30 avril 2015

[Père Pio Pace - Rorate Caeli] Que signifie la reconnaissance de la FSSPX en Argentine?

SOURCE - Père Pio Pace - Rorate Caeli - version originale en anglais - 29 avril 2015

La Fraternité Saint-Pie X reconnue en Argentine: qu'est-ce que cela signifie? Beaucoup plus que vous ne le pensez!

Par une décision du Secrétariat aux cultes de l'Argentine du 13 mars 2015, la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) a été reconnue dans ce pays comme personne morale, comme association de l'Eglise catholique, "selon ce qui est établi" par le droit canonique, et a été enregistrée dans le Registre des Instituts de Vie Consacrée. Il faut savoir que les liens concordataires entre l'Église et l'État argentin sont très forts. L'État accorde toutes sortes d'avantages aux activités cultuelles, à condition que les organisations qui les assurent soient enregistrées auprès de lui, en tant que catholiques ou non, mais appartenant néanmoins à une confession reconnue. Cela suppose une reconnaissance administrative, sans laquelle elles sont illégales et peuvent être dissoutes: pour être légales, et juridiquement en mesure de signer des contrats, posséder des actifs, de plaider devant les tribunaux, etc., elles doivent être inscrits dans le registre approprié.

La Fraternité Saint Pie X, établie depuis longtemps en Argentine, a bénéficié d'un statu quo de tolérance, en tant qu'association culturelle. Mais puisque ses activités sont confessionnelles, elle était, en fait, dans une situation illégale, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour ses œuvres (églises, chapelles, prieurés, le séminaire international à La Reja, écoles), ainsi que pour le séjour en territoire argentin des prêtres étrangers de cette société, dont le visa, pourrait toujours être remis en question en raison de cette illégalité (ce qui, de fait, avait été le cas pour le visa de Mgr Richard Williamson, ancien membre de la Société, puis supérieur du séminaire de La Reja, qui avait été révoqué après les déclarations que nous avons en mémoire). 

Toute la difficulté a été pour la FSSPX que, pour être reconnue par l'Etat argentin en tant qu'association catholique, qui peut se livrer au culte public, à l'apostolat, et aux activités connexes, elle devait être présentée comme telle par la hiérarchie de l'Église, l'Etat argentin suivant toujours ses déclarations (c'est pareil pour toutes les autorités des Etats d'autres pays, dans des situations similaires: est considéré comme «catholique» par les États ce que la hiérarchie catholique du pays intéressé reconnaît comme tel). 

Le Père Christian Bouchacourt, actuel supérieur du district de France de la FSSPX, avait commencé les pourparlers en vue d'obtenir cet espace administratif et religieux, quand il était supérieur en Argentine. Il a été aidé, en ce qui concerne les visas de ses prêtres, par le Cardinal Jorge Bergoglio qui, contredisant le Nonce apostolique, a attesté que la FSSPX était en effet catholique. Depuis, il a toujours tenu cette position, sans doute parce qu'il croit que cette communauté est suffisamment «périphérique» pour de ne pas vraiment mal à la vie quotidienne des diocèses, mais aussi parce qu'il aime, plus que toute autre chose, à confondre les interprétations de comment il est perçu 

La FSSPX a donc continué ses négociations, et le successeur du cardinal Bergoglio, le cardinal Poli - au sujet duquel il est largement dit qu'il est simplement le «coadjuteur» de Buenos Aires, en demandant constamment les conseils du Pape pour l'administration de son diocèse - a donné sa confirmation nécessaire pour les autorités argentines de sorte que la Société soit désormais reconnue comme personne juridique "à l'intérieur de l'Eglise catholique".
La reconnaissance "à la chinoise"
Ce qui est plus intéressant, en fait, est évidemment la confirmation du Cardinal Poli: comme il apparait clairement dans le préambule du décret de reconnaissance, il a demandé que cette société "soit tenue" (sea tenida) comme association de droit diocésain, selon le canon 298 du Code de Droit Canonique, dans l'espoir qu'elle deviendra (en fieri de ser) une société de vie apostolique sans vœux (une ancienne catégorie du Code de 1917, statut sous lequel la FSSPX avait été reconnue par l'évêque de Fribourg, en Suisse, le 1er Novembre 1970, avant sa dissolution), un statut auquel la Société prétend selon ses statuts, approuvée par l'autorité ecclésiastique.

Autrement dit, non seulement le cardinal-archevêque de Buenos Aires a-t-il certifié publiquement la catholicité de la FSSPX, mais il lui confère un statut juridique semblable à celle d'une association diocésaine. Les associations diocésaines, appelés "les associations de fidèles" (ce cadre est utilisé entre autres par les communautés religieuses en cours de formation) "s'efforcent dans un effort commun visant à favoriser une vie plus parfaite, de promouvoir le culte public ou la doctrine chrétienne, ou d'exercer d'autres oeuvres d'apostolat comme les initiatives d'évangélisation, des œuvres de piété ou de charité, et ceux qui animent l'ordre temporel avec un esprit chrétien ". (Canon 298, § 1)

Il est tout à fait possible, en termes juridiques, de considérer que le cardinal Poli a procédé ainsi à ce qui est équivalent à une sorte de "montage" d'une association diocésaine pour la FSSPX:
  • Premièrement: parce qu'il la reconnaît, publiquement, son caractère catholique, qui découle habituellement de l'érection prévue par Canon 312;
  • Deuxièmement: parce qu'il précise qu'elle est «diocésaine»;
  • Troisièmement: parce que cette association propose d'enseigner la doctrine chrétienne au nom de l'Église et de promouvoir le culte public - ce qui ne peut être le cas pour les associations érigées par l'autorité ecclésiastique.
Sauf à supposer que cela ne signifie rien, il reste au moins que le cardinal Poli considère la FSSPX comme une association catholique constituée par accord privé (Canon 299), à laquelle il accordé, exceptionnellement, des droits spécifiques.

Il est une étape juridique remarquable. Dans le langage des canonistes qui sont concernés par le sort institutionnel de la FSSPX, l'approche «à la chinoise» est souvent rappelée. Le mot se réfère au fait que, après la chute du rideau de fer soviétique, et en dépit de la permanence d'une tyrannie brutale en Chine, le Saint-Siège a tenté une opération "de contournement", se fondant sur ​​la volonté d'une bonne partie des membres de l'"Eglise patriotique" pour revenir à Rome. On pourrait résumer la tentative romaine ainsi: un nombre croissant d'évêques nommés par l '"Eglise patriotique" ont reçu secrètement (mais c'est un secret de polichinelle) les «pouvoirs» accordés par Rome, c'est-à-dire, l'investiture papale (voir, par par exemple, ce rapport par Sandro Magister).

Par analogie, pour la FSSPX ce qui se passe aujourd'hui est que, dans certains diocèses, les pouvoirs de confession, et les délégations canoniques pour recevoir le consentement matrimonial sont parfois accordées à certains prêtres de cette société, même de manière permanente. Dans des cas particuliers, l'incardination canonique de prêtres de la FSSPX par les autorités diocésaines a même été envisagée - ces prêtres restant membres de cette communauté et exerçant leur apostolat en son sein.

Dans la perspective d'une reconnaissance canonique progressive, nous pourrions peut-être imaginer aussi que les «pouvoirs» soient accordés provisoirement aux évêques de la FSSPX, ce qui est peut-être déjà arrivé de temps en temps. Naturellement, la reconnaissance administrative canonique à Buenos Aires - mise en place, sans aucun doute, par le pape lui-même - pourrait créer un précédent et être répétée sur tel ou tel diocèse pour les groupes de la FSSPX, ou des communautés religieuses amies masculines ou féminines, des écoles, etc.
Menzingen terrifié?
Aussitôt que cette intervention du cardinal de Buenos Aires a été portée à la connaissance du grand public, la Maison générale de la Fraternité en a limité la portée. Selon un communiqué publié par son agence DICI, du 13 avril 2015, essentiellement à des fins internes, Menzingen (la Maison générale) affirme que, "le document de Cardinal Poli n'a aucune autorité canonique", et que tout cela, "n'est rien de plus qu'une procédure strictement administrative dans le cadre restreint de la République de l'Argentine". Que personne ne pense, surtout, qu'il pourrait y avoir une reconnaissance canonique ponctuelle et partielle!

Une preuve supplémentaire que, à ce stade de l'histoire, Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la FSSPX, a dans sa main toutes les cartes pour une régularisation canonique complète, et que certains autour de lui (peut-être certains de la faculté au séminaire Ecône?) restent hostiles à toute régularisation. L'opposition interne empêche-t-elle d'aller plus loin?

[Noémie Bertin et Jean-Marie Dumont - Famille Chrétienne] Fraternité Saint-Pie-X : une avancée inédite

SOURCE - Noémie Bertin et Jean-Marie Dumont - Famille Chrétienne - 29 avril 2015

La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X a été reconnue comme faisant partie de l’Église catholique en Argentine.

Une association de droit diocésain : c’est le statut de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) en Argentine depuis le 9 avril dernier. Une décision du Secrétariat du culte, parue au Bulletin officiel du pays, qui l’inscrit sur le Registre des instituts de vie consacrée. Là, figurent les ordres et congrégations religieuses catholiques argentins.

Cette demande avait été officiellement adressée à l’administration par le cardinal Mario Aurelio Poli, archevêque de Buenos Aires – successeur du pape actuel. Ce dernier accompagnait une démarche initiée dès 2011 par les responsables de la Fraternité des apôtres de Jésus et Marie, autre nom de la FSSPX.

Dans ce pays d’Amérique latine, ses fidèles disposent de plusieurs prieurés, trois écoles, quelque vingt-cinq prêtres résidents et un séminaire formant une trentaine de séminaristes.

