28 février 2013

[lasapiniere.info] Lettre à Mgr Fellay


A Mgr Fellay

Excellence,

Comme vous l’écriviez récemment « les liens qui nous unissent sont essentiellement surnaturels ». Cependant, vous preniez soin de nous rappeler, à juste titre, que les exigences de la nature ne doivent pas être oubliées pour autant. « La grâce ne détruit pas la nature ». Parmi ces exigences, il y a la véracité. Or nous sommes bien obligés de constater qu’une partie des problèmes auxquels nous avons été confrontés ces derniers mois viennent d’un manquement grave à cette vertu.

Il y a dix ans, vous disiez comme Mgr Tissier de Mallerais:
    « Jamais je n’accepterai de dire : “Dans le concile, si on interprète bien, oui peut-être quand même, qu’on pourrait le faire correspondre avec la Tradition, on pourrait trouver un sens acceptable.” Jamais je n’accepterai de dire ça. Ça serait un mensonge, il n’est pas permis de dire un mensonge, même s’il s’agissait de sauver l’Église. »(Gastines, 16 septembre 2012)
Mais depuis vous avez changé au point d’écrire :
    « L’entière Tradition de la foi catholique doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II, lequel à son tour éclaire certains aspects de la vie et de la doctrine de l’Église, implicitement présents en elle, non encore formulés. Les affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition entière. » (St-Joseph-des-Carmes, 5 juin 2012)
A Brignoles, en mai 2012, vous avez parlé de ce document qui « convenait à Rome » mais qu’il « faudra expliquer chez nous parce qu’il y a des déclarations qui sont tellement sur la ligne de crête que si vous êtes mal tourné ou selon que vous mettez des lunettes noires ou roses, vous les voyez comme ceci ou cela ». Depuis, vous vous êtes justifié de la manière suivante :
    « Si nous pouvons accepter d’être « condamnés » pour notre rejet du modernisme (qui est vrai), nous ne pouvons accepter de l’être parce que nous adhérions aux thèses sédévancan-tistes (ce qui est faux), c’est ce qui m’a conduit à rédiger un texte « minimaliste » qui ne prenait en compte qu’une seule des deux données et qui, de ce fait, a pu prêter à confusion chez nous. » (Cor Unum 102)
    « Ce texte, évidemment, quand je l’ai écrit, je pensais qu’il était suffisamment clair, que j’avais réussi suffisamment à éviter les… – comment est-ce qu’on dit ? – les ambiguïtés. Mais force…, disons les faits sont-là, je suis bien obligé de voir que ce texte était devenu un texte qui nous divisait, nous dans la Fraternité. Ce texte bien évidemment je le retire. » (Ecône 7 septembre 2012)
Vous êtes donc un incompris qui, par condescendance, retirez un texte très délicat que des esprits étroits ont été incapables de comprendre. Cette version des faits est habile mais est-elle juste ? Retirer un document et rétracter une erreur doctrinale ne sont pas formellement la même chose. De plus, invoquer les « thèses sédévancantistes » pour justifier ce document « minimaliste » qui « convenait à Rome » semble fort déplacé quand dans le même temps, et depuis plus de treize années, vous autorisez un confrère à ne plus citer le nom du pape au canon après lui avoir confié que vous compreniez son choix devant la scandaleuse signature d’un document commun entre Catholiques et Protestants.

Mgr Tissier de Mallerais confiait à un confrère que cette « Lettre du 14 avril » ne devrait jamais être publiée, car, selon lui, vous seriez « définitivement discrédité et probablement contraint à la démission. » Ce qui confirme l’avertissement charitable de Mgr Williamson : « pour la gloire de Dieu, pour le salut des âmes, pour la paix intérieure de la Fraternité et pour votre propre salut éternel, vous feriez mieux de démissionner vous-même comme Supérieur Général, que de m’exclure. » (Londres, le 19 octobre 2012), Pourtant, vous avez pris cela pour une provocation ouverte et publique.
 
Mais quand Mgr de Galarreta déclare, le 13 octobre 2012 à Villepreux, cette phrase incroyable qu’on peut entendre mais non lire car la transcription en ligne de La Porte Latine l’a omise : « Il est presque impossible que la majorité des Supérieurs de la Fraternité – après discussion franche, analyse à fond de tous les aspects, de tous les tenants et aboutissants –, il est impensable que la majorité se trompe dans une matière prudentielle. Et si cela par hasard, par un impossible arrive et bien tant pis de toute façon on va faire ce que la majorité pense» , à Menzingen, le Secrétaire Général, l’abbé Thouvenot, a écrit qu’il « exposait avec recul et élévation les événements de juin dernier».

Comment la Fraternité a-t-elle pu tomber si bas ? Mgr Lefebvre, lui, écrivait : « Au jour du jugement, Dieu nous demandera si nous avons été fidèles et non si nous avons obéi à des autorités infidèles. L’obéissance est une vertu relative à la Vérité et au Bien. Ce n’est plus une vertu mais un vice si elle se soumet à l’erreur et au mal. » (Mgr Lefebvre, Lettre du 9 août 1986), Et l’abbé Berto, lui, écrivait en 1963 : « on doit voir plus loin que le bout de son nez, et ne pas se figurer qu’on a droit au Saint-Esprit comme ça sur commande, du moment qu’on est en Concile».
 

Lors de la conférence du 9 novembre 2012 à Paris, un prieur vous a demandé : « à la sortie de la retraite sacerdotale deux confrères m’ont accusé d’être en révolte contre votre autorité parce que je manifestais de la satisfaction au sujet du texte de l’abbé de Caqueray contre Assise III. Qu’en est-il ? » Votre réponse fut : « J’ignorais qu’il y avait des choses pareilles dans la Fraternité. C’est moi qui ai demandé cette déclaration. D’ailleurs elle a été publiée avec mon autorisation. Je suis tout à fait d’accord avec l’abbé de Cacqueray. » Or pendant la retraite des sœurs à Ruffec, vous avez confié à six confrères que vous n’étiez pas d’accord avec le texte de l’abbé de Cacqueray. Vous vous êtes d’ailleurs plaint à lui des reproches que le cardinal Levada, pendant 20mn, vous avait fait à ce sujet. Si vous lui avez donné l’autorisation de la publication c’était, expliquiez-vous, pour ne pas paraître partial… mais que personnellement vous désapprouviez le contenu que vous jugiez excessif. Qui donc, Monseigneur, utilise des moyens « foncièrement subversifs » ? Qui donc est révolutionnaire ? Qui nuit au bien commun de notre société?

Le 9 novembre 2012 à Paris, nous avons entendu un confrère vous demander : « Je fais partie de ceux qui ont perdu confiance! Combien y a-t-il de lignes de conduite dans la Fraternité maintenant… » Vous avez répondu : « C’est une grave blessure. Nous avons subi une grave épreuve. Il faudra du temps. » Devant cette réponse fuyante, un autre prieur vous a demandé alors : « Récusez-vous votre réponse à vos trois confrères évêques… » Votre réponse fut encore floue : « Oui, quand je la relis, il me semble qu’il y a quelques petites erreurs. Mais en fait pour vous aider à comprendre, sachez que cette lettre n’est pas une réponse à leur courrier, mais à des difficultés que j’avais eues avec chacun d’entre eux séparément. J’ai beaucoup d’estime pour Mgr Williamson, même de l’admiration, il a des coups de génies dans la lutte contre Vatican II, c’est une grosse perte pour la Fraternité et elle arrive au pire moment… » Mais qui donc est responsable de son exclusion ? En privé, vous dites beaucoup de choses : « j’étais en guerre », « Rome ment »…, mais vous n’avez jamais publié le moindre Communiqué officiel pour dénoncer ces prétendus mensonges. Pire, récemment, à propos de l’ultimatum du 22 février, vous avez cautionné officiellement le mensonge du Vatican.

Votre langage est devenu interminablement confus. Cette manière ambiguë de s’exprimer n’est pas louable comme l’écrivait le Père Calmel : « J’ai toujours eu en horreur les expressions molles ou fuyantes, qui peuvent être tirées dans tous les sens, auxquelles chacun peut faire dire ce qu’il veut. Et elles me sont d’autant plus en horreur qu’elles se couvrent d’autorités ecclésiastiques. Surtout ces expressions me paraissent une injure directe à celui qui a dit : « Je suis la Vérité… Vous êtes la lumière du monde…. Que votre parole soit oui si c’est oui, non si c’est non… »
 

Monseigneur, vous et vos Assistants avez été capables de dire tout et son contraire sans peur du ridicule.

L’abbé Nély, en avril 2012, de passage à Toulouse déclarait à une douzaine de confrères que « si les relations doctrinales avec Rome ont échoué c’est parce que nos théologiens ont été trop rentre-dedans » mais il disait à l’un de ces théologiens: « Vous auriez pu être plus incisif. »
 

Vous-même, le 9 novembre 2012, vous nous avez affirmé : « Je vais vous faire rire, mais je pense vraiment que nous, les quatre évêques, nous sommes du même avis. » Alors que six mois auparavant vous leur écriviez : « à la question cruciale entre toutes, celle de la possibilité de survivre dans les conditions d’une reconnaissance de la Fraternité par Rome, nous n’arrivons pas à la même conclusion que vous. »
 

Dans la même conférence de retraite à Ecône, vous déclarez : « Je vous avoue que je n’ai pas estimé aller contre le chapitre [de 2006] en faisant ce que j’ai fait. » Puis quelques instants après au sujet du Chapitre de 2012 : « si c’est le Chapitre qui traite, c’est une loi qui vaut jusqu’au prochain Chapitre. » Quand on sait qu’en mars 2012, sans attendre le prochain Chapitre, vous avez détruit la loi de celui de 2006 (pas d’accord pratique sans solution doctrinale), on s’interroge sur la sincérité du propos.

Un de vos confères dans l’épiscopat à Villepreux nous invitait à « ne pas dramatiser. Le drame serait d’abandonner la Foi. Il ne faut pas demander une perfection qui n’est pas de ce monde. Il ne faut pas pinailler sur ces questions. Il faut voir si l’essentiel est là ou non. »
 

Il est vrai, vous n’êtes pas devenu mahométan (1er commandement), vous n’avez pas pris femme (6e commandement), vous avez simplement malmené la réalité (8e commandement). Mais l’essentiel est-il toujours là quand les ambiguïtés touchent au combat de la foi ? Personne ne vous demande une perfection qui n’est pas de ce monde. On peut bien concevoir qu’on se trompe devant le mystère d’iniquité, puisque même les élus pourraient être trompés, mais personne ne peut accepter un langage double. Certes, la grande apostasie, prédite par l’Écriture, ne peut que nous troubler. Qui peut prétendre être indemne des pièges du diable ? Mais pourquoi nous avoir trompés ? A tout péché miséricorde, bien sûr. Mais où sont les actes qui manifestent la conscience, le regret et la réparation des erreurs ?

Vous avez dit devant les prieurs de France : « je suis fatigué des querelles de mots ». Là est peut-être le problème. Qui vous empêche d’aller vous reposer à Montgardin et d’y goûter les joies de la vie cachée ? Rome a toujours utilisé un langage clair. Mgr Lefebvre également. Vous aussi par le passé. Mais aujourd’hui, vous entretenez une confusion en identifiant indûment “l’Eglise catholique, la Rome éternelle” et “l’Eglise officielle, la Rome moderniste et conciliaire”. Or, en aucun cas, vous ne pouvez changer la nature de notre combat. Si vous ne voulez plus accomplir cette mission, vous devez, ainsi que vos Assistants, renoncer à la charge que la Fraternité vous a confiée.

