouvellement édité dans une de nos écoles, un directeur de séminaire a inséré des citations de Benoît XVI dans son dernier livre sur la famille, et je viens d'entendre que l’abbé Toulza a été forcé, je crois, de mettre un texte dans Fideliter, défendant Mgr Müller...

Ces choses-là ne seraient jamais arrivées auparavant.  

Nous venons de perdre un prêtre en Corse qui est retourné directement au diocèse et deux moines ont quitté l'abbaye bénédictine de Bellaigue parce qu'ils sont en faveur de l'accord. En Allemagne, sur un total de 40 prêtres, 10 sont contre un accord, alors que tous les autres sont pour, à des degrés divers. Les fidèles libéraux critiquent Mgr Tissier ou les prêtres ayant leur franc-parler comme l’abbé Beauvais. M. l’abbé de Cacqueray est plus difficile à cerner, parce qu'il est l'un de ces rares prêtres capables de garder leur district uni, grâce à leur autorité naturelle et leur piété.


En date du 14 Août, je ne savais pas où était ma nouvelle affectation. L’abbé Toulza m'a dit que ce serait Reims, un bel endroit historique au cœur des champs de bataille de la 1re guerre mondiale. J'ai été heureux de voir l’abbé Toulza signer un contrat de publication de 2000 exemplaires de mon livre sur le Christ-Roi, "La Cité Oubliée". Cette joie fut de courte durée car trois semaines plus tard, ce livre sur la doctrine sociale de l'Eglise fut interdit par Mgr Fellay, non pas pour son contenu, j'espère, mais pour le nom de son auteur. Une maison indépendante appelée DPF doit l'imprimer l'année prochaine. Le Dr Chojnowsky est actuellement en train de le traduire en américain. (S'il vous plaît, notez bien que je suis un prêtre paresseux, c'est maintenant officiel).  

Il faut s'attendre à ce que la question de mon affectation soit ressortie par mes adversaires, malgré le fait que l’abbé Couture reconnaît, même par écrit, que j'ai toujours obéi avant. Mgr Fellay m'a remercié pour mes 16 ans d'obéissance indéniables, mais pas pour ce qui lui paraît être ma désobéissance de l’année 2012.


En modifiant la doctrine, Mgr Fellay a perdu son autorité que j'ai vue sombrer, de mon poste à Manille ; c'est là où j'étais, quand la crise a commencé et c’est à partir de là que je vais commencer à résister. La question pour moi est que le changement de doctrine dans la FSSPX est si grave qu'il doit être exposé, c'est-à-dire qu’il faut prêcher contre… Mais il est impossible de prêcher la vérité si l'on est réduit au silence. C'est pourquoi j'ai demandé à l’abbé Girod si je pouvais être admis à prêcher contre les erreurs de Mgr Fellay en chaire. Sa réponse fut : « Personne ne prêche contre son patron dans une entreprise » et j'ai répondu «...à moins que l’entreprise ne coule ». De plus, il m'a dit que le dimanche, je serais affecté à la chapelle de Troyes, qui compte une trentaine de personnes. En France, on appelle cela "un placard". Non seulement cela, mais ce prieuré est un prieuré de trois prêtres qui s'occupent de moins de 200 fidèles, car la chapelle de Joinville a été enlevée à leur responsabilité. Puis je me suis dit : la France n'est pas mon territoire, si je m'embarque pour dénoncer Menzingen, je vais mettre dans l'embarras l’abbé de Cacqueray qui est si gentil avec moi et je vais le forcer à me condamner, et les fidèles voyant à quel point je suis condamné par les canaux officiels de la FSSPX ne seront pas en mesure de s’y retrouver eux-mêmes. En Asie, là où les fidèles entendent l’abbé Couture dire à quel point je suis méchant, il est plus facile pour les fidèles de faire la part des choses car ils me connaissent depuis dix ans, ils peuvent savoir par eux-mêmes que je suis même 40 fois plus méchant que l’abbé Couture ne me fait. En France, il y a aussi assez d’anti-libéraux pour mener à bien la lutte, tandis que les fidèles d'Asie, plus récents dans le mouvement traditionnel et moins bien desservis par une Fraternité surchargée en Asie, sont plus vulnérables aux erreurs et aux mensonges. Ils ont davantage besoin d'aide, mais dans l'ensemble c'est surtout une question d'impact. J'ai dit à plusieurs reprises à mes confrères français : vous n'avez pas besoin de moi ici pour saisir l’occasion, je suis encore jeune et aucunement en position de vous guider et de vous dire ce qu'il faut faire. Vous avez vos propres dirigeants, allez les chercher, comme le paysan qui est allé chercher La Rochejaquelein pendant la guerre de Vendée.

