31 janvier 2015

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Hebdo-remède

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 31 janvier 2015

De plus en plus fréquentes seront les attaques sanglantes // Jusqu’à ce que le monde voie que c’est le Christ qui lui manque.

De la façon la plus politiquement incorrecte possible, ce « Commentaire » a présenté la semaine dernière l’attaque très lourdement médiatisée contre Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier comme étant une attaque contre ce qui reste de civilisation chrétienne en France. Qu’il montre alors cette semaine comment la civilisation chrétienne procéderait à résoudre ce problème, suivant le même ordre : caricaturistes, tireurs, politiciens, peuples et conspirateurs.

Quant aux caricaturistes, si la France était encore catholique, l’Église et l’État seraient encore unis, ainsi qu’ils l’étaient jusqu’à la Révolution française, et les autorités de l’État auraient

absolument interdit des caricatures blasphématoires antichrétiennes comme celles de Charlie Hebdo, qui ont bien pu provoquer le Bon Dieu à permettre que les caricaturistes fussent réduits au silence. Mais ça c’est de la censure ! Réponse : qui est-ce, si ce n’est un idiot, qui peut croire encore que nous ne sommes pas soumis aujourd’hui à la censure ? Simplement, au lieu d’être chrétienne, la censure d’aujourd’hui est antichrétienne. En effet, qui est libre aujourd’hui de blasphémer contre le culte de « l’Holocauste » et de ses « chambres à gaz » ?

Quant aux tireurs musulmans, dans une France catholique ils ne seraient probablement jamais venus. Jamais les autorités catholiques de l’État n’auraient méprisé ni haï les musulmans dans leurs propres pays. Mais, en même temps, elles n’auraient jamais perdu de vue le choc historique entre l’islam et la Chrétienté au point de permettre l’installation en France d’une telle masse d’immigrés musulmans comme cela est aujourd’hui le cas, installation même encouragée depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pas plus que ces autorités catholiques n’auraient appris à mépriser leur propre race et leurs traditions nationales, comme elles ont accepté de le faire aujourd’hui. Le quatrième Commandement apprend à un Catholique à aimer son propre pays plus que les autres, sans toutefois ne leur désirer aucun mal.

Mais avant tout, si la France était restée catholique, ni les politiciens ni le peuple ne seraient devenus les marionnettes qu’ils sont devenus aujourd’hui dans les mains de leurs maîtres occultes, les Globalistes. Au 17ème siècle la France était encore, dans l’ensemble, catholique, mais au 18ème siècle, à cause du manque de foi catholique, sa classe dirigeante se laissa profondément infecter par cette engeance du Globalisme qu’est la Franc-Maçonnerie. Lancée

dans sa forme moderne dans l’Angleterre apostate en 1717, la Maçonnerie se répandit rapidement en France et en Amérique du Nord, où elle ourdit les Révolutions américaines et françaises, en 1776 et 1789 respectivement. Toutes les deux furent une avancée majeure vers le Nouvel Ordre Mondial des Globalistes.

Or, tant que l’Église catholique se trouvait encore dans un état normal, elle dénonçait et condamnait la Maçonnerie comme étant une société secrète programmée pour subvertir et abattre de fond en comble la religion catholique — voyez par exemple la Lettre Encyclique de Léon XIII, Humanum Genus, de 1884. Ainsi, à partir de la Révolution française les États se séparèrent de plus en plus de l’Église catholique et la remplacèrent en se posant sur des bases laïques et démocratiques. De plus en plus la nouvelle classe dirigeante, les bourgeois, vinrent à abandonner la religion catholique en faveur du libéralisme qui est effectivement une religion de substitution où on adore l’homme et sa liberté à la place de Dieu et sa Vérité. De telle sorte qu’au nom de la « liberté », les journalistes se mirent à remplacer les prêtres, et leurs médias libéraux s’emparèrent de la pensée des gens. Mais pendant tout ce temps-là les journalistes et les médias furent dirigés en secret par la Maçonnerie qui travaillait pour le Nouvel Ordre Mondial des Globalistes. Et voici comment sous couvert de « démocratie » et de « liberté », les Globalistes, toujours fortement motivés par leur rêve de dominer le monde entier, ont été capables de réduire les peuples et les politiciens à merci, les transformant en marionnettes de l’opinion publique, elle-même coulée comme dans un moule par leurs médias. Tourner le dos à la vérité de Dieu, c’est se rendre esclave des mensonges de Satan.

L’attaque de Charlie Hebdo fut programmée en vue de réaliser une énorme démonstration en faveur de la liberté sans Dieu, plutôt la licence, et pour provoquer une tension meurtrière entre les musulmans et les Européens. D’autres événements semblables suivront en vue de provoquer des bains de sang dont les Globalistes espèrent sortir suprêmes, tandis que le Bon Dieu espère que nous autres hommes nous nous rendrons compte que le rejet de Dieu constitue un énorme problème, même le problème de base. Si les États ne voient pas cela, il ne reste rien d’autre à faire que pour les familles de prier les cinq Mystères chaque jour ensemble, et pour les individus de prier chaque jour tous les quinze Mystères (à supposer que c’est raisonnable), pour supplier Notre Dame d’intervenir auprès de son Fils.

Kyrie eleison.

30 janvier 2015

[La République de Seine-et-Marne] Fontainebleau: Royalistes... en 2015!


SOURCE - La République de Seine-et-Marne - Yovallier - 30 janvier 2015

Il y a 222 ans, Louis XVI était décapité. A Fontainebleau, cette date a été célébrée par une trentaine de fidèles. "La Rep" est venue à leur rencontre.

Le retour d’un roi en France, possible ou utopique ? Certains le souhaitent plus que tout et le 21 janvier, date anniversaire de la mort de Louis XVI, réveille pour beaucoup d’entre eux cette volonté de voir revenir un roi sur le trône de France ! Mercredi dernier à Fontainebleau , l’Eglise du Sacré-cœur et de l’Immaculée Conception dite « du Carmel » accueillait une Messe de Requiem pour le roi Louis XVI donné par l’abbé Lefèvre. L’office se veut sobre, il est en latin, et bien qu’il soit le seul à avoir lieu en ville ce jour-là, finalement peu de Bellifontains font le déplacement. Ils n’étaient qu’une quarantaine ce soir-là, mais avec des convictions toujours aussi fortes. « Selon moi, un peuple a besoin d’un roi, ça aiderait et réglerait beaucoup de problèmes. Je ne suis pas forcément fier de mes idées, mais ce sont les miennes et je les assume », confie à la sortie de l’église Jean-Jacques, 50 ans. Et d’ajouter « Louis XVI est un roi martyr qui a payé pour les autres ». Pour Joachim, 28 ans, cette cérémonie « est un rappel à la France. Ce sont mes convictions et il était important, pour moi, d’être présent ». Certains sont plus modérés que d’autres… Sur le parvis, une personne s’est alors exclamée : « Il y a 222 ans, le terrorisme existait déjà ! ». Dans l’esprit des gens, avec une actualité, en ce début d’année, plutôt chargée, c’est peut-être aussi un peu la confusion.
Un mouvement sporadique ?
En France, sur les 36.600 communes en métropole et Dom, elles n’étaient que 46 à proposer, ce jour-là, une célébration du genre. Néanmoins, si Fontainebleau n’a pas réuni un nombre significatif de personnes, ce jour-là, certaines autres villes font en revanche salle comble pour cet événement. C’est le cas de la paroisse Saint-Eugène Sainte-Cécile, à Paris, 9e arrondissement. Elle est la seule à communiquer via Facebook sur cette commémoration à laquelle 229 personnes disent avoir participé. Alors, Fontainebleau, ville royaliste ou fausse rumeur véhiculée à travers l’imaginaire collectif ? Pour vivre royaliste, vivons cachés!

[Abbé Lorans, fsspx - DICI] Sous le synode, les sous?

SOURCE - Abbé Lorans, fsspx - DICI - 30 janvier 2015

Pourquoi le cardinal Walter Kasper qui veut changer la doctrine de l’Eglise sur l’indissolubilité du mariage en donnant la communion aux divorcés remariés, est-il soutenu par l’ensemble de l’épiscopat allemand ? D’où vient cette granitique unanimité germanique ? George Weigel rapporte dans la revue américaine First Things de ce mois-ci la réponse que lui a donnée un fin connaisseur de l’Eglise en Allemagne, et cette réponse tient en un seul mot : l’argent.

En effet, les diocèses allemands sont fort riches grâce à l’impôt ecclésiastique que versent les fidèles catholiques ; mais ces derniers de plus en plus quittent l’Eglise et ne versent plus cette manne. D’où, le calcul très simple des évêques : évitons la fuite des fidèles (et des capitaux), assouplissons la doctrine et élargissons l’offre pastorale.

Ainsi donc les arguments en faveur de la miséricorde, opposés à la rigidité doctrinale, seraient en réalité des arrangements bien sonnants et trébuchants ? Les évêques délaisseraient une doctrine peu intéressante au profit d’une pastorale très intéressée ! Pour dissiper le soupçon qui pèse lourdement sur eux, il suffirait que les évêques allemands déclarent unanimement : « Nous préférons la doctrine de l’indissolubilité du mariage aux revenus de l’impôt ecclésiastique. Nous servons Jésus-Christ et non Mammon. » Il suffirait… mais est-ce que cela leur suffira ? – Réponse en octobre, au prochain synode.

