Les intégristes refusent la réconciliation |
30/06/2008 - Hervé Yannou - lefigaro.fr |
La Fraternité Saint-Pie X rejette les propositions du Pape et affirme qu'elle n'acceptera jamais Vatican II. C'est non. Mgr Bernard Fellay, supérieur de la fraternité schismatique Saint-Pie X, et chef des catholiques intégristes, a rejeté la main tendue la semaine dernière par le Vatican pour réintégrer les rangs de l'Église. Si sa réponse officielle n'a pas encore été publiée, elle ne fait aucun doute, les fidèles de Mgr Marcel Lefebvre ne veulent pas, vingt ans après leur excommunication, de l'occasion historique que leur a offerte Benoît XVI de se réconcilier définitivement avec le Saint-Siège. Le Pape a pourtant tout fait pour mettre fin au schisme. Le Vatican avait adressé un «ultimatum» à la Fraternité schismatique, basée à Ecône, en Suisse. Le protocole d'accord, négocié début juin avec Mgr Fellay, était en apparence très souple : respect de la personne du Pape et renonciation à polémiquer sur l'enseignement de l'Église. Aucune allusion directe n'était faite à l'acceptation des canons du Concile Vatican II et encore moins de la liturgie contemporaine. Le Saint-Siège lui aurait aussi proposé de créer une structure juridique propre pour les accueillir sans les soumettre à l'autorité des évêques locaux. De quoi éviter de froisser les susceptibilités. Le Vatican n'était jamais allé aussi loin dans ses propositions, quitte à gêner des groupes plus progressistes dans l'Église. Évêques schismatiques Mais les intégristes, ne veulent pas se taire sur les questions doctrinales (œcuménisme, dialogue interreligieux) qui sont aujourd'hui au cœur des priorités de Benoît XVI. «Nous n'envisageons pas d'accord pratique ou canonique avant d'avoir traité des questions doctrinales qui se posent depuis Vatican II», a ainsi martelé l'abbé Alain Lorans, porte-parole de la Fraternité Saint-Pie X. La violence des propos de certains évêques schismatiques semble bien marquer un point de non-retour. «Si l'Église nous veut de nouveau avec elle, nous demandons qu'elle retourne à son passé glorieux», a ainsi estimé Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques ordonnés il y a vingt ans par Mgr Marcel Lefebvre : «Nous n'accepterons jamais Vatican II.» |
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30 juin 2008
Ecône rejette «l'ultimatum» du Vatican |
30 juin 2008 - lenouvelliste.ch |
Ecône rejette «l'ultimatum» du Vatican 30 juin 2008 Les catholiques traditionalistes de la mouvance d'Ecône ont rejeté l'ultimatum posé par le Vatican pour mettre fin à une brouille vieille de vingt ans. Ils accusent Rome de vouloir éluder certains points clés de la dispute. «Nous n'envisageons pas d'accord pratique ou canonique avant d'avoir traité des questions doctrinales qui se posent depuis Vatican II», a déclaré vendredi le porte-parole de la Fraternité Saint-Pie X, Alain Lorans. Pas d'allusion à Vatican II. Selon le quotidien italien «Il Giornale», le supérieur de la FSSPX, Bernard Fellay, a récemment rencontré au Vatican le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission ad-hoc «Ecclesia Dei», qui lui a remis une lettre posant cinq conditions au retour du mouvement intégriste dans «la pleine communion» de l'Eglise. Selon le journal, Rome exigerait notamment la reconnaissance de l'autorité du pape et l'engagement à ne rien dire contre l'Eglise, mais ne ferait aucune allusion au concile Vatican II, fermement rejeté par la FSSPX. Les Lefebvristes devaient donner leur réponse d'ici le 28 juin. Mgr Fellay «rejette cette procédure», a précisé Alain Lorans. «Si nous voulons un accord canonique qui ne s'effondre pas dans quelques semaines, nous devons discuter des questions fondamentales de doctrine», a-t-il expliqué. Selon lui, le supérieur de la FSSPX a envoyé jeudi une lettre au Vatican, mais il refuse de répondre officiellement à «l'ultimatum». Refus du «modernisme». La Fraternité Saint-Pie X, qui revendique un million de fidèles dans le monde, marque son attachement à la messe en latin et rejette plusieurs avancées adoptées lors du concile Vatican II (1962-1965), comme l'oecuménisme, le dialogue interreligieux, la collégialité dans le gouvernement de l'Eglise ou le «modernisme». Ses chefs de file ont été excommuniés en 1988 par Jean Paul II, après le sacre par Mgr Lefebvre de quatre évêques sans l'aval du Vatican. L'actuel pape Benoît XVI semble très attaché au retour au bercail des traditionalistes et a publié l'an dernier un décret autorisant l'usage de la messe en latin. Mais il estime que les traditionalistes doivent accepter les décisions du concile avant de pouvoir réintégrer l'Eglise catholique. Contactée ce week-end par l'ATS, la maison généralice de la FSSPX, basée à Menzingen (ZG), a refusé toute prise de position officielle sur ces discussions. ATS |
29 juin 2008
Quelques réflexions sur un ultimatum |
2008-06-29 - Nemo - leforumcatholique.org |
J'ai pris il y a un peu plus de deux mois la décision de n'écrire sur le forum que lorsque ma conscience me le dicterait, c'est à dire rarement. Voyant que ce pauvre Mgr Fellay se voit accuser des pires méfaits aujourd'hui, n'étant pas un fidèle habituel de la SSPX, et au vu des informations imprécises dont je dispose, je voudrais expliquer pourquoi je pense que se soumettre à un ultimatum du Cardinal Castrillon Hoyos serait très préjudiciable à l'Eglise. Tout d'abord, je ne peux admettre que Mgr Fellay ait dit publiquement devant des fidèles que le Pape est un libéral.Pas plus que je ne pourrais admettre qu'un quelconque évêque catholique dise que le Pape est un intégriste. On peut critiquer un acte malheureux du Souverain Pontife mais pas faire une attaque ad hominem. Et surtout pas devant des fidèles. Même si je pense qu'en effet certains actes du Pape actuel relèvent du libéralisme. Celà mérite réparation de la part de Mgr Fellay. En revanche je ne peux comprendre la forme d'un ultimatum. Quand l'Eglise célèbre un mariage, elle est très pointilleuse sur le fait qu'aucun des mariés n'est sous le coup d'une contrainte quelconque, sinon elle constaterait plus tard l'invalidité. Si Monseigneur Fellay et la Fraternité doivent apparaître un jour à côté du Pape, c'est mus par l'amour et non sous la contrainte. Du reste j'ai du mal à comprendre que demain l'on puisse avoir soit une SSPX schismatique et hérétique, soit au contraire en pleine communion. Le grave constat que l'on pourrait faire demain ne peut porter sur une semaine de vie de la Fraternité (et de ceux qui la suivent), sur une lettre signée ou pas par une personne, fut-elle le supérieur. Ensuite je ne vois pas l'intérêt pour nous de voir arriver une quatrième roue au carrosse Ecclesia Dei sous la forme d'une SSPX soumise. La spécificité de la SSPX est autre. N'en déplaise à un de mes amis prêtres de l'IBP qui écrit beaucoup ces jours-ci, la situation de son institut n'est pas merveilleuse : ils sont très ouvertement et officiellement exclus par l'archidiocèse de Paris et célèbrent dans une ancienne crêmerie qui leur coûte bien cher. Les déclarations récentes du Cardinal Castrillon en pleine ordination de la FSSP et devant des millions de téléspectateurs demandant aux jeunes prêtres de concélébrer le nouveau rite nous font penser qu'il est prématuré de crier victoire. Nous ne savons pas non plus quelles modifications seront suggérées au missel de 1962 (calendrier, préfaces). L'avant-goût du vendredi-saint (salué à nouveau exclusivement par l'IBP, j'espère pas par opportunisme) me laisse perplexe. Non, le terrain est encore trop mouvant. Les instituts ED aussi bien que la SSPX ont encore du travail à faire avant que la pleine confiance puisse revenir, ce que l'on peut appeler la communion parfaite. C'est ce que la SSPX veut dire quand elle parle de résoudre les problèmes de fond avant de s'occuper de la forme. Enfin, dernier argument, l'Eglise pose-t-elle des ultimata à nos frères séparés et les menace-t-elle ? Alors pourquoi cette forme d'inquisition interne qui risque de retarder gravement des accords qui avançaient sûrement, et de jeter le discrédit sur toute la Tradition, au grand plaisir de nos ennemis ? J'avoue être blessé par maladresse. En ce jour de Saint-Pierre et Saint-Paul, je ne peux m'empêcher de méditer sur les différents qui avaient opposé ces deux grands piliers du catholicisme et je m'associerai à la prière de tous pour que le Saint-Esprit n'oublie personne. |
S. Exc. Mgr Bernard Tissier de Mallerais - par Ennemond |
2008-06-29 - leforumcatholique.org |
Mgr Tissier de Mallerais a été l'objet d'une double prise à partie ces derniers temps, d'un côté par M. l'abbé Philippe Laguérie, de l'autre par un canal sédévacantiste qui a l'habitude de véhiculer des informations non vérifiées. L'un et l'autre se trompent profondément - quand je vous dis profondément c'est vraiment un abîme - sur la pensée de l'évêque. Mgr Tissier de Mallerais a toujours eu une position assez tranchée. Il a toujours ouvertement critiqué les changements romains, n'hésitant pas, parfois - même avant 1988 - à parler de "nouvelle religion" pour qualifier des pratiques qui appraissaient - il faut le dire - invraisemblables. Parallèlement, celui qui fut l'un des premiers prêtres de Mgr Lefebvre a toujours eu une position relativement modérée sur la pratique, en particulier sur les accords. Il faut se rappeler qu'il fut l'un des deux négociateurs - avec l'abbé Laroche - du protocole de mai 1988. En face d'eux se s'étaient présentés deux prêtres proches du cardinal Ratzinger, dont l'abbé Tarcisione Bertone... Puisque, d'ailleurs, il l'a écrit lui-même, je me permets de vous rappeler sa position sur les sacres, lors des discussions qui ont précédées : "L'abbé Lecareux, les capucins, l'abbé Coache et l'abbé Tissier de Mallerais, se prononcent pour l'accord". [Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, p. 588] Les sédévacantistes ont l'habitude de trouver cette dualité totalement incompréhensible et illogique et n'en retiennent que l'aspect doctrinal chez Mgr Tissier. C'était pourtant l'une des caracatéristiques de Mgr Lefebvre que de soutenir cette dualité pour pouvoir demeurer en adéquation avec la réalité (constat sur les errements d'une part, fidélité à Rome, malgré tout, d'autre part). Mgr Tissier de Mallerais est en cela un digne héritier de celui qui l'a ordonné et sacré. Il refuse de rester muet face aux profondes altérations de la foi, notamment philosophiques ou théologiques. Parallèlement, il est un adversaire résolu du sédévacantisme. C'est, à la suite de Mgr Lefebvre, ce qu'on pourrait appeler "un pragmatique". Quant à l'abbé Laguérie, il l'a accusé de sédévacantisme pour avoir parlé de "Ratzinger" dans une conférence. Il faut préciser que Mgr Tissier de Mallerais parlait de l'auteur du livre de 1969, qui n'était alors que l'abbé Ratzinger. C'est comme si quelqu'un avait parlé de Teilhard, de Guérard ou d'Ottaviani sans utiliser leurs titulatures mais pour parler d'auteurs de livres. Notez d'ailleurs qu'il y a quelques mois, dans l'un de ses discours, le pape Benoît XVI n'a parlé que de Pacelli pour parler des premières années de son prédécesseur. Il faudrait être étonnamment tordu pour aller remettre en cause ses certitudes sur la validité du pontificat de Pie XII. Par conséquent, les deux sites qui ont parlé de Mgr Tissier de Mallerais ont tous deux fait une énorme erreur de jugement sur l'évêque. C'est mon avis. Il est loin d'être infondé. |
28 juin 2008
[Henri Tincq - Le Monde] Les intégristes rejettent l'ultimatum du Vatican
SOURCE - Henri Tincq - Le Monde - 28 juin 2008
Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X à Ecône (Suisse), chef des catholiques traditionalistes, a rejeté, vendredi 27 juin, l'essentiel du protocole adressé par le Vatican en vue de sortir du schisme. Sa réponse n'a pas été publiée, mais les réactions enregistrées dans le milieu intégriste, après la publication du texte de Benoît XVI assorti d'un "ultimatum" au 30 juin, indiquent que, malgré sa "main tendue", le pape doit essuyer un nouvel affront. Le chef des traditionalistes salue la volonté de conciliation exprimée par le pape, dans son motu proprio de juillet 2007 donnant un nouvel élan à l'ancienne messe en latin, et par le cardinal Castrillon-Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée de négocier avec les intégristes. Mais cela ne changera rien, assure-t-on à Ecône.