Quels sont les enjeux de ce statut nouvellement octroyé ? « Les lefebvristes sont réintégrés dans l’Église d’Argentine », titrait le grand quotidien argentin Clarin, le 12 avril. Comme d’autres médias, le journal a surinterprété la décision. Celle-ci vient en réalité avant tout répondre à des questions très pratiques. « Le principal souci était de donner un statut aux prêtres et religieux étrangers », explique l’abbé Christian Bouchacourt, supérieur de la Fraternité pour la France. De 2003 à 2014, le prélat a supervisé le district d’Amérique du Sud. « Ils étaient obligés de sortir du pays tous les trois mois, faute de se voir octroyer le statut de résident, complète-t-il. Pour l’obtenir, il leur fallait appartenir à l’Église catholique. »

Afin de sortir de l’impasse, une autre possibilité s’offrait à la FSSPX : être reconnu par l’État comme « Église lefebvriste ». « Mais, en Argentine, les sectes pullulent, précise l’abbé Bouchacourt. J’ai toujours refusé que nous soyons enregistrés comme une entité distincte de l’Église catholique. »

Fort de cette conviction, le supérieur du district raconte être « allé voir le nonce », qui l’a « renvoyé vers le cardinal Bergoglio ». « C’est lui qui a facilité les choses, affirme-t-il. Sans lui, cela aurait été impossible. Il nous a aidés auprès du gouvernement, en affirmant que nous étions catholiques. »
Un signe de confiance
Cette reconnaissance, inédite, est emblématique : la Fraternité Saint-Pie-X est ainsi présentée comme une œuvre appartenant à l’Église. Pourtant, tout n’est pourtant pas réglé : la décision du cardinal Poli n’a pas de visée canonique. « Comme le déclare l’archevêque lui-même dans sa lettre, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X n’a pas encore trouvé de cadre juridique définitif dans l’Église universelle », rappelle Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, dicastère romain dialoguant avec les héritiers de Mgr Lefebvre. Ces derniers, par la voix de leur organe de communication officiel, Dici, ont également évoqué une « décision administrative de l’État argentin », rappelant que seule l’autorité romaine « peut régler le statut canonique de la Fraternité ». « Les négociations avec Rome sont de la responsabilité de notre supérieur général, Mgr Bernard Fellay », appuie l’abbé Christian Bouchacourt.

À Ecclesia Dei, Mgr Guido Pozzo se dit néanmoins « heureux » de ce « signe de bienveillance de la part de l’Église », qui « contribue à créer un climat constructif de confiance ». La reconnaissance canonique de la FSSPX reste encore à trouver, rappelle-t-il, la création d’une prélature personnelle, à la manière de l’Opus Dei est envisagée. Elle permettrait aux prêtres de la Fraternité d’exercer leur ministère en toute légitimité. « C’est à cette fin, détaille Mgr Pozzo, que se poursuit, par les relations qu’entretiennent la Commission Ecclesia Dei et la Fraternité Saint-Pie-X, le parcours de clarification et d’approfondissement de certaines questions doctrinales controversées ». Cher au cœur de Benoît XVI, ce travail d’unité se poursuit sous le pontificat du pape François. L’enjeu est de taille pour l’Église : la Fraternité Saint-Pie-X compte actuel­lement 586 prêtres, 203 séminaristes, 6 séminaires et exerce un apostolat dans 70 pays.

Noémie Bertin et Jean-Marie Dumont

29 avril 2015

[Paix Liturgique] L'abandon de la messe traditionnelle, une lourde erreur de communication!

En 1981, la course à l'Élysée passait par une
église de campagne sur une affiche électorale.
SOURCE - Paix Liturgique - 29 avril 2015

La messe traditionnelle comme « tête de gondole de l’Église » ? C’est d’une certaine façon le propos tenu par un fameux publicitaire brésilien devant la conférence des évêques du Brésil. Attention, ça décape!
I – L’ÉGLISE, PREMIÈRE AGENCE DE COMMUNICATION DE L’HISTOIRE
En 1977, Alex Periscinoto, l’un des pionniers de la publicité moderne au Brésil, avait été invité par la Conférence épiscopale de son pays pour une réflexion sur l’Église, son image et les moyens à sa disposition pour promouvoir la Foi. Au lieu d’une conférence, c’est une conversation à bâtons rompus que Periscinoto, qui fête ses 90 ans cette année, avait tenu avec les évêques présents. Pendant près de deux heures, le publicitaire leur avait expliqué que l’Église n’avait en fait rien à inventer car elle avait déjà à sa disposition tous les outils de communication nécessaires pour conserver ses fidèles. Pour une raison simple, c’est elle qui les a quasiment tous inventés !

Voici un résumé libre de cette intervention parfois choquante – c’est un publicitaire qui s’exprime – mais encore pertinente 40 ans plus tard.

***

La cloche, premier média
Selon Alex Periscinoto, le premier moyen de communication que le monde ait connu a été la cloche et a été l’un des plus performants, car non seulement elle atteignait 80 à 90 pour cent des habitants du village mais elle influait aussi sur leur comportement à chaque fois qu’elle battait. Il n’y a qu’à penser à l’image de l’Angelus de Millet pour lui donner raison. Même lorsque les villageois étaient moins pieux que ceux de Millet, ils savaient que les cloches de l’Angelus sonnaient aussi l’heure du repas, avec ou sans Benedicite.

Le clocher, premier panneau d’affichage
Le publicitaire brésilien va même jusqu’à attribuer à l’Église l’invention de l’affichage. L’affichage est utilisé pour mettre en évidence un produit, un message, le distinguer des autres. « Quand tous les toits des villages étaient bas, les hommes d’Église ont construit un toit élevé, très élevé, bien plus élevé que les toits communs, et pointu. Ce n’était pas pour faciliter la chute de la neige puisque ce toit était utilisé même dans les pays où il n’y a pas de neige. Sa fonction c’était de faire en sorte que quiconque arrivant dans le village pouvait dire : c’est là ! Et on le voyait de loin, le clocher de l’église. » Si on repense au tableau de Millet, on aperçoit, sur la ligne d’horizon derrière le couple de paysans, la silhouette du clocher de leur village...

La croix, premier logo
« Vous avez aussi inventé le premier logo – cet autre outil que nous utilisons beaucoup dans notre travail ; le plus heureux et le plus saint des logos : la croix. » Comme le souligne Periscinoto, nul n’a jamais oublié de placer la croix à l’entrée de chaque village ou de l’afficher tout en haut du clocher. Et le publicitaire de provoquer : « Ce logo est si bon qu'un fou comme Hitler s’en est emparé, y a ajouté quatre extrémités, et a presque gagné la guerre. »

Le confessionnal, premier institut de sondage
La science commerciale ne serait rien sans les études de marché. Notre publicitaire brésilien n’hésite pas à attribuer aussi leur invention à l’Église ! Les études de marché sont fondamentales pour le lancement de n’importe quel produit. Sans étude préalable, le message peut être mal perçu, tomber à côté, arriver à un mauvais moment, choquer négativement...
« Or, affirme Periscinoto, c’est au sein de l’Église qu’a été inventé le premier département d’études... le confessionnal ! Pour ma mère, le confessionnal a été inventé pour pardonner mais vous, ecclésiastiques, savez bien que le confessionnal a été inventé pour recueillir des subventions et des renseignements. » Et le spécialiste ne cache pas sa fascination professionnelle pour un tel lieu, le seul, où la personne sondée ne ment pas...

La procession, première caravane publicitaire
Selon Periscinoto, les opérations promotionnelles aussi sont une invention ecclésiastique. Et de prendre l’exemple des processions.
Qu’est-ce qu’une procession mariale dans une ville de province, en effet, si ce n’est la promotion de la fête de Notre-Dame ? « Dans le monde de la publicité, explique le publicitaire, quand nous faisons une opération promotionnelle, nous utilisons beaucoup de ce que vous nous avez appris. Comme vous, nous avons des codes, des drapeaux, des uniformes... mais notre mystique commerciale est loin d’être comparable à la vôtre ! »

Le chemin de croix, premier visuel
14 images pour résumer la vie souffrante du Christ. 14 images affichées dans toutes les églises pendant des siècles. Pour Periscinoto, le chemin de croix est tout simplement le meilleur visuel de l’histoire.
II – LE REGRETTABLE CHANGEMENT DE LA MESSE
Mais le publicitaire avait encore quelque chose de plus troublant à dire à ces évêques qui étaient en pleine lune de miel de leurs épousailles avec la modernité. Rappelons que nous sommes en 1977, soit à une époque où l’enthousiasme créatif pour la nouvelle messe est à son comble, et que l’ancienne messe est tenue pour interdite même si, quelque part au Brésil, un évêque, Mgr de Castro Mayer, et tout son diocèse de Campos, résistent au missel de Paul VI.

Periscinoto : « Vous avez changé la messe. Aujourd’hui, la messe n’est plus en latin et le prêtre se trouve face au public . J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : ma mère n’a jamais ressenti que vous lui tourniez le dos ; elle pensait que vous étiez face à face avec Dieu. Elle aimait le latin, même sans rien y comprendre. Pour elle, c’était un langage. Un langage mystique dans lequel vous parliez avec le Seigneur. À la fin de la messe, quand vous vous retourniez et bénissiez toute l’assemblée, elle se sentait heureuse et récompensée d’être restée une heure à genoux.
Ce sentiment s’est perdu. Maintenant, en faisant face au public, vous perdez une partie de la mystique liée à ce face-à-face avec Dieu. Et la messe en portugais perd beaucoup par rapport à celle en latin, qui ravissait les fidèles. Ce changement réalisé dans l’idée d’élargir votre public ou de mieux vous y adapter a été, à mon avis, une énorme erreur. Bien sûr, il ne s’agit que de mon avis, celui d’une personne qui n’a aucune compétence religieuse mais qui travaille dans la communication depuis plusieurs années et qui observe la messe justement du point de vue de la communication. »
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Par sa carrière, Alex Periscinoto était un peu le Jacques Séguéla brésilien. Et, si on regarde la fameuse affiche « La Force tranquille » conçue par Jacques Séguéla pour François Mitterrand en 1981, on voit bien qu’il n’y a pas qu’au Brésil que les publicitaires ont su associer l’image du clocher à celle d’une communication réussie. Manuel Valls, qui soigne la sienne, n’a-t-il pas dit après l’attentat évité contre une église de Villejuif : « Vouloir s'en prendre à une église, c'est vouloir s'en prendre à un symbole de la France » ?