Abbé Alain Lorans

[DICI] Le prochain synode sur la famille se prépare discrètement…

SOURCE - DICI - 30 janvier 2015
Après les réactions très vives que la première réunion du synode sur la famille (5-19 octobre 2014) avait suscitées (voir DICI n°303 du 24/10/14), les préparatifs de la prochaine assemblée des évêques (4-25 octobre 2015) se font dans la discrétion, comme si après la tempête le calme était revenu et que tout redevenait normal. Faut-il s’en réjouir benoîtement ou s’en inquiéter sérieusement ? Dans un entretien accordé auFigaro Magazine le 18 décembre 2014, le cardinalRaymond Leo Burke, un des principaux opposants aux propositions scandaleuses du cardinal Walter Kasper sur la communion des divorcés remariés (voir DICI n°301 du 26/09/14), avouait : « Je suis très préoccupé, et j’appelle les catholiques, les laïcs, prêtres et évêques, à s’impliquer, d’ici à la prochaine assemblée synodale, afin de mettre en lumière la vérité sur le mariage. »

Un document de travail très orienté

Le 9 décembre, le secrétariat général du synode des évêques publiait les lineamenta (le document de travail) de l’assemblée synodale d’octobre 2015. Outre le rapport final du synode d’octobre 2014, le secrétariat propose 46 questions pour répondre aux défis de la pastorale familiale, pour être « aux côtés des familles en situations extrêmes ». Les épiscopats devront répondre au questionnaire « en évitant que leurs réponses puissent être fournies selon des schémas et des perspectives relatives à une pastorale appliquant purement la doctrine » (sic). Reprenant les thèmes qui ont agité l’assemblée des évêques, le document romain demande, comme si de rien n’était, comment la communauté chrétienne « aide à discerner les éléments positifs et négatifs de la vie des personnes unies civilement », ou encore, face aux divorces, « comment rendre plus accessibles et plus souples, éventuellement gratuites, les procédures pour la reconnaissance des cas de nullité ».

Le questionnaire romain assure même qu’un « approfondissement ultérieur » est nécessaire en matière de « pastorale sacramentelle des divorcés remariés » et demande quelles avancées sont possibles à la lumière de la « deuxième chance » (sic) proposée dans certains cas dans l’Eglise orthodoxe. Ce document pose également la question de l’attention pastorale à l’égard des homosexuels : « En évitant toute discrimination injuste, de quelle façon peut-on prendre soin des personnes dans ces situations à la lumière de l’Evangile ? » Les réponses à ce questionnaire devront parvenir à Rome d’ici le 15 avril 2015.

Dès lors, on comprend l’inquiétude du cardinal Burke exprimée lors de l’entretien déjà cité : « Dans une époque pleine de confusion, comme on le voit avec la théorie du genre, nous avons besoin de l’enseignement de l’Eglise sur le mariage. Or, nous sommes au contraire poussés dans une direction visant à admettre à la communion des personnes divorcées et remariées. Sans compter cette obsession d’alléger les procédures d’annulation du lien du mariage. Tout cela va conduire de facto à une sorte de ‘divorce catholique’, et à l’affaiblissement de l’indissolubilité du mariage dont le principe est pourtant réaffirmé. Cependant l’Eglise doit défendre le mariage et non l’affaiblir. L’indissolubilité du mariage n’est pas une pénitence ni une souffrance. C’est une grande beauté pour ceux qui le vivent, c’est une source de joie. »

Le pape François est intervenu deux fois, dans le sens des lineamenta et du questionnaire qui les accompagne, le 23 janvier en s’adressant aux membres du Tribunal apostolique, et le 24 janvier lors du congrès organisé par l’Université Grégorienne à l’occasion du dixième anniversaire de l’Instruction Dignitas Connubii (la dignité du mariage). Aux premiers, il a déclaré que l’Eglise ne peut ignorer la souffrance des nombreux foyers qui se désagrègent en laissant derrière eux les décombres des relations affectives, des projets et des attentes communes. Appelé à vérifier s’il existe un vice de forme dans le consentement matrimonial, le juge doit tenir compte du contexte dans lequel ce consentement s’est formé. Le pape appelle ainsi de ses vœux une conversion pastorale des structures ecclésiastiques pour venir en aide à ceux qui s’adressent à l’Eglise afin de faire la lumière sur leur situation conjugale.

Au cours du congrès à la Grégorienne, François a souhaité un assouplissement des procédures, insistant sur le fait que les sentences devraient être abrégées pour ne pas soumettre les couples à une attente pénible et exténuante. Et pour éviter les formalismes compliqués et inutiles, à ses yeux, il n’exclut pas que de nouvelles normes puissent être édictées à l’avenir. Dans ses deux récentes interventions tout laisse à penser que l’on s’achemine progressivement vers un alignement (présenté pudiquement comme une « harmonisation ») des prescriptions du droit canon sur les situations concrètes de la société contemporaine.

La forte critique du cardinal Velasio de Paolis

Le motif de cet alignement serait la « miséricorde pastorale » opposée à l’intransigeance doctrinale et à la rigidité juridique. A cette opposition artificiellement entretenue, le cardinalVelasio de Paolis, président émérite de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège, a répondu lors d’une conférence donnée à la Faculté de droit canonique de l’Université San Damaso à Madrid (Espagne), le 26 novembre 2014, au cours de laquelle il a critiqué de façon magistrale la proposition 52 du rapport final du synode d’octobre 2014. En voici un extrait significatif : « La question de l’accès des divorcés remariés aux sacrements, en particulier celui de l’eucharistie, a fait l’objet de réflexions pendant le synode extraordinaire des évêques qui a eu lieu au mois d’octobre dernier. C’est à cette question que fait référence la proposition n°52 de la Relatio finale, qui dit ceci : ‘La réflexion a porté sur la possibilité, pour les divorcés remariés, d’accéder aux sacrements de la pénitence et de l’eucharistie. Plusieurs pères synodaux ont insisté pour maintenir la discipline actuelle, en vertu du rapport constitutif entre la participation à l’eucharistie et la communion avec l’Eglise et son enseignement sur le mariage indissoluble. D’autres se sont exprimés en faveur d’un accueil non généralisé au banquet eucharistique, dans certaines situations particulières et à des conditions bien précises, surtout quand il s’agit de cas irréversibles et liés à des obligations morales envers les enfants qui viendraient à subir des souffrances injustes. L’accès éventuel aux sacrements devrait être précédé d’un cheminement pénitentiel sous la responsabilité de l’évêque diocésain. La question doit encore être approfondie, en ayant bien présente la distinction entre la situation objective de péché et les circonstances atténuantes, étant donné que ‘l’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées’ par divers ‘facteurs psychiques ou sociaux’ (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1735’. (…)

Et le haut prélat de demander : la question de la communion des divorcés remariés relève-t-elle de la discipline, de la doctrine ou du magistère ?

« On constate que la rédaction du texte de la proposition fait naître des équivoques. Il y est question de la ‘discipline actuelle’ et d’une possible modification de celle-ci, mais cela suscite un doute, qui rend nécessaire un approfondissement. En réalité, la réglementation en vigueur n’est pas seulement une ‘discipline actuelle’, comme s’il s’agissait d’une norme simplement ecclésiastique et non pas de normes divines, sanctionnées par le magistère, avec des motivations doctrinales et magistérielles qui concernent les fondements mêmes de la vie chrétienne, de la morale conjugale, du sens et du respect de l’eucharistie et de la validité du sacrement de pénitence. Nous nous trouvons face à une discipline qui est fondée sur le droit divin. On ne souligne pas suffisamment le fait que les documents de l’Eglise, dans ce domaine, n’imposent pas d’obligations provenant de l’autorité, mais qu’ils affirment que l’autorité ecclésiastique ne peut pas agir autrement, parce que cette ‘discipline’ ne peut pas être modifiée dans ses éléments essentiels. L’Eglise ne peut pas agir autrement. Elle ne peut modifier ni la loi naturelle ni le respect de la nature de l’eucharistie, parce que ce qui est en question, c’est la volonté divine.

« Dans la mesure où elle prévoit la possibilité de permettre aux divorcés remariés d’accéder à la communion eucharistique, la proposition constitue, de fait, un changement doctrinal. Et cela contrairement au fait que ses partisans affirment qu’ils ne veulent pas modifier la doctrine. D’autre part, la doctrine, de par sa nature même, n’est pas modifiable si elle est l’objet du magistère authentique de l’Eglise. Avant de parler et de discuter d’une éventuelle modification de la discipline qui est actuellement en vigueur, il est nécessaire de réfléchir à la nature de cette discipline. Lorsque l’on étudie cette question il faudrait, en premier lieu, réfléchir à cette doctrine et à son degré de fermeté ; il est nécessaire de bien étudier ce qui peut être modifié et ce qui ne peut pas l’être. Le doute a été insinué dans la proposition elle-même lorsqu’elle demande un approfondissement, qui doit être doctrinal et préalable à toute décision.

« Nous pouvons également nous demander s’il est de la compétence d’un synode des évêques de traiter une question telle que celle-ci : la valeur de la doctrine et de la discipline actuellement en vigueur dans l’Eglise, qui se sont formées au cours des siècles et qui sont sanctionnées par des interventions du magistère suprême de l’Eglise. Par ailleurs, qui est compétent pour modifier le magistère d’autres papes ? Cela constituerait un précédent dangereux. D’autre part, les nouveautés qui seraient introduites au cas où le texte de la proposition serait approuvé seraient d’une gravité inouïe :

a) la possibilité d’admettre à la communion eucharistique, avec l’approbation explicite de l’Eglise, une personne qui est en état de péché mortel, avec risque de sacrilège et de profanation de l’eucharistie ;
b) en agissant de cette façon, on met en discussion le principe général de la nécessité d’être en état de grâce sanctifiante pour pouvoir accéder à la communion eucharistique, en particulier maintenant qu’a été introduite ou qu’est en cours d’introduction dans l’Eglise une généralisation de l’accès à l’eucharistie sans qu’il y ait eu au préalable une confession sacramentelle, même lorsque l’on a conscience d’être en état de péché grave, avec toutes les conséquences néfastes que comporte cette pratique ;
c) admettre à la communion eucharistique un fidèle qui cohabite more uxorio (maritalement) signifierait que l’on met également en discussion la morale sexuelle, fondée en particulier sur le sixième commandement ;
d) de plus, en agissant de cette manière, on donnerait de l’importance au concubinage ou à d’autres liens, ce qui, de fait, affaiblirait le principe de l’indissolubilité du mariage. »
 
Les motivations très concrètes de l’épiscopat allemand

Un autre éclairage, moins doctrinal et beaucoup plus concret, est fourni par l’universitaire américain George Weigel dans un article paru ce mois-ci dans la revue First Things. Quand on sait que le cardinal Walter Kasper est soutenu par l’ensemble des évêques allemands, de l’aveu même du cardinal Reinhard Marx, président de leur conférence épiscopale, on peut se demander ce qui pousse ces évêques – et surtout eux – à militer en faveur de la communion des divorcés remariés. Voici la réponse qu’a obtenue Weigel : « Dix mois avant le Synode, j’ai demandé à un bon connaisseur du catholicisme allemand la raison de l’insistance de la hiérarchie catholique allemande sur la révision du problème de la Sainte Communion à ceux qui vivent de secondes noces civiles, alors que dans le monde, la majorité de l’Eglise considère qu’il a été suffisamment débattu lors du synode de 1980 sur la famille, et qu’il semblait avoir été réglé avec la réaffirmation de l’enseignement et de la pratique traditionnels de l’Eglise dans l’exhortation apostolique de 1981 de Jean-Paul II Familiaris Consortio (La Communauté de la Famille) et en 1983 par le code de droit canonique. J’ai reçu une réponse d’un seul mot : ‘L’argent’.