Le protocole adressé par Rome à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X exige le respect de la personne du pape et la renonciation à toute polémique. Mais pour les traditionalistes, les propositions faites sont "trop imprécises" et la méthode inadaptée à l'ampleur du désaccord doctrinal.
Lors d'une cérémonie d'ordination, vendredi 27 juin à Ecône, Mgr Alfonso de Galaretta, évêque argentin excommunié, a souhaité que les questions de fond (doctrine, liturgie, appréciation du concile Vatican II) soient abordées, avant les questions pratiques comme le futur statut juridique des traditionalistes réintégrés.
Pour Mgr Richard Williamson, autre figure schismatique, "l'obéissance au pape est un faux problème". "Nous reconnaissons son autorité, explique-t-il. Le problème, c'est la curie moderniste, fille du concile Vatican II". Ainsi dénonce-t-il la liturgie moderne et d'autres réformes de Vatican II (1962-1965) comme "l'oecuménisme, la collégialité, le modernisme et surtout le dialogue interreligieux (avec les juifs et les musulmans)". Il pose comme condition l'élimination " complète du missel de Paul VI", celui de la messe dite moderne. "L'Eglise est en guerre, conclut l'évêque intégriste, et je souligne le mot "guerre", entre le traditionalisme sain et le modernisme post-conciliaire".
Henri Tincq Article paru dans l'édition du 29.06.08
Le protocole adressé par Rome à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X exige le respect de la personne du pape et la renonciation à toute polémique. Mais pour les traditionalistes, les propositions faites sont "trop imprécises" et la méthode inadaptée à l'ampleur du désaccord doctrinal.
Lors d'une cérémonie d'ordination, vendredi 27 juin à Ecône, Mgr Alfonso de Galaretta, évêque argentin excommunié, a souhaité que les questions de fond (doctrine, liturgie, appréciation du concile Vatican II) soient abordées, avant les questions pratiques comme le futur statut juridique des traditionalistes réintégrés.
Pour Mgr Richard Williamson, autre figure schismatique, "l'obéissance au pape est un faux problème". "Nous reconnaissons son autorité, explique-t-il. Le problème, c'est la curie moderniste, fille du concile Vatican II". Ainsi dénonce-t-il la liturgie moderne et d'autres réformes de Vatican II (1962-1965) comme "l'oecuménisme, la collégialité, le modernisme et surtout le dialogue interreligieux (avec les juifs et les musulmans)". Il pose comme condition l'élimination " complète du missel de Paul VI", celui de la messe dite moderne. "L'Eglise est en guerre, conclut l'évêque intégriste, et je souligne le mot "guerre", entre le traditionalisme sain et le modernisme post-conciliaire".
Henri Tincq Article paru dans l'édition du 29.06.08
La grâce de Pierre |
28 juin 2008 - Jean Madiran - present.fr |
Yves Chiron est principalement un historien. Et pour lui, l’histoire est un récit que l’on raconte, notamment une biographie, l’histoire d’une vie. L’histoire, ce n’est pas un ensemble d‘études abstraites, « thématiques », comme « Les variations de la conscience de classe chez les agriculteurs du Poitou au XIe siècle » ou comme « La mortalité infantile comparée dans les pays européens de la Renaissance ». Raconter une histoire, commenter un texte sont les deux fondements d’une éducation intellectuelle (et d’abord du catéchisme). En ces deux matières, Yves Chiron est devenu un maître. Paul VI est mort il y a trente ans, un 6 août : l’espace d’une génération. Pour ce trentenaire, Yves Chiron nous donne, aux éditions Via Romana, une « édition révisée et complétée » du Paul VI, le pape écartelé qu’il avait publié en 1993. Dans ses travaux, l’histoire des papes apparaît de plus en plus comme l’une de ses spécialités, il a écrit un Pie IX en 1995, un Pie X en 1999 et un Pie XI en 2004. Le pontificat de Paul VI fait l’objet de contestations qui sont toujours présentes. Il a conduit et conclu le concile Vatican II. Il a subi plus qu’il n’a contrôlé la bourrasque, les dérives, les révoltes qui ont ravagé la liturgie, l’exégèse, le catéchisme, la théologie, la doctrine sociale. Yves Chiron nous promène au milieu de ces troubles avec une calme honnêteté, il mentionne tous les commentaires qui, surtout en matière religieuse, font partie de l‘événement, il cite toutes les sources, en tant que telles et selon leur valeur, des plus certaines aux moins crédibles ; réserve explicitement faite de ce que pourront un jour révéler les archives du saint-siège, ce n’est pas pour demain. C’est maintenant une certitude irréfragable : Paul VI a eu tort. Il a eu tort en matière grave. Un tort désormais reconnu. Il a interdit à tort la célébration de la messe romaine traditionnelle. Il l’a interdite d’abord indirectement, en 1969-1970, puis explicitement à partir du 24 mai 1976. Jusqu’au bout de son pontificat il a maintenu cet interdit avec une obstination et même, au témoignage de Jean Guitton, avec une hargne incroyables, manifestant une partialité passionnée. Sed contra : en plusieurs occasions d’une gravité parfois exceptionnelle, Paul VI surmonte cette partialité passionnée, il arrive à contredire ses tendances personnelles et il agit en souverain pontife. L’année 1968 en est l’exemple le plus significatif. Yves Chiron nous rappelle (p. 239 sq.) que sa proclamation du Credo, reprenant et développant les formulations du concile de Nicée, n’est pas une simple profession de foi personnelle, mais qu’il l’a voulue et présentée comme la profession de foi de l’Eglise, à l’encontre des catholiques qui se laissent prendre « par une passion du changement et de la nouveauté », – passion subie toute sa vie par Paul VI lui-même. Là-contre, il insistait : « L’intelligence que Dieu nous a donnée atteint ce qui est, et point seulement l’expression subjective des structures et de l‘évolution de la conscience » ; il récusait une « religion anthropocentrique » car « la religion doit être, par sa nature même, théocentrique ». C‘était une interprétation rectificatrice de son fameux : « Nous aussi, plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. » Ce fut aussi l’année de l’encyclique Humanae vitae où Paul VI, contre son sentiment personnel – et contre le sentiment de ses amis les plus proches et du milieu intellectuel et politique qui n’avait pas cessé d‘être le sien – réaffirmait sans hésitation ni équivoque la doctrine qui a toujours été et sera toujours celle de l’Eglise sur l’avortement, la stérilisation, la contraception, le mariage : « Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble que Dieu a voulu, et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation. » De telles contradictions donnent aux théologiens du grain à moudre sur les limites des défaillances du pontife romain. A partir de 1958, elles se sont montrées moins nombreuses qu’on ne le croyait jusqu’alors. Mais elles ont montré aussi ce qu’elles peuvent avoir d’infranchissable. Paul VI avait eu la juste grandeur de se présenter, dans le temple suspect de la communauté internationale, en disant : « Je suis Pierre. » Dans les deux occasions au moins de 1968, la grâce de Pierre ne lui a pas manqué. Elle a été efficace. JEAN MADIRAN Article extrait du n° 6620 de Présent, du Samedi 28 juin 2008 |
27 juin 2008
Transcription de l’interview donnée par Mgr Fellay à France3 à Écône le 27 juin 2008 |
27 juin 2008 - Mgr Fellay - transcription par le site virgo-maria.org |
Mgr Fellay : C'est un peu compliqué, je reconnais que je suis un peu perplexe devant ce qu'on appelle cet ultimatum, en fait c'est même, d'après ce qu'on peut savoir, c'est même Rome, enfin Rome, c'est de Rome qu'est sortie la nouvelle de cette histoire, j'ai l'impression que c'est plutôt une lassitude du côté de Rome à voir que les choses avancent trop lentement à leur goût, mais pas au nôtre, pour nous, nous sommes satisfait du déroulement des choses, nous sommes satisfaits du Motu Proprio, au moins disons fondamentalement, nous disons simplement eh bien passons au point suivant Mais quel est ce point suivant ? Mgr Fellay : Le point suivant c'était la question des excommunications. Et puis après nous proposions des discussions sur le fond, sur le fond, en disant, ça ne sert à rien de précipiter, dans l'Église, une grande partie de l'Église n'est pas du tout prête à recevoir, ni cette attitude, ni ce message, on le voit même au niveau du pape, le pape lui-même essaie de faire quelque chose, par exemple réintroduire la messe, il se fait, j'allais dire renvoyer dans ses buts, je le dis de manière un petit peu crue, mais disons quand on parle d'obéissance, il faudrait regarder qui obéit à qui. Pour vous aujourd'hui, régler la question des excommunications est un préalable aux discussions ? Mgr Fellay : C'était un préalable, voilà c'est ça. Si vous voulez au départ, en l'an 2000, nous avions dit à Rome, écoutez, nous avons besoin de la part de Rome d'un certain nombre de gestes, gestes qui montrent que Rome veut vraiment la Tradition, ce qu'on appelle la Tradition, c'est une manière de faire, une manière d'être qui était simplement la manière de vivre la catholicisme autrefois, et donc nous avons demandé des gestes qui allaient dans ce sens en disant 'donnez-nous ces gestes, et puis ensuite nous, nous sommes d'accord de bouger'. Alors bien sûr cela a pris un peu de temps, mais enfin on voit qu'il y a quand même une certaine réponse malgré l'opposition assez féroce dans certains pays, et donc, dans ce sens là, nous, non, nous ne voyons pas les choses d'une manière si tragique. Seulement bon, évidemment, quand on parle d'ultimatum, ça fait un peu froid dans le dos, un peu théâtral, on dit 'voilà, tout va craquer, tout est fini'. Franchement je ne le crois pas, éventuellement c'est une étape, éventuellement ça peut se terminer par un certain froid, pendant un moment, si les choses se passent mal, mais je ne sais pas, je ne sais vraiment pas comment Rome réagit à notre réponse. On peut envisager de deux manières cette situation, ça serait d'une manière un peu politique ou d'une manière