31 mai 2016

[Wigratzbad (blog) - FSSP] Ordinations sacerdotales aux Etats-Unis

SOURCE - Wigratzbad (blog) - FSSP - 31 mai 2016

Samedi dernier ont eu lieu dans la cathédrale d'Omaha (Nebraska) les ordinations sacerdotales de quatre diacres américains de la FSSP. 

Le pontife était Mgr Fabian Bruskewitz, évêque émérite de Lincoln, assisté de notre Supérieur général, l'abbé John Berg. 

Pour l'Europe, les ordinations se dérouleront en deux temps :
- en France : le 18 juin dans la cathédrale d'Auxerre.
- en Allemagne : le 2 juillet dans l'église d'Heimenkirch en Bavière.

[Élodie Soulié - Le Parisien] Paris : feu vert pour l’expulsion à Sainte Rita


SOURCE - Élodie Soulié - Le Parisien - 31 mai 2016

Le sursis était fragile. Désormais, il est caduc pour l’église Sainte-Rita, toujours barrée d’une palissade de tôles et toujours menacée de démolition. Les feuilletons juridiques, religieux, parfois même politique au gré des mobilisations, entamés il y a près de quatre ans, pourrait vivre sinon leur épilogue, en tout cas une séquence en accéléré de la transformation de l’église en lotissement immobilier d’une dizaine de logements.

Sur le papier, l’association des Chapelles catholiques et apostoliques, toujours propriétaire, et le promoteur nantais bloqué depuis bientôt quatre ans dans son projet immobilier, ont désormais la loi pour eux. Le tribunal administratif de Paris a rendu, en fin de semaine dernière, une ordonnance par laquelle il « enjoint le préfet de police d’apporter le concours de la force publique afin de veiller à l’expulsion de tout occupant ». Le propriétaire et son acquéreur potentiel avaient saisi la justice, en janvier — puis à nouveau en référé il y a deux semaines —, pour obtenir cette évacuation de « l’église des animaux ». Le lieu a été occupé successivement, depuis l’an dernier, par un collectif pseudo-révolutionnaire, puis rouvert par des fidèles proches du culte catholique traditionaliste, rassemblés chaque dimanche par l’une de ses figures, l’abbé Guillaume de Tanoüarn.

Et maintenant ? Les défenseurs de l’église dédiée à la sainte patronne des causes désespérées, craignent le pire, malgré les « pistes sérieuses » d’autres acheteurs évoquées par le maire du XVe, Philippe Goujon (LR), et celle d’un projet immobilier alternatif présenté par une association de défense de Sainte-Rita. En attendant les amoureux et anciens fidèles de « l’église des animaux » (ils y sont accueillis et bénis) s’efforcent de renouer avec une mobilisation un peu diluée, dans le « changement de tendance » de l’Eglise. « La situation s’était stabilisée, le lieu de culte est à nouveau plein, mais les anciens fidèles doivent pouvoir se retrouver », admet l’un des défenseurs de la première heure.

Alors, dimanche après-midi, à 16 heures, devant Sainte-Rita et dans la rue François-Bonvin (XVe), une nouvelle bénédiction sonnera également la remobilisation. « Il faut que toutes les bonnes volontés se rassemblent afin de poursuivre la résistance et défendre l’église, qui doit continuer à exister », martèle ce porte-parole.

[Abbé Daniel Couture, fsspx - FSSPX Canada] Lettre aux amis et bienfaiteurs

SOURCE - Abbé Daniel Couture, fsspx - FSSPX Canada - mai 2016

«Sauvez-nous, Seigneur, nous périssons!» (Mt., VIII, 25)

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Avec quelques semaines de recul depuis la publication cette scandaleuse exhortation du Pape François, nous avons maintenant à notre disposition surtout sur www.dici.org, le site officiel de la Fraternité, plusieurs études sérieuses par des membres éminents de notre Fraternité Saint-Pie-X pour en voir les différents aspects. Je voudrais ici citer quelques extraits et vous encourager à lire chacun de ces textes.


Mgr. Fellay : le bateau coule!


Dès le surlendemain de la publication de ce texte fleuve (260 pages), notre supérieur général le dénonçait dans son sermon à Notre-Dame du Puy-en-Velay devant plus de 4,000 personnes. Voici ce qu’il en dit :

« Mélangeant la joie aux pleurs. Permettez-moi une allusion à un événement tout récent, très récent : c’est une exhortation apostolique qui porte pour titre : La joie de l’amour, et qui nous fait pleurer. Cette exhortation est le résumé de deux synodes sur le mariage. Elle est très longue, il y a beaucoup de choses qui sont justes, qui sont belles, mais après avoir construit j’allais dire un bel édifice, un beau bateau, le Souverain Pontife a creusé un trou dans la coque du bateau, sous la ligne de flottaison, vous savez tous ce qui se passe alors. On a beau dire qu’on a fait le trou avec toutes les précautions possibles, on a beau dire que le trou est tout petit, le bateau coule.

Notre Seigneur Lui-même a dit qu’on ne touche pas à un iota : « pas un seul iota ne sera enlevé de la loi de Dieu » (Mt V, 17-20). Quand Dieu parle, cette parole ne souffre pas d’exception. Quand il commande, Dieu est d’une sagesse infinie qui a prévu tous les cas, il n’y a pas d’exception à la loi de Dieu. Et voilà que tout d’un coup on prétend que sur cette loi du mariage qu’on maintient en disant que le mariage est indissoluble, on maintient cette phrase, oui, on le dit… mais après on dit qu’il peut y avoir quand même des exceptions, dans ce sens où des divorcés soi-disant remariés pourraient dans cet état-là, dans cet état de péché, être en état de grâce, et donc peuvent aller à la communion. C’est gravissime. Je crois qu’on ne mesure pas suffisamment la gravité de ce qui vient d’être dit. On a beau dire que ce sont de toutes petites exceptions dans un coin…, c’est comme cela qu’on a fait passer la communion dans la main. Et comme je vous dis, de petits trous dans le bateau suffisent. Le bateau coule ! » (http://www.dici.org/actualites/les-joies-melees-aux-croix-la-croix-changee-en-joie/)


Abbé Mathias Gaudron : une victoire du subjectivisme


« (A)vec Amoris lætitia, (le pape) ouvre une brèche qui remet en cause toute la morale catholique. Dans le chapitre 8, intitulé Accompagner, discerner et intégrer la fragilité, le pape François a ouvert des portes qui permettront à l’avenir de se soustraire à la morale catholique tout en s’abritant derrière les instructions du pape. Celui-ci ne répète pas seulement les affirmations douteuses du dernier synode, selon lesquelles les divorcés remariés sont des « membres vivants de l’Église », sur lesquels l’Esprit-Saint déverse « des dons et des charismes pour le bien de tous » (n° 299), mais il va plus loin encore. Certes l’enseignement sur le mariage catholique et toutes les anciennes normes restent toujours en vigueur ; à ceux qui vivent en concubinage ou qui sont simplement unis par un mariage civil, il est donc toujours interdit de recevoir l’absolution et la sainte communion, mais… il y a des exceptions ! (…)

(C)’est surtout avec le 8e chapitre que Amoris lætitia s’inscrit parmi les écrits apostoliques les plus déplorables de l’histoire de l’Église actuelle. » (http://www.dici.org/actualites/lexhortation-post-synodale-amoris-laetitia-une-victoire-du-subjectivisme/ )


Abbé Jean-Michel Gleize : une nouvelle morale, une occasion de ruine spirituelle pour toute l’Église


« 19. Le mariage chrétien reste peut-être un idéal, aux yeux de l’Église ; mais ce qui compte c’est l’idée que la conscience de chacun se fait de l’idéal. Ce qui est bon n’est pas ce qui est objectivement bon, c’est ce que la conscience considère comme bon. Même si l’on suppose que la conscience des gens mariés est plus éclairée que celle des autres, et se donne un meilleur idéal, c’est la conscience qui fait l’idéal. La différence entre l’idéal des gens mariés et l’idéal des autres est une différence de degré, une différence de plus ou moins grande plénitude. Nous sommes en plein subjectivisme et donc aussi en plein relativisme. Le relativisme découle du subjectivisme : la morale de situation, qui est une morale relativiste, découle d’une morale de la conscience. Et c’est la nouvelle morale de François.

20. L’une de ses conséquences possibles était fort attendue. La voici enfin :

« J’accueille les considérations de beaucoup de Pères synodaux, qui sont voulu signaler que « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale » (n° 299).

21. « Selon les diverses façons possibles » : pourquoi pas, donc, en les admettant à la communion eucharistique ? S’il n’est plus possible de dire que les divorcés remariés vivent dans une situation de péché mortel (n° 301), en quoi le fait de leur donner la communion représenterait-il une occasion de scandale ? Et dès ce moment, pourquoi leur refuser la sainte communion ? L’Exhortation Amoris laetitia va nettement dans ce sens. Ce faisant, elle représente en tant que telle une occasion de ruine spirituelle pour toute l’Église, c’est-à-dire ce que les théologiens désignent au sens propre comme un « scandale ». Et ce scandale découle lui-même d’une relativisation pratique de la vérité de foi catholique, concernant la nécessité et l’indissolubilité de l’union matrimoniale sacramentelle. (http://laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/024_01_04_2016/16_04_2016_amoris_laetitia_chapitre8_gleize.php)


Abbé Alain Lorans : détruire la doctrine par la pastorale


« En Italie, Mgr Alberto Carrara, directeur du bulletin diocésain de Bergame, déclare le 14 avril : ‘Divorcés et séparés qui se sont remariés peuvent être réadmis aux sacrements. C’est l’une des nouveautés d’Amoris lætitia, l’exhortation apostolique que le pape François a rédigée à l’issue des deux synodes sur la famille ’.

Les critiques théologiques et canoniques de cette exhortation peuvent se multiplier, les applications pastorales ignorent ces analyses, considérées comme byzantines. On ne retient qu’une chose : ce qui était naguère interdit par rigidité doctrinale est désormais permis par miséricorde pastorale.