En effet, l’abbé Pfluger dit publiquement souffrir de l’irrégularité canonique de la Fraternité. Il a confié à un confrère en juin 2012 « avoir été ébranlé par les discussions doctrinales ». En sortant de sa conférence à Saint Joseph des Carmes, il disait de manière méprisante à qui voulait l’entendre : « Dire qu’il y en a encore qui ne comprennent pas qu’il faut signer ! » Le 29 avril 2012 à Hattersheim, après avoir avoué que « les événements passés ont prouvé que les différences concernant la question doctrinale ne peuvent être comblées », il faisait par de sa crainte « de nouvelles excommunications ». Mais comment peut-on craindre l’excommunication de modernistes déjà excommuniés par l’Eglise ?

L’abbé Nély à l’occasion d’un repas pour les bienfaiteurs à Suresnes annonçant que « le Pape avait mis un terme au rapport avec la Fraternité en demandant la reconnaissance de la Messe et de Vatican II… » rajoutait que « Mgr Felay était sur son petit nuage, il était impossible de l’en faire redescendre ». Mais l’abbé Nély n’a-t-il pas lui aussi signé la monstrueuse lettre aux trois évêques ? N’a-t-il pas été lui aussi « sur son petit nuage » quand, de passage à Fanjeaux, il déclara à la Supérieure Générale inquiète au sujet d’un ultimatum de Rome : « Non rassurez-vous, tout va bien avec Rome, leurs canonistes nous aident à préparer les statuts de la prélature… »
 

Pouvez-vous dire, en conscience que Vous et vos Assistants avez assumé vos responsabilités ? Après tant de propos contradictoires et néfastes comment prétendre encore gouverner ? Qui a nuit à l’autorité du Supérieur Général, si ce n’est vous-même et vos Assistants ? Comment prétendre nous parler justice après l’avoir lésée ? « Quelle vérité peut sortir de la bouche du menteur ? » (Eccli. 34, 4). Qui a semé la zizanie ? Qui a été subversif en usant du mensonge ? Qui a scandalisé prêtres et fidèles ? Qui a mutilé la Fraternité en diminuant sa force épiscopale ? Que peut bien être une charité sans l’honneur et la justice?

Nous savons que l’on nous reprochera de ne pas respecter les formes en vous écrivant ainsi publiquement. Notre réponse sera alors celle du Père de Foucauld au Général Laperrine : « J’avais cru en entrant dans la vie religieuse que j’aurais surtout à conseiller la douceur et l’humilité ; avec le temps, je crois que ce qui manque le plus souvent, c’est la dignité et la fierté. » (Lettre du 6 déc. 1915). Et à quoi bon vous écrire en privée quand on sait qu’un confrère courageux et lucide a du attendre quatre ans pour avoir un courrier de vous et ce fut non pour y lire des réponses mais des injures. Quand un Supérieur de District attend toujours l’accusé de réception de sa lettre de dix-sept pages envoyée à la Maison Générale, il semble que Menzingen n’a plus d’autre argument que le volontarisme : « sic volo, sic iubeo, sit pro ratione voluntas».
 

Monseigneur, ce que nous vivons en ce moment est odieux. La droiture évangélique a été perdue : Est est, non, non. Le Chapitre de 2012 n’a en rien clarifié la situation. L’abbé Faure, un capitulant, nous a récemment mis en garde publiquement contre « les lettres et déclarations des actuels supérieurs de la Fraternité ces derniers mois » ? Un autre capitulant a confié à un confrère : « Il faut reconnaître que le Chapitre a échoué. Aujourd’hui c’est OK pour une Fraternité libre dans l’Eglise conciliaire. J’ai été catastrophé par le niveau de réflexion de certains capitulants.»
 

Vos interventions et celles de vos Assistants sont troubles et laissent croire que vous n’avez opéré qu’un simple recul stratégique.

Fin 2011, un Assistant avec un confrère ‘‘accordiste’’ avaient cherché à estimer le nombre de prêtres, en France, qui refuseraient un accord avec Rome. Leur résultat : sept. Menzingen était rassuré. En mars 2012, vous avez confié que M. Guenois du Figaro était un journaliste très bien informé et que sa vision des choses était juste. Or son article disait : « Qu’on le veuille ou non, le pape et Mgr Fellay veulent un accord non doctrinal mais ecclésial ». En mai 2012, vous avez confié aux Supérieurs des bénédictins, des dominicains et des capucins : « On sait qu’il y aura de la casse, mais on ira jusqu’au bout ». En juin l’accord ecclésial fut impossible. Pourtant, en octobre 2012, de passage au prieuré de Bruxelles, des prêtres diocésains, invités par l’abbé Wailliez, vous ont manifesté leur souhait de voir un accord entre Rome et la Fraternité. Vous les avez rassurés par ces mots : « oui, oui, ça va se faire bientôt » ? C’était trois mois après le chapitre de juillet.
 
Monseigneur, vous avez le devoir en justice de dire la vérité, de réparer les mensonges et de rétracter les erreurs. Faites-le et tout rentrera dans l’ordre. Vous savez comment André Avellin, au XVIe siècle, est devenu un grand saint après avoir eu honte d’un mensonge qu’il avait commis par faiblesse. Nous voulons simplement que vous deveniez un grand saint.

Excellence, nous ne voulons pas que l’Histoire retienne de vous que vous êtes l’homme qui avez défiguré et mutilé la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

Soyez assuré, Excellence,  de notre totale fidélité à l’œuvre de Mgr Lefebvre,

Le 28 février 2013,
Trente-sept prêtres du District de France

[SPO] Au revoir Très Saint-Père et… merci

SOURCE - SPO -

Sur le site du pèlerinage Summorum Pontificum, une belle initiative pour dire au revoir au pape Benoît XVI. A signer et à faire circuler.
Très Saint-Père,

nous nous adressons filialement à Votre Sainteté pour lui exprimer tout spécialement notre profonde gratitude pour ses enseignements et son exemple dans un domaine que son magistère a fait ressortir comme élément central de la vie de l’Eglise : la liturgie.

Merci, Votre Sainteté, de nous avoir enseigné que « la liturgie n’est pas une sorte d’ “auto-manifestation” d’une communauté, mais qu’elle est en revanche une manière de sortir du simple “être-soi-même”, être enfermés en soi-même », insistant sur le fait que « la liturgie implique universalité et que ce caractère universel doit entrer toujours à nouveau dans la conscience de tous ».

Pareillement, Votre Sainteté a affirmé que « chaque jour doit croître en nous la conviction que la liturgie n’est pas notre “action”, mon “action”, mais l’action de Dieu en nous et avec nous ». Et comme « ce n’est pas l’individu — prêtre ou fidèle — ou le groupe qui célèbre la liturgie, mais qu’elle est avant tout action de Dieu à travers l’Église », Votre Sainteté nous a rappelé que « cette universalité et ouverture fondamentale, qui est propre à toute la liturgie, est l’une des raisons pour laquelle elle ne peut pas être conçue ou modifiée par une communauté singulière ou par des experts, mais elle doit être fidèle aux formes de l’Église universelle… elle est par sa nature catholique, elle provient du tout et conduit au tout, en unité avec le Pape, avec les évêques, avec les croyants de toutes les époques et de tous les lieux ».

Votre Sainteté nous a encouragés aussi à demander au Seigneur « de nous enseigner chaque jour à vivre la sainte liturgie, en particulier la célébration eucharistique, en priant dans le “nous” de l’Eglise, qui porte son regard non pas sur elle-même, mais sur Dieu et en sentant que nous sommes une partie de l’Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps ».

Ces principes fondamentaux, éloquemment synthétisés lors de vos récentes catéchèses des mercredis ont connu une application concrète dans la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum. La législation qu’il contient a eu pour principale conséquence précisément de nous avoir fait sentir « partie de l’Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps».
… la suite  à lire et à signer ICI.

27 février 2013

[Hermine - Fecit] L'Art et la manière...

SOURCE - Hermine - Fecit - 27 février 2013

Il est évident que notre devoir de chrétien est d’approfondir notre foi, de la renforcer et de l’étayer. Ce travail indispensable n’est pas compatible avec la critique systématique de l’autorité légitime. D’autant qu’elle est totalement improductive. Elle ne sert que l’épiscopat qui dans sa grande majorité est farouchement hostile à la FSSPX et redoute, plus que tout, une régularisation de la situation canonique de celle-ci. Alors si on peut, tant que faire ce peut, éviter de servir la soupe à nos ennemis cela serait astucieux. Puisque dans votre réponse vous évoquiez la lettre de St Pie X à sur Le Sillon, permettez-moi de rebondir : Saint Pie X n’a-t-il pas fait preuve de faiblesse ou de naïveté si j’en crois Amé d’Hérival qui écrit dans Civitas : "Pie X est très clément avec ces fils dont beaucoup sont généreux mais trompés et égarés. Si le Sillon central est frappé, il autorise les Sillons régionaux à continuer s'ils se mettent sous l'autorité de l'évêque au titre d'œuvre diocésaine". La duplicité de Sangnier et la complicité de certains Evêques ont fait le reste. Enfin, sans doute un point de désaccord : Dans le lien que vous avez inséré sur la collégialité au sein de la FSSPX, vous écrivez : "Le mandat dans une congrégation, c’est le Chapitre Général qui le fixe". C’est faux, ce sont les statuts qui au sein de la FSSPX définissent le cadre d’exercice du Mandat confié au Supérieur Général et à ses deux assistants. Or, les statuts de la FSSPX ont été rédigés par Mgr Lefebvre et approuvé en 1971 par l’Evêque de Fribourg. Alors, il en est de la philosophie comme des mathématiques comment conduire un raisonnement juste en partant d’un postulat faux ?

[Austremoine - Fecit] "cet accord n'aurait pas été une bonne chose"

SOURCE - Austremoine - Fecit - 27 février 2013

La non signature de cet accord n'est pas un échec car cet accord n'aurait pas été une bonne chose : il n'aurait rien apporté de plus à l'Eglise, car la situation des ED existe déjà, et il aurait fait explosé en vol la FSSPX qui en prenait le chemin. Cela aurait été un accord de dupe, confus doctrinalement, ce qui est la pire des choses, mais surtout, il aurait abouti à ce que la FSSPX a toujours refusé : se mettre sous l'autorité de personnes qui veulent d'une manière ou d'une autre l'amener à l’acceptation des réformes.

Sur ce point, les autorités romaines, que ce soit le pape lui-même ou ses proches collaborateurs, ne s'en sont jamais caché : le but avoué et poursuivi est l'acceptation du concile et de ses réformes par la FSSPX. Et si les communautés ED ont pu malgré toutes les vexations conserver le trésor traditionnel, c'est parce que la FSSPX était l’échappatoire possible de ces derniers. Mais quand il n'y aura plus d’échappatoire, comment agiront ceux qui ont imposé par autorité la révolution dans l'Eglise ? Ce n'est hélas pas très difficile à deviner...

Par contre ce que Benoit XVI a raté ce n'est pas l'accord, c'est la "régularisation" canonique, car rien ne l'empêchait de donner de façon unilatérale un statut à la FSSPX, sans contrepartie doctrinale. S'il ne l'a pas fait c'est précisément il me semble parce que ce pape croit fermement que le concile Vatican II est la boussole de l'Eglise et doit imprégner l'Eglise entière, et il ne pouvait concevoir une régularisation sans une acceptation au moins partielle et effective à terme du Concile, et il voyait l'intégration de la FSSPX dans la mouvance conciliaire comme le moyen d'en contrebalancer les velléités trop progressistes.

