Quand le futur Benoît XVI défendait la messe à l'ancienne |
27 avril 2006 - AFP |
La messe en latin selon l'ancienne manière, toujours pratiquée par les catholiques intégristes, a compté parmi ses partisans le cardinal Joseph Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, démontre un livre publié jeudi à Rome. Le livre du prêtre allemand Uwe Michael Lang, intitulé "Rivolti al Signore" (Tournés vers le Seigneur), paraît avec une préface rédigée en 2003 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, qui critiquait la réforme liturgique adoptée après le concile Vatican II. L'usage actuellement en cours dans l'Eglise catholique est de célébrer la messe dans la langue locale, avec les prêtres faisant face aux fidèles, alors qu'auparavant ils tournaient le dos au "peuple" et célébraient en latin. Or, selon le cardinal Ratzinger, le concile Vatican II (1961-1965) n'a prévu aucun de ces changements introduits après coup. "Si on lit les textes conciliaires, on pourra constater avec étonnement que ni l'un ni l'autre de ces changements ne s'y trouvent sous cette forme", écrivait-il en 2003. Il regrettait "les fanatismes" du débat sur la liturgie et appelait à "éviter dans ce domaine les positions unilatérales et érigées en absolu". Le livre et sa préface ont déjà été publiés en 2003 en allemand et en 2004 en anglais, alors que le cardinal Ratzinger n'était pas encore pape. Dans un autre texte publié en 2001, le cardinal Ratzinger estimait que "la position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l'assemblée priante une communauté refermée sur elle-même". Depuis le début de son pontificat il y a un an, Benoît XVI a manifesté le désir de réintégrer dans l'Eglise les catholiques intégristes membres de la fraternité Saint-Pie X, qui posent comme condition la liberté de célébrer la messe selon l'ancien rite. Benoît XVI a déjà amplifié l'usage du latin dans les liturgies pontificales au Vatican. Il a également reçu en septembre 2005 le chef de la fraternité Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay. Mais les critiques des intégristes envers le Vatican concernent aussi des questions de fond comme l'oecuménisme, que Benoît XVI n'est pas disposé à abandonner. |
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27 avril 2006
Le prix de la pourpre |
Romano Libero, 27 avril 2006 - Golias - http://golias.ouvaton.org/ |
Parmi les cardinaux tout récemment créés, trois d’entre eux ont été nommés à la Commission Pontificale "Ecclesia Dei" chargé des négociations en vue de la pleine réintégration des lefebvristes. Il s’agit de l’américain Wiillam Levada, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi mais aussi du français Jean-Pierre Ricard et de l’espagnol Antonio Canizarès Llovera. SI ces trois prélats n’ont rien de dangereux contestataires, il n’en est pas moins vrai qu’ils ont en commun de ne pas être de ceux qui se réjouissent trop fort de la réintégration probable de la Fraternité Saint Pie X. Certes, Mgr Ricard a célébré des ordinations à l’abbaye bénédictine du Barroux ; il a encouragé lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne le mouvement "Juventutem" rassemblant des jeunes attachés à la liturgie en latin. Pourtant, l’archevêque de Bordeaux ne cache guère son hostilité à la création dans l’Eglise d’une structure canonique indépendante qui séparerait trop les tradis de l’autoritaire ordinaire des évêques. Mgr Levada ne partage pas tous les points de vue de Benoît XVI sur la liturgie et semble davantage convaincu que l’intégrisme représente une erreur symétriquement opposée à celle du progressisme, et en définitive tout aussi grave. A notre avis, cela ne veut pas dire que le Pape veuille freiner la réconciliation entreprise. Au contraire, ayant revêtu la pourpre cardinalice, nos trois prélats sont comme tenus à une obéissance plus radicale à l’égard du Pape. Joseph Ratzinger leur confie en quelque sorte une nouvelle mission, d’autant plus difficile peut-être qu’elle exigera des trois cardinaux de se faire un peu violence : convaincre les évêques de la Curie et des Etats-Unis, de France et d’Espagne, milieux où sont nées de fortes réticences à la perspective d’une réintégration à trop bon compte des disciples de Mgr Lefebvre, de mettre de l’eau dans leur vin conciliaire et de favoriser un rabibochage tout de même suspect. La pourpre vaut bien un Concile (surtout Vatican II). |
26 avril 2006
Abbé Cekada interviewé sur Radio courtoisie |
Emission de Serge de Beketch - 26 avril 2006 - transcrit par www.virgo-maria.org |
Serge de Beketch : Bonsoir Monsieur l’Abbé Abbé CekadaSerge de Beketch Vous êtes aux Etats-Unis. Je vous est appelé parce que j’ai découvert sur votre site internet qui s’appelle www.traditionalmass.org un exposé particulièrement clair d’une chose d’une gravité immense. C’est une étude sur la validité de la consécration des évêques conciliaires depuis le 18 juin 1968. C’est une étude que vous intitulez « Absolutely nul and utterly void », c’est-à-dire « absolument nulles et entièrement vaines ». Ce faisant vous reprenez la conclusion anticipée de la bulle apostolique « Apostolicae Curae » de 1896 de Léon XIII qui avait sanctionné définitivement l’invalidité des sacres anglicans. On va expliquer pourquoi. Mais la première question que je vais vous poser, c’est celle de votre intention en publiant cette étude. Ce n’est pas par hasard. Vous la publiez le jour de l’Annonciation puis qu’elle est datée du 25 mars 2006 et qui est également le jour du quinzième anniversaire de la mort de Mgr Lefebvre. Abbé CekadaSerge de Beketch Alors qu’elle était cette position de Mgr Lefebvre ? Abbé CekadaSerge de Beketch Est-ce que la position de Mgr Lefebvre sur la question de la validité de ces consécrations a évolué par la suite et dans quel sens ? Abbé CekadaSerge de Beketch L’argument des défenseurs de la validité, c’est de dire que le rituel conciliaire a repris des éléments de rituels beaucoup plus anciens qui étaient des rituels orientaux et que cela confère à cette consécration la même validité. C’est la position actuelle des conciliaires. Abbé CekadaSerge de Beketch Ce que je voudrais préciser d’abord selon la bonne vieille formule : d’où parlez-vous ? C’est une formule trotskiste si je ne m’abuse mon cher Patrick Goffman. Patrick Goffman Intégralement marxiste Serge de Beketch Vous parlez en tant qu’enseignant de théologie et de liturgie catholique au séminaire de la Très Sainte Trinité de Brooksville en Floride. Vous êtes prêtre, théologien et liturgiste. Par conséquent, vous êtes fondé à avoir un regard et une opinion professionnelle sur ces questions. Pouvez-vous rappeler pour les auditeurs ce qui fait un sacrement ? Abbé CekadaSerge de Beketch Ne peut-on pas penser que, si la forme devient invalide par la maladresse ou par la mauvaise volonté du célébrant ou de la personne qui ordonne, la bonne foi de celui qui reçoit le sacrement n’engage pas dans la voie de l’Ecclesia supplet, est-ce que le Saint-Esprit ne supplée pas en quelque sorte à l’absence de célébrant ? Abbé CekadaSerge de Beketch Est-ce que l’on peut dire que c’est du même ordre que l’invalidité de certaines messes, par moment en Afrique on voulait faire de l’inculturation, et on célébrait certaines messes avec du vin de palme et fruit de l’arbre à pain ? J’ai toujours appris que ce ne sont pas des messes Est-ce du