31 octobre 2013

[SPO] Enfin une solution à Saumur!


SOURCE - SPO - 31 octobre 2013

Depuis plusieurs années, des familles demandent l’application du Motu Proprio à Saumur. Ce groupe stable rassemble à la fois des ‘locaux’ et des familles de militaires.

Sous le régime du Motu Proprio Ecclesia Dei, toute application leur a été refusée. Le seul et unique lieu où était appliqué le Motu Proprio était Angers à 50 minutes de route (70 km).

Les familles saumuroises, à défaut de réponse concrète à leurs demandes légitimes, sont allées chercher un prêtre d’une communauté Ecclesia Dei qui est venu pendant plusieurs années pour donner un complément catéchétique aux nombreux enfants… avant que l’expérience (pourtant fructueuse pour les enfants et les familles) soit interdite par le diocèse.

Avec le Motu Proprio de 2007, une nouvelle demande a été formulée sans qu’elle suscite beaucoup d’enthousiasme du côté des autorités diocésaines (tant d’Angers que du diocèse aux Armées). La persévérance des familles a bien permis la mise en place d’une messe dans la forme extraordinaire en lien avec le diocèse aux Armées (et dans une chapelle militaire) par l’aumônier militaire, d’abord une à deux fois par mois.

La célébration a finalement été transférée dans une église à la sortie de Saumur, à Saint-Hilaire-Saint-Florent (sur les bords de Loire) devenant hebdomadaire. La messe était assurée par deux prêtres : un du diocèse aux Armées et par l’aumônier des servantes des Pauvres d’Angers.


L’abbé Jean-Bernard de Langalerie, prêtre du diocèse de Gênes (membre de la Fraternité de la Très Sainte Vierge Marie), ancien vicaire de la paroisse Saint-Eugène à Paris et aumônier des Servantes des Pauvres d’Angers, est devenu l’unique célébrant de la messe saumuroise ces derniers mois.

Sa santé étant chancelante, il a été remplacé à plusieurs reprises par des prêtres de communautés traditionnelles voisines.


En juillet, l’abbé de Langalerie a été rappelé à Dieu. Le groupe de fidèles a donc demandé que les remplaçants puissent continuer à assurer cette messe.

La messe a été suspendue pour l’été et n’a pas repris en septembre. Le diocèse proposant de revenir à un rythme de 1 ou 2 fois dans le mois et n’ayant pas de célébrant pour assurer ce ministère.

Plusieurs communautés Ecclesia Dei ont proposé leurs services au diocèse… mais celui-ci a refusé.

Finalement le diocèse a fait appel à la Fraternité Saint-Thomas Becket, communauté de droit diocésain (diocèse de Namur en Belgique) qui célèbre depuis le Motu Proprio dans les deux formes du rite romain. Cette communauté d’une grosse quinzaine de prêtres a des missions dans plusieurs diocèses en France : à Blois (une paroisse personnelle avec la forme extraordinaire), à Bayonne (forme extraordinaire), à Saint-Maurice (paroisse avec les deux formes) et dans la forme ordinaire des missions dans le diocèse de Blois, à Ollioules…

Depuis dimanche 27 octobre, la messe est donc à nouveau assurée chaque dimanche et fêtes à 10h30 à l’église Saint Florent de Saint-Hilaire-Saint-Florent (à la sortie ouest de Saumur sur le bord de Loire).

30 octobre 2013

[VIDEO] [Mgr Williamson] Conférence de Montréal

Mgr Williamson - 30 octobre 2013

[Paix Liturgique] Actualité de Jean Madiran: Très Saint Père, rendez-nous l'écriture

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 411 - 30 octobre 2013

« Laissez venir jusqu'à vous la détresse spirituelle des petits enfants : rendez-leur, Très Saint-Père, rendez-leur la messe catholique, le catéchisme romain, la version et l'interprétation traditionnelles de l'Écriture. Si vous ne les leur rendez pas en ce monde, ils vous les réclameront dans l'éternité... »
Jean Madiran, Lettre à Paul VI
Depuis 1965 et la publication en première page de La France Catholique de l'article d'Étienne Gilson intitulé “Suis-je schismatique ?” (voir notre lettre 401), la question de la traduction en langue vernaculaire des vérités de la foi est posée.

Le Credo, le Pater et le Canon de la messe sont trois des traductions déficientes les plus connues. Mais il y en a bien d'autres, à commencer par les Écritures saintes elles-mêmes. Ainsi, en 1972, dans sa fameuseLettre à Paul VI, Jean Madiran, suppliait-il le Saint-Père de rendre aux fidèles tout d'abord « l'Écriture », puis « le catéchisme et la messe ».

À quelques semaines du rappel à Dieu de Jean Madiran, Paix liturgique souhaite rendre hommage à ce grand « veilleur » face aux mensonges et aux manipulations qui ont profité de l'appel d'air conciliaire pour se répandre dans l'Église et y dégager ces« fumées de Satan » que dénonçait Paul VI en 1972.

41 ans après l'appel de Madiran à Paul VI, voyons donc si l'Écriture a été restituée au peuple de Dieu.
I – TRAFIQUER L'ÉCRITURE, C'EST METTRE LA FOI EN PÉRIL
Comme nous l'écrivions dans notre lettre 401, « 50 ans après l’interrogation d’Étienne Gilson, la question de la traduction en langue vernaculaire des textes liturgiques, mais aussi de l’Écriture en général, se pose toujours en dépit de la publication en 2001 de “Liturgiam authenticam”, la cinquième Instruction publiée par le Saint-Siège pour l'application correcte de la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium). »

Depuis 2001-2002, toutes les commissions liturgiques internationales ont été appelées à préparer la mise à jour des missels en langue vulgaire en fonction de l’editio tertia (l'édition de référence en latin). Plus de dix ans après, on attend toujours la traduction française...

Pourtant, en 1969, il n'avait fallu que huit mois pour publier le missel de Paul VI en français : promulgué le Jeudi-Saint (3 avril) à Rome, il était introduit dans les paroisses du pays le 1er dimanche de l'Avent et rendu obligatoire à compter du 1er janvier 1970, abolissant ainsi, de facto, le missel de saint Pie V.

Le "meilleur", comme l'a souvent souligné Madiran, étant que l'édition typique latine ne serait finalement publiée que le 26 mars 1970 par la Congrégation du culte divin, soit quatre mois après la version française...

Or, comme l'illustrent les exemples du Credo, du Pater et du Canon, la traduction fautive des textes sacrés porte facilement à la compréhension erronée des vérités de la Foi, voire à l'hérésie.

a) C'est Jacques Maritain, considéré comme un moderne par les pères conciliaires, qui employait le terme « hérétique » dans son Mémorandum adressé à Paul VI. Son propos portait sur le consubstantialem Patri du Credo, devenu « de même nature que le Père » : « Sous prétexte que le mot "substance", et, a fortiori, le mot "consubstantiel" sont devenus impossibles à comprendre aujourd’hui, la traduction française de la messe met dans la bouche des fidèles, au Credo, une formule qui est erronée de soi, et même, à strictement parler, hérétique. Elle nous fait dire, en effet, que le Fils, engendré, non créé, est "de même nature que le Père" : ce qui est l’"homoiousios" des Ariens ou semi-Ariens, opposé à l’"homoousios", ouconsubstantialis, du Concile de Nicée. »

Sur la question du Credo, nous vous invitons à relire notre lettre 402.

b) Sur la question du Pater, beaucoup de choses ont été écrites [1] depuis l'introduction de la nouvelle traduction, le point le plus sensible théologiquement portant sur la sixième demande : « et ne nos inducas in tentationem » devenue « et ne nous soumets pas à la tentation », traduction de la Bible de Jérusalem, comme si Dieu était tentateur. Même si le latin pourrait se rendre littéralement : « et ne nous induis pas en tentation », d'Origène à saint Augustin, les Pères de l'Église avaient expliqué qu'il fallait comprendre « ne souffre pas que nous soyons induits en tentation ». La formule traditionnelle du Notre-Père disait : « et ne nous laissez pas succomber à la tentation » était donc conforme au sens reconnu par la Tradition. La Bible des peuples (Fayard, 1998), qui n'est pas taxable d'intégrisme, traduisait : « et ne nous laisse pas tomber dans la tentation ». Là encore, il n'est pas inutile de citer Maritain : « Être induit à employer des mots trompeurs sans savoir qu’ils sont trompeurs, c’est être soi-même trompé ».

Après 40 ans d'erreur, la bonne nouvelle est arrivée début septembre : fin novembre sera en effet publiée une « Traduction officielle liturgique » de la Bible, réalisée à l'initiative des évêques francophones, destinée à devenir la référence unique pour la liturgie et, plus généralement, à être employée par l'ensemble des catholiques de langue française, dans laquelle la formule fautive est corrigée et devient « Et ne nous laisse pas entrer en tentation».

c) Sur le Canon, après des années de lutte, Rome est enfin en train d'obtenir que les paroles « pro multis » prononcées par le prêtre lors de la Consécration du vin soient correctement rendues en « pour beaucoup » et non « pour tous ». En français, pour une fois, le sujet n'est pas trop sensible puisque la traduction est « pour la multitude » – formule acceptée par Rome – mais, en anglais, en italien, en allemand, la traduction était for all, per tutti, für alle, ce que Rome voulait voir modifié. Étant intervenu sur le sujet déjà quand il était cardinal, le pape Benoît XVI a jugé utile d'y consacrer une lettre entière en 2012, adressée au Président de la Conférence épiscopale allemande où les résistances étaient encore fortes.

Le fait que ces simples deux mots aient pu nourrir une dispute si longue prouve bien que, derrière les traductions fautives, se cache une théologie qui assume son hétérodoxie.

Bien entendu, la question des traductions des textes sacrés ne saurait se limiter à ces exemples. Ainsi, le père Michel Viot, ancien pasteur luthérien, nous confiait (voir notre lettre 384) que : « comme beaucoup, catholiques et non catholiques, j’ai d’abord connu la nouvelle messe dans sa traduction française. Et cette traduction est plus que fautive ! Par rapport au texte latin, le texte français s’efforce de gommer toute la dimension sacrificielle de la messe, ce qui ne pouvait en effet que plaire à un protestant (voir la traduction de l’Orate fratres[2]) ».

Jean Madiran, lui, avait ciblé deux exemples qu'il n'hésitait pas à citer dans sa Lettre à Paul VI : le « blasphème introduit dans l'épître des Rameaux » et « l'effronterie libertine qui fait liturgiquement proclamer, en l'attribuant à saint Paul, que pour vivre saintement, il faut prendre femme ». Pour ne pas allonger, retenons seulement le blasphème que dénonçait Jean Madiran. Il s’agissait de la phrase de l’épître aux Philippiens 2, 6 : Qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se aequalem Deo. Phrase que La Bible de Jérusalem traduisait correctement : « Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu ». Mais le nouveau lectionnaire en français du missel de Paul VI la rendait comme ceci : « Le Christ Jésus est l’image de Dieu : mais il n’a pas voulu conquérir de force l’égalité avec Dieu ». Ainsi formulée, la traduction liturgique française supposait que le Christ n'était pas l'égal de Dieu voire qu'Il n'était pas Dieu. Heureusement, et la supplique de Madiran y contribua certainement, elle fut corrigée dès l'édition suivante.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) La question de l'Écriture est essentielle pour comprendre les abus et les scandales post-conciliaires. Les libertés prises dans les traductions des textes de Foi ont en effet encouragé le spontanéisme et l'improvisation qui ont caractérisé la pastorale et la liturgie dans les années 70 et 80 et dont, hélas, les effets se font encore sentir. 