beaucoup plus profonde. Si nous avons réagi comme nous avons fait, c'est un peu passer un feu rouge, si vous voulez, alors quand quelqu'un passe un feu rouge, vous avez deux manières de réagir, soit c'est le policier qui vous siffle, et qui vous donne l'amende en vous disant, ‘vous avez passé un feu rouge, je ne veux pas savoir pourquoi, il était rouge, vous avez passé’. Ou bien vous dîtes, j'avais une raison et si vous avez une raison de passer le feu rouge, ça veut dire que c'est quelque chose de sérieux, et notre position repose sur quelque chose de sérieux, et tant que on ne veut pas considérer ce sérieux, eh bien le feu rouge on va le passer quand même, si vous voulez. Et donc je ne crois pas, même si ça dure, bien sûr les gens peuvent se lasser un peu, mais je ne crois pas que les gens vont se dire, vont capituler, si vous voulez. Il y a un sentiment de frustration, même d'injustice, devant ce fait. Il faut aller au fond des choses, c'est ce que nous disons, on ne résoudra pas ce problème sans aller au fond des choses. Qu'est-ce qu'il faut aujourd'hui, c'est la levée des excommunications ? C'est un débat dogmatique ? Qu'est-ce qu'il faut aujourd'hui pour que vous ayez le sentiment que Rome est vraiment dans une posture d'ouverture ? Et de vrai désir de vous voir revenir en son sein ? Mgr Fellay : Je distingue le fait que le Saint-Père accorde ce Motu Proprio, c'est bien un geste d'ouverture, il faut le reconnaître comme cela, il y a une volonté là, mais il n'est pas partagé par toute l'Église, et donc c'est à dire que la manière dont le pape doit souffrir à cause du Motu Proprio est pour nous une preuve de plus qui indique combien le problème est sérieux. Si même le pape doit souffrir d'un geste envers la Tradition, eh bien il faut bien penser que nous on souffre tous les jours cette peine. Et donc évidemment on attend un soutien, on dit 'si vous voulez que les choses aillent bien, on a besoin d'être soutenu', parce que sinon c'est du suicide. Mais qu'est-ce que peut faire le pape, les pays que vous citez c'est la France évidemment qui ne veut pas entendre parler de... Mgr Fellay : Ce n'est pas que la France Moi je prenais l'exemple de la France, qu'est-ce que le pape peut faire finalement face à des catholiques pratiquants français qui ne veulent pas entendre parler de la messe en latin, que peut-il faire ? Mgr Fellay : C'est pour cela que nous disons qu'on ne peut pas tout faire à la fois, il faut créer un climat, il faut créer un climat, il faut qu'il y ait une ouverture sur la Tradition, se dire que la vie traditionnelle, c'était la vie de l'Église, avant il n'y en avait pas d'autre. Alors qu'on accepte que ce soit encore la vie de l'Église possible, et non pas à exclure a priori comme le font tant, ça c'est inadmissible, tant qu'on en est là évidemment nous on ne peut pas bouger, il faut d'abord créer disons ce climat si on peut dire d'accueil sur le passé. L'Église doit absolument réintégrer son passé. Lorsqu'on dit Tradition, ça vient du mot 'transmettre', ça veut dire que on l’a reçu de quelqu'un d'autre, donc la manière dont le catholicisme était vécu au temps des apôtres, au Moyen-âge, dans les temps modernes, au XIX° siècle, même au XX° siècle, vous avez des constances dans cette manière de vivre la Foi d'une part, on croit, et cette Foi suit toute une manière de vivre, alors évidemment dans certaines circonstances, vous verrez des détails qui changeront, mais le fond reste le même, si vous voulez, ce qui était vertu de justice au temps de Notre Seigneur est encore aujourd'hui vertu de justice, ce qui était un péché de mensonge au moment de Moïse, est encore aujourd'hui un mensonge. Donc il y a des choses qui sont constantes et ces choses là qui ont été transmises de Notre Seigneur jusqu'à aujourd'hui, devront l'être jusqu'à la fin des temps, et c'est ça qu'on appelle la Tradition. Je crois qu'il y a un gros problème au niveau des termes, parce que lorsque l'on dit liberté religieuse, lorsque l'on dit liberté de conscience, on peut dire deux choses totalement différentes. L'une c'est de dire, j'ai le droit de penser ce que je veux, ma conscience c'est le juge suprême sur toutes les choses morales, et ça c'est inacceptable parce que il y a quelque chose d'objectif, dans la morale, il y a quelque chose d'objectif, dans la connaissance il y a quelque chose d'objectif, et si la liberté religieuse, la liberté de conscience reposent sur l'objectif, alors là nous sommes d'accord. Le principe même de notre action, de notre réaction c'est que il n'y a qu'une vraie Église, c'est l'Église catholique à laquelle nous tenons, si nous défendons cette position, c'est parce que nous sommes attachés à l'Église, ça semble un peu contradictoire, mais quand on nous dit schismatiques, ça nous sort de la tête, schismatique, c'est celui qui veut se séparer de l'Église, nous c'est le contraire, on ne veut pas se séparer de l'Église, et on dit l'Église ne peut pas se séparer de son passé non plus. Et donc c'est une attitude totalement anti-schismatique que nous avons, et donc ça ne me fait pas peur, si vous voulez et donc même si actuellement il y a des froids, à un certain moment forcément on va se retrouver, et au bon endroit, c'est-à-dire dans le vrai et dans le juste. Vous vous pensez qu'à terme vous pouvez avoir une place dans l'Église avec votre Tradition qui côtoierait l'Église post-Vatican II ? Comment vous voyez votre avenir au sein de l'Église ? Mgr Fellay : Moi je vois l'Église qui revient sur ses rails, je vois Vatican II, je veux dire ce qu'on appelle Vatican II, c'est-à-dire l'introduction d'une vie moderne, qui est en fait étrangère à l'Église, jusqu'en 1960, ce n'était pas l'Église et bien je vois qu'à un certain moment l'Église forcément va abandonner cette voie pour revenir sur les rails normaux de l'Église, c'est comme cela que je le vois, même si aujourd'hui cela semble totalement utopique, il n'y a pas d'autre solution parce que la vérité est une, et elle repose sur Notre Seigneur, Notre Seigneur c'est Lui qui a fondé l'Église, qui lui a donné tous ses principes, son but, ses moyens, on est forcément obligé d'y revenir, sinon l'Église n'est plus l'Église Donc pour vous, il ne s'agit pas de négocier un espace au sein de ce qui existe aujourd'hui mais bien d'être dans un débat doctrinaire, et de ramener l'Église dans la vérité que vous pensez être la vérité ? Mgr Fellay : Ce n'est pas nous qui sommes cette vérité, encore une fois elle nous dépasse, c'est celle de tous les saints, c'est celle de tous les Papes, c'est pas un petit moment, ce petit moment doit forcément être inscrit dans l'ensemble de l'Église et c'est ce que nous demandons à l'Église, certainement. |
Nouvelle ordination de prêtres à Ecône |
27 juin 2008 - france3.fr |
En 1988, Mgr. Lefebvre consacre des évêques alors que Rome le lui interdit. Immédiatement, ils sont excommuniés. Depuis les intégristes vivent en dehors de l’église romaine. Ils considèrent que l’homme n’a pas de liberté en dehors de Dieu, sont opposés au dialogue interreligieux et considèrent l’évangélisation comme l’un de leur devoirs. Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI tente de les convaincre d’accepter de revenir dans le giron de l’église romaine. Il veut absolument éviter la dissolution de l’unité de l’église et souhaite ainsi ramener 130 000 fidèles dans une église en pleine crise. Les intégristes lui ont répondu lors de cette journée d’ordination. Ils refusent la main tendue et attendent que l’église abandonne Vatican II et revienne à la "Tradition"...A Ecône en Suisse, dans le séminaire créé par Monseigneur Lefêbvre, l'ordination d’une quinzaine de prêtres et de diacres. - VIDEO |
Le dernier des Mohicans n’est pas seulement français ! |
27 juin 2008 - lettre 115 - paixliturgique.com |
Nous reproduisons ci-dessous une information étonnante reçue de nos amis canadiens du diocèse de Chicoutimi... Canada : Un évêque s’oppose au Motu Proprio Résumé : L’évêque de Chicoutimi, Mgr André Rivest, s’oppose à la messe tridentine et n’appliquera pas le Motu Proprio Summorum Pontificum dans son diocèse, et ce malgré la demande adressée par 130 fidèles au curé de la paroisse du Sacré-Cœur... L’évêque de Chicoutimi, Mgr André Rivest, s’oppose à la messe tridentine et n’appliquera pas le Motu Proprio Summorum Pontificum dans son diocèse, et ce malgré la demande adressée par 130 fidèles au curé de la paroisse du Sacré-Cœur, Mgr Jean-Roch Gaudin. Ce dernier expose dans sa feuille paroissiale les bonnes raisons (ou les mauvais prétextes) de ne pas appliquer le Motu Proprio. En voici les extraits les plus significatifs (c’est nous qui soulignons) : « (…) Il y a un mois, une pétition signée par 100 personnes (en réalité 130) m’a été présentée, me demandant l’autorisation d’avoir une messe une fois par mois sous la "forme extraordinaire", dans une des trois églises de la paroisse, de préférence à l’église du Christ-Roi. Selon le Motu Proprio du Saint-Père, j’avais le pouvoir d’autoriser cette requête.Et le curé de conclure : « Après avoir consulté mon équipe pastorale, je suis totalement en accord avec la position de Mgr Rivest qui m’a demandé de vous faire part de sa décision. Je n’autorise donc pas la célébration de la messe sous sa "forme extraordinaire" dans la paroisse Sacré-Cœur », tout en renvoyant « les personnes qui désirent avoir une telle messe » à une église de la ville de Québec, à 200 km de Chicoutimi.Et pour couper court à toute tentative de recours auprès de la Commission Ecclesia Dei , comme le prévoit le Motu Proprio, Mgr Gaudin répond par avance : « Ce n’est pas le Pape qui est le premier responsable pastoral et de la liturgie du diocèse, mais l’évêque. Et les Papes ont l’habitude de respecter cette responsabilité, à moins de raisons très très très graves. Le Pape n’interviendra sûrement pas sur ce dossier et n’obligera sûrement pas notre évêque à offrir une messe tridentine dans le diocèse. Il lui demandera seulement des informations supplémentaires