Le concept de tradition; sa place dans l'Église; Campos |
Interview de Mgr Fellay lors du Colloque sur saint Pie X tenu à Paris le 30 mars 2003 - www.fsspx.org |
Ab. Lorans: Imaginons, Monseigneur, que vous ayez la possibilité de restaurer la Tradition dans l’Église, est-ce que vous envisagez cette restauration comme un retour en arrière, est-ce que la Fraternité fonctionne comme une machine à remonter dans le temps? Mgr Fellay: On nous fait parfois le reproche: "Vous trouvez que tout était merveilleux auparavant, avant le concile c’était l’âge d’or. Mais, en fait, vous êtes des fossiles!" C’est ce que disait un cardinal à notre sujet. Sur la demande d’un évêque qui voulait rejoindre la Tradition et qui demandait à ce cardinal: "Que penseriez-vous si j’allais voir la Fraternité St-Pie X?" "Ne faites surtout pas cela, ce sont des fossiles!" Cela nous fait penser au cardinal Ratzinger qui, plusieurs fois, se pose de bonnes questions sur la situation catastrophique qu’il reconnaît. Mais lorsqu’il en arrive aux remèdes, sa conclusion est: surtout pas de retour en arrière. En fait, sa pensée repose sur un faux principe. Lorsque Mgr Lefebvre lui disait: "Dignitatis humanæ contredit Quanta cura", il répondit: "Mais Monseigneur, nous ne sommes plus au temps de Quanta cura!" et Monseigneur de conclure: "S’il en est ainsi, j’attendrai demain". Nous pouvons leur dire aujourd’hui: Vatican II est dépassé, il n’est plus d’actualité, il n’est plus moderne, nous sommes déjà à l’époque "post-moderne". Il ne s’agit donc pas pour nous de revenir en arrière, de revenir à une période révolue de l’histoire. Comme le disait si bien St Pie X: la civilisation chrétienne n’est plus à inventer, elle a déjà existé. Il ne s’agit pas de vouloir revivre une époque historique; notre volonté par contre est de rappeler et d’appliquer les principes éternels; ils contiennent en puissance toutes les solutions aux problèmes actuels. Ab. Lorans: Dans votre dernière Lettre aux amis et bienfaiteurs, vous revenez sur une expression que vous avez déjà employée, vous dites que ce n’est pas vous qui représentez la Tradition, ce n’est pas VOTRE Tradition que vous défendez, mais "il faut que Rome revienne à SA Tradition". Qu’entendez-vous par ce possessif? Mgr Fellay: Nous entendons par là que c’est l’Église qui possède la Tradition ou qui devrait la posséder. Nous pouvons dire que nous sommes l’Église à la condition de ne pas être exclusifs; l’Église est évidemment plus grande que nous. Mais du fait que nous adhérons à l’Église, nous en faisons partie. L’adhésion à la Tradition de l’Église, c’est justement ce qu’on appelle la Tradition. C’est le bien commun de toute l’Église qui, par un mystère insondable repose presque, je dis bien presque, exclusivement dans nos mains. Ce n’est pas nous qui l’avons cherché; nous sommes restés fidèles à ce que l’Église a toujours enseigné, les autres l’ont abandonné. Mais les trésors de l’Église ne sont pas devenus pour autant nos trésors à nous; c’est le grand trésor de l’Église, c’est pour cela que je dis SA Tradition. Nous ne voulons pas nous imposer à l’Église, c’est l’Église qui doit reprendre son bien propre, son bien commun, toutes ses vérités de foi, le sacerdoce, la messe. Pour l’instant, on a l’impression que c’est notre histoire; cette expression " la Tradition" est liée à un contexte, celui de nos relations avec Rome où on nous dit aujourd’hui: "Vous avez un charisme propre qui est celui de la Tradition". Nous refusons cette expression car il n’est pas vrai que c’est notre charisme propre, c’est le charisme commun de l’Église. Cette messe n’est pas que la nôtre, c’est la messe de l’Église. L’ensemble du monde catholique a le droit d’en bénéficier. Ab. Lorans: Il y a deux ans, Monseigneur, vous demandiez à Rome ce droit à la messe. C’est donc dans cette perspective que vous considérez que la messe n’est pas le patrimoine de la Fraternité, qu’elle n’est pas notre chasse gardée, c’est dans cet esprit-là que vous demandez, que vous suppliez que l’on donne à tout prêtre cette faculté de dire la messe? Mgr Fellay: Tout à fait. Il est impressionnant de voir combien de prêtres et aussi de laïcs nous sont reconnaissants de cette demande. Il y a dans toute l’Église une soif de la Tradition; elle est souvent mal exprimée, mais elle est réelle. On la rencontre partout et parfois dans des lieux surprenants. Un missionnaire en Amazonie m’a raconté ceci: il disait la nouvelle messe jusque là et un jour les anciens lui disent: "Ne dis pas cette messe-là, dis l’autre parce que là il y a le mystère". Tout était dit. Ou encore cette dame à Singapour à laquelle Mgr Manat demandait: "Mais quelle est la différence entre les deux messes?" et cette jeune dame, après quelques instants de réflexion, répond en un mot: la sainteté. Ou encore ce prêtre au Kenya qui n’avait jamais vu l’ancienne messe et qui, s’approchant de moi, me dit: "Je suis vicaire à la cathédrale, les gens me disent: - Pourquoi ne dites-vous plus la messe comme avant? Redites donc la messe comme autrefois. - Je voudrais bien, mais je ne la connais point. Si donc vous ouvrez une chapelle ici, vous viderez la cathédrale." Actuellement ils sont deux jeunes prêtres dont l’un n’a jamais vu la vraie messe, l’autre me l’a vu célébrer une fois. Et ces deux prêtres se sont transformés en apôtres de l’ancienne messe, ce qui a provoqué des remous dans le diocèse. Ce ne sont là que quelques exemples, mais je pourrais continuer et vous faire un descriptif de ce qui se passe dans le monde, vous montrer combien il y a une souffrance, une attente dans le peuple chrétien, chez les fidèles comme chez les prêtres. Certes, la messe n’est pas tout, mais elle peut cristalliser tout le reste autour d’elle. C’est ce que nous recherchons en demandant ce droit à la messe pour tout prêtre: que l’Église ait pitié d’elle-même, qu’elle déchire cette chape de plomb qu’elle s’est laissé imposer au moment du concile et qui la fait souffrir terriblement. Nous sommes persuadés que cette liberté de la messe – un acte juridique à poser pour montrer qu’un droit a été lésé, que prétendre à l’interdiction de cette messe est une injustice grave – cette liberté de la messe ouvrirait des écluses de grâces. Voilà la raison profonde de notre demande. Ab. Lorans: Où en êtes-vous dans vos relations avec Rome? Mgr Fellay: Considérons plusieurs points. Tout d’abord, qu’en est-il de la permission ou de la licéité des messes de la Fraternité St Pie X? Vous avez sans doute entendu parler de cet article publié par la Fraternité St-Pierre, corroboré par une lettre de Mgr Perl qui disait en avril 2002 que c’était un péché que d’aller aux messes de la Fraternité St-Pie X, qu’il était strictement interdit d’y assister, et ce dans quelques circonstances que ce soit. Le 27 septembre de la même année, le même Mgr Perl écrit l’inverse dans une lettre adressée à un particulier; sur la demande de la commission Ecclesia Dei, cette lettre a été rendue publique par Una Voce America. Elle évoque trois questions:
En six mois, nous sommes en face d’une virevolte complète. Nous avons l’impression d’être comme devant un feu routier qui passe du vert au rouge et inversement. On aimerait que le feu reste une fois pour toutes sur le vert. Il est clair qu’avec un agissement pareil, Rome perd la crédibilité. Un autre exemple d’agissements contradictoires: les évêques du Gabon ont demandé à Rome l’an dernier ce qu’il fallait faire quant à l’inscription dans les registres, des sacrements donnés par les prêtres de la Fraternité St-Pie X. La Congrégation du clergé leur a répondu: Il faut tout inscrire. Même les mariages? Réponse: Du moment que vous les inscrivez dans vos registres, tout est en ordre. Voilà ce qui a été dit aux évêques gabonais par la Congrégation du clergé. Pendant ce temps-là, un peu partout, on dira le contraire. Nos rapports avec Rome En avril 2002, le cardinal Hoyos nous avait envoyé une lettre bien décevante en réponse à un courrier que nous lui avions envoyé neuf mois plus tôt. Faisant suite à cette démarche, au mois de janvier dernier, M. l’abbé Schmidberger a eu – en mon nom – un contact avec le cardinal Hoyos; au cours de l’entrevue, il lui lu a une lettre dans laquelle je rappelais que les deux préalables posés lors de nos échanges de janvier 2001 n’ont toujours pas trouvé de réponse (NDLR: la messe tridentine accordée à tout prêtre et la levée des censures); cela fait deux ans que nous attendons une réponse positive de Rome! Le cardinal réagit à la lettre en affirmant qu’il aurait fait des gestes en notre faveur, mais que nous ne bougeons pas d’un millimètre, que les problèmes qui existent dans l’Église ne sont pas nos problèmes. Le tabou A Rome, ils devraient comprendre qu’il y a une crise dans l’Église et qu’elle vient du concile. Mais ils ne veulent pas en entendre parler. En fait, ceux qui prêchent la destruction des tabous s’en sont créé des nouveaux: le concile et la nouvelle messe. Ces deux points, personne n’a le droit d’y toucher, et c’est le point d’achoppement parce que c’est aussi le point sur lequel nous refusons de bouger. On nous objecte que nous n’avons pas le droit de mettre en opposition le magistère actuel et le magistère du passé. A cela, nous répondons que l’opposition est interne aux textes, nous ne sommes pas des dialecticiens, nous ne créons pas cette opposition, elle est objective, réelle. Mais de cela, ils ne veulent pas en entendre parler. Notez qu’il est important de bien saisir ce point pour comprendre l’impossibilité de s’entendre tant qu’ils en restent à leurs positions. Je m’explique: l’Église a toujours justifié son enseignement et en fin de compte l’infaillibilité de son magistère en posant un regard sur le passé et en disant: ce que nous enseignons aujourd’hui, Notre-Seigneur, les Apôtres, les Pères, les conciles l’ont enseigné, nous n’enseignons rien de nouveau quant au contenu, nous n’enseignons que ce que l’Église a toujours cru et enseigné. Avec Vatican II, l’Église s’est mise dans l’impossibilité de faire usage de cette justification qui est précisément la Tradition. Qu’est-ce que la Tradition? C’est ce regard sur le passé pour considérer la fidélité de la transmission. C’est ce que dans la définition de la Tradition on appelle le quod semper, ce qui a toujours été cru et enseigné. Et comme le concile enseigne des choses nouvelles et qu’on ne peut plus proposer cette démarche, on a été obligé d’en inventer une nouvelle. Comment, à Rome, on justifie le concile? Premier acte: l’infaillibilité Le pape est infaillible, on ne considère plus ce qu’il dit, on constate qu’il ouvre la bouche et on dit: c’est infaillible! Je n’invente rien, à titre de preuve citons cette conférence donnée à Munster en Allemagne par le cardinal Hoyos dans laquelle il affirme que Mgr Fellay attaque la nouvelle messe en disant qu’elle est mauvaise, mais il a tort car la nouvelle messe a été approuvée par le pape, donc elle est infaillible. L’erreur en cela consiste à ne considérer que le sujet de l’infaillibilité – le pape – et non plus l’objet de l’infaillibilité – la vérité faisant partie du dépôt révélé. Pour qu’il y ait infaillibilité, il ne suffit pas que le pape parle, il faut aussi qu’il y ait objet à infaillibilité et donc que ce dont il parle appartienne au dépôt révélé. Mais comme ils ne veulent plus considérer l’objet de l’infaillibilité, ils font du pape une machine à infaillibilité. Leur attitude est paradoxale, car d’un autre côté, ils ne veulent plus de l’infaillibilité et ne sortent ce drapeau que lorsqu’il s’agit de discuter avec nous. Deuxième acte: introduire dans la vérité un élément historique. La thèse est simple: ce que fait l’Église est vrai et bon au moment où elle le fait. Un cardinal Ratzinger n’a donc pas de peine à affirmer que, du temps de saint Pie X, le serment anti moderniste était une bonne chose, et encore moins de peine a-t-il pour ajouter qu’aujourd’hui, c’est chose révolue. La vérité est donc soumise aux circonstances historiques, lesquelles sont les justifications ultimes de l’action de l’Église. Le quod semper n’est donc pas adéquat pour traiter de la question du magistère. Cette différence fondamentale dans les concepts d’identité et de continuité historique nous met sur deux planètes différentes et rend les discussions difficiles, car nous disons à Rome: Voyez ce que vos innovations ont produit, voyez le désastre! Ils répondent: Non, ce n’est pas le concile, c’est la faute du monde! (le monde a bon dos, tout à coup!). Ils ne veulent pas avoir tort car ils ne veulent pas revenir à une vérité immuable. Cela rend la discussion impossible. Alors, vous me direz: pourquoi discutez-vous encore si elle s’avère impossible? Il me semble que c’est important de discuter pour arriver à les mener jusqu’à cette constatation de l’impossibilité. De plus – et surtout – il n’y a pas que les dignitaires romains en jeu; ces discussions nous servent de haut-parleur pour faire entendre notre message bien au-delà de Rome, aux oreilles de tous ces fidèles et prêtres désemparés qui cherchent des solutions. Cela n’a rien de désespérant que d’aborder ces discussions apparemment désespérantes, car à long terme, cela produit des fruits. Jusqu’au Vatican on commence à trouver des personnes qui sont d’accord avec nous et qui essaient de travailler tant bien que mal là où elles sont. Ce sont même des évêques – pas seulement à Rome – qui sont intéressés par ce que nous représentons mais qui n’osent pas le dire. Dans les cinq dernières années, il y a eu à ce niveau-là une grande évolution; certes, pour l’instant on ne voit pas de fruits visibles de ce progrès; mais entre le rien et une grosse pièce qui commence à bouger, il y a un monde. Ab. Lorans: Vous avez envoyé M. l’abbé Schmidberger à Rome, vous écrivez au cardinal, donc vous n’ignorez pas Rome? Mgr Fellay: Nous n’ignorons pas Rome du tout. Ab. Lorans: On vous reproche cependant de n’être pas "bon joueur"; Campos a obtenu l’ancienne messe, un espace de liberté et vous ne voudriez pas cela pour la Fraternité? Mgr Fellay: Est-ce que vous vous assiériez dans une voiture, même une superbe Ferrari, à laquelle il ne manque que les vis des roues? Seriez-vous disposé à conduire une telle voiture? Moi, je ne suis pas disposé. Ab. Lorans: Quels sont les boulons manquants? Mgr Fellay: Il manque la réalisation, dans le sens de mise dans le réel de cette Tradition. Cette forme canonique de Campos, dans l’abstrait, est splendide. C’est la concrétisation qui pose un sérieux problème; le problème de fond est celui-ci – je schématise quelque