Nous n'avons pas encore eu connaissance de la nouvelle traduction de la Bible annoncée pour novembre mais nous avons hâte de la parcourir. Famille Chrétienne expliquait le 5 septembre qu'elle était le fruit « de dix-sept années de travail mené par quelque soixante-dix traducteurs » pilotés par « les Conférences épiscopales francophones (France, Suisse, Luxembourg, Canada, Belgique, Afrique du Nord) et Rome ». Selon notre confrère, « le résultat est impressionnant puisque l’ensemble des textes, à part le Psautier, conservé dans une version de 1977, a fait l’objet d’une traduction nouvelle. Les changements sont nombreux et importants ».

Nous voulons croire que – parce que le Bon Dieu fait bien les choses – la publication de cette nouvelle traduction, survenant providentiellement l'année même du décès de Jean Madiran, est un hommage rendu à son combat.

2) Dans une lettre d'avril 1998, notre association-mère, Oremus, affrontait un aspect souvent délaissé de la question des traductions des textes sacrés, à savoir : faut-il tout comprendre ? et, surtout, tout comprendre immédiatement ?

Voici ce qu'écrivait Oremus : « Si l’objectif d’une traduction est de faire mieux comprendre, c’est que quelque part l’on est persuadé que tout est explicable. Or nous savons que, face aux mystères de la foi, cela n’est pas toujours exact. Aussi apparaît-il à de nombreux fidèles comme préférable de conserver l’usage de la langue latine dans la célébration des offices, justement parce qu’elle permet de conserver aux mystères la part incompressible qui est la leur, et n’impose pas aux croyants des explications ou traductions qui ne sont qu’un appauvrissement d’une doctrine – qui est alors présentée d’une manière trop profane, trop humaine ».
Le catholicisme, c'est l'Écriture à la lueur du Magistère.
3) Qui plus est le latin, langage liturgique de la romanité, soulignait son unité, au sein des accidents de l’histoire. Entre l’Antiquité tardive et Vatican II, la liturgie latine a parlé dans le monde entier la même langue, répétant identiquement les prières et citant l’Écriture avec les mêmes mots. Cette épaisseur historique et cette extension universelle correspondaient à un profond besoin de signes externes de communion. Quand des catholiques français voyageaient de par le monde, ils trouvaient partout la même messe. La seule chose qu’ils ne comprenaient pas était… le sermon.

Sans parler de la force sacrée de cette langue : à l’évidence, l’interprétation de la liturgie dans la langue d’aujourd’hui épouse un mouvement général de vulgarisation. La célébration eucharistique prend la figure familière d’un repas en commun, avec paroles de simple urbanité de la part du célébrant à l’assemblée des fidèles, gestes de convivialité, liant social propre à la vie ordinaire. L’irruption quasi totale du langagevulgaire dans la liturgie et la disparition de la langue sacrée ont largement participé de la désacralisation et de la rupture de mémoire.

4) La question des traductions dans l'Église demeure d'actualité. L'affaire de Youcat, le « caté pour les ados », l'a illustré en 2011.

Cette fois-ci, l'édition d'origine n'était pas latine mais allemande. Or, la livraison de cet ouvrage a été émaillée d'une série d'incidents :

– à la question (n° 420): «Un couple chrétien peut-il avoir recours aux méthodes anticonceptionnelles?», la version italienne de Youcat répondait : « Oui, un couple chrétien peut et doit être responsable de sa faculté à pouvoir donner la vie.» 
– la version allemande (l'originale donc), dans sa réponse à la question 382 laissait entendre que l’Église serait favorable à l’euthanasie passive,
– dans la traduction française, en lien avec la question 136, Youcat affirmait que «reconnaître la liberté religieuse signifie reconnaître que toutes les religions sont égales» ; pour réparer l’erreur, les évêques et l’éditeur ont décidé de mettre au pilon les 30 000 exemplaires imprimés.

5) Enfin, pour preuve que l'appel de Jean Madiran – « Rendez-nous l'Écriture » – est toujours d'actualité, laissons la conclusion à Sa Sainteté Benoît XVI qui, dans sa lettre au président de la conférence épiscopale allemande du 14 avril 2012 écrivait : « À partir du moment où je dois réciter les prières liturgiques constamment en diverses langues, je note que, parfois, dans les diverses traductions, il n’est possible de trouver presque rien de commun et que le texte unique qui en est à la base, souvent n’est reconnaissable que de loin.»
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[1] Nous renverrons en particulier les lecteurs intéressés à la thèse de l'abbé Jean Carmignac: "Recherches sur le Notre Père", 1969, Éd. Letouzey et Ané.

[2] Traduction scandaleusement réductrice : P :Orate, fratres, ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem. R : Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis ad laudem et gloriam nominis sui, ad utilitatem quoque nostram, totiusque Ecclesiae suae sanctae. Ce qui veut dire : « P : Priez mes frères: afin que mon Sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréé par Dieu le Père tout-puissant. R : Que le Seigneur reçoive un Sacrifice à la louange et à la gloire de Son Nom, pour notre bien et celui de toute Sa Sainte Église ». Mais ce qui est rendu dans la traduction liturgique officielle par : « P : Prions ensemble au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Église. R : Pour la gloire de Dieu et le salut du monde».

[Paix Liturgique] A Rome, la forme extraordinaire en toute normalité

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 411 - 30 octobre 2013

Cinq membres du bureau de Paix liturgique ont eu la grâce de participer au pèlerinage du peuple Summorum Pontificum qui s'est conclu ce dimanche 27 octobre par la célébration de la fête du Christ-Roi en la basilique de la Minerve par Mgr Fernando Rifan, ordinaire de l'Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney (Brésil). Nous reviendrons certainement sur ce pèlerinage qui a conduit les pèlerins de Saint-Raphaël, dont Mgr Guido Pozzo a présidé les Vêpres solennelles le 24 octobre, à Sainte-Catherine-de-Sienne, sur la châsse de laquelle a eu le privilège de célébrer Mgr Rifan – les Pères dominicains, qui ont la charge de la Basilique Santa Maria sopra Minerva, ayant fait la surprise aux organisateurs de libérer le chœur de la basilique de l'autel moderne qui l'occupe d'ordinaire.

Cependant, dans un premier temps, cette semaine, nous souhaitons simplement vous communiquer notre principale impression à notre retour de Rome : apud Petri Sedem, les catholiques « extraordinaires » sont traités comme des catholiques « ordinaires » ou, pour le dire sans jeu de mots, à Rome, la présence des représentants du peuple Summorum Pontificum est vécue normalement. Ni plus ni moins.

C'est donc forts d'une espérance toute simple que nous retrouvons nos paroisses et nos diocèses : que ce qui est possible et normal sur les bords du Tibre le soit aussi demain sur les bords de la Seine, de la Charente ou du Rhône.
I – LE MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AUX PÈLERINS
« À son Éminence Révérendissime, le cardinal Darío Castrillón Hoyos, à l'occasion du pèlerinage à Rome duCœtus Internationalis Summorum Pontificum dans le cadre de l'Année de la Foi, Sa Sainteté le pape François adresse son cordial salut, souhaitant que la participation au pieux itinéraire auprès des tombes des apôtres suscite une fervente adhésion au Christ, célébré dans l'Eucharistie et dans le culte public de l'Église, et procure un élan renouvelé au témoignage évangélique.

Le Souverain Pontife, invoquant les dons de l'Esprit Saint et la maternelle protection de la Mère de Dieu, adresse de tout cœur à Votre Éminence, aux prélats, aux prêtres et à tous les fidèles présents à cette sainte célébration Sa bénédiction apostolique implorée, propitiatrice de paix et de ferveur spirituelle. »

Cette bénédiction du Saint-Père, sans la moindre restriction de style concernant la forme liturgique spécifique des fidèles et prêtres concernés (ils célèbrent « le culte public de l’Église » – point), a été lue lors de la messe à Saint-Pierre de Rome, le samedi 26 octobre, par Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei. Ces lignes, signées du nouveau Secrétaire d'État, Mgr Parolin (il semble même que cela soit le premier message qu’il ait assumé), ont eu pour écho la vibrante homélie du cardinal Castrillón Hoyos, lui-même ancien Président de cette Commission et, à ce titre, principal artisan du Motu Proprio Summorum Pontificum, promulgué le 7 juillet 2007 par Benoît XVI.

Dans son homélie, le Cardinal, s'adressant au Souverain Pontife en usant d'un « nous » non pas de majesté mais collectif – le Cardinal se considérant comme membre du peuple Summorum Pontificum –, a en effet tenu à affirmer que « nous ne sommes pas seuls, Très Saint Père ; nous sommes avec des siècles d'Église et des légions de saints et de martyrs ». Un message fort qui est allé, on s’en doute, droit au cœur des pèlerins.

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Pour la seconde année, les pèlerins du peuple Summorum Pontificum sont entrés en procession à Saint-Pierre. Alors que les organisateurs étaient sur les dents le vendredi, en raison de l'interdiction qui leur avait été faite par la ville de Rome d'emprunter la via de la Conciliation faute d'effectifs de police suffisants, la procession a finalement pu, le samedi, remonter solennellement la majestueuse artère qui monte vers Saint-Pierre sous le regard des dizaines de milliers de personnes venues participer aux Journées de la famille. Ceci parce que les volontaires de l'Année de la Foi ont été mobilisés par le Vatican pour se substituer aux policiers municipaux comme ils le sont d'ordinaire pour tout autre groupe de pèlerins lors des grands événements. Tout simplement.

2) Pour la seconde année, un cardinal a célébré à l'autel de la Chaire. L'an dernier, le cardinal Cañizares, Préfet de la Congrégation du Culte divin, avait expliqué qu'il célébrait parce qu'il était selon lui « normal » de le faire. Cette année, le cardinal Castrillón, Préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé, a fait un pas de plus et s'est rangé du côté des pèlerins en usant du pronom collectif « nous » dans son sermon, comme le ferait normalement tout pasteur conduisant ses brebis en pèlerinage dans un lieu saint. Cette année, et pour la première fois depuis que sont célébrées des messes à l'autel de la Chaire de saint Pierre (précédemment : en 2011, à l'initiative du Père Nuara, à la fin du Congrès Summorum Pontificum ; en 2012, à la fin du premier pèlerinage Summorum Pontificum), les services du cardinal Comastri, archiprêtre de la basilique vaticane, avaient cette année reculé l'autel au milieu du chœur. Un aménagement habituel lors des cérémonies qui demandent un vaste espace devant l’autel, notamment adopté pour les ordinations des membres du séminaire nord-américain. Puisque le service liturgique conforme aux prescriptions de la forme extraordinaire du rite romain se déploie mieux ainsi, on a fait de même pour lui. Tout simplement.

