Dom Ange, Prieur - Lettre aux Amis de Notre-Dame de Bellaigue n°10 - 30 novembre 2005
Notre fondateur, le R. P. Muard, a mis notre Congrégation sous le patronage des Cœurs de Jésus et de Marie, afin de nous donner en eux le modèle de l'esprit de réparation qui lui était si cher. Ce fut là l'origine de son œuvre: il constatait à chaque mission paroissiale les progrès de la déchristianisation dans la société post-révolutionnaire. Le Sacré-Cœur lui inspira alors le désir de former des moines « pauvres, humbles et mortifiés» qui fussent à même de réparer par leurs vertus et, en conséquence, de convertir les âmes et de réformer les mœurs.
Combien nous devons prendre à cœur cet esprit de réparation! il est rendu plus nécessaire par l'aggravation de la crise qui secoue l'Église et le monde. Cette crise est la source de désordres sans nombre qui irritent le Seigneur et exigent une juste expiation. Le Saint Père affirmait récemment que sa mission personnelle était de faire assimiler l'enseignement « très riche» de Jean-Paul Il, qui fut « l'homme du Concile» et a donné « l'authentique interprétation de Vatican II ». Cette déclaration n'est pas faite pour nous rassurer; on a vu en effet les ravages causés par l'œcuménisme et la liberté religieuse depuis 30 ans...
Quelle réparation Dieu attend-il de nous? Toute réparation est d'abord une réforme, c'est-à-dire un retour à l'ordre établi par le divin Législateur: il faut revenir à son plan afin qu'il s'accomplisse désormais pleinement, avec notre concours; ce plan, c'est la manifestation de sa charité infinie en Notre Seigneur Jésus-Christ, incarné et immolé pour notre rédemption, dans l'unique Église qu'il a fondée. Nous le savons bien, et Mgr Lefebvre l'affirmait souvent, le salut ne peut venir que de Rome. S. Grégoire le Grand, S. Pie V et plus récemment S. Pie X ont agi énergiquement pour combattre les abus et ramener les chrétiens de leur époque à la pureté de doctrine et à la sainteté de vie ; la réforme indispensable aujourd'hui ne se fera pas par un autre moyen. Mais que faire quand l'autorité elle-même manque gravement à sa mission? il faut revenir à l'essentiel ; « Le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité ». Les institutions se dissolvent quand l'esprit qui anime et unit leurs membres disparaît; l'Église aussi se flétrit, dans la vie de ses membres, lorsque les chrétiens, au lieu de se laisser conduire par I’Esprit Saint, se laissent mener par l'esprit du monde opposé à l'Evangile.
La réforme passe nécessairement par un retour de chacun à l'authentique vie chrétienne, qui exige un combat continu pour soumettre tous les détails de l'existence à la conduite de l'Esprit Saint, dans l'obéissance aux autorités légitimes. C'est bien ce que Sœur Lucie de Fatima rappelait au R. P. Fuentes en 1957 : il n'y a pas à attendre d'impulsion venant de la hiérarchie, c'est à nous d'entreprendre notre propre réforme, pour sauver notre âme et celles que Dieu place sur notre chemin. C'est dans cet esprit que Mgr Lefebvre, obéissant à la Providence, a entrepris son œuvre de « sauvetage» de la Tradition, dans la ferme espérance que notre combat serait comme une étincelle pour conserver et transmettre le flambeau de la Foi.
La négligence s'étale partout; seul l'attachement intime du cœur à la vérité donne la force d'accomplir toujours la volonté de Dieu. L'adoration en esprit et en vérité, fruit de la foi vivante et de la « prière du cœur », est l'âme de notre combat; qu'elle soit notre souci majeur. Par elle nous participons à l'adoration parfaite que Notre Seigneur rend à son Père; par elle nous présentons à Dieu une digne réparation: « L'acte de foi [...] rend à Dieu plus de gloire que ne saurait lui en procurer toute la création matérielle, et avec elle toute la création intelligente [...], parce qu'il y a de Dieu en cet acte, parce qu'il y a en lui de Jésus-Christ. [...] Cet acte de foi si simple, si doux, que je puis multiplier à mon gré tant la grâce de Dieu est toujours voisine et présente, cet acte de foi trempé de charité rend plus de gloire à Dieu que ne sauraient lui en retirer tous les blasphèmes, toutes les rébellions humaines et angéliques » (Dom Delatte, La vie spirituelle).
Pour être vraie, notre adoration doit aboutir au sacrifice de nous-mêmes pour l'Église et le bien de nos proches. Ainsi la réforme commencée en nous s'étend autour de nous par les efforts visibles ou invisibles de notre charité, et notre réparation devient intercession. N'enterrons donc pas le trésor que Dieu met entre nos mains! Soyons généreux ; prions souvent et faisons des sacrifices pour les pécheurs. En particulier, disons bien notre chapelet, cette prière à laquelle Dieu a donné tant d'efficacité pour la conversion des âmes. Alors la charité vraie triomphera des obstacles et nous aurons la consolation de voir les Cœurs de Jésus et de Marie régner de nouveau sur le monde. Saint temps de l'Avent, dans l'attente de la belle fête de Noël.
