30 juin 2015

[Abbaye du Barroux - f. Basile - Les Amis du Monastère (bulletin)] Chronique du monastère

SOURCE - Abbaye du Barroux - f. Basile - Les Amis du Monastère (bulletin) - juin 2015

Mercredi 4 février : Ouverture de la visite canonique, effectuée cette année par Dom Jean-Charles Nault (abbé de Saint-Wandrille) et Dom André-Jean Demaugé (abbé émérite d’En-Calcat). Les deux visiteurs nous présentent leurs monastères respectifs : En-Calcat compte 63 moines, Saint-Wandrille, 33. Dom Nault, vice-postulateur de la cause de béatification de Jérôme Lejeune, évoque pour nous les étapes suivies par les 45 000 pages du dossier.

Mardi 10 février : Chez les moniales, la Sainte-Scholastique est fêtée pauvrement, par un simple prêtre aidé de deux servants de messe. Pas d’orgue ! Pas de parloir ! La grippe a décimé les rangs.

Lundi 16 février : Originaire de Vancouver, et résidant à Montréal, l’abbé Garrick Huang, de la Fraternité Saint-Pierre, est invité au pique-nique des novices, car il a été à Ottawa le père spirituel de notre postulant Michel-René.

Mardi 17 février : Mgr Philip Egan, évêque de Portsmouth, est en retraite chez nous avec le Père oratorien Guy Nicholls. Il nous parle de son diocèse : les conversions au catholicisme y continuent, car l’anglicanisme est en perte de vitesse, notamment en raison des « ordinations de femmes-évêques ».

Jeudi 19 février : Père Charbel part à Draguignan donner des cours de liturgie aux dominicaines du Saint-Esprit.

Mardi 24 février : Père Sous-prieur fête ses 25 ans de profession, en présence de sa famille, d’amis, d’anciens du collège de Châteauroux, et bien entendu de Mgr Guillaume, qui l’a ordonné prêtre en 1996. Père Abbé, bien que grippé, a pu recevoir la rénovation des vœux du jubilaire, mais il a délégué la célébration de la messe au Père Prieur — d’ailleurs lui aussi atteint —, et l’homélie au Père Odon.

En effet, la grippe, après avoir terrassé nos Frères de la Garde et les moniales, vient d’abattre 25 d’entre nous.

Mercredi 25 février : Le Père David Macaire, o.p., prédicateur de la retraite annuelle des moniales, se garde bien de nous dire (secret pontifical oblige !) qu’il a accepté aujourd’hui même sa nomination comme archevêque de Fort-de-France ! — Début d’une session de l’abbé Pierre Dumoulin sur l’Évangile selon saint Luc, illustrée par un diaporama.

Jeudi 26 février : À bientôt 88 ans, le Père Pierre Descouvemont, volcan de charité, qui a ouvert en 2015 son propre site Internet (www.peredescouvemont.fr), prêche chez nous la retraite des prêtres Totus Tuus. Nous venons de finir au réfectoire son livre Une novice de sainte Thérèse, sœur Marie de la Trinité.

Samedi 28 février : Des chefs scouts de diverses associations se retrouvent sur notre colline, soit pour une récollection encadrée par Père Mayeul et Père Albéric, soit pour une semaine de formation dans les locaux de l’Institution Saint-Louis.

Dimanche 8 mars : Père Abbé et 5 Pères et Frères chantent la messe dominicale à l’abbaye du Thoronet devant une assemblée de presque 80 personnes. Ils sont ensuite reçus chez les sœurs de Bethléem, voisines de cet ancien monastère cistercien.

Mercredi 11 mars : Nous invitons 3 officiers des pompiers, dont le colonel du département, pour les remercier d’avoir jugulé efficacement le proche incendie d’octobre dernier.

Jeudi 12 mars : Don Grégoire Lantheaume, de la Communauté Saint-Martin, nous livre quelques souvenirs de ses séjours dans les nonciatures de Croatie, des États-Unis, et d’Irak. Il nous explique la mystérieuse fonction des nonces.

Dimanche 15 mars : Mgr André Fort, évêque émérite d’Orléans, âgé de 80 ans, et désormais chapelain à Notre- Dame du Laus, confère le sous-diaconat à Frère Irénée, et le diaconat à Frère Jean-Chrysostome. 

Lundi 16 mars : Père Odon revient de prêcher aux quelque cent collégiens de la Croix-des-Vents de Sées, tandis qu’ici Père Louis-Marie (de Lagrasse) entame une prédication pour ceux de la Sainte- Famille (Grenoble).

Vendredi 20 mars : Père Albéric introduit aux arcanes de la vie monastique une quinzaine de lycéens de Stanislas (Paris), à qui André Pighiera vient donner son célèbre témoignage.

Dimanche 22 mars : Conférence spirituelle de Père Abbé sur « le discernement des esprits ».

Lundi 23 mars : Père Odon nous raconte le « Salon des vins d’Abbayes » (Paris), où il présentait nos produits viticoles. — Père Basile, lui, a donné 36 heures de cours aux moniales de Wisques, sur la vertu de justice, le célibat sacerdotal, la Providence et le Christ rédempteur.

Jeudi saint, 2 avril : Père Abbé et Frère François participent à la messe chrismale célébrée à Vaison-la-Romaine. Mgr Cattenoz y attire l’attention par son homélie, mimée par des acolytes.

Samedi 4 avril : Durant la Vigile pascale, par délégation de l’archevêque, Père Abbé baptise et confirme deux adultes.

Dimanche de Pâques, 5 avril : M. Michel Testenière, professeur au conservatoire de Carpentras, nous régale de morceaux de trompette, accompagnés à l’orgue.

Samedi 11 avril : Cinq enfants nous sont amenés par le Père Xavier Piron, responsable d’un patronage dans l’Ain. Père Charbel leur fait découvrir la beauté de la messe, Père Damien les initie à l’oraison, Frère Étienne leur raconte sa vocation.

Dimanche 12 avril : Les animateurs du Chapitre Sainte-Madeleine écoutent Bernard Antony et Philippe Darantière leur parler de la chrétienté, des persécutions en Orient, et de l’Islam. — Nous recevons à déjeuner un SDF baptisé à Avignon durant la nuit pascale.

Lundi 13 avril : Le Père Justin Berka, cistercien tchèque déjà venu en 2002 et 2013, nous rappelle les persécutions subies par sa communauté durant le nazisme et le communisme. Il est prieur de 5 ou 6 religieux renouant avec le rite traditionnel cistercien.

Mercredi 15 avril : Père Abbé revient de Sainte-Marie de la Garde, après une escale à Lagrasse chez le Père Emmanuel-Marie et son frère le Père Maximilien. — Pour les 20 ans d’Evangelium vitae, de saint Jean-Paul II, nous relisons au réfectoire cette magnifique encyclique, tellement actuelle. — 13 lycéens de Saint-Jean-de-Passy suivent une retraite de 3 jours sous la houlette de Père Luc.

Dimanche 19 avril : Accompagnés par le Père Savoldelli, curé de notre secteur de Mazan, 60 à 70 paroissiens des villages environnants sont accueillis au monastère par Père Abbé, qui leur fait visiter le cloître, le chapitre, le réfectoire. Frère Étienne leur a préparé un bon goûter, et Père Philippe leur présente l’Institution Saint-Louis.

Mardi 21 avril : Grande promenade des profès à Sainte-Marguerite. Pique-nique partagé avec l’abbé d’Andigné, l’abbé Pozzetto et le Père Louis-Marie de Blignières, qui nous a édifié dimanche soir par une belle conférence sur le mystère de la Résurrection.

Samedi 25 avril : Père Abbé participe au conseil diocésain sur la vie consacrée.

Mercredi 29 avril : Père Abbé, Père Henri, Frère Jean et Frère David sont à Cotignac et à Draguignan pour la journée. C’est donc Père Prieur qui commente la sainte Règle, sur « comment n’aurait-on pas de distractions indirectement volontaires au chœur, si on ne se recueille pas à temps pour chanter l’office ? » : un beau thème pour la fête des quatre saints abbés de Cluny !

F. Basile

[Abbaye du Barroux - f. Marc - Les Amis du Monastère (bulletin)] La vie monastique à La Garde

SOURCE - Abbaye du Barroux - f. Marc, prieur de Sainte-Marie de la Garde - Les Amis du Monastère (bulletin) - juin 2015

Chers amis,

Répondant à une personne très chère, le bienheureux Dom Columba Marmion écrivait un jour : « Une ligne de toi, ou tout signe indiquant que tu ne m’as pas oublié, est pour moi source de joie profonde et une véritable fête ! » Puissiez-vous recevoir dans les mêmes sentiments de joie ces quelques nouvelles, transcrites ici de la part de toute notre communauté. Mercredi 4 mars : Les locaux de l’arrière-cuisine étant maintenant opérationnels, notre frère Rémi dispose d’un local avec chambre de pousse pour faire ce que nos habitués appellent désormais « le bon pain des moines »! Quant à notre frère Vincent-de-Paul, il peut s’adonner à sa charge de cuisinier dans un espace désormais bien adapté et fonctionnel. Samedi 21 mars, Saint-Benoît : Récollection de la paroisse de M. l’abbé François de Larboust, de Toulouse. Près d’une centaine de personnes, nombreux enfants et adolescents compris... La chapelle est pleine en ce jour liturgique faste.

Samedi 28 mars : Des scouts de notre diocèse campent 36 heures au monastère.

Samedi 11 avril : Comme l’an passé, nous avons la joie d’accueillir une trentaine d’adolescents de la paroisse de Marmande, qui se préparent à la profession de foi.