« L’Eglise allemande est financée par la Kirchensteuer, la ‘taxe de l’Eglise’ (ou impôt ecclésiastique) levée par la République fédérale sur tous les citoyens qui n’ont pas opté pour la sortie de l’Eglise. Les fonds concernés sont considérables ; en 2011, la Kirchensteuer a fourni à l’Eglise catholique en Allemagne 6,3 milliards de dollars. Récemment, toutefois, de plus en plus de catholiques allemands ont opté pour la sortie. Dans une tentative maladroite d’arrêter la saignée, les évêques allemands ont émis en 2012 un décret affirmant que celui qui ne paie pas la taxe ‘sort de l’Eglise’ et que de tels apostats de facto sont exclus de sa vie sacramentelle, sauf en danger de mort. Le décret a été largement raillé et des canonistes allemands l’ont déclaré nul, car pour ‘sortir de l’Eglise’ il faut plus que la signature d’une déclaration assermentée. Et en tout cas, le paiement de la Kirchensteuer n’a cessé de baisser.

« De nombreux évêques allemands semblent en avoir conclu que ce schéma de désertion du paiement de la taxe de l’Eglise s’explique par la perception de l’Eglise catholique comme la représentante minable, mesquine et cruelle de propositions, comme l’indissolubilité du mariage, qu’aucun Européen du 21e siècle qui se respecte ne peut accepter. Le fait que les gens aient arrêté de payer la Kirchensteuer parce qu’ils ne croient plus que Jésus est le Seigneur et que l’Eglise catholique est son Corps, semblerait l’explication la plus directe. Mais adopter cette interprétation oblige à admettre que l’effondrement de la foi et de la pratique catholiques en Allemagne est en rapport avec l’échec colossal de la théologie et de la catéchèse allemandes à transmettre efficacement l’Evangile dans les difficiles conditions de la modernité tardive et de la post-modernité. Mais – pour emprunter l’image à une autre bataille – ça c’est un pont trop loin (allusion au film Un pont trop loin relatant l’opération Market Garden – septembre 1944 – où, devant une défaite écrasante, le général anglais Browning reconnaît : « Nous avons essayé d’aller un pont trop loin »).

(Sources : Apic/IMedia/Figaro Magazine/espressonline/benoitetmoi – DICI n°309 du 30/01/15)

29 janvier 2015

[Disputationes Theologicae] L’exhumation intéressée du Père Dupuis

Alberto Melloni avec Enzo Bianchi
SOURCE - Disputationes Theologicae - 29 janvier 2015

Répétition générale de Vatican III, contre Dominus Jesus
L’exhumation intéressée du Père Dupuis

Ce n’est pas un hasard si depuis quelque temps, dans l’actuel cadre doctrinal et ecclésial complexe, soit en marche - avec une vraie et propre “liquidation” organisée de Dominus Jesus - une œuvre de mise en valeur des théories du jésuite Jacques Dupuis, dont la condamnation, sous le Pontificat de Jean Paul II, fut un événement d’une portée non secondaire. Au nom du fameux “Esprit du Concile” (désormais Vatican III ou IV) ont été aussi avancées des accusations ouvertes contre le Cardinal Ratzinger à l’époque - Benoît XVI -, en affirmant que le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’aurait pas été en harmonie avec Jean Paul II (1). Dans cette opération ce dernier est présenté - par une manœuvre politique sans trop de scrupules - comme proche même des théories (héréticales) du Père Dupuis. On méconnait que le Pape Jean Paul II dédia l’Angelus du 1er octobre 2000 à la Déclaration Dominus Jesus, et qu’il répondait déjà : “c’est moi qui l’ai voulue, elle est parfaitement conforme à ma pensée” (2), comme relaté même dans les témoignages rendus par le Cardinal Tarcisio Bertone, à l’époque Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Au même endroit (le livre “L’ultima veggente di Fatima”), le Cardinal témoigne aussi de l'intéressante genèse du dit document : à ce même Pontife étaient parvenus de nombreux témoignages de missionnaires du monde entier, selon lesquels la vague œcuméniste était en train d’apporter un dommage à la vigueur missionnaire (3).

Les fauteurs de Vatican Trois en effet ont une spéciale antipathie pour la DéclarationDominus Jesus, vue comme un texte qui voulut poser, quoique avec les limites des textes de compromis, un frein au projet d'extrême dissolution des contenus de la foi. La dissension ne se limite pas à des parties accidentelles ou à ce qui pourrait, dans une certaine mesure, être encore une question ouverte, mais elle se déchaine spécialement sur le fond du sujet, c’est-à-dire sur l’unicité du salut en Jésus-Christ et seulement par Lui, en diffusant dans les faits l’hérésie ouverte. Une telle contestation, qui couve discrètement sous les cendres depuis des années (en février 2011 notre revue avait écritL’Osservatore Romano attaque "Dominus Jesus" et la Commission Ecclesia Dei), entraine aussi l’autre texte connexe à la problématique et malheureusement connu presque seulement par les spécialistes, la Notification sur le livre du Père Dupuis (4). C’est sur cette dernière que nous nous arrêterons; en effet, elle - plus concise et plus ponctuelle que Dominus Jesus à laquelle elle renvoie - utilise des expressions qui ont la “faute” d’un certain courage doctrinal et d’une certaine netteté expressive. Affirmations qui, ce n’est pas un hasard, ont attiré les violentes attaques de “l’Ecole de Bologne” et aussi de ceux qui - sur la famille et le mariage - voudraient justifier théologiquement le divorce entre l’Evangile du Christ et un nouveau “souffle de l’Esprit”. Un dessein théologique (ou plutôt idéologique) assez vaste.


Le Père Dupuis et la condamnation des doctrines hérétiques

Le Père Jacques Dupuis, jésuite, nait en Belgique en 1923. Le religieux passe une grande partie de son activité en Inde où il s’interroge sur la question du salut pour ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catholique; nait ainsi un intérêt pour la dite “théologie (même là où il n’y a pas de théologie) des religions non chrétiennes”. En 1984, il est appelé à enseigner à la Grégorienne, en recevant aussi la nomination de consulteur du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. Grâce au prestige de l’enseignement dans une telle Athénée, sa pensée “théologique” acquiert de la notoriété et des consensus, pas seulement dans l’Urbe, jusqu’en 1997 lorsqu’il publie son livre : “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux”. C’est le moment où le Père Dupuis fait “le grand saut”, selon les dire de nombreux collègues qui ne sont pas hostiles à la figure du jésuite; c’est en effet le moment où se fait clair le passage vers les positions du “pluralisme inclusif” ou “inclusivisme pluraliste”, comme on veut. Que ces termes n’impressionnent pas, leur contenu - quoique en continuelle évolution interprétative - sera expliqué par la suite; pour l’instant nous remarquons seulement que si d’un côté ils sont utiles aux théologiens pour cataloguer les lignées de pensée (même hétérodoxes), d’un autre côté ils servent aussi à faire passer en douce comme “théorie soutenable parmi tant d’autres” ce qui n’est par contre qu’hérésie pure et simple (5).

Nous posons comme prémisse que pour la doctrine de l’Eglise le salut en dehors des confins visibles de l’Eglise catholique n’est pas impossible, et - sans attendre la découverte des Amériques, ni les théoriciens de “l’inclusisivisme pluraliste” d’aujourd’hui - Saint Thomas en parle déjà (6), mais une telle union au Christ Sauveur arrive “malgré” l’appartenance aux fausses religions. C’est-à-dire que l’appartenance à celles-ci n’est absolument pas cause de salut, parce qu’elles ne sont pas instrument de la grâce du Christ, au contraire en elles-mêmes elles sont un obstacle au salut. Il est vrai cependant qu’accidentellement peuvent être présent en elles certaines vérités en tant que dérivées de la Révélation primitive, de la loi naturelle ou aussi d’une intervention surnaturelle (quoad modum) qui n’est pas impossible dans des cas singuliers, qui ne renvoient pas à la fausse religion en tant que telle. C’est le cas par exemple, traditionnellement admis, des Sibylles païennes, lesquelles purent prophétiser le vrai sur le Christ. Jamais cependant l’intervention divine accrédite de telles fausses religions, mais elle permet seulement qu’en elles demeurent des lueurs de vérité, pour que soit facilité l’abandon de l’erreur et qu’on rentre - ou du moins qu’on ait le désir même seulement implicite d’entrer (cf Mystici Corporis) - dans l’unique Arche de salut : l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, c’est-à-dire l’unique société surnaturelle visible qui soit médiatrice de salut.

Qu’est ce donc que le dit “pluralisme inclusif” ou “l’inclusivisme pluraliste” de Dupuis, dont Enzo Bianchi - fraichement nommé consulteur au Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens - avait fait l’éloge sur Avvenire du 22 septembre 1997 : “contribution très précieuse, presqu’un guide, une boussole, qui peut orienter le chemin de la théologie chrétienne face au troisième millénaire entrant” ? En quoi consiste une telle doctrine que l’Ecole de Bologne aussi apprécie et propage avec tant d’enthousiasme ?

Comme le sait bien celui qui connait la tactique des modernistes, ils affirment rarement de façon claire ce qui est condamné ouvertement par l’Eglise, ils insinuent plutôt des contenus dangereux pour le dogme - même en se rétractant si nécessaire dans d’autres contextes - pour ensuite revenir à la charge avec une dose de venin plus grande encore. Très souvent ensuite ils font usage de la donnée subjectivo-immanente, en concentrant l’analyse sur les intentions internes (et insondables) des auteurs, d’ailleurs interprétées de façon élastique et “utile”, plutôt que sur la signification des mots ou des textes.