peu: nous sommes en présence de deux camps opposés lesquels sont en conflit; à un moment donné, l’un des camps avance une proposition de paix. Ainsi donc, Rome a proposé la paix en disant: "Ne considérons plus les problèmes de doctrine, c’est trop compliqué pour l’instant, orientons-nous vers une solution pratique". Autrement dit, on laisse le problème, et on fait comme s’il n’existait pas. Ils ont appelé cela une solution. Et Campos a accepté. Dans le concret, qu’est-ce que cela implique? Nous sommes en présence de deux groupes opposés qui, tout d’un coup, s’unifient et ne font donc plus qu’un. Forcément, l’un dominera l’autre. Celui qui domine, c’est le plus fort, et puisqu’en même temps il y a un mouvement de soumission à Rome, celui qui domine, c’est Rome, c’est l’Église actuelle. Cette Église actuelle est régie par des principes, par un ensemble disciplinaire qui fait aller l’Église dans une direction bien précise. Cette direction bien précise, c’est l’immense flou qu’on appelle l’esprit de Vatican II. Faire un accord tel qu’il a été fait implique qu’on se mette dans le mouvement de Vatican II, qu’on se mette dans ce flux qui meut l’Église conciliaire. Ab. Lorans: Est-ce que vous avez des preuves, Monseigneur? Mgr Fellay: Un exemple: Mgr Rifan, actuellement évêque de cette Administration apostolique, annonce, chaque dimanche, les horaires des messes à la cathédrale de Campos – où est célébrée la nouvelle messe. Le simple fait d’annoncer les messes est une invitation à y aller. Donc on invite les fidèles qui font l’effort d’aller à l’ancienne messe, à fréquenter la nouvelle, sans manifester la moindre réserve quant à la valeur de cette nouvelle messe. Jusque là ils y étaient foncièrement opposés au point d’avoir été chassés de leurs églises. En fait, ils bradent trente ans de combat. Ce simple petit fait d’annoncer les horaires des messes à la cathédrale, c’est, au niveau des principes, radicalement le contraire. Cela semble peu de chose, en réalité, c’est immense. Un autre fait: aux quatre-vingts ans du diocèse, Mgr Rifan, accompagné de son clergé, a assisté à la nouvelle messe d’action de grâce à la cathédrale. Ils sont donc allés eux-mêmes à une nouvelle messe. Certes, ils diront: "Nous n’avons pas concélébré". Non, vous n’avez pas concélébré. Vous y êtes allés, vous y avez participé. Il n’est pas nécessaire de concélébrer, votre assistance publique dit à tout le monde, et à tous ceux qui veulent bien l’entendre que cette nouvelle messe n’est pas mauvaise. Ce nouveau mode d’agir commence à susciter une réaction à Campos. Un des curés a même reproché publiquement à Mgr Rifan ses nouvelles prises de position au sujet de la nouvelle messe ainsi que la nouvelle conception du combat de Mgr de Castro Mayer. Campos explique maintenant qu’il y a eu deux Mgr de Castro Mayer. Le premier était l’évêque docile, canoniste, très soumis à toutes les lois de l’Église. Le deuxième est l’évêque démis de ses fonctions en 1981, évêque dur, rebelle. Et Mgr Rifan de dire au Barroux: "Nous avons choisi Mgr de Castro Mayer numéro un". Mgr Rifan a été efficace, il a réussi à faire partir un prêtre du Barroux qui nous a rejoints. Dernier fait que j’évoquerai: une discussion entre deux membres de l’Administration apostolique. Le premier avoue qu’il a évolué dans ses positions; le second s’en garde bien: - Moi par contre, je n’ai pas changé. - Mes condoléances! - Si j’ai bien compris, la seule raison qui vous reste pour célébrer l’ancienne messe est la permission que vous a donnée le pape. Que ferez-vous le jour où le pape vous demandera de célébrer la nouvelle messe? - Eh bien, je la dirai. Ce même prêtre prétend maintenant que ceux qui refusent la nouvelle messe sont schismatiques! L’évolution est spectaculaire. Une leçon s’en dégage: lorsqu’on se met volontairement et avec une volonté de non-défense dans un milieu complètement différent et même contraire à ses propres principes, on finit par avaliser les principes opposés. A Campos, il n’a pas fallu un an pour en arriver là. Ils ont fait en un an ce que la Fraternité St-Pierre a fait en dix ans. Dans leur séminaire, Rome les a obligés à donner un cours sur Vatican II et à introduire des professeurs extérieurs à l’Administration. Mais la Ferrari était trop belle et ils n’ont pas voulu regarder si les roues avaient toutes les vis. Ab. Lorans: Monseigneur, en attendant que cette discussion sur le fond que vous appelez de vos vœux puisse avoir lieu, que fait la Fraternité? Vous revenez du Kenya, vous étiez en Argentine, dites-nous un petit peu comment vous voyez l’avenir? Mgr Fellay: Sereinement; le Bon Dieu est vrai et il est éternel. Ceux qui misent sur le Bon Dieu ne seront jamais déçus, même si ça coûte. Le Bon Dieu vaut bien la peine qu’on y mette le prix, même si ça coûte. La Fraternité? Je la vois solide, je vois des tentatives très marginales mais dangereuses de vouloir faire croire que, subitement, c’est si facile de faire un accord avec Rome et que tout ira bien. C’est là une chimère, c’est vivre hors de la situation réelle de l’Église. Combien de fois ai-je eu à entendre cette année, des séminaristes, des prêtres qui s’approchaient de nous en disant: "J’ai tout essayé, je me disais: surtout pas la Fraternité St-Pie X, j’ai fait le tour et il ne reste que vous". Combien de fois j’ai entendu cela! Des prêtres viennent me voir et me disent: "Je viens chez vous parce que dans le diocèse, je ne peux plus, en conscience, vivre ma vie de prêtre catholique, on ne me le permet pas". C’est cela la réalité concrète de l’Église. Nous avons également des contacts avec des prélats qui disent certes la nouvelle messe mais qui nous disent: "Tenez bon! Vous êtes notre unique espoir!" Alors, nous continuons en toute simplicité. La Fraternité continue ce travail placide. Je ne crois pas que ce soit un ronron, il faut toujours faire attention à cela, il me semble que les évêques autour de nous s’occupent suffisamment de nous secouer. Ici ou là, des coups de foudre tombent. L’année passée nous en avons reçu à peu près cinq de par le monde, depuis Moscou, la Lituanie, Bombay, la Slovénie, c’est chaque fois des excommunications; cela réveille, et nous permet de répondre, de nous justifier. Ce qui nous fait terriblement souffrir c’est le manque de prêtres. L’œuvre croît beaucoup plus vite que le nombre de nouveaux prêtres. Les nouvelles demandes de par le monde affluent et nous ne savons plus comment faire. On oblige le supérieur général à un nouveau sport: on me donne une balle de golf, les dix-huit trous, et on me fait envoyer la balle dans les dix-huit trous en même temps. Ce n’est pas facile! |
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30 mars 2003
24 mars 2003
[Aletheia n°40] Les libertés de l'abbé de Tanoüarn - Les libertés de l'abbé de Tanoüarn - Saint Pie X aux Publications du Courrier de Rome
Yves Chiron - Aletheia n°40 - 24 mars 2003
Une édition intégrale de l'Index librorum prohibitorum
Le premier Index des livres condamnés par l'Eglise, et comme tels interdits aux catholiques, est antérieur au concile de Trente. Il a été établi et publié par l'Université de Paris en 1544. Ont suivi ceux de l'Université de Louvain (1546), de l'Inquisition portugaise (1547), de l'Inquisition espagnole (1551), de Rome (1557).