Vendredi 17 avril : Notre Père Ambroise travaille plusieurs parcelles de nos terres. Il s’agira d’y semer, au bénéfice de nos abeilles, des plantes mellifères.

Samedi 2 mai : Nous recevons nos oblats et oblates pour une récollection prêchée par notre Père Martin. Le thème choisi ne vous étonnera pas : « Les psaumes ». Au siècle dernier, Dom Germain Barbier, un Père Abbé bénédictin et authentique ami de Dieu, s’adressant un jour à des oblats, leur disait : « Si nous récitons nos psaumes sans hâte, dans une attitude de respect et de révérence, non pour les avoir récités, mais pour mettre vraiment notre âme dans la main de Dieu et renouveler en nous le sens et le goût de Dieu, nous aurons posé d’aplomb la première pierre de l’édifice quotidien. » Voilà pour les nouvelles. Juste encore un mot. Il n’y a pas si longtemps, un retraitant — sans doute ragaillardi par son séjour de quelques jours — prit congé de la communauté en la saluant par ces mots : « Et maintenant, advienne que pourra ! » À bien y réfléchir, je crois qu’il aurait mieux valu dire : « à la grâce de Dieu ! » Cela aurait mieux exprimé notre marche progressive sur la voie de la confiance et de l’amour. À l’approche de la Pentecôte, demandons à l’Esprit Saint de souffler fort sur nos âmes habitées de la bienheureuse Trinité, pour que cet « advienne que pourra » laisse définitivement place à « advienne ce que Dieu voudra ». En Lui, ne sommes-nous pas toujours entre de bonnes mains ?

F. Marc, prieur de Sainte-Marie de la Garde

[DICI - FSSPX] 29 juin 2015, ordinations à Ecône (Suisse)

SOURCE - DICI - FSSPX - 30 juin 2015

Le 29 juin 2015, en la fête des saints apôtres Pierre et Paul, au séminaire d’Ecône (Suisse), Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, a ordonné 7 diacres et 9 prêtres : 7 de la Fraternité, tous originaires de France, et 2 moines capucins de Morgon (France).

Les sept nouveaux prêtres de la Fraternité sont : MM. les abbés François-Régis de Bonnafos, Loïc de Fraissinette, Louis-Marie Gélineau, Louis Hanappier, Foucauld le Roux, Gonzague Peignot et Guillaume Scarcella.

Etaient présents à la cérémonie Mgr Bernard Tissier de Mallerais et de Mgr Alfonso de Galarreta, ainsi qu’une centaine de prêtres de la Fraternité et des communautés religieuses amies.

(Source : FSSPX/Ecône – DICI du 30/06/15)

[Abbaye du Barroux - Placidus - Les Amis du Monastère (bulletin)] Les lieux monastiques - Le ciel

SOURCE - Abbaye du Barroux - Placidus - Les Amis du Monastère (bulletin) - juin 2015

La dernière lettre de Placidus à son cousin

Quand tu recevras cette lettre, mon cousin, je ne serai plus de ce monde. L’homme est une herbe et tout son éclat est comme la fleur des champs ; l’herbe sèche, la fleur se flétrit. Mais la parole de notre Dieu se réalise à jamais (Is. 40, 6-8).

« Ne pleure pas si tu m’aimes » : sitôt purifié de mes péchés par le feu du purgatoire, je verrai l’essence divine face à face sans la médiation d’aucune créature. « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (I Cor. 2, 9). Impossible de te rien dire qui puisse seulement te donner une idée d’un tel bonheur, participation à la joie même de Dieu : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître ! »

« La vie monastique, aimait à répéter Dom Gérard, est une vie éternelle commencée. » Et le Père Adalbert de Vogüé, pour attiser en lui la flamme de l’attente, passait chaque dimanche une heure à se répéter : « Vie éternelle, Vie éternelle... » Le monastère ouvre sur le ciel : tu passes cette porte et deux grands bras paternels t’attendent. « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie », disait simplement la petite Thérèse. Comme elle avait raison !

Il y a, bien sûr, le redoutable jugement de Dieu. Il y a le purgatoire : heureuse souffrance où nous expérimentons la domination de l’amour de Dieu sur le mal demeuré en nous au moment de la mort. Justice et miséricorde s’embrassent en cette bienheureuse expiation. Notre juge est un Dieu mort sur la croix pour nous sauver. Il y est donc tout ensemble juge et avocat.

À l’heure où tu lis ces lignes, mon cousin, j’ai franchi la porte mystérieuse... du purgatoire s’il me faut encore expier mes fautes, ou... du ciel, si Dieu m’a fait miséricorde. Je demeure tout proche de toi, vivant comme toi de la vie du Dieu Trinité.

Une même charité nous unit par-delà le voile : la terre, le purgatoire et le ciel communiquent...

Je t’attends... Accepte dès maintenant toutes les angoisses et les souffrances dont la mort pourra s’envelopper pour toi. Elles préparent ton âme à la rencontre ineffable. Mais, pour l’amour de Dieu, regarde au-delà : vision lointaine, vision lointaine, comme dans la conduite automobile ! Quand nous levons les yeux vers le ciel, tout ce qui nous en sépare est remis à sa juste place.

Laisse sourdre en toi « l’eau vive » dont parlait si bellement saint Ignace d’Antioche, celle qui murmure au-dedans : « Viens vers le Père ! » Il ajoutait : « C’est le Christ que je cherche, qui est mort pour nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. » Songe combien il fera bon habiter avec notre Père du ciel, avec Jésus et la Vierge Marie, saint Joseph et tous les saints.

Nous ne retrouverons notre corps, il est vrai, qu’au dernier jour : un corps ressuscité ! Mais dès l’entrée au ciel, notre joie est déjà parfaite. Rejoins-moi, ami très cher...

Et pour t’y préparer, redis, chaque jour, ta confiance à l’Esprit Saint :

« Guidez-moi, douce lumière, dans les ténèbres qui m’enveloppent. Guidez-moi en avant ! Obscure est la nuit et je suis loin de la maison : guidez-moi...

Par landes et par marécages, par torrents et ruisseaux, jusqu’à ce que la nuit s’achève, et qu’à l’aube me sourient ces visages d’anges, que j’ai longtemps aimés. » (Bx John-Henry Newman)

Sans attendre ce jour béni, je t’embrasse.

Ton cousin Placidus.

Avec ce numéro s’achève la fiction littéraire des lettres à Placidus. Vous avez été nombreux à nous faire part de votre enthousiasme à propos de cette rubrique. Vous découvrirez dans notre prochaine lettre une histoire du monachisme, qui s’étalera sur plusieurs numéros.

[Lettre à Nos Frères Prêtres - Abbé Bouchacourt - FSSPX] Nécessaire lucidité (éditorial)

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Deux faits doivent actuellement attirer notre attention vigilante. Il s’agit, d’une part, de la situation des chrétiens en pays d’islam qui, en de nombreux lieux, sont menacés, attaqués et même souvent assassinés sans autre forme de procès. Il s’agit, d’autre part, du centenaire de l’immense massacre qui, dans l’Empire ottoman, a décimé les Arméniens et d’autres minorités chrétiennes.

De ces réalités, nous devons lucidement, me semble-t-il, tirer trois conclusions importantes. La première, c’est qu’une partie de l’islam considère comme légitime, normal voire nécessaire de persécuter et d’exterminer les chrétiens. Peu importe de savoir, pour le moment, si cette conception du « djihad » est légitimement déduite des textes coraniques ou, comme le prétendent certains, s’il s’agit d’une interprétation erronée. La seule réalité à connaître est que, en vertu de l’islam ou contre son véritable esprit, une partie des musulmans est décidée à attaquer et à détruire le christianisme.

La deuxième conclusion, plus importante d’un point de vue religieux, c’est que l’islam (et ici dans toutes ses composantes) est en pleine expansion. Des milliers de mosquées sont construites tous les ans à travers le monde, les conversions se multiplient, ses fidèles se réveillent, se ressaisissent et se remettent à pratiquer assidûment, sa « visibilité» s’accroît chaque jour.

Cette situation doit nous interroger. Notre religion catholique est-elle, elle aussi, en expansion à travers le monde ? Construisons-nous des églises pour accueillir les fidèles issus de conversions? Les anciens fidèles pratiquent-ils en masse, les séminaires sont-ils pleins ? Si tel n’est pas le cas, il est à craindre que l’islam ne finisse par submerger le christianisme.

Mais c’est la troisième conclusion qui est la plus urgente à considérer. L’Histoire nous apprend que la progression de l’islam ne peut être stoppée que par une foi vive et rayonnante. Aucune armée, aucun « drone », aucune mobilisation purement temporelle ne suffira pour arrêter une progression qui possède une dimension spirituelle.

L’Afrique, l’Asie mineure et une bonne partie du Moyen Orient connaissaient des chrétientés nombreuses, mais minées par le schisme, l’hérésie, le relâchement spirituel : ces chrétientés ont été littéralement englouties par l’islam conquérant. Au contraire, c’est par une foi ardente et pleinement orthodoxe que les Maronites du Liban ou les Espagnols de la Reconquista ont pu faire pièce aux assauts musulmans et demeurer catholiques.

Soyons lucides et courageux : l’unique voie de salut pour l’avenir de la religion catholique en nos pays est une foi brûlante qui informe toute la vie.

