30 septembre 2014

[Paix Liturgique] La forme extraordinaire: obstacle à la "communion paroissiale"?

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°459 - 30 septembre 2014
Nous publions aujourd’hui la lettre d’un fidèle dont la perplexité fait écho à celle de nombreux paroissiens qui désespèrent d'obtenir, sept ans après l'entrée en vigueur du Motu Proprio Summorum Pontificum, l'application pleine et entière de cette mesure bienfaisante pour les catholiques du monde entier. 

Attaché à la forme extraordinaire du rite romain, actuellement célébrée deux fois par mois dans sa paroisse, il a entamé des démarches pour que cette célébration passe à un rythme hebdomadaire. Alors que cette liturgie est célébrée sans difficulté depuis trois ans, il s’est vu répondre par la négative, après des mois de tergiversations et de faux-semblants, au titre que « le développement de la forme extraordinaire mettrait en péril (sic !) l’unité paroissiale ». 

Cette interprétation pour le moins anachronique du Motu Proprio – l'argument de la « division » que provoquerait « le retour de la messe en latin » est en effet celui que l'épiscopat français avait opposé, durant toute l'année 2006, au texte de Benoît XVI en préparation – mérite bien que nous y consacrions nos réflexions de la semaine.

I – LE COURRIER DE NOTRE LECTEUR

Chers amis de Paix Liturgique,

Je vous écris au nom d'un groupe de fidèles d’une paroisse d'une ville moyenne du sud-est de la France (*) où, après mille péripéties, nous avons obtenu il y a trois ans la célébration mensuelle, puis bimensuelle, de la messe dans la forme extraordinaire. Tout se passant bien, nous désirons maintenant passer à l'étape supérieure et disposer d’une vie liturgique complète et régulière. Voilà pourquoi, après avoir consulté les familles les plus impliquées dans notre "aventure", nous avons demandé à notre curé, maintenant qu’il avait pu constater le sérieux et le nombre des fidèles attachés à la forme extraordinaire (plus de 100 âmes lors de chaque messe) que cette célébration passe désormais à un rythme hebdomadaire, soit chaque dimanche et fêtes, afin de donner à notre communauté un caractère plus stable et normal. Pour répondre à notre demande le curé nous a, depuis dix mois, fixé trois réunions "pour rien" car à chaque fois il nous a renvoyé vers le vicaire général du diocèse qui, seul, serait à même de prendre la décision et, donc, de nous répondre.

Nous avons donc écrit au vicaire général.

Dans notre courrier, nous insistions sur le fait que, même si nous étions attachés à la liturgie traditionnelle, nous avions toujours pratiqué dans la paroisse, où nous avions nos amis et où nous participions activement à diverses activités, dont le catéchisme. Nous rappelions également que notre démarche avait dès le début été mise en œuvre dans un souci d’unité et de charité et que nous n’avions jamais demandé autre chose que de vivre notre foi catholique dans notre paroisse, c’est-à-dire sous l’autorité naturelle de notre curé, garant de l’unité.

Quelle ne fut pas notre surprise d’obtenir pour réponse que la célébration de la forme extraordinaire ne pouvait pas être accordée tous les dimanches car notre situation était déjà « privilégiée » et que cela « risquait de nuire à l’unité paroissiale » !

Le vicaire général nous écrit en effet qu’il est nécessaire d’assister régulièrement « à la messe dans la forme ordinaire, participant ce faisant à la vie de [notre] communauté chrétienne de proximité ». Comme si, lorsque nous assistions à la messe traditionnelle dans la paroisse, nous ne participions pas à la vie de la communauté paroissiale ??? Comme si nous n'avions pas de rapports avec les autres paroissiens qui, pour la plupart, sont des parents, des amis ou des relations naturelles de notre vie de tous les jours ??? Comme si nous étions des étrangers dans une paroisse où nous nous occupons du ménage et du catéchisme ???

M. le vicaire général poursuit même en écrivant que : « Par la possibilité d’une communion paroissiale effective, c’est l’unité de l’Église qui est ainsi servie, ce qui est la finalité des dispositions du Motu Proprio de 2007, comme l’expliquait Benoît XVI dans sa lettre aux évêques publiée à cette occasion ». Or, selon M. le vicaire général, la « possibilité d’une communion paroissiale effective » est assurée par le rythme seulement bimensuel de la célébration en forme extraordinaire « car ainsi, les familles de la paroisse peuvent aussi (il n'a visiblement pas osé écrire « doivent ») participer à la messe dans la forme ordinaire » et, ce faisant, à « la vie de leur communauté chrétienne de proximité»…

J'avoue que les bras nous en sont tombés ! Non seulement l’assistance hebdomadaire à la messe selon la forme extraordinaire ne permettrait pas une communion effective mais, en plus, on voudrait nous faire croire que Benoît XVI lui-même considérait que l’assistance à la liturgie traditionnelle dans le cadre paroissial ne permettait pas une communion effective !

Je ne vous cache pas mon incompréhension et ma colère. Avez-vous des conseils à me donner ? Comment faire avancer les choses ? Merci par avance de votre aide et de vos prières !

* Nous avons gommé volontairement les éléments pouvant permettre d'identifier la paroisse.

II – CE QUE BENOÎT XVI A ÉCRIT SUR L'UNITÉ

Extraits de la Lettre aux évêques du 7 juillet 2007

a) « Au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans laquelle se trouvent les communautés de fidèles. »

– La crainte que récuse Benoît XVI en 2007, c'est précisément celle qu'avait exprimé à haute voix la hiérarchie épiscopale française tout au long de 2006 et que M. le vicaire général ressort aujourd'hui. Preuve qu'il fait du texte pontifical un usage partiel et partial.

b) « J’en arrive ainsi à la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Église. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Église n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Église ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau. »

– Nul besoin de commentaire…

III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE 

1) Tout d’abord un grand bravo à ces fidèles pour leur détermination ! Malgré les difficultés qu’ils ont rencontrées depuis le moment où ils ont formulé leur première demande, il y a plus de cinq ans, ils continuent sans se lasser, comme de nombreux autres catholiques, à demander avec persévérance, l’application large et généreuse – donc hebdomadaire et dominicale – des bienfaits du Motu Proprio dans leur paroisse.

On peut dire que cette persévérance a quelque chose d’héroïque quand on mesure le mépris et la rouerie de ces étranges interlocuteurs qui paraissent toujours à la recherche de nouveaux arguments – quitte à en recycler d'éculés ! – pour freiner le développement de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain en misant sur la lassitude des fidèles.

2) Force est de constater que le vicaire général a une théologie hasardeuse :

a) La « communion paroissiale » est forcément incluse dans la communion ecclésiale. Si les assistants à la messe en forme extraordinaire sont en communion avec le Christ et avec l’Église, ce qui est tout un, ils sont nécessairement en communion avec leur diocèse catholique, avec leur paroisse catholique, avec telle ou telle association catholique à laquelle ils appartiennent, etc. Les fidèles portugais ou polonais de telle paroisse parisienne, qui assistent à la messe dominicale dans leur langue, s’ils sont catholiques, sont par le fait en communion avec leur paroisse, si elle est catholique.

b) D’autre part, on ne voit pas comment l’assistance à telle forme rituelle (en l’espèce à la forme ordinaire du rite romain) serait un signe de communion, alors que l’assistance à telle autre (la forme extraordinaire) ne le serait pas : dès l’instant que la forme rituelle de l’eucharistie à laquelle on participe est catholique, elle est signe de communion avec l’Église du Christ (et donc avec la paroisse dans laquelle elle se déroule).

3) On relèvera une certaine mauvaise foi dans cette réponse du vicaire général. Alors que la réalité de la demande n’est plus à prouver (une centaine de fidèles réguliers aux deux messes mensuelles, depuis trois ans, alors que la messe anticipée du samedi ne regroupe qu'une quarantaine d'âmes) et que la célébration de cette messe traditionnelle ne pose aucun problème au sein de la communauté où chacun se connaît, le vicaire général décrète que le rythme non hebdomadaire de cette célébration doit rester tel quel car il permet une « communion paroissiale effective », c’est-à-dire la participation à la forme ordinaire du rite romain de plusieurs des fidèles de la messe « extra ». 

Était-il vraiment nécessaire de mener les fidèles en bateau pendant dix mois pour arriver à une telle sentence ? Les réunions « pour rien » organisées par le curé n’avaient-elles pas d’autre but que de décourager les fidèles, pour finir par faire taire leur demande et pouvoir dire que celle-ci était satisfaite ?

Ce faux dialogue qui cache un vrai mépris est révélateur du fait qu’indépendamment de la clarté du texte et de l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum et de l'instruction Universae Ecclesiae qui l'accompagne, certains « ayatollahs », clercs ou laïcs, continuent d’imposer leur vision de l’Église et font une application restrictive du Motu proprio, considérant les fidèles attachés à la forme extraordinaire comme des sous-fidèles ou des fidèles en quarantaine ayant besoin de leur dose régulière de forme ordinaire pour demeurer en « communion paroissiale effective ».

Nous posons la question : les fidèles habitués à la forme ordinaire seront-ils aussi priés d’assister à la forme extraordinaire occasionnellement ou bien la communion paroissiale version M. le vicaire général est-elle à sens unique ? Pourquoi les fidèles traditionnels sont-ils toujours obligés de montrer leur bonne volonté, de se soumettre à des conditions humiliantes, de multiplier les gages de « communion » ? Par « communion paroissiale effective », faut-il comprendre « alignement à la ligne du vicaire général » ?

4) Avec ce fidèle nous nous interrogeons : comment l’unité paroissiale pourrait-elle être mieux servie alors que ces fidèles demandent expressément l'application hebdomadaire du Motu Proprio DANS LE CADRE PAROISSIAL et non pas dans un cadre non paroissial spécialement dédié à la célébration de la forme extraordinaire. Le fait d’assister à la messe dans sa propre paroisse, côtoyant ainsi les autres paroissiens, quelle que soit leur diversité ou leur sensibilité, n’est-il pas plus authentiquement facteur d’unité que le fait de pratiquer dans des « réserves d’indiens » ou des « ghettos dorés » qui, tout sympathiques et confortables qu'ils soient, ne sont souvent mis en place par l’autorité diocésaine que pour éviter une contagion traditionnelle dans les paroisses ?