La réflexion de Periscinoto, 40 ans après, garde toute son actualité. Elle résume parfaitement la crise d’identité qui frappe le catholicisme depuis que « l’esprit du Concile » a voulu faire table rase du passé pré-Vatican II. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que les mouvements de réveil et de renouveau du catholicisme sont souvent aujourd’hui rassemblés sous le vocable de « catholicisme identitaire » dans la mesure où les éléments extérieurs et visibles de la Foi y sont clairement assumés.

2) En portugais, publicité se dit propaganda. Jusqu’en 1967, Propaganda fidei [Propagation de la foi] était d’ailleurs le nom du dicastère qui est devenu la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples. Les évêques brésiliens, qui avaient sollicité les conseils de Periscinoto, n’ont donc pas dû être surpris par les parallèles parfois osés qu’il a tracés entre les symboles de la Foi et l’univers de la publicité.
Pas plus, d’ailleurs, que ne le serait le cardinal Sarah, actuel Préfet du Culte divin. Voici le témoignage qu’il livre sur la croix de son village natal, à la page 31 de son entretien avec Nicolas Diat (Dieu ou rien, Fayard, 2015), qui illustre parfaitement les propos de notre publicitaire brésilien : « Chaque soir, les pères d’Ourous réunissaient les enfants près d’une grande croix, plantée dans la cour de la mission, comme pour symboliser le cœur et le centre du village ; nous pouvions la voir de loin elle était l’orientation de toute notre vie ! C’est autour de la croix que se faisait notre éducation humaine et spirituelle. »

3) « Ma mère n’a jamais ressenti que vous lui tourniez le dos ; elle pensait que vous étiez face à face avec Dieu. Elle aimait le latin, même sans rien y comprendre. Pour elle, c’était un langage. Un langage mystique dans lequel vous parliez avec le Seigneur. » Et, à la fin de la messe, elle était heureuse nous dit Periscinoto.

Comme nous l’avons rappelé dans notre lettre 481, il est faux de dire que « l’ensemble du peuple catholique a accueilli la réforme liturgique dans la liesse ». Non pas seulement par méfiance ou horreur de la nouvelle messe mais aussi, voire surtout !, comme le dit bien Periscinoto, par incompréhension de se voir privé d’une liturgie qui était source vive et pérenne de foi et, même, de plénitude et de bonheur. Dit en termes publicitaires : pourquoi me priver de mon produit fétiche quand toute la famille en raffole?

Dans sa thèse de doctorat en Sorbonne, publiée aux éditions de l’Atelier sous le titre Paris à l'heure de Vatican II (1997), l’historien Luc Perrin relève, enquête précise à l’appui, à quel point les fidèles étaient profondément hostiles à la modernisation de la liturgie qu’on leur imposait à marche forcée : ils souffraient de la disparition du silence, du changement dans le répertoire des chants, dans la transformation de l’espace, de la destruction des statues, mais le clergé n’en tenait aucun compte, au contraire.

4) Les réflexions de ce publicitaire brésilien faites dans les années 70, donc à une période où l’Église restait encore très riche en hommes et en moyens, illustrent bien ce qui apparaît aujourd'hui comme une évidence :en dépit de leurs slogans de l'époque, les hiérarques de l’Église ont en fait totalement ignoré les « signes des temps ». Ils ont méconnu les réserves et les capacités de résistance du peuple chrétien dans son ensemble, et de la jeunesse chrétienne en particulier, à l’esprit de 68. Ils ont joué la démagogie contre le sens de la foi. La braderie liturgique qu’ils ont orchestrée est le signe le plus tangible de leur aveuglement. Le désastre catéchétique qui l’a accompagnée donne la mesure de leur responsabilité. Il fallait un publicitaire – un moderne par excellence – pour le leur dire. 40 ans plus tard, ses propos font encore mouche...

28 avril 2015

[La Croix] L’évêque mauricien de Port-Louis met en garde contre la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - La Croix - 28 avril 2015

L’évêque de Port-Louis (Maurice), Mgr Maurice Piat, a publié un communiqué jeudi 23 avril à propos du projet d’installation à l’Île Maurice de la Fraternité Saint-Pie X.

« Le P. Duvergé, Supérieur de la Fraternité Saint-Pie X pour le district de l’Afrique et de l’Océan Indien, nous a fait parvenir une circulaire annonçant que la Fraternité Saint-Pie X compte construire une église pour y célébrer ce qu’ils appellent « la Messe Catholique Romaine Traditionnelle ». La Fraternité Saint Pie X cherche à se procurer un terrain et fait déjà un appel de fonds », écrit Mgr Piat, ajoutant que le projet est présenté par le P. Duvergé comme étant de « préserver la foi catholique romaine à l’île Maurice ». « Dans le même souffle, il accuse l’Église Catholique d’avoir déformé la doctrine, la liturgie, les sacrements et l’enseignement moral de l’Église », poursuit l’évêque de Port-Louis.
« LA FRATERNITÉ SAINT-PIE X N’EST PAS EN COMMUNION AVEC L’ÉGLISE CATHOLIQUE »
«J’attire l’attention des fidèles sur le fait que la Fraternité Saint-Pie X n’est pas en communion avec l’Église Catholique, ajoute Mgr Piat. Les pourparlers initiés par le pape Benoît XVI en 2011-2012, en vu de rétablir la communion ont échoué. Je tiens donc à mettre en garde les fidèles catholiques contre la confusion qui est entretenue par la Fraternité Saint-Pie X : elle se nomme “Traditional Roman Catholic Church” alors qu’en fait elle n’est pas en communion avec l’Église Catholique Romaine.»

En 2011, un préambule doctrinal avait été proposé à la Fraternité Saint-Pie X mais n’a toujours pas été accepté. « Le pape désire la réconciliation, mais il appartient à ceux qui sont séparés de l’Église de retrouver la pleine communion avec le successeur de Pierre », confiait récemment à La Croix le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président de la commission Ecclesia Dei. «Nous faisons tout ce qui est possible, ajoutait-il. Mais les conditions pour une pleine communion avec Rome sont les mêmes pour tous les baptisés : la foi, les sacrements, la reconnaissance de l’autorité du pape.»

27 avril 2015

[Mère Marie Geneviève - Le Seignadou] Pèlerinage à Rome des dominicaines

SOURCE - Mère Marie Geneviève - Le Seignadou - mai 2015

Rome 2015 ! après Lourdes 2008! Depuis plus de deux ans enfants et sœurs en parlaient, y pensaient, s’y préparaient. Il fallait trouver des moyens pour régler le voyage : elles ont vendu des gâteaux, des pizzas, gardé des enfants, donné des concerts, joué des pièces de théâtre, cherché et trouvé des parrainages.

Mais surtout elles se sont préparées spirituellement : elles ont appris des messes, répété de la polyphonie, préparé des itinéraires romains, reconnu les statues et les mosaïques : Rome n’avait plus de secrets pour elles avant de s’envoler.

Rome 2015 ! Quatre jours de ciel : Saint-Paul-hors-les-murs, Sainte-Croix–en-Jérusalem, Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure, Sainte-Sabine et les lieux dominicains, le pèlerinage des sept basiliques sous le soleil romain de février. Elles ont vu des merveilles artistiques à vous faire tourner la tête, de l’or, des statues, des peintures, des mosaïques, des basiliques immenses pour accueillir des foules immenses. Mais surtout des martyrs, des confesseurs, des vierges, des pontifes, des saints de tous âges et ces magnifiques écrins pour le Sacrement Unique, pour la Gloire du Dieu Trois fois Saint qui a établi sa demeure parmi nous.

Mais elles n’eurent aucune église pour la célébration de la messe catholique ! Elles ont chanté quatre messes superbes dans une salle immense, louée avec sympathie et ornée au mieux par les sœurs d’Albano dans la ville où l’on ne sait même pas si le nombre des églises est de 400 ou de 800 !

Avec l’aide des prêtres qui les accompagnaient, elles ont pour la plupart découvert tout ensemble la romanité et l’exclusion des enfants les plus fidèles de l’Eglise. Auront-elles aussi compris le prix à payer pour rester fidèles à Celui dont l’amour est toujours fidèle ?

Elles auront au moins reçu les prémices de l’amour de la Ville Eternelle – « O Roma nobilis, orbis et domina, cunctarum omnium excellentissima » – et le goût d’y revenir au cours de ces longues années qui s’ouvrent devant elles.

Mère Générale

26 avril 2015

[Abbé Brendan King] "Je voudrais vous parler aujourd'hui d'un sujet très important..."