Il faut se souvenir que, depuis le Concile, la doctrine n’est pas niée directement, ni combattue frontalement ; elle est simplement contournée – comme on évite un obstacle –, au nom de la pastorale. Opposer la doctrine traditionnelle à la praxis conciliaire, tenter d’argumenter avec des raisons théologiques contre cette pratique qui suit la mentalité du moment et s’accommode aux mœurs du jour, est aussi peu efficace que de chercher à saisir un savon glissant avec de savants concepts… On ne répond à la praxis conciliaire que par la discipline traditionnelle, appuyée sur la doctrine bimillénaire. Discipline qui n’est pas une praxis contraire, mais le contraire de la praxis conciliaire. » (http://www.dici.org/actualites/a-peine-publiee-deja-appliquee/)

Voir aussi l’article de l’abbé Thouvenot : après le Synode : l’indissolubilité en question. (http://www.dici.org/documents/apres-le-synode-lindissolubilite-en-question/)

2017, le centenaire de Fatima arrive à grand pas. Le diable se démène tant qu’il peut. Mais nous savons qu’elle lui écrasera la tête et que son Cœur Immaculé triomphera. Courage à tous dans ce combat apocalyptique! Soyons fidèles à notre chapelet quotidien! En Jésus, Marie Immaculée,

Abbé Daniel Couture, 
Supérieur

[Abbé P. Troadec, fsspx - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du séminaire St-Curé-d'Ars] Merci, Monseigneur !

SOURCE - Abbé P. Troadec, fsspx - LAB du séminaire St-Curé-d'Ars n° 89 - 31 mai 2016

Chers amis et bienfaiteurs,

Voilà déjà 25 ans que Mgr LEFEBVRE a été rappelé par le bon Dieu. Aussi, est-ce l'occasion pour moi de lui exprimer une nouvelle fois ma reconnaissance pour tout ce que nous avons reçu de lui.

Mgr LEFEBVRE était un homme de Dieu. Il était par conséquent un homme d'Église. En effet, « nul ne peut avoir Dieu comme Père, qui n'ait l'Église comme Mère (1) », disait saint Cyprien. Son amour de l'Église l'a conduit à lui donner sa vie. C'est aussi en raison de cet amour que ses supérieurs l'ont élevé à l'honneur et à la lourde charge de l'épiscopat, puis l'ont nommé délégué apostolique en Afrique ainsi que membre de la Commission centrale préparatoire au Concile et assistant au trône pontifical.données des années 1986 à 1995 pour discerner les différences de profil de séminaristes entre cette période et les 20 dernières années.

Ce même amour de l'Église l'a contraint à refuser les nouvelles orientations données par les hommes d'Église après le Concile Vatican II et notamment la nouvelle messe qui en est l'un des fruits les plus déplorables car elle fait perdre le sens du sacré et le sens du sacrifice.

Mais il ne s'est pas contenté de dénoncer les erreurs. Comme il le disait à la fin de sa vie : « Je ne me contente pas d'assister les bras ballants à l'agonie de ma Mère la Sainte Église (2). » Et avec son sens pratique avisé, il ajoutait : « C'est tout un tissu de vie sociale chrétienne, de coutumes chrétiennes, de réflexes chrétiens, qu'il nous faut restaurer, à l'échelle que Dieu voudra, le temps que Dieu voudra. Tout ce que je sais, la foi nous l'enseigne, c'est que Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner ici-bas, maintenant et non seulement à la fin du monde, comme le voudraient les libéraux (3) ! ».

C'est ainsi qu'il a fondé une oeuvre sacerdotale avec pour mission de donner à l'Église les prêtres dont elle a besoin : la Fraternité Saint-Pie X. Et pour susciter de bonnes et saintes vocations, il s'est intéressé également aux écoles catholiques. En effet, dans les statuts de la Fraternité, il est écrit : « Les écoles catholiques seront encouragées et éventuellement fondées par les membres de la Fraternité. C'est d'elles que sortiront les vocations et les foyers chrétiens.»

45 ans plus tard, nous pouvons apprécier la justesse de son analyse. À la place qui est la mienne au sein du Séminaire Saint-Curé-d'Ars, j'admire avec mes confrères les fruits merveilleux provenant de l'éducation de familles saines et équilibrées et ceux issus de bonnes écoles. La vocation sacerdotale ou religieuse germe spontanément dans ce terreau favorable chez les âmes bien disposées.
Le père Marcel à Donguila
L'histoire de l'un des séminaristes actuellement à Flavigny mérite d'être racontée car elle est liée directement à l'ancien missionnaire que fut Mgr LEFEBVRE. En effet, lorsque le père LEFEBVRE était à Donguila au Gabon, il recueillit un petit enfant orphelin de père et de mère qui passa plusieurs années à la mission. Cet enfant a été marqué à vie par le futur évêque de Dakar, alors qu'il était simple prêtre, au point qu'il le considérait presque comme son père. Il a surtout reçu du père Marcel son amour de la messe. Devenu adulte, il s'est marié et a eu 9 enfants. L'un d'entre eux a eu à son tour 9 enfants dont l'un est séminariste à Flavigny.

Or ce séminariste a raconté à quel point il a toujours admiré son père et désiré lui ressembler. Et voyant son père assister presque tous les jours à la messe, à l'âge de l'adolescence, il s'est dit que pour reproduire plus tard ses vertus, il se devait lui aussi d'assister à la messe quotidiennement. Ce qu'il a fait. Et finalement, son amour de la messe ne faisant que croître, il a décidé de frapper à la porte du séminaire pour devenir prêtre. Ainsi, aujourd'hui encore, nous voyons les fruits merveilleux de l'apostolat de Mgr LEFEBVRE en Afrique dans les années 1940.
J'ai transmis ce que j'ai reçu.
Quant aux séminaristes qui n'ont pas eu la grâce d'être issus d'une famille traditionnelle, il est remarquable de constater qu'ils ont, eux aussi, été impressionnés un jour ou l'autre par la figure de Mgr LEFEBVRE. Ainsi, l'un des séminaristes actuellement à Flavigny a toujours été catholique pratiquant. Cependant, pendant son enfance, il assistait à la nouvelle messe et plus il grandissait, plus il se demandait quel en était l'intérêt, au point qu'une fois adolescent, il songea à abandonner toute pratique religieuse comme le font beaucoup de jeunes actuellement. Heureusement, la Providence veillait. En effet, un beau jour, alors qu'il était âgé de 13 ans, il découvrit la messe traditionnelle par l'intermédiaire de religieux d'une communauté Ecclesia Dei. Là, immédiatement, il fut subjugué par la messe de toujours. Cependant, au fil du temps, il a fini par éprouver une certaine gêne en entendant les sermons qui manquaient de clarté du point de vue doctrinal. Il entendait par exemple les prêtres faire l'éloge des derniers papes qui ont été à la source de l'affadissement de la foi et des déviations conciliaires. C'est pourquoi il se demandait comment ces prêtres pouvaient associer la messe traditionnelle avec une doctrine libérale.

Aussi, voulant mieux connaître l'origine de la crise religieuse, il s'est rendu sur internet et est tombé sur le site « La Porte Latine ». Là, il a écouté de nombreux sermons et conférences de Mgr LEFEBVRE. Touché alors par la clarté de son discours et la profondeur de ses paroles, il a fini par m'adresser un courrier dans lequel il m'écrivait : « Mgr LEFEBVRE a voulu que l'on mette sur sa tombe la parole de saint Paul : j'ai transmis ce que j'ai reçu, eh bien moi, je veux à mon tour transmettre ce que j'ai reçu de Mgr LEFEBVRE.»
Mgr LEFEBVRE sur YouTube
Les parcours des séminaristes étant très divers, voici comment un autre est arrivé à Flavigny en octobre dernier. Il a eu la grâce de recevoir une bonne formation religieuse durant son adolescence, par un professeur laïc, mais n'a cependant pas connu tout de suite la messe traditionnelle. Ce n'est que vers l'âge de 22 ans que ce professeur lui a fait découvrir la messe tridentine. Mais ce séminariste, à l'inverse du précédent, n'a pas du tout été emballé par cette messe. Il a été très gêné par le fait qu'il n'y comprenait rien et qu'il n'arrivait pas à la suivre, ne sachant comment participer à une liturgie dont il ne connaissait pas la langue, ni comment combler les temps de silence qui jalonnent la messe. Aussi, après avoir remercié aimablement son professeur, il a continué à assister aux nouvelles messes, jusqu'au jour où il en a parlé à un ami qui avait connu la messe traditionnelle en même temps que lui, mais qui, lui, avait continué à y assister tous les dimanches. Ce dernier lui dit : « Ce n'est pas étonnant que tu n'aies rien compris à la messe traditionnelle.

Pour la goûter vraiment, il faut y aller régulièrement. » Le séminariste raconte alors comment, fort de ces paroles, il a assisté à la messe tous les jours durant 6 mois, vivant une vie quasi érémitique, partageant son temps entre la prière et l'étude. Appréciant de plus en plus la grandeur et la beauté du saint sacrifice de la messe, il a éprouvé le désir de faire une retraite pour savoir ce que Dieu attendait de lui. Au fond de son coeur, il espérait bien que le bon Dieu le laisserait à son idée de s'engager un jour dans la voie du mariage car depuis son plus jeune âge il pensait fonder une famille. Mais le bon Dieu en avait décidé autrement. En effet, au sortir de la retraite, il a eu l'intime conviction que le bon Dieu le voulait à son service. Cependant, restait à savoir dans quel séminaire il pourrait concrétiser sa vocation. Il était alors gêné de ce que la Fraternité Saint-Pie X ait perdu sa reconnaissance canonique suite aux démêlés de Mgr LEFEBVRE avec Rome en 1975. Cherchant à mieux connaître les raisons de ses convictions, il est allé sur YouTube et il est tombé sur un sermon qu'il avait donné en 1974 dans sa langue maternelle. Et là, immédiatement, il a été conquis. Il s'est dit en lui-même : « Cet évêque qui affirme avec tant de conviction la doctrine catholique dans toute son amplitude, cet évêque qui ose défendre haut et fort le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce que je n'ai jamais entendu dans la bouche d'un autre évêque, comment serait-il possible qu'il soit excommunié, hors de l'Église ? Ce n'est pas possible. C'est évident que c'est lui qui a raison. J'entre dans l'un de ses séminaires. » Deux mois de prière intense suivis d'une neuvaine au Saint-Esprit ont achevé de lui enlever ses derniers doutes. Et maintenant, il est très satisfait de son choix.

Vous voyez ainsi comment Mgr LEFEBVRE continue aujourd'hui l'oeuvre qu'il a entreprise de son vivant en éclairant les jeunes de bonne volonté et en les menant sur la voie du sacerdoce.

