29 novembre 2014

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Papes vivants

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 29 novembre 2014

L’Église nécessite des Papes vivants, même mauvais.

Tuer l’Église, ils ne le pourront, quelque fous qu’ils soient.
Le 29 janvier 1949 le Pape Pie XII fit les observations suivantes au sujet de l’importance du Pape : « Si jamais un jour – Nous le disons par pure hypothèse – la Rome matérielle devait s’écrouler ; si jamais cette Basilique vaticane, symbole de l’unique invincible et victorieuse Église catholique, devait ensevelir sous ses ruines ses trésors historiques et les tombes sacrées qu’elle renferme, même alors l’Église ne s’en trouverait pour autant ni abattue ni fissurée. La promesse du Christ à Pierre resterait toujours vraie, la Papauté durerait toujours, comme aussi l’Église, une et indestructible, fondée sur le Pape vivant à ce moment-là ».

Étant donné que ces paroles relèvent de la doctrine classique de l’Église (il n’y a que le soulignement qui y ait été ajouté), et fondée sur les paroles mêmes de Notre Seigneur (Mt.XVI,16–18), il n’y a pas lieu de s’étonner si depuis 1962 où les Papes se firent Conciliaires, des millions et des millions de Catholiques ont été amenés à se faire de même Conciliaires et libéraux. L’unique solution au problème que les sédévacantistes puissent voir c’est de nier que les Papes Conciliaires aient même pu être Papes, ce qui peut paraître conforme au bon sens catholique. Mais pour la majorité des Catholiques ce qui paraît être encore plus conforme au bon sens, c’est que l’Église, établie par Dieu pour être fondée sur le Pape vivant, ne peut pas avoir existé depuis tout un demi-siècle (1962–2014) sans un seul Pape vivant.

Il est facile de voir comment la décadence de la civilisation Chrétienne, depuis son apogée au Moyen Age, a conduit à la présente corruption des Papes vivants. Il est facile de voir comment Dieu peut avoir permis cette épouvantable corruption pour châtier cette épouvantable décadence. Ce qu’il est moins facile de voir, c’est comment l’Église peut encore vivre quand les Papes vivants sur lesquels elle est fondée sont convaincus que le libéralisme – la guerre contre Dieu – est catholique. Selon les propres paroles de Notre Seigneur, Un arbre bon ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais de bons fruits (Mt.VII,18).

Mais un arbre moitié bon moitié mauvais peut produire des fruits moitié bons moitié mauvais. Bien sûr que pris dans sa totalité un mélange de bon et mauvais est mauvais, mais cela ne signifie pas que prises partie par partie, les parties bonnes du mélange soient aussi mauvaises que les parties mauvaises. Cancer du foie me tuera, mais cela ne signifie pas que j’ai un cancer aux poumons. Or, aucun homme d’Église vivant, pas plus que tout autre homme vivant, n’est entièrement bon ni entièrement mauvais. Tous nous sommes un mélange fluctuant jusqu’au jour de notre mort. Alors, peut-il avoir jamais existé un Pape vivant dont les fruits furent entièrement mauvais ? La réponse ne peut être que non. Auquel cas l’Église catholique peut avoir vécu à moitié durant ces dernières cinquante années par les fruits de la moitié bonne des Papes Conciliaires, avec une demi-vie permise par Dieu pour purifier Son Église, mais dont Il ne permettrait jamais qu’elle aille jusqu’à mettre à mort Son Église.

Ainsi, par exemple, Paul VI pleura sur le manque de vocations. Benoît XVI aspirait à la Tradition. Même le Pape François entend sûrement conduire les hommes à Dieu alors qu’il rabaisse Dieu au niveau des hommes. Donc il est vrai que les Papes Conciliaires ont des idées terriblement fausses, qu’ils sont fatalement ambigus dans la Foi là où ils devraient être absolument sans ambigüité. L’Église a été et se trouve encore mourante sous eux, mais quelles que soient les parties encore bonnes en eux, par celles-là ils ont permis à l’Église de continuer en vie, et ils ont été nécessaires comme têtes vivantes pour maintenir en vie le corps de l’Église vivante, selon la remarque de Pie XII. Donc ne craignons pas qu’il leur soit jamais permis de mettre à mort l’Église, mais en ce qui nous concerne combattons leur libéralisme de toutes nos forces et prions pour leur retour à un catholicisme sain, car nous avons vraiment besoin d’eux pour la vie de notre Église.

Kyrie eleison.

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre naquit il y a 109 ans


SOURCE - Credidimus Caritati - 29 novembre 2014
«D'après tous les témoignages oraux et écrits que j'ai pu recueillir de ceux qui étaient au Séminaire français à cette époque, l'abbé Marcel Lefebvre ne prit jamais part aux discussions sur l'Action française. D'ailleurs jamais le Père Le Floch ne parla de Maurras dans ses conférences. La sainte théologie sur la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ et toute la doctrine sociale de l'Eglise se suffisaient bien à elles seules. Ajoutons que notre séminariste était plutôt effacé, doux, régulier.

« Au bout de quelques semaines de séminaires presque tous avaient un surnom, les Français restent les Français. Ainsi l’abbé Elchinger (1), c’était « le bel Artur », l’abbé Marcel Lefebvre c’était « l’Ange » du séminaire, car m’a dit un des anciens, « il s’imposait par sa piété, son esprit d’obéissance et son ardeur au travail ». Il fut sacristain, puis premier cérémoniaire sous la direction du célèbre père Heguy, une sommité en liturgie. Or, à Rome, au grand Séminaire français, la fonction de sacristain qui suppose l’autorisation de toucher les vases sacrés, ainsi que celle du cérémoniaire, n’étaient réservées qu’aux élèves modèles. »

« C’est à cette époque que se situe la prédiction mystérieuse faite par le pape Pie XI au futur archevêque. Un groupe de pèlerins s’était vu accorder la faveur d’une audience privée. Monsieur et Madame Lefebvre étaient du nombre, ainsi qu’un de leur fils, Monsieur l’abbé Marcel, alors sous-diacre. Les visiteurs se tenaient debout en demi-cercle dans la salle d’audience. Le pape en faisant lentement le tour, félicitant certains et les bénissant. L’abbé Marcel glissa un mot au maître de cérémonie : Pourriez-vous signaler à Sa Sainteté que je lui serais reconnaissant de bien vouloir bénir mes chers parents qui ont cinq enfants dans les ordres.

« Le Saint-Père de s’approcher alors et de poser les deux mains sur la tête du jeune abbé tout en disant à haute voix : « Vous avez bien mérité de l’Église ». Comment convient-il d’interpréter ces paroles ? Était-ce là un simple compliment formulé à l’adresse des parents, dans la direction desquels le regard du Saint-Père venait de se tourner ? Était-ce en même temps une prophétie secrètement destinée à la jeune tête qu’il venait de bénir ? C’était là un mystère que l’avenir éclairera peut-être. »

Père Jean-Jacques Marziac, Monseigneur Marcel Lefebvre, soleil levant ou couchant ?, NEL, 1979, pp. 81-82

28 novembre 2014

[Jean de Viguerie - Présent] Hommage à Jean Madiran


Jean de Viguerie - Présent - 1ère partie: 21 novembre 2014 / 2ème partie: 28 novembre 2014

Conférence donnée à Fanjeaux le 6 août 2014 à l’ensemble de la congrégation des dominicaines du Saint-Enfant-Jésus
I
Monsieur l’abbé (1),
Mes Révérendes Mères, Mes Sœurs,
C’est à la demande de votre Mère générale que je viens ici aujourd’hui vous parler de Jean Madiran.

Hier, 5 août, était l’anniversaire de ses funérailles.

Mon propos n’est pas sa biographie (2). Je veux vous présenter le défenseur de la foi et son rôle éminent à l’époque où la crise de l’Église se déclara dans sa plus forte virulence, soit les années 1960-1980. Beaucoup d’entre vous, mes Sœurs, n’étaient pas nées. Vous n’avez pas vécu ces moments douloureux. Mais vous devez savoir ce qui s’est passé alors. Vous devez le savoir pour bien comprendre la situation actuelle.

La carrière d’écrivain de Jean Madiran commence en 1943. Il a 23 ans. Il donne cette année-là, signés de son vrai nom, Jean Arfel, plusieurs articles à la Revue universelle fondée en 1920 par Jacques Bainville, et dirigée par Henri Massis (3). Ce dernier le présente à Charles Maurras, qui se réjouit de cette collaboration et accepte de préfacer le premier ouvrage du talentueux jeune homme, intitulé La philosophie politique de saint Thomas et signé du pseudonyme de Jean-Louis Lagor.

Jean Arfel a des diplômes universitaires, une licence de lettres, un diplôme d’études supérieures de lettres et, je crois, une admissibilité à l’École Normale Supérieure. De ce cursus il ne parlera jamais. Peut-être a-t-il été déçu par l’enseignement reçu. On comptera très peu d’universitaires parmi ses collaborateurs et ses amis.

Sa carrière est celle d’un journaliste. C’est dans l’article de journal ou de revue qu’il a toujours excellé. Avant de créer la revue Itinéraires en 1956, il avait été professeur de philosophie à l’École des Roches à Maslacq, mais sans vocation. Il enseignera beaucoup au cours de sa longue vie, mais le plus souvent par sa plume et moins par sa parole. Il s’exprimait bien dans ses conférences ; un léger accent méridional agrémentait son propos, mais on ne pouvait dire qu’il était éloquent.

Sa bibliographie compte un bon nombre de titres de livres, par exemple son Brasillach de 1958 et son Gilson de 1992, mais ce sont des suites de réflexions ou des recueils d’articles. Même son chef-d’œuvre, L’hérésie du XXe siècle (1968) (4), est plus un recueil qu’un livre d’un seul tenant. Madiran est porté vers l’actuel, vers l’immédiat. Or un livre, par le seul fait du temps que sa composition exige, s’éloigne toujours plus ou moins de l’actualité.

Il crée la revue mensuelle Itinéraires en 1956, le quotidien Présent en 1980. Pendant près de vingt ans, les deux publications coexistent et il les dirige toutes les deux. Il est un journaliste exemplaire assidu à sa tâche. Pendant ses vingt années de direction de Présent, il se lève à cinq heures du matin et va de son appartement de Saint-Cloud au bureau du journal, rue d’Amboise, dans le deuxième arrondissement. Le comité de rédaction se réunit à six heures. Madiran s’y montre exigeant, autoritaire.