SOURCE - Abbé Brendan King - traduction française et présentation via francefidele.org - 26 avril 2015


M. l'abbé Brendan King, assistant du supérieur de district de la Grande-Bretagne, a rejoint officiellement la Résistance. Dans un sermon prononcé le dimanche 26 Avril, l'abbé King a courageusement dénoncé la nouvelle direction prise Menzingen et a loué la consécration de Mgr Faure. Il continuera désormais à desservir les fidèles du nord de l'Angleterre. L'abbé Brendan King a été ordonné en 1987 à Ecône, en Suisse. Il se trouvait à Preston depuis Août 2006 et collaborait à des missions; il a ainsi régulièrement visité la Scandinavie, le Danemark, la Norvège et la Suède pour célébrer la messe et donner les sacrements aux fidèles. Deo Gratias!
INTRODUCTION ET ETAT DE LA QUESTION
Je voudrais vous parler aujourd'hui d'un sujet très important qui nous concerne tous. Cette question est la question de la direction que la Fraternité prend pour l'avenir. Devons-nous suivre le même chemin que nous avons suivi depuis que la FSSPX a été fondée par l'archevêque en 1970, ou la Providence nous guide-t-elle maintenant dans une direction différente? La FSSPX et la Tradition catholique doivent-elles poursuivre dans le même chemin indiqué par son fondateur, ou devons-nous changer maintenant notre position pour nous rendre plus acceptables pour le monde moderne et l’église post conciliaire et libéralisée ? Puis-je vous rappeler la position de la FSSPX depuis sa création, qui a toujours été de garder le juste milieu entre le sédévacantisme sur la droite et le libéralisme et le modernisme sur la gauche. Cela a toujours été le choix prudent et sage de notre saint fondateur, pour éviter ces deux extrêmes erronés. Je crois, et ainsi pensent beaucoup d'autres dans le clergé et parmi les laïcs, que depuis plusieurs années, la direction FSSPX s’est éloignée de ce juste milieu prudent et sûr, en prenant une nouvelle direction vers une sorte de rapprochement ou de réconciliation avec la Rome moderniste. Quand cette nouvelle orientation a-t-elle commencé et quelles ont été les circonstances qui l’ont favorisée? Je dirais que son origine et sa cause ont été le pèlerinage très réussi à Rome en l'Année Sainte 2000.
BRÈVE CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS
Revenons maintenant en arrière à l'année des Sacres, 1988. Le 30 juin de cette année-là, Mgr Lefebvre consacra quatre évêques de la tradition et fut puni pour cet acte héroïque d’ une excommunication au moins injuste. Cet acte, la FSSPX l’a toujours considéré comme invalide. L'archevêque a répondu dans sa défense, "excommunié par qui et de quoi." Les douze années suivantes ont été comme une guerre froide entre la FSSPX et les autorités romaines modernistes. L'archevêque a été appelé à recevoir sa récompense éternelle en 1991 et Rome espérait et attendait la désagrégation de la FSSPX dans les années qui suivirent. En fait, le contraire est arrivé : la FSSPX, par la grâce de Dieu, s’est développée et étendue à travers le monde et les fruits de Tradition ont été riches et abondants. Les autorités romaines l’ont reconnu ; les remarquables progrès et expansion de la tradition étaient en contraste avec l'état alarmant de l'église post-conciliaire, victime des fruits empoisonnés de Vatican II. L'observation de Paul VI que la fumée de Satan était entrée dans l'église et que l'église s’auto détruisait, devenait de plus en plus une réalité avec les années. L'église connaissait la plus grave crise de son histoire et les apôtres aveugles du libéralisme et du modernisme occupant Rome la traitait de progrès et de renouveau. Ceci est sûrement ce que Sœur Lucie décrit comme la désorientation diabolique dans l'église et la crise la plus profonde de la foi qui conduit l'église dans l’apostasie. Dans ce contexte de désintégration, la FSSPX et la Tradition étaient florissantes tout simplement parce qu'elles étaient fidèles à la tradition et gardaient ce juste milieu sûr et prudent.

C’était plus ou moins l'état des choses quand, en 2000, la FSSPX a organisé un pèlerinage très réussi à Rome en août de cette année. Son succès fut tel que les autorités romaines ont commencé à prendre un intérêt plus profond pour le travail de la Tradition et de nouveaux contacts ont été établis. Les Romains ont pu voir clairement que la FSSPX était une organisation sérieuse et florissante et ils semblaient être bien disposés envers nous.

Il est important de rappeler à ce stade que l'archevêque a toujours regardé Rome comme le centre de l'unité et a pris grand soin d'éviter l'accusation de schisme en maintenant le contact avec les autorités romaines. Il était aussi très conscient qu'il avait affaire aux libéraux et modernistes qui voudraient utiliser la terminologie catholique dans un sens différent. Pour cette raison, il maintenait un détachement sain, en gardant une distance de sécurité par rapport à la contagion moderniste, mais toujours avec respect pour la fonction.

Après le succès de ce pèlerinage, les contacts amicaux ont continué au cours des dernières années du pontificat de Jean-Paul à qui a succédé Joseph Ratzinger en 2005, le pape Benoît XVI. Ce pape a commencé à prendre un grand intérêt personnel dans le «problème» de la Tradition et de la FSSPX et a commencé à travailler énergiquement vers l'octroi à la FSSPX d'un statut canonique dans l'Église. La Rome moderniste devenait encore plus conviviale et sympathique envers la FSSPX. Mgr Fellay demanda à Rome d'accorder la pleine liberté pour le rite tridentin de la messe et de lever ou de retirer l'excommunication des quatre évêques. Pour la FSSPX, c’était nécessaire pour établir l’existence d’une véritable volonté de la part de Rome vers la Tradition et de favoriser un climat de confiance et la confiance parmi les prêtres et les laïcs. Rome accéda à cette demande lorsque le pape Benoît publia le Summum Pontificorum et a levé les excommunications en janvier 2009. Un obstacle majeur était maintenant enlevé et le processus de rapprochement avec Rome prenait de l'ampleur. Beaucoup dans la FSSPX n’étaient toujours pas convaincus de la véritable bonne volonté de Rome étant donné leur attachement obstiné aux enseignements erronés et aux faux principes de Vatican II. Pourtant l'élan a continué malgré les discussions théologiques de haut niveau qui ont eu lieu pendant cette période entre la FSSPX et les théologiens romains. Ces pourparlers, que Rome n'a jamais publiés, ne servaient qu'à démontrer davantage à quel point la Rome moderniste était arrivée loin de la vérité catholique.

La situation se développait désormais rapidement, au point que Rome a offert à ce moment un accord pratique concret au début de juin 2012 et il semblait clair que Mgr Fellay était prêt à signer. Il semble qu’aurait été accordée à la FSSPX une Prélature personnelle, plutôt comme le statut de l'Opus Dei, mais les évêques locaux auraient à donner leur approbation / autorisation pour notre apostolat dans leurs diocèses. Cela allait clairement être un problème majeur. À la dernière minute, de façon inexplicable, le cardinal Muller a insisté pour que la FSSPX accepte Vatican II et la nouvelle messe. Mgr Fellay a refusé l'accord et les négociations ont échoué. Ou alors nous l’avons pensé!

Vous vous souviendrez que Mgr Fellay nous a rendu visite en juin 2013 et a donné une conférence à Liverpool expliquant ses actions et sa stratégie dans les rapports avec la Rome moderniste. Il a dit à tous les prêtres du District à Preston qu'il s’était engagé dans ce processus long et étiré de négociations avec les autorités romaines parce qu'il voulait savoir ce qu'ils pensaient vraiment. Il répétait qu'il n'avait jamais été question d'un accord purement pratique, mais si tel était le cas, alors quel type d'accord était-il sur le point de signer? (Nous devons garder à l'esprit que le Chapitre général de 2006 avait décidé qu'il n'y aurait pas d'accord pratique avec Rome, sans retour clair et sans équivoque de Rome à la Tradition catholique). Il m'a dit en privé qu'il a estimé qu'il était de son devoir d'engager la FSSPX dans ces discussions et négociations. Cela est tout à fait raisonnable bien sûr, mais n’avons-nous pas déjà la preuve accablante de ce que les autorités romaines pensaient et croyaient et cela a été catégoriquement démontré à nouveau par ces entretiens récents et leur effondrement inévitable. Les Romains veulent toujours que nous acceptions la Nouvelle Messe et Vatican II – cela a toujours été ainsi à l’époque de Mgr Lefebvre et ce l'est encore plus aujourd'hui sous ce pontificat révolutionnaire de François! Pourquoi alors nous demandons nous, ces négociations en cours et elles le sont clairement? L'impression que nous avions après l'effondrement de cet accord était que nous devrions nous retirer maintenant de ces contacts étroits puisque l'intention des Romains était devenue limpide. Toutefois, les contacts ont été maintenus et cela a été confirmé récemment par Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei.
Revenons en juin 2012. J’étais à Ecône pour mon jubilé sacerdotal et l'atmosphère était tendue pour dire le moins. Je voulais parler à l’abbé Nely qui, comme deuxième assistant, est l'un des proches conseillers de Mgr Fellay. Il a accepté de me recevoir et je lui ai exprimé mes préoccupations au sujet d'un accord purement pratique avec Rome sans leur authentique conversion à la Tradition. Puis je lui posais la question: n’est-il plus possible pour la FSSPX de tenir à la position énoncée par l'archevêque, qui est ce JUSTE MILIEU ? Il n'a pas répondu directement à la question mais a déclaré que toute une génération de catholiques grandissent sans savoir ce que c’est d'être dans une relation normale avec Rome. Ce n’est pas normal, a-t-il dit et si nous ne faisons pas quelque chose à propos de notre situation canonique, alors nous allons devenir schismatiques ou sédévacantistes. Ce fut une révélation très intéressante de la pensée qui se cachait derrière cette nouvelle stratégie de négociation avec Rome de la part de Menzingen. Il dit tout cela en fait. Le problème n’était pas avec la Rome moderniste, mais avec la FSSPX qui se trouvait dans une situation anormale. Qui et qu’est-ce qui avait causé la situation anormale en premier lieu, sinon le Concile et les papes moderniste conciliaires? L'archevêque n'a-t-il pas dit souvent (je l’ai entendu répéter de mes propres oreilles) "Je n’ai pas de vues personnelles en matière de religion." Il avait l'habitude de dire que dans les années suivant le Concile, il se trouvait dans une position de plus en plus isolée jusqu'à ce qu'il soit enfin seul. Il n'a pas déménagé ou changé du tout, mais l'église, après le Concile, avait abandonné et rejeté deux mille ans de tradition pour embrasser les doctrines modernistes condamnées par l'Eglise. Nous nous sommes tous ralliés à lui parce que nous nous sentions tous abandonnés et trahis aussi, et nous avons reconnu dans sa voix et ses actions la voix de celui qui est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

Y aura-t-il un accord signé? Beaucoup affirment que rien n'a été signé, donc il n'y a rien à craindre. C’est laissé entendre qu’on n’a rien compris puisque les faits révèlent tous qu'il y a un accord tacite déjà en place. Si le mariage n'a pas encore été consommé, les conjoints sont engagés et fiancés. Beaucoup ont observé l'absence de langage critique venant de Menzingen en ce qui concerne les scandales et les abus dans l'Église conciliaire au cours des quelques dernières années, et en particulier au cours du présente pontificat. Silence pour l’essentiel, et quand il y a une réponse, au mieux, elle est faible et en demi-teinte. Peut-être n'y aura-t-il jamais un accord signé, jugé inutile parce que la FSSPX est déjà sur la bonne voie pour devenir une autre Fraternité Saint-Pierre et est, dans une certaine mesure, déjà sous le contrôle des autorités modernistes.