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] Notre sainteté au regard des âmes

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Le prêtre est homme d’Église, mais il est aussi l’homme des âmes, il a dans son ministère charge d’âmes (ne serait-ce qu’au moment de conférer un sacrement, de prêcher, etc.). Ces âmes, il doit les aider à aller saintement vers Dieu. S’il ne se sanctifie pas lui-même, comment allumera-t-il dans les fidèles la flamme de la sainteté?

Le cardinal Mercier n’hésitait pas à dire à ses prêtres que la consigne de Jésus : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) s’adressait prioritairement à eux, car « si les autres doivent être saints, vous avez la mission d’être leurs sanctificateurs ; s’ils doivent être parfaits, vous êtes chargés de les mener à la perfection ».
Se sanctifier pour sanctifier
Les âmes ont besoin du prêtre pour leur sanctification, et elles sont en droit d’attendre du prêtre qu’il se rende capable effectivement de les sanctifier et de les entraîner sur la voie de la sainteté. Or, sans sa sainteté personnelle, le prêtre sera difficilement efficace auprès des âmes pour les entraîner dans leur idéal de « fidèles du Christ ».

Un entraîneur doit d’abord faire figure de convaincu et de pratiquant, faute de quoi il est considéré comme débitant un boniment commercial sans portée réelle. Mais comment faire figure de convaincu si l’on ne met pas en pratique les principes que l’on prétend imposer aux autres ?

L’autorité d’une vie sainte appuie l’autorité du ministère sacerdotal. Une des étymologies classiques du mot « religion » est religare, « relier » : mais le prêtre ne peut « relier » les fidèles à Dieu s’il n’est d’abord lui-même relié à Dieu.
Les fidèles exigent la sainteté du prêtre
Les fidèles, et même les gens du monde, attendent des prêtres, exigent même d’eux qu’ils les dépassent en vertu et en sainteté. Par la plus curieuse des sévérités, les incroyants, les anticléricaux ne tolèrent pas le prêtre mondain, relâché, inobservant. Dans une foule de choses permises et innocentes pour les laïcs, ils attendent que le prêtre fasse montre d’austérité. On ne lui permet pas d’être un simple homme, on lui demande une supériorité morale constatable.

Car, spontanément, c’est le Christ qu’on cherche en lui. Or seul le saint prêtre reflète en lui « la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ » (2 Co 3, 18 ; 4, 6).

« Si vous n’arrivez pas à être des saints, disait en son temps avec vigueur le cardinal Sevin aux élèves du Séminaire français de Rome, vous serez les fossoyeurs de l’Église de France. Pour la conduire au tombeau, il suffit d’un clergé honnête ; pour la sauver, il faut des saints ».
Le prêtre témoin du surnaturel
Un jeune femme élevée en dehors de l’Église a fait un jour le témoignage suivant : « Pour moi, un prêtre est un vivant de Dieu. Je me souviens de la première fois où je me préparais, à l’âge de vingt-trois ans, à rendre visite à un prêtre. J’avais dans l’esprit cette idée que j’allais voir quelqu’un qui vivait de Dieu et avec lui. Pour moi, c’était cela un prêtre, un homme vivant de Dieu. Je me disais qu’il fallait que cela se voie, ou alors c’était une blague. Vous, prêtres, vous ne vous rendez pas compte que c’est là-dessus que nous vous jugeons, sur ce témoignage presque extérieur que vous nous donnez de Dieu. Il faut que la foi du prêtre passe en dehors. Le prêtre doit démontrer Dieu. Il faut que nous constations q u’il vit certainement de Dieu. Alors, pour l’athée, Dieu qui était “l’impossible” devient soudain “le possible”. On ne peut pas ne pas être frappé, troublé, bouleversé par un prêtre qui est réellement un témoin de Dieu. A l’inverse, on ne lui pardonne pas de ne pas être, à quelque degré, ce témoin fidèle ».
Comment toucher les âmes sans conviction enracinée?
Nous touchons les âmes par le ministère de la prédication : nous sommes les semeurs du Verbe, les porteurs de la parole divine. Or, comment être les serviteurs de la vérité du Christ et ouvrir les âmes à cette vérité sans la conviction vécue, qui seule donne la sincérité à l’accent ? Comment se faire écouter si la vie dément les paroles ?

Nous touchons les âmes par l’autorité sacerdotale. Ce pouvoir nous a été octroyé pour servir les âmes, non pour les dominer : nous devons les gouverner pour elles-mêmes, afin de les conduire à Dieu. Il faut donc que nous soyons à leur service des instruments dévoués du Christ, et pas autre chose. Cela suppose l’exercice des vertus les plus difficiles : humilité, abnégation pour ne pas se faire le centre de tout et se défier de soi-même et des moyens purement humains.

Nous touchons les âmes par la célébration des sacrements. Or cela demande, non sans doute pour la validité, mais pour l’exercice normal de cette charge, la sainteté de celui qui transmet aux autres la grâce et le sacré. Les fidèles, en vérité, ont droit à ce que nous leur administrions les sacrements de façon digne et sainte.
Le prêtre, sacrement de la présence du Christ
Notre mission, à nous prêtres, est de donner aux âmes le surnaturel qui les fait vivre. Le surnaturel se donne principalement par le moyen des sacrements. Les sacrements agissent ex opere operato, par leur vertu propre, qui est la vertu du Christ. Mais ils agissent aussi d’une certaine manière ex opere operantis, par la vertu de celui qui administre.

Si le prêtre ne manifeste pas par son attitude qu’il est vraiment un agent du surnaturel, qu’il expérimente en lui-même ce surnaturel avant de le présenter aux fidèles, ces derniers n’apprécieront pas à leur juste valeur les sacrements qu’il distribue, la messe qu’il célèbre, la prédication qu’il propose, les conseils qu’il donne.

Le prêtre lui-même est comme le sacrement du Christ. Les paroissiens qui viennent à son contact lui disent implicitement, comme autrefois les gens s’approchant des Apôtres : « Nous voulons voir Jésus». S’il ne peut montrer que du talent, du courage, de l’habileté, une belle activité humaine, si le Christ ne transparaît pas dans sa personne, il ne sera pas reconnu comme un témoin, un messager du Christ.

Un homme revenu d’Ars où il avait vu l’abbé Jean-Marie Vianney s’écriait avec enthousiasme: «J’ai vu Dieu dans un homme!». Il faudrait que nous puissions dire: «Seigneur, qu’en me voyant on vous reconnaisse!». 

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] La Messe, une leçon de sainteté sacerdotale

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

La célébration eucharistique n’est pas seulement la source toujours vive de notre sainteté sacerdotale, elle est aussi pour nous une leçon permanente de sainteté.

Toute liturgie doit se traduire en engagement de vie ; faute de quoi, elle perdrait quelque chose de sa signification intégrale. Dès lors aussi, le cœur de notre liturgie qu’est la sainte messe doit activement stimuler notre comportement sacerdotal.

Le prêtre, disait le père Chevrier en une formule frappante est, à l’instar du Christ dans la messe, « un homme dépouillé, un homme crucifié, un homme mangé ». Cette devise résume tout simplement l’enseignement qui nous vient de la prière eucharistique. La consécration eucharistique nous rappelle chaque jour le devoir de notre assimilation au Christ Prêtre. Le sacrifice de la messe nous remémore quotidiennement l’obligation de notre immolation personnelle au service du Christ.

Enfin, le mystère de la communion sacramentelle nous remet chaque jour en mémoire le devoir de notre donation perpétuelle aux âmes.
Le prêtre est un homme dépouillé
La première leçon de sainteté qui découle pour le prêtre de la consécration eucharistique vise sa propre transformation pour s’assimiler au Christ.

A l’autel, Jésus dit par nos lèvres : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Et aussitôt, le miracle de la transsubstantiation est accompli : le pain n’est plus du pain, le vin n’est plus du vin ; sous les apparences visibles des espèces eucharistiques est présent le Christ glorifié avec son corps, son sang, son âme et sa divinité.

Cette conversion totale du pain et du vin au corps et au sang de Notre-Seigneur nous rappelle le devoir de notre transformation dans le Christ Prêtre. Sans doute, en vertu de notre caractère sacerdotal, une configuration ontologique de nous-même avec le Christ Prêtre a déjà été réalisée.

Mais cette configuration ontologique réclame impérieusement celle de toute notre vie : « Nous sommes prédestinés à reproduire en nous l’image du Fils de Dieu » (Rm 8, 29). Le prêtre, pour être un ministre parfaitement assorti au Christ Prêtre éternel, Image substantielle du Père, doit aussi être chaque jour plus parfaitement transformé en cette même image.

Le prêtre, écrivait Pie XI dans l’encyclique Ad catholici sacerdotii fastigium, « doit vivre comme un autre Christ qui, par l’éclat de ses vertus, illuminait et illumine encore le monde ». Les saints prêtres se rendent compte qu’ils ne célèbrent bien leur messe qu’à la condition de travailler jour après jour à leur transformation morale à l’imitation du souverain Prêtre dont ils sont les ministres attitrés.

« Offrir le saint sacrifice de la messe, disait saint André Hubert Fournet, ne consiste pas seulement à bien dire les prières de la messe, mais à devenir un autre Jésus-Christ, à s’unir si parfaitement à ce divin Modèle qu’on n’ait plus avec lui qu’un même cœur, mêmes pensées, mêmes sentiments ».
Le prêtre est un homme crucifié
Lacordaire a défini la vocation du prêtre : « Une immolation de l’homme ajoutée à celle de Dieu ». Le mystère de l’immolation eucharistique nous rappelle chaque jour l’obligation de notre immolation personnelle avec le Christ Prêtre.
Au Calvaire et sur l’autel, Jésus-Christ est à la fois prêtre et victime. Le prêtre ministériel doit, lui aussi, à l’autel, chaque jour, être prêtre et victime avec le Christ. Représentant visiblement JésusChrist Prêtre, il faut qu’il s’unisse à Jésus-Christ Victime pour donner à sa messe tout son sens et toute sa profondeur.