On reconnaît ici le paradoxe – pour ne pas employer un terme plus fort – des ennemis de la paix liturgique qui, d’une part, freinent le développement des lieux de culte traditionnel dédiés exclusivement à la liturgie traditionnelle en dénonçant, à juste titre, l’aspect « communautariste » et « l’entre soi » que peut inspirer ce type de lieu de culte mais qui, d’autre part, freinent également la célébration de la forme extraordinaire du rite romain dans le cadre paroissial au motif que cela nuirait à la communion… L’important pour ces conservateurs est que rien ne change et que l’apartheid liturgique continue de demeurer règle « pastorale ». 

La nouvelle génération de fidèles, forte de l’expérience de ses aînés, n’aura certainement pas la patience de la génération précédente et n’acceptera pas de se faire encore et toujours « rouler dans la farine » par des prêtres mal disposés. Ces derniers doivent être conscients du fait que leurs manœuvres ne trompent plus personne.

5) À l’heure où l’opinion catholique tourne les yeux vers les chrétiens d’Orient en raison des persécutions qu’ils subissent, ne faut-il pas admirer chez eux la grande sagesse de l’Église qui a su conserver l’unité dans un foisonnement de diversités liturgiques, toutes aussi belles et toutes aussi riches les unes que les autres ? 

6) Pour servir l’unité, ne faudrait-il pas que nos pasteurs commencent par accueillir la diversité ? Qu’ils accueillent avec charité les demandes des fidèles qui souhaitent bénéficier normalement, c’est-à-dire sans restrictions humiliantes, du Motu Proprio dans leur paroisse, et qui sont aujourd’hui contraints d’aller voir ailleurs ? Un beau signe de ce désir d’unité serait que tout curé, que tout évêque célèbre au moins une fois par an lui-même la forme extraordinaire, montrant ainsi qu’il est pasteur de TOUTES ses brebis. Plus que jamais, les curés doivent redevenir les prêtres de tous et non pas d’une poignée de « laïcs engagés ». Comme le répète inlassablement le pape François, le curé, père commun de tous ses paroissiens, par-delà leurs sensibilités liturgiques et leurs parcours, garant de l’unité paroissiale, tel est bien le modèle de pasteur que l’Église attend.

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : « La vie apostolique n’est pas un pur combat contre les erreurs »

SOURCE - Credidimus Caritati - 30 septembre 2014
Le Père Eugène de Villeurbanne avait prévenu au début des années 1980 qu’il ne fallait pas « se confiner dans un traditionalisme de combat », cette forme de militantisme sec appliquée au monde religieux. L’abbé Coache l’avait bien perçu, lui qui avait recueilli ces lignes au sein de sa revue intitulée Le combat de la foi. Ce faisant, il ne faisait que reprendre les mises en garde que Mgr Lefebvre adressait à ses séminaristes d’Écône. Certainement, faut-il envisager un combat contre le péché et contre l’erreur. Mais le défaut de vertu des uns ne doit pas pour autant légitimer les excès des autres. Une vie apostolique qui aurait comme principal idéal d’être des « antis », qui se réduirait à une lutte contre les erreurs, ou même qui aurait comme premier objectif la lutte contre les erreurs maintiendra ses auteurs dans les ténèbres. L’invitation que lance le fondateur de la FSSPX en 1975 ne consiste pas à baisser les bras mais avant toute chose à se sanctifier en faisant rayonner la charité :
« Alors il ne faut pas non plus envisager ce combat, cette vie apostolique que vous aurez à mener, il ne faut pas la considérer uniquement comme un pur combat contre les erreurs, contre les difficultés, contre ce qui empêche l'Église de s'étendre. Bien sûr qu'il faut aussi combattre les erreurs, mais il ne faut pas être en premier lieu contre-réformiste, ne pas être d’abord dans la contre-réforme, la contre-révolution, l'anti-libéralisme, l'anti-communisme, n’en pas faire, je dirais, l'objectif premier et principal de votre action. Et on ne peut pas combattre contre les ténèbres sans y mettre d'abord la lumière. Vous aurez beau essayer, si vous ne venez pas avec la lumière, si vous êtes dans les ténèbres et que vous essayez de chasser les ténèbres, vous pouvez toujours y aller, elles ne s'en iront pas. [...] Il faut venir avec la lumière. Comment aurez-vous la lumière ? Eh bien, par la grâce du Bon Dieu, la grâce qui vous illuminera, qui vous éclairera, qui vous fortifiera et qui sera manifeste aussi aux yeux des autres. Il faut que vous manifestiez cela. 
« Il est très difficile de convertir les autres si on apparaît déjà soi-même comme quelqu'un qui est faible dans la vie courante, dans la vie pratique. Ce n'est pas, par exemple, en insultant son interlocuteur, en le méprisant, en le traitant de tous les noms qu'on arrivera à le convaincre. Au contraire s'il s'aperçoit vraiment d'une vraie charité envers lui, sincère, surnaturelle, désintéressée, alors il commencera à être accroché parce qu'il aura cette impression très nette : celui qui me parle ne parle pas pour le plaisir d'avoir le dessus et de me convaincre, mais vraiment il veut me faire passer une vérité qui n'est pas à lui et il ne méprise pas ma manière d'être. Et c'est très important cela. Les saints ont converti bien plus par leur exemple, par leur prière, par leur mortification encore que par leurs paroles. Bien sûr la parole est nécessaire, la discussion est nécessaire, il faut convaincre, il faut prêcher évidemment, ils ont converti par la prédication. Mais s'ils ont converti par la prédication c'était précisément parce qu'ils étaient des saints. Les gens ont besoin de cette sainteté. Or ceci est une chose que nous devons retenir constamment et avoir constamment devant les yeux. »

[Présent] Una Voce, l'heure du jubilé

SOURCE - Présent - propos recueillis par François Franc - 30 septembre 2014

Una Voce, l'heure du jubilé - Patrick Banken: «Nous militons pour la contemplation et la tradition»
— Qu’est-ce qu’Una Voce ? Le nom n’est peut-être pas familier à nos jeunes lecteurs…
— Nous sommes la première association de laïcs qui s’est levée, en décembre 1964, quand on a bien senti que tout le patrimoine liturgique allait être bradé dans les paroisses, malgré la constitution de Vatican II qui maintenait explicitement latin et grégorien. La première juste après un petit groupe de Norvégiens, mais nos fondateurs avaient l’avantage d’avoir parmi eux de grands musiciens comme Vallombrosa (premier président), Sauguet, Duruflé, Messiaen, et ils ont eu cette idée simple et géniale de s’intituler Una Voce, rappelant que le latin symbolise l’unité de l’Eglise romaine ; et puis ce sont les mots que l’on entend tous les dimanches avant le Sanctus : una voce dicentes (« proclamant d’une seule voix »). Ces mots d’una voce ont été repris par la Fédération internationale qui regroupe 41 associations du même type dans le monde entier. Le président international, James Bogle, issu de la Latin Mass Society, sera d’ailleurs présent à notre jubilé.
— C’étaient donc surtout des organistes ou compositeurs, au début ?
— Pas du tout ! L’élément moteur, ce sont des écrivains-journalistes, le regretté Cerbelaud-Salagnac ou, toujours bien présent, Jacques Dhaussy. Il y eut aussi, parmi les premiers, l’historien Philippe Ariès, le colonel Rémy, le grand latiniste de la Sorbonne Jacques Perret, celui qui a inventé le mot ordinateur pour éviter computer. A ne pas confondre, comme font certains, avec l’auteur du Caporal épinglé, qui nous envoya un message de soutien au congrès de 1975. Robert Bresson aussi, le cinéaste. Et l’émotion était telle devant la perte de l’antique liturgie qu’elle transcendait les clivages, même le clivage conservateurs/progressistes dans l’Eglise : Stanislas Fumet, Jacques Madaule (compagnons de route du PCF jusqu’en 1956) nous ont rejoints tout de suite. En quelques mois de 1965, il y eut 20 000 adhérents, des sections dans tous les départements.
— Et quel était le but ?
— L’association (loi de 1901) s’est fixé deux buts au départ : défendre la liturgie latine et le chant grégorien (à quoi l’on a ajouté, depuis, l’art). Nous n’avons pas de chorale ni de paroisse, nous sommes au service des chorales et des paroisses ou, plus largement, au service de tous les catholiques (ou non) qui nous demandent une adresse, un livre, un disque, une information, une aide. Tenez, une anecdote : Denis Tillinac, qui ne veut pas être enterré comme un chien, est entré à notre Comité d’honneur en disant : « Avec vous, au moins, je prends une assurance-obsèques chantées » !
— L’association n’a jamais craint d’avoir à mettre la clé sous la porte ?
— Comme toute association de longue durée, Una Voce a ses hauts et ses bas. Il y a eu les conflits entre traditionalistes (et même entre grégorianistes : nous sommes en Gaule !), la création d’instituts et fraternités de prêtres qui parfois estiment qu’ils suffisent à eux-mêmes et à leurs ouailles, ou la concurrence de jeunes associations plus spécialisées dans certains types d’action, comme Paix liturgique, Domus Christiani pour les couples, Juventutem pour les JMJ… Mais cette dispersion a aussi son côté positif, et il nous arrive d’avoir des contacts ou des actions communes. Et nous sommes plutôt dans les hauts, in excelsis, depuis que le Motu proprio de 2007 nous a donné raison d’avoir lutté pour la messe tridentine, en même temps que nous maintenions une part seulement de tradition (un cantique, un Kyriale…) là où cette messe était exclue. Loué soit Benoît XVI ! Et aujourd’hui voici ce jubilé du feu de Dieu, avec un évêque présent, dix autres nous envoyant des messages sympathiques et au moins 100 choristes, j’espère. Nous ne pouvions espérer cela dans les années 1970. Et pourtant…
— Comment avez-vous traversé ce demi-siècle ?
— Il y a eu différentes phases. Henri Sauguet, le compositeur fameux des Forains, a d’abord été un président merveilleux pour notre aura, payant de sa personne, attirant dans notre Comité d’honneur le peintre Jean Hugo, arrière-petit-fils de Victor Hugo, qui y rejoignait le fils aîné de Paul Claudel, puis les académiciens Jean Dutourd et Michel Mohrt, allant voir Mgr Lustiger et obtenant de réintégrer solennellement la messe de saint Pie V dans le diocèse de Paris : Saint-Etienne-du-Mont, le 15 décembre 1984, ce fut une belle matinée !
— Le président était bien secondé, je suppose ?
— Il avait à ses côtés une équipe de rêve, comme disent les sportifs en anglais : Yves Gire et Simone Wallon secrétaires, Jacques Dhaussy trésorier, Mme Guillemot qui mit un peu de son appartement parisien à notre disposition, comme aujourd’hui Mme Deshayes, ce qui nous permet d’avoir une permanence téléphonique. Avec cette équipe, nous avons pris le virage des radios libres et j’ai succédé à Yves Gire à Radio Courtoisie (vendredi à 23 heures, le dimanche à 7 et 11 heures).
— Cela, c’est pour les années 1980. Mais ensuite ?
— Depuis la mort de Sauguet en 1989, nous avons eu des présidents provinciaux : Michel Gruneissen (un Lillois installé en Normandie), Benoît Neiss (un Strasbourgeois). Moi-même je fais la navette entre Paris et ma Saintonge d’adoption. Le centre de gravité s’est un peu déplacé vers le Sud, comme vous le voyez. Notre dernier grand rassemblement (car il nous arrive d’organiser des pèlerinages) a eu lieu en 2009 à l’abbaye de Fontfroide près de Narbonne, conclu par un magnifique Te Deum. Avec l’équipe des années 90, c’est le virage de l’informatique qu’il a fallu prendre : nous avons créé un site, une boutique en ligne. A ce propos, je lance un appel aux informaticiens bénévoles qui pourraient nous aider à rénover et à améliorer ce site.
— Je constate aussi que votre revue est passée à la couleur, et que la rédaction s’est renouvelée…
— Oui, c’est un miracle bimestriel que cette revue faite par des bénévoles. Jacques Dhaussy nous fait toujours bénéficier de son inlassable curiosité. Certains n’ont pas été remplacés, comme le Dr Fournée, érudit normand incollable sur le folklore chrétien, ou Mlle Roussel, de Montpellier, qui signait Diaphane Incognito une chronique humoristique. Mais, pour la rubrique de grégorien, des moines du Barroux, de Triors, de Fontgombault ou de Randol, ont pris le relais de l’abbé Ferdinand Portier. Christian Jaby a lancé une rubrique nouvelle de latin. Toutefois, la revue n’est pas réservée à des spécialistes de latin et de grégorien. On y trouve des articles sur l’art (d’aucuns signés par un certain Samuel Martin) ; une rubrique des livres et disques, par des chroniqueurs qui lisent les livres, écoutent les CD et ne se contentent pas de recopier la couverture ; et beaucoup d’actualités, car Una Voce est une association qui compte certes en son sein des personnalités, des chefs de chœur un peu partout en France, mais où il y a toujours eu surtout des petits, des obscurs, des sans-grade/Sans espoir de duché ni de dotation, comme dit Rostand, qui veulent apporter leur petite pierre au maintien de la liturgie latine et grégorienne.
— Quelles consignes aux lecteurs de Présent pour les 4 et 5 octobre ?
— J’invite évidemment tous vos lecteurs à nous rejoindre à Sainte-Jeanne-de-Chantal (porte de Saint-Cloud, XVIe arrondissement), pour les conférences et le dîner du samedi, puis à la grand-messe de dimanche autour de Mgr Aillet, avant la grande manifestation pro-famille. Tout se tient. Nous poursuivons un combat pour diffuser et faire revenir dans nos églises la messe latine (au moins en alternance avec la messe vernaculaire) et le chant grégorien, parce que celui-ci « excelle, comme disait Dom Gajard, à introduire les âmes dans la région bienheureuse où Dieu les attend ». C’est un combat pour la contemplation et pour la tradition, c’est-à-dire la transmission.
— Un dernier mot ?
— Oui, bien sûr, pour ceux qui ne peuvent venir : l’argent est le nerf de la guerre. Ce jubilé va nous coûter cher. Pensez à nous adresser un chèque, ou à vous abonner à la revue (39 €, qu’on peut arrondir à 50 ou plus…)