Permettez-moi de vous donner un exemple parfait, ce qui nous amène jusqu'à nos jours, et démontre clairement à quel point la FSSPX a changé et est sous l'influence de la Rome moderniste. Le 19 mars, en la fête de saint Joseph, Mgr Williamson a consacré un évêque Michel Faure dans un monastère bénédictin au Brésil. L’abbé Faure a été ordonné en 1977 à Ecône par Mgr Lefebvre et a été choisi par l'archevêque, comme son choix personnel, pour être consacré avec les trois autres candidats à Ecône le 30 juin 1988. L’abbé Faure a informé l'archevêque qu’ Alphonse de Galaretta serait un choix plus digne et donc c’est ce dernier qui a été consacré et non l’abbé Faure. Si l’abbé Faure était resté silencieux, il aurait été un évêque de la FSSPX depuis 27 ans. Il était donc un choix judicieux et sûrement un acte nécessaire pour assurer la poursuite du sacerdoce, les sacrements, la succession apostolique et pour le salut des âmes. Menzingen a publié une déclaration le lendemain en disant que la FSSPX dénonçait la consécration : "La Fraternité Saint Pie X dénonce cette consécration épiscopale de l’abbé Faure, qui, malgré l'affirmation des deux clercs concernés, n’est pas du tout comparable aux Sacres de 1988. " La seule chose qui est nécessaire avant tout pour la vie de l'Eglise est le sacerdoce et sans évêques, il ne peut y avoir aucun prêtre et la foi sera détruite. Comment la FSSPX peut-elle dénoncer cette action alors que la crise dans l'Église est infiniment pire que ce qu'elle était en 1988! Moi-même, comme prêtre de la FSSPX, je ne dénonce pas, mais au contraire, je salue comme un acte le plus nécessaire et héroïque. La seule conclusion qui peut être tirée de cette dénonciation est que les auteurs ne pensent plus que la crise est très grave et qu'ils ont maintenant une nouvelle confiance dans la Rome moderniste de fournir des évêques catholiques pour l'avenir. Considérée objectivement, cette consécration était un bien positif pour l'église, de l'ordre le plus élevé, et je ne peux personnellement pas comprendre aucune raison de le dénoncer. Si on le fait, logiquement, on dénonce les consécrations de 1988 également. Tant que la crise de la foi continue, ces consécrations sont nécessaires et effectuées pour continuer la vie de la véritable Eglise du Christ. Mgr Fellay et Menzingen ont dénoncé l'acte nécessaire à la survie de l'Église! Un tel acte est une partie des plus nécessaires de l’opération survie et une coopération étroite et une entente avec la Rome conciliaire et moderniste est une opération suicide.
ÉTAT DE LA SITUATION
Nous ne sommes pas contre un retour à un statut juridique normal dans l'Eglise pour la Tradition catholique, mais les circonstances et le moment doivent être les bons.

À notre avis, nous pensons que la coopération étroite avec les autorités post-conciliaires à l'heure actuelle serait nuisible et même destructrice pour le but auquel nous travaillons et qui est la restauration complète dans l'église de la Tradition catholique et l'établissement du Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Tel était le but et l'objectif de notre fondateur Mgr Marcel Lefebvre et celle de tous les papes modernes jusqu’à l'époque de Vatican II.

Rome a toujours été le centre de l'unité catholique et la papauté la gardienne de l'orthodoxie pendant deux mille ans. Tragiquement, la Rome catholique et les successeurs de Pierre ont, durant les quarante dernières années, succombé à la puissante influence du protestantisme libéral et du modernisme conduisant à l'affaiblissement de la foi de millions d'âmes et menant l'Église du Christ à l'apostasie. En conséquence de cela, de fervents catholiques ont été obligés de retirer leur obéissance et l'allégeance aux autorités post-conciliaires afin de préserver leur foi et leur mode de vie catholique. Nous devons obéir à Dieu et l'autorité de la Tradition catholique, plutôt qu’aux faux bergers modernistes de la Rome contemporaine. Cette situation et ce choix ont été rendus obligatoires pour les catholiques traditionnels par la Rome moderniste, car Vatican II est la cause de la crise.

Nous n’acceptons pas que Rome est maintenant plus sympathique envers la Tradition et est plus favorablement disposé à l'égard de la FSSPX. Plutôt et au contraire, il y a tellement de cas d'une attitude très agressive envers tout groupe ou individu se tournant vers la tradition et tombant sous la censure ecclésiastique. Il est incontestable que Rome est aujourd'hui plus moderniste et libérale que sous le pontificat de Jean-Paul II, alors plutôt que de chercher un rapprochement avec Rome, nous avons besoin pour maintenir notre position de détachement prudent mais respectueux.

Certes, notre ferme et constante adhésion au magistère perpétuel de l'Église est le meilleur témoignage que nous pouvons donner à la Rome moderniste. Nous n’avons pas le droit de mettre en péril les fruits durement gagnés de quarante ans de combat pour la foi simplement parce que les autorités romaines sont agréables et accessibles et de nous dire que nous pouvons leur faire confiance. Nous avons beaucoup trop à perdre et, à notre avis, un tel rapprochement serait un énorme pari. Nous ne devons pas et ne pouvons pas dilapider le glorieux legs et héritage de Mgr Lefebvre.

[Abbé Simoulin, fsspx - Le Seignadou] Le Vatican: ses fonctionnaires, et leur fonctionnement

SOURCE - Le Seignadou - mai 2015

Il y a Rome… et puis il y a le Vatican et ses fonctionnaires, les gardiens de la loi et du Temple ! Ce n’est pas toujours la même chose, hélas ! Le Vatican d’aujourd’hui manifeste bien souvent un esprit qui n’est pas celui de Rome, cette Rome chantée par Dante, Dom Guéranger, Louis Veuillot, l’abbé Berto, Mgr Lefebvre… et bien avant eux par les Pères de l’Eglise : St Clément de Rome, St Ignace d’Antioche, St Irénée de Lyon, Tertullien, Origène, St Cyprien de Carthage… 

Le bon vieux Corneille proclamait déjà que «Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis.» (Sertorius. III, 1), et il nous faut, hélas, distinguer entre Rome et le Vatican, entre ce qui vient de Rome et ce qui vient du Vatican ! Etc’est à Rome que nos sœurs ont conduit leurs écoles, en action de grâces et par fidélité à Rome, sous le regard étonné des fonctionnaires du Vatican.

Curieusement, un petit groupe bruyant a critiqué ce pèlerinage : les enfants auraient été forcées, contraintes malgré elles, traînées de force aux pieds du pape… les parents auraient été « rançonnés » pour payer des frais exorbitants… bref, la bêtise rivalise avec la méchanceté, et ceux qui parlent ainsi devraient regarder, lire et méditer les témoignages rapportés par et sur les participantes! Leur lancer de bérets sur la place St Pierre m’a semblé spontané et plutôt joyeux!

Et il y a encore ceux qui considèrent que les autorités romaines ont agi conformément au droit. 

Mais il y a aussi ceux qui s’extasient sur la bienveillance romaine à leur égard. 

Il peut donc être utile de rappeler simplement les faits.

Ce pèlerinage était en préparation dans les maisons depuis plus de deux années, et pendant tout ce temps les maisons ont multiplié les préparatifs et tenté de récolter les fonds nécessaires (concerts, représentations, ventes diverses…)

1° phase - C’est le 28 août 2014 que la demande est faite aux quatre cardinaux archiprêtres des basiliques papales, par une lettre sollicitant la possibilité de grandes processions avec prédication et chant du Credo, et de la célébration de la messe, précisant clairement que les aumôniers appartenaient à la Fraternité St Pie X.

Le même jour une lettre d’information est adressée à Mgr Pozzo, secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei. Celui-ci n’accuse pas réception de ce courrier.

Le 16 septembre le Cardinal Comastri, Vicaire Général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican, et donc archiprêtre de la basilique St Pierre, donne une réponse affirmative, pour tout et surtout pour « la célébration de l’Eucharistie à l’autel de la Chaire » ! Inattendu mais généreux ! Deo Gratias !

Le 1° octobre, le Cardinal Vallini, archiprêtre de St Jean du Latran et Vicaire du diocèse de Rome, répond que « la Fraternité Saint Pie X n’a pas une situation canonique dans l’Eglise », et qu’il « est désolé de ne pouvoir accorder ni la basilique de St Jean du Latran ni aucune autre église du diocèse de Rome pour la célébration de la Sainte Eucharistie ».

2° phase - Les sœurs font parvenir un dossier au pape lui-même, le 1° novembre, pour solliciter son aide dans la situation délicate et difficile où elles se trouvaient. «Comment dire à nos élèves que les églises de Rome leur sont fermées et que nous ne savons pas où elles auront la messe? Comment leur expliquer que les aumôniers qui leur enseignent le catéchisme, qui leur célèbrent la messe, qui les préparent à leur première communion et les entendent en confession ne pourront pas chanter la messe dans les basiliques romaines? Cette messe qu'elles préparent aussi avec ferveur depuis tant de semaines et de mois? Personne, ni elles ni leurs familles ne comprendra. Vous êtes le seul, Très Saint Père, à pouvoir résoudre cette difficulté de la célébration des messes et à permettre ainsi à nos élèves et aux membres de notre Congrégation le bon déroulement de ce pèlerinage. Pour tous il sera alors une occasion providentielle de grandir dans l'amour de l'Eglise et le désir de la servir. Sûres de votre compréhension, Très Saint Père, nous vous demandons humblement votre bénédiction.»