même ordre ? Abbé CekadaSerge de Beketch Quelles sont les conséquences de ce changement de forme ? C’est naturellement l’invalidité sacramentelle. Quelles sont les conséquences de l’invalidité sacramentelle dans la consécration d’un évêque ? Abbé CekadaSerge de Beketch Cela veut dire que si l’évêque est invalide, tous les actes qu’il accomplit dans son ministère deviennent invalides. Abbé CekadaSerge de Beketch S’il donne l’Ordre à quelqu’un, la personne en question n’est pas prêtre. Abbé CekadaSerge de Beketch C’est une modification qui date de quand exactement ? Abbé CekadaSerge de Beketch Est-ce que vous pouvez nous dire quel est le mot qui a été changé ? En quoi la modification devient manifeste pour quelqu’un qui assiste à une ordination ou à un sacre d’évêque ? Abbé CekadaSerge de Beketch Est-ce que cela peut être expliqué par une maladresse de traduction ou c’est quelque chose qui procède d’une volonté claire de modifier la forme du sacrement ? Abbé CekadaSerge de Beketch Vous parlez de l’Abbé Botte qui est celui qui a argumenté sur la base du précédent des liturgies orientales, coptes, syriennes occidentales, etc. Mais il dit que le nouveau rituel n’est pas un nouveau rituel mais c’est un emprunt qui est fait à rituel qui est beaucoup plus ancien et qui est le rituel oriental. Vous nous dites que cela n’est pas vrai. La position de Dom Botte a été défendu récemment dans un article publié dans le « Sel de le terre » par le Frère Pierre-Marie qui a exactement la même position que Dom Botte. Vous dites que le rituel moderne n’est pas conforme au rituel oriental. Abbé CekadaSerge de Beketch Votre étude, c’est quelque chose de totalement effrayant. Ce que vous affirmez vous c’est que dans l’état actuel des choses tous les évêques qui ont été consacrés selon le rituel nouveau, le rituel conciliaire, à partir du 18 juin 1968, ne sont pas des évêques. Abbé CekadaSerge de Beketch Donc tous les prêtres qu’ils ont ordonnés, ne sont pas des prêtres. Abbé CekadaSerge de Beketch A votre avis, selon votre analyse, si on accepte votre examen de la question, combien reste-t-il d’évêques validement consacrés dans le monde aujourd’hui ? Car 1968, cela fait 40 ans bientôt, on n’est pas consacré évêque avant 40 ans, ce sont des évêques de 80 ans. Abbé CekadaSerge de Beketch Cela veut dire également que les évêques de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Fellay, Mgr Williamson, Mgr de Galaretta et Mgr Tissier de Mallerais sont eux validement consacrés. Abbé CekadaSerge de Beketch Donc que les prêtres qu’ils ont ordonnés, sont validement ordonnés. Abbé CekadaSerge de Beketch Si on retient votre position, c’est Providentiel, c’est plus que Providentiel l’intervention de Mgr Lefebvre. Ce qui est étonnant, c’est que votre position ne semble pas convaincre les prêtres et les évêques de la Fraternité. Avez-vous une explication à leur réserve ? Abbé CekadaSerge de Beketch Elle est publié chez vous en anglais sur votre site internet : www.traditionalmass.org Elle est publiée également en français, il y a une traduction qui a été faite qui est excellente, je le signale d’ailleurs, sur le site : www.rore-sanctifica.org où il y a le texte en français et j’invite les auditeurs que ça intéresse, et comment ne s’y intéresseraient-ils pas, à se reporter à ce site rore-sanctifica.org où ils auront une excellente traduction de votre travail d’une façon très facilement accessible. Une question encore, Monsieur l’Abbé Cekada. Quels sont les sacrements qui « passent au travers » si je puis dire et qui restent valides ? Il y a le baptême et le mariage ? Abbé CekadaSerge de Beketch Dans le cas du sacrement de pénitence, de la confession, j’ai toujours entendu dire que si on se confessait à quelqu’un qui n’est pas validement prêtre mais si on le fait avec la sincérité du cœur, on est absout. Abbé CekadaSerge de Beketch C’est assez effrayant ce que vous nous expliquez là. Il ne reste plus qu’à nous abriter derrière la phrase de l’Ecriture qui disent : « les portes de l’Enfer ne prévaudront pas », mais comment pourraient-elles ne pas prévaloir dans une situation pareille ?On va se retrouver dans une situation où il n’y aura plus de prêtre ni d’évêques. Abbé CekadaSerge de Beketch Avez-vous fait des propositions ou reçu des propositions de prêtres, je pense au Frère Pierre-Marie ou aux dominicains d’Avrillé, des propositions de disputatio ? ou à d’autres sur cette affaire ? Abbé CekadaSerge de Beketch Mais vous seriez disposé bien sûr à débattre, j’imagine, de cette question ? Abbé CekadaSerge de Beketch Monsieur l’Abbé nous allons faire quelque chose si vous le voulez bien, nous avons des questions mais nous n’allons pas pouvoir y répondre ce soir, car comme vous le dîtes ce sont des questions complexes. Je propose à nos auditeurs qui s’intéressent à ces questions, de m’écrire leurs questions que je vous ferai parvenir aux Etats-Unis. Puis je vous ré-inviterai à cette antenne pour que vous puissiez répondre et approfondir cette question. Abbé CekadaSerge de Beketch Je vous remercie beaucoup Monsieur l’Abbé, et gardez-nous dans vos prières. Abbé CekadaSerge de Beketch Votre français est parfait et puis vous savez en temps de guerre on ne s’occupe pas trop de l’accent des gens qui combattent dans le bon combat. Patrick Gofmann Le latin avec un accent américain plus une touche d’accent suisse c’est délicieux. Serge de Beketch Merci Monsieur l’Abbé, à bientôt. |
22 avril 2006
L’unité des chrétiens Entre catholiques d’abord |
Philippe Oswald - Editorial de Famille Chrétienne n° 1475 du 22 avril 2006 |
« Aide-nous à être des serviteurs de l’unité ! » Voici un an, dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat, Benoît XVI priait pour que lui soit donné d’accomplir la mission de Pierre, pasteur et pêcheur : « […] Oui Seigneur, invoquait le pape, fais que nous ne soyons […] qu’un seul troupeau ! Ne permets pas que ton filet se déchire…» Pour Benoît XVI, on ne saurait travailler à l’unité des chrétiens sans donner la priorité à celle des catholiques. Il est grand temps de mettre un terme aux divisions entre progressistes et traditionalistes attisées par des interprétations erronées et des applications fantaisistes du Concile. On se souvient que le cardinal Ratzinger avait ouvertement déploré, dans plusieurs livres et discours, ces dérives doctrinales et liturgiques, comme d’ailleurs l’interdiction, de fait sinon de droit, de l’ancien missel. Conscient de ce problème, Jean Paul II avait demandé aux évêques dans le motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, de répondre « largement et généreusement » aux demandes de fidèles souhaitant une célébration de la messe dite « de saint Pie V ». A chacun d’apprécier, quelques dix-huit ans après cette demande, si la largesse et la générosité furent la règle. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le risque de la constitution d’« églises parallèles » ayant leurs séminaires, leurs écoles, leurs paroisses, grandit avec le temps, comme l’a relevé le cardinal Ricard, président de la Conférence des évêques de France, dans son discours de clôture de l’assemblée plénière à Lourdes (9 avril). Aussi, s’exprimant au nom de ses confrères, a-t-il promis : « Nous sommes prêts, comme évêques, à nous engager dans ce vrai travail de communion » entrepris par Benoît XVI. Cette ouverture fait notamment écho aux contacts renoués avec la Fraternité Saint-Pie X (lire enquête). Dans son cas, il ne s’agit pas simplement d’une sensibilité traditionnelle à respecter. La communion rompue par les ordinations illicites de quatre évêques par Mgr Lefebvre doit être restaurée « dans la charité et la vérité », comme l’a dit encore Mgr Ricard. La charité implique qu’on apprenne à se connaître en renonçant aux fausses images, aux procès d’intention, aux arrière-pensées. La vérité exige un examen loyal des points de dissension : non seulement sur la liturgie, mais sur l’enseignement du « vrai » Concile et des papes. Qu’on puisse enfin se consacrer ensemble à l’essentiel : adorer, évangéliser ! |