Cela doit vous encourager à poursuivre vos prières pour que le bon Dieu suscite de nombreuses et saintes vocations pour le bien de vos âmes et celui de vos enfants.
Mgr LEFEBVRE au service de l'Église
Nous pouvons ajouter que l'action de Mgr LEFEBVRE au sein de l'Église a été encore plus étendue que celle que nous voyons au sein de la Fraternité Saint-Pie X ou des communautés amies, car il ne faut pas oublier que la liberté redonnée à la messe traditionnelle par le Motu proprio de 2007 lui est due. En effet, lorsque le pape Jean-Paul II a accordé la possibilité de la célébration de la messe traditionnelle à la Fraternité Saint-Pierre en 1988, c'était dans le but d'amener les fidèles à quitter la Fraternité Saint-Pie X pour bénéficier des privilèges accordés à cet Institut, mais c'est bel et bien grâce à Mgr LEFEBVRE que les prêtres de cet Institut ont obtenu alors la possibilité de célébrer dans ce rite. Et ce qui a été accordé depuis par le Motu proprio de Benoît XVI, n'est qu'une conséquence de cette démarche initiale. Aussi, les prêtres de ces Instituts qui aujourd'hui célèbrent la messe traditionnelle et les fidèles qui y assistent ne doivent pas oublier qu'ils le doivent à Mgr LEFEBVRE. Ceci montre bien que Mgr LEFEBVRE fut réellement un homme de Dieu et que sa fermeté face au courant novateur jointe à la reconnaissance des autorités en place a été l'attitude la plus adaptée pour faire face à la crise douloureuse que l'Église traverse depuis le Concile Vatican II.

En voyant les fruits merveilleux produits dans l'Église grâce à Mgr LEFEBVRE, notre souhait le plus cher est que le pape en personne lui rende justice un jour et reconnaisse devant toute l'Église que le prélat d'Écône ne fut pas un dissident réfractaire, ni un orgueilleux entêté, mais un homme humble, soumis à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son unique Église, la sainte Église catholique romaine, et c'est pourquoi il fut allergique aux erreurs qui ont infiltré l'Église sous la forme du libéralisme, du modernisme et du faux oecuménisme, erreurs maintes fois condamnées par les papes des XIXème et XXème siècles jusqu'à Pie XII inclus.

C'est le même amour de Notre-Seigneur et de son Église que les prêtres du Séminaire transmettent aujourd'hui aux séminaristes et aux frères pour le plus grand bien de vos âmes et de celles de vos enfants. Nous vous remercions vivement pour votre soutien et nous vous assurons de nos prières reconnaissantes, le chapelet étant récité quotidiennement en communauté à vos intentions.

Abbé Patrick Troadec, Directeur,
Le 31 mai 2016, en la fête de Marie Reine

[Jeanne Smits (blog)] Mgr Schneider répond à “The Remnant” : “Amoris laetitia” est il susceptible d’une interprétation authentique ?

SOURCE - Jeanne Smits (blog) - 31 mai 2016

Dans une lettre ouverte à Mgr Athanasius Schneider, la revue catholique américaine The Remnant posait le 9 mai, sous la plume de Christopher Ferrara, la question de savoir si l'Exhortation apostolique Amoris laetitia est susceptible, comme il a pu sembler le dire, d'une « interprétation authentique ». Interprétation que l'évêque auxiliaire d'Astana suppliait Rome de donner. Mgr Schneider vient de répondre à cette demande par une lettre dont il a autoriséThe Remnant à publier le contenu. Je vous en propose ici ma traduction, en commençant par le courriel adressé à Michael Matt, responsable éditorial de la revue, suivie de la réponse à l’auteur de la lettre ouverte. – J.S.
Cher M. Matt, Merci pour vos salutations. J'ai fait une réponse à la lettre ouverte de The Remnant, que vous trouverez en pièce jointe et que je vous autorise à publier. Que Dieu vous bénisse abondamment, vous et votre apostolat pour la foi catholique. Avec mes salutations cordiales en Jésus et Marie, 
+ Athanasius Schneider
26 mai 2016 
Cher M. Christopher Ferrara, 
Le 9 mai 2016 vous avez publié sur le site de The Remnant une lettre ouverte concernant la question de l'Exhortation apostoliqueAmoris laetitia. 
En tant qu’évêque, j'éprouve de la reconnaissance et en même temps un encouragement à recevoir d'un laïc catholique une manifestation aussi claire et belle du sensus fidei par rapport à la vérité divine sur le mariage et la loi morale. 
Je suis en accord avec vos observations par rapport aux expressions d’Amoris laetitia (AL), spécialement dans son huitième chapitre, qui sont fortement ambiguës et trompeuses. En utilisant sa raison et en respectant le sens exact des mots, on peut difficilement interpréter certaines expressions d’AL conformément à la Tradition sainte et immuable de l'Eglise. 
Dans AL, il y a évidemment des expressions qui sont évidemment en conformité avec la Tradition. Mais ce n'est pas ce qui est en cause ici. Sont en cause les conséquences naturelles et logiques des expressions ambiguës d’AL. 
En vérité, elles contiennent un vrai danger spirituel, qui provoquera de la confusion doctrinale, une diffusion rapide et facile de doctrines hétérodoxes concernant le mariage et la loi morale, ainsi que l'adoption et la consolidation de la praxis qui autorise les divorcés remariés à accéder à la sainte communion, une praxis qui aura pour effet de banaliser et de profaner, pour ainsi dire, d'un seul coup trois sacrements : les sacrement de mariage et de pénitence, et celui de la très Sainte Eucharistie. 
En ces temps sombres qui sont les nôtres, ou Notre Bien-aimé Seigneur semble dormir dans la barque de sa Sainte Eglise, tous les catholiques, à commencer par les évêques et jusqu'au plus simple des fidèles, qui prennent encore au sérieux leurs vœux baptismaux, doivent d'une seule voix (una voce) faire une profession de fidélité, en énonçant concrètement et clairement toute ces vérités catholiques qui dans certaines expressions d’AL sont mises à mal, ou défigurées par l'ambiguïté. Cela pourrait prendre la forme d'un « Credo » du peuple de Dieu. AL est à l'évidence un document pastoral (cela veut dire qu’il a par nature un caractère temporel) et il n'a aucune prétention a un caractère définitif. Nous devons éviter de « rendre infaillible » chaque mot et chaque geste d'un pape en exercice. Cela est contraire à l'enseignement de Jésus et à toute la Tradition de l'Eglise. 
Une telle appréhension, une telle application totalitaires de l'infaillibilité pontificale ne sont pas catholiques, elles sont en définitive mondaines, comme dans une dictature ; cela va contre l'esprit de l'Evangile et des Pères de l'Eglise. Outre cette possible profession de fidélité commune que je mentionnais plus haut, il doit également être fait à mon sens, par des spécialistes compétents de théologie dogmatique et morale, une analyse solide de toutes les expressions ambiguës et objectivement erronées dans AL. Une telle analyse scientifique doit être faite sans colère ni partialité (sine ira et studio) et par filiale déférence envers le vicaire du Christ. 
Je suis convaincu que dans des temps à venir les papes seront reconnaissants de ce que des voix se soient élevées, de quelques évêques, théologiens et laïcs, en des temps d'une grande confusion. Vivons pour l'amour de la vérité et de l'éternité, pro veritate et aeternitate. 
+ Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte Marie d’Astana.
(Traduction non officielle par Jeanne Smits.)

[Paix Liturgique] Le diocèse de Sion en Suisse s'ouvre à Summorum Pontificum

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°544 - 31 mai 2016

Au cœur du catholicisme suisse, dont l’autre pôle est Fribourg, le Valais abrite depuis plus de 40 ans Écône, le séminaire international de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X. Pourtant, depuis l’installation de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre dans le diocèse, et sans doute à cause du climat de tension existant pour cette raison localement, nul évêque n’avait autorisé ou simplement toléré la célébration de la messe traditionnelle dans un cadre paroissial, hormis une timide expérience à Brigue (dans la partie alémanique du Valais) fin 2008.

Depuis le dimanche de la Sainte Trinité, la forme extraordinaire du rite romain, réduite jusque-là à être juridiquement « sauvage », est enfin officiellement célébrée dans le Valais francophone, plus précisément à Saint-Pierre-de-Clages, à 20 km de Martigny. La proximité d’Écône (il faut 10 minutes pour aller d’un lieu à l’autre en voiture) n’a pas empêché cette première célébration d’attirer près d’une centaine de fidèles. Pas plus que l’horaire inusuel (17h30) et le fait que, pour l’heure, cette messe n’est célébrée que sur une base mensuelle. Il faut dire que, des demandeurs au célébrant, en passant par les nouvelles autorités diocésaines, tout le monde met du sien pour que cela se passe pacifiquement et charitablement.
I – L’article du Nouvelliste du Valais
Église: le diocèse de Sion renoue avec la messe en latin

Le diocèse de Sion a décidé de réintroduire officiellement la messe en latin, en référence à la lettre apostolique de Benoît XVI de 2007. Elle sera célébrée une fois par mois à l’église de Saint-Pierre-de-Clages, nous apprend le portail catholique suisse cath.ch.

Dès le 22 mai et chaque dernier dimanche du mois, l’abbé Marek Glab, curé des paroisses de Chamoson et de Saint-Pierre-de-Clages, célébrera la messe en latin. La démarche, nous apprend le portail cath.ch, émane d’une quarantaine de fidèles des paroisses de Martigny, Leytron et Chamoson. La lecture de l’évangile et l’homélie seront en français, le reste de la messe se déroulera en latin. Un carnet rédigé en latin et en français permettra aux fidèles de suivre la célébration.

Les paroissiens à l’origine de la démarche « ne font pas partie de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (ndlr: Ecône), simplement ils voulaient retrouver ce rite », explique Marek Glab à cath.ch.

« Cette initiative n’a rien à voir avec Écône », confirme l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. L’automne dernier, en référence à la lettre apostolique de Benoît XVI de 2007, les initiateurs du projet ont fait la demande à Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse, de réintroduire la messe selon la forme extraordinaire. Ce dernier a donné son accord pour une messe mensuelle et a pris date pour faire le bilan dans une année.
II – Les réflexions de Paix liturgique
1) Chanoine du Grand-Saint-Bernard, Mgr Lovey est installé sur le siège épiscopal de Sion depuis fin 2014. Il succède à Mgr Brunner qui avait bloqué une demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum en Valais francophone, signée par 91 personnes, mais avait laissé un prêtre célébrer à Brigue en Valais alémanique. Il est remarquable que Mgr Lovey, sollicité par les demandeurs, ait accueilli favorablement leur démarche, laissant carte blanche au curé de Chamoson pour y répondre.