3) Pour la seconde année consécutive, le Secrétaire d'État a fait parvenir aux pèlerins un message du pape. La faveur n’est pas toujours accordée, mais il est dans les usages que les groupes notables de pèlerins ad Petri Sedem soient salués et encouragés par le Saint-Père. Les pèlerins Summorum Pontificum le sont aussi. Tout simplement.

4) Vous aurez compris, si nous soulignons cette « normalité » avec laquelle s'est déroulé ce pèlerinage – du moins dans sa dimension institutionnelle car, sur le plan spirituel, ces journées romaines ont été d'une exceptionnelle richesse –, c'est parce que, bien souvent encore, le traitement réservé aux cœtus (groupes de fidèles) Summorum Pontificum dans nos paroisses et nos diocèses est anormal. Combien de portes fermées ? de fins de non recevoir ? de « les conditions ne sont pas réunies » pour vous accorder l'application du Motu Proprio ? de « vous êtes ferment de divisions » ? de « laissez-moi le temps de consulter le conseil paroissial / mes confrères du doyenné / l'évêque » (rayez les mentions inutiles !) ?

Depuis 2011, les portes de Saint-Pierre sont grandes ouvertes aux catholiques Summorum Pontificum. Depuis 2012, le Pape leur souhaite la bienvenue : Merci Très Saint-Père… Depuis 2013, on leur donne toutes facilités. Nul doute qu’il en sera bientôt de même à Angoulême, à Lille ou à Langres.
ANNEXE – L'HOMMAGE DES PÈLERINS AU CARDINAL CASTRILLÓN HOYOS
Après la cérémonie, dans la Sacristie de Saint-Pierre, les responsables du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum ont remercié le cardinal Castrillón Hoyos, non seulement pour la célébration du jour mais aussi, et surtout, pour son action de longue date en faveur de la paix et de la réconciliation. La Schola Sainte-Cécile s'est associée à ce moment chaleureux en entonnant un superbe Ad multos annos, le cardinal fêtant ce même jour le 61ème anniversaire de son ordination sacerdotale.

Voici le texte du message de remerciement lu au Cardinal en espagnol, à l'issue de la cérémonie :
« À S.E.R. Monsieur le Cardinal Darío Castrillón Hoyos,
Préfet émérite de la Sacrée Congrégation pour le Clergé,
Ancien Président de la Commission Pontificale Ecclesia Dei,
Résolu défenseur durant des lustres du « droit de Cité » de la liturgie grégorienne, pour assurer la paix de l’Église et faire bénéficier tous les prêtres et fidèles catholiques, surtout les plus humbles d’entre eux, des inépuisables richesses de la vénérable tradition latine,
Dont Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a consacré en 2007 l’action patiente et vigoureuse dans son Motu Proprio Summorum Pontificum,
Qui, le 27 octobre 2013, jour anniversaire de son ordination sacerdotale, a célébré à l’autel de la Chaire de l’Apôtre en la Basilique Vaticane, la messe pontificale pour le pèlerinage du Peuple Summorum Pontificum, au milieu d’un grand concours de prêtres et de fidèles,
Les membres du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum et la chorale Sainte-Cécile de Paris expriment leur extrême reconnaissance et leur affectueuse vénération.. »

29 octobre 2013

[DICI] La Fraternité Saint-Pie X accueille 43 nouveaux séminaristes

La chapelle du séminaire de
Goulburn, en Australie.
SOURCE - DICI - 29 octobre 2013

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X accueille cette année 2013-2014, en 1ère année de spiritualité, dans ses différents séminaires, un total de 43 jeunes gens.

Dans l’hémisphère Nord, le séminaire Saint-Curé d’Ars à Flavigny (France) reçoit 15 nouveaux séminaristes (14 Français et 1 Italien) et 6 postulants frères (5 Français et 1 Canadien).

Le séminaire du Sacré-Coeur à Zaitzkofen(Allemagne) reçoit 4 nouveaux séminaristes (2 Allemands, 1 Polonais et 1 Tchèque) et 2 postulants frères (1 Polonais et 1 Tchèque).

Le séminaire Saint-Thomas-d’Aquin à Winona(USA) reçoit 10 nouveaux séminaristes (9 Américains et 1 Irlandais) et 2 postulants frères (2 Américains).

Dans l’hémisphère Sud, la rentrée de mars 2013 avait vu l’arrivée au séminaire Notre-Dame Co-rédemptrice à La Reja (Argentine) de 8 nouveaux séminaristes (4 Argentins, 2 Brésiliens et 2 Mexicains) et 1 postulant frère (Brésilien).

Au séminaire de la Sainte-Croix à Goulburn (Australie), 6 nouveaux séminaristes étaient entrés en première année (2 Australiens, 1 Américain, 1 Indien, 1 Néo-Zélandais et 1 Nigérian).

Soit au total pour cette année 2013, 43 entrées en première année de séminaire et 16 entrées au postulatdes noviciats.

Les séminaires de la Fraternité Saint-Pie X comptent actuellement 210 séminaristes en formation, ainsi que 20 novices et postulants frères.­­

(Source : FSSPX/MG – DICI du 29/10/13)

28 octobre 2013

[SPO] Dernier acte du pèlerinage Summorum Pontificum : messe du Christ-Roi à Sainte-Marie de la Minerve

SOURCE - SPO - 28 octobre 2013
Le pèlerinage Summorum Pontificum s’est achevé hier, dimanche matin 27 octobre, par la messe pontificale du Christ-Roi, dans la basilique Sainte-Marie de la Minerve, à Rome. Elle était célébrée, privilège rare, à l’autel majeur, sur le corps de sainte Catherine de Sienne, patronne de l’Italie, devant une nef pleine de fidèles et une cinquantaine de prêtres.

L’évêque célébrant, Mgr Rifan, Ordinaire de l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie Vianney, au Brésil, a prononcé en italien, d’abondance de cœur, une homélie sur le Christ qu’il n’était pas permis d’arracher des institutions et des législations, que n’eussent pas désavouée les spécialistes du Droit public de l’Église formés jadis au Séminaire Français, à cent mètres de là, de l’autre côté de la Place de la Minerve.

S’agissant du dernier acte du pèlerinage Summorum Pontificum en conclusion de l’Année de la Foi, Mgr Rifan a souligné le puissant support que la forme extraordinaire du rite romain représentait pour la confession de la foi.

26 octobre 2013

[Mgr Williamson] FSPX en chute

SOURCE - Mgr Williamson - 26 octobre 2013

Pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes il est important d’analyser pourquoi les 40 glorieuses années de défense de la Foi par la Fraternité St Pie X risquent de toucher à leur fin. Un article et une lettre récemment rédigés peuvent servir dans ce sens, l’article pour analyser la chute de la FSPX, la lettre pour suggérer comment elle pourra ressusciter. 

L’article a paru en français sur l’Internet (voir « Un évêque s’est levé »). Après avoir lu dans un livre sur l’utopisme de l’éducation moderne comment le même processus utopiste en six étapes se retrouve dans la politique moderne, l’auteur de l’article a constaté qu’il s’applique également à la FSPX. D’abord le processus : 1 Le refus d’accepter la nature humaine comme donnée à reconnaître et non pas à malmener. 2 le rêve de fabriquer un enfant/un homme tout nouveau, tout neuf. 3 L’exclusion des structures naturelles de la famille/société. 4 La refonte totale de l’enfant pour créer une société parfaite. 5 Les résultats désastreux, malgré toutes les bonnes intentions du départ -- 6 Des enfant s abrutis et pervers, une société d’apostats qui font la guerre à Dieu. 

Ensuite l’application à la FSPX : 1 Le refus de la réalité de cette crise sans précédent dans l’Église. 2 Le rêve de concilier les inconciliables que sont la Néo-église conciliaire et la Tradition catholique. 3 Le refus de tout échange naturel entre les Supérieurs et les sujets. 4 La refonte totale de l’autorité catholique pour imposer le rêve – qu’il s’agisse de l’éducation, de la politique ou de la FSPX, lorsque le rêveur se trouve affronté à une réalité qui ne se laisse pas faire, il est apte à recourir à toute la force dont il dispose pour écraser la réalité, parce que son rêve est tellement plus beau. 5 Résultat désastreux, la stalinisation de la FSPX, malgré toutes les bonnes intentions -- 6 La perte de l’esprit de combat qui peut conduire jusqu’à la perte de la foi. 

La lettre qui m’est parvenue par courriel suit la même analyse en général mais ajoute une note d’espérance. Le pape François et Mgr Fellay étant qui ils sont, dit l’auteur de la lettre (et on pourrait ajouter que les deux sont des utopistes), les accords entre Rome et la FSPX vont avoir lieu et toute résistance sera écrasée. Si la FSPX tombe, continue-t-il, ce sera parce qu’elle a sous-estimé les laïcs et n’a pas su en profiter pour établir le Règne du Christ Roi dans la société. Il suffira que la FSPX coopère de nouveau avec les laïcs pour établir ce Règne, et voici la note d’espérance : elle réunira et renforcera des catholiques croyants de toute sorte qui ont gardé la Foi malgré ce qu’ils souffrent depuis des années, qu’ils viennent de la Néo-é ;glise, d’Ecclesia Dei, des Franciscains de l’Immaculée, de n’importe où. De cette façon, conclut la lettre, la FSPX « par l’action de ceux qui lui seront restés fidèles ne sombrera pas dans le chaos, bien au contraire. » 

A mon avis le cléricalisme (l’erreur de sous-valoriser les laïcs) a été un aspect du problème de la FSPX, mais je suis moins sûr qu’il ait été à la racine du problème. A la racine je pense plutôt qu’on s’est tourné vers l’homme à la place de Dieu (voir Jérémie XVII, 5,7), détournement nullement limité à la FSPX, et que suit la perte de l’objectivité du vrai et du faux comme du bien et du mal. Mais je suis d’accord avec l’auteur de la lettre lorsqu’il entrevoit une nouvelle alliance formée de catholiques venant tôt ou tard de tous les coins de la Néo-église et de l’Église pour maintenir la Foi catholique. Que la FSPX sache secouer ses problèmes actuels pour jouer un rôle de premier rang, non, plutôt un rôle humble, dans cette alliance. 

Kyrie eleison. 

[Guillaume Luyt - Présent] Rome en mode extraordinaire

SOURCE - Guillaume Luyt - Présent - 26 octobre 2013

De notre correspondant permanent au Siège Siège
Rome en mode extraordinaire
François saluera-t-il les pèlerins du peuple Summorum Pontificum qui, ce samedi, se retrouvent à Saint-Pierre de Rome pour une messe pontificale célébrée par le cardinal Castrillón Hoyos à l’occasion du 61e anniversaire de son ordination sacerdotale?
 