Les deux entreprises sont uniques, chacune en son genre. Itinéraires est le rassemblement des meilleures plumes de la défense catholique. La collection est un trésor. Prenez n’importe quel numéro. Vous y trouverez, quelle qu’en soit la date, la nourriture la plus riche. On peut en vivre. Dans les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt, il n’existe en France, dans la presse catholique, aucune publication plus féconde et de plus grande qualité. Qu’il me suffise de citer les noms de Louis Salleron, Marcel De Corte, Louis Jugnet, Henri Charlier, Michel de Saint-Pierre, Joseph Hours et celui du P. Calmel. Depuis longtemps, aucune revue catholique n’avait atteint ce niveau d’excellence. La Revue universelle, fondée en 1920 par Jacques Bainville, avait brillé par sa qualité, mais la ferveur lui manquait. Aujourd’hui, Catholica rend de réels services, mais c’est une revue savante et moins accessible au grand public. Dans l’état de délabrement intellectuel où nous sommes, Itinéraires ne sera pas de sitôt remplacé.

Présent fut d’une autre facture. Madiran en fut le patron, mais non le seul fondateur. Il le fonda avec Pierre Durand, François Brigneau, Bernard Antony et Hugues Kéraly. Ce fut un quotidien, entreprise incroyable, mais un quotidien auquel il manquait deux jours. Les survivants des anciens combats politiques virent en ce journal un renouvellement inespéré de l’Action française. Ce fut un journal politique, maurrassien, et un journal catholique anti-moderniste, anti-conciliaire. Honneur à ses fondateurs et à ceux qui lui donnèrent publiquement – la liste en fut publiée par certains grands quotidiens – leur caution. D’une tout autre facture, aussi, par ses rédacteurs. Il y eut le grand trio : Madiran, Brigneau, Wagner, mais l’équipe de rédaction compta aussi dès le début plusieurs jeunes journalistes débutants, non sans talent mais alors inconnus. Madiran les formait. Ils allaient à la rencontre de la jeunesse, mais déjà la jeunesse ne lisait plus les journaux. Il y eut la première année environ vingt mille abonnés, grand succès, mais dans la quantité peu de jeunes de moins de trente ans. Et, très vite, ce journal écrit en grande partie par des jeunes, fut obligé de se spécialiser dans la consolation des seniors. Chaque semaine, le trio intervenait. On l’attendait. Brigneau partit. Wagner mourut. Madiran ne partit, ni ne mourut. Il paraissait immortel. Nous vivions de l’attendre, et il venait. Et son plaisir et le nôtre étaient la mise sur le gril de quelque dignitaire ecclésiastique. Il le mettait à rôtir d’un côté, nous disait « à demain », et revenait le lendemain pour le rôtir de l’autre côté.

Les méchants étaient maltraités, les bons soutenus, mais avec parfois une interruption du soutien, ou bien l’arrêt complet. Très lié à Marcel Clément et ne jurant que par lui, il s’en est séparé. De même avec Jean Ousset. Il a soutenu Mgr Lefebvre, puis il a cessé de le soutenir, l’abbé de Nantes tout en disant qu’il ne le soutenait pas, Le Pen inconditionnellement, puis sous condition et même en préférant Mégret. Il était d’humeur changeante et cela lui a fait perdre des abonnés et du crédit. Toutefois, ce quotidien a joué un rôle important. Il portait des coups à l’ennemi. Il nous aidait à garder le moral, à ne pas perdre tout espoir. A-t-il contribué à renouveler la pensée politique ? Je ne le pense pas. Madiran était resté très maurrassien. Il n’a pas toujours, à mon humble avis, compris la profondeur de l’enracinement de la Révolution de 1789. À chaque élection il nous disait : « C’est la bataille de France. » Comme si le suffrage universel pouvait déraciner le système. Mais lui-même y croyait-il ?

Je viens maintenant à l’essentiel, son combat pour la défense de la foi, ce grand combat qu’il mena pendant la tempête des années du concile Vatican II et les années qui suivirent. Je voudrais considérer d’abord l’aspect, si je puis dire, militaire, soit la stratégie et la tactique de Madiran, ensuite l’aspect judiciaire, c’est-à-dire l’accusation portée contre l’épiscopat français.

La stratégie est offensive. Madiran a choisi de ne cesser d’attaquer, même quand la bataille semble perdue. Il a pour cela trois atouts maîtres : son style concis et percutant comme une dague, son ironie parfois soutenue par un petit fond de méchanceté naturelle qu’il ne maîtrise pas toujours, enfin une variété remarquable du mode opératoire. En voulez-vous quelques exemples ? Il y a le début assommoir, par exemple la première phrase de l’article du numéro 123 d’Itinéraires sur le nouveau catéchisme. Voici cette première phrase : « Après Dieu sans Dieu… nous avons maintenant le catéchisme sans catéchisme inventé par le “national catéchisme français” » (5). Il y a l’analyse serrée des textes successifs, par exemple les trois textes analysés dans son « Processus de la communion dans la main ». Bel exemple de tartufferie. Le texte 1, émanant de la Congrégation pour le culte divin, dit que le Saint-Siège n’a pas encore approuvé la communion dans la main, que la majorité des évêques sont contre, mais que si l’usage existe, la conférence épiscopale veillera au respect de l’eucharistie. Le texte 2, publié par l’épiscopat français, dit que chaque évêque décidera. Les fidèles, démontre ici Madiran, sont transportés dans une religion différente. En même temps, on leur fait croire qu’elle est toujours la même.

On trouve aussi très souvent chez notre apologiste, et cela est on ne peut plus normal, un rappel opportun de ce qu’il appelle et que nous appelons la « théologie classique ». Je prends ici pour exemple le commentaire de Madiran au sujet de la condamnation sommaire et sans explication des écrits de l’abbé de Nantes par la Congrégation romaine de la Doctrine (1969) (6). L’abbé de Nantes a accusé le pape Paul VI d’hérésie et a demandé à la Congrégation d’en débattre. Or, la Congrégation n’en a pas débattu. Le pape, a-t-elle déclaré, ne peut être accusé ainsi. Et c’est là que Madiran fait donner la « théologie traditionnelle », laquelle dit, et nul ne peut y redire : « Le pire est quelquefois possible. » On peut avoir « un mauvais pape », dit-elle encore, et même « un pape hérétique » (7). Les dogmes de l’infaillibilité et de la primauté « n’excluent pas, écrit Madiran, cette possibilité » (8). Et d’enfoncer le clou : « Le cas du mauvais pape est un traité classique de la théologie traditionnelle » (9). Nous le savions (10). Madiran ne fait que le rappeler. Pourquoi s’en offusquerait-on ? Et si Paul VI est hérétique, c’est bien regrettable, mais ce n’est nullement invraisemblable.

Jean de Viguerie
----------
1 M. l’abbé Simoulin, aumônier du prieuré de Fanjeaux.
2 On lira Danièle Masson, Jean Madiran, Éditions Difralivre, Maule, 1989, 292 p.
3 Nous avons retrouvé trois de ces articles dans notre collection personnelle de cette revue : « Idéal et morale ou la Philosophie de la Démocratie chrétienne » II, 16 juillet 1943, p. 23-46 ; « Les chemins de l’Individualisme », 25 septembre 1943, p. 265-278 ; « La philosophie politique de saint Thomas d’Aquin », 16 décembre 1943, p. 669-687.
Voir aussi, sur cette première rencontre de Maurras et de Madiran, Henri Massis, Maurras et notre temps, La Palatine, Paris-Genève, 1951, t. 2, p. 183.
4 Collection Itinéraires, Nouvelles éditions latines, 1968, 304 p.
5 Itinéraires, Supplément au numéro 123 de mai 1968, «Le nouveau catéchisme », 55 p.
6 « Notification de la Congrégation romaine de la doctrine » (9 août 1969).
7 Par exemple le pape Libère, mort en 366, adhéra pendant un temps à l’arianisme, qui niait la divinité du Christ.
8 La seule formulation du dogme de l’infaillibilité permet d’envisager cette possibilité.
9 « Le processus de la communion dans la main », Itinéraires, 3e supplément du numéro 135 de juillet-août 1969, p. 41.

10 Cependant, quelques citations de théologiens ou de canonistes eussent été bienvenues. Madiran n’abuse pas des notes de bas de page.


II
Dernier exemple de la tactique offensive de notre apologiste : le ridicule qui tue. Il se garde d’en faire trop souvent usage, mais il lui arrive parfois de céder à la tentation non pas d’être méchant, mais de s’amuser et de nous faire rire en même temps. L’article d’Itinéraires intitulé « Le quart d’heure de Paul VI » (1976) illustre bien le procédé. Paul VI fournit le texte. Il s’agit de l’instruction Immensae Caritatis permettant de boire de l’alcool un quart d’heure avant de communier. L’autorisation concerne les malades, les vieillards, ceux qui les soignent et leur entourage. Voici le commentaire de Madiran :

« Qu’est ce donc que Paul VI leur permet de plus dans sa réglementation nouvelle ? C’est clair : de boire de l’alcool un quart d’heure avant de communier.
« Comme si les malades et les vieillards étaient gens qui ne peuvent s’abstenir d’alcool plus d’un quart d’heure : qui doivent en boire un coup toutes les quinze minutes…
« La loi en vigueur, au moment où Paul VI impose cette nouveauté, est de s’abstenir de vin et d’alcool une heure (une heure seulement !) avant de communier.
« S’abstenir de vin et d’alcool pendant une heure, même un ivrogne en est capable.
« Et pourtant Paul VI juge qu’une heure, c’est trop.
« Il décrète un quart d’heure.
« Mais un quart d’heure avant la communion, cela tombe forcément pendant la messe.
« Ainsi Paul VI autorise les vieillards et les malades non alités, et ceux qui les soignent et leur entourage, quand ils vont communier, à emporter avec eux leur fiole de pinard ou de gnole, pour s’en donner une rasade liturgique et vernaculaire, juste un quart d’heure avant la communion.
« Pour que le quart d’heure de Paul VI soit exactement respecté, il faudra sans doute instituer pendant la messe une double sonnerie supplémentaire.
« Première sonnerie : “Vous pouvez encore boire un coup.”
« Deuxième sonnerie : “Rien ne va plus.” » (11)

Oh, me direz-vous, Madiran manque de respect à l’égard du pape. Non, il ridiculise une instruction officielle. Tous les gouvernants, même le pape, sont exposés au risque de publier une fois ou l’autre des instructions ridicules. Il n’est pas inutile de les faire connaître. Même et surtout si l’auteur en est le pape.