Ces Index locaux n'avaient pas une autorité universelle. Le 26 février 1562, dans sa XVIIIe session, le concile de Trente publiait un "décret sur le choix des livres". Constatant "qu'avait considérablement grandi en notre temps le nombre des livres suspects et pernicieux, renfermant une doctrine impure et largement répandue", le concile décidait qu'une "enquête" devait être faite sur le sujet et qu'un "rapport" devait être établi "afin qu'il [le concile] puisse plus facilement séparer les doctrines différentes et étrangères, comme la zizanie du bon grain de la vérité chrétienne" (Les Conciles œcuméniques, Éditions du Cerf, 1994, t. 2 "Les décrets", p. 723-724).
En sa XXVe et dernière session (3-4 décembre 1563), le concile prenait un autre décret pour confier au pape le soin d' "achever et divulguer selon son jugement et son autorité" un Index général des livres interdits, comme il lui confiait le soin de promulguer un catéchisme, un missel et un bréviaire.
De nouvelles éditions locales de l'Index paraîtront dans les années suivantes. Puis, en 1600, sous le pontificat de Clément VIII, un Index général sera enfin promulgué, s'imposant cette fois à toute l'Eglise : l'Index librorum prohibitorum. Il existera pendant près de quatre siècles, portant condamnation, au fil du temps, de près de 3.000 auteurs et de plus de 5.000 livres, brochures ou revues.
La veille de la cérémonie de clôture du concile Vatican II, par le motu proprio Intégra servandæ, Paul VI, le 7 décembre 1965, transformait la Congrégation du Saint-Office en Congrégation pour la Doctrine de la foi. Le 14 juin 1966, le pro-préfet de cette Congrégation, le cardinal Ottaviani, publiait une notification qui précisait que l'Index "garde sa valeur morale en ce sens qu'il demande à la conscience des fidèles — comme l'exige le droit naturel lui-même — de se garder contre les écrits qui peuvent mettre en danger la foi et les bonnes mœurs. Mais l'Index n'a plus force de loi ecclésiastique avec les censures qui y sont attachées" (la Documentation catholique, n° 1474, 3.7.1966, col. 1175-1176). L'Index n'existait plus.
Sa dernière édition imprimée, par le Saint-Siège, remontait à 1948. Non seulement cette édition est depuis longtemps introuvable mais aussi elle était incomplète puisqu'en 1900, sous Léon XIII, certains titres avaient été retirés. Elle était incomplète également parce qu'entre 1948 et 1966 de nouveaux livres avaient été condamnés par le Saint-Office et qu'ils ne figuraient donc pas dans ce dernier recueil officiel. Le dernier livre mis à l'Index a été, en 1961, sous le pontificat du bienheureux Jean XXIII, La Vie de Jésus de l'abbé Jean Steinmann.
Une édition scientifique et intégrale de l'Index librorum prohibitorum vient de paraître, à l'initiative de l'historien canadien J.M. De Bujanda. Elle rendra les plus grands services aux historiens et aux chercheurs comme aux fidèles soucieux de savoir quels auteurs et quels livres ont été condamnés par l'Eglise.
On y trouve, dans l'ordre alphabétique des auteurs, tous les livres inscrits à l'Index librorum prohibitorum à partir de 1600 jusqu'à son retrait en 1966. Aux condamnations qui se trouvaient dans la dernière édition par le Saint-Siège (1948), ont été ajoutés les autres livres interdits après cette date. Et aussi les centaines de titres qui ont figuré dans l'Index à un moment donné mais en ont été retirés, principalement lors de la réforme de Léon XIII, en 1900.
Les éditions de l'Index faites par le Saint-Siège, jusqu'en 1948, ne présentaient que le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage, avec indication de la date du décret de condamnation. Cette édition, scientifique, non canonique, offre, en plus, dans la plupart des cas, une courte information biographique sur l'auteur condamné et une description bibliographique précise.
. Index librorum prohibitorum. 1600-1966, édition établie par J.M. De Bujanda, Montréal, Médiaspaul/Genève, Librairie Droz, 980 pages, 51,57 euros.
Les libertés de l'abbé de Tanoüarn
Dans le dernier numéro de Pacte, la lettre mensuelle d'informations religieuses qu'il dirige, M. l'abbé de Tanoüarn consacre un article, plein de sympathie dans ses premières lignes, à Alétheia, puis s'émeut de deux expressions contenues dans notre dernier numéro.
Rendant compte du numéro 11 de la Nouvelle Revue Certitudes, j'estimais que le dossier central qu'il contient, sur le concile Vatican II, "n'est pas toujours convaincant". M. l'abbé de Tanoüarn estime que "cette sentence — non argumentée — n'est pas du tout convaincante". Il regrette aussi que les lecteurs du n° 39 d'Alétheia n'aient "pas un mot sur le premier Symposium de Paris". Je répondrai trois choses :
- les lecteurs d'Alétheia avaient déjà pu lire, dans le n° 36 d'Alétheia (2.1.2003), un article de près de deux pages sur ce symposium,
- il me semblait plus utile, dans ma rapide recension, de mettre en valeur le contre-chant — voire le contrechamp — que constituait le long entretien entre Jean Madiran et l'abbé de Tanoüarn. L'abbé de Tanoüarn faisait entendre, sur le concile Vatican II, la voix de Jean Madiran puis celle de certains participants au symposium. Il ne saurait reprocher à ses lecteurs — je ne suis que l'un d'eux — de préférer l'une par rapport à l'autre,
- comme pour toutes les publications que je recense, y compris quand il s'agit de revues qui déversent quelque fiel à mon encontre (ce qui n'a jamais été le cas de Certitudes), j'indiquais l'adresse de la revue de l'abbé de Tanoüarn. Mes lecteurs pouvaient donc se reporter aisément au dossier en question et se faire leur jugement. En revanche, Pacte, entre amabilités et reproches à l'encontre d'Alétheia, n'indique pas à ses lecteurs les moyens de juger sur pièce.