La question n’est pas accessoire car, pour l’instant, le pape n’a consacré explicitement – c’était dans l’entretien aux jésuites – que deux phrases à la liturgie traditionnelle et à ceux qui y sont attachés : « Je pense que le choix du pape Benoît fut prudentiel, lié à l’aide de personnes qui avaient cette sensibilité particulière. Ce qui est préoccupant, c’est le risque d’idéologisation du Vetus Ordo, son instrumentalisation.»

De nombreux catholiques de tradition, en particulier sur ce fabuleux mais souvent cacophonique tam-tam qu’est internet, ont considéré que c’était également leur sensibilité qui était visée par l’évêque de Rome quand celui-ci a mis l’Eglise en garde contre le triomphalisme ou encore contre le pélagianisme. Sauf qu’il ne s’agit que d’interprétations des intentions du pape, pas forcément de ce que le jésuite qu’il est a voulu réellement communiquer.
Un avertissement
Reste que les deux seules phrases du pape concernant effectivement la liturgie traditionnelle – qu’il appelle « Vetus Ordo » – ne témoignent pas d’une grande ouverture. Là où François parle d’un choix « prudentiel » de Benoît XVI « lié à l’aide de personnes qui avaient cette sensibilité particulière », Benoît XVI avait très clairement, dans sa lettre aux évêques, souligné qu’il était « bon pour nous tous de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise » et noté que, tandis qu’on « pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée (...) il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement».

La seconde phrase, sur le risque d’idéologisation et d’instrumentalisation du « Vetus Ordo » sonne encore plus, sinon comme un couperet, du moins comme un avertissement. Reconnaissons que Benoît XVI lui-même, toujours dans sa lettre aux évêques accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum, avait constaté que « les exagérations ne manquent pas » parmi « certains fidèles liés à l’ancienne tradition liturgique latine ». Mais, plus qu’une condamnation, c’était une occasion pour lui d’assurer aux évêques qu’il comptait sur leur « charité et [leur] prudence pastorale » pour servir « de stimulant et de guide pour perfectionner les choses ». Ce qu’on peut appeler une correction paternelle, faite de bienveillance et de vérité.
Les périphéries du pape
Si beaucoup de fidèles et de prêtres pensent, non sans raisons objectives, que l’actuel pontificat marque un retour en arrière en matière de liturgie et que, par certains aspects, nous assistons au retour des années Paul VI, certains observateurs, connaisseurs de l’ancien cardinal de Buenos Aires, estiment que le pèlerinage de ces jours-ci pourrait offrir au pape François l’occasion d’un coup de barre « à droite » après tant de coups de barre « à gauche ». Pape des « périphéries », François ne peut totalement ignorer que les catholiques liés à la liturgie grégorienne ont, depuis 50 ans, été relégués aux confins de l’Eglise: combien de curés révoqués, de religieux persécutés, de fidèles méprisés au seul prétexte de leur attachement à ce qui, jusqu’à la réforme conciliaire, avait été non seulement la norme mais aussi la source et le sommet (fons et culmen) de la vie de l’Eglise?

Si François devait faire un geste ce samedi envers le peuple Summorum Pontificum, ce ne serait somme toute que justice : pour les fidèles, pour les ecclésiastiques, mais aussi pour son prédécesseur dont les médias et un certain clergé ont hâte de prononcer la damnatio memoriae.

Alors que le qualificatif « ratzinguérien » semble devenu une insulte à Rome – mercredi matin, deux prêtres en soutane ont eu la surprise de s’entendre apostropher de la sorte par un confrère inconnu à leur entrée dans la salle de petit-déjeuner de la Maison romaine du Clergé, à deux pas du Vatican – certains n’hésitent cependant pas à témoigner de leur fidélité à Benoît XVI. C’est le cas de Mgr Rifan, ordinaire de l’administration apostolique saint Jean-Marie Vianney de Campos, au Brésil – qui célèbrera dimanche la messe de clôture du pèlerinage en la basilique de la Minerve pour la fête du Christ-Roi – qui, sur son blog, a expliqué ainsi la raison de sa participation au pèlerinage Summorum Pontificum : « Ma présence manifeste mon appui aux catholiques liés dans le monde entier à la liturgie traditionnelle et, dans le même temps, a pour but de montrer qu’il est possible de la conserver tout en étant en parfaite communion avec le Saint-Père et avec toute l’Eglise. Ainsi comprise, la messe ancienne contribue grandement à la justesse de l’ars celebrandi et à la « paix liturgique » dans l’Eglise, comme le désirait Benoît XVI.»

Le pape François partage-t-il cette vision ? La réponse nous sera donnée aujourd’hui à Rome.
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De notre correspondant auprès du Saint-Siège Guillaume Luyt

Article extrait du n° 7968 de Présent, du Samedi 26 octobre 2013

[Olivier Figuéras - Présent] Des ordinations au séminaire Saint Vincent de Paul à Courtalain - Interview de l’abbé Aulagnier

SOURCE - Olivier Figuéras / Abbé Aulagnier - Présent - 23/26 octobre2013

• Vous êtes désormais le directeur du séminaire. Comment cela s’est-il fait ? Et est-ce à dire que la situation est “normalisée” ? Roma locuta, causa finita est ?
Tout c’est fait bien simplement…M l’abbé Perrel ayant donné sa démission à la tête du séminaire Saint Vincent de Paul, à Dom Forgeot, « ministre plénipotentiaire » de Rome et à ce titre, notre supérieur général par interimjusqu’à la tenue du nouveau Chapitre Général, il a bien fallu qu’il cherche et trouve quelqu’un pour le remplacer. Il m’a demandé d’en prendre la direction. Je n’ai pas cru devoir refuser…d’autant que je connaissais déjà le séminaire puisque, depuis le début de la fondation, je venais donner des cours en année de spiritualité, sur les « Actes du Magistère », sur la « Messe et la liturgie ». Il suffisait que j’ajoute un cours de « spiritualité »…Je lui ai donc donné mon accord. Il a formalisé sa décision par un décret en bonne et du forme. Le supérieur général en son Conseil, qui venait d’être élu par les membres du Chapitre Général, a donné son consentement.

Aussitôt dit, aussitôt fait, je me suis mis à l’ouvrage. Il fallait organiser le corps professoral et améliorer les conditions d’hébergement des séminaristes. Ce fut vite fait.

J’ai contacté immédiatement des amis prêtres qui pourraient et voudraient bien nous aider dans cette œuvre capitale de formation sacerdotale dans un bon esprit de fidélité au Magistère de toujours et dans l’esprit de Mgr Lefebvre. C’est mon « maître » et je désire lui rester fidèle. Ils ont tous répondu avec beaucoup de sympathie. Tout notre corps est aujourd’hui au complet. Nous avons plusieurs prêtres de l’IBP, dont le Supérieur Général qui assure le cours de Morale, et plusieurs intervenants extérieurs, dont M l’abbé Pillet et M l’abbé de Ducla. Pour deux autres, nous utilisons les progrès modernes : nous utilisons le système de « video conférence », avec le Père Poquet ainsi qu’avec M l’abbé Mercury. C’est ainsi que, l’un, de Nancy, l’autre, de Corse, donnent leurs cours, l’un de « mariologie » avant d’entamer le traité sur « la grâce », l’autre, le traité du « de Revelatione ». Cela marche bien. Ainsi je diminue les frais pour le séminaire et je reste « compétitif » si l’on peut dire. Les séminaristes voient le professeur, l’entendent comme s’il était devant eux, le professeur voit ses élèves de la même manière. Le cours peut être interactif. Les élèves peuvent interroger le professeur…C’est bien ainsi…même si je souhaiterais avoir tout le corps professoral présent sur place….En effet un professeur de séminaire ne donne pas seulement des cours. Il dirige aussi les séminaristes, les suit dans l’évolution de leurs âmes et les aide dans leurs difficultés personnelles. En ce domaine, la diversité est une bonne chose, l’exemple de prêtres anciens et sages est aussi une bonne chose pour les futurs prêtres. Mais avec le temps et la protection de la Sainte Vierge nous y arriverons.

Vous me demandez si la situation dans l’IBP est « normalisée ». Je vous répondrai que c’est le cas. Non seulement pour le séminaire mais pour l’IBP dans son ensemble, même si nous connaissons encore quelques difficultés. Mais elles sont là pour éprouver notre patience, notre charité et notre force. Ce qui m’a le plus frappé dans la personnalité de Mgr Lefebvre fut la force jointe à la patience. Ce sont de toute façon deux vertus très unies. Nous avons connu, il est vrai, beaucoup de difficultés l’année dernière…Je crois que c’est le signe d’un « futur glorieux ». Voyez la FSSPX. J’ai connu les débuts de l’œuvre de Mgr Lefebvre, je peux vous dire qu’elles ne manquèrent pas…Le corps professoral, un jour, voulut purement et simplement l’exclure du séminaire. Ce sont eux qui finirent par quitter. Cela n’a pas empêché l’œuvre de se développer… Une œuvre sera d’autant plus fertile qu’elle connaitra, dans ses débuts, de grandes difficultés. Un saint aura d’autant plus d’influence un jour qu’il connaitra la tribulation. Je dirais volontiers que c’est en proportion : plus un prêtre connait la croix, plus son ministère sera riche. Voyez les saints. Voyez le saint Curé d’Ars… C’est une loi absolue. Le disciple n’est pas au dessus de son Maître. Le Christ a été persécuté. Il a opéré l’œuvre de la rédemption par la Croix. Ainsi des disciples du Christ. Il en sera toujours ainsi.

De plus, Rome a parlé et comme vous le dites, « Roma locuta est, causa finita est ». Rome, par la commission Ecclesia Dei a entériné les décisions du Chapitre Général que Dom Forgeot a communiquées dès le soir même du Chapitre. La commission, même si ce n’était pas requis absolument, en a confirmé toutes les décisions. Cela suffit. C’est une tranquillité pour tous, pour les séminaristes. Ils se sont mis au travail avec enthousiasme. Et tout le reste n’est qu’anecdote, « feu de paille », même si l’on s’y brûle quelque fois. Ils seront bien inspirés ceux qui entendront la sagesse de Rome appuyant le nouveau Chapitre Général, autrement ils périront….
• Un nouveau directeur, mais aussi un nouveau bâtiment. Pourquoi ?
Un nouveau bâtiment. Pourquoi ? Parce que l’ancien bâtiment était vraiment trop petit. En raison de l’exigüité des locaux anciens, nous avons du louer une autre maison en plein centre du village. Les séminaristes l’appelaient « la maison d’en face ». Ils auraient pu lui donner un nom de saint…C’est comme çà. Vous aviez ainsi la communauté dispersée en différents endroits. C’était peu agréable. Certes, il faut commencer. Et nous étions bien heureux d’avoir en septembre 2006, date de l’ouverture du séminaire, ces locaux. Nous les avions loués, au marquis de Gontau Biron avec un bail emphytéotique. Nous avions pu aussi avoir l’aval de l’évêque de Chartres que j’avais visité pour l’informer de mon projet. Malgré ces locaux trop exigus, le séminaire était donc légitimement reconnu dans le diocèse. C’est très important. Et un peu miraculeux…Et de fait, Mgr Pensard est venu quelque fois visiter le séminaire, le curé de Chateaudun aussi. Nous sommes sur son territoire. Nous bénéficions, toujours avec l’agrément des autorités, de l’usage de l’Eglise paroissiale, les dimanches et jours de fêtes. C’est ainsi que les ordinations du samedi 26 octobre prochain se dérouleront dans cette belle église dédiée à Saint Jean Baptiste.