Une fois cette prémisse posée et pour en venir au Père Dupuis, du fait que son cœur n’est connu que par Dieu et du fait que les récentes déclarations-interprétations d’Alberto Melloni (7) à ce sujet ne sont pas pleinement vérifiables, à cause aussi de la mort de l’auteur, il faut s’en tenir - comme toujours dans ce cas - à la seule donnée objective. Telle a toujours été l’attitude du Saint Office, qui condamne ou approuve le sens objectif des phrases écrites ou dites. Si par ailleurs l’auteur avait une intention différente ou s’il s’est mal exprimé, tant mieux, cela voudrait dire que sa faute est moindre ou même nulle, mais cela n’enlève pas qu’un texte puisse être hérétique et donc dommageable pour la foi, et qu’en conséquence il soit à sanctionner publiquement. Si ensuite l’auteur est honnête, il peut se rétracter, accepter la doctrine catholique dans sa claire formulation traditionnelle et, s’il n’a jamais voulu la corrompre, il serait aussi une bonne chose qu’il s’excuse humblement envers l’Eglise - Fénelon le fit de la chaire - pour le dommage involontaire apporté aux âmes. Nous ajoutons aussi l’affirmation, pour ceux qui veulent vraiment rester sur le terrain subjectif, que fit Jacques Dupuis lui-même, lequel suite à l’acceptation de la Notification de 2001 confirmait “ sa volonté de rester fidèle à la doctrine de l’Eglise et à l’enseignement du Magistère”(8).

En faisant maintenant abstraction des dispositions internes du jésuite cité, dont l'intérêt - en dépit de l’instrumentalisation qu’en fait la faction progressiste - est en soi assez relatif, nous remarquons que le “pluralisme inclusif” du livre en question non seulement cherche à expliquer les voies mystérieuses de Dieu, qui ne dédaigne pas d’offrir une certaine possibilité de salut aussi aux non catholiques, mais il ouvre même la route à des voies de salut qui ne passeraient pas par Jésus-Christ. De telles voies - parmi lesquelles celle de l’hindouisme, bien connu par Dupuis - seraient possible en vertu d’une étrange œuvre universelle du Verbe ainsi que de celle de l’Esprit. Les fausses religions ne seraient même plus des instruments à inclure - thèse déjà en soi digne de censure - dans le projet salvifique du Christ, qui se servirait d’elles en tant que telles pour infuser la grâce, mais on s’aventure même dans une idée de “complémentarité” des autres religions par rapport au Christianisme. Cela serait comme si le salut, à travers le Verbe et l’Esprit, devenait possible même dans les fausses religions non seulement “malgré elles” comme l’affirme la droite doctrine; non seulement “en se servant d’elles, quoique non principalement”, ainsi que le dit un certain “relativisme modéré” appelé (euphémistiquement) “christocentrisme inclusif”; mais même “par elles” en tant que “voies complémentaires” - de fait alternatives - au salut par Jésus-Christ. Nous sommes face à la recherche d’un fondement spéculatif pour une structure qui apparait plutôt comme une sorte de relativisme “inclusivo-panthéiste”. Le Père Dupuis - avec une certaine cohérence interne - arrive à s’interroger sur comment et quand se réalisera la souhaitée “convergence universelle” de toutes les religions, mais il utilise aussi des expressions sur la “complémentarité réciproque” et sur l’effectif “enrichissement et transformation réciproques” que de telles religions peuvent apporter au Christianisme et cela non seulement dans l’ordre socio-culturel mais même dans l’ordre surnaturel du salut (9).


La condamnation des hérésies connexes à l’œuvre de Dupuis

Le 24 janvier 2001, après une longue analyse et avec des mots qui ne manquent pas de trouver des excuses subjectives pour l’auteur, par ordre du pape Jean Paul II, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à l’époque le Cardinal Ratzinger, “dans le but de sauvegarder la doctrine de la foi catholique d’erreurs, d’ambiguïtés ou d’interprétations dangereuses” - lit-on dans le Préambule - signe la Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s.j.,«Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux». La Notification avec un ton assez clair (les mots en gras sont de la Rédaction) affirme d’abord qu’ “il faut croire fermement que Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, crucifié et ressuscité, est le médiateur unique et universel du salut de toute l’humanité” (n°1). Ensuite - les erreurs du Père Dupuis altérant plus ou moins indirectement aussi la doctrine de l’union hypostatique et de la divinité du Christ - laNotification affirme : “Il faut aussi croire fermement que le Jésus de Nazareth, Fils de Marie et seul Sauveur du monde est le Fils et le Verbe du Père. En raison de l’unité du plan divin de salut, qui a son centre en Jésus-Christ, il faut tenir en outre que l’œuvre salvifique du Verbe est accomplie dans et par Jésus-Christ, Fils incarné du Père, en tant que médiateur du salut de toute l’humanité. Il est donc contraire à la foi catholique non seulement d’affirmer une séparation entre le Verbe et Jésus ou une séparation entre l’action salvifique du Verbe et celle de Jésus, mais aussi de soutenir la thèse d’une action salvifique du Verbe comme tel, dans sa divinité, indépendamment de l’humanité du Verbe incarné” (n°2).

Elle déclare aussi qu’il n’y a aucune complémentarité des autres religions dans la voie du salut parce que : “la révélation historique de Jésus-Christ offre tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’homme et n’a pas besoin d’être complétée par d’autres religions” et qu’ “il est donc contraire à la foi de l’Eglise de soutenir que la révélation par/en Jésus-Christ soit limitée incomplète ou imparfaite” (n°3).

Ainsi il est aussi “contraire à la foi catholique de considérer les diverses religions du monde comme des voies complémentaires à l’Eglise pour ce qui est du salut” (n°6). Et “considérer comme voies de salut ces religions, prises comme telles, n’a aucun fondement dans la théologie catholique; en effet, elles présentent des lacunes, des insuffisances et des erreurs sur les vérités fondamentales regardant Dieu, l’homme et le monde” (n°8).

On ne peut pas parler non plus d’un “souffle de l’Esprit Saint” qui dépasse l’Evangile et qui va au-delà de Jésus-Christ et de Ses paroles de vie éternelle : “La foi de l’Eglise enseigne que l’Esprit Saint, à l’œuvre après la résurrection de Jésus-Christ, est encore l’Esprit du Christ envoyé par le Père qui opère de manière salvifique aussi bien dans les chrétiens que dans les non-chrétiens. Il est donc contraire à la foi catholique de considérer que l’action salvifique de l’Esprit Saint puisse s’étendre au-delà de l’unique économie salvifique universelle du Verbe incarné” (n°5).


Un texte encombrant

Il est notoire que les ennemis de la Notification sur le livre de Dupuis n’aiment pas non plus Dominus Jesus, mais la Notification en raison de certaines condamnations laconiques de ce qui est “contraire à la foi catholique” et en raison de certaines affirmations circonscrites de ce “qu’il faut croire fermement”, demeure pour eux le texte le plus odieux de ces dernières années. Et cela bien au-delà des seules discussions théologiques sur la pensée du jésuite belge. L’enjeu est bien plus élevé et en même temps plus concret. Il suffit de la relire rapidement - elle est même assez courte - pour s’en rendre compte LINK (ici le texte intégrale).

En effet, la haine récemment déversée sur ce texte a aussi pour raison une actualité plus brulante. Les thèses connues et insoutenables qu’on voulait imposer au récent Synode sur la famille, on le sait, ont été précédées par une œuvre “théologique” qui permettait “d’outrepasser” l’obstacle posé par les trop claires paroles du Christ. Il était nécessaire de poser l’hypothèse d’un “souffle de l’Esprit” qui sauve les hommes “au-delà” de ce qu’ils appellent “l'événement Christ”, en permettant ainsi d’aller “au-delà” des paroles de l’Evangile. Ce n’est pas un hasard si “l’aspect théologique” qu’on voulait donner à certaines thèses synodales sur l'accès sans distinction à l’Eucharistie - courageusement refusées, du moins en 2014 - était celui de faire un parallélisme avec “la largeur” des voies de salut des non chrétiens. “Voies” qui pourraient aller d’une certaine façon même “au-delà du Christ” (quoiqu’en sauvant la façade par quelques éventuelles référence à Lui) et “au-delà de Sa loi”... De tels discours ont été tenus ouvertement surtout pendant la préparation du Synode (qu’on voit à ce sujet la présentation en juin 2014 duDocumentum laboris) et ils ont aussi leurs lointaines racines doctrinales dans cette notion de salut et de grâce que la Notification condamne. En effet, le document affirme qu’un vague “souffle de l’Esprit” - pas “Saint” parce que séparé du Christ et de son Evangile qui ne peuvent jamais être “outrepassés” - n’est pas et ne sera jamais cause de salut universel. Il s’en suit donc au moins un redimensionnement indirect des autres théories dérivées du “spiritualisme panthéiste”, si cher à une certaine littérature allemande (Cf. L’influence de Luther derrière la “thèse Kasper”?).

Au sujet de l’apparent et postérieur retour du Père Dupuis aux erreurs qu’il avait déjà réprouvés, nous remarquons que cette donnée, tout en n’étant pas à exclure, est cependant à nuancer par rapport à l’instrumentalisation des publications actuelles; la plupart des affirmations se fondent en effet sur des textes que l’auteur ne publia pas de son vivant. Nous rappelons aussi que la Notification “approuvée par le Saint Père [Jean Paul II ] durant l’audience du 24 novembre 2000, a été présentée au Père Jacques Dupuis et acceptée par lui. En signant ce texte, l’Auteur s’est engagé à reconnaître les thèses énoncées et à s’en tenir à l’avenir, dans ses activités théologiques et ses publications aux contenus doctrinaux indiqués dans la Notification” (10).

En conclusion, il faut souligner que le problème implique toute l’Eglise, bien au-delà des événements personnels du complexe jésuite. A ceux qui utilisent le défunt pour des manœuvres politico-idéologiques, nous répondons : Iam parce sepulto. Et nous ajoutons que si la pertinace obstination dans l’erreur et dans l’hérésie que dans les faits on lui attribue peut bénéficier peut-être de circonstances atténuantes, par contre de ce privilège bienveillant ne peuvent pas en bénéficier ceux qui s’obstinent sans retenue et continuent aujourd’hui à défendre des thèses condamnées même sévèrement, jusqu’au point de s’opposer dans les pages des grands quotidiens et même dans un cadre théologique autorisé - avec une persévérance luciférienne - à l’évidence de la doctrine catholique.