Propos recueillis par François Franc

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Fondée en décembre 1964 dans la crypte de Saint-Charles-de-Monceau (les catacombes !), l’Association Una Voce (tél. 01 42 93 40 18) revient dans Paris Rive Droite pour son cinquantenaire. Le samedi 4 octobre à 11 h 45 pour chanter Sexte et Angélus, à 13 h 30 pour les conférences et débats (Gabriel Steinschulte, de Cologne ; Alain Cassagnau, de Bordeaux ; Dom Pateau, de Fontgombault), avec à 19 heures une messe paroissiale célébrée par Mgr Aillet, l’évêque de Bayonne (homélie de Mgr Chauvet). Le dimanche 5 pour une conférence de Patrick Banken à 10 h 15, une répétition du Kyriale à 11 heures et la messe pontificale tridentine célébrée à midi par Mgr Aillet, qui fera cette fois l’homélie. Mais primum vivere : ceux qui veulent profiter du repas de jubilé du samedi soir 20 h 30 (39 euros tout compris) ou du déjeuner du dimanche à 13 h 45 (19 euros) doivent impérativement s’inscrire au plus vite auprès d’Una Voce, 42 rue de la Procession, 75 015 Paris (paiement par chèque) ou sur le site unavoce.fr - C’est aussi une façon de jubiler, de manifester son soutien et de participer aux frais de ce cinquantenaire.
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Article extrait du n° 8198 de Présent du Lundi 29 septembre 2014

[Riposte Catholique] 90 séminaristes à la communauté St Martin

SOURCE - Riposte Catholique - 30 septembre 2014

La rentrée cette année en Mayenne est marquée par l’arrivée de la communauté St-Martin à Evron. Après plusieurs mois de travaux, l’abbaye a accueilli le 10 septembre, les nouveaux étudiants en première année (une vingtaine) dans ce qui est maintenant le centre de formation de la communauté. L’abbaye abrite également la maison-mère de la communauté.

Cette année, le séminaire compte près de 90 jeunes en formation, encadrés par six prêtres. Par ailleurs, le déménagement depuis Candé sur Beuvron (leur ancienne implantation) s’est bien passé. Les séminaristes ont mis la main à la pâte. Les nouveaux locaux sont prêts : cellules individuelles, salles de cours, bibliothèque, espace de détente, salle de restauration, chapelle. Tout n’est pas encore terminé et les jeunes apprennent aussi les rudiments du bricolage en plus de la philosophie et autres cours de théologie…

Le budget des travaux s’élève à 5 millions d’euros.

Radio Fidélité dans le cadre de son émission « Eglise en Mayenne » a réalisé une interview des responsables de la Communauté Saint Martin et du séminaire. Vous pouvez les écouter ci-dessous :

Mgr Scherrer présidera le samedi 4 octobre à partir de 10h en la basilique Notre-Dame de l’Epine à Evron, l’installation de la communauté St-Martin en l’abbaye d’Evron, ainsi que l’ordination de six diacres en vue du presbytérat de cette même communauté.

Le dimanche 5 octobre, à partir de 14h, les prêtres et les séminaristes de la communauté St-Martin accueilleront le public afin de leur faire découvrir leur centre de formation et répondre à toutes les questions. Un bon moyen de faire connaissance avec la population locale.

29 septembre 2014

[Abbé Patrick Troadec, fsspx - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire St-Curé-d'Ars] La vie spirituelle dépeinte par Mgr Lefebvre

SOURCE - Abbé Patrick Troadec, fsspx - Directeur du séminaire St-Curé-d'Ars - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire (n° 84) - 29 septembre 2014

La vie spirituelle dépeinte par Mgr Lefebvre

Après les livres posthumes de Mgr Lefebvre, La messe de toujours et La sainteté sacerdotale, édités en 2005 et en 2008 chez Clovis, va paraître au mois de novembre un troisième ouvrage intitulé La vie spirituelle et présenté selon la même forme. Il réunit en un volume les propos de Mgr LEFEBVRE qui ont trait à la vie de l'âme. Les paroles du grand évêque sont en effet une source inépuisable de méditations propres à alimenter en vous, chers amis et bienfaiteurs, l'union à Dieu, à vous encourager sur le terrain du combat spirituel et à vous faire grandir dans la pratique des vertus chrétiennes.

Parmi les retraites, homélies et conférences du prélat, qui s'étalent sur une période de plus de cinquante ans, entre 1938 et 1990, il a fallu faire une sélection pour mettre en valeur certains principes essentiels de la vie intérieure. Les deux ouvrages- clés qui ont servi de base à ce livre sont les Conférences spirituelles, données à Mortain (1945-1947), et l'Itinéraire spirituel (1990).

Il ne s'agit donc pas d'un traité exhaustif de spiritualité, mais d'une présentation de ses aspects fondamentaux, à partir notamment de laSomme théologique de saint Thomas d'Aquin.
La clé du mystère de Dieu
L'un des thèmes les plus fréquemment abordés par Mgr Lefebvre est la charité. Voilà pourquoi l'ouvrage a pour sous-titre sa devise épiscopale : Credidimus caritati, « nous avons cru à la charité » (I Jn 4, 8). L'ancien supérieur des pères du Saint-Esprit avait particulièrement approfondi ce grand mystère de la charité.

« La charité, disait-il, est à la fois la clé du mystère de Dieu, si on peut trouver une clé à ce mystère, et aussi celle du mystère de notre vie. Parce que nous sommes faits à l'image de Dieu, nous ne pouvons pas avoir d'autres tendances, d'autres désirs que celui d'aimer. Nous sommes nés avec ce désir d'aimer Dieu et notre prochain(1). »

La première partie de l'ouvrage porte sur Dieu et sur son amour pour les hommes. La vie intérieure consiste en effet à demeurer en compagnie du divin Maître pour nous laisser modeler, former par son Esprit. Aussi, après avoir porté son regard sur Dieu, le lecteur est-il amené à découvrir les merveilles que Dieu opère dans l'âme en état de grâce. Or, « celui qui nous a tant aimés, qui ne l'aimerait pas en retour (2) ? » Mais pour correspondre à l'attente de Dieu, il est nécessaire d'écarter les obstacles à son règne et de coopérer à son action par la pratique des vertus chrétiennes. Cela suppose de connaître à la fois ses faiblesses et ses richesses intérieures : c'est l'objet de la deuxième partie de l'ouvrage. Il reste alors à voir quels moyens Dieu a institués par son Fils pour permettre à l'homme de dépouiller le vieil homme et de revêtir l'homme nouveau. Enfin le livre s'achève sur la vie bienheureuse avec Dieu, qui attend l'homme une fois qu'il aura franchi les portes de l'éternité.
Un ouvrage écrit pour des laïcs
Bien qu'il ait été élaboré à partir de propos le plus souvent adressés à des séminaristes, des prêtres ou des religieux, ce recueil est tout à fait adapté aux fidèles désireux d'acquérir une vie spirituelle profonde.