et il le respectera dans sa décision. L’évêque aura perdu du temps inutilement ".Réflexions de Paix Liturgique - Un premier constat : pour beaucoup d’entre nous, Chicoutimi n’était pas un nom connu… Aujourd’hui grâce à son évêque, la ville est en quelques sorte devenu célèbre comme capitale emblématique de la haine, de l’exclusion et de l'obscurantisme du monde moderne. Que nos cousins et amis canadiens se rassurent, ce n’est pas une critique à leur égard; nous pensions naïvement que l'Eglise qui est en France, avec ses vieux démons de gallicanisme et d'indépendance vis-à-vis de Rome, était le théâtre le plus représentatif de l'apartheid liturgique, vestige des temps révolus. Il faut croire que la France n'est donc pas la seule concernée... - Remarquons encore une fois les fruits caractéristiques , mainte fois constatés ,de ceux qui se réclament de "l'esprit du Concile" : l’intolérance, le non-dialogue et l’exclusion. - Il s'agit là d'un exemple extraordinaire d’un autoritarisme qui nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire religieuse : heureusement que l’Inquisition n’existe plus et que les bûchers sont éteints sinon gare à nous, à nos familles et à nos enfants ! Avec de tels comportements, on comprend mieux pourquoi des chrétiens, par le passé, ont pu en arriver aux guerres de religion... Bel exemple à méditer que nous donne tristement Mgr André Rivest. - Tirons cependant une leçon positive de ce terrible exemple de Chicoutimi ! Là-bas comme ailleurs, il ne fallait pas être "délicat" ou "conciliant" et tenter de regrouper les familles dispersées pour solliciter une célébration « raisonnable » et « pacifiante » mais au contraire se montrer « légaliste » et faire des demandes dans toutes les paroisses concernées ( Cela éviterait par exemple qu'un curé puisse dire après cela " mais moi je n'ai pas eu de " demande formelle") : voici la leçon nous saurons en tirer les conséquences. Sylvie Mimpontel Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église. |
Sermon prononcé par S. Exc. Mgr Alfonso de Galarreta, lors des ordinations du 27 juin 2008 à Ecône |
27 juin - dici.org |
Excellences, Chers Confrères, Chers Ordinands, Mes bien chers Frères, Lorsque l’on considère quelle est la pensée de la sainte Église sur le sacerdoce, que ce soit dans les saintes Écritures, spécialement dans saint Paul, ou dans la Tradition, pensée qui est comme condensée dans le Pontifical Romain, on constate combien il est vrai que Mgr Lefebvre, notre saint fondateur, a été le serviteur fidelis et prudens, fidèle et prudent ; et l’on pourrait bien ajouter : fort, vaillant, lui qui n’a fait autre chose que de nous transmettre avec fidélité ce qu’il avait reçu de la sainte Eglise, c’est-à-dire le vrai sacerdoce catholique. Et cela est vrai à tel point que, pour nous, il suffit de vivre ce qu’il nous a transmis, vivre ce que nous avons reçu, et plus précisément, vivre ce que nous sommes. La sainteté sacerdotale, c’est tout simplement de vivre ce que nous sommes. Je voudrais donc vous parler de cet enseignement que nous avons reçu, de ce sacerdoce, non pas évidemment d’une façon exhaustive, mais dans ses éléments essentiels, dans ce qui me semble être ses éléments essentiels. Le prêtre est ordonné au Saint-Sacrifice de la Messe Et tout d’abord, le prêtre par son sacerdoce est ordonné au sacrifice, au Saint-Sacrifice de la Messe. Le prêtre est avant tout l’homme du culte de Dieu, l’homme consacré et établi afin de rendre au vrai seul Dieu le vrai culte. Il est établi aussi comme médiateur, intermédiaire entre Dieu et les hommes, tout spécialement pour offrir des prières et des sacrifices. Il est surtout et essentiellement l’homme du Saint-Sacrifice. Il n’y a pas de sacerdoce, il n’y a pas de prêtre sans le Saint-Sacrifice de la Messe. L’apôtre saint Paul dans l’Epître aux Hébreux le dit d’une façon très claire : « Car tout Pontife pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices, dona et sacrificia, pour les péchés.» (Hebr, 5, 1-3). Et après avoir montré que le prêtre doit compatir aux pécheurs, c’est-à-dire qu’il doit avoir des sentiments de compassion et de miséricorde vis-à-vis des pécheurs, car lui-même est revêtu de faiblesse, l’apôtre insiste : « C’est pour cela qu’il doit offrir pour lui-même ainsi que pour le peuple des sacrifices pour les péchés ». Il me semble que nous réalisons cela d’une triple façon. Cela signifie tout d’abord que nous devons faire de la sainte messe le centre, le cœur de notre vie spirituelle, de notre vie sacerdotale, de notre vie tout court. Et que c’est de la messe, de la sainte messe, et de la célébration de la sainte messe que nous devons puiser, tirer toutes les grâces de sanctification personnelle et de sanctification des fidèles. C’est-à-dire aussi que le principal moyen d’apostolat pour nous, prêtres, c’est la sainte messe. C’est bien cela que nous a transmit Mgr Lefebvre. Ensuite, il faut que nous accomplissions cette tâche de médiateur par la prière. Il y a une médiation du prêtre, par la prière, aussi bien publique que privée. Bien sûr, par la liturgie, cela est clair, mais aussi par la vie de prière personnelle, privée. Le prêtre est ordonné à une médiation entre Dieu et les hommes. Autrement dit, c’est une prière de demande, d’intercession, de médiation, de réparation, d’expiation, surtout de propitiation. Notre Seigneur lui-même a dit aux apôtres, dans l’Évangile selon saint Jean : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis, et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jean, 15,16). Et Notre Seigneur ajoute : « … afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne ». Donc il y a bien un office d’intermédiaire par la prière. Puissant office que cette fonction du prêtre, semblable à celle de Moïse, par exemple dans l’Ancien Testament, quand il a obtenu le pardon du peuple, par sa prière, ou quand il a obtenu la victoire dans la bataille, dans la mesure où il a prié pour le peuple. Un pouvoir semblable à celui d’Élie, d’ouvrir ou de fermer le ciel, les grâces du ciel. C’est Notre Seigneur lui-même qui nous a donné l’exemple. Mgr Lefebvre parlait de Notre Seigneur comme du « grand priant ». Il est le modèle de prière sacerdotale par excellence. Et la prière sacerdotale par excellence, c’est la sainte messe, encore. C’est donc bien l’exemple que nous avons reçu de Notre Seigneur, la médiation afin de rendre Dieu propice, pas seulement pour l’Église, pour les chrétiens, pour le Corps mystique, mais pour le monde. Comme le signale saint Jean Chrysostome, nous sommes constitués afin de prier pour tout le monde. C’est donc la sainte messe et le sacrifice de la messe qui doit être comme le modèle et l’âme de la prière sacerdotale. Et nous réalisons ce premier aspect essentiel en nous conformant à Notre-Seigneur Jésus-Christ prêtre et victime. Il y a là une identification qui est requise, une conformité croissante dans notre vie sacerdotale. Imitamini quod tractatis - c’est le Pontifical Romain qui le dit - : « imitez ce que vous traitez ». Imitez donc Notre Seigneur dans la sainte messe. Or Notre Seigneur dans la sainte messe est le prêtre. Il est l’oblation. Il est le sacrifice. Il est la victime. Donc il y a une double imitation. Nous devons chercher à ressembler chaque jour davantage à Notre Seigneur prêtre, dans sa sainteté, dans la recherche qu’Il a tout le temps de la gloire de Dieu : tout est ordonné à la gloire du Père. Il nous faut l’imiter dans son souci du salut des âmes, et dans sa miséricorde. Sainteté, gloire de Dieu et miséricorde. Mais nous devons aussi nous conformer à Notre Seigneur, victime, oblation, sacrifice. Or le sacrifice implique toujours une destruction, en particulier dans l’holocauste. Il y a forcément une destruction, une mort, mystiquement parlant, surtout à la messe. C’est surtout dans l’exemple de la messe que nous devons puiser cet esprit qui est le vrai esprit sacerdotal. Et - pour traduire cela en mots simples - c’est là qu’il faut accepter les souffrances joyeusement et volontiers, les adversités, les difficultés, les incompréhensions, les misères…, la liste des malheurs de l’homme est très longue. Et c’est bien cela qu’il faut assumer, nous devons accepter avec résignation de souffrir la Croix. On ne peut pas éviter de ressentir la Croix comme une croix, sinon ce n’est plus une croix, mais il s’agit de l’unir à celle de Notre Seigneur, de la vivre en Lui, pour tous les biens dont nous avons besoin, pour les pécheurs et pour la sainte Eglise. Je pense que c’est là le sommet de la vie sacerdotale, c’en est la fleur, ou le fruit, plutôt. Le prêtre est ordonné à la prédication de la Vérité dans son intégralité et sa pureté Le deuxième élément essentiel au sacerdoce est la prédication de la Vérité. Notre-Seigneur Jésus-Christ est la vérité même. « Je suis la Vérité » (Jean, 14,6) . Et Il est venu en ce monde afin de rendre témoignage de la Vérité. Comme Il le dit devant Thomas. Et la sainte Église catholique est la colonne et le soutien de la Vérité. Il s’ensuit que c’est une tâche essentielle du prêtre que de prêcher la Vérité. Le prêtre doit donc s’y préparer. Il doit être capable ou il doit se rendre capable d’enseigner la Vérité. Et il doit se consacrer à la prédication. Pour saint Paul, être apôtre, c’est essentiellement prêcher, enseigner. C’est être un docteur, un messager, un héraut qui proclame toujours la parole de Dieu - ce sont ses propres mots : la parole de Dieu, la parole de Vérité, les saintes paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les paroles de la Foi, la sainte Doctrine. Et c’est bien l’exemple que nous a donné Notre Seigneur. Sa vie publique est une vie de prédication, d’enseignement, de révélation de la Vérité aux âmes. Et c’est même son commandement : « Allez et enseignez toutes les nations » (Matt., 28,19). C’est-à-dire tous les hommes. Et cette prédication doit être fidèle. Ce qui est requis dans l’exercice de ses devoirs, c’est la fidélité. Ce que l’on demande au ministre, c’est qu’il