La Rédaction de Disputationes Theologicae
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1) Cf. A. Melloni, “La salvezza è di tutti, non sono eretico”, attacco a Dupuis per colpire Woytila, inCorriere della Sera, 4 gennaio 2015, p. 12.

2) T. Bertone, L’ultima veggente di Fatima, Milano 2007, p. 113.

3) Ibidem, p. 112.

4) Congregation pour la Doctrine de la Foi, Notification sur le livre du P. Jacques Dupuis, s. j., “Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux” Paris, Cerf 1997, 24 janvier 2001 [Notification].

5) Cf. par exemple l’encadrement générale de la question chez P.F. Knitter, Introduzione alle Teologie delle Religioni, Brescia 2005; cf. aussi F. Patsch, Metafisica e religioni: strutturazioni proficue, una teologia delle religioni sulla base dell’ermeneutica di Karl Rahner, Roma 2011, pp. 389 e ss.

6) Sur les effets du “Baptême de désir” cf. S. Th., IIIa, q. 68, a. 2 corpus; IIIa, q. 69, a. 4, ad secundum; Ia IIae, q. 106, a. 1, ad tertium.

7) Cf. note 1.

8) Notification, cit., Préambule.

9) Jacques Dupuis, Verso una teologia cristiana del pluralismo religioso, Brescia, 1997, pp. 19, 439, 337-341, passim.

10) Notification, cit., Préambule.

28 janvier 2015

[sspx.ca / La Porte Latine] Mgr Brandmuller a commencé ses visites d'évaluation... Mais qui est le cardinal Brandmuller?

SOURCEDistrict du Canada de la FSSPX - traduction par La Porte Latine - janvier 2015

Le 23 Septembre, Mgr Fellay a rencontré le cardinal Müller dans les bureaux du Vatican; à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le principal résultat de la réunion a été la décision de poursuivre les discussions afin de «clarifier les points de discorde qui restent».

Mgr Fellay a expliqué plus tard que les discussions seraient "poursuivies dans un cadre plus large et moins formel que les discussions précédentes».

La première série de discussions a eu lieu le 5 Décembre au Séminaire de la FSSPX Herz Jesu de Zaitzkofen entre le cardinal Brandmuller, Mgr Fellay et plusieurs prêtres de la FSSPX. Deux autres réunions sont prévues aux les séminaires de la Fraternité, à Flavigny (France) et à Winona (Etats-Unis d'Amérique).

Qui est le cardinal Brandmuller?

Le cardinal Brandmuller (Photo ci-dessus) a 85 ans, il est de nationalité allemande, a été ordonné prêtre en 1953, évêque consacré et nommé cardinal en 2010. Son éminence est titulaire d'un doctorat d' histoire; de 1969 à 1997 il a été, successivement, professeur d'Histoire de l'Église & patrologie, professeur d'Histoire moderne et médiévale de l'Église (Université d'Augsbourg).

Il est également un spécialiste reconnu de l'histoire de conciles. De 1998 à 2009 il a été président de la Commission pontificale des sciences historiques. (Wikipedia)

Que pense-t-il du travail de la FSSPX?

Ce qui est plus intéressant pour nous est ce qu'il pense du travail actuel de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et de la crise de l'Eglise du Christ. Les éléments clés de l'opinion de Son Eminence peuvent se résumer en trois points:
  • la FSSPX rejette le développement doctrinal légitime, mais la vitalité de la FSSPX oblige l'Eglise à prouver que ses protestations sont sans fondement. (CNS);
  • Le Novus Ordo Missae est attribuable ni au Concile, ni à la constitution sur la liturgie. (Rorate-Caeli)
  • Il y a des distorsions entre l'enseignement conciliaire qui donne peut-être une fausse conception de l'Église et les documents du Concile Vatican II qui ne sont pas encore pleinement mis en œuvre. (Zenit)
Dans la controverse entourant le Synode sur la famille, son Eminence a soutenu l'enseignement de l'Église comme co-auteur avec les Cardinaux Muller, Burke, De Paolis, et l'archevêque Caffarra d'un livre intitulé "Demeurer dans la vérité du Christ".

Il a également donné des interviews indiquant que :
  • Le travail pastoral ne peut pas être en contradiction avec la doctrine. (Lifesitenews)
  • Seulement si la nature humaine venait à changer la doctrine morale de l'Église pourrait être modifiée. (Catholic World Report)
Enfin, les actions parlent plus forts que les mots. Le Cardinal Brandmuller, n'est pas intimement familier avec, mais il est familier des «traditionalistes». Son éminence a participé au congrès de Una Voce International (FIUV), et a célébré publiquement et solennellement la messe tridentine à Saint. Pierre.

A la lecture des points précédents, quelles conclusions pouvons-nous tirer?

Peut-être l'aspect le plus important, est que le cardinal Brandmuller, étant à la retraite et dans l'impossibilité de voter au prochain conclave, a un haut degré d'indépendance au sein des diverses forces qui existent dans les cercles du Vatican. Cette indépendance, couplée avec une compréhension profonde de l'histoire de l'Eglise devrait servir de base solide pour ses discussions d'évaluation de la FSSPX et de ses positions doctrinales dans le contexte plus large de la vie de l'Église.

Enfin, Son Eminence n'est pas hostile aux traditionalistes en général et à la FSSPX en particulier. Comme la FSSPX incarne tous les aspects clés du catholicisme traditionnel sans compromis, c'est encore une autre occasion de déterminer si l'Eglise est prête à accepter les catholiques traditionnels, en tant que catholiques.

[Diocèse de Chicoutimi] Au sujet de la messe traditionnelle à Saguenay

SOURCE - Diocèse de Chicoutimi - 28 janvier 2015

Chicoutimi, le 28 janvier 2015

À la suite d’un courriel largement distribué le 13 janvier dernier au sujet de la messe traditionnelle de Saint Pie V et de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, il m’apparaît de ma responsabilité, comme évêque du diocèse de Chicoutimi, de vous partager les informations suivantes :
  • Le groupe Tradition Saguenay, qui annonce une célébration de la messe pour le 15 février dans un lieu non déterminé, est en lien avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Or, il faut rappeler que cette Fraternité, fondée par Mgr Lefebvre en 1970, et érigée canoniquement comme « Pieuse union » pour une durée de trois ans ad experimentum, a perdu sa reconnaissance officielle le 6 mai 1975.
  • De plus, le 22 juillet 1976, Mgr Lefebvre a été suspendu a divinis de l’exercice du ministère après avoir ordonné des prêtres sans lettres dimissoriales.
  • Rappelons aussi que le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre a procédé à l’ordination de quatre évêques sans l’autorisation du Saint-Siège et a été excommunié par le pape Jean-Paul II le 1er juillet suivant. La Fraternité Saint-Pie X est donc, depuis, en état de schisme sacramentel avec l’Église catholique et, par conséquent, n’est pas en « parfaite communion » ni avec le pape, ni avec l’Église catholique.
  • Dans un souci d’unité de l’Église, le 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI a publié le Motu Proprio Summorum Pontificum autorisant la célébration, selon certaines conditions très précises de la messe selon la forme extraordinaire du rite romain, c'est-à-dire du rite tridentin. De plus, avec le même objectif, le 21 janvier 2009, le pape Benoît XVI a levé l’excommunication des évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Malgré ces gestes d’ouverture de la part du pape Benoît XVI, il n’y a pas eu de réintégration des évêques ordonnés dans l’Église catholique, car après plusieurs rencontres entre le Saint-Siège et les dirigeants de la Fraternité Saint-Pie X, ces derniers refusent toujours l’autorité du pape et du concile Vatican II.
  • Enfin, il faut faire la distinction entre la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qui est en communion avec l’Église catholique. Cette dernière a été érigée par le pape Jean-Paul II le 2 juillet 1988, à la suite de l’excommunication de Mgr Lefebvre, afin de permettre aux prêtres ordonnés par celui-ci de réintégrer l’Église catholique.
Je trouvais important de vous transmettre ces informations, afin qu’on ne considère pas cette célébration annoncée comme étant autorisée par l’évêque.

+ André Rivest
Évêque du diocèse de Chicoutimi

27 janvier 2015

[Mgr Schneider - La Revue Item] Saint Pie X le Grand

SOURCE - La Revue Item - 27 janvier 2015

Mgr Schneider a visité le séminaire Saint Vincent de Paul le 8 décembre dernier. Nous avons été honoré de le recevoir. Il nous a donné une conférence sur Saint Pie X que je suis heureux de publier sur mon site. Vous la trouverez aussi sur le site du séminaire Saint Vincent de Paul.

Le saint pape Pie X, dont nous fêtons en cette année 2014 le centième anniversaire de sa mort, a été et reste aujourd’hui encore une grande lumière pour l’Église et pour les hommes des temps modernes. Depuis la Révolution française, cette grande révolte contre Dieu et le Christ, contre « Dieu et Son Oint » (Ps. 2,2) le rejet de Jésus et de Sa Vérité n’a fait que s’amplifier dans la société civile jusqu’à nos jours. Ce rejet montre de façon terrifiante ce qu’est une vie sans Dieu et sans Vérité, à savoir la destruction matérielle, morale et spirituelle de la vie humaine. La société civile se détruit elle-même en mettant à la place de Dieu et du Christ l’homme tombé dans le péché et en en faisant un objet de vénération et l’arbitre de la Vérité. La véritable maladie de notre temps est l’anthropocentrisme qui ne fait rien d’autre que de conduire à l’une des plus cruelles dictatures : la dictature du relativisme théorique et pratique. Vu à la lumière de l’histoire des religions un tel anthropocentrisme constitue avec sa fille qu’est le relativisme une forme d’idolâtrie, un nouveau paganisme. Depuis la Révolution française l’esprit de l’anthropocentrisme et du relativisme s’efforce sous les notions séduisantes de droits de l’homme et de liberté de pénétrer de plus en plus dans l’espace de la vie ecclésiale en exigeant de l’Église de se réconcilier avec l’esprit de la modernité et du monde d’aujourd’hui, et cela signifie ni plus ni moins que l’Église se doit d’accepter les principes de l’anthropocentrisme et du relativisme.