Retour en Asie
« Ça va foirer », « Ça va faire pschitt », m'a dit l’abbé Nély à Menzingen ; et l’abbé Pfeiffer est entièrement d’accord : « En théorie, nous sommes totalement grillés, et notre principal obstacle est la peur qu’ont les fidèles d'être expulsés, d’avoir les sacrements refusés, les écoles interdites, etc. Et le second obstacle est la confusion ; ils nous disent : « Père, qu'est-ce qui se passe ? » Ils mendient les informations sur ce qui se passe ; les voies officielles ne leur disent rien. À moins d'un miracle, nous devrions nous essouffler, un prêtre nous a dit : « nous sommes juste un feu de paille ». Nous n'avons même pas les fonds pour voyager en Amérique pour voir les gens qui veulent nous voir. Nous n'étions pas payés avant en Asie, et maintenant nous comptons davantage sur la générosité spontanée des fidèles. Beaucoup de gens que nous ne connaissons pas nous donnent un soutien, ce qui prouve qu’il y a un problème. Ils ne font pas cela par amour personnel pour nous.

De petits groupes ont fait leur apparition partout, appelant à l'aide et nous offrant leur aide. En un endroit, nous avons repris la chapelle entière, dans d'autres endroits, nous trouvons un petit groupe. Il n'est pas facile de nous chasser de lieux qui n'appartiennent pas à la Fraternité, ce qui me fait mieux comprendre pourquoi Menzingen a voulu si catégoriquement centraliser toutes les propriétés ces dernières années.


Pendant ce temps, nous restons sous le feu des positions officielles bien arrêtées de la FSSPX. Elles ont un but stratégique, notre silence, et elles ne cessent de nous étiqueter comme désobéissants, non surnaturels, sédévacantistes pratiques, colporteurs de chaos, pamphlétaires, falsificateurs de citations, calomniateurs, briseurs de paix et rebelles engendrant des divisions. On dit aux prêtres, aux frères et aux fidèles de jeûner à notre passage, les gens ne devraient pas nous parler, les frères ne devraient pas nous parler, nous avons été expulsés de la table commune à Manille, je n’ai pu obtenir la permission d’assembler des navires en plastique dans la bibliothèque, nous ne pouvions célébrer des messes privées à aucun moment sur les autels latéraux, même à trois heures du matin, ni utiliser le téléphone, les ordinateurs, les photocopieuses, etc. On a dit aux prêtres de Manille de ne pas nous accorder l'absolution. Je l’ai découvert en allant me confesser à l'un d'eux et je lui demandai pourquoi : « Je connais le pénitent » fut sa réponse. J'ai alors demandé à l’abbé Couture, qui nous a dit qu'il ne peut pas répondre à la question alors qu’un autre prêtre nous a informés qu’on lui avait dit que l'absolution de nos péchés est en fait réservée à Menzingen.


Nous avons senti qu’en restant plus longtemps à Manille, nous amassions des charbons sur leur tête. Nous avions fait toutes les déclarations publiques possibles, y compris une messe dans la rue ; il était temps de passer à autre chose.


Les annonces publiques sont mises sur les sites Internet de l'Asie et de l'Amérique, et sont lues en chaire. Des descriptions intéressantes de moi sont faites au Japon. Des groupes de personnes sont envoyées pour faire échouer certaines réunions que nous organisons, ce qui rend le débat plus animé et intéressant, je crois.


Optimistes, nous avons pris tous ces traitements avec détachement et avec bonne humeur, la plupart du temps, mais notez bien, mon cher lecteur, qu'aucune de ces contre-attaques publiques n’allèrent au fond du problème qui est doctrinal. Par conséquent,

"Laissez-nous sortir de Jérusalem avec le Christ,
Portant son opprobre. "(
Hébreux)