Mgr Lefebvre disait en effet : « On s'exagère beaucoup la différence [entre la] vie intérieure d'une personne du monde [et] celle d'une religieuse, celle d'un prêtre, celle d'un missionnaire. Il y a une seule espèce de vie intérieure, une seule façon de s'unir à Dieu, une seule espèce de justification, un seul amour des âmes, parce qu'il n'y a qu'un seul Jésus-Christ, cause exemplaire et modèle de tout homme venu en ce monde. "Il nous a choisis en luimême avant le commencement du monde pour que nous soyons saints" (Ep 1, 4). Devenir d'autres christs, non pas extérieurement mais intérieurement, modeler nos âmes sur la sienne, voilà l'idéal de toute âme venue en ce monde(3). »

Un livre accessible à tous Mgr Lefebvre vivait si près du bon Dieu qu'il parvenait à rendre accessibles les vérités les plus élevées en s'appuyant sur les principes les plus sûrs du Docteur angélique. Voilà pourquoi ses paroles se révèlent denses, profondes et nourrissantes pour l'âme. Bien sûr, le lecteur devra adapter les discours du prélat à sa situation personnelle. Il pourra s'en servir pour acquérir une vue d'ensemble de la vie chrétienne, mais aussi pour rafraîchir ses notions de catéchisme, ou encore pour alimenter sa vie d'oraison. Il pourra même, en fonction des circonstances, se contenter de la lecture d'un seul paragraphe pour y trouver quelques bonnes pensées propres à éclairer toute sa journée.

Notre-Seigneur disait : « La vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17, 3). Puisse cet ouvrage contribuer, chers amis et bienfaiteurs, à vous faire mieux connaître cette vie extraordinaire que le bon Dieu a voulu nous faire commencer ici-bas afin d'en vivre dès maintenant, en attendant d'en jouir pleinement dans l'éternité bienheureuse du Ciel.

Abbé Patrick Troadec, Directeur,

Le 29 septembre 2014, en la fête de saint Michel archange
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Notes

(1) - Conférence spirituelle, Écône, 6 juin 1974. 
(2) - Cantique Adeste fideles, du temps de Noël. 
(3) - Conférences spirituelles, Recueil dactylographié, Mortain, 1945-1947.

28 septembre 2014

[Notions Romaines] Le diocèse de Fréjus-Toulon confie une paroisse à la Fratenité Saint Joseph Protecteur

M. l’abbé Carlos Hamel célébrant
la messe traditionnelle
SOURCE - Notions Romaines - 28 septembre 2014

Son Excellence Monseigneur Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon (France méridionale) a confié une nouvelle paroisse à la Fraternité Saint Joseph Protecteur (en latin, Fraternitas Sancti Ioseph Custodius, en espagnol, Fraternidad de San José Custodio).

Cette Fraternité qui célèbre la messe traditionnelle et qui est dédiée à l’avancement du Règne du Christ par l’apostolat à la fois contemplatif et actif notamment par la catéchèse et le ministère auprès des familles fut fondée au Chili. En 2010, elle fut invitée par Mgr Rey dans son Diocèse pour y œuvrer.

Mgr Rey a confié la paroisse Sainte-Anne à l’île des Porquerolles. M. l’abbé Carlos Hamel, FSJP célébra dimanche dernier (le 22 septembre 2014) la première messe traditionnelle en cette paroisse depuis l’avènement de la réforme paulinienne de 1970.

[Abbé Patrick Troadec, fsspx] Sermon à Flavigny pour les prises d'habit des frères (28 sept. 2014)

SOURCE - Abbé Patrick Troadec, fsspx - via la Porte Latine - 28 septembre 2014

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.

Chers confrères, chers frères, chers séminaristes, chers fidèles,

Nous voici donc réunis aujourd'hui pour cette belle cérémonie des prises d'habits de trois frères de la Fraternité.

Si vous voulez connaître un petit peu la spécificité de cet engagement qu'ils vont prendre non pas uniquement en tant que frères mais de frères de la Fraternité Saint-Pie-X, il faut savoir quelle est la fin de notre œuvre, quelle est la fin de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Et pour cela il suffit d'ouvrir les statuts et donc de regarder au début des statuts quelle est la fin donc de notre société. Cela est écrit d'une façon très claire que la Fraternité a pour objet « le sacerdoce et tout ce qui s'y rapporte et rien que ce qui le concerne ». Ensuite, il est précisé,« orienter et réaliser la vie du prêtre vers ce qui est essentiellement sa raison d'être, à savoir le Saint Sacrifice de la Messe ». Voyez, la Fraternité est donc une fraternité sacerdotale et en tant que fraternité sacerdotale, elle est orientée vers le Saint Sacrifice de la Messe.

Vous allez me dire : on parle du prêtre, mais là il s'agit de frères. Alors, quelle est la mission du frère au sein de la Fraternité Saint-Pie-X ? Eh bien, puisque l'action principale du prêtre, c'est justement le Saint Sacrifice de la Messe, les frères en rentrant dans cette société sacerdotale, doivent faire eux-mêmes aussi de la Messe le soleil de leur journée, le centre de leurs préoccupations mais également la source de leur apostolat. Et donc pour accomplir votre mission, chers frères, vous devez faire en sorte que jour après jour, mois après mois, année après année, les messes auxquelles vous allez assister soient toujours plus dignes de Dieu. Et comment le faire alors ? Eh bien, en restant à votre place de frère, c'est-à-dire en ayant soin du lieu de culte, en soignant les objets liturgiques, en faisant en sorte que les offices soient les plus beaux possibles, par le service de la Messe, par les chants, par l'orgue, par tout ce qui entoure la Messe. Et c'est vrai que si l'on regarde cela avec un regard, je dirai superficiel, profane peut-être, ça pourrait paraître peut-être secondaire. Mais en réalité, tout ce qui peut contribuer à embellir une Messe a une valeur infinie. Il n'y a rien de plus grand sur la terre que la Messe. Il n'y a rien de plus grand sur la terre que le Sacrifice rédempteur. Il n'y a rien de plus grand dans toute l'histoire de l'humanité que le fait que Dieu Lui-même ait accepté de prendre une nature humaine comme la nôtre. Et ensuite de mourir pour nous sur la Croix.

Il faut se dire que chaque fois que j'assiste à la Messe, c'est ce même acte rédempteur qui se retrouve à la Messe, cette fois-ci pour répandre sur le monde entier les Grâces que Notre-Seigneur a méritées une fois pour toutes en mourant pour nous sur la Croix. Et c'est bien le même acte qui est présent à la Messe. La Messe réactualise l'unique sacrifice par lequel nous avons été sauvés. Alors bien sûr que tout ce qui pourra permettre, je dirai, de manifester la grandeur du sacrifice qui se réalise, tout cela a une importance capitale parce qu'en plus comme le dit l'adage, « telle manière de prier, telle manière de croire ». Donc, pour pouvoir rentrer dans le mystère, on a besoin de vivre dans une certaine atmosphère, d'où le latin, d'où les périodes de silence, d'où l'importance des beaux chants, des beaux ornements, eh bien, les frères, à cette place, en tant que religieux, ils contribuent en dirigeant la chorale, en tenant l'orgue, en préparant la sacristie, ils soulagent les prêtres bien sûr, c'est le côté matériel, mais par rapport à Dieu, ils honorent Dieu et en même temps aussi, ils aident les fidèles à s'élever vers Dieu.

Alors pour pouvoir bien accomplir ce rôle de frère de la Fraternité, il faut non seulement accomplir ces actes d'une façon matérielle, mais ensuite vous avez encore un pouvoir qui est bien plus grand. A chaque messe, seul le prêtre fait descendre Notre-Seigneur Jésus-Christ sur l'autel. Mais une fois que Notre-Seigneur est sur l'autel, eh bien les fidèles et à plus forte raison les frères, unis au prêtre, ont le pouvoir d'offrir Notre-Seigneur à Dieu pour que justement Dieu le Père nous fasse miséricorde. Lisez la prière qui suit immédiatement la consécration du Précieux Sang. Dans cette prière il est dit nous votre serviteur - donc nous les prêtres - et avec nous votre peuple saint, nous offrons à votre divine majesté l'hostie sainte, l'hostie immaculée. C'est un pouvoir magnifique que de pouvoir offrir Notre-Seigneur Jésus-Christ à Dieu le Père pour que Dieu le Père répande sur nous toutes les grâces. Et non seulement les frères ont ce pouvoir mais également - et là je dirai que c'est encore extérieur, offrir Notre-Seigneur à Dieu le Père pour qu'Il nous fasse miséricorde, c'est très très beau, il n'y a rien de plus beau sur la terre - mais vous avez aussi ce pouvoir et ce devoir d'unir votre propre vie à la Divine Victime. Et c'est pour vous une grâce extraordinaire de pouvoir être si proche de l'autel. En étant proche de l'autel, vous êtes tout proche de Notre-Seigneur, prêtre et victime à l'autel. Vous avez bien sûr ce désir en voyant Notre-Seigneur qui s'offre à Dieu son Père pour qu'Il nous fasse miséricorde de vous unir vous-même aussi à ce sacrifice. En voyant tout ce que le Bon Dieu a fait pour nous, bien sûr on a le désir de faire ce qui dépend de nous aussi pour que nous puissions manifester notre amour de Dieu. L'amour appelle l'amour. Aujourd'hui c'est la fête de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle-même a bien manifesté la place de l'amour dans la vie spirituelle.