2) « Cette initiative n’a rien à voir avec Écône », précise le vicaire général. Compte tenu de la préparation à ce jour très avancée d’un « concordat » entre le Saint-Siège et la FSSPX pour régler sa situation canonique, la mesure prise par le diocèse de Sion ne peut pas être considérée comme une pierre jetée dans le jardin de la FSSPX. En pratique, dès lors que la FSSPX pourra exciper d’une estampille canonique, elle aura elle-même la possibilité de rendre des services dans le cadre de ces messes paroissiales, se mêlant, dans une très souhaitable conjonction de toutes les forces traditionnelles, à l’apostolat des autres instituts fidèles à la messe traditionnelle et à celui des prêtres diocésains qui désormais la célèbrent. Nous sommes, pour notre part, résolument favorables à ce brassage des divers courants traditionnels, pour le plus grand bien de tous et surtout de l’Église, en vue des défis qui sont les siens aujourd'hui.

3) « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il jugera comment harmoniser le bien de ces fidèles avec la charge pastorale ordinaire de la paroisse, sous le gouvernement de l’évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église » édicte le Motu Proprio Summorum Pontificum à son article 5, paragraphe 1. Or c’est exactement ce que fait l’abbé Glab, curé de Chamoson, qui, bien que n’ayant jusqu’ici jamais célébré la forme extraordinaire considère normal de satisfaire le désir des fidèles : « qu’elle soit en français, en anglais ou en latin, c’est la messe où Dieu se donne, il faut la célébrer avec respect », indiquait-il début mai. Et ce prêtre originaire de Pologne, où il a étudié le latin au séminaire, de préciser que « cette célébration est aussi ouverte à tous ceux qui veulent découvrir ce rite ».

4) En mars 2009, un sondage de l’institut Démoscope, auprès de catholiques de Suisse romande et alémanique, révélait que 35 % des pratiquants assisteraient au moins une fois par mois à la messe traditionnelle si celle-ci venait célébrée dans leur paroisse. Sept ans plus tard, il est probable que ce résultat se soit encore amélioré. Non seulement parce que les dispositions de Summorum Pontificum, complétées par celles de l’instruction Universæ Ecclesiæ de 2011, sont plus largement connues, mais aussi parce que la soif d’une liturgie plus digne et plus christocentrée touche de plus en plus de fidèles comme l’avait révélée une enquête sociologique conduite dans le décanat de Fribourg (diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg) que nous avons commentée dans notre lettre 437. Celle-ci indiquait que « 45,2 % des fidèles disent apprécier "beaucoup" la messe en latin (forme extraordinaire) ».

5) Une demande pacifique, un curé à l’écoute de ses fidèles et un évêque garant de la concorde et de l’unité : en somme, une mise en place du Motu Proprio réglée comme un coucou suisse. Surtout, cette nouvelle messe dans le Valais romand confirme ces vérités que nous nous efforçons d’illustrer semaine après semaine :
- Summorum Pontificum est un trésor pour toute l’Église,
- la portion du peuple de Dieu intéressée par la célébration de la messe traditionnelle est bien plus large que les seuls groupes traditionnels,
- ces Silencieux de l’Église représentent en effet au bas mot un catholique sur trois (35 % selon le sondage de 2009),
- la paroisse est le cadre naturel de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain.

6) Nos lecteurs savent bien que l’irénisme n’est pas notre tasse de thé. Toutefois, il est évident que les barrières liturgiques tombent les unes après les autres comme l'illustre parfaitement cet exemple valaisan. Souvenons-nous que, dans les années 70, la survie de la messe traditionnelle s’y jouait au prix de violents affrontements : dès 1973, Mgr Adam, évêque de Sion, retirait son appui au séminaire d’Écône. Quarante ans plus tard, l’autorisation de cette messe mensuelle montre combien les lignes ont bougé. Et continueront de bouger.

7) Cette évolution actuelle au cœur du diocèse de Sion préfigure bien ce que sera la Paix dans un avenir que nous espérons proche : répondant aux vœux liturgiques et spirituels d'une multitude de Silencieux, la messe traditionnelle sera célébrée au sein de la plupart des paroisses de l'Église universelle, engendrant une vraie réconciliation entre les fidèles et contribuant à renouer les liens de Charité les unissant à leurs pasteurs. Le tout dans l'unité avec le Siège de Pierre, permettant ainsi à d'œuvrer tous ensemble à la nouvelle évangélisation, pour la plus grande gloire de Dieu.

[Bertrand Y. (blog)] « Ils en ont parlé » (des accords avec Rome…)

SOURCE - Bertrand Y. (blog) - 31 mai 2016

Ce titre évoque certainement pour beaucoup, au moins chez ceux d’un certain âge, la fameuse image d’Epinal inspirée de l’affaire Dreyfus et étant en réalité double car représentant un dîner, dans la société apparemment distinguée de l’époque (fin XIX), avant et après que la conversation soit tombée dessus… Il y a, en effet, des sujets tabous qui ne peuvent être abordés sans déchaîner, chez certains, des passions comme la colère, voire la haine, lesquelles provoquent en sens opposé, par réaction, les mêmes passions, ce qui rend impossible toute discussion constructive.
                                 
En l’occurrence, toute cette histoire en rapport avec cet officier d’origine juive réveillait le sentiment exacerbé, donc passionné, et multiséculaire de l’antisémitisme, cette antipathie viscérale, ni rationnelle, ni surnaturelle comme celle envers le péché (mais non envers le pécheur), éprouvée par un bon nombre envers les descendants de ceux qui non seulement refusèrent de reconnaître le Christ comme Messie mais n’eurent que haine envers lui, poussèrent à sa condamnation, persécutèrent ensuite ses disciples puis, chassés de Palestine et répandus dans le monde (connu) devenu chrétien, n’eurent de cesse de perpétuer parmi eux les mêmes sentiments et d’autant plus que leur immense mépris pour les non-juifs les incitaient à ne pas se mêler aux autres peuples sinon pour leurs seuls intérêts ou pour en tirer profit de toutes les manières possibles et immorales (cf. le Talmud, la pratique de l’usure etc.). Si elle est compréhensible, la faiblesse humaine fait qu’elle pouvait facilement dégénérer en excès qui obligèrent même, à bien des reprises dans l’histoire, l’Eglise et ses meilleurs disciples à prendre leur défense contre ses propres fils égarés qui les persécutaient, à leur tour, de façon tout aussi injuste, voire cruelle : le chrétien ne rend pas le mal pour le mal !
                      
Aujourd’hui, un nouveau sujet tabou est apparu non à l’échelle de tout un peuple, comme la précédente affaire, mais à celle plutôt d’un microcosme, celui de la «Tradition » « canal historique » ou de la Fraternité St-Pie X ; et à propos de ce qu’une minorité très remuante dans cette déjà minorité appelle « les accords avec Rome » (avec laquelle les désaccords doctrinaux ne cessent de s’accentuer et d’être soulignés par son autorité). 
                      
Remuante donc passionnée et à un point qu’on imagine difficilement si on n’en a pas été témoin : tout sauf paisible (la paix intérieure est pourtant la marque du St Esprit…), toujours à l’affût (avec internet…), voire obsédée par les moindres nouvelles venant de Rome ou de la maison généralice de leur Fraternité comme si toute la vie ne tournait plus qu’autour de cela; incapable de réagir posément à leur réception mais les jugeant à l’emporte pièce, car avec colère, et s’échauffant encore plus entre individus semblables du même parti et les rejetant forcément, alors, avec véhémence, voire mépris; incapable donc de considérer paisiblement ou à tête reposée les choses, surtout les avis a priori opposés aux leurs. 
                      
Passionnée donc excessive, notamment en étant tranchée ou sans nuances dans ses jugements du genre : « on ne doit pas chercher à gagner l’indulgence de l’année sainte du pape François puisque son enseignement sur la miséricorde, entre autres, n’est pas orthodoxe ». Comme si l’indulgence obtenue ainsi était nécessairement mauvaise ! De même : « on ne doit rien signer avec un tel pape puisque etc.», même si celui-ci, en vertu de son pouvoir apostolique détenu légitiment et usé ici à bon escient, reconnaissait à cette Fraternité le droit à exister de façon pleine et entière dans l’Eglise, pour le salut du plus grand nombre possible d’âmes, en ne changeant rien à son fonctionnement actuel et en n’exigeant même plus d’elle de reconnaître ce qu’elle a toujours refusé de reconnaitre (la conformité à la Tradition ou la bonté de tout le concile Vatican II et de la nouvelle messe qui en est issue). Car il y a, il est vrai, un immense paradoxe, voire un mystère, à ce qu’un tel pape manifeste réellement des dispositions aussi favorables. Mais ce fait pourtant indéniable (contra factum non fit argumentum) n’a pas l’heur de cadrer avec les catégories étroites de certains esprits trop simplificateurs, voire aveuglés par leur ire endémique (manifestation d’une crainte plutôt irrationnelle ?). Ils sont ainsi devenus incapables d’y voir l’œuvre avant tout de la Providence (donc du St Esprit en personne !) qui fait depuis toujours pousser la bonne semence au milieu de l’ivraie et a l’habitude de déjouer les pronostics humains, fussent ils pour la défense de la foi ! Les béatitudes comme « bienheureux les doux etc. », « bienheureux les pacifiques etc. » leur sont devenues du chinois, totalement étrangères. Eux aussi ne sont ils pas, au fond et finalement, adeptes de la loi du Talion : le mal (le mépris et peut être la haine) pour le mal ?… 
                      
Excessive donc tombant dans la contradiction, voire le ridicule, car il n’y aurait aucun inconvénient, selon cette minorité, à gagner, cette année, l’indulgence du Puy, sans doute d’institution très ancienne mais qui ne peut être obtenue aujourd’hui que par le bon vouloir du pape régnant ou qu’en vertu du seul pouvoir du successeur de Pierre en place…
                      
Excessive donc provoquant les réactions indignées, voire courroucées, à leur tour, du parti loyaliste envers l’autorité de la dite Fraternité accusée injustement et obstinément par les premiers de trahison (elle aussi…). 
                      
Dans ces conditions, créées par elle, on ne voit pas comment il est encore possible d’aborder avec toute la sérénité nécessaire ce sujet en société ou lorsque tout ce petit monde se trouve réuni (peut être même en chapitre ?…). Qu’elle ne s’étonne et ne s’offusque donc pas d’être éventuellement mise devant le fait accompli !
                      