La deuxième émotion de l'abbé de Tanoüarn a été provoquée par la qualification que j'avais cru pouvoir donner à Certitudes : "la plus libre des revues de la FSSPX ou liées à la FSSPX". L'abbé de Tanoüarn, comme s'il avait peur, rétrospectivement, des libertés qu'il a prises dans cette revue, s'écrie : "Chiron insiste lourdement pour qualifier Certitudes de revue la plus libre. Comme si les autres ne l'étaient pas...". Ce n'est pas dans l'absolu que j'ai mesuré la liberté de Certitudes ; c'est relativement aux autres "revues de la FSSPX ou liées à la FSSPX". Je ne crois pas que, jusqu'à ce jour, en faisant le panorama de la vingtaine des bulletins mensuels, bimestriels ou trimestriels des prieurés de la FSSPX, des publications officielles de la FSSPX (Cor unum, Fideliter, D.I.C.I., etc) et des revues liées à la FSSPX (Le Sel de la terre, notamment), ce jugement soit aventuré.
Même si les lecteurs attentifs des publications dirigées par l'abbé de Tanoüarn auront remarqué ses variations de positionnement d'un numéro à l'autre, d'une année à l'autre, sur des questions comme la gnose ou les négociations de la FSSPX avec le Saint-Siège. Signe que la liberté de l'abbé de Tanoüarn est limitée, comme l'est aussi, pour d'autres raisons, celle d'Alétheia.
Ceci dit, on lit toujours avec beaucoup de profit et d'intérêt le mensuel Pacte (2,50 euros le numéro) comme le trimestriel Certitudes (8 euros le numéro). Ils sont tous deux dirigés par l'abbé de Tanoüarn, si fortement imprégné de la pensée du grand Cajetan. On se les procure à Certitudes, 23 rue des Bernardins, 75005 Paris.
Revue des revues
. Avé (Stichting Vaak, Kapittelweg 11, 1216 HR Hilversum, NL, envoi gratuit) publie, comme chaque trimestre, en néerlandais, des informations et des documents sur les apparitions ou soit-disant apparitions mariales, anciennes ou contemporaines. Dans le numéro de mars 2003, on relève, entre autres, un article de Mark Waterinckx sur les arguments négatifs relatifs aux faits d'Akita et des documents sur le "voyant" polonais Domanski, qui dit bénéficier à Olawa, depuis 1986, de messages de la TS Vierge Marie et contre lequel l'archevêque de Wroclaw a publié, en 1999, un décret d'interdiction.
. Kephas (8 bis boulevard Bessonneau, 49100 Angers, 15 euros le numéro), dirigé par M. l'abbé Le Pivain, publie, dans son numéro 5, parmi diverses articles intéressants, une étude de Mgr Guillaume sur la traduction du Notre Père et une longue réflexion, inédite, de l'abbé Berto (1900-1968) : "Les vertus nécessaires à la jeunesse actuelle".
. La Tradizione Cattolica (Via Mavoncello, 25 — 47828 Spadoloro [RN], gratuit), revue officielle du District italien de la FSSPX, publie, en italien, un numéro spécial d'une soixantaine de pages, tout entier consacré à une étude du sédévacantisme par M. l'abbé Michel Simoulin, supérieur du District. M. l'abbé Simoulin estime que le sédévacantisme est "une fausse réponse à un vrai problème". Il en fait une présentation historique en même temps qu'une étude doctrinale.
. La Nation (C.P. 3414, CH-1002 Lausanne, 2,50 francs suisses le numéro) est le journal bimensuel de la Ligue vaudoise, fondée en 1931 par Marcel Regamey. Le numéro du 21 mars contient, en première page, un long article d'Olivier Delacrétaz : "Remarques sur la guerre juste", qui rappelle la doctrine de l'Eglise sur le sujet (de saint Augustin au Catéchisme de l'Eglise Catholique en passant par saint Thomas d'Aquin).
SAINT PIE X AUX PUBLICATIONS DU COURRIER DE ROME
Les Publications du Courrier de Rome, dirigées par l'abbé du Chalard, ont publié, ces dernières années, trois ouvrages consacrés à saint Pie X :
. Documents pontificaux de Sa Sainteté Saint Pie X, 863 et 741 pages, reliure toile, 99 euros les deux volumes.
Publication, dans l'ordre chronologique, de tous les "Actes" de saint Pie X (constitutions, encycliques, motu proprio, allocutions, lettres, brefs) et des actes et décrets des Congrégations romaines. Une source indispensable.
. Conduite de saint Pie X dans la contre le modernisme, 323 pages, 23 euros.
Publication intégrale de la "Disquisitio" rédigée par le P. Fernando Antonelli o.f.m., dans le cadre du Procès de béatification et de canonisation de Pie X, en 1950. Il s'agissait de répondre aux objections relatives au combat contre le modernisme où le pape aurait "dépassé les frontières de la prudence et de la justice". Enquête historique, publication de dépositions faites aux procès et recueil de documents. Un livre essentiel.
. Yves Chiron, Saint Pie X, réformateur de l'Eglise, 346 pages, 21 euros.
Biographie de saint Pie X, la première parue depuis quarante ans en français. Fondée sur des sources imprimées nombreuses et sur diverses sources d'archives (notamment les Archives secrètes vaticanes et les Archives du Ministère français des affaires étrangères).
Ces trois ouvrages sont disponibles aux Publications du Courrier de Rome (B.P. 156, 78001 Versailles). La biographie est disponible aussi auprès de l'auteur, et les lecteurs anglophones peuvent s'en procurer la traduction américaine, Saint Pius X. Restorer of the Church, aux éditions Angelus Press (2915 Forest Avenue — Kansas City , Missouri 64109).
15 mars 2003
[Abbé Franck Quoëx - Le Baptistère] La Messe, notre trésor
SOURCE - Abbé Franck Quoëx - Le Baptistère - mars 2003
Chaque année, les célébrations pascales nous rappellent une vérité chère à nos cœurs : la messe est le Testament du Seigneur confié à Son Eglise, le mystère de la foi par excellence et le trésor de la vie chrétienne.
Chaque année, les célébrations pascales nous rappellent une vérité chère à nos cœurs : la messe est le Testament du Seigneur confié à Son Eglise, le mystère de la foi par excellence et le trésor de la vie chrétienne.
Nous avons contemplé Jésus lors de la dernière cène, au terme de sa vie terrestre, juste avant qu’Il ne soit livré. Il institue un rite. Il prend du pain et du vin. Ses mains saintes et vénérables chargées de ces dons matériels, il fait monter vers le Père une prière d’action de grâces, Le bénissant pour l’immensité de Ses bienfaits et pour la Rédemption qui désormais va être accomplie. D’un même élan, le sacrifice de louange proféré sur le pain et le vin reçoit son plein achèvement, débouche sur le suprême bienfait : l’offrande de l’Homme-Dieu Lui-même en sacrifice d’apaisement, ou de propitiation, pour les péchés des hommes. Ainsi, à la Cène, Jésus fait l’offrande qu’Il allait accomplir peu après sur la croix : Prenez et mangez, ceci est mon corps. Prenez et buvez, ceci est mon sang, versé pour vous et pour une multitude en rémission des péchés. Il lie la cène au calvaire ; Il étend sur celle-là l’ombre de la croix. Dans le rite qu’Il institue, Il offre déjà au Père, sous les signes visibles du pain et du vin, son corps et son sang, et Il le fait précisément en vue du renouvellement de ce geste sacré par l’Eglise : Chaque fois que vous accomplirez cela, vous le ferez en mémoire de moi.