Le pape, qui semble ne s’intéresser qu’à la « périphérie », ne donne ni réponse, ni compréhension, ni bénédiction ! 

Le 10 novembre, c’est le religieux responsable de la sacristie de Ste Marie Majeure, qui répond par un message électronique, au nom du Cardinal Santos Abril, et accorde trente minutes de présence pour prier et chanter, mais sans célébration de la Sainte Messe: le temps est trop court, et la basilique trop petite pour tant de monde !

Quant au Cardinal Harvey, archiprêtre de St Paul hors les murs, il ne répond pas.

3° phase - le 27 novembre, le secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei adresse un courrier en réponse à la demande adressée au Pape, transmise à la Secrétairerie d’Etat, puis à la Commission pontificale: aucune difficulté pour accomplir dans les basiliques les «actes pieux du pèlerinage», mais «les permissions données dans des cas déterminés bien particuliers, comme, par exemple, les sanctuaires de Lourdes, sont exceptionnelles, et ne peuvent donc s’appliquer au cas des basiliques papales.», et donc il n’est pas question de messe célébrée par les prêtres de la Fraternité. Il serait possible, toutefois, que la messe soit célébrée par un prêtre en pleine communion, etc…etc… refrain connu !

Et le 28 novembre, le Cardinal Comastri écrit à nouveau pour se dédire et préciser que «le célébrant doit être en pleine communion avec l’Eglise catholique et non membre de la Fraternité».

Le 13 décembre, les mères se rendent à Rome, se disant disponibles pour une rencontre. Le susdit secrétaire était trop occupé pour recevoir Mère générale! Il est vrai que la Mère Générale n’avait pas adressé une demande d’audience en trois exemplaires sur papier timbré au susdit secrétaire de la susdite commission! Elles sont donc reçues le 15 décembre par un sous-secrétaire, official de la même commission. Entretien très cordial, au cours duquel le susdit official propose de fournir des prêtres « idoines », et accorde que les prêtres de la Fraternité puissent être présents dans le chœur en surplis. 

Point final...? Non, pas final !

Car le même 15 décembre le susdit secrétaire, trop occupé pour recevoir les mères, a le temps d’imaginer et envoyer un fax à Mgr Fellay, au sujet de ce pèlerinage.

Quelques simples remarques au sujet de ces étranges fonctionnaires du Vatican:
  • Je note la puissance et l’empressement du susdit secrétaire à faire obstacle à la bienveillance du Vicaire Général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican, et archiprêtre de la basilique St Pierre, et empêcher la célébration de la Messe à St Pierre !
  • Je me demande aussi pourquoi le susdit secrétaire a envoyé un fax à Mgr Fellay, qui n’avait rien à voir dans l’organisation de ce pèlerinage ? Qu’espérait-il ? Une intervention de Mgr auprès des mères ? Une concession de Mgr ? Provoquer un désaccord entre la Fraternité et les sœurs (lui qui ne rêve que d’accord !) ? Eh bien ! c’est loupé !
  • Quand le même secrétaire évoque des cas exceptionnels, comme cela est arrivé à Lourdes, qu’entend-il par exceptionnel ? Ce pèlerinage n’avait donc rien d’exceptionnel ? Il est sans doute fréquent de voir de tels pèlerinages à Rome : 200 religieuses et prés de 1000 enfants, parents et amis, en bon ordre, propres et courtoises, venant proclamer leur fidélité à Rome, leur amour de l’Eglise et leur reconnaissance ! Une fois tous les 40 ans… rien d’exceptionnel ?
  • A défaut d’une basilique « papale », ne pouvait-on accorder une église de Rome pour la messe?
  • D’après ce que je sais de la vie de l’Eglise actuelle, il me semble que bien des choses sont permises un peu à tout le monde… mais qu’il est un seul péché impardonnable, péché que seules commettent la FSSPX et les sociétés amies : n’avoir pas de reconnaissance canonique !
La politique a donc remplacé la charité, et la rigueur la plus stricte de la lettre du droit canon fait battre le cœur des prélats et fonctionnaires romains, de haut rang ou de bas niveau. Le respect et l’application de la loi – dont tout le monde se contrefiche, y compris le pape – tiennent lieu de vertu suprême. La lettre du droit canon est devenue la norme et la règle de la bonté !

Et certains osent vanter la bienveillance des autorités vaticanes ! Oui, nous avons bien lu : Sous le pontificat du pape François, les communautés liées à la Fraternité Saint-Pie-X ont donc le droit de pérégriner en paix à Rome. Je ne sais pas si celui qui a écrit cela croit encore à la valeur irremplaçable de la Sainte Messe, comme si elle était une cérémonie accessoire, et non le cœur d’un pèlerinage ! Pérégrinez mais ne célébrez pas… et il trouve cela admirable !

Le pèlerinage s’est donc déroulé avec ferveur du 9 au 14 février. A défaut d’église, même non papale, la sainte Messe a été chantée chaque jour dans une salle louée pour l’occasion, suffisamment vaste et superbement ornée par les religieuses d’Albano.

Les sœurs ont adressé des remerciements aux cardinaux archiprêtres le 28 février 2015.

Quant au susdit secrétaire de la susdite commission, je ne sais qu’en dire, ou plutôt j’en aurais trop à dire ! Le plus triste est qu’il est prêtre, et même évêque… et qu’il oublie que son sacerdoce lui a été conféré pour ouvrir aux âmes les portes de la grâce, et non pour les fermer, surtout quand il s’agit d’âmes d’enfants ! 

Et il ose encore faire le généreux ! Il ose parler de bienveillance et vanter ses bonnes dispositions, alors que son action n’a eu d’autre effet que d’empêcher le bien ! Il ose encore prétendre que c’est à la Fraternité de régler ses « problèmes internes », pour que l’accord qu’il désire puisse se faire ! Il feint d’ignorer que le fond de la querelle réside dans des divergences doctrinales, et il feint de nous tendre une onctueuse main dans l’espoir que nous allons croire que tout va bien au Vatican, et que tout le monde nous y attend le cœur grand ouvert et sans arrière-pensée ! Je suis navré mais, outre le fait que le dialogue a été interrompu il y a deux années et que le désaccord est de plus en plus évident, je ne vois pas comment les agissements du susdit secrétaire pourraient inspirer la moindre confiance, quand ses discours les plus doux sont contredits par tous ses actes !« Les paroles lénifiantes sont volatiles, les faits concrets sont bien plus éloquents. »

Alors nous attendrons encore, et lorsque les fonctionnaires du Vatican auront retrouvé le chemin de la Rome éternelle, la Rome qui aime les enfants, lorsque nous pourrons goûter à nouveau « la tendresse romaine pour les petits » (abbé Berto), nous pourrons peut-être nous y retrouver.

[FSSP (Communiqué)] Nomination des Supérieurs de District

SOURCE - FSSP - 26 avril 2015

Fribourg, le 26 avril 2015

Les mandats des trois Supérieurs de District arrivant à échéance au mois de juillet prochain, l’abbé John Berg, Supérieur Général FSSP, a nommé, avec l’accord de son Conseil Général réuni le 24 avril à Fribourg :
  • l’abbé Bernhard Gerstle comme Supérieur du District Germanophone à compter du 13 juillet 2015 pour trois ans ;
  • l’abbé Benoît Paul-Joseph comme Supérieur du District de France à compter du 13 juillet 2015 pour trois ans ;
  • l’abbé Gerard Saguto comme Supérieur du District Nord-Américain à compter du 13 juillet 2015 pour trois ans.
Au nom de tous les membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, le Supérieur Général et son Conseil adressent leurs plus vifs remerciements aux abbés Axel Maussen, Supérieur du District Germanophone depuis 2003, Vincent Ribeton, Supérieur du District de France depuis 2006, Eric Flood, Supérieur du District Nord-Américain depuis 2008.

Ils assurent les trois futurs nouveaux Supérieurs de leurs prières pour cette charge qu’ils ont dès à présent acceptée au service de la Fraternité.

25 avril 2015

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Importance de la culture

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 25 avril 2015

Si c’est encore possible, venez écouter le Dr White 
Pour relier correctement la Foi avec l’homme moderne.
A partir de vendredi soir, le 1er mai, jusqu’à dimanche midi, le 3 mai, ici à la maison de « La Reine des Martyrs », le Docteur White mènera un autre séminaire littéraire, comme l’année dernière sur Charles Dickens, ainsi cette année sur T.S.Eliot (1888–1965), autre géant de la littérature anglaise associé directement à ce coin de l’Angleterre. En effet, ce fut dans un pavillon ouvert donnant sur la plage de Margate à huit kilomètres au nord de Broadstairs que le poète anglo-américain de renommée mondiale reprit la plume et réussit à composer une bonne partie de la troisième section du poème le plus important du 20me siècle, au moins en langue anglaise, « The Wasteland ».

Ce poème est un portrait brillant du vide dans les esprits et les cœurs des hommes suite à la Première Guerre mondiale (1914–1918). Eliot y forgea une nouvelle façon fragmentaire d’écrire la poésie, qui capte la condition spirituelle fragmentée de l’homme moderne. C’est en ayant assimilé en profondeur les grands artistes du passé, notamment Dante et Shakespeare, qu’Eliot fut capable de donner une forme à la pauvreté spirituelle de nos temps. Par exemple, dans les six vers du poème directement liés à Margate, une de trois filles de la classe ouvrière raconte comment elle a bradé son honneur de jeune fille, pour rien, et pour souligner le vide de la vie de toutes les trois, leurs récits sont encadrés dans des fragments du chant des trois Filles du Rhin qui ouvre et ferme la vision cosmique du « Nibelungenring » de Wagner.