C'est toute l'herméneutique de la réforme.

[Isabelle de Gaulmyn - La Croix] Benoît XVI et la France : une relation assombrie par l’affaire des intégristes

SOURCE - Isabelle de Gaulmyn - La Croix - 27 février 2013

Entamés sous des auspices peu favorables, les rapports du Vatican avec la France se sont améliorés au cours du pontificat, notamment du fait de l’accent mis sur la nécessaire nouvelle évangélisation par Benoît XVI.
Le « modèle » français trouve là toute sa pertinence.
La France, combien de divisions ? À Rome, il faut bien reconnaître que l’Église de France ne pèse plus guère. L’époque où Paul VI faisait appel à une théologie française, encore auréolée de sa participation au concile Vatican II, est un lointain souvenir.
La fille aînée de l’Église est malade : nombre de prêtres, de séminaristes ou de baptêmes en chute libre… Elle renvoie l’image d’un pays non seulement sécularisé, mais hostile à l’idée même de Dieu au nom d’une certaine conception de la laïcité : la France n’est-elle pas celle qui a conduit l’Europe à refuser l’inscription des racines chrétiennes dans sa Constitution ?
Pire, au début du pontificat de Benoît XVI, la France fait figure de « mauvaise élève » de l’Église. Elle symbolise, plus que d’autres pays, aux yeux du pape et de son entourage, l’un des lieux où la réception du concile Vatican II fut la plus contestable. De plus, l’Église de France ne dispose alors guère de relais favorables dans les palais du Vatican, avec la retraite des cardinaux Etchegaray et Poupard.
Les évêques se sentent mis de côté
Reste le cardinal Tauran, qui n’est pas un proche du pape, mais en qui ce dernier a entièrement confiance. À sa manière, élégante et discrète, il va veiller à ce que les ponts ne soient jamais rompus. Mgr Jean-Louis Bruguès le rejoint en 2007, secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, puis archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine.
La relation débute donc dans de mauvaises conditions. Elle va se dégrader avec l’affaire des intégristes. Les évêques ont le sentiment d’être injustement mis de côté dans les tentatives de Benoît XVI pour résoudre le schisme de la Fraternité Saint-Pie-X, mouvement pourtant né en France, et qui y compte encore la majorité de ses membres.
L’affaire de l’Institut du Bon-Pasteur à Bordeaux se dénoue à l’insu de l’archevêque du lieu, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Aucun évêque n’a été prévenu de la publication du motu proprio en juillet 2007 libéralisant la messe en rite tridentin, alors qu’ils se retrouvent au premier rang pour le faire appliquer, et qu’ils doivent endurer la violence des campagnes de certains intégristes.
Benoît XVI connait parfaitement la culture française
La levée de l’excommunication des évêques de la Fraternité Saint-Pie-X porte la tension à son comble : les évêques, alors en conseil permanent, l’apprennent de la bouche de leurs homologues suisses. Ils vont devoir faire devant les médias le « service après-vente », et expliquer une décision qu’ils n’approuvent pas.
La blessure intégriste aura ainsi jeté une ombre, tout au long des huit années, sur les relations entre Benoît XVI et l’Église de France. À chaque fois, ses responsables ont eu le sentiment d’un double discours romain. Même si en 2010 la reprise en main de ce dialogue par la Congrégation pour la doctrine de la foi, à laquelle participe le cardinal Jean-Pierre Ricard, va permettre progressivement de fluidifier les choses.
Entamées sous des auspices peu favorables, les relations entre l’Église de France et Benoît XVI vont cependant progressivement s’améliorer. Benoît XVI, en théologien de sa génération, connaît parfaitement la culture et la langue françaises qu’il apprécie. Les catholiques français ont pu le constater lors de son voyage en France, à ­Paris et Lourdes, en 2008.
le modèle pertinent de « nouvelle évangélisation » à la française
Surtout, les dernières années du pontificat, avec l’accent mis sur la nécessaire « nouvelle évangélisation » par Benoît XVI, le « modèle français » montre toute sa pertinence : de ce côté-ci des Alpes, voilà déjà longtemps que l’Église se sait minoritaire, et, depuis le rapport Dagens de 1994 – « Proposer la foi dans la société actuelle » –, s’est adaptée à ce contexte de sécularisation. Les communautés nouvelles, comme les paroisses, se sont déjà mises dans une attitude de « proposition de la foi » à la société, et ont lancé des initiatives en ce sens.
Le dynamisme des jeunes générations de catholiques français, la multiplication des lieux de formation, la mobilisation des laïcs dans les paroisses, autant d’éléments qui surprennent agréablement Rome, alors que les Églises des autres pays européens sont, à leur tour, touchées par la vague de sécularisation.
À l’automne 2012, les visites ad limina des évêques français à Rome manifestent ce réchauffement. « Face aux difficultés rencontrées, nous ne tenons plus le rôle des mauvais élèves, mais de ceux qui ont rencontré les mêmes difficultés que les autres, avec simplement quelques longueurs d’avance », constate ainsi Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, interrogé par La Croix.
Tout comme est encouragée la manière avec laquelle l’Église de France est parvenue à susciter le débat, à propos du projet de loi sur le mariage homosexuel en janvier 2013.
Isabelle de Gaulmyn

[FSSPX - DICI] Neuvaine pour l’élection du Souverain Pontife du 1er au 9 mars 2013

SOURCE  - FSSPX - DICI - 27 février 2013

En vue de la prochaine convocation du conclave pour l’élection d’un nouveau Souverain Pontife, Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, demande aux prêtres et aux fidèles de solliciter les grâces divines par une neuvaine de prière qui se déroulera du 1er au 9 mars. Cette neuvaine est composée duVeni Creator Spiritus auquel sont ajoutées la collecte de la messe votive pour l’élection d’un Souverain Pontife et trois invocations. Afin de permettre à chacun de s’unir à cette neuvaine dès ce vendredi 1er mars, nous en donnons le texte aujourd’hui.
Veni Creator Spiritus
O Esprit créateur, venez visiter les âmes des fidèles et remplir de la grâce céleste les cœurs que vous avez créés.
Vous êtes appelé le Consolateur, le Don du Dieu Très Haut, la source d’eau vive, le feu, l’amour, l’onction spirituelle.
Versant sur nous vos 7 dons, vous êtes le doigt de la main du Père, promis solennellement par lui aux hommes, vous venez leur apporter la puissance du langage.
Eclairez nos esprits de votre lumière, versez l’amour dans nos cœurs, soutenez la faiblesse de notre corps par votre incessante énergie.
Repoussez l’ennemi loin de nous, hâtez-vous de nous donner la paix, marchez devant nous comme notre chef et nous éviterons tout mal.
Faites-nous connaître le Père et le Fils ; donnez-nous la foi, en vous qui procédez de l’un et de l’autre.
Gloire soit à Dieu le Père, gloire soit au Fils, ressuscité des morts, gloire au Paraclet dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
V/ Envoyez votre Esprit et il se fera une création nouvelle ;
R/ Et vous renouvellerez la face de la terre.
Collecte de la Messe pour l’élection du Souverain Pontife
En toute humilité nous implorons votre immense bonté, Seigneur, de donner à la Sainte Église romaine un Pontife qui toujours vous plaise par son zèle surnaturel envers nous et qui sans cesse s’acquière la vénération de votre peuple par son sage gouvernement. Par Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur.
V/ Cœur douloureux et Immaculé de Marie,
R/ Priez pour nous qui avons recours à vous
V/ Saint Pie V
R/ Priez pour nous.
V/ Saint Pie X
R/ Priez pour nous.

[Dr John Lamont - Angelus Press] Le cardinal Koch et la FSSPX

SOURCE - Dr John Lamont - Angelus Press - version française par Jejomeau - 21 février 2013

[I]

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, a récemment fait les déclarations suivantes au sujet des positions théologiques de la FSSPX:
C'est seulement le groupe des lefebvristes qui n'accepte pas ... le dialogue œcuménique, les relations avec les Juifs et la liberté religieuse ... On doit se demander comment il peut se prétendre catholique ...

Ce sont des points centraux de l'enseignement du Saint-Père, et si [il ya] un groupe qui n'accepte pas un conseil et n'accepte pas un enseignement, il faut se demander comment ils se voient les uns les autres comme catholiques ... C'est le problème fondamental. ( La tablette et le Jewish Daily Forward ).
Le cardinal Koch a également fait une large critique des traditionalistes dans son ensemble:
Les progressistes professent une herméneutique de la discontinuité et de la rupture. Les traditionalistes professent une herméneutique de la continuité pure: seul ce qui est déjà perceptible dans la tradition peut être la doctrine catholique, donc, en pratique, il ne peut y avoir un renouvellement.
Ces critiques des traditionalistes sont souvent faites. Le cardinal Koch a un poste de haut niveau à la curie, et le fait qu'il était l'un des membres du comité du Vatican qui a statué que le préambule doctrinal proposé par la Société Saint Pie X était inacceptable, il est souhaitable de leur offrir une réponse. Comme traditionaliste et théologien moi-même, bien que non affilié à la Fraternité Saint Pie X, je vais essayer de le faire.

On peut distinguer trois principales critiques à son propos:

a) la critique selon laquelle la FSSPX n'est pas catholique, car elle n'accepte pas le Concile Vatican II et les enseignements du pape actuel,

b) la critique que les traditionalistes acceptent une fausse «herméneutique de la continuité pure», et...

c) la critique que ce n'est que la FSSPX qui n'accepte pas le dialogue œcuménique, les relations avec les Juifs, et la liberté religieuse.

Les expressions «Dialogue œcuménique» «relations avec les Juifs» et «liberté religieuse» sont plutôt vagues en elles-mêmes, mais dans le contexte, il est clair que le cardinal Koch use de ces expressions dans le sens où la FSSPX nie qu'elles sont vraies.

la première critique du cardinal Koch semble plausible seulement en raison de son manque de clarté. Certains disent qu'il faut tenir compte du fait qu'il donnait une interview à la presse dans laquelle une définition précise des termes auraient été plus judicieuse, mais même lorsque l'on a accordé le maximum d'indulgence, son affirmation ne peut être théologiquement défendables. Ce qui est nécessaire pour être catholique, c'est de croire et de confesser tous les enseignements de la foi catholique. La Fraternité Saint Pie X fait ceci, et ne peut donc à juste titre s'appeler catholique. Le cardinal Koch soulève des questions sur la catholicité de la FSSPX sur la base des revendications que la société rejette des «points centraux de l'enseignement du Saint-Père», « n'accepte pas un conseil et n'accepte pas un enseignement ". L'expression « points centraux de l'enseignement du Saint-Père »est trop vague. L'enseignement en tant que «central» ... ne suffit pas à en faire une définition infaillible ou une répétition des enseignements infaillibles précédents ! Les «points centraux» que la FSSPX n'acceptent pas n'ont jamais été revendiqué ou établi comme doctrine de la foi, et leur rejet de leur part ne signifient pas qu'ils ne sont pas catholiques.

