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31 juillet 2007
29 juillet 2007
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21 juillet 2007
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Cela faisait vingt ans... |
21 juillet 2007 - par Justin Petipeu - leforumcatholique.org |
Cela faisait vingt ans... …que je n’avais pas poussé la porte d’un presbytère paroissial. M’étant toujours considéré d’abord comme catholique romain, j’étais donc décidé à « renvoyer l’ascenseur » à Sa Sainteté le pape Benoît XVI et sonnai donc résolument à la porte de mon curé. Un homme d’environ 65/70 ans m’ouvre, chemisette blanche, pantalon beige et chaussettes blanches sous les sandales « Jésus »… - Bonjour, vous êtes le curé de la paroisse ? Je peux vous parler ? - Oui…entrez. Venez dans mon bureau. - Voilà, je suis un de vos paroissiens, j’habite près d’ici et je me demandais s’il était possible d’avoir une messe selon le missel de 1962 sur la paroisse… - ...?? - Une messe en latin, quoi... - Ah non, ce n’est pas possible ! Puis de toute façon, je ne vois pas l’intérêt ! Puis d’abord je serai bien incapable de la dire ; j’ai connu ça quand j’étais enfant mais franchement, je ne vois pas l’intérêt ; à moins que vous n’ayez fait de grandes études de latin ? (sourire moqueur) - M. le curé, on ne va pas refaire le débat. - De toute façon, les directives de l’évêque sont très claires. - Mais M. le curé, ce n’est pas l’évêque qui décide, selon le texte, c’est le curé… - Quoi !? mais moi je ne décide rien puis je suis incapable de vous la dire ; et on a reçu les directives de l’évêque, elles sont très claires. - Vous ne pensez pas à un prêtre du secteur qui serait susceptible de dire la messe selon le missel de 1962 ? - Ah non, non vraiment, je ne vois pas…Et de toute façon, les directives de l’évêque sont très claires. Il y a une paroisse à Nantes où « ils » font ça depuis des années, vous n’avez qu’à y aller. - C’est à plus de 60 kms… - De toute façon, je ne vois pas l’intérêt… - Merci M. le curé ! au revoir. Oserai-je vous dire, à ma grande honte, chers liseurs et néanmoins amis, le lâche soulagement qui s’empara de moi en revenant de cette entrevue ? Eh oui, j’étais soulagé, finalement, de n’avoir pas à assister à la messe d’un tel clerc. Mais je ne serais pas complet si je ne parlais pas de la joie profonde et sereine qui m’étreignit alors : le papiste, le romain, c’était moi. |
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"Entretien exclusif avec l'abbé de Cacqueray" |
21 juillet 2007 - Monde & Vie - laportelatine.org |
Monde & Vie n° 782 du 21 juillet 2007 Dossier complet sur le Motu Proprio : "un acte prophétique" A un an du vingtième anniversaire des sacres de quatre évêques par Mgr Lefebvre, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X obtient ce que son fondateur n'aurait jamais espéré en son temps : la libéralisation de la messe tridentine, dite rite de saint Pie V. Nous sommes bien loin, en effet, de « L'expérience de la tradition » réclamée par l'évêque rebelle aux autorités romaines...Qu'on le veuille ou non, Mgr Fellay, qui a reçu le Motu Proprio et la lettre l'accompagnant en même temps que les évêques du monde entier, possède une responsabilité importante dans cette publication. De fait, sa réaction fut immédiate (voir le communiqué). Le 10 juillet dernier, sur la colline de Suresnes près de Paris, le supérieur du district de France de la FSSPX, l'abbé Régis de Cacqueray, a accepté de répondre aux questions de Christophe Mahieu. Un entretien exclusif pour Monde & Vie M&Vie. Que représente pour le prêtre catholique que vous êtes la parution du Motu Proprio?
M&Vie. Ce Motu Proprio modifie-t-il la donne à Rome ?
M&Vie. Ce Motu Proprio va-t-il bouleverser l'Église de France ?