Mais il se trouve que juste en face des locaux du Marquis, notre premier séminaire, se trouvait une très grande maison qui logeait une maison de retraite de personnes âgées. Il fallait qu’elle quitte ces locaux parce qu’elle n’était plus aux normes demandées. L’administration devait construire à l’entrée du village une autre maison. Je suis allé visiter le directeur. Il me confirma la nouvelle et me dit que la construction prendrait bien trois ans. Ce qui fut le cas. Nous sommes en 2007. La maison de retraite se transporte dans ses nouveaux locaux à l’entrée du village, en 2011. Et pendant deux -trois ans, cette maison est restée vide. La mairie et le Conseil général ont bien cherché à lui trouver une affectation. Mais en vain. Rien à faire. Personne, ni les HLM ni autres œuvres sociales ne s’intéressent à cette propriété… La Providence veillait. J’ai toujours dit à M l’abbé Laguérie qu’il fallait porter notre attention sur ce bâtiment. Qu’il nous conviendrait parfaitement. Soixante cinq chambres, avec le confort moderne, grand cuisine, grande salle à manger, salle d’administration… Là, pourrait s’installer le séminaire. Soixante séminaristes sur six ans, c’est à la portée de l’IBP. C’est la bonne mesure… Dans les anciens locaux, vous y installez la Maison Générale. Non…Ces bâtiments ne sont pas assez « religieux »… Il est vrai, ce ne sont pas des bâtiments « conventuels », comme on les aime…. Le mieux est bien souvent l’ennemi du bien…A moi, ils me paraissaient très fonctionnels. Il fallait les louer…Le corps professoral ne voulait rien entendre. Et c’est ainsi que deux ans se sont écoulés sans que rien ne se fasse, sans contacter l’administration. Les séminaristes restaient toujours à l’étroit, dans de petites chambres aux cloisons très minces, très bruyantes…Il fallait être vertueux pour vivre dans de telles conditions. Le silence était difficile a observer…Vous entendiez tout d’une chambre à l’autre. Vous n’aviez qu’une douche pour six chambres…qu’un lavabo pour trois chambres. On ne pouvait continuer dans cette situation. Dès que la Providence me mit dans les mains ce séminaire, je n’ai pas tardé à contacter l’administration, et nos amis pour savoir s’ils nous soutenaient…Un premier contact a eu lieu chez le notaire pour avoir la confirmation de la liberté des locaux, les conditions furent précisées et M l’abbé Laguérie pouvait ainsi signer le bail pour un an avec perspective d’achat, dès le 12 septembre 2013 . C’était le jour de l’entrée officiel des séminaristes. Quelques uns étaient déjà présents les jours précédents. M l’abbé Laguérie, qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot, a mis tout son monde à l’ouvrage. Nous avons porté, me disait-il avec fierté, onze camionnettes à la décharge…Le séminaristes se sont aussi afférés à déménager dans leurs nouvelles chambres. Il n’était pas rare quand vous traversiez les couloirs de voir, en ces jours là, un matelas sur la tête d’un séminariste, une armoire, un lit, des caisses de livres….Le tout fut exécuté sans retard….Ils étaient heureux d’occuper leur nouvelle chambre. Je viens d’interroger les séminaristes, en visite, à tour de rôle, tous sont largement satisfaits de leurs nouvelles conditions de logement. Je m’en réjouis pour eux et en remercie nos bienfaiteurs qui nous ont permis de faire cette location.
• Des ordinations ont lieu samedi prochain. Dans quelles circonstances ?
Nous avions pris du retard dans les ordinations, l’an dernier, en raison des circonstances propres à l’IBP et des difficultés rencontrées. Il faut rattraper le retard. Aussi nous voulons mettre les bouchées doubles, sans précipitation cependant. Comme je viens de le dire aux séminaristes ; « l’ordre et les ordres sont les deux mamelles d’un séminaire » C’est la vie ! Je leur donnais la comparaison de Sully, le ministre des finances d’Henri IV. Ne disait-il pas : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Et bienmutatis mutandis, je vous dis que « l’ordre et les ordres sont les deux mamelles d’un séminaire ». Je leur expliquais qu’un séminaire ne se conçoit pas sans ordre, sans discipline, sans silence ; mais aussi sans les « ordres ». Le souhait légitime d’un séminariste, c’est, chaque année, de progresser vers le sacerdoce. L’Eglise, à juste titre, a établi différents ordres, depuis toujours, pour arriver au sacerdoce et cela avec sagesse, comme le dit expressément le Concile de Trente et son catéchisme. Les séminaristes ne viennent pas au séminaire pour mener une vie contemplative comme dans un monastère, mais pour se former au sacerdoce et « aller ensuite évangéliser le monde, annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Le sacerdoce est la fin légitime du séminaire et du séminariste… Il est normal qu’il souhaite, chaque année, passer de la tonsure cléricale, à l’ordre de portier, de lecteur, d’exorciste, d’acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre et enfin de Prêtre. C’est le sacerdoce qui les motive dans l’acquisition de la science philosophique et théologique et dans leur recherche de la sanctification. Oui ! Vraiment « ordre et les ordres sont les deux mamelles du séminaire, tout comme le labourage et les pâturages sont les deux richesses de la France. Il fallait donc trouver rapidement quelqu’un pour conférer les ordres qui n’avaient pu être donnés l’an dernier. Le RP Abbé Dom Forgeot, abbé émérite de Fontgombault, a bien voulu répondre à l’appel de M l’abbé Laguérie. Nous l’en remercions vivement. Et c’est ainsi que 12 ou 13 séminaristes, samedi prochain, recevront la cléricature pour les uns, les ordres mineurs pour les autres. Ils en sont heureux. Et ils attendent leurs amis et familles pour cet événement. Si vous êtes encore libres, venez-vous joindre à nous.
• Vous annoncer pouvoir remplir les 65 places en trois-quatre ans. Etes-vous magicien ; ou prophète ?
Je ne suis ni magicien ni prophète…Ca se saurait…Mais l’ordre retrouvé et assuré par la reconnaissance romaine, tous les espoirs nous sont permis. A voir le nombre de connexions sur notre site demandant des explications me laisse espérer un « remplissage » du séminaire relativement rapidement. Nous avons une situation parfaite dans l’Eglise. Je veux y insister, si vous le permettez. L’Institut, qui est un Institut de Droit Pontifical et donc qui a une reconnaissance officielle dans l’Eglise, a trois avantages merveilleux, inscrits dans ces statuts, statuts, encore une fois, qui ont l’aval de Rome. Elle a le droit de célébrer la messe tridentine. Beaucoup de jeunes, qu’on le veuille ou non, y sont attachés. Il faudra bien que la hiérarchie le reconnaisse et l’admette pour un futur apostolat…Il lui est même reconnu l’exclusivité de ce rite dans sa vie pastorale. Elle est ainsi constituée en une « véritable famille liturgique ». C’est un atout non négligeable. Cela peut pour l’instant être une petite complication pour l’apostolat. Mais attendez encore quelques années… et vous verrez que ce sera une véritable force devant des épiscopats hésitants. Je ne suis pas prophètes…Mais j’ai simplement un peu de bon sens… Enfin, le troisième bien de l’IBP, c’est sa reconnaissance officielle par Rome. L’IBP est un Institut de droit pontifical. C’est très important. J’ai pendant des années cherché à convaincre mes confrères de la FSSPX qu’il était temps de « normaliser notre situation avec Rome »… Ils n‘ont pas voulu. Ils vont finir vraisemblablement par se diviser. Ils risquent de devenir un mouvement « autocéphale ». C’est ce que je crains. Ce serait terrible et certainement pas ce que Mgr Lefebvre souhaitait. Ce n’est pas parce que vous normaliser une situation canonique que vous vous rallier à l’erreur. Ces deux choses ne sont pas intrinsèquement liées. Du moins qu’on m’en fasse la preuve. Nous étions en 1988, Mgr Lefebvre tendait la main à l’autorité….Et nous étions éloignés de deux ans seulement du grand « scandale » d’Assise (1986). Ce n’est pas parce que le pape François fait un jour une profession de « relativisme morale » scandaleux qu’il faut s’enfermer dans son « quant à soi » et crier horreur comme une vierge effarouchée.

Ces trois biens, la messe tridentine, son exclusivité et une reconnaissance franche et nette par l’Eglise, sans compromis avec l’erreur…voilà les trois biens de l’IBP. Voilà ce qui attire une certaine jeunesse. Je vous dis que je ne désespère pas de remplir vite le séminaire. Voyez. Nous avons été « bousculés » toute une année et fortement, une vraie tempête qui nous faisait souvent crier vers le Seigneur « Seigneur nous périssons». Nous n’avons pas coulé, nous ne coulons pas, nous ne coulerons pas…Et 8 jeunes sont venus, malgré tout, nous rejoindre à Courtalain. Courtalain est vraiment un séminaire international. Brésiliens, polonais, français, africain du Congo, chiliens, italiens se trouvent réunis ensemble. C’est une richesse formidable…une vraie famille, sans racisme, sans exclusivisme. Il y fait bon vivre. Venez voir. Et aidez nous à porter cette œuvre.
Interview parue dans Présent du mercredi 23 octobre 2013 et du samedi 26 octobre 2013.

24 octobre 2013

[Abbé Bernard de Lacoste, fsspx - LAB de l'école Saint-Bernard de Bailly (78)] Pourquoi ne sommes-nous pas ralliés?