Saint Paul regarde déjà la vie chrétienne comme une immolation : « Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ; c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre » (Rm 12, 1). Mais cette invitation touche de façon éminente le prêtre ministériel qui doit compléter son action extérieure comme prêtre par un sacerdoce spirituel d’immolation de toute sa vie au Christ.

Chacune de nos messes doit nous stimuler à prendre au sérieux le « Quotidie morior », « Je meurs chaque jour » de saint Paul (1 Co 15, 31), aussi bien que « Le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde » (Ga 6, 14).

« Te voilà prêtre, mon petit Jean, disait la mère de Don Bosco à son fils le jour de son ordination sacerdotale ; te voilà prêtre, et chaque jour tu vas dire ta messe. Alors rappelle-toi bien ceci : commencer à dire la messe, c’est commencer à souffrir ». Commencer à dire la messe, en effet, c’est s’engager par le fait même à s’immoler avec le Christ.

Pour que nos mains soient pleinement sacerdotales, il ne suffit pas qu’elles aient été ointes par l’huile sainte : il faut que ces mains ressemblent en quelque manière aux mains transpercées du Christ ; il faut surtout que notre cœur ressemble un peu au cœur du Christ transpercé par la lance. Il faut, en un mot, que le Christ trouve en nous, spirituellement, les stigmates de sa Passion.
Le prêtre est un homme mangé
Le prêtre ne doit pas être seulement un homme dépouillé, un homme crucifié, il doit encore être un homme mangé. C’est la troisième leçon que nous donne le mystère eucharistique que nous célébrons.
A la dernière Cène, le Christ a voulu compléter le don de lui-même à son Père par le don de tout lui-même à ses disciples : « Prenez et mangez : ceci est mon corps » (Mt 26, 26). L’Eucharistie qu’il a instituée est un sacrifice-repas, un sacrifice-nourriture.

Qu’est-ce que Jésus attend en retour de son prêtre ? Que lui aussi se laisse manger par les âmes, avec lesquelles il a partie liée par son sacerdoce même. « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mt 20, 28). C’est la devise de son Maître, qu’il est appelé à faire sienne, à la suite de saint Paul : « Pour moi, je donnerai très volontiers tout ce que j’ai, et je me donnerai encore moimême pour vos âmes » (2 Co 12, 15).

Ce n’est pas pour le prêtre un héroïsme facultatif, dont il pourrait se dispenser à son gré. On n’est pas prêtre à moins. Le vrai prêtre trouve cela normal, comme le médecin est au chevet des malades à toute heure du jour, et même s’il le faut de la nuit.

L’abbé Timon David fit, le jour de son ordination, le « vœu de servitude » vis-à-vis des pauvres. Tout prêtre fait comme implicitement un tel vœu : il ne s’appartient plus, il est prêtre pour être mangé par les âmes.

Cependant, de même que le Christ, dans la communion, ne communique pas seulement son humanité, mais surtout sa divinité, le prêtre ministériel doit offrir aux âmes autre chose que du pur humain. C’est le Christ qu’on veut recevoir de lui et par lui.

Un novice dominicain, antérieurement brillant avocat, remarquait un jour : « Lorsque j’étais dans le monde, je n’ai jamais approché un prêtre sans éprouver l’ardent espoir de trouver en lui quelque chose de Dieu, le sentiment de la vivante présence du Christ. Lorsque, parfois, cherchant ainsi Dieu, je ne trouvais qu’un homme, je ressentais une amère et pénible déception. Toute mon ambition, quand je serai prêtre à mon tour, c’est de ne jamais causer à une âme une telle déception ».
La messe des saints
Les âmes attendent de nous que nous soyons des hommes dépouillés de nous-même et tout transfigurés à l’image du Christ. Donnons-leur ce réconfortant spectacle.

Les âmes attendent de nous que nous soyons des hommes immolés, crucifiés avec leur Maître. Soyons de ces hommes vraiment morts au monde, complétant dans notre chair ce qui manque à la Passion du Christ, pour son corps qui est l’Église (Col 1, 24).

Les âmes attendent de nous que nous soyons des hommes qui se laissent manger. N’hésitons pas à nous dépenser sans réserve au service de tous les rachetés du Christ Jésus.

C’est la triple leçon de notre messe, que nous devons avoir à cœur de méditer dans la prière et de mettre en pratique dans toute notre vie sacerdotale.

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] Notre sainteté au regard du Christ

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Dans sa prière sacerdotale, Jésus dit à son Père, au bénéfice de ses premiers prêtres : « Père, consacrez-les dans la vérité » (Jn 17, 17). « Consacrer », dans le langage biblique, c’est « sanctifier », autrement dit mettre à part pour Dieu. C’est par notre caractère sacerdotal que nous sommes mis à part pour Dieu. Ce caractère de notre ordination a créé en notre âme une ressemblance ontologique avec Jésus grand-prêtre de la nouvelle Loi. Cette ressemblance ontologique réclame de notre part d’accentuer dans notre comportement sacerdotal les traits de cette effigie, de nous identifier activement, et chaque jour davantage, à celui dont nous devons être l’image et non la caricature.

La logique du sacrement reçu La logique du sacrement de l’ordre reçu exige donc que la sainteté de Jésus-Christ Prêtre se reflète dans nos âmes et dans nos vies. Si nous sommes, en vertu de notre caractère sacerdotal, d’autres Christ, il est évident que nous incombe le devoir impérieux de nous modeler sur le Prêtre par excellence et de conformer notre vie à la sienne.

Or, en Jésus-Christ, la sainteté coïncide avec le sacerdoce. Il y a en lui d’abord la sainteté substantielle qui lui vient de son sacerdoce inauguré par l’union hypostatique ; il y a ensuite la sainteté personnelle issue de la grâce habituelle et des vertus infuses, qui fait de lui le Médiateur entre Dieu et l’humanité, capable de représenter Dieu parfaitement auprès des hommes, aussi bien que de plaider la cause des hommes auprès de Dieu. « Oui, tel est précisément, dit l’épître aux Hébreux, le grand-prêtre qu’il nous fallait, saint, innocent, immaculé » (He 7, 26).

Sous peine d’être illogique et infidèle aux exigences de son caractère, le prêtre doit travailler à reproduire en lui la perfection de celui qui l’a assumé dans son unique sacerdoce. Si, en vertu de ma configuration au Souverain Prêtre, Jésus-Christ peut dire « moi » par mes lèvres (Ceci est mon corps, Et moi je t’absous), il faut aussi qu’il puisse dire « moi » par toute ma vie de prêtre. Plus que le simple baptisé, le prêtre doit pouvoir s’appliquer le mot de saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Prêcher saintement le saint Évangile
Sans doute, le Christ n’a pas attaché l’efficacité de ses pouvoirs de Médiateur à la sainteté du ministre dont il veut bien se servir. Il reste que le ministre n’est pas, dans l’intention de Jésus, un instrument inerte, ni même un simple mercenaire dont le comportement intérieur serait indifférent à celui qui l’emploie. Ce ministre, le Christ se l’est attaché par un lien d’appartenance spéciale qui réclame dans celui qui lui est ainsi uni une sainteté spéciale assortie à cette appartenance privilégiée. Si l’efficience sacramentelle est infailliblement assurée de la part du Christ, chaque fois que le rite est validement posé, la sainteté du ministre humain reste néanmoins dans la logique de l’effet spirituel à obtenir.

La parole du Christ, même prononcée par un prêtre sans foi, est toujours en mesure de transformer radicalement une âme, mais il est dans la logique des choses que le héraut officiel de cette parole en soit lui-même pénétré tout d’abord, en sorte qu’il prêche saintement le saint Évangile. Si le prêtre plonge les fidèles dans le mystère rédempteur du Christ pour les sanctifier, il importe qu’il y entre le premier lui-même, au titre, non seulement de baptisé, mais de ministre.

« Que celui qui sanctifie par la vertu du Christ ne soit pas saint, que celui qui prêche la vérité du Christ ne pratique pas ce qu’il prêche, que celui qui donne le Christ aille aux idoles du monde et de la chair, c’est un vice radical que Dieu maudit », écrit justement le père Sertillanges.
Une revendication permanente de sainteté
Enfin la grâce sacerdotale reçue à notre ordination constitue elle-même une revendication constante de sainteté. Cette grâce est ordonnée, non seulement à la sainteté de l’exercice de nos fonctions ministérielles, mais à la sainteté de vie pour le digne exercice de ces fonctions.

Le prêtre n’est pas un simple fonctionnaire au service du Christ Prêtre, qui accomplirait froidement, machinalement, sa besogne sans vivre dans l’intimité du Maître qui l’emploie. Notre vocation est, au contraire, une vocation à l’amitié spéciale avec Jésus-Christ : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis » (Jn 15, 15).

Or l’amitié avec le Christ est-elle possible sans le souci permanent de la sainteté, puisque dans les deux cas il s’agit de conformer notre volonté à la sienne ? L’amitié, en effet, c’est avoir un même vouloir et un même non-vouloir, « eadem velle eadem nolle », c’est tendre à ressembler à celui que l’on aime : vis-à-vis du Christ, cela s’appelle tout simplement la sanctification.
« Pierre, m’aimes-tu ? »
Lorsque Notre-Seigneur appela Pierre au gouvernement de son Église, il ne lui posa qu’une seule question : « Pierre, m’aimes-tu ? ». A son prêtre aussi, toutes proportions gardées, Jésus pose la même question : « M’aimes-tu ? ». Il importe que nous puissions toujours répondre en vérité : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime ».