Rome et les lefebvristes - La réconciliation est-elle possible ? |
Benjamin Coste - 22/04/2006 - Famille Chrétienne |
Depuis l'accession de Benoît XVI au Siège de Pierre, les contacts ont repris comme jamais entre Rome et la Fraternité Saint-Pie-X. Faisant naître l'espoir d'une prochaine sortie de crise. Néanmoins, malgré des relations plus sereines, les désaccords entre les lefebvristes et Rome demeurent. Lourdes, en octobre dernier. Grisaille et froide bruine toutes pyrénéennes. Dans la cité mariale, la saison des pèlerinages touche à sa fin. Aux abords du sanctuaire, des écriteaux "Fermé" barrent l'entrée de nombreux hôtels. Déjà, plusieurs boutiques d'objets religieux ont baissé leur rideau de fer. Seul un imposant cortège, recueilli et discipliné, s'enfonce dans la basilique souterraine Saint-Pie-X. Des familles et des religieux prennent place sous la voûte bétonnée. Les femmes arborent un fichu noir ou une mantille. Les hommes ont ouvert leur missel protégé par une housse en cuir. Des ribambelles d'enfants s'enfilent comme des perles sur les bancs. Près de la sacristie, des religieux de tous âges, en robe de bure et tonsurés, sont agenouillés et attendent le début de l'eucharistie célébrée en latin selon le rite de saint Pie V (lire encadré "La messe de saint Pie V"). La longue procession s'ébranle pour rejoindre l'autel. La messe débute. Dos à l'assemblée, tourné vers le tabernacle, le prêtre se signe. "In nomine Patris, et Filii et Spiritus Sancti. - Amen !" Les responsables de la Fraternité Saint-Pie-X peuvent avoir le sourire : jamais le pèlerinage à Lourdes des disciples de Mgr Lefebvre n'avait fait autant recette. Selon les organisateurs, ils sont près de sept mille à participer à celui proposé cette année en " réparation pour les millions de morts du génocide par avortement". En dépit de la sombre aura qui les entoure depuis la rupture de Mgr Lefebvre avec Rome en 1988 (lire encadré "Genèse d'un schisme"), ses disciples circulent, paisibles, dans le sanctuaire. "On s'est mis d'accord sur des façons de faire", explique Jean-François Monnory, secrétaire général des sanctuaires en charge de l'organisation des pèlerinages. "Des discussions fructueuses"Depuis l'élection de Benoît XVI, les tractations entre Rome et les responsables de la Fraternité Saint-Pie-X fondée par Mgr Marcel Lefebvre ont repris. "Ce sont les discussions les plus fructueuses que nous ayons eues jusqu'ici", signalait récemment Mgr Bernard Fellay, le supérieur de la Fraternité, dont le mandat de douze ans touchera à sa fin en juillet prochain. Le pape semble même avoir fait du retour dans la pleine communion des lefebvristes une de ses priorités. "Dans les semaines ou les mois qui viennent, Benoît XVI devrait donner des directives pour faciliter le chemin vers un retour possible à une pleine communion", a indiqué début avril le cardinal Ricard, à l'issue de la dernière assemblée plénière des évêques français à Lourdes. Un empressement à trouver une solution justifié par la distance qui se creuse chaque jour entre les fidèles de Mgr Lefebvre et Rome. "Plus les années passent et plus on aura affaire à des prêtres et des laïcs qui n'auront connu que la Fraternité", s'inquiète un prélat qui connaît bien le dossier. Le 12 février, à Rome, le successeur de Jean-Paul II a consulté la Curie pour étudier la stratégie à mettre en place pour réintégrer les lefebvristes dans le giron de l'Eglise. De son côté, Mgr Fellay semble moins pressé. "Au sein de la Fraternité, beaucoup ont peur de se "faire avoir" par Rome et d'être obligés de renier ce pour quoi ils se sont battus ", analyse le cardinal archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France Mgr Jean-Pierre Ricard, également membre de la commission pontificale Ecclesia Dei, créée en 1988 pour "faciliter la pleine communion ecclésiale" des traditionalistes, schismatiques ou non. Militant pour une meilleure connaissance réciproque, Mgr Fellay sait qu'il ne serait pas suivi par tous si un accord était signé prochainement entre Rome et la Fraternité Saint-Pie-X. "Il est néanmoins conscient que celle-ci n'a d'avenir que dans la communion avec Rome", ajoute le cardinal Ricard. Les héritiers de Mgr Lefebvre fixent trois conditions à leur retour dans la pleine communion : l'élargissement à chaque prêtre du droit de célébrer selon le rite de saint Pie V, la révision de certains points du concile Vatican II, et la levée des excommunications. Ce dernier point serait en bonne voie, et pourrait constituer un premier pas vers une régularisation. L'option est défendue par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé. Le cardinal colombien a dernièrement déclaré sur une chaîne de télévision italienne que l'ordination des quatre évêques pour la Fraternité sans l'accord de Jean-Paul II (lire encadré "Genèse d'un schisme") ne constituait pas un acte schismatique mais relevait plutôt d'une "attitude schismatique". Au centre du conflit, le problème de la messeEn ce qui concerne la messe tridentine, "l'église est entrée dans un processus irréversible", selon Mgr Fellay, qui prêche pour sa libéralisation, " c'est-à-dire la possibilité pour chaque prêtre de célébrer cette messe s'il le souhaite ". Pour les lefebvristes, ce serait la fin de la suppression par Paul VI d'un droit qu'ils jugent imprescriptible. "Cette question ne devrait pas poser de problème", confirme le cardinal Ricard. Qui poursuit : "Mais une chose est de dire qu'il y a deux formes possibles pour célébrer la messe, une autre que d'affirmer que le rite de Paul VI est hérétique". Avant son élection pontificale, le cardinal Ratzinger s'était largement et plusieurs fois exprimé sur la question. "Si cela pouvait servir à nourrir la religiosité de certains croyants [...], je serais personnellement favorable à un retour à la situation ancienne, c'est-à-dire à un certain pluralisme liturgique ; pourvu naturellement que soit reconfirmé le caractère légitime des rites réformés, et que soient clairement circonscrits le cadre et le mode des quelques cas extraordinaires où l'on aura concédé la liturgie pré-conciliaire", expliquait-il par exemple dans son livre Entretien sur la foi paru en 1985. Au sein de la Fraternité, les prêtres ne célèbrent que selon le rite de saint Pie V : la messe de Paul VI est officiellement considérée comme valide par ses responsables, mais dangereuse pour la foi. Et la célébrer au sein de la Fraternité constitue un motif d'exclusion. "Je n'écarte pas la perspective que l'on doive remettre un jour en question la validité de ce rite. Comme d'ailleurs l'ensemble des sacrements de l'Eglise conciliaire...", note en aparté un prêtre intégriste. Hélène, paroissienne