M&Vie. La Fraternité Saint-Pie X, notamment par sa demande des « deux préalables », a joué un rôle majeur dans cette libéralisation. Comment envisagez-vous désormais ses relations avec les autorités romaines ?
M&Vie. Ce Motu Proprio pourrait-il entraîner une scission dans la Fraternité Saint- Pie X?
Christophe Mahieu |
Benoît XVI organise le repli sur la doctrine |
21 juillet 2007 - par Paul Thibaud, président de l'Amitié judéo-chrétienne de France - lemonde.fr |
Le motu proprio sur la liturgie a reconnu que ceux qui s'obstinent à utiliser le missel de Pie V, et non celui de Paul VI, avaient une manière particulière, "extraordinaire" mais légitime, de pratiquer le rite catholique. D'un missel à l'autre, la langue n'est pas la seule différence. Si, le pape ayant exclu du champ ouvert au pluralisme liturgique les célébrations de la semaine pascale, les messalisants de l'espèce extraordinaire ne pourront pas prier le Vendredi saint pour la conversion des juifs, ils pourront ignorer toute l'année les nombreux textes de l'Ancien Testament qu'on lit à la messe depuis Vatican II. On peut craindre que les messes traditionalistes ainsi reconnues permettent à un intégrisme désormais légitime de se regrouper et de s'étendre. A travers le conservatisme linguistique, s'exprime une passion plus générale, celle d'affirmer "l'inerrance" de l'institution catholique et la fixité de ses formules dogmatiques. Le texte sur la célébration de la messe a été suivi, quelques jours après, d'une déclaration de la Congrégation de la doctrine de la foi sur les relations de l'Eglise catholique avec les autres obédiences chrétiennes. Les deux textes visent le même public, qu'on veut rassurer et récupérer, dont les requêtes, dit le théologien Hervé Legrand (La Croix du 11 juillet), sont à la fois liturgiques et doctrinales. Les intégristes veulent une autorité qui les rassure en répétant que leur Eglise est dans son essence étrangère au péché et fidèle au Christ, donc que les autres religions ou confessions, si elles ne sont pas sans valeur, n'en ont que dans la mesure où elles participent de la vérité complète dont l'Eglise romaine a le dépôt. Leur force tient à ce que le catholicisme n'a pas complètement rompu avec une telle idée de soi idéale et rigidifiée : on en a seulement réduit la portée. L'Eglise effective, comme les repentances de l'an 2000 l'ont montré, ne prétend plus être conforme à l'image de l'Eglise idéale qui la légitime et qu'elle revendique comme son identité. Mais n'est-on pas dans la schizophrénie quand on se réfère à la fois, sans expliciter le lien de l'une à l'autre, à une identité idéale et à une mise en oeuvre pécheresse ? D'un côté l'épouse du Christ sans péché, de l'autre l'Inquisition, l'antijudaïsme, l'antiféminisme... La même séparation entre la thèse et l'hypothèse est utilisée pour rendre possible le dialogue oecuménique : la supériorité affirmée d'une obédience chrétienne sur les autres n'est, dit-on, qu'une vérité "canonique", de principe, platonique ; quant à apprécier les comportements des uns et des autres c'est, dit-on aussi, une tout autre affaire. Ainsi l'Eglise se conçoit à la fois comme mondaine et hors du monde, comme incarnée et désincarnée sans que soit problématisé le lien entre le souci du monde et le souci de soi, qui fait l'histoire réelle de l'institution. Ces deux manières de se concevoir coexistent ou alternent (Jean Paul II était sensible aux réalités sociales, Benoît XVI est un dogmaticien) sans que leur rapport soit éclairé. Ce qui est en cause ici, c'est d'abord une conception de la foi. Est-elle une garantie sur quoi on se repose, que l'on répète, qui dispense de risquer ? Ou bien est-elle une confiance qui oriente et anime la vie : la certitude qu'au bout du compte le Christ ne fera pas défaut à ceux qui le suivent. Et cela engage aussi deux rapports au monde. La conception magique de la foi dévalorise le monde, lieu de chute, au mieux espace neutre, alors qu'une foi espérante se