L'affirmation selon laquelle la FSSPX « n'acceptent pas un conseil et n'acceptent pas un enseignement" souffre d'un manque de précision similaire. Ce n'est pas une doctrine de la foi que de dire que le Concile Vatican II a été un véritable Concile œcuménique, et non un fait dogmatique. Le rejet de la validité du Concile pourrait donc prétendre être incompatible avec le fait d'être catholique. Toutefois, la Fraternité reconnaît que le Concile Vatican II a été un véritable conseil œcuménique. Quant à l'enseignement du concile, la FSSPX accepte tous les enseignements du concile qui, avant le Concile ont été enseignées en tant que doctrine de la foi Or il n'y a pas de nouvelles doctrines qui ont été définis par le Concile, comme on le voit à la fois dans le contenu des documents conciliaires eux-mêmes - qui ne contiennent rien sous la forme d'une définition solennelle - et dans l'affirmation de Paul VI dans son discours de clôture du Concile le 7 Décembre, 1965. Bien que rejetant certains enseignements du Concile, la FSSPX ne rejette pas les enseignements de la foi. Son rejet de ces enseignements ne peuvent donc pas être considéré comme un motif de douter qu'il est catholique.

Il convient d'examiner les débats théologiques sur le niveau d'autorité des enseignements du concile. Fr. Umberto Betti a affirmé que les enseignements de la constitution dogmatique Lumen gentium ont presque atteint le niveau de l'enseignement infaillible[1]. Cette affirmation a été contestée par le père alors Joseph Ratzinger, [2], qui a fait valoir contre l'interprétation de Maître Betti. Même si Betti est correct, cependant, et l'on ignore les difficultés de la notion d'un enseignement étant «pratiquement infaillible», sa demande ne s'applique qu'aux enseignements conciliaires contenues dans les constitutions dogmatiques, il fonde son argumentation avant tout sur ​​l'application du préfixe «dogmatique» de ces constitutions. [3] Les enseignements que Koch mentionne comme étant rejeté par la Fraternité Saint Pie X ne se trouvent pas dans les constitutions dogmatiques du Concile Vatican II, mais dans des décrets ou déclarations du conseil. Nous pouvons inverser l'argument de Fr. Betti et en déduire que, puisque ces enseignements n'ont pas été inclus dans les constitutions dogmatiques du concile, ils ne peuvent pas être considérées comme des déclarations sur le dogme de l'Eglise.

Compte tenu de l'implication du cardinal Koch dans la décision sur l'opportunité ou non d'accorder un statut canonique régulière de la FSSPX, nous devons considérer non seulement la question de savoir si la FSSPX est catholique ou non, mais aussi sur la question de savoir si la FSSPX, tandis que catholique , devraient néanmoins se voir refuser un statut canonique dans l'Église, au motif qu'elle rejette les enseignements qui ne sont pas des dogmes de la foi, mais auxquels la soumission religieuse de l'intelligence et de la foi n'autorisent pas des enseignements magistraux. C'est la vraie question qui se pose en ce qui concerne le statut de la Fraternité Saint Pie X, les questions au sujet d'être de la Société catholique ne sont pas graves.

Une première question qui se pose est de savoir comment un déni de statut canonique de la Fraternité Saint Pie X pour ces motifs peuvent s'insérer dans la pratique actuelle de la discipline de l'Église. Par exemple, la Conférence américaine des évêques catholiques a jugé que Sœur Elizabeth Johnson a enseigné des erreurs dans son livre "quête du Dieu vivant" . Ce jugement indique clairement que ces erreurs sont des démentis des dogmes fondamentaux de la foi catholique. Ces refus, pour lesquels Sr. Johnson a refusé de se rétracter, sont passibles d'excommunication automatique en droit canonique (canon 1364 § 1). Mais, en fait, Johnson Sr. reste non excommuniée, et est toujours un membre en règle des Sœurs de Saint Joseph de Brentwood !! Des cas comme le sien ne sont pas rares; Fr. Hans Kung reste un prêtre catholique en règle aux yeux de l'autorité ecclésiastique, bien qu'il ait rejeté le dogme de l'infaillibilité pontificale défini il y a plus longtemps que 1970. Il n'est pas défendable que ceux qui nient des dogmes de la foi ne soient pas sanctionnés, alors qu'on refuse de régulariser canoniquement la Fraternité Saint Pie X sur la base d'enseignements magistraux prétendument rejetés, lesquels ne sont pas des dogmes de la foi et ne sont pas infailliblement enseigné !

Il existe une règle dans le Canon 1371 § 1 pour punir ceux qui nient les enseignements du magistère authentique qui ne sont pas définis infailliblement. La question cruciale est donc de savoir si oui ou non les positions de la Fraternité Saint Pie X peuvent être jugées punissables en vertu de ce canon. Une évaluation claire et précise des positions de la Société montre que ce n'est pas le cas. Pour comprendre pourquoi, nous devons faire la distinction entre :

1) la position de la FSSPX sur la vérité religieuse, en particulier sur la vérité au sujet de la liberté religieuse, l'œcuménisme et les autres questions sur lesquelles elle est en désaccord avec certains courants des titulaires de charge au Saint-Siège, et :

2) la FSSPX pour qui le Concile Vatican II a enseigné des erreurs sur ces questions.

En ce qui concerne 1)

la Fraternité comprend bien que la fidélité au magistère pontifical ne consiste pas seulement dans la fidélité aux enseignements du pape actuel. Cette fidélité est due à la charge de la papauté elle-même, et non pas à l'individu qu'il détient, et la base de cette fidélité est l'autorité de l'apôtre Pierre, qui existe dans tous les titulaires de la fonction papale. De la même manière, la fidélité à l'ensemble du collège des évêques unis sous le pape est basé sur la fidélité à l'autorité de tous les apôtres, qui se perpétue dans tous les évêques dans toute l'histoire de l'Église agissant à l'unisson sous le pape. Cette autorité de Pierre et les autres apôtres est donc présent dans tous les enseignements du Magistère de l'Eglise, et pas seulement dans ceux de l'actuel pape et des évêques. La fidélité au Magistère du Pape et les évêques nécessite donc l'acceptation de tous les enseignements de tous les papes et les évêques depuis la mort du dernier apôtre. Dans les domaines de ce point n°1, la FSSPX fonde ses positions sur les enseignements infaillibles qui font autorité et parfois sur des documents pontificaux et conciliaires comme Quanta Cura , Dei Filius , Animos Mortalium et d'autres.... Ses «positions ne sont pas des interprétations particulières et douteuse de ces documents", mais les interprétations classiques de ces enseignements, les interprétations qui ont été universellement acceptées à l'époque que les enseignements ont été promulgués, et qui peut être considérée comme correcte à partir d'un examen des débats et préparatifs qui ont conduit à la production de ces documents.[4]

La Société peut donc affirmer que c'est à la suite du magistère de l'Eglise dans la défense de ces positions, et donc que ses positions concernant le point N°1 ne sont pas ouverts à toute objection théologique. Si elles ne sont pas ouvertes à l'objection théologique, ils peuvent encore moins former des motifs de sanction canonique. Pour une position théologique à établir des motifs de la peine canonique, il ne suffit pas pour cela d'être tout simplement dans le faux. Tenir une fausse vision théologique n'est pas en tant que telle une infraction quelle qu'elle soit, comme le montre les désaccords entre les écoles de théologie catholique; au moins un côté dans le cadre de ces différends doit être dans l'erreur, et donc avoir une opinion fausse, mais ces désaccords sont une part légitime de la vie de l'Église. Une position théologique de base, même difficile à concilier avec l'enseignement du magistère ne suffit pas à établir des sanctions canoniques. Une vue théologique ne peut constituer un motif de punition canonique que si c'est un rejet clair et manifeste d'un enseignement magistral. Il est absurde de dire que le maintien d'une compréhension plausible de l'enseignement magistral peut être un tel rejet.

Il n'est donc pas possible pour le cardinal Koch ou d'autres autorités romaines de rejeter cette défense sur la base que ces points de vue ont été rejetés par le Concile Vatican II, et par conséquent qu'il n'est plus permis de les retenir. Un tel rejet est incompatible avec le rejet de l'herméneutique de rupture de Benoît XVI pour ce Concile, que les autorités romaines se sont engagés à respecter. Il importe peu ici que la FSSPX accepte que le Concile Vatican II nie ces enseignements antérieurs, nous ne considérons pas que la position de la Fraternité tient, mais le cardinal Koch et d'autres autorités romaines devraient faire progresser le débat plutôt que d'établir une affaire canonique contre la FSSPX. Si contredire les enseignements magistraux antérieures n'est pas une rupture, alors il n'y a plus rien à dire. Ainsi, si le Concile Vatican II n'est pas compris comme une rupture avec les enseignements précédents, il ne peut être dit que ces enseignements-là (ceux qui sont antérieurs au Concile) soient contraires, et il est permis et même obligatoire d'accepter tous les enseignements précédents du Magistère.

Le cardinal Koch pourrait abandonner le rejet par Benoît XVI d'une herméneutique de la rupture, et prétendre que le Concile Vatican II a en effet nié les enseignements précédents et que par conséquent il n'est pas permis de les faire respecter (aujourd'hui). Mais cette position est intenable pour deux raisons. Une des raisons est que les documents du magistère sur lequel se fonde la Fraternité sont à la fois plus clairs et ont plus d'autorité que les textes conciliaires dont on tiendrait qu'ils les contredisent. Une autre raison est qu'il n'a jamais - depuis plus de 50 ans que le Concile a été tenu - été déclaré officiellement que ses enseignements étaient en contradiction avec les enseignements précédents et qu'ils les remplaçaient... D'ailleurs, il y a de nombreux démentis officiels dans ce cas, en commençant par les documents conciliaires eux-mêmes. Dire que le Concile a aboli les enseignement Magistraux précédents est un rejet radical des 50 dernières années de l'enseignement du magistère, et en tant que tel ne peut pas être invoqué par les autorités romaines.

Certains théologiens ont affirmé que les documents du magistère sur lequel la FSSPX fonde leurs positions sont vraiment des directives pratiques plutôt que des déclarations de fait, ou sont des déclarations sur des circonstances historiques particulières qui ont été obtenu au moment de la promulgation de ces documents plutôt que des énoncés de vérités universelles. Sur la base de cette affirmation, ils font valoir que la FSSPX falsifie réellement la signification de ces documents, exprès, les tenant pour enseigner des vérités universelles plutôt que des vérités qui s'appliquent uniquement à un ensemble spécifique de circonstances historiques. Bien que les conversations doctrinales entre la Fraternité Saint Pie X et le Saint-Siège ont plutôt malheureusement été gardé secret, on a l'impression que cette affirmation est à la base de la preuve produite contre la FSSPX par les théologiens du Saint-Siège.

Il y a deux points à établir en réponse à cette objection.