N’est ce pas le même problème à l’échelle de la hiérarchie de toute l’Eglise quand est abordée la question de la Fraternité St-Pie X? On comprend alors que le(s) pape(s) (déjà Benoît XVI) soi(en)t également tenté(s) d’agir motu proprio pour résoudre cette question si sensible au sommet comme à la base. 
                      
Moralité de l’histoire : quand « ils en ont parlé » sans avoir su le faire comme entre gens de véritable bonne compagnie, avec calme, courtoisie et droiture, on en arrive fatalement à ce que « ils n’en ont pas parlé»!

[Abbé Karl Stehlin, fsspx - Militia Immaculatae] "Lorsque Saint Maximilien écrivait aux chevaliers..."

SOURCE - Abbé Karl Stehlin, fsspx - Militia Immaculatae - Lettre n°1 du Père Directeur - 31 mai 2016

Très chers Chevaliers de l’Immaculée !

Lorsque Saint Maximilien écrivait aux chevaliers, ceux-ci avaient l’habitude d’intituler ses messages « lettres de Notre Père Directeur ». Après sa mort ses successeurs, les modérateurs internationaux de la MI, ont longtemps perpétué cette tradition pour la simple raison qu’il était plus facile d’utiliser le terme « directeur » plutôt que le terme canonique mais compliqué de « modérateur international ». Comme la Divine Providence, à travers la voix des supérieurs, a choisi votre serviteur pour modérateur international de la « Milice de l’Immaculée – observance traditionnelle », permettez-moi de suivre les traces du saint fondateur et de vous envoyer plus ou moins régulièrement une « Lettre du Père Directeur». 

De la même manière que les chevaliers de ce temps considéraient Saint Maximilien à la fois comme leur père et leur guide, je vous demande humblement de prier pour que je devienne un écho fidèle de sa personne, afin qu’aujourd’hui, où nous manquons cruellement de vrais pères et guides, il puisse être à nouveau et toujours davantage « notre bien aimé Père Directeur ».

Dans cette première lettre je souhaite vous présenter les origines de la « Milice de l’Immaculée d’observance traditionnelle » et vous relater brièvement son parcours, depuis ses origines jusqu’à nos jours.

Lors de notre première année au séminaire, en 1981, les chefs du (traditionnel) Mouvement de la Jeunesse Catholique en Allemagne (KJB) publièrent un communiqué consacré à la vie et aux travaux apostoliques de Saint Maximilien Kolbe. Les séminaristes que nous étions furent fascinés par la découverte de ce Saint contemporain, qui était absolument si traditionnel dans sa foi profonde et son zèle apostolique mais qui simultanément travaillait avec les moyens techniques modernes de son époque. Un saint qui fascine même les jeunes gens de notre époque.

Cette problématique de la conversion des jeunes gens se manifesta à nouveau, lorsqu’en 1986 nous fûmes nommés en Afrique. Inspirés par le message des apparitions de Notre Dame à Fatima (les trois volumes de Frère Michel de la Sainte Trinité) et la biographie de Saint Maximilien Kolbe (écrite par Maria Winowska), Monsieur l’abbé Loïc Duverger fonda en 1988 un mouvement pour jeunes filles, la « Compagnie de l’Immaculée ». De la même manière que la MI compte trois groupes, les filles furent séparées en « enfants, servantes et apôtres de l’Immaculée ». Chacune d’entre elles réaliseraient toujours plus généreusement les requêtes du Cœur Immaculé formulées à Fatima. Chacune d’entre elles se dévoueraient toujours plus généreusement pour la conversion des autres filles. Les résultats furent étourdissants : Après cinq années d’existence, des groupes de la « CI » étaient établis dans divers quartiers de la capitale du Gabon afin de convertir les enfants du voisinage. De nombreux « apôtres » furent enrôlés comme catéchistes au profit de l’instruction des mille cinq cents enfants de notre Mission Saint Pie X. Lors du jubilée du 75° anniversaire de Fatima la CI joua de nombreuses fois la pièce de théâtre des apparitions et attira des centaines de conversions à l’Eglise. Mais le fruit le plus merveilleux était le changement intérieur de nombreuses jeunes filles qui vivaient une authentique vie intérieure et qui montraient parfois un courage héroïque pour défendre la foi en milieu païen ou même au sein de leurs familles. Certaines d’entre elles ont amené leurs parents, frères et sœurs, à se convertir. Parmi celles qui moururent jeunes à cause de certaines maladies tropicales, nous pouvions observer un rare degré de vertu et même de sainteté. 

De telles incroyables surprises affirmèrent en nous la conviction de l’exceptionnel pouvoir de l’Immaculée à notre époque, l’importance exceptionnelle de Fatima et la nécessité de réaliser tous nos travaux apostoliques seulement avec ELLE et sous SON commandement.

Mais ce fut uniquement en 1994, lorsque nous fûmes nommés de manière inattendue en Pologne pour y démarrer le travail de la Tradition Catholique, que nous découvrîmes réellement qui était Saint Maximilien Kolbe et sa Milice. La lecture de ses lettres et conférences dans sa langue maternelle nous firent découvrir un génie universel, à la fois contemplatif et très actif, un théologien des très profonds mystères de Marie et un maître de l’organisation qui employait les moyens techniques et inventions modernes pour faire connaître et aimer Notre Reine par des millions de gens. Ce petit moine, en permanence mortellement malade, a fondé l’un des plus importants mouvements mariaux au monde, après « La Légion de Marie » et « L’Armée Bleue de Notre-Dame de Fatima ». C’est dépourvu de moyen matériel qu’il a ouvert un couvent appelé « la Cité de l’Immaculée » et qui, depuis les temps médiévaux, devint le plus important au monde, avec près de 1000 habitants en seulement 15 ans. Non content de raviver la flamme de l’amour envers Marie dans sa patrie, il partit en Mission dans la lointaine Asie avec le désir d’attirer à Elle « un milliard d’âmes ». Après une vie héroïque, il accomplit son sacrifice suprême dans le hungerbunker (bunker de la faim) à Auschwitz en offrant sa vie pour un co-prisonnier, père de famille.

Lorsqu’en 1997 nous nous installâmes à Varsovie pour ouvrir le premier prieuré, il était évident que nous rendions de fréquentes visites à Niepokalanów, la Cité de l’Immaculée. Quand nous contemplions les restes de ce gigantesque apostolat (musée, chapelle originelle et les pièces où le Saint vivait, ainsi que le cimetière où repose ses héroïques compagnons, etc.) c’était comme si le Saint lui-même venait nous rencontrer. Expérience unique que d’avoir de longues conversations avec des frères avancés en âge qui l’avaient connu personnellement !

Cependant, il nous fallut découvrir l’autre face de la MI : le lieu était rempli de mouvements charismatiques, la librairie remplie de livres très libéraux et modernistes, nous étions souvent les témoins de cérémonies liturgiques et de réunions dont le but était de susciter des émotions creuses similaires à celles que vous pouvez trouver dans tout concert de rock. 

En 1997 furent également publiés les nouveaux statuts de la MI, très différents des anciens. L’un des best-sellers était un livre du modérateur général de la Milice, le Père Simbula, qui critiquait fortement le Saint fondateur pour son étroitesse d’esprit et pour « être resté engoncé dans les opinions de son temps ». Quand nous interrogeâmes les frères âgés qui connaissaient le Saint au sujet de ces changements, nous entendîmes régulièrement la réponse, dites tristement : « maintenant tout a changé ». Le « Chevalier de l’Immaculée » devint une publication remplie d’allusions modernes et vidée de son sens originel.

Au même moment de jeunes fidèles nous demandèrent si nous ne pouvions pas recommencer la Milice de l’Immaculée telle que Saint Maximilien la fonda étant donné que depuis les années 20, la catholique Pologne était profondément influencée par la MI… 

Cette requête nous obligea à analyser si cette idée avait oui ou non un sens, car nous avions déjà dans la Tradition Catholique de nombreux autres mouvements mariaux. En fonder encore un autre pouvait diviser le nombre et la force des existants. Une petite croisade de prières fut organisée pour que l’Immaculée nous fasse connaître Sa volonté.

C’est à ce moment-là que nous découvrîmes un aspect encore plus profond de la Milice et de son Saint fondateur, à savoir que ce mouvement est unique au monde et parfaitement adapté à notre temps pour les raisons suivantes :
1. Comme le nom l’indique, Militia Immaculatae renvoie à l’Eglise Militante, la vraie Eglise Catholique sur terre dans son combat permanent contre le diable, le péché et l’erreur. Depuis 50 ans ces thèmes catholiques essentiels ont été effacés de tous les esprits des fidèles à qui l’on a enseigné la recherche de la paix universelle et le respect mutuel de toutes les religions. Pire encore : toujours depuis 50 ans les plus importantes éternelles réalités concernant le ciel, l’enfer, le purgatoire, la mort, le jugement, le combat contre le diable, la conversion de l’erreur à la seule église catholique… ont été largement abandonnés et remplacés par le désir d’unifier le monde dans une paix et compréhension mutuelle. Le nouvel ordre mondial maçonnique est devenu l’idéal de bien des catholiques. 
Contre cette peste moderniste la MI apparaît comme un remède contre le pacifisme de notre époque et un puissant rappel de la seule véritable perspective : nous sommes sur terre pour nous battre pour le salut des âmes. La MI insiste sur les valeurs éternelles et l’utilisation correcte du temps de notre court passage sur terre. Elle est par définition un appel anti-œcuménique à la conversion de tous les dissidents et des fausses religions à la seule véritable église. 
2. L’idée d’un combat spirituel si nécessaire à notre temps provoque l’enthousiasme d’âmes généreuses, surtout parmi les jeunes gens, la volonté de s’abandonner au service d’un grand et fascinant idéal. Dans notre époque individualiste nous sommes en grand danger de nous refermer sur notre propre confort spirituel, de devenir autocentré et de ne concevoir la pratique religieuse que comme une affaire privée. Après une si longue période de terrible crise nous risquons d’oublier que nous appartenons à Notre Sainte Mère l’Eglise et que nous sommes responsables pour tous les membres du Corps Mystique du Christ. La MI nous permet de comprendre profondément l’immense NOUVEAU commandement de Notre Seigneur : « d’aimer notre prochain, comme il l’a aimé », c’est-à-dire de faire ce que nous pouvons pour le salut des âmes courant vers l’abysse de l’éternelle damnation. Nous serons joyeux et reconnaissants du retour aux vraies valeurs de toute personne à l’intérieur de l’Eglise. Nous souhaitons que, depuis la plus petite paroisse jusqu’au Vatican, ELLE, la Vierge Immaculée soit ramenée, et avec ELLE, toute la tradition catholique, à Sa vraie place. Nous ne pointerons pas du doigt les pauvres âmes spirituellement malades en disant avec mépris « je ne veux rien avoir à faire avec un tel hérétique », mais nous voulons faire ce que nous pouvons pour les ramener TOUTES à la vérité immuable de Notre Seigneur à travers l’Immaculée. 
3. La MI nous rend nos véritables identités de catholiques avec une compréhension profonde de notre rôle sur terre, celui de devenir des soldats de Jésus Christ se battant pour l’extension du Royaume de Dieu sur terre. Pour accomplir cette tâche primordiale, nous avons reçu le sacrement de la Confirmation. La Milice de l’Immaculée n’est pas tant un autre mouvement ou une association parmi tant d’autres avec ses prières et ses pratiques, mais est par essence comme une NOUVELLE LOI pour nos vies, disant : « quoique vous fassiez, vous le faites en tant qu’instrument entre les mains de Notre Dame, en tant que chevaliers de son armée, pour attaquer l’ennemi en le convertissant, et pour étendre le royaume du Sacré-Cœur de Jésus. » Si cette loi pénètre toute notre vie, nous ne gaspillerons plus notre temps, mais nous remplirons notre court séjour sur terre avec un maximum de grandes actions, les actions éternelles : sauver les âmes. 
4. Un autre aspect fascinant : ce mouvement est avide de l’utilisation des méthodes les plus modernes au service de l’Immaculée. Il donne à l’homme contemporain une nouvelle approche des mass media, qui sont essentiellement utilisées abusivement par les puissances des ténèbres pour suggérer les pires tentations. Comme la jeunesse est très éprise de leurs appareils électroniques, la MI se sert de cette attraction pour la mettre au service de l’Immaculée et du salut des âmes. Cet aspect peut amener de nombreuses personnes de l’extérieur à joindre la MI quand ils voient que ce mouvement s’adapte parfaitement à la situation et aux besoins de notre époque.