formule et se reformule dans le temps, à l'épreuve du temps ; elle n'est pas séparée de l'histoire mais informée par celle-ci. C'est dans leur époque, défiés par celle-ci, qu'un Las Casas et un Bonhöffer ont été témoins de la foi. Se représenter, éprouver la foi non comme un patrimoine mais comme une exigence à déchiffrer permet, mieux que le contraste entre l'Eglise conceptuelle et l'Eglise pécheresse, de penser le parcours réel de l'institution, la force à l'oeuvre, les choix institutionnels, les essais et les erreurs à travers lesquels l'Eglise a appris (ou non) à connaître l'humanité en lui transmettant maladroitement le message et ce qui permet d'espérer d'autres étapes de cette dynamique. Rencontrant les Indiens d'Amérique, le pape s'est trouvé devant un dilemme : ou bien vanter la colonisation au nom de l'évangélisation ou bien la dénoncer comme cruelle et rapace en gommant son lien avec l'extension du christianisme. Une réflexion utile aurait sans doute porté sur les voies ambiguës du christianisme réel, sur le lien réciproque qu'il entretient avec la mondialisation, sur l'horizon éthique dont celle-ci a besoin... Les hésitations et les ambiguïtés de l'Eglise romaine la montrent vulnérable au chantage des intégristes quand ils confondent fidélité et rigidité dogmatique. A cela les autorités catholiques prêtent la main dans la mesure où elles ont fait de ce qui est exigence décisive et objet de confiance, la fidélité au Christ, une assurance extrinsèque, un droit acquis. Cette façon de s'accrocher à une garantie externe sépare le christianisme du monde, le rend donc incapable de s'adresser à lui, inculque aux fidèles, sous prétexte de les orienter vers l'essentiel et l'universel, une conscience de soi anhistorique. Défini de cette manière, le christianisme n'arrive plus à se comprendre comme ayant fait l'histoire, ayant été marqué par elle et pouvant encore l'inspirer. Le christianisme a d'abord été tenté par le rêve d'être la fin de l'histoire, d'établir, comme a dit Maritain à propos du Moyen Age, le "trône de Dieu sur la terre", rêve dont la prétention de "périmer" le judaïsme en l'accomplissant a sans doute été la matrice. Ensuite, devant le démenti apporté par la modernité à cette prétention, l'Eglise s'est repliée, imaginant échapper à une histoire dont elle serait en somme exemptée. Bien qu'elle soit impliquée par l'idée même d'incarnation, la sortie de cette longue complaisance dogmatique n'est pas achevée. Le rêve de restauration de la chrétienté, de même que celui d'une convergence facile avec la modernité ont été pour le catholicisme des tentatives avortées de retrouver l'histoire, le repli sur la doctrine qui en ce moment rapproche le Vatican des intégristes est une manière de reconnaître ces échecs, mais c'est aussi un renoncement au renouvellement que notre époque appelle. Paul Thibaud, président de l'Amitié judéo-chrétienne de France Paul Thibaud Article paru dans l'édition du 22.07.07 |
Vatican : restauration conservatrice |
21 juillet 2007 - estrepublicain.fr |
Vatican : restauration conservatrice Benoît XVI donne au concile qui avait conduit à l'aggiornamento de l'Eglise, une interprétation restrictive. Qui parle encore aujourd'hui de Jean Paul II ? En deux ans, le pape idole des jeunes a été vite oublié et son successeur, certes respecté dans sa fonction, ne suscite guère le même enthousiasme. C'est même tout le contraire désormais, puisqu'il engage très clairement l'Eglise catholique dans le sens conservateur au nom « d'une stratégie cohérente de reconquête intellectuelle de l'Europe contre le relativisme », selon le philosophe athée Paolo Flores d'Arcais, quia publiquement débattu avec le futur pape en 2000. Cette orientation tient d'abord à la personnalité de ce pontife bavarois aujourd'hui octogénaire. Obsédé par la sécularisation de l'Europe et par sa déchristianisation face à un islam conquérant, il entend avant tout refaire l'unité de sa propre paroisse. D'où les gages donnés aux