de "Saint-Nic'" (Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, l'emblématique église illégalement occupée depuis 1977 par les lefebvristes), regrette, elle, la "désacralisation" qu'entraîne le nouveau rite. "Pour moi, la messe de saint Pie V exprime de façon plus forte le mystère de la messe. J'ai du mal à prier avec le rite actuel et je suis gênée que le prêtre soit face à l'assemblée : j'ai l'impression qu'il est obligé de jouer sa messe comme le ferait un acteur..." Les autorités de la Fraternité ont bien conscience que, pour leurs fidèles, l'attente la plus forte vis-à-vis de Rome concerne la messe de saint Pie V. "Les problèmes de doctrine liés à Vatican II sont plus des questions qui intéressent les élites", souligne l'abbé de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité. A Lourdes, à Lisieux... des pélés lefebvristes accueillis sous conditionsRetour à Lourdes. Malgré l'importance du pèlerinage, aucune trace des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre : l'Anglais Richard Williamson, l'Espagnol Alfonso de Galarreta, le Français Bernard Tissier de Mallerais, et l'actuel supérieur de la Fraternité le Suisse Bernard Fellay, ont pour consigne de ne pas se montrer. Ce fut l'une des conditions à l'acceptation par le recteur des sanctuaires du pèlerinage de la Fraternité à Lourdes. " Ils symbolisent trop fortement la rupture avec Rome", explique-t-on dans les bureaux du sanctuaire. Seconde condition : qu'aucune publicité ne soit faite dans et autour du sanctuaire. Le pèlerinage n'est d'ailleurs pas inscrit au programme officiel, et se déroule hors saison. "Mais cela a des avantages pour eux", précise Jean-François Monnory. "De cette manière, il est plus facile de leur donner la basilique souterraine, qui se prête mieux à leur conception de la liturgie. On met même à leur disposition certains ornements liturgiques spécialement sortis pour l'occasion du Trésor du sanctuaire", ajoute-t-il. Du côté des intégristes, l'abbé Pinaud, qui coordonne depuis quelques années l'organisation de ce pèlerinage de la "Frat'", est satisfait de l'accueil. Il mesure le chemin parcouru. "Des erreurs ont été faites dans le passé qui ont créé des situations "désagréables"", regrette-t-il : coups de force pendant la messe internationale, messes "sauvages" célébrées dans la prairie en face de la Grotte, recteur vigoureusement pris à partie... A Lourdes, les tensions exacerbées et les coups de sang de l'après-Concile semblent désormais de vieux souvenirs. De même à Lisieux, où Mgr Bernard Lagoutte, l'ancien secrétaire de la Conférence des évêques de France désormais recteur de la basilique, accueille depuis quatre ans un autre pèlerinage lefebvriste. "Auparavant, les gens de la Fraternité Saint-Pie-X installaient un podium au pied de la basilique... avant d'y entrer en force pour prier ! Avec le nouveau responsable de la Fraternité en Normandie, nous sommes tombés d'accord pour dire que Lisieux n'est pas un lieu pour venir exposer ce qui nous sépare, ni pour résoudre les difficultés actuelles, raconte Mgr Lagoutte. J'ai l'impression que la rencontre du pape avec Mgr Fellay en août dernier a ouvert des perspectives...", conclut-il. Une certaine détente...De fait, en France, où la Fraternité Saint-Pie-X compte environ la moitié de ses effectifs, soit près de cent mille fidèles, l'heure semble à une certaine détente. Dans les diocèses où elle est implantée, les prêtres diocésains et leurs confrères lefebvristes ne s'ignorent plus, et entretiennent même souvent des rapports qui seraient d'autant plus facilités que l'âge des protagonistes est moins élevé. "La plupart d'entre nous n'ont pas connu le traumatisme du schisme de 1988. On n'a pas de passif avec le Vatican", explique un jeune prêtre de la Fraternité. "Nous souffrons moins d'ostracisme que par le passé", ajoute l'abbé de Cacqueray. "J'ai récemment déjeuné avec quatre jeunes prêtres diocésains. Et s'ils ne nous donnent pas raison, ils m'ont néanmoins témoigné de la sympathie pour ce que nous faisons." A l'inverse, "les 50-70 ans nous renient et ne partagent pas du tout nos perspectives. Nous leur rappelons une autre vie dont ils ne veulent plus", explique Mgr Bernard Fellay (lire entretien avec Mgr Bernard Fellay). Parfois même, prêtres diocésains et prêtres lefebvristes s'entraident, comme dans le diocèse de Bayonne, où un modus vivendi a, semble-t-il, été trouvé pour les mariages. Certains curés prêtent leurs églises aux fiancés de sensibilité lefebvriste. Le prêtre de la Fraternité célèbre la messe et le curé de la paroisse vient recevoir le consentement des époux afin que le mariage soit valide. Les récentes nominations épiscopales en France (Mgr Centène à Vannes, Mgr Legrez à Saint-Claude...) suscitent également une certaine sympathie chez les lefebvristes français. "De son temps, je n'ai jamais pu rencontrer le cardinal Lustiger. J'espère que cela sera différent avec Mgr Vingt-Trois...", ajoute le supérieur du district de France. La blessure toujours ouverte de Saint-Nicolas-du-Chardonnet n'est certainement pas étrangère au silence de l'archevêché parisien. Encore de nombreuses embûches sur le chemin de la réconciliationDes lefebvristes "assagis", un clergé souvent mieux disposé au dialogue, une volonté d'aboutir plusieurs fois manifestée par Benoît XVI depuis son élection... Cent ans après la naissance de Mgr Lefebvre, 2006 pourrait-elle être l'année du retour à la pleine communion ? Tout reste à faire. Et les embûches ne manquent pas sur le chemin de la réconciliation, qui pourrait prendre pour les lefebvristes la forme d'une administration apostolique. Les disciples de Mgr Lefebvre devront pour cela se soumettre à l'autorité du pape et reconnaître l'orthodoxie du concile Vatican II. "J'ai accueilli l'élection du successeur de Jean-Paul II avec joie, explique l'abbé de Cacqueray. Mais je ne me fais pas d'illusion. Nous savons que Vatican II tient une grande place dans son intelligence." Du côté de la base lefevbriste, le sentiment est le même. "Avec Benoît XVI, nous faisons les mêmes constats sur l'état de l'Eglise... Mais les solutions divergent !", résume, sans espoir, une paroissienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le pape l'a montré, il désire faciliter un rapprochement. "Mais il ne le fera pas à n'importe quel prix...", souligne Mgr Ricard. Minoritaire mais significatif, qualifié de "révolutionnaire" par l'abbé de Cacqueray, un courant d'opinion a vu le jour au sein de la Fraternité Saint-Pie-X, selon lequel Benoît XVI sera le pape de la réconciliation. Yves Amiot, 70 ans, est un des principaux défenseurs de cette thèse. Ancien rédacteur en chef du Chardonnet, le bulletin de Saint-Nicolas, dont il est toujours paroissien bien qu'"en rupture avec son clergé", il préside l'Association Sensus Fidei ("le sens de la foi", en français), qui reven-dique cinq cents adhérents. Elle entend saisir la chance que représente l'élection de Benoît XVI pour "conclure un accord valable et viable avec Rome et seconder ainsi par la suite les efforts du pape pour remettre l'église sur la bonne voie". Installé dans un appartement cossu du XVIe arrondissement de Paris, Yves Amiot, qui estime "avoir une certaine image au sein de la Fraternité", a toujours gardé sur le cœur la rupture avec l'Eglise. Il raconte "son" 19 avril 2005, jour de l'élection