Le premier point est qu'il ne peut pas servir de requête à la position de la FSSPX, parce que les circonstances dans lesquelles ces documents ont été promulguées sont sensiblement les mêmes que celles d'aujourd'hui: des attaques contre l'Eglise et la foi en un libéralisme agressif et laïque qui se situe dans la continuité de la pensée des Lumières. Il a été affirmé que ces documents ne condamnent pas une forme plus bénigne de libéralisme qui n'était pas en contradiction avec l'Eglise, mais seulement une forme plus hostile au libéralisme ! Cette affirmation n'est pas vrai, en fait. Cette idée d'une forme plus bénigne du libéralisme des Lumières qui pourraient être réconciliée avec l'Eglise, par opposition à une laïcité radicale qui ne le pouvait pas, c'était la position des catholiques libéraux du 19ème siècle. Cette position a été rejetée par les papes du 19ème siècle, elle est explicitement ciblé dans leurs encycliques. Mais même si c'était vrai, il est difficile de voir si cela relève des positions de la FSSPX. La forme prétendument bénigne du libéralisme n'a pas de représentants dans la société ou dans les gouvernements d'aujourd'hui, qui sont dominés par un sécularisme hostile. Il résulte ainsi de la position même de la critique de la FSSPX sur les positions qu'elle maintient, au moins sur la religion et la société, sont celles qui sont en fait adaptés aux circonstances actuelles. La seule erreur de la Société serait de dire que ces doctrines, qui sont des vérités universelles, s'appliquent également à d'autres situations possibles, qui ne ressemblent peu ou pas à la situation réelle. Ce n'est pas une critique sérieuse, et ne constitue pas une base raisonnable pour refuser le statut canonique de la Société.

Le deuxième point est que la demande est manifestement fausse. Les documents du magistère sur lequel la FSSPX fonde leur position définissent d'abord et enseignent les principes fondamentaux qui s'appliquent universellement, puis ils appliquent ces principes aux situations concrètes auxquelles ces documents s'adressent. Ils énoncent clairement l'intention d'enseigner des vérités qui s'appliquent partout et toujours, et qui sont basées sur les attributs essentiels de Dieu, l'homme et l'économie chrétienne du salut. Cela se voit, par exemple, dans l'enseignement de Léon XIII sur la religion et l'Etat, qui enseigne sur la nature essentielle de l'Etat en lui-même; et dans l'enseignement de Pie XI sur l'œcuménisme, qui fait appel à Mortalium Animos (§ 6) et ces indispensables attributs de Dieu, l'homme et l'économie chrétienne. On ne peut demander à Vatican II de changer ces enseignements à partir des vérités universelles des faits qui s'appliquent uniquement à un ensemble particulier de circonstances. Ce Concile n'a pas une telle exigence et n'a pas le pouvoir revendiqué par "Big Brother" de George Orwell, 1984 : le pouvoir de changer le passé !! Les documents du Magistère antérieurs disent ce qu'ils disent, et ne peuvent pas être changé.

Les positions réelles de la FSSPX sur le contenu de l'enseignement catholique, cité dans le point N°1 (voir ci-dessus)sont donc au-delà de la critique, et ne violent aucun canon. En ce qui concerne le point N°2 (itou), concernant le fait que la FSSPX dit que le Concile Vatican II a enseigné l'erreur sur certaines questions : cette revendication n'est pas une affirmation de la foi ni de morale, et elle ne contredit elle-même aucun enseignement magistériel qu'il soit infaillible ou non. Il s'agit simplement d'une affirmation selon laquelle une faible proportion des enseignements faillibles de l'Eglise n'a, en fait, pas à être tenu pour vrai . Cette affirmation ne viole aucune obligation religieuse canonique ou pas , et ses variantes sont communément admise par les théologiens. Etant donné que ni les positions religieuses de la FSSPX, ni ses affirmations au sujet du Concile Vatican II, ne sont pas répréhensibles ou soumis à une peine canonique, il est injuste de refuser la régularisation canonique de la Société sur la base d'entre eux.

[II]

Bien que les revendications de la FSSPX au sujet du Concile Vatican II ne justifient pas des mesures pénales, je crois qu'il y a certaines critiques qui peuvent être faites au regard de la position de la Société vis-à-vis du Concile. La société tend autant à montrer que le Concile contient des erreurs qu'elle tient à dénoncer les erreurs qu'elle croit que le Concile détient. Cela devient de fausses priorités. Après tout, il n'y a aucun profit à accepter que le Concile contienne des erreurs "catholiques" sans apprendre qu'elles étaient ces erreurs; tandis qu'un catholique qui apprend que des erreurs enseignées par le Concile sont à éviter, mais qui ignore que ce Concile les lui a prétendument enseignées, en tire un grand bénéfice de ce fait - et n'est pas vraiment le pire qu'il ignore de telles affirmations du Concile. La manière de répondre à l'enseignement des erreurs du Concile, après tout, est que cet enseignement conduit les catholiques à accepter ces erreurs. Si la Société devait se concentrer sur le maintien de ses positions positives sur la doctrine, elle serait dans une position beaucoup plus forte devant le Saint-Siège et l'Église en général. Plutôt que d'être dans la position de défendre la thèse selon laquelle certains enseignements conciliaires et post-conciliaires sont faux, elle mettrait ses adversaires sur la défensive, en disant: « voici ces enseignements autorisés; tous les catholiques doivent les accepter ". Si ses adversaires ne rejettent pas l'autorité de la doctrine de l'Eglise également, ils doivent accepter ces enseignements, ou bien prétendre que le Concile Vatican II les avait aboli et donc accepter que le Concile n'a fait que rejeter un enseignement précédent. Maintenant que Benoît XVI a officiellement rejeté la dernière position, cette approche par la Société finirait par forcer les catholiques qui ont l'intention d'être fidèle au magistère d'accepter la première.

En outre, l'affirmation selon laquelle le Concile Vatican II a enseigné l'erreur est en fait assez difficile à maintenir si nous regardons de près les paroles de ces documents. Ceux-ci sont souvent formulées de manière si vague que leur signification examinée strictement, dit peu de chose. L'affirmation selon laquelle certains passages des documents conciliaires sont logiquement en contradiction avec les enseignements précédents échappe à la subtilité du problème qu'ils posent. Il n'est presque jamais tout à fait impossible de donner aux documents conciliaires un sens orthodoxe, ce qui permet de rejeter les critiques traditionalistes comme non fondés; mais le fait que naturellement ils proposent des interprétations hétérodoxes, il est facile aussi de les utiliser pour attaquer la foi quand on s'adresse à des publics autres que les traditionalistes. Cela fait d'eux des outils beaucoup plus efficaces pour renverser la doctrine catholique que ce ne serait le cas si ils étaient clairement contredits par les enseignements antérieurs, et ils provoquent ainsi la suspicion et de débat. Dire qu'il est hors de tout doute que le Concile a enseigné le mensonge est donc très difficile à faire, et ceux qui tentent de le faire tombent dans le piège que les documents visent. Attaquer les mensonges que le Concile semble enseigner, d'autre part, permet d'utiliser les documents dans le sens suggéré ci-dessus, en forçant ses adversaires à accepter la doctrine orthodoxe ou de reconnaître que les documents conciliaires rejettent un enseignement précédent.

La subtilité du problème est aggravé par le fait que l'imprécision et l'ambiguïté des documents ne sont pas simplement le résultat d'une stratégie délibérée de tromperie de la part de leurs rédacteurs. Certes, quelques-uns des passages jugés répréhensibles dans les documents conciliaires sont dues à l'influence des modernistes, qui ont sciemment entretenues les opinions hétérodoxes que les passages suggèrent et souhaitaient produire un texte anodin de sondage qui pourraient plus tard être utilisé pour saper la foi. Mais parfois, l'imprécision et l'ambiguïté existe dans l'esprit des rédacteurs eux-mêmes, et continuent à exister dans l'esprit de ceux qui soutiennent que les documents sont au-delà de la critique. Ce manque de clarté est souvent dû à une aversion pour les doctrines catholiques ou d'un désir d'éviter des choix désagréables entre l'enseignement catholique et les croyances du monde, mais elle est aussi influencée par la mauvaise formation, le manque d'éducation d'une capacité naturelle à penser clairement, une rhétorique ronflante et éthérée, le désir d'être des facteurs positifs et aimable, et d'autres qui ne sont pas en eux-mêmes coupables. Le problème de l'obtention sur ce manque de clarté est donc complexe et difficile. L'approcher, en insistant sur les enseignements clairs antérieurs c'est mieux que d'essayer de saisir la gelée des textes conciliaires.

Cela répond à la critique du cardinal Koch sur la FSSPX qui dit qu'elle rejete les enseignements pontificaux et conciliaires. Son attaque contre l'«herméneutique de la continuité pure» traditionaliste peut être traitée plus brièvement. Cette attaque surfe à nouveau sur la vague - dans ce cas, de l'imprécision du mot «notable» dans le rejet de la revendication traditionnaliste par le cardinal en prétendant que « seul ce qui est déjà perceptible dans la tradition peut être la doctrine catholique ". La position catholique des traditionnalistes est d'affirmer que la doctrine catholique doit être présente implicitement ou explicitement dans la Tradition. Le mot «Notable» ne fait pas de distinction entre ce qui est implicite et explicite, car il est possible de constater ce qui est implicite. Si «sensible» devait être compris comme signifiant «explicitement présent», il serait faux de prétendre que la doctrine catholique doit être perceptible dans la tradition, mais les traditionalistes ne tiennent pas que cette doctrine doit être perceptible dans la tradition en ce sens. Si «notable» comprend «implicite», ainsi que «explicite», alors les traditionalistes disent que la doctrine doit être implicite dans la tradition, mais ce faisant, ils suffit de maintenir la position catholique. Cette prétendue «herméneutique de la continuité pure» n'a en tout cas rien à voir avec la position traditionaliste sur la Tradition. Cette position fait valoir que ce qui est déjà explicite dans la tradition doit continuer à être confirmé, que tout ce qui contredit ce qui a été explicitement enseigné ne peut être accepté. Ca ne concerne pas ce qui est explicite dans la tradition mais qui n'est pas ouvertement contredit.

Enfin, il y a la critique du cardinal Koch disant qu'il n'y a que la FSSPX qui n'accepte pas le dialogue œcuménique, les relations avec les Juifs et la liberté religieuse. Qu'on accepte ou pas les points de vue de la FSSPX sur ces sujets n'enlève absolument rien à la force de leurs arguments, donc cette critique n'a pas beaucoup de poids. Il est quelque peu fallacieux de la part du cardinal Koch de le faire, car il sait bien pourquoi les gens en dehors de la FSSPX sont réticents à approuver publiquement les positions de la société : ils craignent les conséquences que lui-même a participé à imposer à la société, quand il a recommandé qu'on leur refuse la régularisation canonique. De telles conséquences, ou pire.. tombent sur ceux qui parlent en faveur des positions de la Société. Aucun séminariste ne sera ordonné, aucun prêtre sera nommé évêque, et aucun académicien sera nommé à un poste pour enseigner la théologie si l'on est d'accord avec la société sur ces questions. Cette politique remonte au moins à l'enlèvement de Paul VI vers le Père. (Antonio Piolante comme recteur de l'Université du Latran pour la tenue de vues traditionalistes, et a été appliquée avec grande rigueur depuis.) Il est donc assez naturel que les catholiques sont ne veulent pas rejoindre la Société sur ces questions.

Malgré cette politique, cependant, on notera qu'il n'y a pas que la FSSPX qui soit le seul organisme qui rejette les positions auxquelles se réfère le cardinal Koch, et l'existence d'un accord avec leur point de vue est intéressant à noter. Il faut ici distinguer entre la position de la FSSPX sur le contenu de la vérité religieuse, et la demande de la Fraternité Saint Pie X sur le fait que le Concile Vatican II contredit les enseignements du Magistère antérieur. Il y a un très grand nombre de catholiques, probablement une majorité de catholiques qui considèrant la question, pensent que le Concile a rejeté les enseignements antérieurs. Par exemple, le père John O'Malley SJ, professeur à l'université de théologie à l'Université de Georgetown, a récemment affirmé qu'il est absurde de soutenir que les documents du Concile sont entièrement dans la continuité de la tradition catholique. Fr. O'Malley bien sûr pense que c'est une bonne chose et la FSSPX pense que c'est une mauvaise chose, mais ils sont entièrement d'accord sur l'existence d'un certain rejet de la tradition précédente par le Concile.