SOURCE - Abbé Bernard de Lacoste, fsspx - LAB de l'école Saint-Bernard de Bailly (78) - octobre 2013

Contrairement à la Fraternité Saint-Pierre et à l'Institut du Christ-Roi, nous ne sommes pas ralliés à la Rome moderniste. Pourquoi ? Parce que les propos de Mgr Lefebvre valent encore aujourd'hui :
« Nous refusons et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. Toutes ces réformes, en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l'Eglise, à la ruine du Sacerdoce, à l'anéantissement du Sacrifice et des Sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans les Universités, les Séminaires, la catéchèse, enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamnés maintes fois par le magistère solennel de l'Eglise. Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l'Eglise depuis dix-neuf siècles. S'il arrivait, dit saint Paul, que nous-même ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit anathème. (Gal. 1 ; 8)».
Nous ne sommes pas ralliés parce que nous voulons rester catholiques romains. Comme l'écrivait notre fondateur dans la même déclaration du 21 novembre 1974 :
« Nous adhérons de tout coeur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la Foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.»
Concrètement, nous ne sommes pas ralliés :

1. parce que l'enseignement des autorités actuelles de l'Eglise est, en de nombreux points, non conforme à la foi catholique. Nous n'avons pas le droit de collaborer à la perte de la foi et à l'autodestruction de l'Eglise. Nous devons au contraire travailler à la restauration de l'Eglise dans le sens de la Tradition, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ;

2. parce que l'expérience montre que le ralliement conduit au mutisme : toutes les communautés ralliées restent muettes face aux scandales et aux erreurs doctrinales de Rome. Or, d'après saint Thomas, les pasteurs ont le devoir grave de crier haut et fort si la foi du troupeau est en danger, même si ce danger vient de l'autorité. Nous n'avons pas le droit de nous taire ;

3. parce que les cérémonies oecuméniques et interreligieuses constituent de graves offenses à Notre-Seigneur Jésus Christ, unique vrai Dieu, et que nous voulons montrer que nous ne cautionnons pas de tels scandales ;

4. parce que nous voulons enseigner à nos enfants le catéchisme du concile de Trente et celui de saint Pie X, et non le Catéchisme de l'Eglise catholique, contaminé par le modernisme ;

5. parce que la nouvelle messe est mauvaise et que nous ne voulons donc ni la célébrer, ni y assister activement, même de façon exceptionnelle, ni laisser entendre par notre silence qu'elle est inoffensive ;

6. parce que nous ne voulons pas faire appel à un évêque moderniste pour donner le sacrement de confirmation à nos enfants ;

7. parce que nous ne voulons pas faire appel à un évêque moderniste pour donner le sacrement de l'ordre à nos séminaristes.

Ceci étant dit, nous ne voulons pas tomber dans l'excès inverse : nous pensons que la thèse sédévacantiste est imprudente et s'appuie sur des arguments incertains.

Nous prions chaque jour pour le pape François au canon de la messe, persuadés que, un jour, le successeur de Pierre prêchera à nouveau la foi catholique intégrale.

Que la Vierge Marie nous donne la grâce de rester catholiques et d'accomplir chaque jour avec fidélité notre devoir d'état.

Abbé Bernard de Lacoste, Directeur

23 octobre 2013

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : l’appartenance à la FSSPX exige la reconnaissance du pape

SOURCE - Credidimus Caritati - 23 octobre2013
Certains milieux sédévacantistes, pouvant difficilement faire passer le fondateur de la FSSPX pour l’un des leurs, ont parfois tenté d’expliquer qu’il était toutefois tolérant à l’égard de leurs thèses et que la question qui leur tient à cœur demeurait ouverte dans son entourage. Ainsi, n’hésitèrent-ils pas à solliciter quelques interrogations que l’archevêque s’était faites. Pourtant, son attitude en la matière n’a guère varié. Il ne nous est pas permis, expliquait-il, de statuer sur ce qui relève des prérogatives des autorités de l’Église et nous devons reconnaître le successeur de Pierre, malgré les graves dérives que nous pouvons constater à Rome. Aussi, refusait-il que les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X s’affranchissent de la reconnaissance du pape. C’est en ces termes qu’il s’ouvrait de cette exigence devant les séminaristes d’Écône le 29 janvier 1980 :
« Chers amis, avant de continuer la conférence, je voudrais dire deux mots au sujet de ce que l’on pourrait appeler la situation de la Fraternité. Il y a peut-être eu parmi vous un petit peu d’émotion ces temps-ci au sujet de ceux qui ne veulent pas admettre l’attitude de la Fraternité vis-à-vis du pape et vis-à-vis de la Messe, mais plus particulièrement vis-à-vis du pape. C’est vrai que je suis peiné de voir qu’il y a quelques-uns parmi nos jeunes prêtres qui ne veulent pas garder l’attitude qu’ils ont connue ici. C’est ce que j’ai eu l’occasion de leur dire : je ne comprends pas comment vous pouvez vous séparer comme cela de l’esprit de la Fraternité, étant donné que vous savez parfaitement qu’ici, à Écône, on a toujours prié pour le Saint-Père, on a toujours considéré que le Saint-Père existait, j’en ai montré l’exemple par le fait que j’ai toujours répondu aux appels qui m’ont été faits à Rome. Par conséquent, vous rompez avec la tradition du séminaire, vous rompez avec ce qui a été fait dans la Fraternité, et vous emmenez les fidèles que la Fraternité vous a confiés dans une voie qui n’est plus celle de la Fraternité. Alors s’il y a des difficultés dans votre communauté, elles ne viennent pas de l’attitude que nous avons à Écône, elles viennent de votre attitude qui n’est pas conforme à celle d’Écône et à celle de la Fraternité. 
« Il y a donc un manque de fidélité de leur part. Ils le savaient très bien lorsqu’ils ont reçu l’ordination, ils savaient parfaitement quelle était l’orientation de la Fraternité. Alors je dirais que c’est à la fois un manque de fidélité, un manque de loyauté parce qu’enfin, tout de même, ils savent qu’ils ont reçu l’ordination dans la Fraternité, de mes mains, ils m’ont promis obéissance au moment de l’ordination et je pense que, dès avant l’ordination, ils avaient déjà cette idée de ne pas prier pour le pape et de ne pas considérer le pape comme existant. Alors cela n’est vraiment pas permis, devant le Bon Dieu, de dire : nous acceptons l’ordination, mais nous ne suivrons pas les orientations de celui qui nous l’a donnée, du fondateur de la Fraternité. C’est inadmissible, c’est vraiment malheureux, c’est vraiment très pénible de considérer l’attitude de ces quelques prêtres. Heureusement ils sont peu nombreux, ce sont des exceptions, j’aurais souhaité qu’il n’y ait pas d’exception et que tous comprennent bien l’attitude que prend la Fraternité. »

22 octobre 2013

[Julien Gunzinger - eschaton.ch] Affaire Priebke: quand les autorités romaines rampent…

SOURCE - Julien Gunzinger - eschaton.ch - 22 octobre 2013

Les belles âmes se sont indignées que la Fsspx consente à donner des funérailles ecclésiastiques privées au criminel de guerre Priebke. Certains ont même affirmé qu’un tel geste invalidait à lui seul les critiques que la Fsspx adresse à l’actuel pape, sans que l’on saisisse bien le rapport. Mais peut-être faut-il comprendre que le Christ s’est donné en sacrifice pour le salut de tous les pécheurs à l’exception des nazis. Dans cette nouvelle conception du catholicisme, un certain type de péchés ne peut obtenir le pardon et la miséricorde de Dieu. D’autres, comme le théologien italien Mgr Bruno Forte, évêque de Chieti, prétendent désormais que la contestation de la Shoah exclut tout simplement de la communion avec l’Eglise : « L’Eglise annonce le primat de la miséricorde de Dieu à laquelle tous sont confiés », mais, précise-t-il « célébrer les funérailles voudrait dire que cet homme, bien qu’étant un pécheur, était en communion avec l’Eglise. Et cela n’aurait pas de sens, ce serait une ambiguïté inadmissible : comment pourrait-on considérer en communion avec l’Eglise quelqu’un qui jusqu’au bout a nié la Shoah obstinément ? Priebke ne voulait pas être en communion dans la condamnation sans appel, répétée dans l’enseignement catholique, de la Shoah comme mal absolu, radical ». A bien le comprendre, la Shoah serait donc devenu un nouveau dogme de la foi catholique.

Les autorités romaines se sont naturellement empressées de refuser des funérailles ecclésiastiques à Priebke, trop heureuses de pouvoir une fois de plus témoigner de leur alignement sur les exigences du monde et de nos « Pères dans la foi » (expression de Benoît XVI désignant les talmudistes). Depuis le grand virage de Vatican II, leur incapacité à assumer l’enseignement traditionnel de l’Eglise relatif au judaïsme talmudique croît d’année en année. Ramper toujours plus ostensiblement aux pieds de ses desiderata semble leur être devenu une forme de seconde nature. C’est ainsi que Jean Paul II, qui a glissé son petit billet dans le mur des lamentations, sera canonisé en tout hâte alors que la canonisation de Pie XII, l’affreux « pape du silence », est repoussée aux calendes. 

Je connais assez bien les autorités de la Fsspx pour être certain que si Priebke n’était pas mort dans le repentir, jamais elles n’auraient écrit qu’il était mort « réconcilié avec Dieu et avec l’Église » et n’auraient consenti à ce qu’il reçoive des funérailles ecclésiastiques.

Le vrai scandale de toute cette affaire ce n’est donc pas que la Fsspx ait été fidèle à la raison même de l’existence de l’Eglise, l’assistance aux pécheurs pour les soutenir dans leur marche vers le salut au moyen de ses rites, de ses sacrements et de son enseignement, mais que les autorités romaines ne soient plus mues par la charité par soumission à la vulgate moderne.

[SPO] Cérémonies à l’Institut du Bon Pasteur

SOURCE - SPO - 22 octobre 2013

L’Institut du Bon Pasteur va connaître sa première cérémonie d’ordres depuis de longs mois ce samedi à Courtalain (l’an passé, en raison des dissensions au sein de l’Institut, les séminaristes n’avaient pu recevoir que la soutane sans être tonsurés).

L’abbé Paul Aulagnier,recteur du Séminaire Saint-Vincent de Paul depuis septembre, a annoncé que les tonsures ainsi que certains ordres mineurs seront donnés par Dom Antoine Forgeot, abbé Emérite de Notre-Dame de Fontgombault qui a assuré sur demande de Rome la direction de l’Institut du Bon Pasteur l’année dernière :
« Nous invitons tous les amis du séminaire Saint-Vincent-de-Paul à entourer les jeunes séminaristes qui recevront le samedi 26 octobre 2013 des mains de Dom Forgeot la tonsure et les ordres mineurs. 
La cérémonie aura lieu à l’église paroissiale de Courtalain à 10h. Elle sera suivie d’un repas servi au séminaire.

Des ordres majeurs (sous-diaconat et diaconat) devraient être conférés à plusieurs séminaristes le 7 décembre prochain à Bordeaux.

Le Séminaire Saint-Vincent de Paul compte cette année une trentaine de séminaristes.

[SPO] La Schola Sainte-Cécile à Rome

SOURCE - SPO - 22 octobre 2013

Voici le programme musical qu’exécutera, sous la direction d’Henri Adam de Villiers, la Schola Sainte Cécile lors du pélerinage Summorum Pontificum, cette semaine à Rome. La Schola exécutera un tour de force puisqu’elle chantera les vêpres solennelles de saint Raphaël jeudi soir en la Trinité des Pèlerins ; accompagnera le chapelet récité vendredi matin en l’église de Santa Maria in Campitelli par les Bénédictins de l’Immaculée ; chantera la messe pontificale de vendredi soir à la Trinité des Pèlerins, que célébrera Mgr Schneider ; et, enfin, chantera en la basilique Saint-Pierre la messe du cardinal Castrillón Hoyos pour le 61ème anniversaire de son ordination sacerdotale. Dimanche, c’est en revanche un chœur romain qui chantera la messe du Christ-Roi que célébrera Mgr Rifan en la basilique de la Minerve. Un moment de répit pour une Schola très active ces temps-ci puisqu’elle a chanté une messe mozarabe en août à Tolède et sera courant novembre à Milan pour une messe ambrosienne. [+ fac-similé du programme]

[Olivier Figueras - Présent] Une civilisation aux pieds du Sacré-Cœur

SOURCE - Olivier Figueras - Présent - 22 octobre 2013

Nous étions quelque 400, samedi soir, à nous retrouver, à l'appel de Renaissance catholique, au Sacré-Cœur, pour une soirée de réflexion et de prière, version 2013 de ce qui était auparavant une marche aux flambeaux, mais qui est toujours un acte réfléchi et humble sur ce choc des civilisations auquel, en prétendant dénaturer le mariage, Christiane Taubira nous a, malgré elle, invités. 