Le rite sacrificiel de la messe reproduit donc celui de la cène. Tout comme celui de la cène, le rite de la messe est le signe sacramentel de l’unique sacrifice du calvaire, mais avec cette différence que ce qui à la cène était offert par préfiguration est désormais accompli " en mémoire ", par commémoration. Cependant, le sacrifice sacramentel n’est pas une sorte de sacrifice supplémentaire, réitération ou multiplication des souffrances du calvaire, mais il ne fait qu’un avec l’unique sacrifice de la croix qu’il représente et commémore. A l’autel, selon les mots de saint Augustin " le Christ qui s’est immolé Lui-même une fois pour toutes [sur le calvaire], s’immole chaque jour dans le sacrement[1]", tandis qu’ "élevé au-dessus des cieux " (He. 7, 26), notre grand Prêtre " est toujours vivant pour intercéder en notre faveur " (He. 7, 25), consommant en Son humanité glorifiée sa médiation sacerdotale. Vrai et authentique sacrifice, " célébration de la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne " (1 Cor., 11, 26), le sacrifice de la Messe, est, comme l’a formulé Bossuet, " une application perpétuelle [du sacrifice de la Croix], semblable à celle que Jésus-Christ en fait tous les jours au ciel aux yeux de son Père, ou plutôt c’en est une célébration continuée[2] ".
Le rite sacrificiel de la messe reproduit donc celui de la cène. Tout comme celui de la cène, le rite de la messe est le signe sacramentel de l’unique sacrifice du calvaire, mais avec cette différence que ce qui à la cène était offert par préfiguration est désormais accompli " en mémoire ", par commémoration. Cependant, le sacrifice sacramentel n’est pas une sorte de sacrifice supplémentaire, réitération ou multiplication des souffrances du calvaire, mais il ne fait qu’un avec l’unique sacrifice de la croix qu’il représente et commémore. A l’autel, selon les mots de saint Augustin " le Christ qui s’est immolé Lui-même une fois pour toutes [sur le calvaire], s’immole chaque jour dans le sacrement[1]", tandis qu’ "élevé au-dessus des cieux " (He. 7, 26), notre grand Prêtre " est toujours vivant pour intercéder en notre faveur " (He. 7, 25), consommant en Son humanité glorifiée sa médiation sacerdotale. Vrai et authentique sacrifice, " célébration de la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne " (1 Cor., 11, 26), le sacrifice de la Messe, est, comme l’a formulé Bossuet, " une application perpétuelle [du sacrifice de la Croix], semblable à celle que Jésus-Christ en fait tous les jours au ciel aux yeux de son Père, ou plutôt c’en est une célébration continuée[2] ".
Cette application et célébration, l’Église a reçu la mission et le pouvoir de l’accomplir, et ce jusqu’à la fin des temps, de sorte que les fidèles du Christ, toujours et partout, puissent recevoir les bienfaits de la Passion rédemptrice. En effet, parce qu’il contient le culte très parfait du Christ par lequel les péchés sont rachetés et les biens spirituels prodigués, le sacrifice eucharistique établit un contact très étroit, qu’on peut dire physique, entre l’homme racheté et son Dieu. A la messe, les fidèles adorent Dieu avec les sentiments, les prières et les gestes du Sauveur et de Son Église. Ils sont admis à offrir avec toute l’Église, sous les espèces visibles du pain et du vin, le sacrifice même de Jésus, par lequel ils sont comblés de " toute bénédiction céleste et de toute grâce[3] " et rendent ainsi à Dieu " tout honneur et toute gloire[4] ".
Par la communion aux précieux dons offerts et transsubstantiés, ils jouissent de la divine Présence, Présence cachée mais néanmoins réelle, et reçoivent " le gage de la gloire future[5] ".
Testament du Seigneur, la messe est le soleil de nos vies et notre trésor. Nous l’aimons en raison de ce qu’elle est substantiellement et principalement de par l’institution du Seigneur. Mais nous l’aimons encore telle que l’Église, à qui Jésus a confié sa célébration, nous l’a transmise à travers les siècles par le biais des diverses traditions liturgiques. Car c’est afin d’expliquer et de manifester aux yeux de toute l’Église les richesses insondables du rite essentiel légué par le Seigneur que se sont développés au cours des siècles les prières et les rites. Il est en effet possible de suivre pas à pas " l’histoire de la Messe ", de ses premiers développements jusqu’à la codification des divers usages rituels d’Orient et d’Occident. Ainsi, un simple regard sur le récit de l’institution permet déjà d’entrevoir l’évolution des gestes d’offrande, les développements de la prière eucharistique et des rites de communion. De même, comme l’écrivit naguère le Père Roguet, " [la valeur sacrificielle de l’Eucharistie] est précisée et explicitée par des rites secondaires et pourtant indispensables : paroles du canon, usage de l’autel, signes de croix, etc… qui précisent qu’en prononçant ces paroles le prêtre ne se livre pas à une simple méditation commémorative, mais accomplit vraiment un sacrifice[6] ". Pour toutes ces raisons, que nous n’avons fait ici qu’esquisser, nous nous sentons profondément liés aux traditions liturgiques, et d’une manière spéciale au rite romain de la messe tel que l’a codifié saint Pie V. Nous ne pouvons en aucun cas renoncer à un patrimoine qu’ont lentement édifié la foi de nos pères, leur dévotion ardente et la réflexion théologique autour du sacrement de la Passion du Seigneur. Au contact de la messe de saint Pie V – où nous voyons aussi le plus pur chef-d’œuvre de la civilisation occidentale, hiérarchique et sacral, nos âmes s’élèvent et nos cœurs se dilatent, tandis que nos intelligences goûtent la doctrine eucharistique la plus authentique. C’est pourquoi nous voulons connaître et aimer toujours davantage la messe traditionnelle, notre trésor, et n’aurons ici de cesse de la défendre et promouvoir.
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1. " Semel immolatus est in semetipso Christus, et tamem quotidie immolatur in sacramento " (saint Augustin, Epist. 98 ad Bonifacium, PL 33, 363)
2. Bossuet, Explication de quelques difficultés sur les prières de la Messe à un nouveau catholique, XIII
3. " omni benedictione caelesti et gratia repleamur " (canon romain, à la prière Suplices te rogamus)
4. " omnis honor et gloria " (canon romain, à la doxologie Per ipsum)
5. " O sacrum convivium, in quo… futurae gloriae nobis pignus datur " (saint Thomas d’Aquin, office de la Fête-Dieu, antienne du Magnificat des II èmes vêpres).
6. A.-M. Roguet, dans La somme théologique, les Sacrements, éd. La revue des jeunes, Paris, 1945, page 376.
[Guillaume de Tanoüarn - Nouvelle Revue Certitudes] Pourquoi j’édite Paul Sernine
Guillaume de Tanoüarn - Nouvelle Revue Certitudes - janvier-février-mars 2003
Les éditions Servir viennent de publier un livre intitulé "La paille et le Sycomore, L'auteur, Paul Sernine propose une minutieuse étude critique de la théorie soutenue par M. Etienne Couvert, selon laquelle toutes les erreurs, depuis le commencement n'ont qu'une origine, la- gnose... Il montre que ce réductionnisme herméneutique trahit à la fois une insuffisante rigueur de méthode et — sur le plan doctrinal — un dualisme antidualiste, qui, théologiquement est de mauvais aloi.