Et donc c'est à cette lumière qu'il faut comprendre, et l'habit que vous allez prendre, cet habit qui est noir, qui peut paraître un petit peu négatif aux yeux de certaines personnes du monde, même si le noir est aujourd'hui un peu à la mode, je crois, donc cet aspect noir peut paraître un peu rigide, mais il s'agit en fait pour vous de manifester extérieurement ce renoncement au monde et votre attachement à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Bien sûr, vous ne vous détachez pas pour vous détacher, vous vous détachez du monde pour vous attacher à Notre-Seigneur. Et les trois vœux que vous allez faire l'année prochaine sont à comprendre également selon la même ligne, à savoir que dans le vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, il y a un aspect bien sûr de sacrifice, vous voulez sacrifier la possibilité que vous auriez eue dans le monde d'avoir des biens matériels ou bien de jouir de certains biens matériels, donc vous faites ce sacrifice. Vous sacrifiez aussi la possibilité que vous auriez eue de fonder une famille, donc par ce voeu de chasteté. Et enfin, vous sacrifiez ce qu'il y a de plus dur, vous sacrifiez votre volonté propre. Si vous le faites, ce n'est pas bien sûr par un esprit masochiste. Si vous le faites, c'est dans le but d'être tout à Dieu. Vous avez compris la place que Dieu doit occuper dans la vie, dans toute vie chrétienne mais encore plus bien sûr dans la vie religieuse, et vous avez ce désir d'enlever tous les obstacles à cette union à Dieu. Et en ce sens, la messe va vous aider beaucoup à pratiquer les vertus des trois vœux de religion que vous ferez l'an prochain.

En effet, on peut dire que les trois vœux sont comme les trois clous qui vont vous river à la Croix. Donc il y a un aspect crucifiant mais vous le ferez par amour comme Notre-Seigneur qui a donné sa vie par amour. Il me semble qu'aujourd'hui, c'est dans cette perspective que vous devez avoir cette joie au fond de votre âme de franchir cette première étape qui est déjà très noble qui consistera à prendre, à revêtir cet habit religieux. Alors, le prêtre, au nom de l'Eglise, va au moment de vous remettre cet habit vous demander de pratiquer certaines vertus. Quelles sont les vertus qui sont nécessaires pour pouvoir être un bon frère novice de la Fraternité ? Il y a bien sûr les trois vertus de religion, donc vertu qui se rattache à la pauvreté, détachement des biens de ce monde, vertu de chasteté, vertu d'obéissance et Monseigneur Lefebvre a voulu ajouter dans nos statuts l'humilité et la charité. En effet, le terme d'obéissance est un terme qui nous montre déjà le sacrifice de notre volonté, mais le moyen de pratiquer cette obéissance c'est l'humilité. Une personne qui n'est pas humble aura beaucoup de mal à obéir. Et puis si on parle de la charité, c'est parce que la charité est la vertu par excellence. Donc l'humilité est la vertu qui va enlever l'obstacle à la charité. Dieu est charité, Il veut que l'on devienne charité, mais pour devenir charité, il faut enlever l'obstacle à la charité. Et l'obstacle à la charité, c'est précisément l'amour déréglé de nous-même. Amour déréglé des biens de ce monde, amour déréglé des biens sensibles, amour déréglé de notre volonté propre. Là on retrouve l'importance de ces vœux pour pouvoir aimer comme on doit aimer. Il faut bien comprendre que l'histoire de la vie religieuse, comme l'histoire du mariage, c'est une histoire d'amour. Vous avez compris combien Dieu vous aime, vous avez le désir de manifester à Dieu votre amour et comment manifester cet amour ? Eh bien en vous détachant de tout ce qui est un obstacle à cet amour vrai. Et c'est cela le sens déjà de toute vie chrétienne mais encore à un degré plus élevé bien sûr de la vie religieuse.

Maintenant il reste à dire quelques mots de cet habit que vous allez prendre. Ça peut paraître aujourd'hui un petit peu déconnecté de ce monde du XXIème siècle. Comment peut-on encore s'habiller en soutane ? De la soutane aux ors, ça peut paraître en décalage avec la façon de vivre du monde d'aujourd'hui. Pourquoi votre attachement à ce vêtement ? Pour cela je voudrais faire un petit rappel de philosophie, de bons sens en même temps mais aussi de foi parce que ça fait quand même appel à la foi. Sur le rôle du vêtement. A quoi sert un vêtement ? Le vêtement sert à couvrir notre corps. Et cela paraît très clairement dans la Sainte Ecriture. Lisez le livre de la Genèse : après le péché, Adam et Eve se sont revêtus, ont pris des vêtements. Et pourquoi cela ? En raison de la blessure de concupiscence qui est apparu après le péché de nos premiers parents. Avant la chute, il y avait ce don d'intégrité qui assurait une soumission parfaite des passions à la raison et des raisons à Dieu. En raison de cette révolte de la raison contre Dieu, la conséquence a été la révolte des passions contre la raison. D'où l'apparition de cette blessure de concupiscence. En raison de cette blessure de concupiscence, et aujourd'hui plus que jamais c'est important de le comprendre, le Bon Dieu a demandé à Adam et Eve de se vêtir. Ils l'ont même fait spontanément.

Ce vêtement est donc d'abord une protection par rapport à cette blessure de concupiscence. Le vêtement est là pour nous protéger de cette blessure. Et par ailleurs, on peut constater qu'il y a différentes sortes de vêtements. Les vêtements normalement varient selon les sexes - c'est important de le rappeler aujourd'hui ! -, il y a ensuite des vêtements qui manifestent notre fonction dans la société - par exemple, vous reconnaissez un policier, vous reconnaissez un militaire, vous reconnaissez un contrôleur à leur uniforme. Et donc sous ce rapport, on va dire que le vêtement est un signe, un signe distinctif, un signe de reconnaissance. Et ce qui est vrai de la société civile est vrai aussi de la société religieuse. On arrive à distinguer ainsi un dominicain, un capucin, un prêtre séculier à son habit. Donc le vêtement est un signe de reconnaissance. Et en raison de sa spécificité, il est en même temps - surtout pour l'habit religieux - un signe de séparation. La soutane nous met à part du monde. Le prêtre et le frère sont des séparés, et sont des séparés parce que ce sont des âmes consacrées. On se sépare pour se consacrer.

Et quel est l'intérêt encore aujourd'hui de rester attaché à la soutane ? Je voudrais donner comme argument pour peut-être toucher ceux qui sont plus éloignés que d'autres de la religion, je voudrais vous citer des arguments qui viennent de nos ennemis. Ce ne sont pas des catholiques qui parlent, je vais faire parler un texte bien connu de plusieurs d'entre vous et que peut-être d'autres ne connaissent pas. Je vais faire parlerFerdinand Buisson, donc un parlementaire franc-maçon. C'était le 4 mars 1904. C'est intéressant parce que c'était au début du XXème siècle, il n'y avait pas encore de prêtre en civil à l'époque. Eh bien, que disait ce parlementaire franc-maçon ?

« Je connais le proverbe qui dit : "l'habit ne fait pas le moine", eh bien, moi, je soutiens que l'habit fait le moine. L'habit est en effet pour lui et pour les autres le signe, le symbole perpétuel de sa mise à part, le signe qu'il n'est pas un homme avec tous les hommes. Cet habit, c'est une force ; cet habit, c'est la force et la mainmise d'un maître qui ne lâche jamais son esclave, et notre rêve c'est précisément de lui arracher sa proie. Quand l'homme aura déposé son uniforme du milieu où il est enrôlé, forcément il retrouvera la liberté de s'appartenir. Il n'aura plus une règle qui enserre moment après moment toute sa vie. Il n'aura plus un supérieur à qui demander des ordres pour chaque acte de son existence. Il ne sera plus l'homme de la congrégation. Il deviendra tôt ou tard l'homme de la famille, l'homme de la cité, l'homme de l'humanité. Il faudra bien que le religieux sécularisé se mette à gagner sa vie comme tout le monde. Nous n'en demandons pas plus. Le voilà libre. Longtemps peut-être, il restera attaché à ses idées religieuses et autres. Gardons-nous de nous en plaindre. Laissons-le se laïciser tout seul, la vie aidant. Comptons sur la nature pour reprendre tous ses droits. C'est par la liberté que nous le conduirons à la liberté. »

Donc ce texte, voyez-vous, montre très clairement le désir de nos ennemis de nous voir quitter notre habit et il en donne la raison : l'habit étant un signe extérieur de ce que nous sommes nous aide à rester ce que nous sommes. Et si les mêmes ennemis ont voulu que les femmes s'habillent en hommes, eh bien le motif c'était d'arriver à faire une société unisexe. Parce que le démon, voyez-vous, n'est capable de rien construire. La seule chose qu'il peut faire, c'est démolir. Dieu seul est créateur. La seule chose que le démon veut faire c'est démolir. Il a d'abord voulu s'attaquer à l'ordre surnaturel, donc, par le naturalisme. Il a voulu ensuite s'attaquer à la nature. Et maintenant il cherche à répandre les mœurs contre-nature. Tout cela est dans une logique implacable. Et pour nous, si on est contre la théorie du genre, eh bien en même temps, on doit être aussi contre la société unisexe. On doit faire en sorte que les femmes soient habillées en femmes, les hommes habillés en hommes. Et parce qu'on croit que le péché originel a laissé des traces en nous, on doit faire en sorte, par notre façon de nous habiller, de ne pas exciter la convoitise chez les autres, mais de se respecter soi-même et de respecter les autres justement par un habit conforme à notre état. A la foi notre état d'être affaibli par le péché et, en même temps, ennobli par la grâce. Puisque le Bon Dieu habite dans mon âme, si je suis en état de grâce, eh bien noblesse oblige. Je dois avoir un comportement digne de Celui qui m'habite. Comportement intérieur avant tout - la vertu de modestie est avant tout une qualité intérieure de l'âme - mais ensuite elle doit se manifester à l'extérieur. Et donc obliger les autres à pratiquer la vertu alors qu'on est sans cesse excités par, et parfois même dans notre milieu, il y a quand même un petit problème.

Donc pour revenir à la soutane pour le prêtre, eh bien, la soutane rappelle au prêtre et au frère ce qu'il est. Elle est pour lui aussi une protection contre les tentations. On nous a dit quand nous étions en première année, c'était M. l'abbé André qui à l'époque enseignait la spiritualité, il nous a dit : « là où la soutane ne passe pas, le prêtre ne passe pas, la soutane ne passe pas, le frère ne passe pas ». Il me semble que c'est une règle à suivre. Si je vois que je suis gêné d'aller dans tel milieu en soutane, c'ets peut-être parce que ma place n'y est pas. Donc voyez que cette soutane est pour nous, prêtres, également pour les frères, une protection. Elle nous aide à rester ce que nous devons être. Et puis aussi la soutane a l'avantage d'enlever le respect humain. Parfois peut-être dans le train, dans la rue, on n'oserait pas aborder les questions religieuses. Par le fait qu'on a un habit, les personnes s'ouvrent à nous. Du coup, on est plus amenés nous-mêmes à nous ouvrir également. Et donc la soutane a des effets positifs non seulement sur nous mais aussi sur les autres. Il est bien plus impressionnant par exemple de se faire arrêter par des gendarmes en uniforme que par des gendarmes en civil ! Donc l'uniforme inspire le respect. Ça aide les autres à avoir une attitude juste vis-à-vis de nous. Elle est aussi une prédication. Elle est donc un signe objectif que Dieu existe encore. La soutane pose question. Encore tout récemment, nous étions à Montgardin, et après on est allés au Laus, il y avait des dames qui nous regardaient : « vous avez vu, si jeunes ! Ça existe encore ! ». Et puis une autre qui disait : « moi, je suis vraiment émue ! ». Donc on voit que la soutane ne laisse pas indifférent. Donc il me semble que c'est un encouragement pour les frères aussi. Parce que les frères se disent parfois, voilà, nous on ne prêche pas ! En fait, ils prêchent déjà par leur habit. Leur habit est une prédication.