Quand il s'agit de la position sur la vérité religieuse organisée par la Fraternité Saint Pie X, il faut aussi distinguer entre les objections de la Société à des déclarations doctrinales et ses objections à des politiques concrètes. Il est très difficile à décrire, par exemple, exactement qu'elle est la position du Concile Vatican II sur l'œcuménisme. La politique pratique qui a été mis en œuvre depuis le Concile est cependant claire, on n'a plus insisté sur le fait que les chrétiens non catholiques devaient se soumettre à l'enseignement et au gouvernement de l'Eglise catholique romaine dans le but de faire la volonté de Dieu.

Sur les questions de doctrine, il faut distinguer entre les déclarations générales sur des problèmes doctrinaux avec le Concile Vatican II et en accord avec les positions doctrinales particulières de la FSSPX . L'affirmation selon laquelle des "hérétiques" ont joué un rôle important dans le Concile ne se limite pas aux traditionalistes. Elle est faite par le père Ralph Wiltgen dans son Le Rhin se jette dans le Tibre , par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger, dans ses mémoires, et le Père. Henri de Lubac dans son journal du concile, c'est également admis avec une franchise louable, par le Père Hans Kung dans ses mémoires. L'essentiel - et sensible - question concerne la nature de ce rôle : ont-ils mené le Concile à enseigner les opinions condamnées par la Fraternité Saint Pie X, et ces points de vue sont-ils, en fait, contrairement à la tradition catholique?

Il ya des voix en dehors de la FSSPX pour dire «oui» à ces deux questions. La question de l'enseignement du Concile a été abordé ci-dessus, et je me contenterai de noter que la FSSPX n'est pas la seule à faire cette critique du Concile. L'accord avec les positions de la FSSPX sur la vérité religieuse exige plus de considération. Les conséquences négatives de l'accord avec la FSSPX ont gravement limité les expressions publiques d'accord avec leurs positions doctrinales; un accord sous seing privé est difficile à mesurer, mais ne semble pas être rare. Ces conséquences ont fait que la position de la FSSPX a été le cas en grande partie de laïcs qui travaillent en dehors des universités. Les chiffres importants ici sont bien connus: les traditionnalistes Jean Madiran en France, et Michael Davies en Angleterre. Leur statut non-académique n'est pas un problème pour la qualité de leur travail - une chose qui a été reconnu dans le cas de Michael Davies par le cardinal Joseph Ratzinger, qui a décrit Davies comme un homme de foi profonde qui a laissé d'importantes publications. (Il convient toutefois de mentionner Fr. Paul Crane SJ, fondateur et rédacteur en chef de la revue traditionaliste anglaise ordre chrétien , comme une exception à cette généralisation concernant le leadership intellectuel dans les milieux traditionalistes non-FSSPX).

Malgré tous les obstacles, cependant, il existe néanmoins d'importantes contributions académiques qui sont d'accord sur le fond avec une partie ou l'ensemble des positions de la FSSPX sur la vérité religieuse. le plus significatif ici est Mgr. Brunero Gherardini, ancien professeur au Latran et rédacteur en chef de la revue théologique Divinitas . Mgr. Gherardini a soulevé de sérieuses questions quant à la continuité des enseignements du Concile Vatican II, un certain nombre d'œuvres importantes, y compris l'œcuménisme du Concile Vatican II: un débat qui est ouvert . Il a exprimé sa sympathie avec la Fraternité Saint Pie X sur un certain nombre de questions. Le professeur Roberto de Mattei a fait de même dans son livre primé sur le Concile Vatican II. Le philosophe suisse Romano Amerio qui est largement en accord avec la FSSPX, produit une condamnation magistrale des écarts conciliaires et post-conciliaires dans son Iota Unum et Veritas Stat. L'auteur de cet article a plaidé en faveur de la position traditionnelle de la religion et de l'Etat dans son enseignement de la religion Catholique et de l'Etat (et dans «Pour Une interprétation pieuse de Vatican II au SUJET de la liberté religieuse », qui est apparu dans Divinitas ). Fr. Thomas Crean s'est attaqué à la pratique courante de prier avec les chrétiens non catholiques, recommandée dans le document post-conciliaire Ad totam Ecclesiam , comme contraire à la loi divine, et s'est attaqué à la compréhension de la liberté religieuse rejetée par la Fraternité Saint Pie X (voir «ses articles religieux liberté »et« Prier avec les non-chrétiens - Est-ce possible ? sur http://www.christendom-awake.org ). Dr Christopher J. Malloy de l'Université de Dallas a critiqué la «Déclaration commune sur la Justification» signé par les luthériens et les catholiques en 1999, dans son greffé en Christ: une critique de la déclaration commune (Peter Lang, 2005). Fr. Claude Barthe et les auteurs impliqués dans la revue française Catholica ont également apporté des contributions très importantes à l'instar de la position la FSSPX, qui atteignent un niveau d'érudition dans la profondeur de leurs recherches et analyses. Pour résumer, il n'y a pas de positions significatives sur la vérité religieuse qui sont détenues par la FSSPX, mais non détenus par d'autres savants de fond - qui, il faut noter, n'ont pas souffert de peines canoniques pour les maintenir.

Quand on en vient aux politiques pratiques que la FSSPX critique, aucune expertise spécialisée théologique n'est nécessaire, et les gens qui sont d'accord avec tout ou partie des critiques de la Société sont trop nombreuses pour même essayer de les énumérer. Certaines de ces critiques ne sont même pas catholiques. Pour donner quelques exemples, les sociologues Roger Finke et Rodney Stark ont offert des critiques dévastatrices des politiques de l'Église après le Concile dans la communauté d'Amérique 1776-2005. Christopher Ferrara et Thomas E. Woods ont attaqué ces politiques dans la Grande Façade: Vatican II et le régime de la nouveauté dans l'Église catholique romaine, et Kenneth C. Jones a donné une vaste appui statistique aux critiques des politiques conciliaires et post-conciliaires dans son Indice des indicateurs avancés catholiques: l'Eglise depuis Vatican II.

Les critiques de la politique sur l'œcuménisme sont d'un intérêt particulier pour le cardinal Koch en vue de son poste de président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens. Depuis que le Concile Vatican II a adopté une politique de «l'œcuménisme», il y a eu un plus grande départ des catholiques pour d'autres groupes chrétiens qu'à n'importe quel autre moment dans l'histoire. Au Brésil, par exemple, un pays où 95% de la population était catholique jusque dans les années 1960, le protestantisme a connu une croissance de 22% de la population, et devrait atteindre la majorité en 2020. Ces pertes, qui se jettent dans les dizaines de millions d'autres, éclipsent les pertes subies par l'Eglise catholique dans la Réforme. Pas de plus grand échec pour la promotion de l'unité des chrétiens qu'on puisse imaginer. Ces chiffres ne conduisent évidemment pas le cardinal Koch a être d'accord avec la FSSPX dans ses critiques de l'œcuménisme, mais ils le devrait peut-être.

Depuis le cardinal Koch a la responsabilité de la promotion de l'unité des chrétiens, il est d'autant plus décevant qu'il se serait opposé à la régularisation canonique de la FSSPX pour des motifs manifestement insuffisants. Il est à espérer qu'il se retirera de cette opposition et prendra des mesures positives pour appuyer cette régularisation, qui allait guérir une blessure grave à l'unité de l'Eglise.

Dr John Lamont . Posté le 21 février 2013 par Angelus Press

[Paix Liturgique] Vers un nouveau pontificat: la réalité incontournable de la liturgie traditionnelle

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°376 - 26 février 2013

Dans les jours qui viennent vont se tenir les congrégations cardinalices qui préparent le conclave. Les cardinaux vont notamment y dresser un bilan de l’état de l’Église. Déjà, en 2005, au moment de l'élection de Joseph Ratzinger, avait pesé la situation préoccupante de l'Église, en particulier en Europe. Le futur Benoît XVI était allé jusqu'à évoquer « une barque qui prend l’eau de toutes parts » lors des méditations du chemin de croix au Colisée. Que dire aujourd'hui alors que tous les indicateurs sont au rouge : effectifs (fidèles, prêtres et religieux), finances, doctrine, laïcisme triomphant ?

Huit ans après, c'est encore de Ratzinger que vient le jugement le plus autorisé et instructif : « Dans le champ du Seigneur il y a encore et toujours de l'ivraie » disait-il le 11 octobre 2012 pour les 50 ans de l'ouverture de Vatican II ; avant, lors de sa dernière messe, le mercredi des Cendres, de parler du visage « parfois défiguré » de l'Église, en particulier par les « divisions dans le corps ecclésial ». Benoît XVI ne se contente pas d'évoquer les statistiques mais nous invite – ainsi que, bien entendu, les cardinaux qui s'apprêtent à élire son successeur – à contempler la réalité de l'Église « sainte et composée de pécheurs » (homélie de l'Épiphanie 2008).

Il est évident que le futur pape devra oser affronter l’amenuisement continu de la foi, l’effondrement de la mission, le schisme latent de nombreux théologiens qui ne sont plus catholiques, les divisions et la réalité du péché dans l'Église. Pour ce faire, il devra aussi s'appuyer sur ce qui ‘‘ fonctionne ’’ dans l’Église d’aujourd’hui : les communautés nouvelles, l'essor de l'Église en Asie, l'identité sereinement revendiquée des jeunes prêtres... et la liturgie traditionnelle.

Une partie non négligeable des cardinaux, qui aura son rôle dans les scrutins du conclave pour consolider une majorité ou bloquer une élection, fera valoir que le résultat le plus concret du pontificat qui s’achève est d’avoir esquissé une réconciliation liturgique et mis fin, du moins en théorie, à la fracture née de l'imposition unilatérale et brutale du missel de Paul VI. De nombreux cardinaux savent que les catholiques, attachés (exclusivement ou pas d'ailleurs) à la liturgie traditionnelle représentent désormais une sensibilité notable dans le paysage ecclésial, en Europe mais aussi aux Amériques. Ils savent ainsi qu'en France, près d'un séminariste sur cinq aspire à la forme extraordinaire et que de nombreux autres envisagent de pouvoir célébrer l'une ou l'autre forme du rite romain. Ils connaissent la ‘‘ fécondité ’’ vocationnelle des familles de tradition, le dynamisme de leurs écoles – quand l'enseignement diocésain est souvent en crise –, le zèle pastoral des prêtres traditionnels et la vitalité des œuvres de jeunesse qu'ils animent, etc.

Par son Motu Proprio Summorum Pontificum, Benoît XVI a consacré l’existence vivante, croissante, agissante du monde ‘‘ extraordinaire ’’. Et de nombreux cardinaux, même s'ils n'ont pas forcément de sensibilité traditionnelle affirmée, ont conscience de ce phénomène. Aussi vont-ils faire valoir devant leurs confrères l’aspiration qu’a parfaitement exprimée le cardinal Cañizares, Préfet de la Congrégation du Culte divin, le 3 novembre 2012, lors de la messe du pèlerinage Summorum Pontificum à Saint-Pierre de Rome : à savoir qu’il convient que cette manière de célébrer selon le missel de Jean XXIII soit désormais vraiment et totalement considérée comme « normale », y compris pour guérir la liturgie conciliaire des abus qui la caractérisent.