Ceux qui ont critiqué saint Pie X – jusque dans les rangs de l’Église – l’ont accusé de s’être fermé au monde moderne. Pourtant rien n’est plus faux qu’une telle affirmation. Pie X a toujours été ouvert à la lumière et à la vérité, c’est-à-dire au Christ et a ouvert en grand les portes de la Vérité du Christ tant à l’Église qu’au monde égaré dans l’esclavage de l’adoration de l’homme. Par là-même il s’est révélé non seulement comme un fidèle pasteur de l’Église, mais aussi comme un authentique bienfaiteur des hommes, comme un apôtre moderne et un évangélisateur fécond. En attendant, les fruits de son action sont empêchés par la crise postconciliaire qui dure depuis 50 ans. Sa devise « Tout restaurer dans le Christ » (Instaurare omnia in Christo : Eph. 1, 10) commence à se réaliser au sein de l’Église, tout d’abord au niveau des « petits », dans de nombreuses initiatives et communautés qui ne font pas partie de l’establishment ou de la nomenklatura.

Pour Giuseppe Sarto (Pie X) la foi dans le Christ était synonyme de courage de la confesser sans aucune crainte du monde. Dans sa première lettre pastorale en tant qu’évêque de Mantoue Giuseppe Sarto se fixe à lui-même comme un programme pour son action épiscopale. On pourrait la résumer ainsi : une absence de crainte  à dénoncer les erreurs du monde moderne, un zèle à catéchiser les hommes et une confiance inébranlable en Dieu. Dans cette lettre pastorale il est dit entre autre :

« De nos jours on voit des gens sans vergogne déclarer la guerre au ciel lui-même, nier mystères et miracles, aller jusqu’à attaquer Dieu sur son trône. Ils le mettent à égalité avec les créatures comme en faisant partie, puis ils Le condamnent à un destin aveugle ou se font de Lui une représentation totalement folle et fantaisiste pour finalement nier totalement son existence. Mais à ce moment-là est-ce que je dois pour autant perdre courage ?… La dignité de la fonction épiscopale est terrifiante, son fardeau a de quoi remplir de crainte les anges eux-mêmes. Il faut bien avoir ces vérités devant nos yeux : les évêques se doivent d’être des anges, non seulement par une vie exemplaire et la sainteté de leurs mœurs, mais aussi par une plénitude d’inspiration avec laquelle ils peuvent remplir l’esprit de ceux qui leur sont confiés de sorte que leurs admonitions fassent revenir ceux qui sont dans l’erreur sur le chemin du salut, que les tièdes soient enflammés au feu du ciel et que les bons deviennent toujours meilleurs. Face à ma grande faiblesse cette tâche extrêmement délicate ne m’effraie en aucune mesure. Plus elle sera difficile, plus l’espérance chrétienne me fortifiera, évoquant la présence de Dieu qui me dira les paroles jadis adressées à Gédéon :  Je serai avec toi  ou qui me répétera les paroles adressées à Abraham : N’aie pas peur. Je suis ton bouclier et ta récompense  sera très grande » (Lettre pastorale du 18 mars 1885).

La devise « Tout restaurer dans le Christ » (Instaurare omnia in Christo) a été depuis son épiscopat le phare de son action. Le progrès spirituel et la vraie paix dans l’Église seront garantis dans la mesure où le Christ lui-même et la foi catholique immuable transmise à l’Église par Lui auront la première place. Lors de sa première visite pastorale dans le diocèse de Mantoue il écrivait à ses prêtres :

« Je désire vous voir pour éveiller en vous les principes les plus sublimes de la foi. Je viendrai chez vous pour vous rappeler que Jésus Christ est l’auteur parfait de notre foi, car Il est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité. Je viendrai chez vous pour vous dire que de même qu’il n’y a qu’une vérité et qu’une foi, de même il n’y a qu’une Église, l’épouse du Christ, qui est la gardienne du trésor de la foi. Je viendrai vous voir pour vous assurer que nous ne pouvons trouver le repos et la paix que dans la foi » (Gianpaolo Romanato,Pio X., op. ci., p. 266).

Le mal véritable des temps modernes réside dans le bannissement du Christ hors de la vie sociale des peuples. La tentative de reléguer à l’écart Jésus, Sa vérité et Sa visibilité a commencé à pénétrer à l’intérieur de l’Église de diverses manières dès la fin du XIXème siècle. Dans sa lettre pastorale de 1887 le jeune évêque Giuseppe Sarto analysait clairement ces erreurs modernes. Ça ressemblait à un petit Syllabus et à une anticipation de son encyclique la plus importante sur le plan de catéchétique, à savoir l’encyclique Pascendi. Il déclarait dans cette lettre pastorale :

« Beaucoup de chrétiens qui n’ont qu’une connaissance superficielle des choses de la foi et qui pratiquent peu revendiquent le droit d’être des maîtres à penser en déclarant que l’Église doit enfin s’adapter aux exigences de l’époque, prétendant qu’il serait impossible de maintenir ses règles dans leur intégralité d’origine et que dorénavant les personnes les plus sages et les plus pratiques seront les plus miséricordieuses, c’est-à-dire qu’elles seront à même de sacrifier une partie de l’ancien trésor pour sauver le reste. Dans un tel christianisme moderne, dans lequel la folie de la Croix est passée sous silence, les dogmes de la foi doivent s’adapter humblement aux exigences de la nouvelle philosophie. Le droit public de l’ère chrétienne doit faire timidement face aux grands principes des temps modernes. Même s’il ne renie pas ses origines et son passé il doit néanmoins reconnaître la légitimité de sa défaite face à son vainqueur. La norme morale trop stricte de l’évangile doit céder le pas devant les joies et les ajustements,  et la discipline doit finalement reprendre toutes les prescriptions qui ne font qu’importuner la nature, afin de participer elle-même à l’heureux progrès de la loi de liberté et d’amour. Ces principes ne seront plus diffusés exclusivement par les ennemis déclarés de l’Église, mais aussi par ceux qui se disent eux-mêmes enfants de cette Église ; et après que ceux-là même auront combattu et bafoué les lois de l’Église, ils se sentiront outragés si l’Église  les désigne comme étant des déserteurs de ses rangs et les fils de ses douleurs… C’est un manque de foi et d’égards pour l’Église que de vouloir la soutenir avec nos jugements à courte vue. Tenons-nous-en fermement à cette vérité que l’Église est d’origine divine et nous verrons alors que cette façon de juger et d’agir est non seulement vile et lâche, mais aussi impudente et peccamineuse… J’espère que ces germes mortels ne figurent pas parmi vous. Mais comme l’erreur ressemble à une plante qui doit être arrachée avec la racine et que l’évêque a reçu pour mission non seulement d’exhorter, d’assaillir, de rappeler à l’ordre, mais aussi de mettre en garde, il vous répète à nouveau : Faites attention et éloignez-vous de ceux qui s’arrogent la mission de conseiller et de décider des concessions que l’Église doit faire aux soi-disant besoins des temps nouveaux ».

La véritable maladie de l’époque moderne tient au manque de respect de Dieu et de Sa Volonté, et cela conduit alors à l’oubli de Dieu Lui-même (cf. E supremo apostolatu, n. 4). Saint Pie X décrit plus en détail cette situation dans la même encyclique :

« La dévotion religieuse est attaquée de toute part avec un extrême aplomb et avec hargne, les dogmes de la foi révélée sont niés, on essaye obstinément de réprimer et d’anéantir toute relation entre l’homme et Dieu ! En effet, par une attitude propre à l’antéchrist d’après l’apôtre, l’homme a pris la place de Dieu avec une audace inouïe ; et bien que l’homme ne parvienne pas à gommer totalement  en lui la connaissance de Dieu, il récuse cependant Sa majesté, consacre pour lui-même ce monde visible dont il fait un temple et se fait adorer par les autres » (n. 5).

La description de cet état du monde moderne d’il y a 100 ans est encore plus valable au début de notre 21ème siècle.

Saint Pie X voyait que la tâche particulière de l’Église dans le monde moderne était de « restituer au Christ le genre humain » (E supremo apostolatu, n. 8). Dans la réalisation de cette tâche l’Église ne peut occulter les vérités divines, mais doit au contraire proclamer clairement et sans ambages les droits de Dieu dans tous les domaines de la vie humaine :

« Il est nécessaire, avec tous les moyens possibles, d’éradiquer totalement ce crime terrible et abominable (typique pour notre époque) par lequel l’homme a pris la place de Dieu. C’est pourquoi nous devons ramener à leur ancienne dignité les lois les plus sacrées et les enseignements de l’évangile. Nous devons proclamer haut et fort les vérités transmises par l’Église, tous ses documents sur la sainteté du mariage, sur l’éducation et la formation des enfants, sur la possession et l’usage des biens (matériels), sur les devoirs de l’administration publique » (E supremo apostolatu, n. 9).

Le soi-disant modernisme de l’Église, que Pie X a magistralement analysé et solennellement condamné dans son encyclique Pascendi, est à vrai dire une trahison de Jésus Lui-même, une trahison des vœux du baptême, puisqu’on place l’esprit du néopaganisme, du naturalisme et de l’anthropocentrisme à la place de l’honneur dû au Christ. Il s’agit là d’après Pie X d’une guerre civile dangereuse au sein de l’Église, car elle s’attaque à sa racine et à son âme. Dans l’encyclique Communium rerum de 1909 Pie X décrit sans l’enjoliver l’état véritable de cette guerre civile :

«  C’est avec une gravité et une consternation non moindres que nous avons dû dénoncer et réprimer une autre forme de guerre, à savoir une guerre intestine et domestique qui est d’autant plus dangereuse qu’elle est peu visible. Cette guerre a été déclenchée par des fils pervers qui se sont infiltrés dans le sein même de l’Église pour la déchirer en catimini. Cette guerre vise directement la racine et l’âme de l’Église.  Elle vise à troubler toutes les sources de la dévotion et de la vie chrétiennes, à empoisonner les sources de l’enseignement, à dilapider le trésor sacré de la foi, à ébranler les fondements de la constitution divine, à donner à l’Église une nouvelle forme, de nouvelles lois, de nouveaux droits conformément aux idées de systèmes monstrueux ; bref de défigurer l’épouse du Christ en la parant du vain éclat d’une noue nouvelle culture appelée à tort science et dont l’apôtre a mis souvent en garde :Prenez garde que personne ne vous séduise par sa philosophie et de faux enseignements qui ne s’appuient que sur une tradition humaine et se réfèrent aux principes du monde et non au Christ (1 Co  2, 8) » (N. 15).