La MI est, en même temps, profondément ancrée dans l’esprit de prière et de sacrifice, qui sont les armes les plus importantes des chevaliers pour sauver les âmes. Elle remplit donc parfaitement la requête de Notre Dame de Fatima de prier et de faire des sacrifices, parce que tant d’âmes vont en enfer, parce que personne ne prie ni ne fait de sacrifice pour elles. De plus, les méthodes de Saint Maximilien pour la prière apostolique correspondent parfaitement aux difficultés de notre temps : avoir une profonde vie de prières. 
5. Cependant le point le plus important consiste en la place de Notre Dame, l’Immaculée, dans notre vie. La MI applique concrètement dans la vie quotidienne les maximes de Saint Bernard et de tous les saints mariaux, en particulier la Vraie Dévotion de Saint Louis Marie Grignon de Montfort qui enseigne « de faire toutes choses à travers Marie, avec Marie, dans et pour Marie ». Cela nous pousse à approfondir de manière concrète et pratique la compréhension de la Vérité de son Immaculée Conception et tout spécialement son rôle de Médiatrice de toute grâce qu’Elle utilise au profit de la conversion et la sanctification de tous les peuples. Cela fait comprendre au chevalier l’importance de l’Immaculée dans sa vie personnelle, et tout spécialement SA requête de L’aider à sauver de la damnation éternelle les enfants bien-aimés de l’Immaculée qui sont encore perdus dans l’erreur et le péché. Là le catholique apprend chaque jour quel est son rôle dans le monde et à quel point il prend part à la plus importante tâche qu’un homme puisse faire ici sur terre : donner aux autres « le sommet » de la joie éternelle. En même temps cela lui enseigne la nécessaire humilité : seul il ne peut rien faire, mais il peut tout en tant qu’instrument de l’Immaculée, en tant que son fidèle chevalier. 
6. Il est vrai que tous ces éléments peuvent aussi être trouvés dans la Légion de Marie qui était déjà rétablie dans sa fidélité à la tradition dans plusieurs pays. Mais la Légion de Marie est construite selon le schéma des légions romaines, un mouvement de soldats d’élite, qui demande beaucoup de ses membres. Au contraire, la Milice de l’Immaculée va vers tout le monde, même vers les plus paresseux, et ne demande presque rien pour devenir un chevalier. C’est le mouvement des masses qui lance tout le monde dans les traces de Notre Dame, forçant à Lui donner au moins un petit doigt – Elle se chargera par la suite de prendre la main et l’être tout entier. La Légion de Marie aux Philippines a découvert en la MI un extraordinaire moyen d’engager de nombreuses personnes visitées par les légionnaires pour les attacher étroitement à Notre Dame en les faisant Ses chevaliers. 
7. Fondé pour de larges masses, le mouvement contient toutes les possibilités de collaboration dans la tâche du salut des âmes : il invite tous ceux qui veulent servir l’Immaculée individuellement (MI 1), mais se charge aussi de l’apostolat ordinaire en groupes, cercles et associations pour atteindre un meilleur et plus large résultat apostolique (MI 2). En dernier lieu il invite les plus fervents membres à rejoindre l’élite spirituelle tendant à l’abandon total et à la vie héroïque de la consécration à SA personne (MI 3).
Jamais, dans le monde entier, un tel mouvement n’avait vu le jour, et il porte l’universalité de son saint fondateur : à la fois totalement contemplatif et actif, respectant chaque effort individuel et le rassemblement des masses, englobant l’idée de plus haut travail intellectuel (Académies de l’Immaculée) et les réalisations les plus pratiques, l’invariable et éternelle foi catholique avec ses 2000 ans de Tradition ainsi que les techniques et inventions les plus modernes de notre époque.

Le Supérieur Général étudia les arguments qui lui étaient soumis et accepta la fondation de la MI d’observance traditionnelle en Pologne. Le 6 mai 2000, le premier samedi du mois de Marie, environ 50 catholiques fidèles devinrent les premiers Chevaliers de l’Immaculée. Ils reçurent le « dyplomik » (petit diplôme), une copie de ce document écrit et signé par Saint Maximilien lui-même. Les fruits de cette fondation furent immédiats : augmentation de la générosité parmi les chevaliers, vie de prière régulière, esprit apostolique, exprimés tout spécialement par une augmentation intense de l’apostolat écrit (publications, livres, brochures, tracts) qui firent connaître la tradition catholique en Pologne. Grâce à la publication des textes de Saint Maximilien Kolbe lui-même et de ses camarades chevaliers écrits avant la Seconde Guerre Mondiale, bien des fidèles purent observer l’immense différence et même la contradiction entre les nouveautés à l’intérieur de l’Eglise dans l’esprit de Vatican II et la spiritualité et les idéaux des 50 premières années de la MI.

En 2002, les Pères Capucins traditionnels de Morgon désirèrent rejoindre la MI et l’établir en France. En 2004 les premiers prêtres américains établisssent la MI dans certains prieurés et certaines chapelles des Etats-Unis, la Suisse suivit en 2006. Mais tous les débuts résultaient généralement de l’engagement individuel « d’admirateurs » de Saint Maximilien et le mouvement était généralement inconnu dans le monde traditionnel (Pologne excepté). Seulement durant les trois dernières années il sembla que Notre Dame Elle-Même souhaita que Sa petite armée grandisse. Sans aucune publicité ou promotion spéciale, de plus en plus de fidèles s’intéressèrent, grâce à la publication de brochures et de livres concernant la MI ainsi que l’ouverture de trois importants sites internet Pologne, Suisse et Asie. En trois ans, le nombre de chevaliers fit plus que doubler, passant d’à peu près 5 000 en 2013 à 13 000 en 2016. Jusqu’à maintenant la prise en charge de la MI était laissée à l’initiative des prêtres de la MI qui essayaient par leurs propres initiatives de « faire quelque chose » avec la permission de leurs supérieurs. Afin d’unir les différents efforts et de constituer la MI comme une petite armée de la tradition catholique, le Supérieur Général – l’autorité suprême de la MI – délégua à votre serviteur le rôle de coordinateur international ou, selon les termes de Saint Maximilien, « le directeur » de la MI.

Si vous méditez un peu plus longtemps les sept points mentionnés ci-dessus concernant l’importance de la MI pour notre époque si particulière, vous comprendrez peut-être pourquoi cela est notre rêve d’amener 100 000 chevaliers dans les traces de Notre Dame pour le centième anniversaire de Ses apparitions à Fatima. Quand, en 1917, de gigantesques armées antichrétiennes émergèrent dans le monde (Franc-maçonnerie à Rome, communisme à Moscou), Notre Dame répondit avec Fatima et la fondation de la MI. En 2017 les armées antichrétiennes célèbrent leur anniversaire comme un symbole de triomphe dans leur domination totale du monde. Ne pensez-vous pas que Notre Dame souhaite à nouveau répondre avec SA petite armée, « ses apôtres des temps derniers » (Saint Louis Marie Grignon de Montfort), Ses enfants consacrés à SON Cœur Immaculé (Fatima), SES fidèles chevaliers (Saint Maximilien Kolbe) ?

Permettez-moi de conclure par une humble requête adressée à chacun d’entre vous : le 14 août nous célèbrerons le 75ième anniversaire de la mort héroïque de Saint Maximilien. Pourriez-vous s’il vous plaît faire tous les efforts possibles pour trouver UN catholique et le convaincre de rejoindre la Milice de l’Immaculée avant cette date ?!

Jour de la fête de « LA REINE MARIE », le 31 mai 2016

Avec ma bénédiction,
Votre dévoué,
Abbé Karl Stehlin

[Riposte Catholique] Prises de soutane chez les Missionnaires de la Miséricorde Divine

SOURCE - Riposte Catholique - 31 mai 2016

Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a célébrée une messe pontificale le 19 mai dernier pour la prise de soutane de deux séminaristes de la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine à l’église Saint François de Paule (Toulon). La communauté compte 5 prêtres et une douzaine de séminaristes.

30 mai 2016

[Bertrand Y. (blog)] Les distinctions d'un pape

SOURCE - Bertrand Y. (blog) - 30 mai 2016

« Les illusions d'un pape » est le titre de la recension, dans un hebdomadaire dit de « droite » de ce mois de mai, sur une parution récente revenant sur la question du « ralliement » à la République, en tant que régime, et accablant, une nouvelle fois, à son sujet le pape Léon XIII. L'auteur de l'article nous paraît en général mieux inspiré. Sans vindicte à son égard, nous allons néanmoins défendre un autre point de vue...                
               