C’est à cet amour progressif pour le Maître que nous pousse la grâce sacerdotale, si nous ne lui opposons pas les résistances de notre volonté. Cette grâce est, en nous, un levain d’une irrésistible puissance. Elle ne nous laisse pas un instant de répit, elle nous soulève sans cesse.

Soit nous nous abandonnons à la poussée de ce levain, et alors c’est l’épanouissement, c’est la vie, c’est le bonheur. Soit nous opposons à ces divines impulsions le poids de notre paresse, de notre négligence, de notre sensualité, et alors c’est le malaise, le désordre, la stérilité d’une vie qui était faite pour agir et dans laquelle la grâce du Christ aurait dû rayonner et porter du fruit.

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] Notre sainteté au regard de l'Eglise

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Le prêtre travaille pour le Christ : il travaille aussi pour l’Église, épouse du Christ. A ce titre encore, il ne peut se désintéresser de la sainteté. 
Imitamini quod tractatis
Avant d’admettre aux saints ordres, l’Église exige des garanties positives de sainteté chez les candidats au sacerdoce : « Savez-vous s’ils en sont dignes ? ». Durant l’ordination, les monitions et les prières du consécrateur ne cessent d’inculquer aux ordinands la loi de sainteté à laquelle ils devront obéir. Après l’ordination, l’Église ne permet pas à ses ministres d’être médiocres. « Imitez ce que vous réalisez », « Imitamini quod tractatis », est la devise de toute vie sacerdotale sérieuse.

Lors de la clôture du concile de Trente, alors que de nombreuses lois excellentes de réforme de l’Église avaient été promulguées, l’orateur parlant en présence des Pères leur rappela que les meilleures lois, « si elles ne sont pas appuyées sur l’exemple d’une vie sainte, sont très insuffisantes ». Et il conjura les assistants « d’être eux-mêmes des lois vivantes et éloquentes », car le succès de la réforme de l’Église en dépendait.
L’Église toujours sainte, et pourtant composée de pécheurs
Considérée formellement dans sa nature intime et sous son aspect strictement théologique, l’Église est et reste toujours sainte, sans tache ni ride, d’une sainteté ontologique. Cette sainteté de l’Église est faite de la sainteté de son chef, Jésus-Christ, le Saint des saints, puisque l’Église est le corps du Christ ressuscité qui écoule en elle la plénitude de sa perfection, le lieu où le Christ de gloire répand ses richesses de rédemption. Cette sainteté de l’Église est faite encore de la sainteté de sa doctrine et des sacrements dont elle a reçu la célébration.

Mais l’Église, considérée dans son existence historique, englobe justes et pécheurs, ivraie et bon grain. Ces pécheurs (que nous sommes tous, peu ou prou), l’Église travaille à les faire devenir justes. Ce n’est pas par leurs péchés qu’ils sont membres de l’Église : c’est par ce qui subsiste en eux du Christ, par le baptême, la foi, l’espérance, les grâces actuelles, etc.

En revanche, la sainteté de l’Église considérée dans son existence historique est faite de la sainteté des membres qui la composent, de leurs efforts permanents de sanctification. Toujours sainte en elle-même en tant qu’unie au Christ, l’Église connaît dans ses membres une sainteté variable, capable de croissance et de diminution. Dès lors, chaque membre de l’Église porte la responsabilité de tout essor ou de tout déclin de la sainteté dans l’Église. Nous ne pouvons proclamer honnêtement dans le Credo l’Église sainte, y compris dans son existence historique, que si chaque jour nous nous efforçons, en tant même que membres de l’Église, de nous sanctifier. 
La responsabilité du prêtre dans la sainteté de l’église
Cette responsabilité est évidemment plus lourde pour le prêtre : « A qui on a beaucoup donné, il sera beaucoup demandé » (Lc 12, 48). C’est que le prêtre, de par sa vocation particulière, est « une lumière placée sur le chandelier, qui doit briller pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5, 15).

Les hommes jugent l’Église, sans doute, sur chacun des fidèles qu’ils peuvent rencontrer. Mais ils la jugent encore beaucoup plus sur chacun des prêtres qu’ils ont l’occasion de croiser : les prêtres se trouvent identifiés avec la cause qu’ils servent. Et, pour un mauvais prêtre, un prêtre médiocre, on juge et on condamne la religion elle-même. Ce n’est peut-être pas juste, mais c’est une réalité quotidienne que le prêtre ne peut ni ignorer, ni esquiver. Aux yeux des gens ordinaires, les prêtres, « les curés », représentent toute l’Église, toute la religion.

C’est pourquoi il n’y a pas de milieu pour le prêtre. Soit il édifie les âmes par son comportement, soit il les scandalise. Il est donc obligé en conscience de vivre chaque jour de façon à les édifier.

[Paix Liturgique] La messe traditionnelle dans tous ses états (4ème partie) - la messe basse

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°498 - 30 juin 2015

Dans notre série « La Messe Traditionnelle dans tous ses états », introduite par notre lettre 488, nous avons évoqué la messe pontificale (lettre 491) et de ce qu’on a l’habitude d’appeler la Grand’messe (lettre 494). Nous allons traiter cette fois-ci de la "Messe basse". 

La bulle Quo primum, de saint Pie V, parle de « messes récitées », ou de messes « à voix basse » (demissa voce), durant lesquelles on se contente de « lire » au lieu de chanter. C’est pourquoi, les textes officiels parlent d’ailleurs aujourd’hui de « messe lue », à notre connaissance depuis l’instruction De Musica sacra, de la Congrégation des Rites, du 3 septembre 1958, de préférence à « messe [à voix] basse ». 

La messe basse ou messe lue est donc une célébration du saint sacrifice dont sont exclus les chants qui font qu’une messe est proprement qualifiée de chantée, laquelle comporte le chant du propre, ou à tout le moins de l’ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), et le chant des parties qui reviennent au prêtre (dialogues, oraisons, préface, Pater). Rien n’interdit cependant, lors de la messe basse, d’interpréter des cantiques, des motets ou des morceaux de musique sacrée à l’orgue, instrument de musique liturgique par excellence, voire même avec d’autres instruments. 
Origine et signification de la messe basse

La messe basse est pratiquement inconnue des liturgies orientales qui sont toujours chantées avec solennité. De fait, les messes célébrées hors des dimanches et jours de fête sont rares en Orient (mariages, funérailles). Cependant les liturgies orientales catholiques (et même parfois non catholiques), du fait de l’influence romaine, connaissent des adaptations, par abréviation des formules et cérémonies, qui permettent des messes de semaine plus fréquentes.

Mais la messe basse fait partie des spécificités latines et romaines, avec quelques autres comme l’unicité de la prière eucharistique, le canon romain, et sa récitation à voix basse (c’est la manière pour les latins de pratiquer le secret sur les saints mystères que les Orientaux, qui chantent l’entière prière eucharistique, obtiennent en faisant tomber le voile devant la porte de l’iconostase lorsqu’elle commence).

La multiplication des messes privées correspond à un approfondissement théologique de la valeur du sacrifice de la messe offert « pour les vivants et pour les défunts » : les fruits de l’unique sacrifice de la Croix sont d’autant plus appliqués par les sacrifices de la messe, que sont nombreuses les messes, ce que permet leur célébration privée. C’est une des raisons pour lesquelles la liturgie romaine traditionnelle ne connaissait pratiquement pas la concélébration (sauf pour les ordinations de prêtres et d’évêques), laquelle « mobilise » pour une seule messe tous les prêtres concélébrants.

En Occident, les messes privées sont attestées dans les territoires francs au VIIIe siècle chez les chanoines de la cathédrale de Metz]. Leur croissance va de pair avec celle du nombre des prêtres, notamment religieux (à l’origine, il n’y avait que peu de prêtres dans les communautés monastiques, mais leur nombre s’est considérablement accru). Le développement historique de la messe privée correspond également à celui de la pénitence privée qui, sous l’influence de monde monastique gaélique s’est répandue à l’époque mérovingienne, remplaçant peu à peu la pénitence publique, la célébration d’une messe demandée à un prêtre moyennant un « honoraire », équivalant à une pénitence imposée. Enfin, ces messes correspondaient aux intentions particulières de ceux qui en demandaient la célébration, comme cela est toujours le cas : repos de l’âme d’un défunt, fin d’une épidémie, pour le souverain, etc. 

C’est pourquoi les prêtres ont pris l’habitude de célébrer quotidiennement le saint sacrifice de la messe. Ils n’y sont cependant pas obligés, alors qu’ils sont absolument tenus de réciter ou de chanter l’Office divin chaque jour (l’obligation du bréviaire) au nom de l’Église. Le Cérémonial des Évêques prévoit ainsi que des prêtres qui n’ont pas célébré la messe et assistent à celle de l’évêque puissent y communier. Bien entendu, aussi « privée » que soit une messe, elle reste moralement « publique », célébrée dans l’Église, pour toute l’Église militante et souffrante.