soit fidèle. Un ministre doit être fidèle à son ministère, à ce qu’on lui demande de transmettre. Or être fidèle, cela veut dire d’abord prêcher l’intégralité de la Doctrine, et ensuite enseigner cette doctrine dans toute sa pureté. Donc vous voyez : toute la Foi, rien que la Foi. On ne peut rien ajouter, ni rien retrancher. Et cette prédication, intégrale et pure, doit être nécessairement celle de la Tradition. Il faut prêcher selon l’enseignement de la Tradition, selon la prédication traditionnelle, qui est le critère et la norme de la Foi. Le principal et le premier critère de la Foi. C’est ainsi que saint Paul le donne : « Nous ne sommes pas comme beaucoup qui frelatent, qui adultèrent la parole de Dieu, mais c’est en toute pureté, comme de la part de Dieu, devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons » (II Cor., 2,17). Il est justement fier de ne pas adultérer la Foi. Et il dit aussi à Timothée : « Aie comme modèle les saintes paroles que tu as entendues de moi dans la Foi et la Charité du Christ » (II Tim., 1,13-14), l’enseignement pur, parfait. Et il ajoute : « Garde le précieux dépôt de la Foi, par le Saint-Esprit, qui habite en nous ». Donc le prêtre reçoit le Saint-Esprit, tout spécialement par le sacerdoce, afin de garder cet enseignement, cette Tradition, et afin de l’enseigner, de le prêcher. Ce sont bien là les critères de catholicité. Rappelez-vous les paroles de saint Paul dans l’Épître aux Galates : « Si quelqu’un, fût-ce moi-même, ou un ange du Ciel… » ; donc si n’importe qui, que ce soit un prêtre, un évêque, un cardinal ou un pape, « vous annonce un Évangile différent de celui que nous avons annoncé, que vous avez reçu, qu’il soit anathème » (Gal., 1, 8). Le critère de la Foi catholique et de la prédication du prêtre, c’est la Tradition. La conformité avec la Tradition de l’Église catholique. Et nous faisons toujours appel à cette vérité. C’est cela qui fait notre force. Nous ne faisons pas un magistère « au-dessus du magistère du pape ». Nous faisons appel au magistère des papes et à l’enseignement constant, à la Tradition de l’Église catholique, qui est au-dessus de nous et qui est au-dessus du pape. Ensuite, le prêtre doit aussi prêcher et enseigner avec autorité, avec force - qualité essentielle de la prédication. Cela ne veut pas dire, évidemment, avec violence ni agressivité. Cela veut dire « force », être fort. Saint Thomas dit bien que le prêtre doit prêcher et enseigner avec autorité, parce qu’il est l’instrument, le ministre de Dieu. Donc, il a l’autorité, il est revêtu de l’autorité de Dieu pour cet office. Alors, il doit non seulement enseigner la Doctrine, il doit non seulement exhorter les fidèles, - les exhorter au bien, à la pratique du bien -, mais il doit aussi corriger les fautes et les déviations, que ce soit en dénonçant le mal ou en blâmant les fautifs. Et si c’est une question de Foi, une question doctrinale, il est obligé de faire une réfutation solide. Saint Paul souligne : « … capable de convaincre ou confondre les contradicteurs ». De convaincre ou de faire taire les contradicteurs. Il le dit à Tite : « Dis ces choses, exhorte et reprends avec toute ton autorité » (Tit., 2, 15). Et il lui dit aussi : « … le prêtre doit être fortement attaché aux paroles authentiques, telles qu’elles ont été enseignées, afin d’être capable d’enseigner la sainte Doctrine et de confondre les contradicteurs de la Foi » (Tit ., 1, 9). Ce sont les paroles de saint Paul à Tite. Donc, il est inhérent à cette obligation de prêcher de défendre les fidèles de toute contamination doctrinale. Le prêtre doit lutter contre les erreurs et contre les faux docteurs, contre les hérésies et contre les hérétiques. Car il est le gardien des vérités de Foi, mais il est aussi le gardien du bien des âmes ; et leur premier bien est justement cette Vérité en eux, la Foi catholique. Saint Paul est très formel à ce sujet. Rappelez-vous : « Je t’adjure », dit-il à Timothée, « devant Dieu et devant Notre-Seigneur Jésus-Christ : prêche la Parole, insiste à temps et à contretemps ; exhorte, convaincs, reprends, en toute longanimité et doctrine ( II Tim., 4,1-2). Bien sûr qu’il faut de la patience vis-à-vis des fidèles ou des fautifs pour les corriger, mais il ne parle pas de cela seulement. Il dit qu’il faut le faire avec patience, parce que c’est difficile, c’est une souffrance, c’est un combat. Il annonce - c’est son testament spirituel - que viendront des temps où les hommes, les catholiques même se détourneront de la vérité et tourneront leurs oreilles vers des fables. C’est là que le prêtre doit être vigilant. « Endure la souffrance. Remplis ton ministère. Fais œuvre d’évangéliste » (II Tim., 4, 3-5). C’est bien un devoir que cette défense de la Foi et des âmes. On doit donc dénoncer les erreurs, les hérésies, mais aussi les fauteurs d’erreurs et d’hérésies. Cela suppose évidemment de la force. Dans la mesure où le combat dure, où la crise perdure, c’est surtout notre patience et notre force qui sont mises à l’épreuve. C’est pour cela que saint Paul dit à Timothée : « Et toi, homme de Dieu, combats le bon combat de la Foi » (I Tim., 6, 11-12). C’est un bon combat pour l’apôtre des Gentils, ce n’est pas un mauvais combat. Mais il faut se battre, il faut lutter. Et pour cela, il faut que nous soyons forts dans la Foi. Saint Paul nous rappelle à travers Timothée que par l’imposition des mains, nous n’avons pas reçu un esprit de timidité, c’est-à-dire de crainte, « mais un esprit de force, de charité et de sagesse » (II Tim.,1,7) . Il dit d’abord « de force ». Le prêtre est ordonné au règne de Notre Seigneur sur les personnes et les institutions Le troisième élément essentiel, c’est que le sacerdoce est tout entier ordonné à Notre-Seigneur Jésus-Christ, tout ordonné à faire régner Notre Seigneur. « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, lequel est le Christ Jésus » (I Cor., 3, 11). Encore des paroles de saint Paul. Autrement dit, on ne peut pas chercher à bâtir cet édifice mystique qu’est l’Eglise catholique en dehors du seul fondement qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et celui qui bâtit sur un autre fondement, bâtit un édifice purement humain et, comme nous le voyons aujourd’hui, humaniste. Donc tout d’abord, le prêtre doit fonder tout son sacerdoce, toute sa vie, tout son apostolat, sur Notre-Seigneur Jésus-Christ comme base essentielle. Et en même temps, Notre Seigneur doit être la fin de tous ses efforts. Car nous sommes constitués pour « omnia instaurare in Christo, tout restaurer dans le Christ » (Eph., 1, 10). Tout restaurer, tout instaurer, tout réunir - comme dit le grec -, en Notre-Seigneur Jésus-Christ. La fin de l’apostolat, la fin du sacerdoce, la fin de la sainte Eglise, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est de tout fonder sur Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est de s’inspirer de Notre Seigneur en tout. Le prêtre ne peut avoir d’autre désir, d’autre volonté que de consacrer sa vie, toute sa vie, tous ses efforts, tout son travail à faire que Notre-Seigneur Jésus-Christ soit tout, en tout et en tous. Je voudrais le dire comme saint Augustin : Notre Seigneur doit être tout, en tout et en tous. Mais il faut que ce soit tout Notre Seigneur : sa doctrine, son sacerdoce, sa grâce, son sacrifice, sa royauté, son Eglise, sa très Sainte Mère. Tout Notre Seigneur. Ensuite il faut que ce soit Notre Seigneur pour tous, car il n’y a pas de salut en dehors de Notre Seigneur. Il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions nous sauver. C’est un don et en même temps une exigence. Notre Seigneur pour tous, pas seulement pour les catholiques ou pour ceux qui pratiquent bien leur culte. Non ! Notre Seigneur pour tous. Ensuite, il faut tout ordonner à Notre Seigneur : tout pour Lui. Saint Paul est clair : « Tout est à vous, vous êtes au Christ, et le Christ à Dieu » (I Cor., 3, 22-23). Voilà la volonté de Dieu, du Père : que tout soit ramené à Dieu, à Lui-même par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et nous, prêtres, nous ne faisons que coopérer à tout ramener à Dieu. C’est pour cela que Mgr Lefebvre résumait souvent notre position par ces mots de saint Paul : « Opportet Illum regnare, il faut qu’Il règne » (I Cor., 15, 25). Oui, il faut que Notre Seigneur règne. Et le sacerdoce est une œuvre de christianisation. Nos charges sont entièrement ordonnées à christianiser et à établir le règne de Notre Seigneur dans toute son étendue, aussi bien sur les individus que sur les institutions. Aussi bien l’un que l’autre. Evidemment, in quantum possumus, « dans la mesure où nous le pouvons » aujourd’hui. Mais nous sommes pour cette royauté tant sur les individus que sur les sociétés, et nous travaillons pour cela. Nous sommes pour la confessionnalité d’Etat qui est une conséquence du règne de Jésus-Christ. Nous sommes pour la royauté sociale de Notre Seigneur, et donc pour la confessionnalité d’Etat. Ce n’est pas une question simplement politique ; ce n’est pas une question d’opportunité : est-ce possible ou non ? Non, c’est une question de Foi ! « Opportet Illum regnare ». Déjà saint Grégoire le Grand le disait : Il y a des hérétiques qui nient la divinité de Notre Seigneur, d’autres qui nient l’humanité de Notre Seigneur, et d’autres encore qui nient la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Des hérétiques. Par les sacres, Mgr Lefebvre a voulu sauvegarder le sacerdoce catholique Vous voyez, mes bien chers Frères, cette simple description du sacerdoce et de ses éléments essentiels, met en évidence combien Mgr Lefebvre a été fidèle à nous transmettre le vrai sacerdoce catholique. Et cela met aussi en évidence la dérive à laquelle nous assistons de la part des autorités ecclésiastiques. Car il y a, chez elles, une radicale opposition par rapport à tout ce que je viens de dire. Et cela nous le constatons même aujourd’hui. Prenez, par exemple, le voyage du Saint-Père aux Etats-Unis. Il est, pour ainsi