Que Notre-Dame de Bellaigue vous bénisse.
Dom Ange, Prieur
Notre fondateur, le R. P. Muard, a mis notre Congrégation sous le patronage des Cœurs de Jésus et de Marie, afin de nous donner en eux le modèle de l'esprit de réparation qui lui était si cher. Ce fut là l'origine de son œuvre: il constatait à chaque mission paroissiale les progrès de la déchristianisation dans la société post-révolutionnaire. Le Sacré-Cœur lui inspira alors le désir de former des moines « pauvres, humbles et mortifiés» qui fussent à même de réparer par leurs vertus et, en conséquence, de convertir les âmes et de réformer les mœurs.
Combien nous devons prendre à cœur cet esprit de réparation! il est rendu plus nécessaire par l'aggravation de la crise qui secoue l'Église et le monde. Cette crise est la source de désordres sans nombre qui irritent le Seigneur et exigent une juste expiation. Le Saint Père affirmait récemment que sa mission personnelle était de faire assimiler l'enseignement « très riche» de Jean-Paul Il, qui fut « l'homme du Concile» et a donné « l'authentique interprétation de Vatican II ». Cette déclaration n'est pas faite pour nous rassurer; on a vu en effet les ravages causés par l'œcuménisme et la liberté religieuse depuis 30 ans...
Quelle réparation Dieu attend-il de nous? Toute réparation est d'abord une réforme, c'est-à-dire un retour à l'ordre établi par le divin Législateur: il faut revenir à son plan afin qu'il s'accomplisse désormais pleinement, avec notre concours; ce plan, c'est la manifestation de sa charité infinie en Notre Seigneur Jésus-Christ, incarné et immolé pour notre rédemption, dans l'unique Église qu'il a fondée. Nous le savons bien, et Mgr Lefebvre l'affirmait souvent, le salut ne peut venir que de Rome. S. Grégoire le Grand, S. Pie V et plus récemment S. Pie X ont agi énergiquement pour combattre les abus et ramener les chrétiens de leur époque à la pureté de doctrine et à la sainteté de vie ; la réforme indispensable aujourd'hui ne se fera pas par un autre moyen. Mais que faire quand l'autorité elle-même manque gravement à sa mission? il faut revenir à l'essentiel ; « Le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité ». Les institutions se dissolvent quand l'esprit qui anime et unit leurs membres disparaît; l'Église aussi se flétrit, dans la vie de ses membres, lorsque les chrétiens, au lieu de se laisser conduire par I’Esprit Saint, se laissent mener par l'esprit du monde opposé à l'Evangile.
La réforme passe nécessairement par un retour de chacun à l'authentique vie chrétienne, qui exige un combat continu pour soumettre tous les détails de l'existence à la conduite de l'Esprit Saint, dans l'obéissance aux autorités légitimes. C'est bien ce que Sœur Lucie de Fatima rappelait au R. P. Fuentes en 1957 : il n'y a pas à attendre d'impulsion venant de la hiérarchie, c'est à nous d'entreprendre notre propre réforme, pour sauver notre âme et celles que Dieu place sur notre chemin. C'est dans cet esprit que Mgr Lefebvre, obéissant à la Providence, a entrepris son œuvre de « sauvetage» de la Tradition, dans la ferme espérance que notre combat serait comme une étincelle pour conserver et transmettre le flambeau de la Foi.
La négligence s'étale partout; seul l'attachement intime du cœur à la vérité donne la force d'accomplir toujours la volonté de Dieu. L'adoration en esprit et en vérité, fruit de la foi vivante et de la « prière du cœur », est l'âme de notre combat; qu'elle soit notre souci majeur. Par elle nous participons à l'adoration parfaite que Notre Seigneur rend à son Père; par elle nous présentons à Dieu une digne réparation: « L'acte de foi [...] rend à Dieu plus de gloire que ne saurait lui en procurer toute la création matérielle, et avec elle toute la création intelligente [...], parce qu'il y a de Dieu en cet acte, parce qu'il y a en lui de Jésus-Christ. [...] Cet acte de foi si simple, si doux, que je puis multiplier à mon gré tant la grâce de Dieu est toujours voisine et présente, cet acte de foi trempé de charité rend plus de gloire à Dieu que ne sauraient lui en retirer tous les blasphèmes, toutes les rébellions humaines et angéliques » (Dom Delatte, La vie spirituelle).
Pour être vraie, notre adoration doit aboutir au sacrifice de nous-mêmes pour l'Église et le bien de nos proches. Ainsi la réforme commencée en nous s'étend autour de nous par les efforts visibles ou invisibles de notre charité, et notre réparation devient intercession. N'enterrons donc pas le trésor que Dieu met entre nos mains! Soyons généreux ; prions souvent et faisons des sacrifices pour les pécheurs. En particulier, disons bien notre chapelet, cette prière à laquelle Dieu a donné tant d'efficacité pour la conversion des âmes. Alors la charité vraie triomphera des obstacles et nous aurons la consolation de voir les Cœurs de Jésus et de Marie régner de nouveau sur le monde. Saint temps de l'Avent, dans l'attente de la belle fête de Noël.
Que Notre-Dame de Bellaigue vous bénisse.
Dom Ange, Prieur