de Benoît XVI. "Je l'ai vécue comme une libération. Ma femme a même pleuré de joie devant la télévision !", se souvient-il. "Alors que nous vivions dans une perpétuelle insécurité avec Jean-Paul II, capable par exemple d'embrasser le Coran, Benoît XVI nous inspire une confiance raisonnée", explique le vieil homme. "C'est un signe de la Providence, il ne faut pas rater cette occasion en étant trop exigeant. Pour moi, la séparation ne peut être quelque chose de durable." Pour ce vétéran de la Fraternité, acteur de la prise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sa hiérarchie actuelle n'a pas senti les changements dans l'Eglise. "Quand les Brésiliens de Campos se sont ralliés à Rome, beaucoup se sont indignés sans chercher à en savoir plus. De même avec l'élection de Benoît XVI. "Il sera pareil que Jean-Paul II", entendait-on à la sortie de la messe. Mais ce n'est qu'une façon de ne pas être dérangé dans son confort et de pouvoir continuer à donner du "monsieur l'abbé" sur les parvis. Entre gens bien-pensants issus du même monde..." Des partisans d'un rapprochement avec Rome exclus de leur FraternitéLe malaise d'Yves Amiot à l'égard de la Fraternité Saint-Pie-X remonte à plusieurs années. "Le nombre des vocations est en baisse. On voit des jeunes quitter le séminaire d'Ecône sans trop qu'on sache pourquoi... Et puis, il n'y a plus de créations de nouveaux prieurés de la Fraternité en France." Un constat qui traduit pour lui l'absence de finalité à l'action ecclésiale menée par les lefebvristes. Il décide de s'en ouvrir par écrit à Mgr Fellay. "Je n'ai jamais eu de réponse..." Les mêmes interrogations sont reprises par l'abbé Philippe Laguérie, une des figures de la Fraternité. En réponse, le bouillant ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui avait tenté de "prendre" en 1993 Saint-Germain-l'Auxerrois, une autre église parisienne, est muté au Mexique ! Il refuse, ce qui entraînera son exclusion... pour "mutinerie". Dans son sillage, d'autres sont exclus et non des moindres, tel l'abbé Guillaume de Tanoüarn - le propre cousin de l'abbé de Cacqueray -, qui depuis son éviction a fondé à Paris le Centre Saint-Paul. S'y retrouvent régulièrement les "remerciés" de la Fraternité : les abbés Héry, Laguérie, Guelfucci, ou encore Aulagnier, qui a été pendant dix-huit ans supérieur du district de France... D'ex-piliers de la Fraternité qu'Yves Amiot tient comme "les plus en faveur d'un rapprochement avec Rome". Y a-t-il un lien avec leur exclusion ? Il en est convaincu. Du côté des autorités de la Fraternité, on tend à minimiser ces comportements jugés séditieux. "Une affaire limitée, localisée à Paris et à Bordeaux", pour l'abbé de Cacqueray. L'Association Sensus Fidei ? "Un petit mouvement de laïcs pas significatif..." Mais "cette prétention à l'indépendance se trouve en opposition radicale avec l'obligation d'obéissance et de soumission aux autorités de l'église rappelée en particulier par tous les papes d'avant le concile Vatican II", a prévenu l'abbé de Cacqueray... apparemment sans voir le paradoxe d'un tel propos quand on sait la situation de la Fraternité Saint-Pie-X par rapport à Rome. Tiraillées entre les partisans d'un retour à la pleine communion et ceux qui jugent Rome comme définitivement "protestantisée", les autorités lefebvristes pratiquent un double langage qui pourrait compromettre un éventuel accord. Mgr Fellay lui-même n'est pas le dernier à souffler le chaud et le froid. Ainsi, le 13 janvier dernier, devant un parterre de journalistes français, il déclarait, satisfait : "Je suis convaincu que nous aboutirons". Mais quelques semaines auparavant, lors d'une conférence donnée à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, le ton avait été moins optimiste. Voire agressif. Le successeur de Mgr Lefebvre n'hésitait pas à décrire Benoît XVI comme ayant "une tête malformée par une philosophie moderne, libérale, parfois moderniste, et un cœur conservateur. On a l'impression que le pape ne conçoit pas un catholique qui ne soit imbu de l'esprit de Vatican II. Ça promet !" Rome en prenait aussi pour son grade : "Rome ne nous traite pas comme des gens qui seraient en dehors de l'Eglise. Avec eux, on dialogue. Avec nous, pas de dialogue. Nous sommes les enseignés et Rome l'enseignant". "L'obéissance n'est pas quelque chose d'absolu. On a le droit de désobéir pour un bien. Comme Mgr Lefebvre l'a fait pour le bien de l'Eglise", abonde Fabienne, maman de sept enfants, Parisienne d'origine désormais installée au Pays basque pour scolariser ses garçons dans l'une des écoles de la Fraternité. "Au fond, c'est toujours l'orgueil qui conduit à la désobéissance...", déplore pour sa part l'abbé Christian Laffargue. "Les lefebvristes adhèrent au magistère extraordinaire de l'Eglise (les dogmes comme l'Assomption, l'Immaculée Conception...), mais posent des réserves quant à son magistère ordinaire enseigné dans les encycliques ou le Catéchisme de l'église catholique, par exemple, qu'ils n'ont pas accepté." Un accord sans que les questions théologiques soient réglées ? Ordonné prêtre à écône, l'abbé Laffargue, 58 ans, a quitté la Fraternité juste après les ordinations de 1988. Il fut l'un des fondateurs de la Fraternité Saint-Pierre, traditionaliste mais en communion avec Rome (1). Aujourd'hui incardiné dans le diocèse de Belley-Ars, il a gardé de nombreux contacts parmi les lefebvristes. "Finalement, en n'acceptant que partiellement l'enseignement de l'Eglise, en s'opposant perpétuellement au pape, ils procèdent comme les "progressistes" qu'ils honnissent." Coupés de l'autorité du Magistère, ils ont érigé leurs propres critères de discernement. "Je suis attristé de constater que mes confrères ne lisent pas les encycliques des papes", poursuit l'abbé Laffargue. Constatant cette lacune, le district de France de la Fraternité a créé une commission chargée de lire les textes pontificaux afin de leur en fournir un résumé... L'abbé Laffargue ne voit pas d'accord prochain sans que les questions de fond, théologiques, soient réglées. "Sinon, ce serait comme le retour au pays d'expatriés après dix-huit ans d'absence : ils seraient complètement déphasés, déçus, cherchant à retrouver les gens et les choses "comme avant !"." Il estime également nécessaire que l'église fasse son aggiornamento concernant les dérives, notamment liturgiques, qui existent toujours. "On ne s'oppose plus frontalement aux papes, on salue respectueusement les documents du Magistère romain, mais sont-ils toujours appliqués ? C'est encore difficile de trouver deux prêtres qui célèbrent la messe de la même façon et, suivant les paroisses, ce n'est pas la même doctrine qui est enseignée. Je ne suis pas sûr que cela donne envie aux lefebvristes de revenir..." Son espérance ? "Beaucoup de prêtres et de fidèles liés à la Fraternité Saint-Pie-X aiment l'église et désirent une réconciliation. Le pape Benoît XVI leur redonne espoir. Son discours du 23 décembre dernier à la Curie sur "l'esprit du Concile" (2) leur a montré qu'un pape osait dénoncer clairement les dérives. La réconciliation ne se fera pas par un simple accord technique, disciplinaire, mais par le haut. Par une conversion. Tous, nous devons tomber à genoux pour demander pardon." (1) L'abbé Laffargue a raconté son itinéraire dans Pour l'amour de l'église, publié chez Fayard en 1999. (2) Pour certains, Vatican II marquerait une rupture dans l'Histoire de l'Église. Benoît XVI, lui, légitime le Concile comme une "réforme", un "renouveau dans la continuité". |