dire, typique. C’est un enseignement toujours sous-jacent qui s’applique à des degrés différents, selon les personnes et selon les circonstances. Nous ne disons pas qu’il ne prêche que l’erreur, qu’il prêche toujours l’erreur. Nous ne disons pas cela. Mais si l’on dégage les principes sous-jacents, nous trouvons justement cet esprit naturaliste, humaniste, qui n’est pas à proprement parler surnaturel, mais plutôt humain. Une vision humaine, où l’homme est le centre un peu de tout. C’est une prédication qui favorise la liberté de conscience et la liberté religieuse. Or c’est justement là le contraire de la christianisation qui consiste à tout ramener au Christ. Ici, tout est indépendant, l’homme est autonome, - que ce soit dans sa conscience ou que ce soit dans sa vie sociale. Oui, ces autorités romaines font une œuvre de déchristianisation diamétralement opposée à ces règles de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Qu’elles le veuillent ou non. Pourquoi ? Parce qu’elles adhèrent à des principes libéraux modernistes que l’Eglise a dénoncés depuis deux siècles. Elles n’ont qu’à lire les encycliques des papes précédents. En outre, on ne prêche plus la Vérité. On est en quête de la Vérité. Le principal moyen d’apostolat, c’est aujourd’hui le dialogue. Qu’est-ce que cela a à voir avec la vocation du prêtre qui doit prêcher, et prêcher la Vérité ? Qui doit enseigner selon la Tradition ! Nous voyons ainsi comment ce qui est vraiment la chaire de Vérité, de Sagesse, devient, dans le meilleur des cas une chaire de confusion, et dans le pire des cas une chaire d’erreur. C’est terrible ! Et c’est à cela que nous assistons ! Le sacrifice de la messe est diminué, estompé, obscurci au point qu’il devient même un obstacle à la Foi, à la Grâce de Notre Seigneur, et au véritable esprit catholique qui est fondé sur la Croix, sur le Sacrifice de la Croix. C’est terrible ! L’Ecriture dit, en parlant des enfants d’Héli : « Leurs péchés étaient très graves, car ils éloignaient les hommes du sacrifice » (I Rois, 2,17). Leurs péchés étaient graves, puisqu’ils ont été condamnés par Dieu. Et ils en sont morts. En tout cas, cela montre l’importance et la nécessité des sacres, il y a 20 ans. Car si nous avons posé cet acte des sacres, c’est justement pour la survie du sacerdoce catholique. Donc aujourd’hui, nous revendiquons ces sacres. Nous revendiquons cet acte, non pas comme s’il était une sorte de rébellion contre l’autorité du pape. Nous ne revendiquons pas cet acte dans son apparente désobéissance, mais en revanche nous le revendiquons dans sa résistance réelle à la démolition du sacerdoce, dans la mesure où nous avons posé cet acte simplement afin de sauvegarder le sacerdoce catholique. Et qui dit sauvegarder le sacerdoce, dit sauvegarder la Foi catholique et l’Eglise catholique. Voilà pourquoi nous revendiquons aussi la figure de S. Exc. Mgr Marcel Lefebvre. C’est dans ce contexte que sa figure émerge, avec la taille d’un géant. Car Monseigneur a été, ne l’oublions pas, le principal sauveur de la Tradition. Souvent l’on nous dit : « Vous êtes lefebvristes ». Et nous répondons toujours : « Nous ne sommes pas lefebvristes, nous sommes catholiques ». Mais je souligne quand même que nous sommes des disciples de Mgr Marcel Lefebvre, et nous en sommes très fiers. Il ne faut pas entrer dans la logique, dans la sémantique des ennemis. Bien sûr, « lefebvristes » est méprisant. Cela veut dire que nous serions catholiques parce que lefebvristes. Eh bien non ! c’est parce que nous sommes catholiques, et que Mgr Marcel Lefebvre était catholique, que nous sommes des disciples de Monseigneur. A l’inverse, aujourd’hui, les gens croient parce qu’ils obéissent. Ils n’obéissent pas parce qu’ils croient. Pour eux, ce n’est pas d’abord la Foi surnaturelle, c’est d’abord l’obéissance. Vous êtes catholiques si vous obéissez, et non pas si vous croyez. Or l’obéissance est une conséquence de la Foi. Si donc nous avons adhéré à ce sauveur de la Tradition, c’est parce qu’il était vraiment catholique. Mais cela étant précisé, nous revendiquons sa figure. Nous sommes très heureux d’avoir partagé ce combat, nous serons très heureux encore de continuer ce combat, et de partager les souffrances, les peines, les adversités et même les condamnations dont il a souffert. Nous n’avons pas honte de l’Evangile de Notre Seigneur. Nous n’avons pas honte de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas honte de la Foi catholique de toujours. Nous n’avons pas honte de l’Eglise catholique de toujours. Par conséquent, nous ne rougissons pas de Mgr Marcel Lefebvre. Nos rapports avec Rome doivent être envisagés à la lumière de la Foi catholique Cela m’amène à vous parler rapidement de la situation actuelle. Vous avez peut-être entendu dire, par ci, par là, que nous avions reçu un ultimatum de la part de Rome, de la part du Cardinal Castrillón. Je pense que c’est trop dire, un « ultimatum ». C’est trop dire. Il y a évidemment une volonté de nous émouvoir, de nous effrayer en mettant la pression dans le sens d’un accord purement pratique qui a été toujours la proposition de Son Eminence. Evidemment vous connaissez déjà notre pensée. Cette voie est une voie morte ; pour nous, c’est la voie de la mort. Il n’est donc pas question de la suivre. Nous ne pouvons pas nous engager à trahir la confession publique de la Foi. Il n’en est pas question. C’est impossible. Et nous ne pouvons pas, dans la mesure où nous voulons garder la Tradition et édifier ce bâtiment mystique qu’est l’Eglise, nous ne pouvons pas nous embaucher dans une entreprise de démolition. Vous réfléchirez sur tout ce que nous avons déjà dit. C’est impossible. Bien sûr, notre réponse à Rome va dans le sens de ce que nous avons déjà demandé, et que nous demandons depuis longtemps, à savoir les étapes avec les préalables, qui aboutiraient, éventuellement, à une discussion, à une confrontation théologique, - plus que théologique, une confrontation doctrinale, et plus que doctrinale, une confrontation avec les actes du magistère, et plus encore qu’avec les actes du magistère, avec la Foi. C’est la seule voie que nous sommes prêts à accepter. C’est la seule voie que nous demandons. Evidemment, la réponse de la Fraternité va dans ce sens-là, et elle ira toujours dans ce sens-là. Et maintenant que nous prépare l’avenir proche ? Je ne le sais pas. Je pense que le plus probablement tout cela aboutira à une pause, à une stagnation de nos contacts avec Rome. Moins probablement, à une déclaration, nouvelle, contre nous. Et moins probablement encore, au retrait du décret d’excommunication, avant une discussion sur la Foi catholique. Discussion, si l’on peut dire, comme je vous l’ai expliqué. Voilà. Je vous ai donné ces probabilités dans l’ordre décroissant, d’après moi, car c’est une conjecture simplement personnelle. Le secours de la Providence et la protection de la Sainte Vierge Pour terminer, je vous rappelle, chers ordinands et chers confrères, les paroles de Notre Seigneur avant de monter au Ciel, qui me semblent contenir des passages si beaux, paroles qui contiennent comme la quintessence de l’Evangile : « Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre » (Matt. 28,18). C’est le Christ Roi universel qui parle, le Maître de l’Histoire et de l’Eglise. « Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre ». « Allez donc, et enseignez tous les hommes, toutes les nations » (ibidem, v. 19), c’est bien le Christ Prêtre, Docteur de Vérité. C’est le Christ Vérité qui nous le dit : « les baptisant, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (v. 19). C’est bien le Christ Vie, le Christ Prêtre qui communique la grâce qui nous donne cet ordre de les convertir, de leur donner la grâce. « Leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé » (v. 20). « Tout ce que je vous ai commandé » absolument tout. C’est bien le Christ Législateur qui établit la morale et qui nous demande d’enseigner cela. « Ceux qui croiront et se feront baptiser se sauveront. Et ceux qui ne croiront pas, se condamneront, seront condamnés » (Marc 16,16). C’est le Christ Juge et Rémunérateur qui nous l’annonce. « Et voici que Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles » (Matt. 28, 20). C’est le Christ Sauveur, Rédempteur, le Christ Tête de l’Eglise. C’est le Sacré-Cœur de Jésus qui nous annonce son secours, dans sa Toute-Puissance et dans sa Miséricorde. Alors, nous n’avons rien à craindre. Il l’a dit lui-même aux apôtres : « Ne craignez rien ! J’ai vaincu le monde » (Jean, 16, 33). Et Notre Seigneur ne parle pas ici seulement du monde des mondains ; le contexte montre bien que dans ce « j’ai vaincu le monde », il inclut les autorités ecclésiastiques de l’époque, puisqu’il parlait un peu avant des Pharisiens et des Sadducéens. Autrement dit, Notre Seigneur a vaincu tous ses ennemis. Et nous, nous sommes au service de ce si puissant Seigneur, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs. Alors nous n’avons rien à craindre. La Providence va nous donner, pour l’avenir, ce qui nous convient. Comme toujours. Parfois c’est la souffrance, l’épreuve, parfois c’est une accalmie, une petite bataille gagnée. Nous ne connaissons pas l’avenir. Nous ne savons pas où l’histoire du monde va aboutir, ni l’Eglise elle-même, ni le monde. A quoi Dieu nous prépare-t-il ? Nous ne le savons pas. Mais que ce soit dans la souffrance, dans le combat, dans la joie, dans la victoire, nous sommes toujours également assurés. Car notre Espérance est bien fondée en Dieu, en sa Providence et en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et c’est pour cela que nous prions spécialement aujourd’hui la Très Sainte Vierge Marie, et tout particulièrement l’Immaculée, la Toute Pure. Car c’est bien Elle qui est le chemin pour aller à Notre-Seigneur Jésus-Christ, le chemin assuré pour aller au Christ, pour vivre de la Vie du Christ. C’est l’Immaculée qui a reçu les promesses de la Victoire. Ipsa conteret, elle t’écrasera à la tête (Gen., 3, 15). La victoire a commencé déjà, par Marie. La victoire finale viendra aussi par l’entremise de l’Immaculée, par le triomphe du Cœur Immaculé et douloureux de Marie. Ayons cette confiance et soyons courageux dans notre ministère et dans l’accomplissement, chaque jour meilleur, des exigences du sacerdoce catholique. Ainsi soit-il ! Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu. Les intertitres et les références scripturaires ont été ajoutés par DICI. |