Avant de nous retrouver, à l'intérieur du sanctuaire, pour la méditation du chapelet (commencée sur le parvis) et un salut du Saint-Sacrement, Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique, et l'abbé de Tanoüarn, évoquant cet emprisonnement de la conscience auquel vient de nous condamner le Conseil constitutionnel, nous invitèrent à réfléchir sur cette question de civilisation, qui dépasse de très loin la simple organisation sociale pour atteindre à l'intime de l'âme.

Répondant ainsi au législateur, Jean-Pierre Maugendre notait : « Plus ou moins consciemment, ce qui distingue une civilisation d'une barbarie organisée, c'est la prise en compte de la nature réelle de l'homme et d'une certaine forme de dignité. Toute organisation sociale repose en effet sur l'idée qu'elle se fait de l'homme, de sa vocation et de sa destinée. (…) Tout cela revient à dire que la civilisation se définit par sa relation à la loi naturelle.»

Nous ne sommes pas loin, et l'orateur ne pouvait oublier de s'y référer, d'une pensée chère à Jean Madiran… D'une pensée qui, depuis la nuit des temps, et tout spécialement depuis la Révélation, se réfère à Dieu, qui nous demande de Lui rendre, comme à César, ce qui est sien.

Et c'est ainsi que le chrétien pénètre au mieux l'intelligence de l'univers dans lequel il a été créé. Car, poursuit Jean-Pierre Maugendre, « le caractère propre du christianisme et de la civilisation qu'il informe, est de croire à un Dieu créateur qui invite l'homme à déchiffrer le monde qu'il a créé ». Quand l'homme s'en détourne, pour ce que Jean-Paul II nommait la « culture de mort », la société, se détournant de ce qui la fonde, de ce qu'elle est, ne mérite plus le nom de « civilisation».

Dès lors, observe notre orateur, « la loi dénaturant le mariage n'a pas opéré une "réforme de civilisation", elle a simplement marqué une nouvelle étape d'un processus déjà ancien de retour à la barbarie ». Dans cette adversité qui le submerge, le pécheur, le chrétien n'a, comme premier recours, que de se mettre à genoux. Et, en l'occurrence, d'entrer au Sacré-Cœur… Ave Maria…

OLIVIER FIGUERAS
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PRÉSENT, 5 rue d'Amboise, 75002 PARIS

[Henri Saint-Martin - L'Homme Nouveau] La réforme de la réforme est bien vivante

SOURCE - Henri Saint-Martin - L'Homme Nouveau - 22 octobre 2013

Dans son carnet La messe à l’endroit (Éditions de L’Homme Nouveau, collection « Hora Decima »), l’abbé Claude Barthe disait – il le disait sous Benoît XVI – que l’on ne devait pas attendre des lois et règlements venant d’en haut pour opérer la réforme de la réforme, mais qu’elle était l’affaire des prêtres de terrain :
« la réforme de la réforme consiste essentiellement dans des choix entre les diverses possibilités laissées par le nouveau missel. Très concrètement, c’est l’aspect systématique des bons choix qui fera la réforme de la réforme».
Une floraison d'ouvrages sur la question
À plus forte raison est-ce vrai sous le Pape François, où l’on n’a plus l’exemple romain des cérémonies pontificales et de leurs petits coups de pouce réformateurs.

De fait, les parutions de livres en ce sens continuent sous le nouveau pontificat, par exemple du père Giorgio Farè, Le due forme del rito romano (Cantagalli, 2013) ; de Daniele Nigro, I diritti di Dio. La liturgia dopo il Vaticano II (Sugarco, 2013, avec une préface du cardinal Burke). On peut faire entrer dans cette ligne, le petit livre tout récemment paru de Thierry Laurent, La liturgie de la messe geste après geste. Commentaire pastoral de la messe en sa forme ordinaire (Le Laurier, 116 p., 10 €).
Une préface du cardinal Cañizares
L’abbé Thierry Laurent, prêtre du diocèse de Paris, a commencé son ministère sacerdotal dans le diocèse de Saint-Denis, et il vient d’être nommé aumônier du collège Stanislas, à Paris. Muni d’une préface extrêmement sentie du cardinal Cañizares, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin – « L’abbé Thierry Laurent nous a procuré beaucoup de joie… » –, il décrit, analyse, commente chaque rite. Et d’abord les choisit, car comme on le sait la nouvelle forme ordinaire est largement une liturgie à la carte, dans laquelle rien n’interdit, au contraire, d’opter pour le meilleur :
« La messe peut débuter par l’aspersion d’eau bénite de tous les fidèles… L’autel est consacré… Il renferme les reliques des saints…», etc.
Avec d’utiles rappels : « Le lecteur est en priorité celui qui est institué pour cela » (sur le croquis correspondant, c’est un clerc en surplis). Dans cette messe ordinaire, où selon les illustrations, l’autel est bâti sur trois marches, les chandeliers sont posés sur l’autel de part et d’autre de la croix, la messe est dite face au Seigneur, les fidèles s’agenouillent (par exemple, pour réciter le Confiteor !).
Le canon romain
On encense l’autel au début de la messe et à l’offertoire. La prière eucharistique est aussi qualifiée de canon (et c’est la première prière eucharistique, le canon romain, que Thierry Laurent choisit de commenter), listes de saints comprises, lesquelles sont, elles aussi facultatives.
« Pour manifester un plus grand respect et une plus grande adoration, je peux recevoir le Christ à genoux sur la langue. (…) Il est donc recommandé de le recevoir directement en moi, sur la langue, car telle est la règle commune ». Les mots latins usuels abondent, de même que les parallèles : « Dans la messe en forme extraordinaire, on fait toujours, dans la messe en forme ordinaire, au choix du célébrant…»
La description du rite est systématiquement suivie d’une explication mystique prise dans les commentaires patristiques et médiévaux, ce qui est peut-être l’innovation la plus remarquable de ce travail pastoral.
L'Offertoire traditionnel
Et comme, lors de l’offertoire, le prêtre prie « secrètement comme le Christ à Gethsémani», rien ne lui interdit de se servir des prières de l’offertoire traditionnel.

En encourageant l’auteur, le cardinal Cañizares pousse « les jeunes prêtres » à poursuivre un tel travail « à l’égard des enfants », comme s’il était évident que seule une nouvelle génération de clercs s’adressant à de nouvelles générations de fidèles peut l’accomplir. S’il n’est pas besoin de dire que cette interprétation de la messe ordinaire (comme on interprète un texte, une partition de musique et un livret de théâtre) doit beaucoup au patron que représente la célébration traditionnelle, il faut ajouter qu’une telle interprétation recrée un milieu vital extrêmement favorable au développement de la messe en forme extraordinaire au sein même des paroisses.

21 octobre 2013

[Marco Bongi] Funérailles de l'ex-commandant Erich Priebke - Entretien avec Don Pierpaolo Petrucci

SOURCE - Marco Bongi - Don Pierpaolo Petrucci, fsspx - via LaPorteLatine.org - 21 octobre 2013

Révérend Don Pierpaolo, suite au « scoop » médiatique qu'ont provoqué il y a quelques jours les funérailles de l'ex-commandant Erich Priebke, l'un des responsables du terrible massacre des Fosses Ardéatines, nous aimerions vous demander d'apporter des précisions concluantes, et ce afin d'écarter une fois pour toutes les polémiques et les instrumentalisations qui entourent cet épisode. Car les informations qui ont circulé ces derniers jours brûlants, ont été souvent superficielles et approximatives. Essayons donc d'y voir clair.
Q. 1 - Quand et qui a demandé de célébrer les funérailles du défunt?
R./ Lundi matin, l'avocat chargé par la famille de s'occuper des funérailles nous a téléphoné pour nous demander si nous étions disposés à célébrer les funérailles fixées pour le mardi 15 octobre, avec toutes les autorisations nécessaires demandées auprès des autorités civiles. La cérémonie devait être célébrée en privé et n'être qu'un acte purement religieux, sans aucune emphase ni instrumentalisaton médiatique ou idéologique. Il fallait donc faire preuve d'une très grande discrétion, que nous avons scrupuleusement observée.
Q. 2 - Face à l'interdiction imposée par le Vicariat de Rome, pour quel motif avez-vous accepté cette célébration ?
R./ Le refus du Vicariat d'accorder des funérailles à un baptisé qui a reçu les sacrements de la Confession et de l'Eucharistie, quelles qu'aient été ses fautes et ses péchés, n'est pas conforme à la loi de l'Église, ni à la Doctrine Catholique. Ayant appris que Priebke avait été baptisé et qu'il recevait les sacrements, cet acte nous a semblé être une grave injustice à l'égard du défunt et de la famille. Nous avons voulu faire un geste qui était aussi de réparation en réponse à une telle légèreté.
Q. 3 - Presque tous les medias ont rapporté qu'Erich Priebke ne s'était jamais repenti de ses actions perpétrées pendant la Seconde Guerre Mondiale. Or, dans le communiqué de la Fraternité Saint Pie X on parle au contraire d'un catholique mort après s'être réconcilié avec Dieu. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est réellement ? 
R./ Il semble que certains media aient cette volonté de cultiver la haine et s'arrogent le droit de juger qui peut être pardonné et qui non, dictant ainsi des lois à l'Église pour imposer leurs critères sur qui a le droit à des funérailles religieuses et exposant à un véritable lynchage médiatique ceux qui ne veulent pas s'y plier.

Erich Priebke, baptisé protestant, s'est converti après la guerre, ainsi que son épouse, au catholicisme et a fait baptiser ses enfants.(1) Au cours de sa vie, il a été suivi par plusieurs prêtres. Pendant sa peine d'arrêts domiciliaires, il a demandé, et il a obtenu en 2002, la possibilité d'aller assister à la Messe. Jusqu'à la fin de sa vie, il a reçu régulièrement les sacrements de la Confession et de l'Eucharistie.