Le fait que tous, partout, puissent pacifiquement participer à des cérémonies selon l’usus antiquior, ne peut que contribuer largement, harmonieusement, à la prière commune du peuple chrétien et à « l’enrichissement réciproque » de l’ancienne forme du rite et de la nouvelle en « notre époque d'éclipse du sens du sacré », selon les termes de Benoît XVI lors de l'audience du 13 février, au surlendemain de sa renonciation au Siège de Pierre.
UN LIVRE DE L'ABBÉ AULAGNIER
Cette réflexion préliminaire rejoint parfaitement le propos de l'excellent petit livre écrit l'été dernier par l’abbé Paul Aulagnier : La réforme liturgique de Benoît XVI, État des lieux (Éditions Godefroy de Bouillon, 124 p., 12€). L'auteur y décrit de manière extrêmement pédagogique ce qui restera en effet la marque essentielle du pontificat de Benoît XVI : la tentative de restauration liturgique, au moyen de l’invitation, de l’exemple, de la sollicitation à aller dans un sens de resacralisation d’un culte qui s’était « mondanisé ».

L’abbé Aulagnier établit ainsi la nouveauté de la législation de Summorum Pontificum, qui a retourné l’interdiction de fait qui s’était abattue sur la messe traditionnelle, et qui a fait long feu en raison de ce que l’auteur appelle « la mâle réaction des catholiques » depuis la réforme de Paul VI, et dont il rappelle, une à une, les étapes. Jusqu’à ce que le Missel tridentin, sous le nom de « forme extraordinaire du rite romain », soit déclaré en 2007, par Benoît XVI, n’avoir été « jamais abrogé ». « C’est un droit, écrit l'abbé Aulagnier, purement et simplement affirmé en faveur de la messe tridentine. Ce n’est plus une “ concession ”. Ce n’est plus un “ privilège ”. C’est un droit. […] Ce droit vaut pour tout prêtre diocésain, pour tout prêtre religieux, pour tous les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique de droit pontifical. »

S’appuyant spécialement sur les écrits de Mgr Klaus Gamber, confrère aux facultés catholiques de Ratisbonne du professeur Joseph Ratzinger, l’abbé Aulagnier insiste sur le fait que les « deux rites » (lapsus ?) doivent rester bien distincts ou, plus précisément, que la forme extraordinaire ne doit pas être abâtardie, si l’on veut qu’elle « enrichisse » véritablement la forme ordinaire, laquelle pourrait s’enrichir de préfaces ad libitum, et de célébrations de nouveaux saints sous forme de commémorations.

Outre les rappels, dates, précisions qu’a rassemblés l’abbé Aulagnier de manière très synthétique, la visée de son ouvrage peut se résumer ainsi :

– la messe traditionnelle fait désormais à nouveau intégralement partie du paysage liturgique et cela ira croissant ;

– la messe nouvelle doit être « améliorée » (Mgr Gamber), si elle veut perdurer.

L'auteur rapporte – c’est un autre avantage de son ouvrage – les critiques théologiques de fond qui ont été faites depuis le premier jour à l’encontre de la réforme. Sur le plan liturgique, estime-t-il, « deux mondes s’affrontent ». Cette confrontation est désormais pacifique, grâce à Benoît XVI, mais elle demeure bel et bien. Il cite l’abbé Barthe : « Tout a contribué à faire (bien gauchement d’ailleurs) du culte divin une sorte de théâtralité accordée à la modernité, et donc à faire que la dramaturgie liturgique cesse largement d’être une réprobation de ce monde. […] On a ainsi concédé à la société moderne une atténuation de ce qu’il n’est plus en mesure d’entendre : la valeur de la messe comme Sacrifice offert pour les péchés. »

Ottaviani, Gamber, Dulac, Madiran, et bien d’autres : l’abbé Paul Aulagnier fait défiler la procession de « la mâle réaction », comme il la qualifie à deux reprises. Et puis vint Joseph Ratzinger le pacificateur. Sur lequel renchérit Mgr Athanasius Schneider. L’ouvrage s’achève en effet par le commentaire des propositions de Mgr Schneider (voir notre lettre 249 et suivantes), et spécialement de celle qui entend réintroduire dans le novus ordo les prières sacrificielles de l’offertoire traditionnel, que l’on retrouve sous des formes équivalentes dans tous les rites orientaux, en lieu et place de l’indigente « présentation des dons ». Ce serait le principal enrichissement que la forme traditionnelle devenue « archétype », selon l'abbé Aulagnier, pourrait apporter à la forme nouvelle en la transformant ainsi de l’intérieur.

Et l'abbé Aulagnier de résumer : « Voilà ! Tout est dit et bien dit. Voilà l’état des lieux de la vie liturgique dans l’Église. Il me semble fidèle à la réalité. Il constate le travail fait : il est admirable. C’est le droit de la messe tridentine aujourd’hui reconnu par Benoît XVI. C’est la reconnaissance du bien de cette messe tridentine comme étant l’archétype de toute réforme liturgique. Qui l’aurait affirmé hier ? Il contemple le travail à faire. La réforme de la réforme de Paul VI. La tâche est immense et difficile. Elle demande la collaboration de tous, in sinu Ecclesiae. »
LE PEUPLE SUMMORUM PONTIFICUM TOUJOURS PLUS PRÉSENT
La messe traditionnelle fait désormais partie du paysage ecclésial. Nous voudrions à ce propos signaler un article de Christophe Saint-Placide, du 22 février 2013, dans le blog de Riposte catholique, Summorum Pontificum. Saint-Placide, se désolant de l’échec de la reconnaissance de la Fraternité Saint-Pie X qui aurait pu être la conclusion du règne de Benoît XVI, achève par une considération sur l’avenir de ce que nous appelons pour notre part le peuple Summorum Pontificum, considération avec laquelle nous sommes parfaitement en consonance :

« La Commission Ecclesia Dei a fini par jeter l’éponge : “ Nous n’attendons pas de réponse ; le futur pape verra ce qu’il veut faire ”. Quand il en aura le loisir. Et s’il en a l’envie. Au lieu donc que le pontificat de Benoît XVI, le pontificat du Motu Proprio Summorum Pontificum, s’achève par un acte qui l’aurait qualifié pour toujours : l’érection de la Prélature Saint-Pie X, on a donc une énième remise aux calendes. […] Sauf que la tradition fera en sorte d’être toujours plus présente par toute la force morale que lui donne désormais le droit de cité rendu à la liturgie tridentine. Dieu, qui tire toujours du mal (ou du non-bien) un plus grand bien oblige ainsi l’ensemble des prêtres des paroisses ou des communautés, des fidèles du rang, des séminaristes, des religieux attachés à divers degrés à ce critère loi de la prière/loi de la foi de l’usus antiquior, et à tout ce qu’il entraîne avec lui, catéchisme, vocations, mission, éducation chrétienne, à participer de toutes leurs forces à la préparation de l’avenir de l’Église cum Petro. »

Nous ne sommes pas devins et nous ignorons ce que seront les actes du prochain pontificat en matière liturgique. Mais logiquement, pour correspondre pastoralement à la vigueur catholique que représente la messe traditionnelle et donner tout l’espace nécessaire à tous ceux qui y sont attachés, un élargissement, c'est-à-dire une normalisation plus grande de la célébration publique de cette messe devrait intervenir. Afin qu’il n’y ait, pour la célébration paroissiale de cette Messe, d’autres conditions que celles normalement requises pour toute célébration publique de la Messe, dans les paroisses, dans les cathédrales, dans les diocèses, dans les séminaires.

C’est ce que nous souhaitons et c’est ce qui arrivera tôt ou tard dans les faits : que tout curé, tout évêque, tout supérieur de séminaire, tout supérieur religieux, qui sait qu’une partie de ses sujets désirent avoir accès à cet héritage, de lui-même et/ou par l’invitation d’un renforcement des dispositions du Motu Proprio, les en fassent bénéficier à un rythme qui lui paraîtra pastoralement convenable, dans son église paroissiale, dans sa cathédrale, dans la chapelle de son séminaire, dans son église religieuse, sans qu’il y ait lieu de constituer des « groupes » formels, de faire de lourdes demandes administratives, d’introduire une cascades de recours juridiques.

Pacifiquement, normalement, de même que des fidèles de langues particulières qui ont émigré dans un pays étranger bénéficient de liturgies dans leurs idiomes respectifs, de même que des séminaristes appartenant à des communautés nouvelles peuvent de plus en plus souvent participer à des cérémonies tenant compte de leurs sensibilités, il sera ainsi extrêmement enrichissant pour la vie ecclésiale que soit établie une situation non seulement juridique, mais d’abord et avant tout pastorale et psychologique qui fera vraiment de la messe traditionnelle une messe « normale ».

[Austremoine - Fecit] De quelle charité parlons-nous ?

SOURCE - Austremoine - Fecit - 26 février 2013

Cham s’est moqué de la nudité de Noé, nudité dû à l’ivresse involontaire de son père. Noé n’a pas commis de faute, et Cham n’a pas secouru son père.

Où me suis-je moqué du pape et de l’Eglise ? Où me suis-je réjoui de la crise que l’Eglise traverse ? Nulle part.

Il faut être réaliste, d’un réalisme charitable, se réjouissant de ce qui est positif et s’affligeant de ce qui est négatif.

La levée des excommunications, ce fut imparfait mais positif. Summorum Pontificum de même. Dans les deux cas nous sommes passé d’un état mauvais à un état moins mauvais, mais dans les deux cas l’injustice perdure. On peut donc se réjouir de l'amélioration survenue mais rappeler l'injustice qui demeure. Voilà pour ce qui se rapporte avec la FSSPX.

Pour ce qui est de l’Eglise en général, les mauvais principes qui la minent sont toujours à l’œuvre, ceux de la liberté religieuse, de l’oeucuménisme et de la collégialité. Chaque jour qui passe et qui voit ces principes à l’œuvre voit aussi des âmes se damner parce que des doctrines erronées ravagent l’Eglise.

Où est la charité ? La charité consiste-t-elle à couvrir d’un voile consensuel les causes de la perte des âmes et de la crise de l’Eglise ? Consiste-t-elle à ne s’attacher qu’à quelques améliorations accidentelles pour mieux ignorer les causes substantielles d’une crise effroyable ? Quelle est votre conception de la charité ?

La charité c’est l’amour de Dieu, la gentillesse avec les autres n’est charité que si cette gentillesse a pour effet de rapprocher le prochain de Dieu par amour de celui-ci. C’est tout le problème de l’oeucuménisme qui veut être gentil avec autrui mais en évacuant l’objectif de l’amener à Dieu.