21 avril 2006
Interview de Monseigneur Mgr Bernard Tissier de Mallerais |
par Stephen L.M. Heiner - Colton, Californie, le 21 avril 2006, pour The Remnant du 30 avril 2006 - Traduction non officielle depuis l'original anglais par http://www.virgo-maria.org/ [NDTN: The Remnant a supprimé la remarque sur Fatima avant de publier ce entretien. Par ailleurs, ce texte se termine par une citation attribuée à celui qui était alors l'abbé Ratzinger, c'est une distorsion du texte allemand tel qu'écrit par l'abbé Ratzinger, et que nous donnons à la suite.] |
Je n’avais rencontré Mgr Bernard Tissier de Mallerais qu’une seule fois auparavant, en 1997, lors de l’ordination de l’abbé Frank Kurtz. Le sachant féru de droit canon, je lui avais alors posé quelques questions sur la nature « intrinsèquement perverse » de la nouvelle messe. Il avait bien voulu me consacrer une partie de son temps et m’avait brièvement exposé ses idées sur la question. Sa courtoisie et sa gentillesse m’avaient frappé, d’autant plus que je venais de lui voir célébrer la messe avec une précision et une sainteté telles que j’en avais rarement vu l’équivalent. J’ai exprimé le désir d’interviewer Monseigneur à Michael Matt, qui m’a autorisé à le « pourchasser ». Bien que je ne sois pas européen et que mon français et mon allemand soient, au mieux, très sommaires, j’ai fini par le trouver à Écône (il était 2 heures du matin en Californie alors quand on était au milieu de la matinée en Suisse ; j’étais donc fatigué, et de plus, mon français est exécrable), et il m’a permis de le rencontrer à Colton, où il devait se rendre pour des confirmations. J’ai enregistré personnellement l’interview, qui a duré environ quarante-cinq minutes. Monseigneur a vérifié le texte ci-dessous quant à la précision de la forme et du fond. Il en a approuvé la totalité aux fins de publication. Je préfère employer le titre « Your Lordship » (Monseigneur) que le titre plus contemporain « Your Excellency » (votre Excellence), et c’est pourquoi on retrouvera le premier partout dans le texte. S.H. : Monseigneur, l’agence Zenit a publié le 7 avril un texte contenant certaines déclarations des évêques français sur la fin de leur assemblée plénière : « La vérité nous impose d’exprimer clairement nos sujets de désaccord. Plus que sur des points de liturgie, ce désaccord porte sur l’acceptation du Magistère, en particulier celui du deuxième concile du Vatican et des papes des dernières décennies. La Communion peut s’accompagner de questions, de demandes de précision ou de réflexion complémentaire. Mais on ne saurait tolérer un rejet systématique du Concile, une critique de ses enseignements ou un dénigrement de la réforme liturgique décrétée par lui. » En outre, le site Internet AngelQueen.org a publié dernièrement une «interview exclusive» de Mgr Rifan, du diocèse de Campos. Dans le texte de cette interview, Mgr Rifan déclare (par l’intermédiaire d’un subordonné) que la communion dite essentiellement «pratique» et «effective» avec le rite romain est démontrée par la concélébration dans le Novus Ordo, et il cite à cet égard le canon 541. Que répondriez-vous à ces commentaires sur la «communion» en tant qu’évêque du rite romain reconnaissant la validité de l’élection de Benoît XVI ?
S.H. : Quelle est cette définition, Monseigneur ?
S.H. : Le Saint-Père a beaucoup travaillé sur ce concile en tant que théologien. Vous le connaissiez quand il était encore cardinal, en 1988, et je sais qu’à l’époque, vous aviez eu affaire à lui de très près dans le cadre des «négociations». Vous avez eu l’occasion de l’observer pendant plus d’un an (on fêtait il y a quelques jours le premier anniversaire de son élection) : y a-t-il eu un changement dans ses paroles, ses actions ou son ton depuis qu’il est devenu pape ?
S.H. : On a dit qu’il éprouvait une certaine culpabilité à propos de 1988, car extérieurement, il semble «combattre» pour la Fraternité. Pensez-vous que ce soit exact ?
S.H. : Donc, vous ne lui avez rien vu accomplir de concret, Monseigneur ?
S.H. : Au cours du récent consistoire, il a accru le poids électoral de l’Europe au détriment des autres parties du monde. On dit qu’il veut que l’Europe reprenne les rênes de l’Église. Mais l’Europe est infectée par la montée de l’islam. Nous sommes très mal placés, en Amérique, pour observer l’islam militant, car il n’y a chez nous qu’une très petite minorité de musulmans. Compte tenu des récentes émeutes et de l’article publié par Dici en février au sujet de la montée de l’islam en Europe, que pouvez-vous dire de l’état de l’Église en Europe ? Est-elle prête à « prendre les rênes » ?
S.H. : Diriez-vous que cette attitude est partagée par les évêques d’Allemagne, de France et de Suisse, qu’il n’y a pas de différence entre les pays ?
S.H. : Le « projet européen » de Benoît XVI se heurte donc à de nombreux obstacles. Vous avez dit qu’en son temps, vous aviez vu agir l’actuel Saint-Père en tant que négociateur. Mgr Fellay l’a présenté dernièrement comme très attaché au Concile. Quelles sont les principales idées de ce pape qui détonent avec la Tradition ?
S.H. : Et il veut être paralysé ?
S.H. : En ce qui concerne l’œcuménisme, on dit qu’il n’a pas été content d’Assise…
S.H. : N’a-t-il pas restreint l’indépendance dont jouissent les franciscains à la basilique (d’Assise) ?
S.H. : Lorsque j’ai eu Mgr Fellay au téléphone pour me faire préciser par ses soins ce qu’il avait déclaré à sa conférence de Denver, je lui ai dit que j’avais retranscrit ceci (n’ayant pas enregistré la conversation) : «Il (Benoît XVI) pense que la laïcité est le mode d’existence préféré dans la vision catholique de l’organisation sociale». Mgr Fellay m’a corrigé pour que j’écrive «est le seul mode d’existence…». N’est-on pas là en présence des «trois grands thèmes», à savoir la collégialité, l’œcuménisme et la liberté religieuse ? N’est-il pas entièrement acquis à ces idées ?
S.H. : Oui, et le Syllabus…
S.H. : Monseigneur, outre son éventuel sentiment de culpabilité par rapport à 1988, on dit que Benoît XVI se sent coupable vis-à-vis de Fatima. Vous-même et vos trois confrères dans l’épiscopat vous êtes rendus à Fatima pour y accomplir un acte de réparation… Que pouvez-vous dire du silence persistant au sujet de Fatima, qui remonte à l’époque du pape Pie XII ?
S.H. : J’ai quelques autres questions personnelles à vous poser. J’ai lu dernièrement votre biographie de Mgr Lefebvre. Vous l’avez très bien connu. Avez-vous eu des surprises en effectuant vos recherches pour écrire cet ouvrage ?
S.H. : Puisqu’ils percevaient la personnalité chrétienne de Mgr Lefebvre, comment ne comprenaient-ils pas ses conclusions chrétiennes ?
S.H. : On sait que c’est Mgr Lefebvre qui vous a consacré évêque. Et vous voici proche du dix-huitième anniversaire de votre consécration. Que pensiez-vous de l’épiscopat, ou plutôt à quoi ne vous attendiez-vous pas en juin 1988 ?
S.H. : Votre rôle d’évêque vous amène donc à voyager dans le monde entier pour visiter les fidèles. Que remarquez-vous de commun à nous autres, de la Tradition ?
S.H. : Monseigneur, le Chapitre général de la Fraternité, qui se tiendra cet été… Mgr : Ah, oui.
Mgr : Oui, il n’y a pas de restriction.