À son retour en Italie, à l'occasion de l'audience publique devant le Tribunal Militaire de Rome le 3 avril 1996 il a lu une lettre devant les familles des victimes dans laquelle il manifestait sa profonde douleur, et déplorant l'acte horrible d'obéissance qu'il avait dû accomplir dans ces circonstances particulières :(2)

« Je ressens dans le profond de mon cœur le besoin d'exprimer mes condoléances pour la douleur causée aux parents des victimes des Fosses Ardéatines... En tant que croyant, je n'ai jamais oublié ce fait tragique, et pour moi l'ordre de prendre part à cette acte a été une grande tragédie intime… je pense aux morts avec vénération et je me sens uni à ceux qui sont en vie pour partager leur douleur »

Dans sa dernière interview qu'il a donnée en juillet dernier, hormis des considérations historiques qui sont certainement discutables, on peut également lire des considérations morales extrêmement importantes. Elles concernent un prêtre. Lorsque le journaliste demande à Priebke s'il justifie l'antisémitisme, ce dernier répond :

« Non (...) je répète que l'antisémitisme est une haine aveugle (…) en tant que personne âgée privée de liberté, j'ai toujours refusé la haine. De même, je n'ai pas voulu haïr ceux qui m'ont haï. Je parle seulement de droit de critiquer et j'en explique les motifs ».

Il rejette le culte de la race comme étant “une cause d'erreurs irréversibles». Concernant l'extermination de masse, il affirme : « Ma position est de condamner sans appel des faits de ce type. Tous les actes de violence aveugle contre les communautés, sans prendre en compte les responsabilités individuelles effectives, sont pour moi inacceptables, et sont absolument à condamner ».

Je ne vois pas à quel titre on pourrait mettre en doute la sincérité de ces propos.
Q. 4 - Au vu de ce qui vient d'être dit, considérez-vous que le commandant Priebke est un « pécheur public » à qui l'on devrait refuser des funérailles publiques ?
R./ D'après le Code de Droit Canon actuel, on ne peut refuser des funérailles ecclésiastiques qu'aux personnes qui, « avant leur mort n'ont donné aucun signe de repentir».(3) Par conséquent, je ne vois pas comment Erich Priebke pouvait être considéré comme indigne des obsèques.

On n'a jamais autant que maintenant parlé dans l'Église de la charité , de l'amour du prochain, surtout sous le pontificat actuel. En revanche, quand il s'agit de mettre en pratique ces vertus pour être cohérent avec l'Évangile, y compris quand ce n'est pas politiquement correct et quand il faut défier les opinions communes et les media, là, les choses se passent bien diféremment.

Or l'Église ne peut se plier au monde si Elle ne veut pas encourir le reproche d'hypocrisie que Jésus a adressés aux Pharisiens dans l'Évangile.

La miséricorde de Dieu va bien au-delà des appartenances politiques, -y compris de celles qui sont les plus condamnables, considérées comme des péchés encore pus graves-, pourvu qu'il y ait le repentir, qui est l'unique condition fondamentale. L'Église se base sur les actes extérieurs. Un catholique qui manifeste du repentir de ses péchés a droit à une cérémonie funèbre. Aucun d'entre nous ne peut juger la conscience intime de l'Homme. Dieu seul peut la juger, c'est à Lui que revient le jugement final. La religion catholique est la religion de la Miséricorde et du Pardon, et non pas de la haine et de la vengeance.
Q. 5 - Nous avons constaté du reste que certaines personnalités ecclésiastiques importantes ont reconnu le droit de Priebke à des funérailles ecclésiastiques.
R./ Effectivement, nous avons entendu quelques voix dans le désert, ce qui leur fait honneur. J'ai lu avec grand plaisir les déclarations du Cardinal Cottier, ainsi que l'interview du cardinal Montezemolo, neveu du colonel tué aux Fosses Ardéatines. Et le témoignage de certains parents des victimes qui font preuve de solidarité, après le pardon accordé depuis longtemps, et qui s'unissent dans la prière pour le défunt. Seul ce genre d'attitude est une attitude chrétienne.
Q. 6 - Priebke était un fidèle de la FSSPX ou du moins en fréquentait-il les chapelles de temps à autre ?
R./ Non, je ne l'avais jamais rencontré et il n'a jamais fréquenté la Fraternité Saint Pie X. J'avais lu qu'il avait été baptisé et qu'il avait reçu l'autorisation de quitter les arrêts domiciliaires pour aller à la Messe. Je savais qu'il était suivi régulièrement par un prêtre.
Q. 7 - Nombreux ont été les journaux qui ont également rapporté que les obsèques n'ont pas vraiment eu lieu, ou du moins qu'elles ont été stoppées. En fait, comment les choses se sont-elles déroulées dans ces moments troublés ?
R./ La dépouille est arrivée vers 17 heures 30, mais les membres de la famille et les amis invités à la cérémonie ne sont pas parvenus à entrer à cause des manifestants. Après plusieurs tentatives, l'avocat a décidé de suspendre les funérailles parce qu'il estimait que dans ces conditions il n'était pas en mesure d'assumer la charge que la famille lui avait confiée. Vers 19 heures 20, en présence d'une vingtaine de personnes, j'ai alors célébré la messe pour le défunt en l'absence du corps.

Entre temps, le cercueil avait été déplacé dans une pièce au rez-de-chaussée où une chapelle ardente avait été installée. Pour accomplir mon devoir sacerdotal, j'ai proposé à l'avocat de bénir la dépouille au moment de la cérémonie des obsèques que l'Église accorde à la fin de la Messe. C'est donc en sa présence, et de celle de quelques rares autres personnes que cette cérémonie s'est déroulée. J'ai fait état de ces choses lors d'une interview récente que j'ai donnée à Andrea Tornielli, journaliste du quotidien La Stampa.
Q. 8 – Parmi les réactions les plus négatives face à votre décision, on compte essentiellement celles du monde catholique. Nous avons été surpris, notamment, par le ton peu charitable du directeur de Radio Maria, une radio qui, plus que toute autre devrait enseigner ce qu'est la Miséricorde. L'Évêque d'Albano Laziale a quant à lui fait des déclarations très dures contre la Fraternité Saint Pie X, au point qu'il a affirmé que cette dernière ne fait pas partie de l'Église Catholique. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
R./ L’appartenance à l'Église n'est pas une chose purement juridique. Saint Thomas d'Aquin explique que la première condition pour faire partie du Corps Mystique du Christ, c'est la Foi. Malheureusement, après le Concile Vatican II, les autorités ecclésiastiques ont enseigné de nouvelles doctrines qui se trouvent en contradiction avec l'enseignement de toujours de l'Église. Notre Fraternité, qui a été régulièrement reconnue par l'Église le 1er novembre 1970, a été ensuite injustement combattue à cause de son opposition à ces changements. Changements qui entraînent des comportements qui sont contraires à la Doctrine Catholique, comme par exemple refuser les funérailles à un baptisé qui meurt réconcilié avec Dieu, tout cela pour se conformer au style “politiquement correct”.

Tout en se montrant respectueuse de l'autorité, la Fraternité Saint Pie X s'est toujours opposée à ces erreurs, car elle est convaincue que le plus grand service à rendre à l'Église ne consiste pas à adopter une attitude servile, mais à proclamer intégralement l'enseignement catholique et à dénoncer tout ce qui s'y oppose, même s'il est proclamé par une partie de la hiérarchie.

Affirmer que nous ne sommes pas Catholiques, surtout de la part de prêtres qui devraient connaître la doctrine de l'Église, c'est un pur mensonge qui exigerait peut-être une réparation publique.

D’un autre côté, je me rends compte que beaucoup de Catholiques et aussi beaucoup d'évêques nous jugent sans nous connaître, en se basant bien souvent sur des préjugés et des lieux communs. L'Évêque d'Albano, que tous les prêtres de notre Prieuré citent chaque jour dans le Canon de la Messe en tant qu'il est l'évêque du lieu, est toujours le bienvenu parmi nous et pourra vérifier si vraiment nous ne faisons pas partie de l'Église comme il l'a affirmé peut-être imprudemment.
Q. 9 - D'autres commentateurs, évidemment peu informés, ont fait un rapprochement entre votre décision et les positions de Mgr Williamson ou celles de Don Floriano Abrahamowicz. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
R./ En tant que supérieur du District d'Italie de la Fratenrité Saint Pie X, je tiens à préciser que tant Mgr Williamson que Don Floriano Abrahamowicz ont été expulsés de notre Fraternité, justement à cause de certaines de leurs positions qui sont incompatibles avec la vocation de la Fraternité. Leurs affirmations ne représentent absolument pas la pensée officielle de la Fraternité Saint Pie X. Tout rapprochement est par conséquent parfaitement grauit. Du reste, je tiens à préciser que certains propos erronés parus sur les journaux et présentés indument comme étant mes déclarations ne représentent pas du tout notre pensée. La Miséricorde de Dieu n'exclut personne quand il y a un repentir véritable.
Q. 10 - Comment avez-vous, dans votre communauté, vécu cet après-midi-là ?
R./ En ce jour de funérailles nous avons malheureusement assisté à des manifestations de haine gratuite, comme la prise d'assaut du convoi funèbre, avec des crachats et des coups de pieds, le tout sous les yeux d'un maire portant sa ceinture tricolore ! J'étais sidéré de voir une banderole que des manifestants portaient qui disait : « Le Père Éternel t'a peut-être pardonné, mais nous, non ». Ces funérailles ont été l'occasion d'un affrontement entre deux doctrines opposées : entre, d'un côté, l'enseignement de Jésus-Christ et de l'Église, qui est centré sur la Miséricorde et le Pardon, et de l'autre, des idéologies qui ne savent pas et qui ne veulent pas pardonner. La loi immuable de l'Amour et de la Charité contre la loi de la haine, de la vengeance, qui prône « œil pour œil, dent pour dent ». Ce que nous, nous proposons -indignement- de suivre, c'est la Loi du Christ, et nous sommes bien loin des toutes ces polémiques idéologiques.
Q11 - Et pour finir, il y a eu aussi des journaux qui ont tenté d'accréditer l'image d'une communauté Saint Pie X d'Albano peu intégrée à la population locale, laquelle n'apprécierait pas la présence du Prieuré sur son territoire. En est-il vraiement ainsi ?
R./ Notre Fraternité est présente ici à Albano depuis 1974. Elle a formé plusieurs générations d'enfants pour la Première Communion, et pour la Confirmation. Elle a également toute une activité d'œuvres de Charité à l'égard des malades et des pauvres auxquels elle distribue des vivres et des vêtements. Nous avons donc beaucoup d'amis dans cette population, qui d'ailleurs nous ont exprimé leur solidarité dans cet épisode. Je refuse de croire que cette foule furieuse qui s'est livrée mardi dernier à une telle manifestation de haine sectaire face au cercueil d'un mort puisse représenter les habitants d'Albano.

Je voudrais, pour conclure, citer une phrase de Saint Paul qui écrit dans son Êpitre aux Galates : «Si je cherchais à plaire aux hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ».

Je pense que c'est là ce que doit être le programme et l'idéal d'un homme d'Église : agir toujours en conformité avec l'enseignement du Christ, sans jamais chercher de compromis avec l'esprit du monde.
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Entretien réalisé par Marco Bongi, le 21 octobre 2013
Sources : District d'Italie/LPL - Traduction O. C-R pour La Porte Latine
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Notes

(1) Can. 1185
(2)Erich Priebke Autobiografia, Associazione uomo e libertà, Roma 2003, p. 150, 160, 161, 170
(3) Interview exclusive de Priebke à Francesco Giorgino, après sa condamnation à la prison à vie. Vae victis à la minute 1'50.