Les éditions Servir viennent de publier un livre intitulé "La paille et le Sycomore, L'auteur, Paul Sernine propose une minutieuse étude critique de la théorie soutenue par M. Etienne Couvert, selon laquelle toutes les erreurs, depuis le commencement n'ont qu'une origine, la- gnose... Il montre que ce réductionnisme herméneutique trahit à la fois une insuffisante rigueur de méthode et — sur le plan doctrinal — un dualisme antidualiste, qui, théologiquement est de mauvais aloi.
Que chacun se rassure : je ne suis pas Paul Sernine, mais il est vrai que je suis son éditeur. J'ai cru nécessaire d'éclairer ceux que l'on cherche à troubler par cette polémique en indiquant ici quelles étaient en l'espèce mes motivations d'éditeur.
Je voudrais d'abord faire comprendre que l'on peut et que l'on doit récuser les théories complotistes et conspirationnistes par simple honnêteté intellectuelle. Il ne s'agit pas pour autant de renoncer à donner à la franc-maçonnerie une importance déterminante, comme société de pensée et comme laboratoire d'expérimentation pour la nouvelle religion humanitaire, dont un consensus de penseurs autorisés et résolument "corrects" voudrait faire la religion du XXlème siècle. Lorsqu'on entend une actrice comme Béatrice Dalle expliquer sans sourire qu'elle croit au Christ parce qu'il l'aide à croire en l'homme, on réalise que les curés recyclés par Vatican II n'ont plus le monopole de ce potage religieux, qui risque bien de devenir l'aliment de base de tous les individus "correctement" constitués sur cette Planète. Le danger n'est pas du tout théorique et il est bien d'origine maçonnique, comme je l'explique en évoquant ici le message de la Maçonnerie d'après les textes authentiques qui servent de documents de base à cette association secrète.
En revanche, les théories qui voient des complots partout, en imaginant qu'une main cachée dirige toute l'histoire du monde, pèchent par leur absence totale de sérieux : pourquoi étudier lorsque tout s'explique par un seul facteur, toujours identique ? L'étude très serrée du Professeur Pasqualucci sur le prétendu ésotérisme de Dante montre bien comment une certaine culture chrétienne se marginalise elle-même : son manque de crédibilité provient directement de son absence de rigueur...
2 mars 2003
[Aletheia n°39] La liberté religieuse, de Pie XI au cardinal Ratzinger + Jean Madiran et Balthasar dans Certitudes + Deux ouvrages collectifs sur la liturgie
Aletheia n°39 - 2 mars 2003
La liberté religieuse, de Pie XI au cardinal Ratzinger
Le 24 novembre 2002, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié une " Note doctrinale " intitulée A propos de questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique. Jean Madiran a salué, dans Présent (18.1.2003), cette " énergique apologie de la loi (morale) naturelle, à l’encontre d’une conception intolérante de la "laïcité" et de ce que Jean-Paul II avait précédemment stigmatisé sous le nom de "démocratie totalitaire". "
Sans revenir sur le contenu général de cette note doctrinale, je voudrais attirer l’attention sur son huitième point. Le cardinal Ratzinger y dissocie fortement liberté religieuse et liberté de religion :
" …il est bon de rappeler une vérité qui n’est pas toujours perçue et n’est pas formulée comme il se doit dans l’opinion publique commune : le droit à la liberté de conscience et spécialement à la liberté religieuse, proclamée par la Déclaration Dignitatis humanæ du concile Vatican II, se fonde sur la dignité ontologique de la personne humaine, et non certes sur une égalité entre les religions, ou entre les systèmes culturels humains. Cette égalité n’existe pas. Dans la même ligne, le pape Paul VI a affirmé que "le Concile ne fonde en aucune manière ce droit à la liberté religieuse sur le fait que toutes les religions et toutes les doctrines, même erronées, auraient une valeur plus ou moins égale ; il le fonde, au contraire, sur la dignité de la personne humaine, qui requiert de n’être pas soumise à des contraintes extérieures qui tendent à opprimer la conscience dans sa recherche de la vraie religion et sa soumission à celui-ci." L’affirmation de la liberté de conscience et de la liberté religieuse ne contredit donc pas du tout la condamnation de l’indifférentisme et du relativisme religieux de la part de la doctrine catholique, au contraire elle est pleinement cohérente avec elle. "
Jamais, me semble-t-il, le Magistère, depuis le concile Vatican II, n'a condamné l’indifférentisme aussi clairement. Qui plus est, dans les notes, référence est faite à Pie IX (Quanta cura) et à Pie XI (Quas Primas) ; deux références absentes de la déclaration conciliaire Dignitatis humanæ.
Certes, quant au fondement de cette liberté religieuse (" la dignité de la personne "), le cardinal Ratzinger reste bien dans la ligne de la déclaration conciliaire. C’est la doctrine qu’avait développée le théologien américain John Courtney Murray (cf. Dominique Gonnet s.j., La liberté religieuse à Vatican II. La contribution de John Courtney Murray, Cerf, 1994).
Mais, on sait peu — ou l’on ne sait pas du tout — que cette notion de la "dignité de la personne" comme fondement de la liberté de conscience se trouve déjà dans l’enseignement de Pie XI, le pape du Christ-Roi, de Quas Primas. Dans la lettre apostolique Sollemnia Jubilaria du 21 septembre 1938 (pour le 50e anniversaire de l’Université catholique de Washington), il affirmait :
" …seule la doctrine catholique, dans sa vérité et son intégrité, peut revendiquer pleinement les droits et les libertés de l’homme, parce que seule elle reconnaît à la personne humaine sa valeur et sa dignité. Pour ce motif les catholiques, éclairés sur la nature et les qualités propres de l’homme, sont nécessairement les avocats et les défenseurs de ses droits légitimes et de ses légitimes libertés, et protestent, au nom de Dieu, contre la fausse doctrine qui s’efforce de dégrader la dignité de l’homme même pour l’abaisser à l’humiliante condition de l’esclavage, de le soumettre à l’arbitraire d’une tyrannie inique ou de le détacher cruellement du reste de la famille humaine. "
La liberté religieuse comme arme contre le totalitarisme, c’est exactement la thèse que défendra Mgr Karol Wojtyla, le futur Jean-Paul II, au concile Vatican II.
Aujourd’hui, face au " totalitarisme mou " ou à la " démocratie totalitaire ", la revendication de la liberté religieuse de la part de l’Eglise obéit à une logique identique.
Alain de Benoist, dans un livre paru en Italie, et en partie inédit en français — livre contestable sur bien des points et sur lequel nous reviendrons en une prochaine occasion —, fait utilement remarquer à propos de la liberté religieuse revendiquée par l’Eglise :
" Contrairement à ce qu’affirment les traditionalistes, cette insistance ne revient nullement à minorer les vérités de la foi catholique par rapport aux autres religions. Elle exprime bien plutôt la volonté de l’Eglise d’établir à son bénéfice un espace échappant par définition au pouvoir d’Etat, mais qui, en même temps (et c’est là le point essentiel), puisse être utilisé comme une base à partir de laquelle il lui sera à nouveau possible de jouer un rôle dans la sphère publique, cessant ainsi de se borner à attester de la vérité divine dans la seule sphère privée."