intégristes avec le retour de la messe en latin d'avant le concile (1962-65) et les signes adressés à Pékin où existent deux Eglises, l'une inféodée au régime communiste et l'autre clandestine. Caritas : un cardinal plutôt qu'un laïc Mais d'autres mesures, plus ou moins discrètes, soulignent nettement cette restauration conservatrice. Des théologiens sont à nouveau en butte à l'ardeur de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancienne Inquisition. Parmi eux, un dominicain français, le père Claude Geffré. Ancien secrétaire général du Secours catholique, Denis Viénot souhaitait un renouvellement de son mandat à la tête de Caritas international, qui regroupe tous les « secours catholiques » du monde. Un cardinal, dont l'action en faveur des pauvres n'est aucunement sujette à caution, s'est présenté contre lui, et a été élu. Comme si le Vatican ne pouvait admettre qu'un laïc dirige un organisme dépendant de lui. Enfin, le ciel des relations avec les autres religions s'est assombri de lourds nuages. On savait que le cardinal Ratzinger avait peu apprécié la rencontre interreligieuse d'Assise en 1986, l'un des grands moments du pontificat de son prédécesseur, au cours duquel les chefs religieux de toute la planète ont prié côte à côte et non ensemble pour ce en quoi ils croient. Les déclarations et gestes de Benoît XVI montrent, à l'envi, qu'il n'entend rien céder. Conversion des juifs Le document paru cette semaine sur l'Eglise catholique qui seule serait « la véritable Eglise du Christ » a porté un coup très dur au dialogue oecuménique. L'hebdomadaire protestant « Réforme » n'hésite d'ailleurs pas à titrer « Ad nauseam... », « Jusqu'à la nausée ». Même s'il a accompli un geste sans précédent à Istanbul en priant à la Mosquée bleue, le pape a aussi prononcé des paroles très rudes à l'égard de l'islam lors de sa fameuse conférence de Ratisbonne. Enfin, avec le rétablissement de la messe en latin et le retour à l'ancien missel, des catholiques prieront à nouveau pour la conversion des juifs. Un antijudaïsme à des lieues du chemin parcouru sous Jean Paul II, qui avait effacé deux mille ans d'antisémitisme chrétien. « Benoît XVI nous explique qu'une lecture correcte du concile doit insister sur la continuité plus que sur la rupture », a précisé le porte-parole du Vatican, le le jésuite Federico Lombardi. Tiens, encore un clerc qui a remplacé à ce poste un laïc, fût-il de l'Opus Dei. Patrick PEROTTO |
20 juillet 2007
L’évêque qui obéit ! |
20 juillet 2007 - golias-editions.fr |
Jean-Pierre Delarge, ancien éditeur, écrit à Mgr Simon, archevêque de Clermont suite à l’article de ce dernier dans "Le Monde" à propos du Motu Proprio. Monsieur l’Archevêque, Et si ce que vous appelez “la presse people” -bravo pour “Le Monde” où vous écrivez- représentait le gros des ouailles de l’église romaine ? Peu sensible aux nuances théologiques mais recevant les dits romains comme reflétant la vérité ? N’est-ce pas un sophisme de dire que l’autorisation de la messe en latin constitue non un second rite mais “un double usage de l’unique et même rite” ? Il me paraît plutôt qu’il s’agit d’une pirouette destinée à amortir une décision unilatérale, contestée, vous le savez, par nombre de vos confrères, d’autant qu’elle les dépouille d’une partie de leur autorité sur leur dicocèse. J’avais appris en droit canon, à Louvain, que l’évêque était maître chez lui en matière disciplinaire, (c’était, il est vrai, celui de 1915). Quant au fond : lorsque St Pierre du Chardonneret fût occupé, que Jean Guitton obtint des parties une transaction, que celle-ci fut refuée par Mr le cardinal Marty, j’ai pris parti pour que l’on accordat à Mr l’évêque Lefèbvre, licence de céléber comme il le voulait. A cette époque, j’étais président de la Communion de Boquen, c’est dire, assez éloigné des positions extrêmes de l’ancien évêque de Dakar. Je considérais la primauté de la liberté et l’opportunité de la diversité. Aujourd’hui pareille autorisation revêt un