La célébration de la messe basse, simplement récitée par le prêtre, explique aussi la naissance du missel. En effet, lorsque sont apparus les livres liturgiques, le célébrant, prêtre ou évêque, disposait du sacramentaire qui contenait toutes les oraisons, préfaces, canon, lus ou chantés par lui. Les chantres avaient à leur disposition des antiphonaires ou graduels. L’évangile et les lectures étaient chantées sur des évangéliaires, des épistolaires et des lectionnaires. Mais du fait de la célébration de messes privées, lors desquelles le célébrant devait lire toutes les parties de la cérémonie sans l’assistance d’autres ministres, un livre rassemblant tous les autres, dit « missel plénier » a fait son apparition et s’est imposé du IXe au XIe siècle. Beaucoup plus tard, à partir du Concile de Trente, apparaîtront les missels des fidèles.
Les deux modalités de la messe basse
Concrètement, la messe basse peut prendre deux formes : 
1/ La messe privée, célébrée par un prêtre avec seulement un servant (ou même, de nos jours, sans servant, quand il n’est pas possible d’en avoir), sans assistance ou avec une assistance très réduite. 
2/ La messe communautaire, dite devant une assistance plus ou moins nombreuse. 
1/ La messe privée
C’est donc une messe avec quelques assistants, ou sans assistant. Joris-Karl Huysmans décrivait celle-ci, dans la cathédrale de Chartres : « Un enfant de chœur parut, précédant un vieux prêtre et, pour la première fois, Durtal vit servir réellement une messe, comprit l’incroyable beauté que peut dégager l’observance méditée du sacrifice. Cet enfant agenouillé, l’âme tendue et les mains jointes, parlait, à haute voix, lentement, débitait avec tant d’attention, avec tant de respect, les répons du psaume, que le sens de cette admirable liturgie, qui ne nous étonne plus, parce que nous ne la percevons depuis longtemps, que bredouillée et expédiée, tout bas, en hâte, se révéla subitement à Durtal » (La Cathédrale). 

Nous le disions dans notre lettre 488 : même si en certains lieux quelques libertés – parfois tolérables en raison des circonstances – sont prises avec le missel de 1962 et ses rubriques (1), on peut constater avec plaisir que, pour la messe lue dans sa célébration privée, tous les prêtres qui célèbrent selon la forme extraordinaire le font unanimement dans le respect scrupuleux de ce missel et de ses rubriques. Ajoutons que, pour pas mal de prêtres qui, suite au Motu Proprio de 2007, ont voulu bénéficier de la liberté reconnue à tout prêtre latin de célébrer en la forme traditionnelle, la célébration de la messe privée est la seule qui leur permette d’user de ce droit.

C’est par exemple la messe célébrée tous les matins par les religieux d’une communauté, à l’exception de celui qui dira la messe communautaire ; comme c’était le cas jadis, dans toutes les cathédrales, la messe célébrée par les chanoines, ou, dans les autres églises de quelque importance. celle dite par les clercs attachés à la paroisse sur les nombreux autels des chapelles latérales ou disposées dans le déambulatoire. Tous ceux qui ont fait un séjour dans une abbaye vouée à la messe traditionnelle ont connu l’expérience de cet embrasement spirituel produit par les messes silencieuses qui surgissent au petit matin sur tous les autels de la nef et des cryptes : « À la fin des laudes, dans le silence du chœur, […] l’angélus dégageait du clocher ses trois volées de sons et alors, à leur dernier tire-d’aile qui se prolongeait dans la nuit, tous se redressaient et les prêtres allaient se vêtir pour dire la messe. Les convers et parfois les novices les servaient ; et c’était souvent le père Abbé, assisté par deux moines (2), qui célébrait au grand autel, la première » (Joris-Karl Huysmans, L’Oblat).
2/ La messe communautaire, dite devant une assistance plus ou moins nombreuse
On veut ici parler des messes paroissiales de semaine ou des messes quotidiennes dites pour l’ensemble d’une communauté religieuse, d’un noviciat, d’un séminaire. Il s’agit aussi des messes paroissiales non chantées du dimanche. Elles peuvent parfaitement être accompagnées, comme on l’a dit plus haut, de chants et de musique. Elles pourraient même comporter les chants du Kyriale n’exigeant pas l’intervention chantée du prêtre (Kyrie, Sanctus, Agnus Dei) (3). 

Anciennement, ces célébrations communautaires étaient silencieuses du côté de l’assistance, qui, se tenant à genoux durant tout l’office – sauf lors des lectures de l’évangile et du dernier évangile –, se contentait au plus de répondre Et cum spiritu tuo, aux salutations liturgiques du prêtre. Cette manière d’assister au saint sacrifice est restée celle de l’ensemble du monde anglo-saxon. En revanche, les régions plus marquées par le Mouvement liturgique, telles que la France, la Belgique, l’Allemagne, ont connu, de longue date, une « participation » plus notable. Ce mouvement a puisé ses inspirations dans l’impulsion du monachisme bénédictin restauré par Dom Guéranger et dans les réformes de saint Pie X. Il a aussi été animé par des tendances plus modernisantes, qui trouveront leur aboutissement ultime dans la réforme des années soixante. Mais, dans toutes ses composantes, il a eu le souci de promouvoir la participation des fidèles. 

Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire accroire, cette « participation active », actuosa participatio, n’est donc pas une invention du dernier concile ni de la réforme liturgique. On pourrait citer Pie X et Pie XI. Pie XII, dans l’encyclique Mediator Dei, du 20 novembre 1947, disait : « [Depuis la fin du XIXe siècle], les cérémonies sacrées de la messe ont été mieux connues, comprises, estimées ; la participation aux sacrements a été plus large et plus fréquente ; la beauté des prières liturgiques plus goûtée, et le culte de la sainte Eucharistie considéré, à juste titre, comme la source et l’origine de la vraie piété chrétienne. En outre, plus que par le passé, on a fait connaître aux fidèles qu’ils forment tous ensemble un seul corps, très étroitement uni, dont le Christ est la tête, et que le peuple chrétien a le devoir de participer, à sa juste place, aux rites liturgiques. […] Il est donc nécessaire que tous les chrétiens considèrent comme un devoir principal et un très grand honneur de participer au sacrifice eucharistique, et cela, non d’une manière passive et négligente, mais avec une attention et une ferveur qui les unissent étroitement au souverain Prêtre ».

La manière de mettre en pratique cette participation dans l’assistance à la messe basse est extrêmement diverse. On peut, sans entrer dans trop de détails (4), dire que la participation à la messe basse communautaire tend à calquer pour les attitudes (agenouillements, station debout, assis) et pour la récitation des prières, la manière dont se tient le clergé, et les parties que chantent la schola et le chœur lors de la messe chantée ou solennelle. Par exemple, de même que le clergé se tient debout et chante le Gloria et le Credo, d’un seul chœur, ou de manière alternée, durant la messe solennelle, les fidèles, généralement, se tiennent debout et disent le Gloria et le Credo avec le prêtre au cours de la messe basse. Il importe au reste de laisser en ce domaine une grande liberté, surtout dans les paroisses, aussi éloignée que possible d’une caporalisation des mouvements et des paroles des assistants laïcs : tel suit toutes les prières dans son missel, répond, se lève, s’assied ; tel autre s’unit au saint sacrifice par l’oraison de cœur ; tel autre, par la méditation des mystères du rosaire. Dans les séminaires et maisons religieuses, il est bon cependant de veiller à une cohésion générale, toujours en respectant les usages et coutumes. Et surtout, il convient de rappeler, comme le faisait Benoît XVI, dans L'esprit de la liturgie (Ad Solem, 2001), que « le terme participatio actuosa a très vite été pris dans le sens extérieur et superficiel d'une activité nécessaire, généralisée, comme s'il fallait que le plus grand nombre de personnes, et le plus souvent possible, soit manifestement actives », alors que la participation première est celle de la pieuse communion spirituelle aux mystères célébrés.

Il est peut-être bon, en terminant, d’exhorter vivement à la fréquentation des messes quotidiennes. Il est vrai que la vie actuelle la rend parfois difficile. Mais assister à la messe aussi souvent qu’on le peut, n’est-il pas un des grands critères d’une vie chrétienne fervente ? La messe basse quotidienne n’est nullement réservée aux prêtres qui la disent : elle est un trésor spirituel commun à disposition de tous les fidèles. Nous citerons Huysmans une dernière fois : « Le matin, la messe des ouvrières et des bonnes était non moins touchante ; il n’y avait là, ni bigotes, ni curieux, mais de pauvres femmes qui venaient chercher dans la communion la force de vivre leurs heures de besognes onéraires, d’exigences serviles. Elles savaient, en quittant l’église, qu’elles étaient le custode vivant d’un Dieu » (En route).
***
1- Les rubriques sont les notations, imprimées dans les livres liturgiques en lettres rouges, rubræ, qui indiquent le détail des cérémonies à accomplir.

2- Le Père Abbé, comme un évêque, peut dire sa messe basse, assisté à l’autel de deux chapelains. En Italie, on nomme ce type de messe basse, la messe prélatice.

3- Voire même des parties du propre : lors d’une messe basse d’enterrement, la schola ou les chantres pourront exécuter le Kyrie, le Sanctus, l’Agnus Dei, et à la rigueur l’introït, le Dies iræ et l’antienne de communion, d’autant plus normalement que l’absoute qui suit la messe est obligatoirement chantée.

4- Ils sont donnés à profusion dans l’instruction De Musica sacra, de la Congrégation des Rites, du 3 septembre 1958, déjà évoquée.

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] La loi de notre sainteté sacerdotale

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

La loi de sainteté joue dans l’histoire du salut un rôle de premier plan. A son peuple élu, à Israël, Dieu impose impérieusement cette loi : « Soyez saints car moi, Yahvé, votre Dieu, je suis saint! » (Lv 19, 2).