En 1892, ce pape publie l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » à l'intention des catholiques de France. Identifier, alors, la résistance à son message, prônant la reconnaissance du nouveau régime, avec l'ensemble des fidèles de la Fille aînée de l'Eglise est certainement une erreur. Elle est, en réalité, le fait d'une minorité. Pour preuve, l'effondrement, d'après ce papier lui même, du parti monarchiste français après l'encyclique papale. Il ne jouissait donc plus, déjà avant, de l'appui solide de la majorité des catholiques. Celle ci se rallia, non d'abord à la république, mais à ce qui lui parut une politique sage laquelle ne condamnait nullement la monarchie en elle même mais l'exagération pratique de certains de ses défenseurs. En effet, il ne s'agissait pas pour le pape de convaincre les catholiques « d'abandonner leur attachement à la monarchie » mais de faire preuve d'un vrai souci du bien commun qui de façon réaliste devait passer, à ce moment, par un renoncement provisoire à cette forme de gouvernement, étant donné qu'elle n'a rien d'absolument nécessaire pour un Etat aux yeux de la doctrine on ne peut plus traditionnelle de l'Eglise (cf. St Thomas d'Aquin).
                    
Cette minorité avait sans doute de bonnes raisons de détester ce gouvernement républicain, persécuteur de l'Eglise. Mais c'était alors le devoir du pape d'éclairer celle la afin de bien distinguer celui ci du régime qui n'est en soi pas mauvais. Ce en quoi, loin d'empiéter dans le domaine temporel de façon indue en imposant son choix (monarchie ou république), il ne faisait qu’entériner celui déjà accepté (plus de 20 ans après son avènement) par la majorité de la population et avait avant tout en vue le bien de l'Eglise ou des âmes ; mais ni la seule survie d'un ancien régime en soi caduc, ni même celle des propres Etats de l'Eglise qui, en l’occurrence, passait au second plan. C'est le manque de docilité, voire plus, à la voix autorisée du successeur de Pierre qui a pu valoir à des monarchistes les foudres de certains confesseurs ; autrement dit, leur attachement désordonné et non celui tout court à la royauté.
                    
Que Léon XIII n'ait pas obtenu l'apaisement espéré montre surtout la détermination sectaire de ses adversaires que charitablement il n'avait pas prise à sa juste mesure. Fort de l'expérience son successeur en tiendra compte et ne transigera plus. Mais avec une grande différence car autant on pouvait transiger sur un changement de régime, autant on ne le pouvait sur la place prééminente et exclusive qui devait revenir à l'Eglise de France dans une société civile encore majoritairement et profondément catholique. En cela St Pie X fut, certes, le seul qui ait vu clair mais par rapport à l'épiscopat français et non par rapport à son prédécesseur (cf. notre article « Le Cardinal Baudrillart et Monseigneur Lefebvre, fils éminents de France et de l’Eglise »).
                    
Il n'y a de paradoxe dans l'attitude de ce souverain pontife que pour ceux qui ne l'ont pas comprise ou qui n'ont pas voulu la comprendre, par un attachement non raisonnable mais passionnel à un régime plutôt qu'à un autre, ou qui ne possèdent pas l'art de la distinction propre à tout vrai disciple de St Thomas qu'il était : ici entre le régime républicain bon en soi (comme la monarchie) et le gouvernement en place évidemment mauvais (qui aurait pu être monarchiste comme cela s'est vu dans d'autres pays). Ne pas faire cette distinction reviendrait aujourd'hui à ne pas faire, par ex., celle entre nazisme et Allemagne ! Distinguer ainsi n'est nullement en contradiction avec sa condamnation claire et vigoureuse du libéralisme car il fait aussi partie de la pratique traditionnelle de l'Eglise de tolérer, parfois, ce qu'elle condamne. Cela n'a rien d'une attitude libérale sauf pour ceux qui de nouveau ne savent pas distinguer la tolérance vraiment catholique de la soi-disant telle des libéraux qui n'en est pas une car elle n’existe qu’envers ce qui est mal à ses yeux alors que soit ce qui est mal pour nous est bien pour les libéraux, soit ce qui leur paraît tel ne doit plutôt pas être permis selon eux: « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » (cf. le génocide vendéen sous la Révolution, par ex., d'esprit libéral en dépit des apparences...). Car ils ne connaissent pas davantage la charité mais n'ont que haine envers leurs adversaires.
                    
Le vrai paradoxe est qu'une telle attaque contre ce pape accusé d'être libéral trouve sa place dans un hebdomadaire qui, bien que réputé « de droite », ne fait de l'antilibéralisme (philosophique - celui condamné par Léon XIII – à ne pas confondre avec l'économique) ni son fond de commerce, ni son cheval de bataille, bien au contraire. En fait, il n'existe, aujourd'hui en France, aucun grand media antilibéral comme il en existait à l’époque de ce pape (« L'Univers » de L. Veuillot, par ex.). Comme il n’existe aucun grand parti politique antilibéral à l'instar du parti légitimiste d'alors, vrai et seul parti de « droite » contre tous les autres issus de la Révolution, plus ou moins de « gauche » ou se réclamant tous du principe libéral par excellence qu'est la liberté de conscience ou la primauté de celle ci sur la vérité, donc sur Dieu ; et par conséquent celle des fameux « droits de l'homme » sur ceux de Dieu : autant d'erreurs graves condamnées sans concession par le grand pape Pecci, entre autres. Il est donc pour le moins cocasse que ces libéraux se croient autorisés à lui donner une leçon d’antilibéralisme ! 
                    
Quant à l'auteur du livre, nous distinguons l’historien du philosophe ! L’historien qui apporte les matériaux que sont les documents et témoignages ; et le philosophe qui en affine l’interprétation. Or les jugements nous paraissent ici manquer singulièrement de nuances donc de justesse (comme dans l’interview donnée ce 21 mai dans un quotidien plutôt bien pensant). Que Pie IX ne fusse pas d’une nature portée à la diplomatie, peut être ? Mais en tant que pape, il était entouré d’une curie dont la réputation en la matière est universellement reconnue depuis des siècles et dont la pratique comporte nécessairement certains compromis comme, par exemple, tous les concordats. Que Léon XIII fut d’un naturel plus diplomate, sans doute. Mais user du compromis n’est donc pas le propre d’un esprit libéral ou manquant de surnaturel, bien au contraire. Car c’est la charité, l’âme de l’Eglise depuis toujours, qui est la cause de son art bien à elle de la concession qu’on appelle aussi tolérance (la vraie, la catholique) et qui parfois fait éviter concrètement « la lutte ouverte contre l’ennemi » dont en théorie on condamne pourtant sans ambages les faux principes. Telle est aussi l’attitude pastorale, c’est-à-dire à l’image de celle du Bon Pasteur et du Sacré Cœur, qui consiste à ne pas appliquer brutalement ou avec rigorisme la doctrine mais avec une patience inlassable, au risque de paraître peut être incohérent ou de ne pas être compris (scandale des faibles). De plus, avant d’opposer ces deux papes sur une même question, il faut avoir la connaissance parfaite de toutes les circonstances en lesquelles chacun a agi et qui ont fort peu de chances d’être identiques. Et il est un peu trop facile de reprocher au dernier, plus d’un siècle après les évènements, de ne pas avoir bien su prévoir le degré des mauvaises dispositions des ennemis de l’Eglise face à lui ! Enfin établir un parallèle, voire un rapport de cause à effet, entre le ralliement de Léon XIII et celui de Vatican II (à l’esprit du monde), c’est ne pas voir plus loin que le mot lui-même (ralliement) car il y a, en réalité, au moins une différence essentielle : d’un côté, une seule concession pratique et aucune quant à la doctrine de l’Eglise ; de l’autre, de multiples concessions d’abord doctrinales puis pratiques. Cette thèse ne s’en prend en définitive qu’à une chimère!

[Présent - Anne Le Pape] Pour sauver l’église Sainte-Rita

SOURCE - Présent - Anne Le Pape - 30 mai 2016

Tous à la procession du dimanche 5 juin

L’association Communauté chrétienne Sainte-Rita appelle à se rassembler autour de l’abbé Guillaume de Tanoüarn pour la défense de cette église.
— Monsieur l’abbé, pourquoi cet appel à une mobilisation générale autour de l’église Sainte-Rita du XVe arrondissement de Paris ?
— Sainte-Rita est une magnifique église, une des premières à pouvoir concilier le béton et le gothique ; une église en plein Paris, une église avec une acoustique somptueuse, cristalline.

C’est une église qui ne doit pas disparaître au nom d’un calcul de rentabilité fait par un promoteur qui cherche à bâtir des logements sociaux. Si la rentabilité est toujours supérieure à toute autre considération, on peut se préparer à détruire toutes les églises de Paris en son nom.
— Y a-t-il une alternative à sa destruction ?
— Il y a plusieurs alternatives : plusieurs groupes cherchent à acheter cette église, des orthodoxes, des catholiques, en particulier nous, et il y a aussi un projet alternatif de construction qui prévoit que l’église soit respectée dans sa surface et dans sa hauteur, donc qu’elle ne bouge pas et qu’elle soit, un peu comme Saint-Ignace rue de Sèvres à Paris, l’église des Jésuites, insérée dans un bâtiment plus important. En tout cas, il y a des possibilités.

Evidemment, juridiquement, on pense tout de suite au droit de propriété mais, humainement, je crois qu’on ne peut pas traiter une église comme n’importe quel bien de consommation, et on doit imaginer que ceux qui, aujourd’hui, dimanche 29 mai, et dimanche prochain, 5 juin, en particulier pour la procession de sainte Rita, se préparent à venir, que tous ces gens ne sont pas des occupants sans titre, mais des chrétiens qui font vivre cet espace sacré selon ce qui est sa vocation de toujours.
— Vous pensez donc qu’il est important que l’on puise compter un grand nombre de participants à la procession du 5 juin, que cela peut jouer un rôle dans le fait d’empêcher la destruction de l’Eglise ?
— Je pense qu’aujourd’hui, pour empêcher la destruction de l’église, il faut voter avec ses pieds, et montrer que les chrétiens défendent les édifices qui sont voués au culte du Christ et qu’ils sont prêts, pour les défendre, à se mobiliser très nombreux.