sens complétement différent : celui de faire revenir au bercail 150,000 égarés en cédant à leurs idées dont le rite n’est qu’un revêtement. Qui se soucie encore du schisme des vieux-catholiques et ses 600,000 adeptes qui n’ayant jamais été récupérés, ne représentent qu’eux-mêmes ? Le motu proprio ose le risque de perdre nombre de “conciliaires” qui après les incidents pontificaux, musulman, indien, théologique de la libération, de “Sacramentum Caritatis”, d’Amnesty international, et j’en passe, sans compter celui en préparation de la canonisation de Pie XII, vont amplifier la désertification des paroisses. Un radicalisme choisi en place d’une écoute des “signes du temps”. Qu’on le veuille ou pas, la société s’est modifiée ; les divorces nombreux, les familles recomposées, les prêtres mariés. Et l’on prive tous ceux-là et d’autres de sacrements quand Jésus a dit être venu pour les pécheurs et non pour les bien-pensants. Le mot de Sartre s’applique “Ils avaient les mains propres, mais ils n’avaient plus de mains”. Les musulmans ont réagi, suivis des protestants et bientôt des juifs. Tous cela sans entamer la cause de l’oecuménisme croyez vous ? Je ne doute pas de votre “lucidité” et de votre “intelligence”, mais je redoute la discipline aveugle qui n’a pas le courage de dire au pontife romain, les dangers qu’il fait encourrir à son, à notre église, et qui préfèrent manier la langue de bois à son service. Vous dites très justement que vous n’allez pas abandonner votre peuple, mais n’êtes vous pas solidaire de lui avant de défendre un “patron” quand il fait fausse route ? Et pourquoi ne pourrait-il le faire ? Congar, Chenu, Lubac et tant d’autres, ont obéi, se sont tus, ne se sont pas reniés et ont fait Vatican II, que Benoît XVI détricote progressivement. Quant à la lettre aux catholiques de Chine, on ne peut que l’approuver d’autant qu’on y retrouve la pensée et l’action de Monsieur le cardinal Etchegarray. Je n’espère pas que vous me répondiez puisque vous ne l’avez pas fait lorsque j’ai protesté contre votre attaque du dernier livre de l’Abbé Pierre, le 3 novembre 2005, -dès lors ma présente lettre devient “ouverte”-. mais j’ai passé trop de temps de ma vie à lutter afin que mon église ait une image évangélique pour laisser sans réaction votre article du 14 juillet 2007. Dès lors Voulez-vous croire, Monsieur l’Archevêque, à l’assurance de ma haute considération ? Jean-Pierre Delarge, Golias |
Lettre ouverte à Hyppolite Simon (par la grâce de Dieu, archevêque de Clermont Ferrand) |
20 juillet 2007 - Paul Gauthier - golias-editions.fr |
Excellence, Il me faut user désormais de ce vocable, puisque dans cette Eglise d’après le Concile, qui aussi la mienne, on entend ressortir de la naphtaline les vieux ornements et les formules désuètes. Il me faut aussi vous écrire car j’ai été blessé par votre dernière publication dans Le Monde du 14 juillet (très certainement …un hasard du calendrier). Et ce qui m’a heurté ce n’est pas une approche différente de la mienne et de celle de tant d’autres chrétiens, pardon ! de catholique de ce pays, devant toutes ces décisions et ces textes qui nous viennent de Rome. Je sais comme vous qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père et que la pensée unique, une expression dont on nous rebat les oreilles (usque ad nauseam) n’est pas vraiment marquée du sceau évangélique. En réalité, en bon petit soldat, vous cherchez à expliquer, à justifier les dernières décisions romaines qui, à l’évidence, marquent un tournant important dans ce que l’église catholique était appelée à vivre depuis le Concile Vatican II. C’est votre droit et je me garderai bien de le contester car nous certainement d’accord tous deux sur les propos de Voltaire quant à la liberté de parole qu’il convient de laisser à ceux qui ne pensent différemment de vous. Mais il y a des limites que vous avez quand même dépassées : depuis quelques décennies le peuple chrétien – et même le peuple catholique – a appris