Et puis enfin, pour terminer, après avoir revêtu, chers frères, votre habit, vous allez lire votre acte d'oblation qui consiste en la première offrande que vous allez faire de vous-mêmes, dans la Fraternité qui va vous accueillir comme frère novice. Pour être dignes de cette grâce, vous allez donc promettre de pratiquer les vertus qui vous seront nécessaires pour être de saints frères. Je vous disais tout-à-l'heure, vertu d'humilité, vertu de pauvreté, d'obéissance, de charité et de chasteté. Et pour Monseigneur Lefebvre alors, il avait une vue de synthèse, une vue de haut. Sa devise c'était « credidimus caritati », donc il réduisait tout à la charité. Pour Monseigneur Lefebvre, tout se résumait dans la charité. Il disait en fait, si vous lisez par exemple dans les statuts, la vertu par excellence du membre de la Fraternité, c'est un amour profond de la Trinité sainte. Et Monseigneur disait que cet amour profond de la Trinité sainte devrait comme spontanément nous inciter à la pauvreté, à la chasteté, à l'obéissance. Parce que cet amour profond de Dieu nous montre que Dieu est tout. Par conséquent, c'est vers Lui que nous devons aller. Par conséquent, cela nous aide à nous détacher de tout ce qui pourrait nous aveugler.

Soyez bien généreux, chers frères, dans cette belle étape que vous allez franchir devant votre famille, devant vos amis qui sont venus vous encourager. Priez aussi l'Esprit-Saint. Ce n'est pas non plus un hasard si juste avant cette prédication il y a eu ce « Veni Creator ». On a imploré la grâce de l'Esprit-Saint, d'abord sur vous, pour que ses lumières que vous avez aujourd'hui, qu'elles puissent être profondément ancrées dans votre âme, non seulement pendant votre noviciat, mais pendant toute votre vie. Il y a parfois des moments plus difficiles à traverser, il me semble que c'est important, les jours comme celui-ci de demander au Bon Dieu toutyes les grâces qui vous seront nécessaires pour être déjà de bons novices, pour ensuite avoir cette grâce de la persévérance. Et puisque sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus est fêtée aujourd'hui, demandons à cette petite Thérèse qui nous a dit qu'elle passerait son ciel à faire du bien sur la terre, qu'elle soit aussi une aide pour vous.

Et puis enfin, confiez-vous aussi à la Très Sainte Vierge Marie qui a mieux que quiconque aimé aussi le Bon Dieu. Mieux que quiconque elle a pratiqué aussi cette pauvreté, cette chasteté, cette obéissance. Elle est votre Mère, elle est notre Mère à tous, mais elle est spécialement votre Mère aujourd'hui. Donc qu'elle puisse être présente tout au long de votre noviciat pour que vous puissiez, dans un an s'il plaît à Dieu, faire vos vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance dans cette œuvre qu'est la Fraternité Saint-Pie-X.

Merci à tous de vos bonnes prières. Ainsi soit-il.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.

Abbé Patrick Troadec, Directeur du séminaire Saint-Curé-d'Ars de Flavigny

27 septembre 2014

[Mgr Richard Williamson] Châtiment à la Porte

SOURCE - Mgr Richard Williamson - 27 septembre 2014

L’Abbé Constant Louis Marie PEL (1876–1966) n’est pas un nom très connu parmi les âmes auxquelles Dieu a donné de connaître la façon dont Il va redresser le monde d’aujourd’hui, mais pour ceux qui l’ont connu il s’agissait d’un prêtre très proche de Dieu. Docteur en théologie, professeur de séminaire, fondateur d’un couvent de femmes et d’un séminaire pour hommes, il avait une grande dévotion au Sacré Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie, et il était un ami personnel du Padre Pio qui dit de lui à certains pèlerins français à San Giovanni Rotondo, « Pourquoi venez-vous me voir alors que vous avez un si grand Saint en France ? ».

L’Abbé Pel passait des nuits debout dans l’église, le front appuyé sur le Tabernacle, conversant avec Dieu dans une extase permanente. Il trouva la mort dans un accident de voiture juste après Vatican II, mais pas avant qu’un séminariste, l’un de ses fils spirituels, n’ait pu mettre par écrit l’une de ses prophéties, datée de 1945, au sujet du Châtiment qui doit frapper la France en particulier. La voici telle quelle, ou abrégée :—

« Mon fils », dit l’Abbé Pel, « sachez que, les péchés du monde allant crescendo dans l’horreur au cours de ce siècle, de très grands châtiments divins vont fondre sur le monde et aucun continent ne sera épargné par la Colère de Dieu. La France coupable d’apostasie et reniant sa vocation sera durement châtiée. A l’Est d’une ligne allant de Bordeaux dans le Sud-ouest à Lille dans le Nord-est, tout sera dévasté et brûlé par l’envahissement des peuples venus de l’Est, et aussi par la chute de grosses météorites enflammées tombant en pluie de feu sur la terre entière et sur ces régions en particulier. Ce sera la désolation générale. Révolution, guerre, épidémies, pestes, gaz toxiques et chimiques, violents tremblements de terre et les volcans éteints de France se rallumant, détruiront tout . . . »

« La France à l’Ouest de cette ligne sera moins touchée . . . grâce à la Foi enracinée encore en Vendée et en Bretagne . . . mais les sectaires et grands ennemis de Dieu y cherchant un abri au milieu du cataclysme mondial n’en échapperont point, et où qu’ils se cachent, ils seront mis à mort par les démons, car la Colère du Seigneur est juste et sainte. D’épaisses tén 2;bres provoquées par la guerre, les incendies gigantesques et la chute des morceaux d’étoiles enflammées qui tomberont durant trois jours et trois nuits feront disparaître le soleil, et seuls les cierges de la Chandeleur bénis le 2 février pourront donner la lumière dans les mains des croyants, mais les impies ne verront pas cette lumière miraculeuse car ils ont dans leurs âmes les ténèbres ».

« Ainsi, mon enfant, les trois quarts de l’humanité sera détruite, et par endroits en France il faudra souvent faire cent kilomètres pour trouver son semblable . . . . Plusieurs nations disparaîtront de la carte du monde . . . . Une France ainsi purifiée deviendra de nouveau la « Fille aînée de l’Église », car tous les Caïns et les Judas de l’humanité auront disparu dans ce ‘ Jugement des Nations’ ». Ce jugement ne sera pas encore la fin des Temps mais le châtiment dû aux péchés des nations sera si grand que Notre Seigneur dit à l’Abbé Pel que la désolation à la fin du monde sera moindre.

Cher lecteurs, que devons-nous en conclure ? Que chacun d’entre nous s’efforce coûte que coûte, et avec l’aide des sacrements catholiques, donnés par Dieu dans ce but, de vivre dans sa grâce et non dans l’état de péché, et profitons au maximum du temps qu’Il nous accorde, entre l’instant présent et l’heure de Sa Justice, pour prier afin que le plus grand nombre possible de pécheurs se repentent et sauvent leurs âmes pour l’éternité, lorsque l’heure du Châtiment aura sonné. Dieu ayez pitié. Vierge Marie au secours.

Kyrie eleison.