Fait également partie de l’offensive permanente sa réclamation incessante et fameuse : « Rendez-nous l’Écriture, le catéchisme et la messe. »
Quand Madiran accuse
Cela est l’attaque. Venons maintenant à l’accusation, la terrible accusation, celle d’hérésie portée contre l’épiscopat français. Elle date des années du concile. La plupart d’entre vous, mes sœurs, n’étaient pas nées. Il faut la rappeler, la faire connaître. Car elle vaut toujours, et les accusés et leurs successeurs n’y ont jamais répondu.

Nous sommes en 1966 et 1967. Dans plusieurs articles d’Itinéraires et dans l’ouvrage capital intitulé L’hérésie du XXe siècle, Jean Madiran accuse les évêques français d’avoir changé la religion pour satisfaire à la philosophie moderne.

Il se fonde sur deux textes. Le premier est la réponse des évêques, datée du 19 décembre 1966, à une lettre du cardinal Ottaviani signalant dix catégories d’erreurs doctrinales (12). Le second est une lettre de Mgr Schmitt, évêque de Metz, à son clergé, datée du 1er octobre 1967.

La réponse des évêques – Madiran l’analyse et en donne des extraits – est en substance celle-ci : ce que vous, cardinal Ottaviani, appelez des « erreurs doctrinales » sont en fait des changements imposés par la philosophie moderne. La phrase clé est la suivante : « Il faut tenir compte de la philosophie moderne selon laquelle l’acception de la personne et de la nature a changé. Elle est différente de ce qu’elle était au Ve siècle ou dans le thomisme » (13).

La lettre de Mgr Schmitt est appelée par Madiran « la religion de Saint-Avold » du nom d’un lieu-dit d’où l’évêque, alors absent de son diocèse, écrit à ses prêtres. Madiran nous en donne deux extraits que je pense utile de reproduire ici. D’abord celui-ci : « La mutation de civilisation que nous vivons entraîne des changements non seulement dans notre comportement extérieur, mais dans la conception même que nous nous faisons tant de la création que du salut apporté par Jésus-Christ » (14). Ensuite ceci : « Les remises en question les plus fondamentales engagent non seulement une nouvelle pastorale, mais plus profondément une conception plus évangélique, à la fois plus personnelle et plus communautaire, des desseins de Dieu sur le monde » (15).

On ne peut être plus explicite. Les évêques disent : nous changeons de religion parce que nous avons changé de philosophie. D’où l’accusation portée contre eux par Madiran : vous êtes hérétiques parce que vous avez trahi la philosophie d’Aristote et de saint Thomas, la philosophie qui est la servante de la théologie. Vous ne voulez pas que la personne humaine soit la substance individuelle d’une nature rationnelle. Vous avez abandonné Boèce et saint Thomas pour Descartes et Kant. Vous avez adhéré au transformisme. Comme vos prédécesseurs – c’est moi qui l’ajoute – avaient adhéré à la fin de l’Ancien Régime, et malgré les avertissements du pape Pie VI, à la philosophie des droits de l’homme (16). Mais à cette époque, à l’exception du pontife lui-même, personne ne les avait dénoncés. En 1967 et 1968, ils rencontrent un accusateur, et c’est Madiran avec sa revue Itinéraires. On ne saurait assez reconnaître son mérite.
Un avertissement
Car il y a l’accusation, mais il y a aussi l’avertissement. Madiran avertit les fidèles et l’Eglise militante tout entière de l’importance première de la formation intellectuelle dans la droite ligne de la philosophie traditionnelle. C’est là, laisse-t-il entendre, c’est là qu’il faut veiller.

Telle est l’accusation capitale et qui vaut toujours, et tel est le grand moment, le plus grand moment de l’enseignement de Jean Madiran.

Ayons-le toujours présent à l’esprit. Et aujourd’hui plus que jamais. Car la trahison continue ; elle se perpétue sous nos yeux.

Dans beaucoup d’instituts catholiques, dans certains séminaires, dans plusieurs communautés de moniales, l’enseignement philosophique est insuffisant, quand il n’est pas inexistant. Et dans les fameuses écoles hors contrat, ces écoles qui prolifèrent en France aujourd’hui et qui sont une grande et très utile nouveauté, quel est l’enseignement de la philosophie ? Il serait bon de le savoir. Un de nos amis, invité dans une de ces écoles pour parler de pédagogie au corps professoral tout entier le jour de la réunion de rentrée, fut surpris d’entendre certains professeurs de philosophie lui faire l’éloge de l’Émile de Rousseau et des ouvrages de Meirieu. La liberté de l’école c’est très bien, mais la vérité c’est encore mieux. Avec Veuillot

Je termine. J’ai fait de mon mieux pour évoquer la mémoire du grand combattant que fut Jean Madiran pendant cette époque déjà ancienne (17).

Il y a encore à dire.

Dire que Madiran est un laïc. Les laïcs aux XIXe et XXe siècles ont été nombreux à défendre la foi. Madiran n’est pas une exception. Je rappelle quelques noms : Montalembert, Veuillot, Albert de Mun, Gilson, Jean Ousset, Louis Jugnet, Pierre Debray, Marcel De Corte. Je pourrais en citer beaucoup d’autres. Pourquoi tant de laïcs ? Parce que de nombreux clercs manquent à leur devoir d’enseigner la vérité. Péguy – Madiran le cite – écrivait déjà : « Ce qu’il y a d’embêtant, c’est qu’il faut se méfier des curés. Ils n’ont pas la foi ou si peu. La foi, c’est chez les laïcs qu’elle se trouve encore. »

Dans cette phalange, on donnera la place d’honneur à Louis Veuillot et à Jean Madiran. Ils ont en commun la persévérance et le talent. Ils ont connu des fortunes différentes. Le premier est un père de famille. Il est persécuté par le gouvernement qui lui reproche de défendre la liberté de l’école. La Monarchie de juillet le fait condamner à un mois de prison ferme qu’il passe à la Conciergerie. Le Second Empire interdit son journal, L’Univers. Le clergé servile le frappe aussi. En 1853, Mgr Sibour, archevêque de Paris, condamne L’Univers. Mais quelques évêques le soutiennent et surtout le pape Pie IX l’affectionne et l’encourage, le recevant à Rome plusieurs fois (18). Madiran n’a jamais reçu telle consolation. Certes il n’a pas été emprisonné, ni interdit, mais il a subi bien pire, la conspiration du silence. On l’a ignoré. Les évêques n’ont jamais voulu l’entendre. Aucun pape ne l’a reçu. Il fut méconnu même après sa mort et par certains qu’il croyait être des siens. Des homélies prononcées à ses obsèques offensent à sa mémoire. On osa dire qu’il avait parfois « manqué à la déférence due aux pasteurs ». Or, il n’y avait jamais « manqué », s’en prenant aux erreurs, aux trahisons, jamais aux personnes, ni aux dignités.

Il faut que je vous dise enfin – il est temps – que je connaissais bien les écrits de Madiran, mais très peu sa personne. Il se méfiait des universitaires et m’avait parfois malmené, puis s’en était excusé. Je l’avais rarement approché. Ce fut dans ses dernières années qu’il voulut bien me manifester sa sympathie. J’avais pu cependant remarquer plusieurs fois son grand recueillement à la messe. D’abord à Fanjeaux lors des universités d’été, beaucoup plus tard dans la petite église de Notre-Dame des Airs, que nous fréquentions tous les deux et qui se trouvait proche de son domicile à Saint-Cloud. Un dimanche de 2012, à peine un an avant sa mort, au sortir de la messe je l’attendis sur les marches. Il sortit et vint vers moi la main tendue et avec son sourire un peu chinois et vraiment affectueux. Ce fut la dernière fois en ce monde.

Jean de Viguerie
----------
(11) Itinéraires, 18 octobre 1976, Supplément-voltigeur, numéro 41.
(12) On peut regretter que Madiran ne cite pas ces erreurs dénoncées par le cardinal.
(13) Cité dans L’hérésie…, p. 40.
(14) Cité dans L’hérésie…, p. 98.
(15) Cité dans L’hérésie… p. 110.
(16) Par le bref Quod aliquantum du 10 mars 1791, le pape Pie VI avait dénoncé les principes d’égalité et de fraternité de la Déclaration des droits de l’homme. Dans leur réponse à ce bref, 29 évêques français sur les 49 évêques députés aux États généraux se disent attachés à ces principes. Nous nous permettons de renvoyer ici, pour une connaissance détaillée de cette opposition, à notre étude « Les évêques français et les brefs du pape de mars et avril 1791 » dans L’Église catholique et la Déclaration des droits de l’homme, Publication du Centre de Recherches d’Histoire Religieuse et d’histoire des idées – 13, Actes de la Treizième Rencontre d’Histoire Religieuse de Fontevraud, 1989, Presses de l’Université d’Angers, p. 97-120.
(17) Ses Chroniques de Benoît XVI que l’on publie actuellement (Via Romana) permettront d’étudier ses derniers combats.
(18) Sur Veuillot, on lira Louis Veuillot, Voyages et lectures, Textes choisis et présentés par Benoît Le Roux, Versailles, Via Romana, 2013, et Louis Veuillot 1813-1883, Le Sel de la terre, n° 87, Hiver 2013-2014.
----------
PRÉSENT Article extrait du n° 8236 du Vendredi 21 novembre 2014
Suite parue in Présent n°8241 du vendredi 28 novembre (ou samedi 29 pour Présent papier)

27 novembre 2014

[Abbé C. Bouchacourt, fsspx - Lettre aux amis et bienfaiteurs] Travailler avec ardeur à la restauration du règne du Christ Roi,


SOURCE - Abbé C. Bouchacourt, fsspx - Lettre aux amis et bienfaiteurs - Novembre 2014

«Que votre règne arrive, que votre nom soit sanctifié, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel».
Ces demandes, chers Amis et bienfaiteurs, nous les prononçons chaque jour, elles sont un programme de vie, elles constituent la feuille de route que l’Eglise a reçue de son divin fondateur Notre-Seigneur Jésus-Christ : établir le règne du Christ Roi dans les âmes, dans les familles et dans la société tout entière. Pour y être fidèles, les martyrs ont versé leur sang et les saints ont tout donné. Ce règne s’est étendu peu à peu pour créer une civilisation : la chrétienté qui est la réalisation visible de l’Evangile édifiée à l’ombre de la Croix.