Mgr : Non, ce n’est pas normal. En fait, le plus normal serait que ce poste aille à un simple prêtre.
Mgr : Parce que c’est dans notre constitution, et parce que l’existence d’évêques au sein de notre Fraternité représente quelque chose d’extraordinaire, d’imprévu, parce qu’elle n’est pas normale. C’est pourquoi je pense qu’il serait très normal pour un simple prêtre d’être Supérieur général, et je serais prêt à lui obéir, à me soumettre à lui.
Mgr : Non. S.H. : Par conséquent, Mgr Fellay pourrait être réélu.
S.H. : Monseigneur, on ne vous entend guère ici, et c’est en grande partie pour cette raison que je souhaitais vous interviewer. Étant anglophones, nous entendons très souvent Mgr Williamson, et assez souvent Mgr Fellay, mais Mgr Alfonso de Galarreta ne parle pas l’anglais. Les trublions ne manquent pas : sur des sites Internet, principalement, ils citent des «sources intérieures» réputées anonymes qui, bien souvent, ne savent rien et cherchent à diviser la Fraternité en parlant d’un prétendu «schisme au sein de la Fraternité» pour le cas (probable selon elles) où Mgr Fellay conclurait un «marché» avec Rome. Ma question est la suivante : lorsque Mgr Fellay prend la parole ou fait une déclaration, peut-on dire qu’il le fait «au nom des évêque » de la Fraternité ?
S.H. : Donc, en tant qu’évêques, votre rôle principal consiste…
S.H. : En somme, s’il y avait une restauration au sein de l’Église, il n’y aurait plus besoin d’évêques de la Fraternité ?
S.H. : Monseigneur, The Angelus a reproduit dernièrement une étude du Père Pierre-Marie, O.P. concluant à la validité du nouveau rite de consécration des évêques, question importante puisque l’actuel Saint-Père est le premier pape à avoir été consacré évêque dans le nouveau rite. On trouve sur l’Internet des déclarations selon lesquelles Mgr Lefebvre doutait de la validité des nouveaux rites de consécration épiscopale…
S.H. : Alors, on n’a jamais mis en question, au sein de la Fraternité, la validité de tel ou tel nouveau sacrement ?
S.H. : Non ? Et à propos de l’épiscopat ?
S.H. : Je pense avoir une autre question à vous poser : où la Fraternité croît-elle le plus vite dans le monde ?
S.H. : Eh bien, j’en ai fini avec mes questions, Monseigneur. Mais en écrivant cela, je tiens à m’assurer que je vous cite fidèlement ; c’est pourquoi je vous en communiquerai une transcription avant que vous ne vous rendiez à Veneta…
S.H. : Qu’y a-t-il d’autre, Monseigneur ?
S.H. : Lorsque vous dites «a professé», voulez-vous dire qu’il le fait encore ?
S.H. : Mais, Monseigneur, s’il ne les a pas rétractées, y souscrit-il toujours ? De quoi parlez-vous ? Pouvez-vous être plus précis ? Je dois reconnaître que je ne suis pas théologien et que je n’ai lu aucun de ses ouvrages. Voulez-vous parler de l’époque où il était cardinal ?
S.H. : Monseigneur, j’ai besoin que vous soyez plus précis, afin que nous puissions approfondir la question.
S.H. : Dans quel sens, Monseigneur ?
S.H. : Je ne suis pas certain de comprendre…
S.H. : On dirait du Luther.
S.H. : Monseigneur, je dois reprendre cette question au début : voulez-vous dire que Benoît XVI est un hérétique ?
S.H. : Eh bien, dans ce cas, que diriez-vous, Monseigneur ? Diriez-vous qu’il est «suspect», «discutable», «favorable à l’hérésie» ?
S.H. : Quelles autres hérésies a-t-il émises, Monseigneur ?
S.H. : Ce ne peut être vrai…
S.H. : Cette herméneutique est connue aussi sous l’appellation «tradition vivante»… Elle consiste à interpréter les doctrines existantes sous de nouveaux éclairages…
S.H. : Ce sont là de très fortes paroles, Monseigneur ; pourtant, la Fraternité n’est pas sédévacantiste…
S.H. : Mais ce sont de fortes paroles…
S.H. : Monseigneur… Je dois souligner que l’article que je suis en train d’écrire est largement diffusé dans le monde anglophone… Sont-ce là les mots que vous souhaitez employer ?
S.H. : Bien, alors j’aimerais savoir ce que Mgr Lefebvre pensait de lui lorsqu’il était le Cardinal Ratzinger ?
S.H. : Ce thème de discussion que vous avez introduit, Monseigneur, nous ramène au Protocole de 1988, dont l’une des points dit que la Fraternité interprétera le Concile «à la lumière de la Tradition». Est-ce encore le cas aujourd’hui ?
S.H. : Alors, que dire ? Que le Concile doit être revu, entièrement révisé ?
S.H. : Vous diriez donc que la Fraternité lit le Concile à la lumière de la «nouvelle philosophie» ?
S.H. : Et, par conséquent, le rejette ?
S.H. : L’idéalisme ?
S.H. : Alors, si vous dites que la bonne manière d’interpréter le Concile est de le faire à la lumière de la «nouvelle philosophie », comment l’Église doit-elle traiter ce concile ?
S.H. : Je vous relis mes dernières notes : L’Église doit effacer ce concile, ne plus en parler, l’oublier.
S.H. : Monseigneur, ce fut un grand plaisir, à la fois intéressant et surprenant.