[Elton Dëhr - Reconquista] Un nouveau prieuré de l'USML au Brésil

SOURCE - Elton Dëhr - Reconquista (blog) - Septembre 2014

Nous avons rendu visite à l’abbé Cardoso à son nouveau domicile situé dans la ville de Ipatinga dans l’état de Mina Gerais. Nous avons voyagé jusqu’à cette ville et l’abbé nous octroie quelques minutes pour nous donner quelques nouvelles de la résistance au Brésil et en Amérique du Sud.
Cher monsieur l’abbé, nous avons appris votre déménagement dans cette ville et nous avons voulu vous rencontrer personnellement, nous prenons déjà régulièrement de vos nouvelles qui nous parviennent grâce aux différents blogs catholiques, nous savons qu’il y a eu des consécrations réalisées des différentes missions … que pouvez-vous nous dire de plus ?
Nous avons souhaité remplir notre devoir en ce qui nous concerne, en réponse au message de Fatima et mettre sous la protection et le soin du Cœur Immaculé de Marie toutes nos missions, depuis la Terre de Feu jusqu’au Mexique, il est intéressant de voir les fruits que cela donne, que ce soit en terme de ferveur des fidèles, que ce soit pour les nouvelles âmes que Dieu nous envoie, les nouvelles vocations qui s’annoncent, la protection manifeste dont nous bénéficions.
Les missions ont elle déjà toutes été consacrées ?
Celles du Mexique, de Colombie et du Brésil, oui, il reste des consécrations à faire en Argentine qui sont prévues pour les mois de novembre et de décembre.
Que nous vaut la joie de vous avoir plus proche, dans l’état de Minas Gerais ?
Je séjournais une partie de chaque mois au Monastère de la Sainte Croix (Santa Cruz), ce qui me convenait très bien, mais d’autre part cela me faisait perdre pas mal de temps dans les voyages et les fidèles des missions de l’état de Minas, comme ces missions prenaient de l’ampleur, avaient besoin d’un plus grand engagement de ma part, ce qui explique pourquoi, après avoir remercié les chers moines de Santa Cruz pour leur hospitalité, j’ai pris la décision d’accepter l’offre que me firent les fidèles de la Mission du Christ Roi de Ipatinga de me prêter cette maison.
Ne regrettez-vous pas le monastère ?
Bien sûr que si ! … je vais d’ailleurs continuer à leur rendre visite tous les 3 ou 4 mois, de plus c’est là que se trouveront les jeunes qui se préparent à entrer au séminaire de la résistance en France. J’ai une immense dette de gratitude envers Dom Tomas et les moines, quand j’ai dû quitter le prieuré de Sao Paulo à cause de l’apostasie de mes supérieurs, je me suis trouvé officiellement à la rue, et ce furent eux qui eurent la charité de m’accueillir et de me donner leur soutien pendant ces deux années que j’ai passées chez eux, hier j’ai fini de leur prêcher une retraite et j’ai eu la joie aussi de voir la prise d’habit d’un aspirant, une belle cérémonie, simple mais remplie de symboles, le renoncement au monde, le lavement des pieds … cela ne cesse de surprendre de voir que le Brésil continue à donner des jeunes vocations à la Tradition, Deo gratias !
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
A la fin du mois, je dois aller au Mexique, l’abbé Trincado prend alors des vacances méritées au Chili, son pays, et peut être que je pourrais être au Brésil pour l’ordination au diaconat d’un des moines de Santa Cruz qui aura lieu en la fête du Christ Roi, qui devrait se tenir dans la nouvelle chapelle qui sera bientôt achevée par l’abbé Fernando à Goias. Au mois de novembre, je devrais prêcher une retraite à la mission de Tucumán en Argentine, je dois visiter les missions situées dans la Terre de Feu, Buenos Aires et Jujuy, et puis retour au Brésil pour les fêtes de fin d’année …
Et pour l’année 2015 ?
Le pré-séminaire continue, nous souhaitons mettre en place dans les missions la Croisade Eucharistique et répandre l’apostolat de la prière, des visites sont prévues à Recife et au Salvador en janvier, nous voulons éditer le catéchisme et d’autres livres d’apologétique, d’histoire sainte. Nous insistons beaucoup auprès des pères de famille pour qu’ils donnent tout leur appui aux écoles catholiques, que ce soit celle du monastère de Nova Friburgo ou celle d’Anápolis, le combat démoniaque contre les enfants ne doit pas cesser de nous inquiéter sérieusement, doit nous inciter à faire tout notre possible pour donner une solide formation catholique à ceux qui vont héritiers de notre Foi. Persévérer dans la prière quotidienne du rosaire et la lecture du catéchisme de Saint Pie X ou un autre antérieur à l’odieux Concile Vatican II, ce sont les deux grandes armes dont nous disposons dans ce combat spirituel.
Nous quittons l’abbé, car les fidèles attendent pour se confesser. L’abbé nous bénit et nous le voyons s’assoir pour confesser, les pénitents à genoux, des femmes portant la mantille, des mains égrenant le chapelet, tenues respectueuses dans la chapelle, ce sont des choses que nous voyons de plus en plus rarement de nos jours. Mais, grâce à Dieu, aujourd’hui nous avons pu être témoins de tout cela.
Elton Dëhr

26 septembre 2014

[Cordialiter] Le monde lefebvriste entre « accordistes » et « résistants »

SOURCE - Cordialiter - 26 septembre 2014

Depuis quelques temps, les groupes qui se trouvent à la droite de la Fraternité Saint-Pie X mènent une forte opposition au gouvernement de Menzingen (Suisse), où se trouve la Maison Générale de la FSSPX. Les opposants s’auto-définissent comme les « résistants », tandis qu’ils appellent ceux qui sont disposés à accepter une « reconnaissance de tolérance » de la part de Rome les « accordistes ». Le principal leader de la force d’opposition du « Gouvernement Fellay » est certainement Monseigneur Richard Williamson, qui, il y a quelques mois a donné naissance à « l’Union sacerdotale Marcel Lefebvre », après avoir été expulsé en 2012 de la Fraternité Saint-Pie X. Donc actuellement les lefebvristes sont divisés en deux groupes. Beaucoup de gens se demandent ce qui va se passer à l’intérieur de la FSSPX si le pape décide d'octroyer une « reconnaissance de tolérance ». Je pense que la grande majorité des laïcs fidèles de la Fraternité va suivre Mgr Fellay. Même parmi les membres du clergé de la FSSPX je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de défections. Cependant, pour une personne qui préférera passer chez Mgr Williamson, ce sera au moins vingt autres qui vont commencer à assister aux messes célébrées dans les chapelles de la Fraternité. Ce sont autant de personnes qui attendent avec un vif intérêt la « reconnaissance de tolérance » afin de se rapprocher de la FSSPX. Donc, il n’y a pas lieu de s’inquiéter par le vide causé par d’éventuelles défections.

Certains avancent que les nombreux modernistes infiltrés à l’intérieur des différentes structures ecclésiales (par exemple, dans les diocèses) vont broyer et détruire la Fraternité Saint-Pie X en l'empêchant d'agir. Si cette crainte était fondée, les modernistes et leurs amis francs-maçons devraient exulter de joie à l’annonce d’une « reconnaissance » officielle par le Saint-Siège de la FSSPX, en attendant de l’assiéger et de l'étouffer. Je n'ai pourtant vu aucune scène de liesse du côté moderniste à la suite des nouvelles qui nous sont venues de Rome et de Menzingen qui travaillent ensemble à une solution pour parvenir « progressivement » à une réconciliation. Cependant, si le pape concédait une simple « reconnaissance de tolérance » (c'est à dire, une autorisation générale d'administrer les sacrements à travers le monde catholique), ceux qui s'opposent côté « gauche » à la réconciliation attendue (c’est-à-dire les militants modernistes) ne pourront pas faire grand-chose pour assiéger et écraser la FSSPX.

De plus, Mgr Fellay ne peut pas dire au Pape: « Non merci, je ne peux pas accepter de reconnaissance de tolérance. » Enfin, nous devons nous rappeler que nous sommes entre les mains de Dieu. S’il veut que le jeune mouvement traditionnel continue à se développer, rien ni personne ne pourra l'arrêter, pas même les vétérans qui composent l'armée guignolesque des modernistes.

[Mary O'Regan - Catholic Herald] Les altercations ne réconcilieront pas la FSSPX et Rome

SOURCE - Catholic Herald - 26 septembre 2014

Nous devons commencer par prier, surtout pour ceux avec lesquels nous ne sommes pas d’accord
Voilà un motif de joie. Cette semaine, pour la première fois depuis le renoncement du pape Benoît XVI, Mgr Fellay a rencontré le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Müller.

Nous aurions tort de placer toute la responsabilité de la réconciliation sur les épaules de la hiérarchie de l’Église et des dirigeants de la FSSPX. Il y a un test tout simple pour chaque catholique de voir s’ils veulent aider ou bien freiner la réconciliation. Si vous êtes un fidèle du cardinal Müller, seriez-vous disposé à prier pour Mgr Fellay ? Plus révélateur encore, pourriez-vous prier pour les fidèles de la FSSPX ?

Si vous êtes maintenant partisan de Mgr Fellay, êtes-vous prêt à prier pour le cardinal Müller ? Ou si vous fréquentez uniquement la FSSPX, pourriez-vous prier pour les catholiques qui pratiquent uniquement le Novus Ordo ?

A travers le monde, la plus grande réconciliation entre les traditionalistes et la plupart des catholiques devrait peut-être commencer par la prière, ce qui amènerait un adoucissement nécessaire des cœurs.

Mais pour certains catholiques libéraux, l’idée de prier pour Mgr Fellay et les fidèles de la FSSPX fait grincer des dents. Du côté des catholiques traditionalistes, j’ai relevé des accès de colère dès lors qu’ils entendent le nom du cardinal Müller ou à l’idée de prier pour les « catholiques de Vatican II ». Là réside le problème. C’est un cercle vicieux où chacun méprise l’autre. Comment dès lors peut-il y avoir réconciliation lorsque que nous sommes autant sur la défensive à l’égard du prochain ?

Je suggère que la « Petite Voie » de sainte Thérèse de Lisieux soit adoptée sur le champ, d’autant plus que sa fête approche. Conformément à la Petite Voie, je voudrais appeler les deux parties à cesser les déchirements, les cris puérils tels que « Ce sont eux qui ont commencé », et surtout de cesser de compiler tous les défauts qui devraient justifier la position selon laquelle chacun affirme : « Nous sommes meilleurs qu’eux ! »

Le processus de réconciliation entre la Fraternité Saint Pie X et Rome n'est pas seulement l’affaire d’une salle privée au Vatican, mais dans les cœurs des catholiques de part et d’autre.

25 septembre 2014

[Notions Romaines] le diocèse de Lancaster se prépare à accueillir l'ICRSP

SOURCE - Notions Romaines - 25 septembre 2014

Le diocèse de Lancaster au Royaume-Uni s’apprête à accueillir l’Institut Christ Roi Souverain Prêtre (ICRSP), un société de vie apostolique dédiée à la digne célébration de la messe traditionnelle sous le triple patronage de saint Benoît, saint Thomas d’Aquin et saint François de Sales. En effet, Mgr Michael Campbell avait invité l’ICRSP au sein de son Diocèse et a annoncé l’acceptation de son invitation en avril dernier. Le Diocèse se prépare maintenant à l’arrivée de l’Institut ce samedi, 27 septembre 2014. L’ICRSP s’installera à l’église Sainte-Walburge à Preston dans le comté de Lancashire (nord-ouest de l’Angleterre).

Voici la traduction du communiqué du Diocèse à propos de l’accueil et de la célébration inaugurale du nouvel apostolat de l’ICRSP en Grande-Bretagne:

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - LE DIOCÈSE SE PRÉPARE À ACCUEILLIR UNE NOUVELLE COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE À STE-WALBURGE, PRESTON

Mgr Campbell souhaite que l’Institut Christ Roi Souverain Prêtre «insuffle une nouvelle vie» à Ste-Walburge.

L’évêque de Lancaster, Son Excellence Monseigneur Michael Campbell, OSA, a exprimé son enthousiasme concernant l’arrivée d’ici quelques semaines de l’Institut Christ Roi Souverain Prêtre à Ste-Walburge, Preston.

La jeune communauté religieuse établira une fondation à l’église Ste-Walburge, Preston en septembre, quelques deux ans et demi après la fondation de sa première communauté au Royaume-Uni en l’église Saints-Pierre-et-Paul et Sainte-Philomène à New Brighton.