Cependant, depuis la chute originelle, deux étendards s’affrontent : celui de Dieu et celui de Satan. Ces deux camps sont irréductibles et irréconciliables car tout les sépare : leurs principes, les moyens qu’ils emploient et la fin qu’ils veulent atteindre. L’étendard du Christ Roi veut conduire les âmes au ciel dans la dépendance de Dieu, à l’ombre de la Croix, tandis que celui du prince de ce monde, Satan, veut détourner l’homme de sa fin surnaturelle par l’apologie de l’indépendance et l’exaltation des plaisirs. Cette lutte a atteint son paroxysme, le Vendredi Saint, le jour de la Passion et de la mort de notre Rédempteur, et durera jusqu’à la fin des temps.

Tout au long de l’histoire de l’Eglise, les Papes n’ont cessé de mettre en garde les chrétiens contre l’esprit du monde, et les ont encouragés à travailler avec foi, espérance et charité à l’extension du règne du Christ Roi, notre Créateur et Sauveur qui nous a rachetés au prix de son sang. Mais voici que depuis le dernier Concile, un nouvel esprit s’est introduit dans l’Eglise, voulant réconcilier l’irréconciliable, à savoir l’Eglise avec le monde au moyen d’un aggiornamento. Une véritable révolution intérieure s’est opérée, bouleversant l’Eglise de fond en comble, menaçant, si cela était possible, son existence même. Tout ce que l’Eglise a de plus sacré a été changé : la sainte Messe, le rituel des sacrements, la Bible, le catéchisme, le droit canonique, les concordats avec les Etats, tout, absolument tout pour adapter l’Eglise au monde.

Le printemps annoncé s’est transformé en un hiver glacial. Les séminaires se sont vidés, les églises ont été désertées, la pratique religieuse s’est effondrée et les Etats catholiques ont disparu… Hier, on construisait des églises. Aujourd’hui, on les détruit !

Seuls, deux évêques se sont dressés pour dénoncer ce danger mortel : Monseigneur de Castro Mayer et Monseigneur Lefebvre, notre fondateur. C’est en effet pour sauver la messe, pour sauver le sacerdoce, pour sauver le règne du Christ Roi que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X a été fondée. Reconnue par l’Eglise lors de sa fondation, elle a été ensuite persécutée, calomniée avec son fondateur avec une violence inouïe. Sa seule faute : vouloir rester fidèle à la sainte Tradition ! Avec les congrégations religieuses amies, elle s’efforce de vivre de ce patrimoine reçu, de le défendre, de le transmettre dans son intégrité malgré les fortes oppositions des autorités religieuses. Quel mystère !

Avec douleur, nous voyons la chrétienté se déliter, parce que les hommes d’Eglise jusqu’aux plus hauts sommets doutent de la possibilité de restaurer cette royauté du Christ ou pire, n’y croient même plus. Quelle responsabilité devant Dieu ! Comment expliquer que le pape François, lors de son récent discours au parlement européen n’ait pas prononcé une seule fois le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ alors que nous savons qu’aucune restauration n’est possible sans le Christ.

Nous ne voulons pas et nous ne pouvons pas nous résigner à un tel désastre ! Nous croyons qu’il est possible que le Christ, Dieu incarné, retrouve son trône et nous voulons y travailler de toutes nos forces, faisant nôtres ces paroles que notre patron saint Pie X écrivait dans sa première encyclique :
« tout restaurer dans le Christ et ramener les hommes à l’obéissance divine sont une seule et même chose. Et c’est pourquoi le but vers lequel doivent converger tous nos efforts, c’est de ramener le genre humain à l’empire du Christ.»
La Messe traditionnelle a établi la Chrétienté, elle en est le fruit visible. Grâce à elle, les âmes ont été façonnées, les sociétés transformées. Elle a engendré des saints. Elle est notre étendard et notre force, elle est le moyen privilégié pour étendre la royauté du Christ.

Dans cette tempête, les prêtres de la Fraternité Saint Pie-X veulent travailler avec ardeur à la restauration du règne du Christ Roi dans la fidélité à la sainte Tradition. Pour cette raison, notre Supérieur Général, lors du dernier pèlerinage à Lourdes, lui a consacré ses membres et ses œuvres.

C’est grâce à votre charité, à votre générosité, chers Amis et bienfaiteurs, que le District de France œuvre à cette noble tâche de restauration par ses 160 prêtres au travers de ses 37 prieurés, ses 9 écoles secondaires et 32 écoles primaires. 160 prêtres, 28 religieux frères et une centaine de religieuses se sont consacrés à Dieu pour le donner aux âmes et les conduire à lui.

La tâche est certes difficile tellement les oppositions sont fortes, mais elle est enthousiasmante car nous constatons chaque jour la justesse des paroles de saint Paul : « là où le péché abonde, la grâce surabonde ».

Malgré toutes les difficultés rencontrées, les épreuves traversées, la Tradition ne cesse de se fortifier et de s’étendre.

Quelle magnifique espérance représentent nos 2 125 élèves répartis dans nos écoles primaires, secondaires et notre université, pour l’avenir de la sainte Eglise et celui de notre patrie. Plus que jamais, nous avons besoin du soutien de vos prières et de votre générosité. Votre charité nous aidera à faire briller le phare de la Tradition catholique qui seule ramènera la paix dans l’Eglise et la société.

Chers Amis et bienfaiteurs, restons fermes dans la foi, que l’espérance habite nos âmes et que la charité fasse de nous des missionnaires ardents au service notre divin Roi. Je ne veux pas terminer cette lettre sans remercier Monsieur l’abbé de Cacqueray qui, pendant 12 ans, avec ardeur et abnégation, a travaillé au rayonnement et à la défense de la Tradition dans notre district.

Qu’il sache qu’il peut compter sur nos prières alors qu’il vient de franchir les portes du couvent de nos chers capucins, comme nous sommes convaincus qu’il continuera à prier pour nous.

Que Celle qui a promis à Fatima qu’à la fin son « Cœur triomphera », la Très Sainte Vierge, notre Reine et notre Mère, nous donne force et courage pour travailler sans relâche à hisser haut l’étendard de son divin Fils notre Roi et notre Maître.

Soyez assurés de toutes nos prières et de notre gratitude.

Que l’Enfant-Jésus de la crèche vous comble de grâces tout au long de cette nouvelle année, qu’il récompense au centuple votre charité et vous bénisse !

[Luc Chatel - Midi Libre ] Intégristes catholiques : le pape est leur bête noire

SOURCE - Luc Chatel - Midi Libre - 27 novembre 2014

Le journaliste Luc Chatel est ce jeudi à Montpellier (Hérault), pour évoquer les nouveaux réseaux intégristes catholiques.

Comment avez-vous été amené à vous intéresser à Civitas, et à écrire ce livre : “Civitas & les nouveaux fous de Dieu” ?

J'ai fait une véritable enquête journalistique. J'avais été surpris comme bien d'autres par la mobilisation au moment de la Manif pour Tous et surtout par la visibilité des intégristes catholiques au début de ce mouvement. Je précise que je dissocie clairement Civitas de la Manif pour Tous qui a d'ailleurs rapidement mis de la distance avec ce mouvement.

Comment expliquez vous la perçée de tels mouvements aujourd'hui ?

L'arrivée de Alain Esacada à la tête de Civitas a ouvert, dès 2011, une série d'opérations de terrain très bien planifiées, avec une stratégie de spectacularisation autour de pièces données à Avignon, puis à Paris, aux théâtres du Châtelet et du Rond-Point (Golgota Picnic). C'est à partir de cette époque que Civitas a mis en avant le thème du blasphème et de la christianophobie.

Il y a également une forte présence sur internet ?

Aucun mouvement politique n'est aussi présent sur internet que les catholiques identitaires. C'est ainsi qu'un mouvement comme Civitas, qui ne compte pas plus de 500 adhérents, peut avoir une telle audience. On le voit aussi avec l'extrême droite, Alain Soral et d'autres. Parmi les dix blogs les plus visités, tous styles confondus, figure notamment Le Salon Beige qui fait partie de cette mouvance. Cette présence leur a permis de franchir les portes des médias alors qu'ils ne sont pas du tout représentatifs des catholiques.

Justement, quelles sont leurs relations avec le Vatican ?

Civitas entretient des liens étroits avec les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X. Ils ne s'en cachent d'ailleurs pas. Ratzinger (le pape Benoît XVI, NDLR) avait tenté un rapprochement avec les lefebvristes, ce n'est pas le cas du pape François qui est devenu leur bête noire. Le successeur de Mgr Lefebvre, Mgr Fellay a des mots très durs à l'égard du pape qui donne sur les grands sujets de société des signes qui sont à l'opposée de leurs positions schismatiques.

Civitas a-t-il aussi un objectif politique ?

Oui, ils l'ont prouvé en étant présents lors des dernières mucipales, par exemple à Reims où le numéro deux de Civitas Jean-Claude Philippot figurait en troisième place sur la liste du candidat FN, dont il était le directeur de campagne, ou Jean-Louis Robin qui était tête de liste du FN à Saint-Malo (...) Je pense qu'ils sont le produit de l'inquiétude et de la perte de repères qui entraîne les gens vers une forme rassurante de repli. Et l'attitude de l'ensemble de l'échiquier politique leur donne une justification. Sans parler du discours d'un Nicolas Sarkozy actuellement... Pourtant je pense qu'ils ont vocation à retourner dans l'oubli, sauf si les crispations sociétales leur donnent l'occasion de se relancer...