ce qu’il en coûtait de se soumettre aveuglément et d’obéir perinde ac cadaver. Vos arguments sont peut-être sincères mais la démonstration que vous tentez d’effectuer – et sur laquelle vous échouez – ne saurait nous convaincre mais, plus grave encore, manifeste un certain mépris pour ceux à qui vous vous adressez. Nous n’en sommes plus au temps où la parole d’une quelconque autorité était abusivement sacralisée, même si d’aucun le déplorent. Juxtaposer quelques sophismes et de se livrer à une analyse à ce point orientée qu’elle pourrait en devenir risible, est manifestement une offense au lecteur. Vous affirmez d’entrée de jeu que vous allez obéir « évidemment » et que vous allez le faire parce que vous êtes évêque « et parce ce que (vous) avez promis communion et obéissance au jour pape au jour de (votre) ordination ». Vous ajoutez qu’une autre raison vous interdit de ne pas obéir car cela vous obligerez à démissionner et que vous n’allez pas « abandonner votre peuple en rase campagne pour une question de rites liturgiques ». Outre que l’histoire nous a enseigné – et avec quelle violence – qu’obéir aveuglément peut être une forme de trahison et que les décisions d’une hiérarchie – fut-elle romaine – peuvent être inspirées par des motifs qui pour être respectables en tant que motifs n’en sont pas moins dangereux (voire pernicieux) quant à la mission de l’institution que cette hiérarchie a le devoir de faire vivre et de transmettre. Sous cette réserve, mais elle capitale, la justification de votre obéissance peut encore s’entendre. Par contre dès que vous vous engagez sur la voie de la justification des dédisions romaines, votre raisonnement manque singulièrement de rigueur dans l’analyse de ce qui a été vécu au temps du concile et depuis sa mise en œuvre. Il fait tout autant preuve d’une inquiétante myopie quant aux objectifs pourtant clairement annoncés de ceux que Benoît XVI a invité à entrer « dans la ville ». L’histoire – encore elle – regorge d’exemples de cités réputées imprenables et qui furent livrées au pillage et à la destruction parce qu’une imprudence avait livré un passage, même modeste, à des assiégeants. Et c’est bien ce qui vient de se passer : pour n’avoir pas voulu aller à l’essentiel, pour avoir voulu traiter l’accessoire comme le principal, Rome « vient de livrer les clefs de la ville » à ses ennemis. Le mot vous paraîtra injuste, peut-être excessif, mais comment qualifier ceux qui n’ont eu de cesse avec ou sans l’évêque Lefbvre de clamer qu’il considérait comme un devoir sacré de mettre à bas tout le travail du Concile. Nous sommes loin des différentes catégories que vous énumérez comme à loisirs : « ouvert-fermé, progressiste-intégriste », passéiste-moderne ». Ce n’est pas une question de rite et continuer à l’affirmer comme vous le faites relève de la malhonnêteté intellectuelle car vous savez bien que ce qui se joue va bien au-delà de ce retour à des rites anciens. S’il ne s’était agi que d’un simple problème de langage il y a bien longtemps que le problème aurait été résolu car il y a souvent bien plus d’intelligence et de charité dans l’église conciliaire qu’on peut en constater dans les chapelles intégristes qui s’arrogent la qualité de détenteurs unique de la vérité. « Double usage de l’unique et même rite » dites-vous en citant Benoît XVI et c’est ici qu’il faut s’inscrire en faux. Comment peut-on dire qu’il y a qu’un seul rite quand l’un d’entre eux revendique l’usage d’un missel qui comporte des éléments inacceptables tout marqué qu’ilo est par des éléments qui relèvent de l’antijudaïsme et de l’anti-oecuménisme le plus éculé. Est-il besoin de longues citations ? Comment vouloir, sous le vocable d’un même rite, imposer à ceux qui se reconnaissent dans Vatican II des propos tels que ceux-ci qui invitent les fidèles le vendredi saint à prier pour « les hérétiques et les schismatiques afin que Dieu notre Seigneur les arrache à toutes leurs erreurs et qu’il daigne les ramener au sein