La charité implique d’emmener le prochain à Dieu, mais on ne peut l’emmener à Dieu si on ne lui montre pas aussi où est l’erreur. C’est ce qu’enseigna le grand St Pie X, celui qui perçu avec précision le mal qui rongeait déjà l’Eglise :
Il en est de même de la notion de fraternité, dont ils mettent la base dans l'amour des intérêts communs, ou, par delà toutes les philosophies et toutes les religions, dans la simple notion d'humanité, englobant ainsi dans le même amour et une égale tolérance tous les hommes avec toutes leurs misères, aussi bien intellectuelles et morales que physiques et temporelles. Or, la doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n'est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelque sincères qu'elles soient, ni dans l'indifférence théorique ou pratique pour l'erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-être matériel. Cette même doctrine catholique nous enseigne aussi que la source de l'amour du prochain se trouve dans l'amour de Dieu, père commun et fin commune de toute la famille humaine, et dans l'amour de Jésus-Christ, dont nous sommes les membres au point que soulager un malheureux, c'est faire du bien à Jésus-Christ lui-même. Tout autre amour est illusion ou sentiment stérile et passager. Certes, l'expérience humaine est là, dans les sociétés païennes ou laïques de tous les temps, pour prouver qu'à certaines heures la considération des intérêts communs ou de la similitude de nature pèse fort peu devant les passions et les convoitises du cœur. Non, Vénérables Frères, il n'y a pas de vraie fraternité en dehors de la charité chrétienne, qui, par amour pour Dieu et son Fils Jésus-Christ notre Sauveur, embrasse tous les hommes pour les soulager tous et pour les amener tous à la même foi et au même bonheur du ciel. En séparant la fraternité de la charité chrétienne ainsi entendue, la démocratie, loin d'être un progrès, constituerait un recul désastreux pour la civilisation. Car si l'on veut arriver, et Nous le désirons de toute Notre âme, à la plus grande somme de bien-être possible pour la société et pour chacun de ses membres par la fraternité, ou, comme on dit encore, par la solidarité universelle, il faut l'union des esprits dans la vérité, l'union des volontés dans la morale, l'union des cœurs dans l'amour de Dieu et de son Fils, Jésus-Christ. Or, cette union n'est réalisable que par la charité catholique, laquelle seule, par conséquent, peut conduire les peuples dans la marche du progrès, vers l'idéal de la civilisation. Saint Pie X, lettre sur le Sillon
Si vous relisez cette lettre, tout comme Pascendi, vous verrez avec quelle fermeté, voir quelle violence diraient certains, ce saint pape su reprendre sévèrement en son temps ses frères dont il avait la charge. Voilà la vraie charité d’un saint.

Lisez la vie de Saint Pie X, vous y verrez avec quelle fermeté il destitua plusieurs théologiens de leur chaire, de quelle façon il combattit matériellement ceux qui étaient cause de confusion doctrinale. Je me souviens même d'un patron anti-clérical qui fit faillite suite à l'action du cardinal de Venise Sarto : celui-ci veilla cependant à ce que la famille de cet homme fut logée et nourrie et ne tomba pas dans la misère. Voici une vraie charité.

Saint Pie X s’opposa avec fermeté aux ennemis de l’Eglise, on vit les forces catholiques se mobiliser et se battre avec énergie pour les droits de Dieu et de son Eglise. Léon XIII voulut composer et négocier avec la république anti-chrétienne : les forces catholiques s’en retrouvèrent durablement affaiblie.

La charité se trouve dans la Vérité. La compromission, l’ambiguïté ou le silence sur le mal ne sont pas œuvre de Dieu, les saints nous le montrent.

26 février 2013

[Abbé de Tanoüarn - Monde et Vie] Benoît XVI et les traditionalistes

SOURCE - Abbé de Tanoüarn - Monde et Vie - 26 février 2013

«Nous avons un pape traditionaliste », s’était écrié M. l’abbé La - guérie en septembre 2006 à son retour de Rome, après avoir obtenu le feu vert pour fonder l’Institut du Bon Pasteur. Le tollé médiatique fut à la hauteur de la réputation de l’abbé… Chacun y alla de ricanement: un pape traditionaliste ? Impossible.

Pourtant, un an plus tard, Benoît XVI publia – souvenez-vous – le Motu proprio Summorum pontificum, libéralisant la forme traditionnelle du rite romain. Ce document était particulièrement imaginatif. Il s’agissait de contourner, ici ou là, la grosse machine cléricale, dans ce que le pape appela plus tard « des oasis, des arches de Noé »: « Nous avons besoin d’îles où la foi en Dieu et la simplicité interne du christianisme vivent et rayonnent. Les espaces de protection sont des espaces de liturgie ». La messe traditionnelle avait, grâce au Motu proprio Summorum pontificum, une place de choix dans l’écosystème de la catholicité. Un peu partout, des groupes stables devaient se constituer, sous la protection, et même l’arbitrage de la Commission Ecclesia Dei. Des laïcs demanderaient à leur curé la permission de célébrer le rite de la sainte messe dans sa forme traditionnelle. L’autorisation de l’évêque n’était pas nécessaire. Bref, à travers une visée apparemment « restaurationiste », c’était une nouvelle manière de faire Eglise, respectueuse des diversités de culture, de sensibilité et de théologie, qui devait peu à peu s’imposer. Par ailleurs, la longue préface de ce document indiquait l’importance de la continuité dans l’histoire des rites.

Ce document d’un nouveau genre était le plus libre et le plus romain qui soit. Libre et romain? Ces deux mots, on avait perdu l’habitude de les accoler. Benoît XVI s’y est essayé, dans une con naissance intime de la nature monarchique et arbitrale du Pouvoir pontifical.

Las… très vite, il apparut que les fonctionnaires vaticans ne prendraient jamais le risque d’appuyer la demande d’un groupe stable. Pour ce qui est des curés, qui avaient la charge d’appliquer le Motu proprio, ils étaient d’avance d’accord avec leurs évêques, quoi que disent ces derniers. Quant à faire face à la mauvaise volonté des évêques? Impossible ! Ce montage merveilleux et monarchique, qui prévoyait l’autorité en haut pour appuyer, cautionner, protéger, et les libertés en bas pour créer des oasis, fut ainsi grippé avant d’avoir servi.
Des oasis chrétiennes pour relancer l’évangélisation
Aujourd’hui, la messe traditionnelle bénéficie d’un cadre juridique dans l’Eglise. Mais l’autorité a manqué pour faire appliquer la loi. Et, par dessus tout, la culture a manqué aux prêtres et aux évêques, qui se sont souvent opposés à l’Ancien rite sans même le connaître et d’ailleurs, justement, parce qu’ils ne le connaissaient pas. Bref, tout reste à faire.

Ce qui manque avant tout, c’est un état d’esprit. Mgr Lefebvre, prêtre en Mission, avait très bien vu que la mission, en Afrique, c’est un cadre de vie, une structure de relations et de prières commune. C’est ce modèle des « missions » qu’il a tenté de reproduire en créant la Fraternité Saint Pie-X. C’est ce modèle qui manque tragiquement dans les paroisses – des oasis, des îles, des arches de Noé, qui pourraient seules relancer la machine de l’évangélisation.

Je crois que le pape qui parle d’îles et d’oasis a été intéressé par le projet lefebvrien. Il a compris (comme d’autres, le cardinal Hoyos par exemple) l’importance de vraies communautés.

Plus que des paroisses anonymes: des viviers de reculturation chrétienne.

C’est dans cette perspective que l’on peut comprendre la levée des excommunications en 2009 et les efforts désespérés du pape Benoît XVI, trahi in fine par son administration. Il s’agissait, non pas seulement de récupérer les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, comme on l’a entendu ces derniers temps dans les couloirs du Vatican, mais de jeter dans la bataille des communautés vivantes, qui avaient conservé et transmis une vraie culture chrétienne. Avant tout: une liturgie. S’il est vrai que, comme dit Dom Guéranger, la liturgie est le langage que parle l’Epouse à son Epoux divin, on ne saurait majorer l’importance de ces formes cultuelles, qui nous re lient à Dieu en nous empêchant de dire n’importe quoi. Le dossier reste ouvert !

Abbé G. de Tanoüarn

25 février 2013

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : Ne tirons pas les conclusions mathématiques

SOURCE - Credidimus Caritati - 23 février 2013

Dans une conférence qu'il a dispensée en 1984, Mgr Lefebvre met en garde contre les deux écueils qui se présentent à la Fraternité Saint-Pie X. D'un côté, le danger existe de participer à la révolution dans l'Eglise, en empruntant notamment le chemin de la nouvelle messe. De l'autre, il y a ceux qui récuseraient « l’attachement à Rome aussi et la fidélité à l’apostolicité. » A l'époque où son fondateur parle, la Fraternité a vécu des moments de trouble, où une frange de prêtres et de fidèles, en particulier aux Etats-Unis, a fini par s'user au combat, en désirant abandonner la fidélité à Rome, en laissant entendre que le pape et les cardinaux appartiendraient à une autre entité que l'Eglise catholique. Cette dérive paraissait grave. Et Mgr Lefebvre n'a pas hésité à recadrer avec fermeté ces tendances :
« Voyez, je pense que c’est là que se trouve tout notre problème. Nous vivons dans un temps exceptionnel. On ne peut pas juger de tout ce qui se fait dans l’Eglise selon les temps normaux. Nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle, il faut aussi interpréter les principes qui devraient être ceux qui dirigent nos supérieurs ecclésiastiques. Ces principes, il faut les voir dans l’esprit de ceux qui vivent actuellement, ces principes qui étaient si clairs autrefois, si simples, que personne ne discutait, qu’on n’avait pas l’occasion de discuter, ils tombent, je dirais, dans des esprits libéraux, dans des esprits, comme je vous l’ai expliqué, qui n’ont pas de clarté de vision… Cela change la situation. Nous sommes dans une situation de confusion invraisemblable. Alors ne tirons pas les conclusions mathématiques comme cela, sans considérer ces circonstances. Parce qu’alors nous tombons :

- Ou bien nous nous rangeons à la révolution dans l’Eglise, nous participons à la destruction de l’Eglise, nous partons avec les progressistes...

- Ou bien nous quittons complètement l’Eglise et nous nous trouvons où ? avec qui ? avec quoi ? reliés comment aux apôtres, reliés comment aux origines de l’Eglise ? Partis… et alors, ça va durer combien de temps ? Alors s’il ne faut plus considérer les trois derniers conclaves, comme le disent ceux d’Amérique qui ont été sacrés évêques, donc depuis le temps, qu’il n’y a plus de pape, il n’y a plus non plus de cardinaux. On ne voit plus comment même faire revenir un pape légitime… Non ! C’est le désordre complet !

Alors il me semble qu’il faut rester dans cette voie du bon sens, et du sens d’ailleurs qui rallie le bon sens des fidèles aussi, le sens de la foi des fidèles, qui à 90% suivent les orientations de la Fraternité et ne comprendraient ni les uns, ni les autres.

Ils ne veulent aller ni aux progressistes et puis s’en aller à la nouvelle messe et prendre tous les changements, cela ils ne l’acceptent pas du tout et disent : S’il y en a qui sont comme ça, et bien qu’ils s’en aillent ! Mais nous, on ne veut pas. Nous on reste comme on est maintenant, on veut garder la Tradition, et ni nous séparer complètement du pape : « Il n’y a plus de pape, il n’y a plus rien, il n’y a plus d’autorité, on ne sait plus à qui on est rattachés, il n’y a plus de Rome, il n’y a plus d’Eglise catholique »… Ça, ça ne va pas non plus. Ils sont perdus aussi, ils se sentent perdus, ils sont désorientés.

Alors ils gardent ce sens de la foi, le sens que la Providence donne aux bons fidèles et aux bons prêtres de maintenant, de garder la foi, garder la ligne, garder l’attachement à Rome aussi et la fidélité à l’apostolicité, à la visibilité de l’Eglise, qui sont des choses essentielles, quitte à ne pas suivre les papes lorsqu’ils favorisent l’hérésie, comme l’a fait le Pape Honorius. Il a été condamné. Ceux qui auraient suivi le Pape Honorius à ce moment-là se seraient fourvoyés puisqu’il a été condamné après. »