Soirée-débat (20 h) à Montpellier, au cinéma Utopia. Avec en première partie le documentaire Nos fiançailles (portrait de jeunes intégristes catholiques) puis conférence de Luc Chatel (ancien rédacteur en chef de Témoignage Chrétien) et Anne-Yvonne Le Dain (député PS de l'Hérault) qui demande l'interdiction de Civitas.

[Abbé Philippe Toulza, fsspx - Fideliter] Le synode des évêques du 5 au 19 octobre 2014

SOURCE - Abbé Philippe Toulza, fsspx - Fideliter - 27 novembre 2014
L' actualité du mois d'octobre, ce fut surtout le synode convoqué par le pape François sur « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation ».

En plein milieu de ce synode, le 13 octobre, le cardinal Peter Erdö, primat de Hongrie, a présenté un « rapport d'étape (1) » censé résumer les interventions des participants. Il était tellement scandaleux qu'il a provoqué des troubles même chez certains clercs acquis à l'esprit de Vatican II. Les éléments de ce rapport n'ont été repris que partiellement dans le document de clôture du synode, publié le 18 octobre. En particulier, les propositions les plus audacieuses et les moins catholiques du « rapport d'étape » ont été ôtées.

Le but des lignes qui suivent n'est pas de relater l'historique de cette réunion épiscopale – historique pourtant instructif sur les procédés employés –, ni d'analyser l'intégralité du « rapport d'étape ». Cependant, il peut être utile, pour éclairer les lecteurs qui souhaitent y voir plus clair, de rappeler les quelques points suivants.

1. La communion sacramentelle des divorcés remariés (n° 47 du rapport)

Il est proposé de faire accéder certains divorcés remariés, vivant donc de façon maritale, à la sainte eucharistie. Si la discipline actuelle, qui l'interdit, était instituée par l'Église, et non par Notre-Seigneur Jésus- Christ, c'est-à-dire si l'impossibilité pour ces personnes d'accéder à la communion sacramentelle était de droit ecclésiastique et non divin, il serait éventuellement, sous certaines conditions, envisageable de la modifier avec prudence. Mais cette discipline est bel et bien de droit divin. En effet :

a. Lorsqu'une personne se marie religieusement, cette union sacramentelle, si elle est ensuite consommée, est, de droit divin, absolument indissoluble (Mt 19, 3 ; concile de Trente, session 24, canon 7). Si par la suite la personne divorce aux yeux de l'État, puis se remarie civilement, elle se constitue donc « pécheur public ». Le remariage civil place cette personne dans un état habituel d'adultère.

b. Or la communion eucharistique est un sacrement réservé aux « vivants », c'est-àdire aux catholiques en état de grâce : quiconque se sait avec certitude en état de péché mortel et communie, faute gravement. C'est de droit divin et expressément enseigné par saint Paul (1 Co 11, 27-29, cf. concile de Trente, session 13, canon 11). Et l'obligation qu'ont les fidèles de ne s'approcher de la sainte eucharistie que s'ils ont conscience d'être en état de grâce a pour corrélatif immédiat l'obligation des ministres de ne pas administrer ce sacrement à ceux qui sont dits « pécheurs publics » (Mt 7, 6), comme le sont les divorcés remariés. Ceci conclut le premier point. 2.

La communion spirituelle et la communion sacramentelle (n° 48)

Le document d'étape rapporte, en les encourageant implicitement, les questions que se posent certains membres du synode : les pécheurs publics peuvent légitimement faire une communion spirituelle ; il faudrait peutêtre les admettre à la sainte table... Le cardinal Walter Kasper avait, bien avant le synode, donné le mauvais exemple sur cette route : « La communion spirituelle c'est être un avec le Christ. Mais si on est un avec le Christ, on ne peut pas être en état de péché grave. Et si on peut recevoir la communion spirituelle, pourquoi pas aussi la communion sacramentelle (2) ? » Ces paroles du cardinal Kasper sont inouïes. Rappelons quelques principes: Trois manières de communier spirituellement peuvent s'envisager :

1. ou bien la personne est en état de grâce, et pose de vrais actes de foi à l'eucharistie, de désir explicite de communier sacramentellement, et de charité – sa communion spirituelle produit alors des effets identiques à ceux que produit la communion eucharistique, quoique de moindre intensité ;

2. ou bien la personne n'est pas en état de grâce, mais fait dans le cadre de sa communion spirituelle, avec la grâce actuelle de Dieu, un acte de contrition parfaite, ce qui signifie qu'elle accède à la grâce sanctifiante et à la charité – sa communion spirituelle produit alors des effets identiques à ceux que produit la communion eucharistique, quoique de moindre intensité ; Dans ces deux premiers cas, il y a des communions spirituelles au sens strict. « Communier spirituellement, c'est s'unir à Jésus-Christ présent dans l'eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par un désir procédant d'une foi animée par la charité (concile de Trente, session 13, c. 8) (3).»

3. ou bien la personne n'est pas en état de grâce, et dans le cadre de sa communion spirituelle, parvient à une contrition seulement imparfaite, ce qui signifie qu'elle n'accède pas à la grâce sanctifiante – en l'absence de mouvement de charité, la communion spirituelle, au sens large cette fois, produit alors des effets qui ne sont pas identiques à ceux que produit la communion eucharistique. Les divorcés remariés qui savent être en état de péché et communient spirituellement sont dans ce cas. Ils font bien de communier spirituellement, mais ils ne sont pas pour autant, comme le fait croire le cardinal Kasper, « un avec le Christ », puisque cette union nécessite la grâce sanctifiante à laquelle s'oppose leur situation. Puisqu'ils ne sont pas « un avec le Christ », la communion sacramentelle ne leur est pas accessible.

Avec la suggestion de la communion sacramentelle faite aux divorcés remariés, on sort du catholicisme. Le cardinal Kasper est-il encore catholique ? Son exemple est scandaleux. Ne cédons pas à la confusion sur le sens du mot « miséricorde » qui préside aux erreurs énoncées par certains prélats aujourd'hui. La « miséricorde » ne consiste pas à modifier des lois divines pour justifier des comportements peccamineux ; elle consiste à ôter la misère, surtout celle du péché, ce qui nécessite la grâce ; or la grâce est inséparable de l'accomplissement de la volonté de Dieu en matière grave. « Va et ne pèche plus » : parole de miséricorde. Certes il est nécessaire, comme Notre-Seigneur, d'aborder le pécheur avec bonté. On ne lui montre pas la loi divine de la même façon qu'on l'enseigne dans les séminaires. Mais où est-il écrit que le maintien des principes émanés de la bouche même de Dieu est inconciliable avec la charité pastorale ?

Abbé Philippe Toulza, prêtre de la Fraternité Saint-Pie X

Extrait de Fideliter n° 222 de novembre-décembre 2014
----------
Notes

1 - Texte intégral : press.vatican.va
2 - Interview donnée à la revue Commonweal, 7 mai 2014.
3 - H. Moureau, « La communion spirituelle » in Dictionnaire de théologie catholique, tome 3, col. 572.

[Antonio Mastino] Le pape qui n'aime pas les prêtres

SOURCE - Antonio Mastino - version française par le blog "Benoit et moi", qui fait précéder le texte d'un avertissement - 27 novembre 2014

Après des mois je brise mon silence sur ce pontificat et sur l'Eglise; sur le Synode non plus je n'ai pas prononcé un mot. Je le brise et après je le rétablis, me taisant à nouveau. J'ai mes raisons. 
Samedi matin, à 7 heures, j'ai en effet écrit sur ma page Facebook:
«Je me suis levé, décidé à faire une chose.. 
Je suis anticlérical, d'accord. J'ai peut-être du mépris pour le clergé, je critique le clergé tout en admirant les petits prêtres qui font ce qu'ils peuvent, j'aime leur innocence. Mais je les critique. Pourvu que je sois le seul à le faire: lorsque les autres le font... je ne le supporte pas, surtout s'ils sont des ennemis de l'Église. Déjà quand j'étais au PDS et que c'étaient les camarades qui critiquaient les prêtres, je m'insurgeais: moi je pouvais, eux non. Car - je l'ai enfin découvert - je reste leur ami. Et, comme à des amis, je leur veux du bien. Dieu sait s'ils ont besoin d'amis sincères en ces temps où ils semblent être restés vraiment seuls: des amis pour les encourager dans leur ministère, et pas pour flatter leur laxisme avec la condescendance d'une âme corrompue.

Et donc je me suis levé ce matin-là décidé à faire ce que je ne fais pas depuis des mois, et publiquement (à l'exception de quelques sortie sur fb, pour quelques élus): écrire un article. Sur le pape, carrément. N'a-t-il pas pour la énième fois démasqué les prêtres? Eh bien, à mon petit niveau, je vais le lui faire payer, car ils sont mes amis. Lui, d'après ce que je sais, il n'en a pas beaucoup, d'amis prêtres; il s'est fait seulement des ennemis prêtres. Il est le Pape, je le reconnais en tant que Pierre, on ne se sépare pas de Pierre à moins de tomber dans les griffes de Lucifer; on peut et on doit toutefois critiquer Pierre s'il semble se détacher de Pierre, pour n'être que Simon.…».

CALIGULA


Ce devait être fin octobre, à midi. Cour des miracles et foire aux vanités de Sainte Marthe. 
Le Pape Bergoglio, gros mangeur, entre au restaurant avec sa cohorte d'arrivistes cléricaux, à demi apostats afin de mieux grimper sans le fardeau de la foi sur les épaules. Il avance tumultueux et impérieux. Soudain il ralentit et jette son regard sur un pauvre petit prêtre en soutane, qui prend son repas assis à une table. Il le passe au scanner de ce regard froid que ceux qui lui sont proches mais pas intimes connaissent, lorsque les caméras s'éteignent, et puis d'un coup, poursuivant sa marche, et se tournant vers un des prétoriens il ordonne: «Ce prêtre-là ne me plaît pas! Que je ne le voie plus ici». Caligula. Qui n'ayant pas cette fois de cheval à gratifier du titre de consul (cf. fr.wikipedia.org/wiki/Incitatus ), se contente de priver l'anonyme petit prêtre de son avoine. Ce qui est curieux, ou triste plutôt, c'est que - en ce lieu où même le pape se balade en civil, à ce qu'on dit - ce pauvre petit prêtre en soutane qui mangeait son plat de pâtes, il ne savait même pas qui c'était. Ce devait certainement être un saint. Quelque chose s'est retourné dans l'estomac de Bergoglio. Qu'est-ce qui se passe? Des choses comme ça, qu'il s'agisse de prêtres ou d'évêques, il en arrive tous les jours à Sainte Marthe; je connais des évêques qui sont sortis en larmes de la suite impériale, et pas par émotion. 