Le vide et le néant — pourquoi diable les Catholiques devraient-ils s’occuper d’auteurs si déprimants ? Nous nous sauvons par Notre Seigneur Jésus Christ et pas par la culture, surtout pas par la culture nihiliste. Une réponse en particulier concerne T.S.Eliot. Une réponse générale concerne toute « culture », définie comme ces histoires, images et musique dont les hommes ne peuvent éviter de former et fournir leurs esprits et leurs cœurs.

Quant à T.S.Eliot, il a lui-même bientôt répudié « The Wasteland » comme l’oeuvre d’un « ronchon rhythmique », et quelques années plus tard il se fit membre de l’église anglicane. Il avait exprimé de façon géniale le néant moderne, mais il ne s’est pas vautré dedans. Par la suite il a écrit plusieurs pièces de théâtre et surtout le long poème des « Quatre Quatuors », lesquels ne sont point nihilistes et dont le Dr White, qui aime beaucoup Eliot, va parler à Broadstairs dans quelques jours. Puisque T.S.Eliot avait lutté honnêtement avec le problème, il ne recourut à aucune solution d’autruche comme le firent bon nombre de Catholiques égarés par Vatican II.

Car la culture en général est à la religion (ou manque de religion) comme les banlieues d’une ville sont au centre-ville. Bien bête serait le général militaire chargé de défendre une cité s’il abandonnait les banlieues à l’ennemi. De même, tout Catholique qui prend au sérieux sa religion ne saurait être indifférent aux histoires, images et musique qui forment les âmes tout autour de lui. Bien sûr, la religion (ou son manque) est centrale dans la vie d’un homme, et la « culture » en comparaison n’est que périphérique, parce que la culture humaine n’est en fin de compte qu’un dérivé du rapport de l’homme avec son Dieu. Néanmoins la religion et la culture agissent chacune sur l’autre. Par exemple, si tant de Catholiques ne s’étaient pas laissé enchanter par « Le Chant du Bonheur », seraient-ils si facilement tombés victimes de Vatican II ? Et si les chefs actuels de la Fraternité St Pie X, en sachant opposer culture catholique à la contre-culture moderne, avaient saisi toute la profondeur du mal, seraient-ils maintenant si résolus à se soumettre aux délinquants de Vatican II à Rome ? La culture peut être importante comme l’Enfer et le Ciel !

Kyrie eleison.

24 avril 2015

[Abbé Alain Lorans - DICI] Avis contrastés sur le pontificat actuel

SOURCE - Abbé Alain Lorans - DICI - 24 avril 2015

Le cardinal Walter Kasper vient de publier un ouvrage sur le pape, intitulé Pape François – Révolution de la tendresse et de l’amour. Selon lui, le souverain pontife « a mis beaucoup de choses en mouvement, et je pense que nous avons besoin de ce mouvement. Car si on stagne, on s’endort ». « Le pape va poursuivre son programme, estime le prélat allemand, mais ce qu’il a mis en lumière dans l’exhortation La joie de l’Evangile(Evangelii Gaudium) est un programme pour tout un siècle, qu’un pape ne peut pas accomplir durant son mandat. Le principe de François n’est pas tant d’occuper des positions que d’introduire des processus qui ne seront plus réversibles. C’est son intention ».

Dans le dernier Herder Korrespondenz Spezial, le théologien allemand Robert Spaemann déclare que personne ne sait que « ce que le Saint Père a maintenant en tête ». Même les partisans enthousiastes du pape François ne savent pas, en réalité, vers quelle destination le « train Bergoglio » se dirige. « On n’arrive pas à se débarrasser du sentiment de chaos », confie Spaemann.

Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, affirme dans La Croix du 29 mars : « Le pape François est plus pastoral (que théologien), et la Congrégation pour la doctrine de la foi a une mission de structuration théologique d’un pontificat ». Ce qui fait bondir l’historien progressiste Alberto Melloni pour qui « structurer théologiquement » le pontificat de François n’est qu’un « élan comique de paternalisme subversif » (sic). Tout comme le plus courtisan des vaticanistes, Andrea Tornielli, qui déclare que l’affirmation du cardinal Müller est offensante envers le pontificat actuel, considéré comme ne possédant pas une structure et une envergure théologiques suffisantes.

A cette agitation, avec placidité et lucidité, Sandro Magister oppose l’évidence : «Tout le monde a pu constater que certaines affirmations – parmi les plus connues – du pape François souffrent effectivement d’un manque de clarté».

Abbé Alain Lorans

23 avril 2015

[Mgr Maurice E. Piat - Diocèse de Port-Louis (Maurice)] «La Fraternité Saint Pie X n’est pas en communion avec l’Eglise Catholique»

SOURCE - Mgr Maurice E. Piat - Diocèse de Port-Louis (Maurice) - 23 avril 2015

Le Père Duvergé, Supérieur de la Fraternité Saint Pie X pour le District de l’Afrique et de l’Océan Indien, nous a fait parvenir une circulaire annonçant que la Fraternité Saint Pie X compte construire une église pour y célébrer ce qu’ils appellent « la Messe Catholique Romaine Traditionnelle». La Fraternité Saint Pie X cherche à se procurer un terrain et fait déjà un appel de fonds.

Dans sa circulaire, le Père Duvergé présente le but du projet comme étant de « préserver la foi catholique romaine à l’Ile Maurice ». Dans le même souffle, il accuse l’Eglise Catholique d’avoir déformé la doctrine, la liturgie, les sacrements et l’enseignement moral de l’Eglise.

J’attire l’attention des fidèles sur le fait que la Fraternité Saint Pie X n’est pas en communion avec l’Eglise Catholique. Les pourparlers initiés par le Pape Benoît XVI en 2011-2012, en vu de rétablir la communion ont échoué.

Je tiens donc à mettre en garde les fidèles catholiques contre la confusion qui est entretenue par la Fraternité Saint Pie X : elle se nomme «Traditional Roman Catholic Church» alors qu’en fait elle n’est pas en communion avec l’Eglise Catholique Romaine.

+Maurice E. Piat

Evêque de Port-Louis

21 avril 2015

[Paix Liturgique] Summorum Pontificum dans les séminaires: et pourquoi pas?

Séminaristes à Rome
lors du pèlerinage du peuple
Summorum Pontificum.
SOURCE - Paix Liturgique - lettre 486 - 21 avril 2015
Dans notre lettre 484, nous avons rapporté le témoignage du Père Christopher Smith, curé de la paroisse du Prince de la Paix, à Taylors, en Caroline du Sud, sur son temps de séminaire à Rome, au début des années 2000. Nous publions et commentons aujourd’hui la suite de son article qui propose une réflexion intéressante sur la situation de la forme extraordinaire du rite romain dans les séminaires et la place qu'elle pourrait y prendre.

(Le texte qui suit, jusqu’au point III, correspond à la partie centrale de l’article publié le 4 mars 2015 par l’abbé Smith sur The Chant Café)

I – POURQUOI LES SÉMINAIRES CRAIGNENT LA FORME EXTRAORDINAIRE

Une question doit être posée : existe-t-il des raisons légitimes pour qu’une maison de formation sacerdotale se méfie de la forme extraordinaire ? La plupart des séminaires n’ont pas tenu compte du Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta, figurez-vous alors s’ils ont fait une place à Summorum Pontificum ou Universæ Ecclesiæ. Au quotidien, la vie liturgique des séminaires a très peu changé après que Benoît XVI a pris ses fonctions même si, dans certaines parties du monde, les séminaristes ont fait un travail personnel admirable pour se former à l’ancienne messe. Certains séminaires offrent quelques messes par an voire une formation optionnelle à la liturgie traditionnelle, mais il n’existe, à ma connaissance, aucun séminaire diocésain où celle-ci trouve ordinairement sa place.

À leur crédit, les recteurs et les professeurs des séminaires se rendent compte qu’ils préparent leurs hommes au ministère dans une Église dans laquelle ils trouveront une diversité d’expressions liturgiques. Que le pluralisme soit toujours légitime ou pas, c’est une bonne question, mais il est un fait que les jeunes prêtres doivent pouvoir servir dans les paroisses que la Bonne Nouvelle du pape Benoît XVI n’a pas encore atteintes. Or, certains peuvent craindre qu’un choix trop prononcé pour la forme extraordinaire ne les empêche de se mettre à la portée des fidèles.

De même, on observe que plus les séminaristes sont curieux de la forme extraordinaire, plus ils se posent de questions – non seulement sur la forme elle-même, mais sur l’ensemble de la réforme liturgique. Or, ce sont des questions inconfortables et les professeurs de séminaire doivent avoir non seulement de larges connaissances pour y répondre mais aussi beaucoup de patience pour accompagner les séminaristes dans leur questionnement.

Les supérieurs des séminaires sont également réticents à diviser la communauté. Ils craignent que la promotion de la forme extraordinaire ne sépare les séminaristes, ne rompe leur esprit de fraternité et ne les amène à se constituer en cliques selon leurs préférences liturgiques ; et, surtout, que cette division ne soit amplifiée dans la vie paroissiale. Les paroisses, les presbytères et les écoles risqueraient de pâtir des intentions du clergéSummorum Pontificum de vouloir changer ce qui s’y est « toujours fait » jusqu’à ce que n’arrivent ces curés en soutane amateurs de latin.

Le personnel des séminaires est également conscient que l’enthousiasme de la jeunesse est rarement tempéré par la vertu de prudence et par la connaissance pratique qui vient de l’expérience du ministère paroissial. Un phénomène nouveau est apparu avec les séminaristes qui ont appris par eux-mêmes la forme extraordinaire. L’autodidacte connaît souvent moins de choses qu’il ne le pense et, avec les meilleures intentions du monde, agace les gens inutilement. Cela m’est revenu à l’esprit récemment alors que j’assistais dans le chœur à une messe solennelle selon la forme extraordinaire. Bien que le clergé était assis dans l’ordre requis, un séminariste a tenu à passer tout son temps à gesticuler pour indiquer aux prêtres plus âgés, qu’il devait croire ignorants en la matière, quand s’asseoir, se tenir debout, s’incliner et ôter leur barrette. Comme il se trompait souvent, j’ai passé toute la messe distrait par ses tentatives de servir de saint assistant.