de notre sainte mère, l’Eglise catholique et apostolique » ou encore « Prions aussi pour les Juifs, afin que Dieu notre Seigneur enlève le voile qui couvre leur cœur(…), exaucer la prière que nous vous adressons pour ce peuple aveugle ». Comment de tels textes peuvent-ils nourrir la prière d’un même peuple « dans un rite unique » quand l’Eglise héritière du Concile prie ce même jour « Pour tous nos frères qui croient en Jésus-Christ et s’efforcent de conformer leur vie à la vérité. Demandons au Seigneur notre Dieu de les rassembler et de les garder dans l’unité de son Eglise » et pour ceux que Jean Paul II reconnaissait comme nos frères aînés « Prions pour les juifs à qui Dieu a parlé en premier, qu’ils progressent dans l’amour de son nom et la fidélité à son alliance. Dieu éternel et tout poussant, toi qui a choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Eglise t’en supplie ». Et les premiers de ces textes, parfaitement inadmissibles, ne datent pas du milieu du siècle dernier ou de quelque officine intégriste mais seulement de 1990, car il s’agit du missel réédité par l’abbaye du Barroux ; Qui peut croire que les chantres de l’intégrisme catholiques accepteront une révision aussi profonde de cette « liturgie de toujours ». Alors quand on lit sous votre plume « On pouvait , à la rigueur, légitimer une résistance au concile si l’on pensait, en conscience, qu’il existait une différence substantielle entre deux rites. Peut-on légitimer cette résistance, et a fortiori in schisme, à partir d’une différence de forme » on croit rêver : ou vous n’avez rien compris (ce qui nous semble étonnant de la part d’un archevêque) ou vous cherchez à nous faire prendre des vessies pour de lanternes. On ne peut, en effet, refuser de reconnaître une certaine logique à Marcel Lefebvre qui profitant d’une différence de rites indéniable a réussi à abuser toute une partie de l’opinion en présentant comme majeur ce qui n’était en fin de compte qu’un détail alors que l’opposition de fond concernait des points de doctrine autrement plus essentiels. Recourir , comme vous le faites, à de tels raisonnements n’est pas de nature à rehausser le prestige et la crédibilité de votre ministère Et vous aggravez encore votre cas quand vous évoquer le texte du 10 juillet de la Congrégation pour la doctrine qui a publié une note « pour justifier l’expression, si décisive par le Concile,du verbe « subsistit in »- l’Eglise du Christ « subsiste dans » l’Eglise catholique… Or… j’ai souvenir d’avoir lu sous des plumes intégristes que ce choix du verbe « subsistit in » à la place du verve « est » était le début de la catastrophe conciliaire car il constitue précisément le fondement théologique de l’œcuménisme » Si le choix de cette troisième publication (avec la « Lettre aux catholiques de Chine ») ne vous semble pas « destiné à marquer une fois de plus les limites du dialogue avec les autres Eglises et communautés chrétiennes » que vous faut-il ? Un adjectif, un seul mais qui change tout, ne s’est-il pas glissé dans ce document de l’ex Saint Office ? Il apparaît qu’il faut lire que L’Eglise du Christ subsiste dans la seule E3glise catholique et cela change tout : les autres Eglises soeurs ne s’y sont pas trop trompées qui ont regretté ou dénoncé parfois l’arrogance L’Eglise romaine. N’y a-t-il pas dans la présentation que vous faites une édulcoration étrange du document romain ? N’y a-t-il pas dans ce seul adjectif « seule » glissé bien à propos, un gage majeur donné aux héritiers spirituels de Marcel Lefebvre ? Si la décision de Benoît XVI d’ouvrir sans conditions les portes à la mouvance intégriste « ruine totalement leur argumentaire sur le fond », on se demande bien où peut bien se nicher cette ruine totale, et sa volonté de ne céder en rien sur la substance du concile. Seriez-vous naïf à ce point ou ignorant de la réalité de cette frange extrême du catholicisme et spécialement du catholicisme français pour penser qu’il ne reste plus aujourd’hui comme problèmes contentieux que le problème de la liturgie ? Croyez-vous vraiment que ceux qui se croient investis de la mission de restituer dans sa forme ancienne la « véritable église » se contenteront de cette première étape. Les tenants de ligne dure ont à coup sûr le sentiment d’avoir gagné une bataille ce qui ne peut que les conforter dans l’idée qu’ils peuvent gagner la guerre. Auriez-vous perdu le souvenir de vos classiques pour avoir à ce, point oublié Corneille, les Horaces et( les Curiaces ? S’il y a, à coup sûr, des nostalgiques des anciennes liturgies |