En ces jours où je dois prendre (et peut-être où j'ai pris) une décision difficile à ce sujet, je pense à une remarque de Sainte Catherine de Sienne. Lorsqu'on parlait de comment il fallait réagir face à un pape difficile à suivre, et pas par la faute des fidèles, mais du pape lui-même, elle répondait à son confesseur: «il y a des choses que nous pouvons dire du pape, et d'autres que nous ne pouvons pas dire car il est le pape légitime (ce qui était par ailleurs difficile à établir en ces temps avignonnais), mais si nous ne pouvons pas parler nous pouvons prier». 
Une leçon qu'aussi le pape Bergoglio devrait apprendre pour lui-même: il parle trop et - il l'admet lui-même - il ne lui reste pas beaucoup de temps pour prier, et quand il le fait il s'endort facilement. Qu'il essaye de le faire à genoux, il resterait peut-être éveillé. 

«Luttez, luttez!» a-t-il dit aux anarcho-communistes des centres sociaux, «faites du bruit, rebellez-vous, critiquez», a-t-il dit aux paisibles jeunes catholiques dans l'église salésienne de Termini à Rome. «Les critiques font du bien», a-t-il à Mario Palmaro, que Dieu ait son âme. Lui-même, quand il venait à Rome comme cardinal, il se faisait raconter tous les ragots du «Palais», et nous savons à présent que ce n'était pas que de la curiosité. Il voudra bien nous excuser, alors, le Pape Bergoglio si nous aussi, nous nous joignons au «bavardage» qu'il blâme tout en bavardant, et que lui-même déclenche, bien entendu. Comme l'a admis le cardinal Burke, il le fait exprès, et ensuite il reste les bras croisés à jouir du spectacle des diatribes qu'il a déclenchées le lendemain avec des choses contredisant ce que «par hasard» il avait déclaré la veille. Ce n'est pas que du divertissement: c'est un usage scientifique du bavardage. Je vous dirai un jour pourquoi il le fait.

(...)

IL N'AIME PAS LES PRÊTRES... SURTOUT S'ILS SONT ITALIENS
Nous le savons: Il n'aime pas l'Eglise catholique comme elle est et comme elle était, il n'aime pas Rome, il n'aime pas nos coutumes, il déteste nos compatriotes évêques, il n'aime pas les religieuses cloîtrées (il a donc donné l'ordre de démanteler progressivement la clôture), il n'aime pas les trop dévots, il n'aime pas le catholicisme identitaire, il n'aime pas les messes en latin, il n'aime pas les luttes-marches-rosaires pro-life; pratiquement, il n'aime pas les catholiques. Il n'aime rien de rien sauf les extravagantes, superficielles idées libéral-pentecôtistes qu'il a dans la tête et qui ont déjà prouvé être en faillite; il aime le sentimentalisme, dans le sens proprement latino-américain, c'est à dire pas les sentiments mais leur représentation emphatique et théâtrale. Dans d'autres contextes on parlerait d'hypocrisie, si on ne savait pas que les sentimentalismes cachent des nerfs faibles plutôt qu'un bon cœur.

Mais surtout il n'aime pas les prêtres: le prêtre classique. Grandes accolades et bon ramadan aux imams, visites pastorales aux pasteurs évangéliques, baisers aux mains des rabbins, mais pour les prêtres catholiques que des coups de pieds dans les dents. Tous les matins! Et maintenant il les chasse même du restaurant de Sainte Marthe. Mamma mia, comme il les arrange chaque jour dès que le soleil se lève, dans ce qu'on fait passer pour des prêches et qui ne semblent parfois être que de la diffamation quotidienne, scientifique, systématique des prêtres qu'il devrait comme pontife encourager et protéger! Il les tiraille, les insulte, il se moque d'eux et les ridiculise devant tout le monde, les traite parfois de «pédophiles», de serviteurs idiots, de paillassons.
Il ne s'est incliné que devant deux prêtres, leur baisant littéralement mains et pieds: à cet entrepreneur du politiquement correct de gauche qu'est don Ciotti, et à un autre vieux prêtre de 90 ans connu pour son homosexualisme et pour avoir été le mégaphone de toutes les modes idéologico-cléricales du moment, du communisme au gender.

Un prêtre de Gênes m'écrit: «On m'a appris que coram populo on défend toujours et en toute occasion sa propre famille, son entreprise, ses collaborateurs, ses subordonnés, etc. Après, dans le lieu approprié, on lave le linge sale, on le désinfecte même. Mais on ne sabote pas l'institution dont on est le chef».


L'USINE DES NON-NOUVELLES: SAINTE MARTHE


L'autre matin, à nouveau. Il est monté sur le piédestal des vanités à Sainte Marthe, et oubliant qu'il est lui-même un prêtre comme tous les autres il a osé, et affirmé, entre autres: «Nous savons ce que dit Jésus à ceux qui sont cause de scandale: "Il vaut mieux être jetés à la mer"». Et donc les journaux de titrer littéralement: «Le Pape: que les prêtres se jettent à la mer".
Il parle tout le temps d'argent: il en est obsédé.
A part le fait que Jésus n'a dit à personne de jeter quelqu'un à la mer, mais qu'il s'y jette par lui-même, de quoi parle-t-il au juste? Où ces choses se passent-elles? Je ne les ai vues nulle part, et Dieu sait je m'y connais en Eglise, et si je ne fustige souvent et volontiers tout ce qui est dénonçable: elles n'existent pas. 
Bergoglio parcourt les journaux tous les jours, il lit de façon maniaque toutes les nouvelles qui le concernent, puis il souligne les articles, souvent des journaux anticléricaux, ceux qui montent des canulars sur les prêtres, ou au moins déforment ou exagèrent les histoires les concernant. Il les mémorise, les remanie, et ensuite les utilise (à des fins qui lui sont bien connues, et à moi aussi désormais). En faisant d'une non-nouvelle une donnée collective, d'une réalité artificielle et hypothétique un événement incontestable, endémique. C'est la dé-réalité d'un pontificat qui se joue tout entier sur les effets spéciaux et les jeux de miroirs médiatiques. Un festival des pires lieux communs de bar, projeté sur celui de Sainte Marthe.

Des non-nouvelles jetées comme des pierres sur les consacrés, qui une fois dispersées, ne laissent qu'un grand vide, vide comme cette sacoche (qu'y avait-il dedans? Rien, que des vieux papiers) que Bergoglio amenait sur les avions dans les voyages papaux. A quoi lui servait-elle, cette serviette vide? A paraître, simuler, créer artificiellement une rumeur, ajouter une brique au monument, une ciselure au veau d'or, afin de se représenter médiatiquement lui-même. Et l'Eglise qui vit dans son imagination post-catholique, qu'il entend bien concrétiser, au travers des médias. On crée artificiellement et on met de côté, pour quand le moment qu'il a dans sa tête sera arrivé. 
«Mais Dieu avait d'autres projets», est-il écrit dans les présumée prophéties d'Anne Catherine Emmerick.

JORGE MARIO LUTHER: LA NOUVELLE "VENTE DES INDULGENCES
Dans le même article tiré de l'«homélie», je lis: «C'est un scandale lorsque le Temple, la maison de Dieu, devient une maison d'affaires, comme ce mariage: on loue l'église». 
Il est curieux que celui qui parle est le même qui, il y a quelques semaines, sans demander à personne, motu proprio, a loué rien de moins que la Chapelle Sixtine, qui est l'Eglise des églises, à Porche, l'entreprise d'automobiles: afin qu'elle y tourne ses publicités commerciales.
«Je voudrais une église plus pauvre», affirma-t-il au début du pontificat: comme d'habitude les bons sentiments (c'est à dire les démagogies crypto-marxistes) favorisent toujours les bonnes affaires. Comme ils le savent bien, ces derniers temps, à l'IOR et au Vatican, devenu le paradis des lobbies financiers étrangers - de cette petite banque pour les prêtres qu'elle était - grâce à Bergoglio et aux amis à qui il doit son élection.
«Ils ont transformé la maison de prière en un repaire de voleurs», disait-il avant-hier, donc. Les prêtres toujours, c'est de leur faute: paroles de quelqu'un qui n'a jamais été curé, préférant faire le caudillo des autres jésuites argentins, par qui il fut finalement éloigné, après les désastres et la rébellion générale qu'il avait suscités, avec ses méthodes brutales mêlées de superficialité. Et il ajoute: «Combien de fois voyons-nous, en entrant dans une église, encore aujourd'hui, qu'il y a la liste des tarifs».

A quoi se réfère-t-il précisément? Il ne parle de personne, ce qui est pire, il ne fait référence à aucun événement: il s'empare et surfe sur un buzz médiatique, un lieu commun laïciste, une légende urbaine et se renforce avec l'onde médiatique de retour. A quoi lui sert toute cette force qu'il aspire hors des choses, les laissant progressivement inanimées? Moi je le sais, je l'ai compris, mais je ne le dirai pas ici.

D'où a-t-il sorti ces choses? C'est clair, des journaux reportant le demi-canular et la demi-blague d'un curé, un non-événement qui s'est passé en Lucanie. Ce n'est pas que les prêtres vénaux n'existent pas: des voleurs il y en a et il y en aura toujours partout et dans toutes les catégories: dernièrement, en Toscane, un prêtre a demandé 800 euros pour célébrer un mariage, dans sa belle église. Il n'avait pas affiché les prix, pour pouvoir empocher illégalement les sous. En douce. Comme le font les escrocs. Mais peut-on faire d'un seul cas une affaire collective?
Faudrait-il dire que, puisque le pape a promu dans sa cour un monseigneur dont l'unique gloire de son CV est ses coucheries, certifiées par la police lorsqu'il fut tabassé dans une sordide boîte gay, faudrait-il donc dire que le pape soutient la prostitution masculine? Ou bien, puisqu'il a appelé à Rome un prêtre espagnol non seulement ultra-progressiste mais aussi pornocrate - s'en vantant dans les journaux - devrions nous dire que tous au Vatican, à commencer par le pape, sont des vicieux?
Il faut dire que les prêtres voleurs, lorsqu'il y en a, sont tous affiliés dans les rangs les plus libéraux et progressistes du clergé, c'est à dire les plus grands sponsors du pape Bergoglio et de son culte.