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Jean Madiran et Balthasar dans Certitudes
. Le n° 11 de la Nouvelle Revue Certitudes (23 rue des Bernardins, 75005 Paris, 8 euros le numéro) publie un long entretien de l’abbé de Tanoüarn avec Jean Madiran. Dans La Révolution copernicienne dans l’Eglise, Jean Madiran a voulu mettre en lumière " l’intention viciée qui a présidé à la rédaction de Vatican II ". Mais je ne crois pas qu’il dirait, comme son interlocuteur le fait dans un autre article de la même revue : " la doctrine organique de ce Concile n’avait plus rien de chrétien ".
On lira avec un grand intérêt les longues pages de cet entretien, qui portent sur le concile Vatican II, sur ce que Jean Madiran appelle l’ " apostasie immanente " et aussi sur les origines d’Itinéraires. On peut relever encore ce jugement de Jean Madiran :
" Je crois que Vatican II est susceptible d’une pia interpretatio (comme saint Thomas le faisait vis-à-vis de certains Pères). Je ne suis pas opposé à l’idée que le pape — par des documents — rectifie les ambiguïtés du Concile. Je ne suis pas opposé non plus à l’idée d’une réforme de la réforme, si dans la réforme, il y a la rectification. "
. Même si ce qui fait l’objet central de ce numéro — le dossier " Faillible concile " — n’est pas toujours convaincant, la revue Certitudes, dirigée par l’abbé de Tanoüarn, est la plus libre des revues de la FSSPX ou liées à la FSSPX. On le remarque encore dans ce numéro où Joël Prieur recense, avec admiration et sans aigreur, l’ouvrage d’Hans Urs von Balthasar, sur Le Soulier de Satin de Paul Claudel, que viennent d’éditer les éditions Ad Solem.
Généralement, dans les revues et bulletins de la FSSPX, quand le nom de Balthasar est cité, c’est pour l’associer à Congar et à de Lubac dans une sorte de trinité des théologiens du XXe siècle qu’il faudrait maudire. On fait de Balthasar un des précurseurs de Vatican II — ce qu’il ne fut en aucune manière, à l’inverse des deux autres – ; on lui reproche des pages sur l’enfer — qui, sans doute, sont contestables — ; mais peu de ses censeurs l’ont lu dans toute l’ampleur de son œuvre — plus de soixante-dix ouvrages.
Ici, dans le n° 11 de Certitudes, Balthasar a été lu et bien lu (même si, par deux fois, le recenseur le qualifie à tort de " jésuite " : Hans Urs von Balthasar, créé cardinal par Jean-Paul II, peu de temps avant sa mort en 1988, avait quitté la Compagnie de Jésus dès 1948).
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Deux ouvrages collectifs sur la liturgie
. Enquête sur la liturgie, Éditions de L’Homme Nouveau (10 rue Rosenwald, 75015 Paris), 353 pages, 20 euros.
Suite à la publication de l’ouvrage du cardinal Ratzinger, L’Esprit de la liturgie, le bi-mensuel L’Homme Nouveau, sous la direction de Philippe Maxence, avait ouvert une enquête et un débat, qui ont duré un an. Les réponses publiées dans le bi-mensuel (Mgr Guillaume, Mgr Lagrange, Mgr Léonard, Mgr Raffin, Dom Antoine Forgeot abbé de Fontgombault, Dom Gérard Calvet abbé du Barroux, Dom Philippe Dupont abbé de Solesmes, et bien d’autres intervenants) sont reprises dans cette Enquête sur la liturgie. Y ont été ajoutés des réponses inédites et d’autres textes d’un grand intérêt ; notamment l’article très critique du P. Gy, un des artisans de la réforme liturgique, paru dans La Maison-Dieu, et la réponse, vive, que lui a faite le cardinal Ratzinger dans le numéro suivant de la même revue.
Une première édition de ce livre, publié sous la direction de Philippe Maxence, a été épuisée en quelques semaines. La 2e édition comporte, en fascicule séparé, une " Postface ", de neuf pages, du cardinal Ratzinger. Dans ce texte, " Retour à Sacrosanctum Concilium ", le cardinal Ratzinger estime : " Le champ de la constitution conciliaire est de beaucoup plus vaste que celui des réformes qui ont été introduites par la suite et qui, d’ailleurs, auraient pu être différentes à bien des égards. "
. Foi et liturgie, C.I.E.L. (11 avenue Chauchard, 78000 Versailles), 482 pages, 24 ¤.
Il s’agit des actes du VIIe colloque sur la liturgie organisé par le CIEL. Comme à l’accoutumée, on y trouve une série d’études faites par des théologiens et des liturgistes venus de différents pays. On relève, entre autres, une communication d’Helen Hitchcock sur la question des traductions liturgiques dans les pays de langue anglaise et une autre du chanoine Rose sur la même question dans les pays de langue française.
D’un grand intérêt aussi la communication du frère Santogrossi, de l’abbaye de Mount Angel (USA), sur la liturgie actuelle et l’œcuménisme. À propos du N.O.M., il écrit :
" nous devons regretter un appauvrissement à travers la diminution des éléments qui précisément ont été refusés par la réforme luthérienne : l’accent mis sur l’adoration du Christ réellement présent sous les espèces eucharistiques et sur la messe comme offrande propitiatoire du Christ au Père par le prêtre et l’Eglise. Bien sûr la position du magistère sur ces questions est claire et le novus ordo peut être célébré avec vénération et piété. Mais dans un contexte de confusion théologique, alors que nos frères séparés ont des difficultés pour apprécier clairement l’exposition catholique de la foi, il serait bon de restaurer ces éléments liturgiques concrets qui manquent dans une liturgie luthérienne, même digne et belle.
Parallèlement à la réforme liturgique, la doctrine de la messe comme sacrifice propitiatoire a subi une évolution chez certains théologiens catholiques qui l’ont rendue en grande partie convergente avec la théologie eucharistique luthérienne. En conséquence, des œcuménistes officiellement accrédités envisagent maintenant une pleine communion sacramentelle et ministérielle entre catholiques et luthériens, sans que les luthériens aient besoin d’accepter l’enseignement de Trente sur la transsubstantiation et sur la messe comme un véritable et juste sacrifice. "
Rappelons que l’auteur, Ansgar Santogrossi, est frère bénédictin dans un monastère qui relève de la congrégation helvéto-américaine, où se célèbre habituellement le N.O.M., et qu’il est en même temps l’auteur d’un ouvrage, L’Evangile prêché à Israël, que viennent de publier les éditions Clovis (cf. Alètheia, n° 36, 2.01.2003).
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Le n° 82 de Croisade du Rosaire Apostolique pour l’Eglise, la revue des Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu (Abbaye du Saint-Cœur Notre Dame, 1 place Ladoucette, 05000 Gap), publie un intéressant dossier sur Mgr Ghika (1873-1954), intrépide apôtre du XXe siècle, mort dans les prisons roumaines.