Critiquer le Concile |
27 juin 2008 - Jean Madiran - present.fr |
Il faut se méfier de Guillaume de Tanoüarn : écrivain brillant, esprit curieux de tout et parfois profond, prêtre, théologien, il est aussi un chroniqueur au meilleur sens du terme, c’est-à-dire un observateur aigu de l‘état des lieux, du temps qu’il fait et de l‘événement qui vient. Si l’on n’est pas attentif à ce qu’il écrit, on risque toujours de laisser passer un angle de vue inattendu, une analyse fichtrement intelligente, voire un point de doctrine trop négligé. A plusieurs reprises ces temps-ci, l’abbé de Tanoüarn s’est exprimé sur la « reconnaissance canonique » qu’en compagnie de l’abbé Philippe Laguérie il a obtenue du Saint-Siège pour l’Institut du Bon Pasteur (IBP). Dans cette reconnaissance « il est stipulé, dit-il, que nous gardons un droit de critique constructive du Concile ». Il ajoute : « Je dirai même que parmi les communautés ED [c’est-à-dire : « Ecclesia Dei »] c’est cette liberté critique qui fait notre spécificité, notre charisme. » Une telle reconnaissance explicite est importante. Je ne sais si son texte emploie littéralement l’amusante expression « critique positive ». Toute critique est d’abord négative, sans quoi elle ne serait plus une critique, mais une apologie ou une hagiographie. Et toute critique négative est également positive par son intention et sa finalité. Mais n‘épiloguons pas trop sur ces termes incertains, mouvants, arbitraires de positif et de négatif, ils s’inspirent de la dialectique marxiste, d’où ils conservent la fonction de sournoisement remplacer les notions de vrai et de faux, de bien et de mal. La légitimité de la moindre « critique du Concile » est niée en fait par la pratique courante, dans la hiérarchie ecclésiastique elle-même, de disqualifier sans autre examen ni argument tout ce qui est décrété contraire à la lettre ou à l’esprit du concile Vatican II. Cela commença en 1965-1966, dans les illusions ardentes du soi-disant « renouveau entrepris ». Mais quarante-trois ans après, cela devient de plus en plus fantastique et ridicule. Espère-t-on donc maintenir cet interdit artificiel pendant un siècle ? Ou davantage, en continuant, comme Paul VI, à donner à Vatican II « plus d’importance » et d’autorité que Trente et que Nicée ? L’abbé de Tanoüarn dit bien : « Nous gardons un droit » (de critiquer le Concile). Il ne dit pas, et il a raison, qu’il s’agirait d’une faveur, d’un privilège, d’une autorisation particulière. La situation est à cet égard analogue à celle de la messe romaine traditionnelle. Qu’elle soit « autorisée » ou « interdite », ce sont là des péripéties variables, artificielles et incongrues. On a maintenant compris – et officiellement reconnu – qu’elle ne peut être validement interdite et qu’il n’est besoin d’aucune autorisation particulière pour la célébrer. Il en va de même pour la critique du Concile. Cette critique consiste souvent à déterminer dans quelle mesure le Concile, par ses constitutions, ses décrets et ses déclarations, serait lui-même la cause de la ravageuse évolution post-conciliaire qui l’a suivi. Mais ce n’est peut-être pas la vraie question. Vatican II n’a pas été forcément une cause et un commencement, mais plutôt une conséquence. La révolution religieuse qui bouleverse et asphyxie le catholicisme n’est pas issue du Concile : c’est plus souvent le Concile qui est issu de cette révolution aux racines anciennes, mais librement fomentée à partir de 1958. Nous aurons à en reparler à propos de la nouvelle édition, « révisée et complétée », du Paul VI d’Yves Chiron, qui vient tout à fait à point. JEAN MADIRAN Article extrait du n° 6619 de Présent, du Vendredi 27 juin 2008 |
Jour de deuil et messe chrismale |
27 juin 2008 - Abbé Guillaume de Tanoüarn - leforumcatholique.org |
Cher Azerty, que cherchez-vous ? Que voulez-vous ? Une diversion ? Pour oublier les difficultés dans lesquelles le discours de Mgr Fellay à Ecône plonge, volens nolens, toute sa Fraternité et ceux qui lui sont fidèles. Vous voulez oublier la cuistrerie et la grossièreté d’un négociateur qui après avoir convenu unilatéralement d’une feuille de route, voudrait l’imposer à la plus haute autorité qui soit sur la terre : le Vicaire du Christ. Un peu de tenue ! " Que chacun s’examine " comme dit saint Paul. Nul – pas même vous ni Mgr Fellay – n’est dispensé de considérer la situation dans un examen objectif. Le refus systématique de tout ce qui vient de Rome produit des fruits empoisonnés dans notre cœur de chrétien, qui est un cœur de fils, pas un cœur de flic soupçonnant à tout moment l’infraction, pas un cœur d’agent de la sécurité helvétique, refusant pour soi le moindre risque. La réponse de Mgr Fellay marque un jour de deuil pour tous les catholiques fidèles aux formes de leur Tradition. Dans ce contexte extrêmement chargé, au lieu de rentrer en vous-même pour y retrouver la lumière de Dieu, vous ne songez qu’à pratiquer une forme basse d’inquisition. Je crois vraiment que pour vous ce n’est pas le moment. Quant à ce que vous me demandez, je n’ai pas l’habitude de me dérober. J’ai pris une décision forte, mûrement pesée et conforme aux principes de la théologie. J'ai assisté à la messe chrismale à la cathédrale de Paris. J'ai bien dit assisté. Le fait de pouvoir assister en tant que prêtre catholique à une messe légitime et qui est aujourd’hui la messe ordinaire de l’Eglise catholique (malgré tous ses défauts, ses ambiguïtés et ses insuffisances) me semble être une question de principe. Celui qui refuse en principe toute assistance au rite ordinaire, celui qui déclare que cette liturgie ordinaire est formellement hérétique et donc invalide, celui qui prétend qu’elle est intrinsèquement mauvaise (comme la fornication ou tel autre péché mortel), celui qui prétend qu’il n’est pas possible d’y assister, en principe, comme à une messe catholique, celui-là ne croit pas à l’indéfectibilité de l’Eglise catholique. Il n’est pas catholique. Avant d’être ordonné, à Ecône, j’ai prêté serment de reconnaître toujours la validité essentielle (la catholicité ou la légitimité) du rite dit de Paul VI. Cela ne m’a pas interdit les critiques. Je dirais même que c’est ce serment (prévu par Mgr Lefebvre lui-même) qui les rend possibles, qui les rend audibles. Faites attention au caractère très subjectif de toutes les surenchères présentes. La question est bien : Rome ou pas Rome. L’Eglise catholique demeure-t-elle comme le signe du salut possible, comme l’arche dans le déluge ? Ou bien les portes de l’enfer ont-elles prévalu contre elle ? La résistance de quelques évêques ne constitue pas l’Eglise. Encore moins peut-elle s’y substituer. Leur manque… la légitimité. |
Rome: "Main tendue" du Vatican à la fraternité schismatique Saint-Pie X |
27.06.2008 - kipa-apic.ch |
Rome: "Main tendue" du Vatican à la fraternité schismatique Saint-Pie X Un évêque lefebvriste la refuse: 1er élément de réponse Rome, 27 juin 2008 (Apic) Un évêque lefebvriste refuse "la main tendue" du Vatican à la fraternité schismatique Saint-Pie. Mgr Richard Williamson, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X estime que l'Eglise doit "retourner à son passé glorieux". Il met en cause l’œcuménisme, la collégialité, le modernisme et le dialogue interreligieux. L'évêque intégriste pose comme condition l'élimination “complètement du missel de Paul VI“. “L’Eglise est en guerre, et je souligne le mot guerre, entre le traditionalisme sain et le modernisme post-conciliaire“, assure-t-il. “Notre réponse sera négative“, a clairement affirmé Mgr Richard Williamson, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, après l’accord proposé par le Vatican en vue d’une pleine réintégration dans l’Eglise de l’institut schismatique depuis 1988. Dans une interview publiée par le site internet d’information italien Petrus, le 27 juin, cet évêque consacré en 1988 par Mgr Lefebvre affirme que si l’Eglise veut les réintégrer, elle doit éliminer “complètement le missel de Paul VI“. “J’ai apprécié le ton de la lettre du cardinal Castrillon Hoyos mais, franchement, je pense que cela ne changera rien et que notre réponse sera négative“, a ainsi estimé Mgr Williamson. “Si l’Eglise nous veut de nouveau avec elle, nous demandons qu’elle retourne à son passé glorieux, c’est-à-dire de manière stable au missel de saint Pie V, éliminant complètement le missel de Paul VI“. Après une rencontre organisée début juin au Vatican entre Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité schismatique Saint-Pie X et le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission "Ecclesia Dei", en charge du dossier des Lefebvristes, Rome a ainsi souhaité "tendre la main" aux intégristes afin de faciliter leur retour à la pleine communion. Une lettre portant la date du 4 juin 2008 et signée par le cardinal Castrillon Hoyos, propose à la Fraternité Saint-Pie X un accord sous 5 conditions, dont celle de respecter la personne du pape. Leur réponse est attendue pour la fin du mois de juin. Pour Mgr Williamson, “l’obéissance au pape est un faux problème“. “Le problème n’est pas le pape : nous reconnaissons son pouvoir et son autorité. Le véritable problème est représenté par la curie moderniste, fille du Concile qui "loge au Vatican“, a-t-il ajouté. "Cela ne suffit pas" Mais si le prélat intégriste a salué “le geste du pape“ qui a libéralisé la messe selon le rite de saint Pie V en juillet 2007, “cela ne suffit pas“. “L’Eglise est en guerre, et je souligne le mot guerre, entre le traditionalisme sain et le modernisme