Dans ma vie, et pendant longtemps, j'ai été le genre d'enfant de chœur à contrôler de près la paroisse et le curé, j'ai vu des curés comme le mien qui disait aux mariés: «les dépenses pour le mariage sont de 50 mille lires (25€), mais si vous ne les avez pas, ça ne fait rien». Un jour il écrivit sur le tronc à offrandes: «celui qui en a, qu'il en mette, celui qui n'en a pas, qu'il en prenne». C'était un prêtre fervent, marial, et conservateur en matière de mœurs. Un prêtre catholique comme la plupart, la majorité des bons prêtres. Mais que lui importe, à Bergoglio, qui déclare haïr toute idéologie, confondant même celle-ci avec la Doctrine, et montrant par-là que le premier à être idéologisé, c'est lui?

Je lis et relis cette phrase centrale d'un texte qui avant d'être de la grande littérature est la prophétie d'un géant intellectuel, Soloviev, Le récit de l'Antéchrist: «Il croyait en Dieu, mais au fond de son cœur il préférait lui-même».
IMAGINER DES LISTES DES TARIFS EN ITALIE, NE PAS VOIR LA SIMONIE EN ALLEMAGNE
L'ancien archevêque de Buenos Aires, diocèse ruiné précisément par Bergoglio, poursuit: «Lorsque ceux qui sont dans le Temple - qu'ils soient prêtres, laïcs, secrétaires, mais qui doivent gérer dans le Temple la pastorale du Temple - lorsqu'ils deviennent des affairistes, le peuple en est scandalisé. Nous en sommes responsables. Les laïques aussi, eh, tous. Car si je vois que dans ma paroisse on fait cela, je dois avoir le courage de le dire en face au curé. Les gens souffrent du scandale. C'est curieux: le peuple de Dieu sait pardonner à ses prêtres quand ils ont une faiblesse, quand ils glissent dans le péché... il sait pardonner».

Avez-vous compris le message codé? Que les prêtres ne s'obstinent pas avec les "sacrements", qu'ils soient condescendants comme les laïcs le sont avec eux, et avec eux-mêmes. Est-ce que ça se comprend ou pas qu'il vise le chien pour toucher le maître (parla a nuora perché suocera intenda)? Et qu'il n'arrive pas à avaler la pilule amère du synode? Il ne manquait plus que cela maintenant: les prêtres, sans pitié, qui «ne pardonnent pas», et les laïcs, les pauvres, qui non seulement sont appelés à les juger, mais aussi à les pardonner magnanimement. Des bavardages qui n'ont rien à voir avec la réalité.

Pensons que c'est le même pape qui, depuis qu'il a momentanément perdu la partie du synode, ne se console pas et apaise son courroux cherchant des têtes à couper (...) 
C'est le même pape élu par les cardinaux progressistes allemands, qu'il instrumentalise tout en se laissant instrumentaliser par eux qui ont fait du dieu Mammon et de la simonie leur principale divinité et leur unique sacrement: église parmi les plus riches et progressistes du monde, l'allemande, avec des millier de fonctionnaires et des prêtres qui gagnent jusqu'à 4 mille euros par mois et qui ont osé l'inosable?.
Comme je l'ai déjà écrit, l'ami Antonio Socci, lui aussi l'a répété hier dans sa page FB:
«Argent et sacrements? Cher pape Bergoglio, veuillez contester les choquantes décisions des évêques allemands (comme le fit Ratzinger) au lieu de dénigrer nos curés. Celles-là sont la vraie honte!
...
[suit cet article: Pas de commerce dans l'Eglise]

«JE VAIS LE LUI DIRE, A BERGOGLIO!»


Ce n'est pas un hasard si, durant le synode, dans la salle, après la publication de la vidéo où Kasper, en bon allemand, manifestait tout son mépris racial à l'égard des évêques africains opposés à ses thèses, qui étaient aussi celles de Bergoglio, et dont il avait nié l'existence: (loi du contrapasso [cf. "La Divine Comédie", principe selon lequel les peines infligées sont une analogie ou un miroir des péchés commis]: on affirme qu'au temps du Motu Proprio ce fut lui qui fit circuler la vidéo de Mgr Williamson), il a piqué sa crise.

En résumé, pendant que le cardinal Burke discute dans un groupe (ndt : « fa capannello » jolie expression qui montre un petit groupe de personnes debout et en cercle, discutant entre eux et formant ainsi comme une petite cabane, mais il n'y a rien de semblable en français) avec d'autres confrères, passe le cardinal Kasper qui, furieux, s'immisce entre eux, pointe un doigt sur son confrère Burke et l'apostrophe: «C'était vous n'est-ce pas qui avez fait circuler cette vidéo?!». Burke se retourne et glacial lui répond: «Eminence, c'est vous qui avez donné l'interview». A ce moment-là la fureur de Kasper a explosé et on le sait, de même que in vino veritas, dans les accès de fureur aussi, on laisse échapper la vérité, pour infantile qu'elle soit: «Vous allez voir! Vous allez le payer! Je vais le dire à Bergoglio!». 
Il dit «à Bergoglio», lui, même pas au «Saint père»: «à Bergoglio». C'est comme dire «à mon ami à moi», il est un des nôtres:cosa nostra. Tout est à eux, même l'Eglise semble devenue un bien immobilier de leur propriété, comme les sacrements, la vérité: elle est à eux et ils en disposent à leur gré. Surtout en Allemagne, contre paiement.

En effet, quelques jours plus tard, Bergoglio appelle Burke et lui confirme: «Vous changez d'Office!». Terminé.


JUDAS, LE MORALISTE VOLEUR


Il Foglio, encore lui, écrit: «François a donc expliqué pourquoi Jésus en veut à l'argent: "Car la rédemption est gratuite"; Il vient nous apporter la gratuité de Dieu, la gratuité totale de l'amour de Dieu. Quand l'Eglise ou les églises deviennent affairistes, on dit que, …eh… il n'est pas si gratuit le salut… Voilà pourquoi Jésus prend le fouet pour faire ce rite de purification dans le Temple».

A part le fait que les raisons profondes de la «raclée» au Temple étaient bien autres que cela; à part le fait que Jésus n'en voulait pas du tout à l'argent étant lui-même aisé et avec des amis tous riches, et aisés étaient les apôtres qu'il se choisit, à part tout cela, qu'on rappelle à Bergoglio que Jésus ordonna aux apôtres de tenir une caisse, pour leur propre subsistance et pour soutenir la «cause».

Certes, c'est vrai, le caissier était un voleur. Judas. Un voleur qui, comme les progressistes d'aujourd'hui, prêchait bien et pratiquait mal: il se plaignait lorsqu'on «gaspillait» les huiles précieuses pour essuyer les pieds de Jésus, «alors qu'on aurait pu les vendre et donner aux pauvres le bénéfice», comme Bergoglio l’a dit aussi une fois à propos des églises. Mais Jean raconte et explique: «Ainsi disait l'Iscariote. Non pas parce qu'il était bon, mais parce que il était voleur et s'appropriait du contenu de la caisse des apôtres». Pouvons-nous affirmer que tous les apôtres étaient des «voleurs», comme le pape le fait comprendre des prêtres, parce que le caissier Judas l'était? Judas était un moraliste, et comme avec tous les moralistes son iniquité fut découverte à la fin. Qu'il réfléchisse plutôt à cela, Bergoglio.

CE N'EST PAS CE QUI EST VRAI, QUI LUI IMPORTE, MAIS CE QUI LUI SERT
Ce matin, un excellent, doux et pieux prêtre sicilien don Giovanni Salvia écrit, montrant ses griffes pour un moment, avec toutes les bonnes raisons du monde:
«A François, l'homme vêtu de blanc, avec tout mon respect, je demande: avez-vous jamais été curé? Qui paye l'électricité de l'église, le chauffage, les frais ordinaires et extraordinaires, les activités pastorales, le mobilier de l'église (arredi sacri, ce n'est pas que le mobilier), la restauration des œuvres d'art, l'organiste, les collaborateurs? Le Code de Droit canonique n'affirme-t-il pas comme un devoir des fidèles de subvenir aux nécessités de l'Eglise? Aujourd'hui, grâce à la collecte des fidèles j'ai pu faire une offrande aux missionnaires engagés en Albanie en faveur des enfants adoptés. Les journées de collecte que le Pape nous demande de faire pour recueillir de l'argent, comme la Journée Mondiale Missionnaire, et celle de la charité le 29 juin, ne parlons pas de toutes le journées en faveur de l'Eglise diocésaine, pour le journal l'Osservatore Romano, l'Avvenire (des Evêques italiens), le journal diocésain, pour le Séminaire, la journée pour les émigrants, pour les catastrophes naturelles, et je pourrais continuer la liste - de qui pouvons-nous prendre l'argent pour gérer une activité administrative ordonnée comme nous le commande le Code de droit Canonique ? Peut-être, et c'est ma faute, que je n'ai pas bien compris son message».
Tu as très bien compris, mais à Bergoglio peu lui importe la vérité des choses, comme de la théologie: il n'existe que ce qui lui sert. Et ce qui lui sert, sert aussi aux médias, afin d'alimenter artificiellement «l'effet Bergoglio» qui n'existe que comme une équivoque, calculé lui aussi. Car cet effet sert à Bergoglio. Et il lui sert pour un dessein qu'il a bien clair en tête et qu'il ne va pas tarder à nous montrer.

Qu'importe des difficultés quotidiennes du petit curé de périphérie, il ne lui «sert» pas de le savoir, et s'il le sait, cela lui est égal. Ce qui compte est l'«effet», l'aspect médiatique de ses gestes, mots, pensées, aussi apparemment superficiels et sans grammaire théologique qu'il soient. Tout, en son temps, va lui servir: il sème et sédimente «effet» sur «effet», lui il saura, après, quand le moment sera venu de la «récolte» sur les couches géologiques des «effets». Froid et déterminé, il vise ce but, mystérieux au plus grand nombre.