Voilà donc ce qu’il en est. Ce sont là quelques-unes des paroles les plus fortes que j’aie jamais entendues d’un évêque de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Je n’ai aucun commentaire à y ajouter, si ce n’est que Monseigneur Tissier de Mallerais s’est exprimé avec beaucoup de calme et de clarté, et il m’a semblé intéressant qu’il m’eût empêché de mettre fin à l’interview parce que selon lui, il y avait des questions importantes que je n’avais pas posées. Je me félicite de l’occasion que Michael Matt m’a donnée de conduire cette interview. J’ai parlé du fond de l’interview avec le Dr Tom Droleskey, qui a étudié de son côté certains écrits de l’abbé Ratzinger, futur Benoît XVI, et qui m’a communiqué cette citation supplémentaire de l’intéressé : « La dévotion eucharistique que l’on remarque dans la visite silencieuse du fidèle à l’église ne doit pas être perçue comme une conversation avec Dieu. Cela signifierait, en effet, que Dieu est présent à cet endroit et de manière confinée. Justifier une telle assertion dénote un manque de compréhension des mystères christologiques liés à la notion même de Dieu. Cela répugne à la pensée sérieuse de l’homme qui connaît l’omniprésence de Dieu. Aller à l’église au motif qu’on peut y rendre visite à Dieu qui y est présent est un acte insensé que l’homme moderne rejette à juste titre». (Die Sakramentale Begrundung Christlicher Existenz 1966, Kyrios Publishing, Freising-Meitingen-Germany). |
[NDTN: Texte allemand écrit par celui qui était alors l'abbé Ratzinger]"Eucharistische Anbetung oder stille Besuchung in der Kirche kann sinnvollerweise nicht einfach Unterhaltung mit dem lokal zirkumskriptiv präsent gedachten Gott sein. Aussagen wie "Hier wohnt Gott" und das auf solche Weise begründete Gespräch mit dem lokal gedachten Gott drücken eine Verkennung des christologischen Geheimnisses wie des Gottesbegriffes aus, die den denkenden und um die Allgegenwart Gottes wissenden Menschen notwendig abstößt. Wenn man das In-die-Kirche-Gehen damit begründen wollte, daß man den nur dort anwesenden Gott besuchen müsse, so wäre dies in der Tat eine Begründung, die keinen Sinn hätte und vom modernen Menschen mit Recht zurückgewiesen werden würde. Eucharistische Anbetung ist in Wahrheit bezogen auf den Herrn, der durch sein geschichtliches Leben und Leiden "Brot" für uns geworden ist, d.h. der durch seine Fleischwerdung und Todeshingabe der für uns Offene geworden ist." |
20 avril 2006
L’accueil des intégristes en débat |
Jean Molard - 20 avril 2006 - Golias - http://golias.ouvaton.org |
Notre article paru dans l’Hebdo-Net de la semaine dernière a provoqué de nombreuses réactions, beaucoup se réjouissant de voir ainsi reconnue l’importance des intégristes aujourd’hui, et d’autres nous reprochant notre refus d’unité. Preuve que la question reste brûlante. CE débat instauré fait éclater cette réalité qui traverse l’Eglise aujourd’hui : il y a bien deux manières, presque opposées, de lire l’Evangile. On peut même aller jusqu’à dire qu’il y a deux manières, toutes aussi opposées, de se représenter Dieu, de l’imaginer, de le concevoir. L’être humain est ainsi fait qu’il a besoin dans sa tête de représentation. Jésus lui-même nous a fourni quelques-unes de ces images, dont celle du Père est la plus connue, restée même dans la Prière. L’opposition d’aujourd’hui se fait essentiellement entre "conciliaires" et "tradis", ( qu’il nous soit permis d’utiliser ici des appellations qui peuvent être critiquées, mais qui évitent les longueurs). Cette opposition n’est pas une guéguerre de rites liturgiques ou de boutons de soutane, elle est affrontement entre deux manières quasiment contradictoires de "voir" Dieu, de lire l’Evangile, de penser sa foi. Cet affrontement touche essentiellement les domaines de l’interprétation de l’Ecriture, des cheminements de la Parole de Dieu à travers l’histoire des hommes et l’histoire personnelle de chacun, de la vie du chrétien et de ses responsabilités dans le monde d’aujourd’hui, et aussi de la place de la conscience et de sa liberté dans le Salut. L’affrontement se fait aussi sur la place du christianisme dans une société religieusement pluraliste et laïque... Et cette liste n’est pas exhaustive. Il n’est pas question ici de pousser plus loin l’analyse, c’est un travail de longue haleine. Depuis plus de 20 ans, Golias, à son niveau, cherche à faire avancer la réflexion sur la foi de l’homme et de la femme de notre temps, sur l’Eglise, sur l’autorité ecclésiastique, sur la place des laïcs... Nous le savons, rien que l’énoncé de ces thèmes va faire monter l’adrénaline chez qui n’accepte même pas que des questions soient posées, puisque "la Tradition" est censée avoir déjà répondu depuis plusieurs siècles à toutes les interrogations de l’homme croyant d’aujourd’hui. A Golias, nous avons l’audace de penser que la Révélation se poursuit encore aujourd’hui, que la vie de l’Eglise ne s’est pas figée en 1572, à la mort du pape Pie V, que le Syllabus ne nous paraît pas particulièrement évangélique et que la théologie est une recherche vivante, avec plus de questions devant que de certitudes derrière, dans la mesure où son sujet est lui-même le Vivant. A suivre donc... |
Rome - La fin de la concélébration ? |
20 avril 2006 - Golias - http://golias.ouvaton.org |
Dans l’Eglise latine, s’est étendu depuis le Concile l’usage de la concélébration sacramentelle de l’eucharistie. Non sans réticences de part et d’autre, cette pratique s’est également répandue dans les cérémonies pontificales. Or, il se trouve que cette année, à la différence de Jean Paul II, le Pape a célébré seul, entouré des seuls diacres. Les cardinaux, évêques et prêtres assistaient en habit de choeur. Un retour à une manière de faire de jadis. Certes, Joseph Ratzinger est allemand. Or, dans ce pays, la concélébration est bien moins généralisée que chez nous en France, moins aussi qu’en Italie. Néanmoins, d’aucuns ont vu dans ce changement un clin d’oeil aux traditionalistes qui n’aiment pas la concélébration, ou du moins, contestent son égalité de valeur (et d’abord de profit spirituel) par rapport à la célébration individuelle. Un débat qui pourrait revoir le jour. Sauf que dans la plupart des endroits, par manque de prêtres, il est rare que l’on concélèbre. |
18 avril 2006
Les conditions de la pleine communion avec l’épiscopat français Le cardinal Stickler et la réforme liturgique du Concile Vatican II |
18 avril 2006 - abbé Paul Aulagnier - http://la.revue.item.free.fr |
On sait que nos évêques se sont réunis à Lourdes, en assemblée plénière de « printemps », dans les premiers jours d’avril. Ils se sont penchés paternellement sur le difficile problème, pour eux, de « l’accueil des groupes « traditionalistes » au sein de leurs diocèses. Le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux et Président de la conférence épiscopale de France, en a présenté les positions, dans un texte appelé « Conclusions » Dans le « Regard sur le monde » du 11 avril, j’ai essayé d’analyser, aussi fidèlement que possible, l’ensemble du document épiscopal. Je vous en ai montré les bons côtés, la « nouveauté ». Là, ils expriment leur désir « sincère » d’organiser, enfin, l’accueil des traditionalistes dans les diocèses. Ils disent vouloir leur faire bonne place dans la structure diocésaine en respectant enfin la légitimité de la liturgie romaine, latine et grégorienne de la messe selon le rite dit de saint Pie V. et de faire bon accueil aussi de leur mode « évangélique ». C’est ce qu’ils appellent « l’accueil de la diversité ».Ceci a fait « rager » de colère les journalistes de « Gollias ». Je ne sais si c’est une « sainte « colère. Peu importe ! On connaît leur goût de l’hérésie. Leur « réaction » a circulé sur tous les sites. Il faut en prendre acte. Il donne aussi une interprétation du texte. On ne peut l’ignorer. Dans la « Paroisse saint Michel » de la même semaine, j’ai poursuivi mes réflexions et essayer de voir les « intention » de l’épiscopat, vis-à-vis de Rome. S’étant montré depuis des décades très hostiles à un telle mouvement et l’ayant combattu vraiment… mais constatant les volontés nouvelles de Rome de régler enfin le problème de la « communion », et ne voulant pas se voir imposer une solution romaine, les voilà tous monter au créneau déclarant vouloir enfin régler le problème…le problème d’une « communion » à la française…Ce qui retarde jusqu’en novembre tout règlement de l’affaire…A moins que Rome…Mais je ne pense pas…J’aimerais vraiment être déjugé… Je voudrais poursuivre cette étude sur le problème de cette « communion avec l’épiscopat français »…. Les conditions d’une communion.
Le cardinal Stickler et la réforme liturgique du Concile Vatican II
A- Présentation du cardinal par lui-même
B- Jugement sur Mgr Bunigni.
C- Le thème de sa conférence.
D- Les rappels liturgiques du Concile Vatican II.
E- Les critiques du cardinal.
d- De la formule de la consécration du pain et du vin. Le « mysterium fidei ».
F- « Légèreté souveraine du cardinal Lescaro et de Mgr Bunigni.
G- De la « participatio activa » des fidèles.
H- L’usage du latin dans la pensée conciliaire.
I- La critique de « l’introduction d’un cycle liturgique de 3 ans »
J- De la validité du « nouvel ordo missae ».
K- Position pratique du cardinal
L- Le jugement pratique de l’abbé Dulac.
M- Les raisons d’un refus. Les vraies !
Conclusion du cardinal Stickler…
Nous verrons cela dans le prochain « Regard ». |