Mgr Campbell avait annoncé en avril dernier que la célèbre église du centre-ville de Preston – qui a le plus haut clocher au pays, excepté celui de la cathédrale de Salisbury – deviendrait un sanctuaire dédié à l’Adoration eucharistique et qu’elle offrirait la Sainte Messe et les autres Sacrements selon la forme extraordinaire du rite romain sous la direction de l’Institut. En effet, l’église sera désormais ouverte à la prière tous les jours avec l’Adoration eucharistique.

Mgr Campbell dit: «La réponse généreuse et courageuse de l’Institut à mon invitation à venir s’établir à Ste-Walburge assure non seulement un futur à cette église, mais je suis confiant qu’avec le temps l’Institut va insuffler une nouvelle vie à Ste-Walburge et de même que pour la communauté catholique locale.»

«Si Dieu le veut, le clergé et les fidèles de Preston offriront à l’Institut toute aide et assistance nécessaires pour les prochains semaines, mois et années à venir.»

La nouvelle mission de l’Institut à Preston sera lancée à midi le 27 septembre 2014 avec une messe inaugurale solennelle célébrée par le prieur général et fondateur de l’Institut, Mgr Gilles Wach en la présence de Mgr Campbell.

L’Institut Christ Roi Souverain Prêtre est une société de vie apostolique et de droit pontifical au sein de l’Église catholique avec un accent particulier sur le travail missionnaire. L’Institut fut fondé en 1990 et dont le siège se situe à Florence en Italie. Déjà l’Institut compte environ 70 prêtres œuvrant dans 12 pays et plus de 80 séminaristes en formation à son séminaire à Florence.

L’Institut est connu pour son travail de restauration d’églises; celui-ci en rouvrit récemment deux aux États-Unis et une en Belgique. En 2004, une communauté de Sœurs fut fondée pour aider les prêtres dans leur mission.

[DICI] La réponse stupéfiante du cardinal Kasper aux critiques de cinq cardinaux

SOURCE - DICI - 25 septembre 2014

A la veille de la parution du livre, Demeurer dans la vérité du Christ (édition française : Artège ; le 25 septembre), dans lequel cinq cardinaux répondent aux propositions du cardinal Walter Kasperd’autoriser les divorcés remariés à communier (voir DICI n°296 du 16/05/14), plusieurs vaticanistes italiens ont interrogé le prélat allemand afin de recueillir ses réactions avant même la sortie de l’ouvrage où il est ouvertement cité.

Les cinq cardinaux qui critiquent les propositions du cardinal Kasper sont : Walter Brandmüller, Président émérite du Comité pontifical pour les Sciences historiques ; Raymond Leo Burke, Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique ; Carlo Caffarra, archevêque de Bologne ; Velasio De Paolis, c.s., Président émérite de la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège ; Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Leurs études sont complétées par les travaux de trois autres auteurs : Mgr Cyril Vasil’, s.j., Secrétaire de la Congrégation pour les Eglises Orientales ; le Père Paul Mankowski, s.j., Scholar-in-Residence au Lumen Christi Institute (Chicago) ; et John M. Rist, professeur émérite de littérature classique et de philosophie à l’Université de Toronto, ancien titulaire de la chaire de philosophie Kurt Pritzl o.p., de l’Université catholique d’Amérique. Toutes ces études sont réunies et présentées par le Père Robert Dodaro, o.s.a., Président de l’Institut de patristique Augustinianum (Rome).
– Voir ici des extraits de cet ouvrage.

Le soutien du pape

Dans l’entretien accordé au vaticaniste Andrea Tornielli pour Vatican Insider, le 18 septembre 2014, le cardinal Kasper déclare qu’en présentant une possibilité de communion pour les divorcés remariés, il n’a pas « proposé une solution définitive », mais ajoute-t-il : « après en avoir convenu avec le pape, j’ai posé des questions et proposé des considérations pour des réponses possibles. » Sur ce soutien du pape François, le prélat insiste dans l’entretien qu’il a eu le même jour avec Antonio Manzo, dans Il Mattino : « (J’ai parlé) deux fois avec le Saint-Père. J’ai tout convenu avec lui. Il était d’accord. Ils (les cinq cardinaux) savent que je n’ai pas fait ces choses par moi-même. J’en ai convenu avec le pape, j’ai parlé avec lui deux fois. Il s’est montré content ». De fait, on se souvient de l’hommage que François avait rendu au rapport du cardinal Kasper lors du Consistoire du 20 février dernier, en termes très élogieux : « Je voudrais remercier (le cardinal Kasper), parce que j’ai trouvé une théologie profonde, et une pensée sereine dans la théologie. Cela fait plaisir de lire une théologie sereine. J’ai aussi trouvé ce que disait saint Ignace, ce sensus Ecclesiae, l’amour de la Mère Eglise… Cela m’a fait du bien et il m’est venu une idée – excusez-moi Eminence si je vous fais rougir – mais l’idée est que cela s’appelle ‘faire la théologie à genoux’. Merci. Merci. » – Certains observateurs romains vont jusqu’à penser que le pape est intervenu personnellement dans la rédaction de quelques passages du rapport du prélat allemand.

Tornielli titre son entretien avec le cardinal Kasper : « Le manifeste des cinq cardinaux et la réponse de Kasper ». En fait de « manifeste », il s’agit bien plutôt d’un ouvrage universitaire solidement documenté, de plus de 300 pages. Il serait bien léger de prétendre y répondre sérieusement par de simples entretiens dans les journaux.

Le souvenir du Bref examen critique

Face à la réaction des cinq cardinaux, le cardinal Kasper confie à Tornielli que cette dissension n’est pas sans rappeler l’opposition que manifestèrent quelques prélats sous le pontificat de Paul VI : « Pendant le concile Vatican II et la période post-conciliaire, il y avait des résistances de certains cardinaux au pape Paul VI, également de la part du Préfet du Saint-Office. Toutefois – si je suis bien informé – pas avec cette modalité organisée et publique. Si les cardinaux qui sont les plus proches collaborateurs du pape, interviennent de cette façon, au moins en ce qui concerne l’histoire récente de l’Eglise, nous sommes face à une situation inédite ».

 Ici, le prélat allemand fait allusion – sans les citer – aux cardinaux Alfredo Ottaviani, Préfet du Saint-Office, etAntonio Bacci qui publièrent le Bref examen critique du Novus Ordo Missae (25 septembre1969) où ils dénonçaient un rite qui « s’éloigne de manière impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail » de la définition catholique de la Messe, telle qu’elle résulte des enseignements du concile de Trente.

A propos de la réponse des cinq cardinaux que le prélat allemand qualifie d’« organisée et publique »,Riccardo Cascioli a beau jeu de montrer, le 19 septembre sur son site La nuova bussola quotidiana, qu’il « suffit d’un minimum de mémoire historique pour se rappeler que ceux qui ont déclenché une offensive sur la communion pour les divorcés remariés, tentant d’en faire le thème unique du Synode, c’est justement Kasper et cie. » Et de rappeler, entre autres, les manœuvres et déclarations, fin 2013, des présidents successifs de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Robert Zollitsch et le cardinal Reinhard Marx…

De l’œcuménisme doctrinal à l’œcuménisme moral

Mais la déclaration la plus stupéfiante que le cardinal Kasper fait à Tornielli dans l’entretien du Vatican Insiderest la suivante : « La doctrine de l’Eglise n’est pas un système fermé : le concile Vatican II enseigne qu’il y a un développement dans le sens d’un possible approfondissement. Je me demande si un approfondissement similaire à ce qui s’est passé dans l’ecclésiologie est possible dans ce cas (des divorcés remariés civilement, ndlr) : bien que l’Eglise catholique soit la véritable Eglise du Christ, il y a des éléments d’ecclésialité aussi en dehors des frontières institutionnelles de l’Eglise catholique. Dans certains cas, ne pourrait-on pas reconnaître également dans un mariage civil des éléments du mariage sacramentel ? Par exemple, l’engagement définitif, l’amour et le soin mutuel, la vie chrétienne, l’engagement public qu’il n’y a pas dans les unions de fait (i.e. les unions libres, ndlr) ? ».

En clair, le cardinal Kasper utilise l’argument des éléments d’ « ecclésialité » qui, selon Vatican II, se trouveraient dans les autres religions, et il l’applique au cas du mariage civil où l’on trouverait des éléments de « sacramentalité » : engagement définitif, amour et soin mutuel, vie chrétienne, engagement public…, bien qu’en dehors du mariage catholique ! C’est ainsi que l’œcuménisme doctrinal permettrait d’aller jusqu’à un certain œcuménisme moral ! Comme le dénonçait le cardinal Caffarra déjà dans Il Foglio du 15 mars 2014, en réponse au rapport du cardinal Kasper : « Il y aurait (ainsi) un exercice de la sexualité humaine extra-conjugale que l’Eglise considérerait comme légitime. Mais avec cela on ruine le pilier de la doctrine de l’Eglise sur la sexualité. A ce point on pourrait se demander : pourquoi n’approuve-t-on pas l’union libre ? Et pourquoi pas les rapports entre homosexuels ? »

Un autre cardinal dénonce

Le cardinal Kasper aura une occasion supplémentaire d’exposer ses théories puisque le cardinal George Pell, Préfet du Secrétariat pour l’économie, s’oppose publiquement lui aussi à la communion des divorcés remariés dans la préface d’un livre à paraître le 1er octobre chez l’éditeur catholique américain Ignatius Press, quelques jours avant le Synode sur la famille (5-19 octobre 2014). Cet ouvrage s’intitule L’Evangile de la famille, reprenant le titre du livre du cardinal Kasper où est publié son rapport au Consistoire du 20 février 2014.

Le cardinal Pell déclare dans son avant-propos : « Une discussion, un débat courtois, documenté et rigoureux, est nécessaire, spécialement durant le mois prochain, pour défendre la tradition catholique et chrétienne de monogamie et d’indissolubilité du mariage ». Et de préciser : « la doctrine et la pratique pastorale ne peuvent pas se contredire. (…) L’on ne peut maintenir l’indissolubilité du mariage en autorisant les divorcés remariés à recevoir la communion ».

Le prélat australien considère que cette question est bien perçue comme un symbole à la fois par les défenseurs et les adversaires de la tradition catholique. Il s’agit d’un « trophée dans la bataille entre ce qui reste de la chrétienté en Europe et un néo-paganisme agressif. Tous les opposants au christianisme veulent que l’Eglise capitule sur ce sujet ».


(Sources : Vatican Insider/Il Mattino/ Nuova Bussola/benoîtetmoi/Apic/IMedia – DICI n°301 du 26/09/14)