Beaucoup de séminaristes ont un véritable amour de la messe ancienne, mais la tradition ne leur en a pas été communiquée de manière organique et vivante. Or, quand on essaie de ressusciter la tradition par le biais de livres, de vidéos et de système D, il y a trop de trous dans le tissu pour en faire un vêtement digne dans lequel habiller la liturgie de l’Église. En outre, comme l’expérience liturgique de la plupart des séminaristes porte plus ou moins exclusivement sur la forme ordinaire, il existe aussi une tentation incontournable de greffer une mentalité Novus Ordo sur une liturgie dont la mens est tout à fait différente.

Il y a plus de responsables de la formation des prêtres qu’on ne le pense qui ont conscience de tous ces phénomènes et se disent : « Je ne veux rien avoir à faire avec tout ça. » De même que tout bon recteur qui se respecte sait que, s’il commence à enseigner la forme extraordinaire dans son séminaire, il verra les évêques hostiles à la tradition en retirer leurs séminaristes.

II – POURQUOI LES SÉMINAIRES DEVRAIENT ACCUEILLIR LA FORME EXTRAORDINAIRE

Aucun des phénomènes ci-dessus, qui sont réels, ne devrait empêcher les séminaires d’accueillir joyeusement la forme extraordinaire dans leur vie quotidienne. Aujourd’hui, il devrait être évident pour tous qu’une part importante des hommes tentés par le séminaire sont, sinon franchement enthousiastes, du moins très rarement hostiles à la forme extraordinaire. Bien sûr, cela ne concerne pas tous les pays ni toutes les régions d’un même pays. Cependant, même là où il n’y a que peu voire pas d’intérêt du tout, il y a encore des raisons pour lesquelles les séminaires devraient accueillir la forme extraordinaire.

La première et la plus importante est que le Magistère a dit très clairement qu’il existe deux formes du même rite romain et que les deux sont égales en dignité. Si tous les prêtres de rite latin ont le droit de célébrer les deux formes, il s’ensuit que les séminaires devraient former tous les prêtres dans les deux formes.De sorte qu’ensuite ils soient prêts à répondre à la demande de ceux de leurs fidèles qui désirent la forme extraordinaire et puissent ainsi élargir leur propre horizon pastoral.

L’accueil bienveillant de la forme extraordinaire dans la vie des séminaires serait également une occasion d’apaiser les tensions qui entourent les séminaristes Summorum Pontificum. S’ils ne sont pas formés à la forme extraordinaire au séminaire, beaucoup se lanceront dans une formation parallèle personnelle qui tiendra leur esprit, leur cœur et souvent leur corps hors de l’environnement du séminaire. Lorsque des séminaristes s’engagent dans une telle formation parallèle, ils ont tendance à développer une forme de duplicité qui n’est souhaitable ni pour eux ni pour les séminaires.

[...]

III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1 – Selon le Père Smith, si « certains séminaires offrent quelques messes par an voire une formation optionnelle à la liturgie traditionnelle », il n’y a à sa connaissance « aucun séminaire diocésain où celle-ci trouve ordinairement sa place ». Ce n’est pas tout à fait exact, puisque plusieurs expériences pérennes d’intégration plus ou moins grande de la liturgie traditionnelle existent : au séminaire de Saint-Louis, l’ancien diocèse du cardinal Burke, aux États Unis ; au grand séminaire de Cracovie, en Pologne ; au séminaire de Mundelein (Université de St. Mary of the Lake), le plus important séminaire de l’archidiocèse de Chicago ; au séminaire de Haarlem-Amsterdam, aux Pays-Bas ; au séminaire de Bayonne, où est proposée une messe traditionnelle par semaine ; au séminaire de Guadalajara, au Mexique ; au séminaire de Parakou, au Bénin, dont le recteur est l'abbé Denis Le Pivain ; et surtout au séminaire de Fréjus-Toulon, qui comporte une sectionSummorum Pontificum naissante ; et, sans doute, quelques autres diocèses qui nous échappent…
Rappelons ce que disait à ce sujet l’article 21 de l’instruction Universæ Ecclesiæ : « On demande aux Ordinaires d’offrir au clergé la possibilité d’acquérir une préparation adéquate aux célébrations dans la forme extraordinaire. Cela vaut également pour les séminaires, où l’on devra pourvoir à la formation convenable des futurs prêtres par l’étude du latin, et, si les exigences pastorales le suggèrent, offrir la possibilité d’apprendre la forme extraordinaire du rite. »

2) Suivant de près la question de l’éducation à la forme traditionnelle des séminaristes et des jeunes clercs qui le désirent, nous pouvons affirmer que la question cruciale est bien celle évoquée par Universæ Ecclesiæ, à savoir l’étude du latin. Il ne fait aucun doute qu’une part importante des séminaristes désire non seulement connaître la forme extraordinaire mais aussi pouvoir la célébrer plus tard. L’obstacle majeur – pas infranchissable, mais réel – est la méconnaissance et le non usage fréquent du latin. La grande crise de l’enseignement des humanités depuis la fin des années soixante en est la cause, aggravée par une véritable répulsion qui a eu cours dans les séminaires depuis le dernier concile pour la langue de l’Église.L’apprentissage de la forme extraordinaire suppose la réintroduction sérieuse et systématique de l’étude du latin dans les séminaires. Le caractère obligatoire de cette étude, qui devrait être une évidence dans les maisons de formation de l’Église « latine », est d’ailleurs rappelé par le canon 249 du Code de Droit canonique, qui demande que les séminaristes « sachent bien la langue latine ». Volent non solum verba, sed etiam scripta…

3) Nos enquêtes annuelles sur les chiffres des séminaires montrent qu’en France la proportion du nombre des séminaristes des instituts traditionnels ne cesse de croître par rapport au nombre de séminaristes diocésains (bientôt un quart des séminaristes français seront « pour la forme extraordinaire »). Or, il existe encore des vocations de type traditionnel qui ne trouvent pas de lieu où s’intégrer, dans la mesure où elles recherchent un apostolat plus ouvert et plus paroissial que celui auquel les diocèses de France cantonnent pour l’instant les prêtres des instituts traditionnels. Il est clair qu’une ouverture des séminaires diocésains à la forme extraordinaire répondrait à cette attente. Pour l’instant, par une réaction « conservatrice » tout à fait classique, les responsables des séminaires préfèrent ne pas voir ce phénomène. Mais le réalisme, qui est ici « sens de l’Église », ne peut à la fin que l’emporter.

4) Nous sommes particulièrement sensibles à l’argument de la paix qu’invoque l'abbé Smith : « S’ils ne sont pas formés à la forme extraordinaire au séminaire, beaucoup [de séminaristes] se lanceront dans une formation parallèle personnelle qui tiendra leur esprit, leur cœur et souvent leur corps hors de l’environnement du séminaire ». Il est clair que l’esprit fraternel des séminaires diocésains et régionaux, et par voie de conséquence de l’ensemble des corps sacerdotaux des diocèses, a tout à gagner à cette coexistence paisible entre prêtres exclusivistes de la forme ordinaire ou de la forme extraordinaire et prêtres in utroque usu (biformistes), et cela dès l’époque de la formation sacerdotale.
Chaque fois qu'un séminaire donne l'occasion à ses séminaristes de mieux se familiariser avec la forme extraordinaire, il permet à ses propres séminaristes d'acquérir une expérience appréciable qui ne pourra qu'améliorer l'homogénéité du corps sacerdotal et, partant, du peuple diocésain, quelles que soient les sensibilités propres des uns et des autres. On peut toutefois, comme le fait l’abbé Smith, se demander si la liturgie traditionnelle ne gagnerait pas à être pleinement intégrée à leur formation sacerdotale et pas simplement considérée comme un « à-côté ». Pour l’équilibre et l’harmonie du diocèse, une offre normalisée de la formation à la messe traditionnelle renforcerait non seulement les liens entre futurs prêtres mais aussi le sentiment d’appartenance de ces futurs prêtres au diocèse.

5) Certes, du point de vue des autorités diocésaines, il pourrait y avoir une crainte à introduire « ordinairement » la forme extraordinaire dans les séminaires : celle de voir les futurs prêtres en demander plus et ne pas se contenter de la liturgie traditionnelle mais vouloir aussi « ce qui va avec » – la philosophie et la théologie thomistes, par exemple. Au regard de la crise des vocations, ce « risque » ne vaut il pas la peine d’être couru pour enfin former des prêtres ayant assimilé aussi bien « les éléments nouveaux » introduits par les constitutions et décrets du concile Vatican II en vue de répondre « aux transformations des temps actuels » que « les lois approuvées par l’expérience des siècles passés » comme le demandait le décret sur la formation des prêtres de Vatican II, Optatam totius Ecclesia renovationem, promulgué par Paul VI le 28 octobre 1965 ?

6) Enfin, sur un plan pratique, remarquons que les fidèles qui sollicitent leur curé pour vivre un tant soit peu leur vie chrétienne au rythme de la forme extraordinaire dans leurs paroisses se voient SOUVENT objecter la non idonéité en ce domaine des prêtres diocésains. Cet argument est associé en général à une forte méfiance vis-à-vis des prêtres extérieurs, venant par exemple des communautés Ecclesia Dei, ce qui rend presque impossible l'instauration d'une paix véritable ! La formation de prêtres diocésains aptes à remplir ce service liturgique en toute charité réglerait, partout où cet argument est exprimé en toute bonne foi, la question du sacerdos idoneus (instruction Universæ Ecclesiæ, 20-23) tout en évitant, pour ceux qui le craignent, de faire appel à des prêtres extérieurs…