Bientôt des messes en latin à Reims |
20 juillet 2007 - L'Union |
Le décret papal sur la possibilité de célébrer à nouveau des messes en latin fait des remous jusqu’à Reims. La cité des Sacres devrait accueillir prochainement ce genre de célébration. «Nous sommes très très heureux. » Le «motu proprio» (une décision papale) publié samedi 7 juillet, par Benoît XVI, suscite l’enthousiasme chez les traditionalistes. Par ce décret, les prêtres sont tenus de satisfaire, dans la mesure du possible, les demandes de messe en latin, formulées par les fidèles. Membre d’un réseau de laïcs, le Collectif pour la paix liturgique et contre l’exclusion dans l’église catholique, Marc Billig milite avec d’autres familles, de Reims et de ses environs, pour que les catholiques fidèles à Rome puissent participer à des célébrations selon l’ancien rite. Sa principale satisfaction est de voir enfin aboutir ces revendications formulées de longue date. « Depuis vingt ans, nos demandes auprès de l’archevêché ont systématiquement reçu des réponses négatives, on nous disait que nous ne représentions qu’une poignée de fidèles, deux ou trois familles tout au plus » affirme-t-il, estimant à deux voire trois cents, le nombre de familles prêtes à assister à des messes tradis. Volonté de conciliation Quand on lui demande si la messe en latin n’est pas seulement l’étendard d’une remise en cause plus large des acquis de Vatican II, il répond sans hésitation. « Je trouve dommage de voir qu’il y a des gens qui voient toujours des arrière-pensées ». « On est pas là pour semer la zizanie, on se met à la disposition de Mgr Jordan pour aider à organiser les messes dans une seule église, de préférence une qui n’est pas utilisée » précise-t-il. Du côté de l’archevêché, l’enthousiasme est plus contenu, ici on se satisfait surtout de la réconciliation avec cette frange des catholiques. Mais on précise bien que cette ouverture s’accompagne également de limites. « Il ne faudrait pas que cela cache un refus du concile, ici l’évolution se fait sur la forme, il n’y a pas de retour en arrière quant au dogme » explique l’évêque auxiliaire, Mgr Boishu. Une messe en latin par mois Anticipant la publication du décret papal, dès la mi-juin, l’archevêque de Reims, a annoncé qu’une messe par mois sera célébrée selon l’ancien rite. « Un prêtre de l’institut du Christ Roi viendra spécialement de Lille pour l’occasion » précise l’évêque auxiliaire. Pour les «tradis», cela ne peut-être qu’un préalable, une messe tous les dimanches reste le minimum. Mais du côté de l’archevêché, on ne veut pas agir avec une trop grande précipitation. « Cela pose des questions d’organisation et l’on ne veut pas brusquer ceux qui sont attachés au rite nouveau, actuellement nous sommes toujours à la recherche d’un lieu » explique prudemment Mgr Boishu. Mais dans la galaxie «tradi» de Reims, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’ondes. « C’est un premier pas, mais concrètement pour nous ça ne change rien, tant que notre situation n’est pas régularisée » juge le père Ludovic Girod, membre de la Fraternité Saint Pie X, en rupture avec Rome depuis l’ordination d’évêques par son supérieur sans l’aval du Saint-Siège. Lui continuera à accueillir ses 180 fidèles dans sa paroisse de Notre-Dame de France. |
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19 juillet 2007
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