Cette consigne, saint Pierre la redonne au nouveau Peuple de Dieu, en reprenant d’ailleurs le Lévitique : « De même que celui qui vous a appelés est saint, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : “Vous serez saints, puisque moi je suis saint” » (1 P 1, 16). Et saint Pierre ajoute : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte » (1 P 2, 9).

Si tout le nouveau Peuple de Dieu, le peuple des chrétiens baptisés, est soumis à la loi de sainteté, si saint Paul appelle les fidèles « les saints par vocation » (Rm 1, 7 ; 8, 28), les prêtres conducteurs et exemples de ce Peuple doivent l’être à plus forte raison.

Les paroles du Lévitique concernant les prêtres de l’ancienne Loi atteignent de plein fouet ceux de la nouvelle Loi que nous sommes : « Ils seront consacrés à leur Dieu et ne profaneront pas le nom de leur Dieu » (Lv 21, 6).

La sainteté qui nous est demandée est celle de l’Église, royaume de Dieu, royaume du Christ qui, pour être visible, n’en est pas moins essentiellement le royaume intérieur des âmes où règne le Christ par son Esprit. Le prêtre, collaborateur de l’évêque, représente en ce royaume spirituel le Christ Souverain Prêtre, Saint de Dieu et sanctificateur des hommes.

C’est pourquoi la loi de sainteté s’impose au prêtre : de la part du Christ-Pontife auquel il est configuré ; de la part de l’Église dont il est le ministre ; de la part des âmes dont il est le sanctificateur.

29 juin 2015

[DICI] Suisse : Publication des sermons de Mgr Lefebvre à Ecône

SOURCE - DICI - 29 juin 2015

Les éditions Iris publient l’intégralité des sermons que Mgr Marcel Lefebvre a donnés au séminaire d’Ecône, de 1971 à 1991. Vingt années d’homélies simples et profondes, au cours desquelles le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X dispense un enseignement doctrinal, moral et spirituel, accessible à tous. Figurent les sermons historiques, ceux des ordinations dans la prairie du séminaire, mais également ceux de Lille (1976) et Paris (1979, 1989)…

Un fort volume de 1100 pages, doté de neuf tables et index (références scripturaires, magistérielles, à saint Benoît et à saint Thomas d’Aquin, classement selon le calendrier liturgique, tables des noms et des lieux) : 66,05 €, 69 CHF. Il peut être commandé au Séminaire Saint-Pie X Chemin du Séminaire 5, Ecône CH-1908 Riddes (Suisse), ou sur le site des éditions Iris.

(Source : FSSPX/Ecône – DICI du 29/06/15)

[Riposte Catholique] Ordinations sacerdotales à Ecône le 29 juin 2015

SOURCE - Riposte Catholique - 29 juin 2015

Le 29 juin 2015, 7 prêtres ont été ordonnés par Mgr Fellay, au séminaire d’Ecône (Suisse). Par ailleurs, 7 diacres ont également été ordonnés. Les ordinations sacerdotales, à Ecône, ont lieu traditionnellement, tous les 29 juin, en la fête des Saints Pierre et Paul. Ce sont donc plusieurs promotions qui « passent » depuis juin 1975, au séminaire d’Ecône. Certains noms sont même connus des liseurs de Riposte catholique ! Ces ordinations font suite à celles qui ont eu lieu dans les autres séminaires de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), notamment à Winona. On peut écouter le sermon de Mgr Fellay sur le lien suivant.

Nous reproduisons le communiqué du site DICI 
Le 29 juin 2015, en la fête des saints apôtres Pierre et Paul, au séminaire d’Ecône (Suisse), Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, a ordonné 7 diacres et 9 prêtres : 7 de la Fraternité, tous originaires de France, et 2 moines capucins de Morgon (France). 
Les sept nouveaux prêtres de la Fraternité sont : MM. les abbés François-Régis de Bonnafos, Loïc de Fraissinette, Louis-Marie Gélineau, Louis Hanappier, Foucauld le Roux, Gonzague Peignot et Guillaume Scarcella. 
Etaient présents à la cérémonie Mgr Bernard Tissier de Mallerais et de Mgr Alfonso de Galarreta, ainsi qu’une centaine de prêtres de la Fraternité et des communautés religieuses amies.

27 juin 2015

[Mgr Fellay, fsspx - Présent] "Une oeuvre d'Eglise"

SOURCE - Mgr Fellay, fsspx - Présent - 27 juin 2015

C’est à l’occasion de la cérémonie de bénédiction des cloches de la chapelle de l’école Saint-Michel de La Martinerie, à Châteauroux, que Mgr Fellay a fait pour Présent un point sur la situation de la Fraternité Saint-Pie X, dont il est le Supérieur général.
Dans un entretien accordé à Fideliter en 2001, vous évoquiez « le mouvement de profonde sympathie du jeune clergé à l’égard de la Fraternité ». Ce mouvement s’est-il amplifié, notamment du fait du motu proprio de 2007?
— Sans aucun doute ! Ce mouvement a reçu un nouveau souffle avec le motu proprio. Il convient d’ailleurs d’insister sur l’intérêt de Benoît XVI envers la liturgie d’une manière générale. Il a vraiment désiré remettre à la disposition des prêtres et des fidèles toute la liturgie traditionnelle, pas seulement la messe, ce qui ne s’est pas réalisé jusqu’ici à cause de trop nombreuses oppositions. Cependant la jeunesse, précisément parce que cette liturgie se situe hors du temps, s’y retrouve. L’Eglise vit dans l’éternité. La liturgie aussi, c’est pourquoi elle est toujours jeune. Proche de Dieu, elle n’appartient pas au temps. Il n’est donc pas étonnant que le caractère baptismal fasse résonner cette harmonie, même dans les âmes qui ne l’ont jamais connue. La façon dont réagissent les jeunes prêtres qui découvrent cette liturgie est d’ailleurs émouvante : ils ont l’impression qu’on leur a caché un trésor.
La Fraternité a été reconnue officiellement comme catholique par l’Etat en Argentine, avec l’aide du cardinal Bergoglio devenu ensuite le pape François. Cela n’a-t-il qu’une importance administrative ou est-ce plus révélateur?
— On y trouve tout d’abord un effet juridique, administratif, sans implication sur l’état des relations générales de la Fraternité avec, disons pour simplifier, l’Eglise officielle. Mais le deuxième effet est difficile à évaluer correctement. Il n’y a aucun doute sur le fait que le pape François, alors cardinal Bergoglio, avait promis d’aider la Fraternité à obtenir la reconnaissance par l’Etat argentin de notre société comme catholique et qu’il a tenu sa promesse. Cela oblige à penser qu’il nous considère bien comme catholiques.
Dans le même ordre d’idées, vous avez été nommé juge de première instance par le Vatican pour le procès d’un prêtre de la Fraternité. Ne peut-on y voir un signe de bienveillance?
Ceci n’est pas nouveau mais existe depuis plus de dix ans. Il s’agit effectivement d’une marque de bienveillance, et de bon sens. C’est ce que l’on remarque dans l’Eglise romaine à travers son histoire : son réalisme, capable de dépasser des problèmes canoniques, juridiques, pour trouver des solutions à des problèmes bien réels.
Vous évoquez, dans votre Lettre aux amis et bienfaiteurs, des « messages contradictoires » venant de Rome. Qu’entendez-vous par là?
Je pense à la manière dont une société qui était en voie de rapprochement vers la Tradition a été traitée – ou maltraitée : les franciscains de l’Immaculée. Ou aux diverses manières dont nous traitera une instance romaine par rapport à une autre : la Congrégation des religieux, par exemple, nous considère toujours comme schismatiques (elle a déclaré excommunié, en 2011, un prêtre qui nous rejoignait), alors que ce n’est pas le cas d’autres congrégations ou du pape lui-même, comme nous l’avons dit.
« Pessimiste », « fermé aux autres », « pensant que seuls les fidèles de la Fraternité seront sauvés » : vous êtes parfois évoqué ainsi. Que répondez-vous? Qu’est pour vous l’esprit missionnaire?
Je ne me reconnais pas dans ces quolibets. Une fermeté dans la doctrine est, certes, nécessaire, car la foi ne se négocie pas. La foi est un tout donné par le Bon Dieu et on n’a pas le droit de faire le tri parmi les vérités révélées. Rappeler ces exigences aujourd’hui passe mal, comme cela a d’ailleurs toujours été plus ou moins le cas. L’expression « combat de la foi » fait partie de l’histoire de l’Eglise. Forcément, le missionnaire devra faire retentir cette voix de la foi à l’extérieur, tout en cherchant à fortifier ceux qui l’ont déjà. Il n’est pas possible de ne s’adresser qu’aux fidèles de la Fraternité. Le flambeau illumine le monde, la lumière de la foi rayonne, avec chaleur. La foi doit être portée par la charité : c’est ainsi que je vois le missionnaire.
Il y a quelques semaines, des séminaires de la Fraternité ont reçu la visite d’envoyés du Vatican, le cardinal Brandmüller, Mgr Schneider. Ces visites constituent un lien public avec « l’Eglise officielle ». N’est-il pas vital?
Le lien avec l’Eglise est vital. La manifestation de ce lien peut varier. Les dates et lieux de ces visites ont été laissés à mon choix, le Vatican a proposé des noms. J’ai choisi les séminaires, ce qui me paraissait, pour des évêques, le plus éloquent et le plus représentatif.
Quelles ont été les réactions « sur le vif » de ces évêques?
Ils se sont montrés très satisfaits. « Vous êtes des gens normaux », nous ont-ils dit… ce qui montre la réputation que l’on nous fait ! Ils nous ont félicités sur la qualité de nos séminaristes. Il ne fait aucun doute qu’ils ont conclu de ce premier contact rapproché que nous étions une œuvre d’Eglise.
Avez-vous des contacts avec des évêques, qui vous soutiennent discrètement?
Bien sûr ! Si l’on voit que des prêtres se rapprochent de nous aujourd’hui, ont eux-mêmes des contacts avec nous, on peut facilement en conclure qu’à l’échelon supérieur, ce doit être à peu près la même chose…
Dans l’entretien déjà évoqué de 2001, vous déclariez : « S’il y a une chance, une seule, que des contacts avec Rome puissent faire revenir un peu plus de Tradition dans l’Eglise, je pense que nous devons saisir l’occasion. » Est-ce toujours votre ligne?
Cela reste notre ligne, même si l’on ne peut pas dire que ce soit facile, notamment à cause des dissensions ouvertes au sein du Vatican lui-même. Ces relations sont délicates, mais ce point de vue reste valable et confirmé dans les faits. Il s’agit d’un travail discret, au milieu d’oppositions assez fortes. Certains travaillent dans un sens, d’autres dans le sens contraire.
Le rôle de contrepoids de la Fraternité à l’intérieur même de l’Eglise n’est-il pas important?
Ce rôle n’est pas nouveau, Mgr Lefebvre l’a commencé et nous le continuons. A constater l’irritation des modernistes devant les pas faits par Benoît XVI, on le voit bien.
Où en est la Fraternité aujourd’hui? Quels sont ses points forts, ses points faibles? Comment voyez-vous son avenir?
Je vois son avenir sereinement. C’est une œuvre déposée dans le Sacré-Cœur et le Cœur immaculé de Marie, le tout est d’être fidèle à leur Volonté.