DES PRÊTRES DÉSORIENTÉS... PAR CELUI QUI DEVRAIT LES GUIDER.


«Désormais, c'est comme une course entre Renzi et Bergoglio», affirme quelqu'un. 
Mais Bergoglio n'est pas Renzi. A parité de confusion, alors que celle de Renzi est réelle, celle de Bergoglio n'est qu'apparente: il a très clair dans la tête ce qu'il veut faire et, quoi qu'il arrive, il y parviendra, le monde dût-il s'effondrer. «Mais Dieu avait d'autres projets» disions-nous il y a un instant. Ce n'est pas de la fumée quelconque qu'il déverse chaque jour, c'est de l'opium.
Les prêtres, pauvres cibles quotidiennes de Bergoglio: pas ceux à la page, à la mode (modaioli), conformistes et souvent pleins d'argent. Plutôt les simples petits prêtres qui essayent comme ils le peuvent de rester fidèles à la mission confiée par l'Eglise, lorsqu'elle en avait une. En son absence ils s'accrochent au catéchisme et à l'Evangile. Un de ceux à qui un évêque de Toscane, lorsqu'il le vit il y a quelques mois, déclara, alors qu'il devait en être père: «Lorsque les prêtres comme vous auront disparu ou auront été éradiqués de l'Église, nous aurons résolu 50% de nos problèmes». «Que le Seigneur vous bénisse, Excellence, bien que vous refusiez d'être un père pour moi». Il avait osé se mettre en soutane, le petit prêtre. L'évêque, c'était un de ceux qui étaient devenus prêtres dans les années folles où Bergoglio lui-même le devint, lui qui aurait voulu partir au Brésil, pour les JMJ, en clergyman (on le raconte, mais je ne sais pas si c'est vrai) s'il n'y avait pas eu le cardinal Sodano qui lui remit de force la soutane. Il se contenta du sac vide.

Un laïc «anonyme», protecteur de tant de prêtres en difficulté, vrai mécène des âmes consacrées, leur redonnant du courage pour faire face au ministère, malgré le vent contraire qui veut les plier, me disait que ceux qui se remettent à son aide ont augmenté exponentiellement ces dernier mois: des prêtres désorientés, démotivés, frustrés par celui qui justement devrait les encourager et soutenir. Une amie très catholique conseillait d'accepter l'épreuve à laquelle, avec ce Pape, le Seigneur «nous soumet». Je constate moi-même chaque jour cette confusion, chez les jeunes prêtres qui m'écrivent. Un parmi eux, consacré depuis peu à Milan, m'écrit: 
«Je n'arrive plus à prononcer pendant la messe les mots "en union avec notre pape François"».
Il m'a fait de la peine, et je lui ai conseillé un compromis: «Tu n'as qu'à dire: "en union avec notre pape François, et Benoît"». Tant il est vrai que désormais, dans la messe, chacun dit ce qu'il veut. Même problème avec un autre à qui j'ai conseillé d'opter pour un générique «en union avec Pierre».
Je sais bien comme il est dangereux de s'éloigner de cet ancre de sauvetage qu'est Pierre, le pape, quel qu'il soit: le démon utilise les mauvais papes juste dans le but d'éloigner les fidèles et les prêtres de Rome. Aujourd'hui, il n'est qu'à un pas… 
«IL N'ÉTAIT PAS UN VICAIRE, IL ÉTAIT LUI-MÊME»

Je parcours mes messages Facebook et me rends compte que quelque chose était dans l'air depuis un moment: après que la morosité ait gagné un tiers du noyau dur du Sacré Collège, après qu'il se soit aliéné progressivement la sympathie de moitié de l'épiscopat, la capacité de tolérer les folies de Bergoglio est arrivée à sa limite même parmi le menu clergé. De plus en plus rarement je rencontre un prêtre qui en dise du bien, humilié et désorienté qu'il est par ses jeux médiatiques. Je prends au hasard le message d'un prêtre, que j'aime car il est d'un fond innocent, surtout il est pur dans son cœur. Je me souviens quand il m'écrivait, tout tremblant, avançant quelques doutes à propos du nouveau pape. Des doutes qui au fur et à mesure ont été remplacées par des certitudes que je lui avais alors annoncées, connaissant moi-même Bergoglio depuis des années. Aujourd'hui il m'écrit donc:
«Je n'arrête pas de rire à cause des imprécations que j'ai entendues par un de mes chers confrères à l'encontre du romain pontife. Quelqu'un comme lui! Tu penses qu'au séminaire jamais un gros mot! Il était comme la réincarnation du curé d'Ars. Eh bien ce soir je l'appelle pour sentir les humeurs après la dernière sottise de Bergoglio sur les tarifs à l'église. Et lui, au téléphone, il commence par l'envoyer promener, me donnant aussi les raisons de sa juste colère. Il est, dans la banlieue de Milan, contraint de se serrer la ceinture, entre l'emprunt, les factures et le je-m'en-foutisme des gens, et il s'entend taquiner par une andouille de paroissien à propos "des tarifs" dont parle Bergoglio, alors il est entré dans une colère noire. Peut-être qu'en mentionnant l'argent le pape a vraiment fait mouche. Maintenant, il est indéfendable aux yeux de la majorité des prêtres. Mais quelle tristesse! A quel niveau sommes-nous descendus!».
Je me suis en effet étonné de l'évident enhardissement de ce jeune prêtre dont j'ai toujours admiré la délicatesse, l'innocence justement.
«De toute façon Bergoglio est un religieux! Il parle.. il parle de l'argent car comme tous les religieux il recourait à la caisse commune. Il est un utopiste. Vive les prêtres qui ont vraiment l'habitude de partager la vie des brebis, même en trafiquant avec 'le crottin du démon' (l'argent) Ce qui malgré tout nous garde avec les pieds bien au sol ».
C'est l'école de Giussani (fondateur de Communion et Libération): qui, pour sa chance, est mort catholique, ayant trépassé il y a une décennie.
---
Au printemps, je rencontrai un jeune prêtre qui avait vu le pape: il m'en fit voir la photo. Bon, alors, lui demandais-je, comment l'as-tu trouvé, Bergoglio, de près? Je sais que tu es un 'sensitif'».
«J'ai vu Benoît XVI de près, et lui ai parlé: toujours j'ai eu l'impression d'un homme qui te pénétrait avec son regard, te comprenait, t'acceptait et t'aimait quel que tu sois; même après une journée de déplacements et de rencontres, il était toujours disponible à accueillir. En cette minute où j'ai été avec François, par contre, il ne m'a posé que les questions rituelles: comment t'appelles-tu d'où viens-tu que est-ce que tu étudies où fais-tu la pastorale. J'ai répondu mais je comprenais qu'il s'en fichait. Quand je lui ai dit que pour la pastorale j'allais chez les clochards de Rome à Termini, tu sais ce qu'il m'a dit? «Bon, merci, prie pour moi, au revoir». Il ne m'écoutait même pas. Je lui ai dit qu'ils le saluaient, qu'ils l'attendaient. Rien: si je lui avais dit qu'au lieu de faire la pastorale j'allais avec les prostituées ç'aurait été la même-chose. Froid, de cette froideur de l'homme supérieur qui ne t'écoute même pas (non ti si fila), car qui que tu sois, tu seras toujours inférieur. Avec Benoît c'était toujours une surprise: Tu étais devant lui et tu comprenais que la personne importante c'était moi, c'était toi! Un jour je m'approchais et lui dis: Sainteté, savez-vous que dans une semaine je deviens prêtre? Il m'a regardé ému, s'arrêtant, et parmi tant de choses m'a dit: Félicitations, quand tu célébreras ta première messe, à la fin, tu impartiras ma bénédiction à tes proches et à tes amis ».
J'insiste, sournois, «mais alors en regardant François, qui as-tu vu?»
«Antonio, tu sais que je suis très sensitif. Quand je rencontre une personne, je ne dis pas que je suis comme Padre Pio, loin de moi cette idée, mais quand je la rencontre j'ai souvent la perception des péchés qu'elle a commis; cela m'arrive très souvent au confessionnal, mais à part cela je croyais t'avoir déjà répondu: ma perception a été de ne pas être en face du Vicaire du Christ, mais d'un homme ivre de soi, il n'était pas un Vicaire, il était lui-même».
Il est temps que la Curie commence à faire le travail qui lui réussit le mieux: neutraliser. Mieux vaut prévenir que guérir. D'ailleurs l'invisibilité du Secrétaire d'Etat Parolin en dit long sur le sentiment qui s'insinue et monte dans ces chambres mi- abandonnées. Cependant, un roi de la Curie, vieux renard de cardinal, déjà grand électeur de Bergoglio, en discutant avec le cardinal Ruini, a lancé sans préciser «en effet, pendant le conclave il y a eu des embrouilles». Que celui qui veut comprendre comprenne.

26 novembre 2014

[Le Salon Beige] Bill Murray regrette la messe en Latin

SOURCE - Le Salon Beige - 26 novembre 2014

La star du film The Groundhog Day (le jour de la marmotte), Bill Murray, fils d’Irlandais catholiques, explique dans un entretien à The Guardian :
«je n’approuve pas vraiment ce qu’ils appellent la nouvelle messe. Je pense que l’on a perdu quelque chose en délaissant le latin. Maintenant si vous allez à une messe catholique ne serait-ce qu’à Harlem, elle peut être en espagnol, en éthiopien, en un nombre incalculable de langues. La forme, les images, sont les mêmes mais les mots sont différents.»
A la question de savoir si la nouvelle messe est préférable car plus aisée à comprendre, il répond :
«Je suppose. Mais il existe une vibration dans ces mots latins. Si vous y avez suffisamment mis les pieds vous savez ce qu’ils veulent dire de toute façon. Et je regrette vraiment la musique – sa puissance, vous savez? C’est incroyable, la musique sacrée a un effet sur votre cerveau.»
Murray parle aussi de son admiration pour St Jean XXIII, canonisé cette année.
«Celui là je l’achète, c’est mon gars ; un florentin extraordinaire et joyeux qui changea l’ordre des choses.»