Dans la même encyclique Communium rerum Pie X démasque les vraies racines du système pseudoscientifique du modernisme clérical à l’aide d’une logique imparable ; ces racines ont pour noms : orgueil intellectuel, incrédulité et rébellion contre Dieu :

« Certains furent séduits par cette fausse philosophie et cette exhibition d’une science vile et trompeuse, alliée à un aplomb démesuré dans la critique, et ils se retrouvèrent dans leur raisonnement sous l’emprise de la nullité (Rm 1, 21), et, la bonne conscience mise de côté, ils ont fait naufrage dans la foi ( 1 Tm 1, 19)… Ce nid d’erreurs et de perdition reçut le nom populaire de modernisme en raison de sa soif de nouveauté malsaine. Il s’enfouit secrètement dans les entrailles de la société moderne qui s’est éloignée de Dieu et de Son Église et s’insinue tel un cancer au sein des jeunes générations. Ce n’est pas le résultat d’une étude solide ni d’une véritable science, d’autant plus qu’il n’y a pas de contradiction entre la raison et la foi (Concile Vatican II, Consitution Dei Filius, chap. 4), mais il est le résultat de l’orgueil intellectuel et de l’atmosphère pestilentielle que l’on respire, de l’ignorance ou de la connaissance confuse des choses de la religion. Et cette infection abjecte est encore nourrie par un esprit d’incrédulité et de rébellion contre Dieu, où chacun s’imagine, pris par cette soif aveugle de nouveauté, se suffire à soi-même, se débarrassant ostensiblement et de manière hypocrite du joug de l’autorité divine, se fabriquant au gré de ses humeurs une religiosité floue, naturaliste et individuelle qui n’a plus de chrétien que le nom et l’apparence, sans en posséder la vérité et la vie. Dans tout cela il n’est pas difficile d’entrevoir l’une des nombreuses formes de la guerre éternelle qui est menée contre la vérité divine et qui est d’autant plus dangereuse que ses armes sont habilement dissimulées au nom d’une nouvelle religiosité, d’un sentiment religieux, de la sincérité, de la conscience, où des bonimenteurs s’efforcent de concilier des choses inconciliables, comme par exemple les extravagances de la science humaine et la foi en Dieu, la vaine frivolité du monde et la digne constance de l’Église » (N. 16-17).

Dans l’encyclique Communium rerum saint Pie X réfute avec une simplicité évangélique et en même temps avec une grande acuité les pseudo-motifs du modernisme qui pour des raisons soi-disant pastorales exige une réconciliation du nouveau monde païen et de son esprit avec l’esprit du Christ et de Son Église. En effet une telle exigence signifie qu’il y a une crainte du monde et de ses grands, qu’on veut être en paix, une pseudo-paix, et qu’on a un complexe d’infériorité par rapport au monde. Pie X nous dit :

«  Ils se trompent grandement ceux qui pendant la tempête perdent la foi, parce qu’ils désirent pour eux-mêmes et pour l’Eglise un état permanent de tranquillité, de bien-être général, de la reconnaissance pratique et unanime de l’autorité sacrée de l’Église sans opposition. Et ils se trompent d’autant plus lourdement et honteusement ceux qui s’imaginent gagner cette paix éphémère en taisant les droits et les intérêts de l’Église en les abandonnant pour des intérêts particuliers, en les affaiblissant de façon injuste, en voulant plaire au monde sous le prétexte  d’amadouer les partisans de la nouveauté et de les rapprocher de l’Église. Comme si l’on pouvait concilier la lumière et les ténèbres, le Christ et Bélial. C’est une illusion aussi vieille que le monde, mais qui reste toujours actuelle et qui restera aussi longtemps qu’il y aura des soldats faiblards ou des traitres qui déposent les armes à la première attaque ou qui se retirent du combat pour traiter avec l’ennemi qui pour l’heure est l’adversaire irréductible de Dieu et de l’homme » (N. 30)

La grande tentation des évêques de l’époque moderne consiste selon Pie X dans l’inaction, la neutralité, les compromis avec la société moderne. Une telle attitude des évêques ne serait point un amour pastoral et paternel étant donné qu’ils sacrifient les droits du Christ et de Sa Vérité. Pourtant les évêques devraient sacrifier leurs droits individuels dans la mesure où cela est nécessaire au salut des âmes. Dans l’encyclique Communium rerum Saint Pie X déclare à ce propos : « Vénérables frères, vous avez le devoir de résister de toutes vos forces à cette tendance funeste de la société moderne à sommeiller dans une honteuse indolence, cherchant au milieu d’une guerre qui fait rage contre la religion une infâme neutralité qui consiste en échappatoires et en compromis, tout cela au détriment de la justice et de la respectabilité, oubliant le message sans ambiguïté du Christ : Celui qui n’est pas avec moi est contre moi (Mt 12, 30) » (N. 31).

Dans la société moderne les catholiques sont appelés plus que jamais à confesser leur foi dans la mesure où l’erreur et la décadence des mœurs sont en augmentation : « Courage, chers enfants ! Plus l’Église est attaquée de toutes parts, plus les faux principes de l’erreur et de la perversion morale empoisonnent l’air d’une haleine pestilentielle,  plus vos mérites seront grands devant Dieu lorsque vous entreprendrez le moindre effort pour éviter la contamination, que vous ne vous laisserez pas détourner de vos convictions  et que vous resterez fidèles à l’Église. »

Les droits à la liberté et à l’égalité, à la liberté de parole et à la liberté de presse, qui sont fondamentaux et soi-disant intangibles dans notre société moderne, sont en fait trompeurs, car dans cette société moderne ils ne s’appliquent pas à l’Église, au Christ et à Sa Vérité. C’est à cette injustice criante que saint Pie X a attiré l’attention en disant : « En fait la liberté ou plutôt l’absence de contrainte est valable pour tous, mais pas pour l’Église ; liberté pour chacun de confesser son culte à lui, de diffuser ses propres façons de penser, mais pas pour le catholique » (Allocution aux fidèles du 23.02.1913).

Saint Pie X est un promoteur et un défenseur extraordinaire et brillant de la foi catholique et apostolique (catholicae et apostolicae fidei cultor egregius) dans le monde moderne et se révèle de ce fait comme un modèle à imiter pour les papes et les évêques de notre temps. Les qualités typiques d’un pasteur de l’Église s’expriment dans sa configuration avec l’esprit du Christ, dans son comportement intrépide vis-à-vis du monde, dans sa défense des droits de Dieu.

Après avoir sacré le 25.02.1906 dans la basilique Saint-Pierre quatorze évêques français qui étaient appelés à vivre dans une ambiance de politique anticatholique agressive, Pie X les avait reçus dans sa bibliothèque privée et leur avait donné l’instruction suivante qui mérite réflexion et qui témoigne d’un zèle apostolique ardent :

« 1. Ajustez-vous à l’esprit du Christ en mettant de côté toute passion humaine.
2. Vous devez réaliser que nous sommes nés pour le combat. Je ne suis pas venu pour apporter la paix, mais le glaive.
3. Dans vos jugements vous devez prendre en compte l’esprit des vrais catholiques de votre pays.
4. Vous devez sauver les principes absolus de la justice et défendre les droits de l’Église qui sont les droits de Dieu.
5. Vous devez avoir en vue non seulement la justice de Dieu, mais aussi celle du monde qui vous regarde afin de ne pas aller contre votre dignité et vos devoirs qui vous sont imposés.

Et ici je vous dis encore pour finir que j’envie votre destinée, que j’aimerais vous accompagner pour participer à vos souffrances et à vos peines, pour pouvoir être toujours à vos côtés et vous consoler. Je serai toujours proche par la pensée et nous nous retrouverons quotidiennement dans le divin sacrifice de la messe et devant le tabernacle où nous trouvons la force dans le combat et les moyens sûrs de la victoire » (Card. Rafael Merry del Val, San Pio X. Un santo che ho conosciuto da vicino, Vérone 2012, p. 29).

La racine du véritable mal de la société moderne et en particulier du modernisme de l’Église réside dans la négation du péché originel, ce qui a conduit finalement au naturalisme et au rejet du Christ. Saint Pie X déclarait cela dans l’encyclique  Ad diem laetissimum de 1908 :

« En effet, sur quels principes s’appuient les ennemis de la religion ? Ils commencent tout d’abord par nier la chute originelle de l’homme ainsi que sa dépravation. Ils prétendent que le péché originel et les dommages  qui s’en sont suivis sont un conte de fée. En conséquence la naissance du mal pour les hommes et la nécessité implicite d’un sauveur sont également un conte de fée. Partant de ces principes on comprend facilement qu’il ne reste plus aucune place pour le Christ, pas plus que pour la grâce et pour toute chose qui se trouve au-delà de la nature. En un mot : tout l’édifice de la foi est renversé » N. 22).

Le pape Pie XII, qui lui-même avait été un étroit collaborateur du saint pape, disait dans son discours lors de la canonisation de Pie X en 1951 :

« Avec son regard d’aigle qui était plus pénétrant et plus sûr que la vue des penseurs  à courte vue, il voyait le monde tel qu’il était ; il voyait la mission de l’Église dans le monde, il voyait avec les yeux d’un saint pasteur le devoir de l’Église au sein d’une société déchristianisée, d’une société qui était contaminée ou pour le moins assiégée par les erreurs de l’époque et la perversion du monde. … Par nature personne ne le surpassait en douceur, personne n’était plus pacifique, plus paternel. Mais quand en lui s’élevait la voix de sa conscience pastorale, seul prévalait le sentiment du devoir. Celui-ci faisait taire toutes les considérations de la faiblesse humaine, mettait un terme à toutes les tergiversations, mettait en œuvre les mesures les plus énergiques, même si elles lui faisaient mal au cœur. L’humble « curé de campagne », comme il voulait parfois qu’on l’appelât, savait s’élever dans toute la majesté de sa sublime autorité tel un géant face aux attaques contre les droits imprescriptibles de la liberté et de la dignité humaines et contre les droits sacrés de Dieu et de l’Église. Alors son « non possumus » faisait trembler les puissants de la terre, les faisant parfois reculer, et procurait en même temps aux hésitants la certitude et aux pusillanimes l’enthousiasme ».