Propos recueillis par Anne Le Pape
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Eglise Sainte-Rita, 27 rue François-Bonvin, 75 015, Paris (sur cette église, voir Présent du 2 janvier 2016). Messes à 11 heures et 16 heures. Dimanche 5 juin, procession avant la messe de 16 heures dans les rues du XVe arrondissement.
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Le père Argouac’h, de la communauté de Riaumont – inutile de le présenter aux lecteurs de Présent qui le connaissent bien – était à Sainte-Rita ce dimanche 29 mai. 
— Mon père, vous êtes donc venu soutenir l’abbé de Tanoüarn ?
— Abbé de Tanoüarn : Vous êtes militant dans l’âme ! Vous êtes membre de l’Eglise militante.
— Père Argouac’h (riant) : Je ne suis pas encore dans l’Eglise du purgatoire, j’espère ne pas aller en enfer et je ne suis pas encore dans l’Eglise du ciel, mais je suis militant ! Avec vous, pour défendre l’Eglise dans ce site extraordinaire.
J’ajoute que je dois beaucoup à sainte Rita, parce que mon ordination à Toulon étant très compromise, j’avais décidé de remplir ma cantine et de repartir pour Riaumont, quand l’abbé Philippe Le Pivain, qui avait une relique de sainte Rita, l’a prise sur lui pour aller voir l’évêque, Mgr Madec. Celui-ci, qui avait déclaré qu’il ne m’ordonnerait pas, a changé d’avis en une minute – grâce à sainte Rita !

— Le combat pour cette église vous paraît important ?

— Oui ! Vous pouvez le dire et l’écrire ! 
A.L.P.

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou] Il est bien vrai que le monde a bien changé !

SOURCE - Le Seignadou - juin 2016
Il est bien vrai que le monde a bien changé ! Nous ne sommes plus ni au Moyen-Age, ni sous Louis XIV, ni même sous Pie XII ! Nous pouvons le regretter mais il serait illusoire d’imaginer que nous puissions vivre comme au siècle dernier !

Cela dit, avons-nous pensé à nous interroger – avant de dire qu’on ne peut plus vivre comme autrefois, qu’il faut être de son temps et s’adapter au monde tel qu’il est devenu – sur le rôle de l’Eglise, et notre rôle à nous chrétiens. Il y a peu de temps, je lisais ces lignes si sages d’un commentateur actuel, suite à la dernière exhortation du Pape.

« Le problème, avec l’Église catholique, est que les médias et le public voudraient qu’elle soit à l’image des autorités de la société civile, qu’elle écoute le sens du vent qui souffle et qu’elle s’adapte au siècle et à ses évolutions. Contresens énorme ! L’Église n’est pas là pour répondre aux souhaits des pécheurs que nous sommes. Ce n’est pas une institution civile.

Elle est une institution divine : Jésus-Christ répandu et communiqué dans le monde, pour le sauver. Celui-ci n’a pas attendu notre époque pour savoir dans quel sens le vent soufflait. Il est l’éternité. L’absolu. Le mystère. Celui dont tout découle. Père, fils et Saint-Esprit. Il n’a rien à voir avec la sociologie, la politique, la psychologie, nos petits problèmes d’épanouissement personnel par rapport à notre agir, notre moi, notre ego !

Le pape qui est le chef de cette Église ne peut pas la faire évoluer. Il n’en a ni le pouvoir ni les moyens. Nous ne sommes pas dans le domaine des raisonnements humains, simplement et trop humains. La démocratie n’a pas voix au chapitre. Quelle que soit la majorité, l’erreur reste l’erreur, la vérité reste la vérité et le dogme demeure le dogme.

Qu’attendons-nous de l’Église ? S’il s’agit, pour nous, d’en faire notre chose, selon nos caprices, nos attentes, nos besoins subjectivement appréciés, elle n’est plus catholique. Si, par contre, il s’agit de savoir comment nous pouvons être rachetés et quelle est la voie du salut pour notre âme, alors notre mère l’Église est prête à nous écouter, nous pardonner, nous entendre, pleurer avec nous, nous emmener sur le chemin de la miséricorde et nous conduire au ciel.

Il n’est qu’un problème dans le monde contemporain : l’inconscience de notre besoin le plus fondamental, celui du rachat de nos péchés, notre totale omerta sur la vie éternelle, le salut de nos âmes et notre perte de vue de l’éternité… Car la vie sur cette terre n’est qu’un passage vers l’au-delà. »

Cela est le premier point, le plus fondamental. Mais nous pourrions aussi tenter de réfléchir un peu pour savoir si le monde a changé en bien ou en mal ? Cela peut sembler enfantin, mais beaucoup hélas, n’y réfléchissent guère, semble-t-il.

Le monde a donc changé dans l’ordre matériel, dans le domaine des techniques nouvelles, cela est incontestable. Et cela peut être un bien, si les progrès réalisés sont utiles et servent vraiment à améliorer la vie humaine, matérielle, intellectuelle, sociale et même spirituelle. Et si nous savons nous en servir pour cela !

Mais dans l’ordre moral, les changements survenus sont-ils un progrès, un mieux ? La réponse est évidente, me semble-t-il. Depuis que la république a proclamé son matérialisme et sa laïcité, laquelle n’est en rien une neutralité passive, le monde où nous vivons a perdu son âme, et les hommes de caractère sont devenus introuvables, même dans la Sainte Eglise, hélas !

La foi est remplacée par la science ;

La charité est remplacée par le sentiment humanitaire ;

Quant à l’espérance... elle est morte !

Je me souviens encore de cette chanson pleine de nostalgie que chantaient autrefois les Frères Jacques : « Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs, la Lune est morte ce soir... »

Ils chantaient la nostalgie de cette lune qui faisait rêver les poètes, cette lune dont il n’est plus possible de rêver depuis que les hommes ont marché sur elle. Et c’est votre cœur que l’on crève, la corde qu’on vous passe au col ! Il va falloir aller plus loin, par delà des millions d’étoiles à la recherche « de l’étoile qui vous fera rêver demain »….Dans mon jardin depuis la veille, ne chante plus le rossignol...

Se trouvera-t-il un poète pour chanter la tristesse d’un monde sans espérance, sans âme, sans autre finalité que de posséder et jouir sans fin ? Le monde aujourd’hui a  piétiné l’espérance, et il est impossible de découvrir dans ce monde quelque vestige de cette étoile qui nous fera rêver demain, cette étoile qui est la recherche d’un monde plus beau, plus pur, plus vrai… pour lequel nous sentons en nos âmes un attrait que rien ne peut anéantir.

Le monde d’aujourd’hui n’est plus métaphysique Il a été décapité; il a perdu la tête au sens propre : il a perdu sa raison d’être et de vivre, il n’a plus de finalité ! Il tourne sur lui-même comme un fou ! Englué dans la matière et le sensible, il cultive l’art de paraître et l’art de jouir, l’art d’avoir, de calculer et de compter … alors que l’âme aspire à être, à aimer et à chanter en silence !

Gustave Thibon, dans la préface à « deviens ce que tu es » écrivait au sujet du fils de Marcel de Corte, mort à 18 ans : « Absent de sa propre existence, il n'était qu'accueil à toutes les formes du savoir, de la beauté et de l'amour - et tout ce qui lui avait été ravi sous l'aspect caduc de l'avoir lui était rendu au centuple dans la sphère incorruptible de l'être. »

Être, savoir, aimer dans le silence et la pauvreté… pour rencontrer Dieu, si pauvre et qui ne possède rien, mais qui est intensément, source de tout être et immuable béatitude.

Être au lieu d’avoir – Être au lieu de paraître – aimer au lieu de jouir, sous quelque forme que ce soit !

Être ce que je suis, tout simplement, sans chercher à plaire ni à déplaire,

Être ce que je dois être, et non ce que sont les autres,

Être chrétien, quitte à ne pas ressembler aux autres,

Être chrétien, quitte à ne pas agir comme les autres et s’interdire certains comportements devenus habituels,

Être chrétien, quitte à ne pas être aimé, à être moqué, être haï…être condamné. Avons-nous parfois songé à cette parole de Notre-Seigneur ? « Le monde ne peut vous haïr; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. » N’est-ce pas la mission du chrétien de rendre ce même témoignage ? Et comment se fait-il que le monde ne nous haïsse pas ? Il hait les chrétiens qui se battent pour le demeurer et il nous laisse encore relativement tranquilles !

Aimer, se donner au bien, au vrai, au beau… quels que soient les sacrifices à consentir pour cela !

Aimer Jésus-Christ, sa Mère et les saints, et mépriser sans orgueil et sans haine ceux qui ne savent qu’en rire, et n’aspirent qu’à jouir comme des bêtes à peine plus évoluées dans l’art d’inventer des recettes pour des plaisirs plus raffinés !

Il est vrai que notre société n’admet plus la Croix, celle de Jésus-Christ, la vraie, celle qui arrache et fait pleurer, celle qui purifie et qui libère notre être profond ! Elle n’aime que les religions sans croix, le judaïsme, l’Islam… « religions » honorables car sans sacrifice !

Et l’Eglise elle-même est devenue amorphe et sans voix ; elle n’ose plus rendre au monde « le témoignage que ses œuvres sont mauvaises ! »

Et nous voudrions nous adapter à ce monde-là ?

Nous rougirions de ne pas ressembler aux sans-dieu qui vivent à nos côtés et ne savent rien des joies de l’esprit, du cœur et de toute l’âme ?

Mais cela ne serait même plus du respect humain, de la coquetterie, de la vanité, etc… Ce serait bel et bien de la trahison envers ce Jésus que nous disons aimer, et envers ces prochains auxquels nous refuserions de susciter en eux le goût de cette autre chose qu’ils ignorent !

A la Salette, la Vierge pleurait sur les sociétés sans dimanche, sur les dimanches sans Dieu. Pleure-t-elle aujourd’hui sur les chrétiens qui oublient la croix, pour qui elle n’est plus qu’une œuvre d’art, une image glissée dans un missel (quand il y a encore un missel) ou un geste qui n’est plus un signe, qui ne signifie rien, fait sans âme, par habitude ? Pleure-t-elle sur ces chrétiens qui se vêtent, se distraient, vivent comme ceux qui ne le sont pas ?

Que Dieu nous garde de faire pleurer notre Sainte Mère, et soyons fidèles à suivre le « sillage du Christ », dans cette folle et confiante espérance de les retrouver en cet autre monde pour lequel nous avons été créés et rachetés.