Cette Eglise est l’Eglise de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui en reste le chef et ne permettra pas sa destruction.

Les faiblesses de la Fraternité ? Le risque de séparation, qui est grave. Voyez par exemple la caricature de la Tradition qui se fait appeler la «Résistance»: il s’agit d’un esprit non catholique, quasi sectaire, dont nous ne voulons pas, un mouvement qui reste replié sur lui-même, avec des gens qui pensent qu’ils sont les seuls bons, les seuls justes sur la terre : cela n’est pas catholique.

Il s’agit d’un danger objectif, mais relatif. La grande partie de la Fraternité est saine et ne veut pas sombrer dans ces illusions. Cela nous pousse à nous appuyer sur les moyens surnaturels. Ce que le Bon Dieu veut de nous, il nous le montrera, il parlera à travers les circonstances.

Les points forts ? La fidélité, vivante, qui porte des fruits et montre au monde d’aujourd’hui que la vie catholique, avec toutes ses exigences, est possible. Mais – autre point faible – nous sommes des gens de ce temps, prétendre être immunisés contre toute influence du monde moderne est chimérique. Plus précisément, il faut éviter le danger d’une caricature, de souhaiter voir ici-bas l’Eglise sans ride ni tache : ce n’est pas ce que le Bon Dieu nous a promis sur cette terre. Ce n’est pas ce que signifie « l’Eglise sainte », cela veut dire qu’elle est capable de sanctifier par les moyens donnés par Notre-Seigneur : les sacrements, la foi, la discipline, la vie religieuse, la vie de prière.
Que pensez-vous de la proposition du cardinal Sarah d’introduire l’offertoire traditionnel dans la nouvelle messe?
Cette idée n’est pas nouvelle, cela fait une dizaine d’années qu’elle circule à Rome. Je suis heureux qu’elle soit reprise. Certains critiquent cette démarche en disant que ce serait mêler le sacré au profane. Au contraire, dans une perspective d’assainissement de l’Eglise, je pense que cela constituerait un très grand progrès, parce que l’offertoire est un résumé des principes catholiques de la messe, du sacrifice expiatoire offert à la Sainte Trinité, dirigé vers Dieu en réparation des péchés par le prêtre, accompagné par les fidèles. Et cela ramènerait graduellement les fidèles vers la messe traditionnelle qu’ils ont perdue.
Comment souhaitez-vous conclure, Monseigneur?
Pour moi, nous sommes à la veille d’événements graves sans pouvoir bien les définir. J’appelle à la prière et je veux terminer sur un regard vers le Bon Dieu, ce qui nous permet de toujours garder espoir.

(Source : Présent du 27 juin 2015)

[FSSP Wigratzbad] Ordinations sacerdotales

SOURCE - FSSP Wigratzbad - 27 juin 2015
Notre communauté s'est enrichie ce matin de six nouveaux prêtres, ordonnés à Lindenberg près de Wigratzbad par Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes.

On compte quatre Français, les abbés Joseph de Castelbajac, Louis Le Morvan, Xavier Proust et Côme Rabany, un Colombien : Elvis Ruiz Silva, et un Dominicain : Jean de Léon-Gomez.

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Arguments Faux

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 27 juin 2015

Menzingen devrait-il demander à Rome une reconnaissance?
Non! Comment des apostats seraient-ils à même d’en accorder?

Dans le dernier numéro de la publication interne de la Fraternité Saint-Pie X (qui s’adresse surtout à ses prêtres), « Cor Unum », le Supérieur Général publie des arguments pour défendre et justifier sa poursuite implacable de l’incorporation de la FSSPX au sein de l’Église officielle. Il y soutient que la Fraternité a raison de parler aux officiels romains d’aujourd’hui. Essentiellement, il met en valeur deux arguments. Il faut les analyser pour que cesse la confusion qu’ils engendrent.

Voici le premier des deux arguments : l’Église catholique, en tant qu’Épouse Immaculée du Christ, est beaucoup plus que seulement ses officiels corrompus, car elle est un tout dont ces mêmes officiels ne sont qu’une partie. Mais la Fraternité catholique Saint-Pie X, elle, doit rester en contact avec l’Église catholique. Pour cette raison, le contact doit être maintenu et la négociation doit continuer avec les officiels corrompus.

En vue de la Foi, cet argument est facile à réfuter. Certes, c’est de l’Épouse Immaculée du Christ que les Catholiques doivent recevoir tout ce dont ils ont besoin pour aller au Ciel, mais ce ne sont jamais les officiels corrompus de l’Église, en tant que corrompus, qui pourront assurer leur vie spirituelle. Et si ceux-ci sont si corrompus dans la Foi qu’établir des contacts avec eux met positivement en danger cette foi des Catholiques qui est à la base de la vie spirituelle, alors les Catholiques doivent positivement éviter tout contact avec de tels officiels. Or, le néo-modernisme des officiels romains d’aujourd’hui est hautement corrompu et corrupteur, et d’autant plus dangereux objectivement que leurs intentions peuvent être subjectivement bonnes. Dès lors, les Catholiques désireux de garder la Foi doivent demeurer aussi éloignés que possible de ces Romains. « Cor Unum » raisonne comme si les néo-modernistes ne représentent aucun danger pour la Foi !

C’est Monseigneur Lefebvre qui a tiré la bonne conclusion. Lorsqu’il a fait au printemps de 1988 tout ce qu’il avait pu (même, pourrait-on dire, plus qu’il n’aurait dû faire) pour amener les officiels romains à remplir leur devoir de veiller sur la Tradition catholique, et que même après plus de dix ans d’efforts de la part de Monseigneur, les Romains ont montré en les rejetant que, loin d’avoir à cœur les intérêts de la Tradition, ils ne cherchaient qu’à l’absorber dans leur Néo-église, Monseigneur a conclu qu’ils étaient si corrompus dans la Foi qu’il n’aurait plus rien à faire avec eux jusqu’à ce qu’ils professassent à nouveau la Foi des grands documents papaux anti-libéraux, tels le Syllabus, Pascendi et Quas Primas.

Car, en effet, la Foi n’existe pas pour les officiels nommés par l’Église, mais eux, ils existent pour la Foi. Dans ces conditions, si leurs fruits démontrent au-delà de tout doute qu’ils corrompent la Foi, alors, pour la défendre, non seulement la Fraternité ne doit plus discuter avec les officiels conciliaires, mais tout en gardant la charité et le respect qui leur sont dus, elle doit les fuir comme la peste, de crainte d’être elle-même infectée par la contagion de leurs dangereuses erreurs conciliaires, tant qu’ils n’ont pas démontré – exactement comme l’a dit Mgr Lefebvre – qu’ils se sont dépouillés de leur Conciliarisme et qu’ils sont revenus à la véritable doctrine catholique.

Le deuxième argument affirme que la visite des évêques de Rome aux séminaires de la Fraternité (y compris Écône) est la preuve de sa « bienveillance » envers elle, car Rome « ne sait plus comment s’y prendre avec la Fraternité ». Et encore une fois, une hirondelle par ci par là est supposée faire l’été de la conversion de Rome. Une telle naïveté est époustouflante. Rome s ait exactement comment s’y prendre avec la Fraternité : envoyer des évêques Conciliaires dans ses séminaires pour montrer à ses futurs prêtres combien sympathiques et agréables sont les prélats Conciliaires. Et la Fraternité finira par se couler tout doucement dans leur Néo-église.

A ces officiels romains la FSSPX n’a rien à demander. Ils ont l’autorité, soit. Ce sont des apostats, c’est certain. Et si elle leur donne de croire qu’ils sont, objectivement et collectivement, quoi que ce soit d’autre que des apostats, elle sera comme eux, « des menteurs » (cf. Jn. VIII, 55).

Kyrie eleison.