Dans son engagement courageux pour la centralité du Christ et de Sa Vérité au sein d’un monde hostile saint Pie X occupe une place de choix dans la liste des grands papes confesseurs au cours de l’histoire bimillénaire de l’Église parmi lesquels on trouve saint Léon le Grand, saint Gélase Ier, saint Grégoire le Grand, saint Nicolas le Grand, saint Grégoire VII, saint Pie V et le Bienheureux Pie IX. Sans aucun doute saint Pie X mérite le titre de « Grand », lui qui de son vivant se considérait comme un curé de campagne et qui avait une grande préférence pour les petits, autorisant la sainte communion aux petits enfants, renforçant la foi des petits dans l’Église avec son célèbre catéchisme et la défendant énergiquement face aux ergoteries et à l’apostasie du modernisme à l’intérieur de l’Église. Par là il s’est montré comme étant un promoteur extraordinaire et suréminent de la foi catholique et apostolique (catholicae apostolicae fidei cultoribus), prenant très au sérieux ces paroles du canon de la messe, ce que devrait faire tout prêtre, évêque et pape pour la plus grande gloire du Christ et le salut des âmes immortelles.

[Paix Liturgique] Même dans nos paroisses, il n'y a pas d'avenir sans paix : les vœux du pape François

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 474 - 27 janvier 2015

Pour le premier angélus de l'année, le 4 janvier 2015, le pape François a pris prétexte du prologue de l'évangile selon saint Jean, pour adresser ses vœux aux fidèles réunis place Saint-Pierre en les invitant à une année de paix. Une paix qui peut sembler lointaine sauf si on commence par la construire dans nos familles, dans nos paroisses, dans nos communautés. Un appel qui nous concerne tous.
I – LES PAROLES DU PAPE (source)
« Les hommes parlent beaucoup de la lumière mais ils préfèrent souvent la tranquillité trompeuse de l’obscurité. Nous parlons beaucoup de la paix, mais nous recourons souvent à la guerre ou choisissons le silence complice, ou encore nous n’agissons pas concrètement pour construire la paix. »
[...]
« Le cœur de l’homme peut refuser la lumière et préférer les ténèbres, parce que la lumière met à nu ses œuvres mauvaises. Qui fait le mal déteste la lumière. Qui fait le mal déteste la paix. »
[...]
« La paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais une condition générale dans laquelle la personne humaine est en harmonie avec elle-même, en harmonie avec la nature et en harmonie avec les autres…Cependant, faire taire les armes et éteindre les foyers de guerre reste une condition indispensable pour envisager un chemin vers la paix sous ses différents aspects. Je pense aux conflits qui ensanglantent encore trop de régions de la planète, aux tensions dans les familles et dans les communautés – dans combien de familles, combien de communautés, même paroissiales, y a-t-il la guerre ! – ainsi qu’aux violentes oppositions dans nos villes et nos pays entre des groupes d’origines culturelle, ethnique et religieuse différentes. Nous devons nous convaincre, même si les apparences sont contraires, que la concorde est toujours possible, à tous les niveaux et dans toutes les situations. Il n’y a pas d’avenir sans propositions et projets de paix ! Il n’y a pas d’avenir sans paix ! »
[…]
« À l’aube de cette nouvelle année, nous sommes tous appelés à raviver dans notre cœur un élan d’espérance qui doit se traduire dans des œuvres concrètes de paix, de réconciliation et de fraternité. Dans nos maisons, dans nos communautés, dans notre travail : chacun d’entre nous doit accomplir des gestes de fraternité à l’égard du prochain, notamment de ceux qui sont éprouvés par des tensions familiales ou des désaccords en tous genres. Ces petits gestes ont beaucoup de valeur. Ils peuvent être des graines d’espérance, ils peuvent ouvrir des routes et des perspectives de paix ».
[...]
« Demandons à Marie notre tendre Mère d’indiquer au monde entier la voie sûre de l’amour et de la paix ». 
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1/ En ce début de nouvelle année, le pape François invite, comme il aime le faire, à un examen de conscience et à une remise en cause. Bien sûr, c’est ce que le pape a dit des communautés paroissiales que nous voulons particulièrement relever. Oui, dans l’Église, dans nos paroisses, on « parle » beaucoup de paix. On chante la paix, on se « donne » la paix, on prie pour la paix, on danse même parfois sur le thème de la paix … mais de quelle paix s’agit-il ? La paix avec qui ? La paix, pour qui ?

N’est-ce pas au nom de « la paix », qu’ils étaient accusés de troubler, que pendant près d’un demi-siècle, l'institution a marginalisé – et continue parfois de marginaliser –, voire chassé, les prêtres, les paroissiens et les séminaristes,accusés de ne pas avoir l’esprit du presbyterium, de la communauté paroissiale ou du séminaire ? Tous ceux qui, pour faire bref, ne partageaient pas l’insaisissable esprit du Concile. Cette « paix » ressassée à longueur d'homélie, de bulletin diocésain et de communiqués de la Conférence épiscopale, n'était-elle pas finalement que le désir de vivre entre personnes du même avis, avec ceux cooptés comme ayant le « bon » esprit ? Et ce « prochain » avec lequel il fallait « vivre en paix », n'était-il pas un prochain imaginaire, un prochain tellement lointain qu’on ne le côtoie pas et qui, donc, ne nous dérange pas ?

De ce point de vue, le pape a bien raison d’affirmer que bien souvent, même dans nos paroisses, on n’agit pas « concrètement pour construire la paix » mais on se contente d’en parler plutôt que de la vivre et de la construire.

2/ Dans la matière qui nous occupe, la liturgie, et en dépit du geste concret de paix posé par le pape Benoît XVI le 7 juillet 2007 en promulguant le Motu Proprio Summorum Pontificum, nous voyons bien que trop de pasteurs et de laïcs engagés continuent d'ostraciser les familles qui souhaitent vivre, en paix, dans leur propre paroisse, leur attachement à la forme extraordinaire du rite romain. Non seulement ils ne sont prêts à aucun « geste de fraternité » mais refusent même à ces familles une simple parole de paix alors qu'ils sont prompts à proclamer des prières universelles pleines de bons sentiments.

La construction de la paix ne peut aller de pair avec l’absence de dialogue, le caporalisme et l’exclusion. Bien au contraire !

Espérons donc que, grâce à l'exhortation du pape François, l'on n'entende plus en 2015 les phrases suivantes qui ne sont, en rien, des paroles de paix : « Votre demande de célébration de la messe traditionnelle diviserait la paroisse » ; « Allez dans les églises dédiées à cette forme liturgique » ; « Il n'y a pas de place pour vous chez nous »...

3/ Oui, la paix est une condition générale dans laquelle la personne humaine est en harmonie avec les autres. Or la paix, dans toute société quelle qu’elle soit, résulte de la poursuite du bien commun sous la conduite de ses chefs. Dans l’Église et dans chacune des communautés au sein de l’Église, elle résulte de la poursuite du bien commun surnaturel sous la houlette de nos pasteurs.

Éclairés par l'Esprit Saint, nous devons nourrir au plus profond de notre cœur une grande bienveillance envers notre prochain. Et ceci vaut bien évidemment d’abord pour ceux qui, parmi nous, ont la charge de nos âmes et doivent avoir pour elles toute la tendresse du Christ.

« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent », dit le psaume 84, au verset 11. Il est clair que la paix ne peut se construire que sur la vérité et dans la justice. Dans ce cadre, construire la paix dans l'Église, c’est accepter l’existence même et l’expression d’un point de vue différent, dès lors que ce point de vue est catholique et même s'il exprime une sensibilité différente. Cet état d’esprit doit pouvoir se décliner au sein de nos communautés d’abord sur des questions très simples et très concrètes comme l’attachement à telle ou telle forme liturgique ou catéchétique reconnue et légitime.

Toute la question, et le pape François y a répondu récemment (voir notre lettre 465), c'est de savoir si l'on est prêt à « reconnaître et accepter avec joie les divers dons que l'Esprit donne à chacun » car « l'uniformité n'est pas chrétienne ». Plutôt que d'exclure ceux qui sont attachés à la liturgie traditionnelle des communautés paroissiales, il convient d'accepter de considérer leur attachement à la tradition liturgique et doctrinale de l’Église comme une richesse, comme un don à recevoir et partager.

Nous n'insisterons jamais assez sur le rôle fondamental du curé. Père de tous les fidèles de sa paroisse, sans exception, le curé est le premier garant de la paix et de l’unité dans la diversité légitime. Il est prêtre de tous, prêtre pour tous. Faire s’exprimer les charismes, les dons que Dieu a donnés à chacun pour l’utilité de tous (1 Corinthiens 12,7 ) tel est le programme qu’un authentique serviteur de la paix devrait vouloir suivre. À chacun d’entre nous, à notre place, avec nos qualités et nos pauvretés à les y aider.

4/ « Dans combien de familles, combien de communautés, même paroissiales, y a-t-il la guerre ! » Ce cri du pape François induit un examen de conscience général et on imagine aisément, dans la foulée du discours du pape à la Curie, qu'il concerne aussi tel prélat ayant introduit la division et la guerre dans une communauté aussi florissante et diverse que celle des Franciscains de l’Immaculée !

Pourtant, comme nous y invite le pape, « nous devons nous convaincre, même si les apparences sont contraires, que la concorde est toujours possible, à tous les niveaux et dans toutes les situations ». 

En ce qui nous concerne, et en ce qui regarde la juste et charitable acceptation de la tradition liturgique et catéchétique de l’Église et de ceux qui y sont attachés, nous ne pouvons en réalité qu'aller dans le sens du pape car, en dépit de l'ostracisme qui perdure, les exemples de concorde et de paix durablement installées sont toujours plus nombreux. Partout où l’expérience de la forme extraordinaire a été tentée honnêtement par les curés, celle-ci a été couronnée de succès. Non seulement les réactions négatives sont limitées mais, surtout, les tensions finissent toujours par s'estomper dès lors que les préjugés, souvent nourris par la méconnaissance du prochain, tombent. Tout est possible pour les hommes de paix ; l’expérience nous le prouve !

Efforçons nous de garder cette conviction. Entre vrais catholiques qui communient dans la vérité du Christ, la paix est toujours possible. À chacun de s’examiner et de se corriger.