post-conciliaire“. “Nous n’accepterons jamais Vatican II“, a ajouté l’un des 4 évêques dont l’ordination épiscopale par Mgr Lefebvre, le 30 juin 1988, avait entraîné l‘excommunication et la rupture avec Rome. L’évêque anglais a aussi dénoncé la liturgie postconciliaire comme “une espèce de tarte empoisonnée“ ainsi que d’autres aspects du Concile Vatican II comme “l’œcuménisme, la collégialité, le modernisme, le dialogue interreligieux“. A ses yeux, “le dialogue interreligieux est un des plus grands obstacles présents sur la route du regroupement avec Rome“. “Je me limite à dire que l’excommunication n’était pas valide quand elle a été prononcée et que Mgr Lefebvre fut un grand évêque et un pasteur de l’Eglise traditionnelle“, a-t-il encore ajouté. Les conditions posées par Rome à la Fraternité Saint-Pie X sont cependant adressées au seul supérieur, Mgr Bernard Fellay. S’il réserve pour le moment sa réponse, il n’a envoyé jusqu’alors que des signaux négatifs. Interrogé lundi par l'Apic, l’abbé Alain-Marc Nély, deuxième assistant de Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X à Menzingen (canton de Zoug), a bel et bien confirmé l'existence de propositions de la part du Vatican. La réponse sera donnée d'ici le 28 juin "si Dieu le veut", et sera ensuite rendue publique, a-t-il précisé. Mais le numéro trois de la Fraternité schismatique n'a pas voulu indiquer dans quel sens irait la réponse de Mgr Fellay. Le document prévoirait notamment l’acceptation, de la part des membres de la Fraternité, des canons du Concile Vatican II (1962-1965) et de la pleine validité de la messe selon la liturgie catholique réformée. (apic/imedia/ms/arch/pr) 27.06.2008 - Apic |
La FSSPX demande à Rome d'en revenir au carnet de route en vigueur |
27 juin 2008 - Côme Prévigny - christus.imperat |
La FSSPX demande à Rome d'en revenir au carnet de route en vigueur Dans le sermon qu'il vient de prononcer ce vendredi à Ecône pour la messe des ordinations, Monseigneur Alfonso de Galarreta, l'un des quatre évêques sacrés par Monseigneur Lefebvre, révèle le contenu de la lettre adressée au Saint-Siège. La Fraternité Saint-Pie X demande au Saint-Siège de dépasser cet « ultimatum » sous forme de pression pour continuer sur la voie des étapes qui étaient définies jusqu’ici entre Rome et Écône. Monseigneur de Galarreta a développé le rôle du prêtre, qui est centré sur la prédication de la vérité, « sans frelater la parole de Dieu, mais en toute pureté, sans adultérer la foi ». Il s’appuyait alors sur les propos de l’apôtre Paul à Timothée : « Si quelqu’un, fut-ce moi-même, vous annonce un Évangile différent de celui que je vous ai annoncé, qu’il soit anathème ». « C’est un appel au magistère des papes et non contre le pape actuel. » a-t-il précisé, ajoutant, s’appuyant toujours sur saint Paul, que « nous prêchons avec force et autorité, sans violence ni agressivité, mais avec force, car nous voulons corriger les fautes et les déviations en démontrant le mal et les fautifs, en faisant une réfutation capable de convaincre ou de faire taire les contradicteurs. » « Il y aura des temps où les fidèles se détourneront de la vérité et écouteront des fables » prévient l’Écriture. Donc, c’est avec force, charité, patience, sagesse que nous devons dire, comme saint Paul : « Et toi homme de Dieu, combat le bon combat de la Foi ». « Le sacerdoce est tout ordonné à Notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui bâtit sur un autre fondement, est dans l’erreur. Car ce qu’il faut, c’est omnia instaurare in Christo. La dérive actuelle de l’Église est en radicale opposition avec l’enseignement du Christ » (ex : la liberté de conscience et la liberté religieuse qui sont une véritable œuvre de déchristianisation, en adhérant à des principes libéraux et modernistes). Désormais, a-t-il précisé, « on ne prêche plus la vérité, on est en quête de la vérité. » « D’où l’importance et la nécessité des sacres pour la survie du sacerdoce catholique. Nous revendiquons ces sacres, pas comme une rébellion contre le pape, mais dans son existence réelle qui est la sauvegarde du sacerdoce catholique. Nous revendiquons aussi la figure de Mgr Lefebvre. Nous ne sommes pas « lefebvristes », nous adhérons à la pensée de Mgr Lefebvre parce qu’il est catholique. Nous n’avons pas honte de l’Église de Notre Seigneur Jésus Christ ni de l’Église catholique de toujours, ni donc de Mgr Lefebvre » « L’ultimatum du cardinal, appeler ça un "ultimatum", c’est trop dire. Pour nous, c’est une volonté de nous effrayer, de faire pression pour un accord purement pratique. Cette voie qu’on veut nous imposer est une voie morte et nous ne la suivrons pas. Nous ne pouvons nous engager à trahir la profession de la Foi ni nous laisser embaucher dans une entreprise de démolition. Notre réponse au Saint Père est donc de suivre les étapes avec les préalables connus et une confrontation doctrinale. Ceci va induire cette réponse : Soit une pause ou une stagnation dans nos contacts avec Rome, soit une condamnation nouvelle et on se demande bien laquelle, soit un retrait des excommunications. » Côme Prévigny |
Les Lefebvristes n'ont pas l'intention de répondre à l'ultimatum du Vatican |
27 juin 2008 - AFP |
PARIS - La Fraternité Saint-Pie X, fondée par Mgr Lefebvre, n'a nullement l'intention de répondre à "l'ultimatum" que lui aurait posé le Vatican pour tirer un trait sur le schisme provoqué il y a vingt ans par le mouvement catholique intégriste, a indiqué vendredi le porte-parole de la Fraternité. Le quotidien italien Il Giornale avait fait état, en début de semaine, de la proposition faite par le Vatican à la Fraternité Saint-Pie X de souscrire à cinq conditions pour tirer un trait sur le schisme intervenu il y a vingt ans. Le Vatican aurait donné à la Fraternité jusqu'au 28 juin pour répondre positivement à ces questions. "La Fraternité n'a pas l'intention de répondre à cet ultimatum", a déclaré à l'AFP l'abbé Alain Lorans, porte-parole de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, joint par téléphone à Ecône (Suisse). "Nous n'envisageons pas d'accord pratique ou canonique avant d'avoir traité des questions doctrinales qui se posent depuis Vatican II", a indiqué ce responsable de la Fraternité fondée par Mgr Marcel Lefebvre. "Mgr Bernard Fellay - ndr: supérieur général de la Fraternité - est surpris par le décalage existant entre la procédure d'ultimatum et le contenu de cet ultimatum qui reste très imprécis", a ajouté l'abbé Lorans. Ces cinq conditions posées par le Vatican concerneraient la reconnaissance de l'autorité du pape et l'engagement à ne rien dire contre l'Eglise, mais ne feraient aucune allusion au concile Vatican II. Dans une homélie prononcée vendredi à Ecône, Mgr Alfonso de Galarreta, l'un des quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre, a déclaré, à propos de cet "ultimatum" du Vatican: "pour nous, c'est une volonté de nous effrayer, de faire pression pour un accord purement pratique. Cette voie que l'on veut nous imposer est une voie morte et nous ne la suivrons pas". Une partie de l'homélie est reproduite sur un blog lefebvriste, Christus Imperat. Selon l'abbé Lorans, le supérieur général de la Fraternité, Mgr Fellay aurait répondu jeudi une lettre aux autorités vaticanes. Le pape Benoît XVI avait repris le dialogue avec les intégristes quelques mois à peine après le début de son pontificat. Il avait reçu Mgr Fellay en août 2005. En juin 2007, il a publié un décret pour autoriser largement la célébration de la messe ancienne en latin dite "tridentine" considérée comme la seule valide par la fraternité Saint Pie X. Le mouvement des lefebvristes compterait quelque 100.000 personnes en France et 600.000 dans le monde, à travers tous les continents, selon l'abbé Lorans. |
[Mgr Alfonso de Galarreta, fsspx] Sermon des ordinations à Ecône
SOURCE - Mgr Alfonso de Galarreta, fsspx - 27 juin 2008
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi soit-il.
Excellences,
Chers Confrères,
Chers Ordinands,
Mes bien chers Frères,
Lorsque l’on considère quelle est la pensée de la Sainte Église, que ce soit dans les Saintes Écritures, spécialement dans Saint Paul, ou dans la Tradition, qui est comme condensée dans le Pontifical Romain, on constate que c’est vrai : Monseigneur Lefebvre, notre saint fondateur, a été le serviteur fidelis et prudens, fidèle et prudent, et l’on pourrait bien ajouter : fort, vaillant, qui n’a fait autre chose que nous transmettre avec fidélité ce qu’il avait reçu de la Saint Eglise, c’est à dire le vrai Sacerdoce catholique.
Et cela est vrai à tel point que pour nous, il suffit de vivre ce qu’il nous a transmis, vivre ce que nous avons reçu, et plus précisément, vivre ce que nous sommes. La sainteté sacerdotale, c’est tout simplement de vivre ce que nous sommes.
Je voudrais donc vous parler de cet enseignement que nous avons reçu, de ce Sacerdoce. Evidemment non pas d’une façon exhaustive, mais dans ses éléments essentiels, dans ce qui me semble être ses éléments essentiels.
1. Et tout d’abord, le Prêtre au Sacerdoce est ordonné au Sacrifice, au Saint Sacrifice de la Messe. Le Prêtre est avant tout l’homme du culte de Dieu, l’homme consacré et établi, afin de rendre au vrai seul Dieu le vrai culte. Il est établi aussi comme médiateur, intermédiaire entre Dieu et les hommes pour offrir des prières et des sacrifices. Il est surtout et essentiellement l’homme du Saint Sacrifice. Il n’y a pas de Sacerdoce, il n’y a pas de prêtre sans le Saint Sacrifice de la Messe.
L’Apôtre Saint Paul dans l’Epître aux Hébreux le dit d’une façon très claire : «Car tout Pontife pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices» -munera et sacrificia. Et après avoir montré que le prêtre doit compatir avec les pécheurs, c’est à dire qu’il doit avoir des sentiments de compassion et de miséricorde vis-à-vis des pécheurs, car lui-même est revêtu de faiblesse, l’Apôtre insiste : «C’est pour cela qu’il doit offrir pour lui-même ainsi que pour le peuple des sacrifices pour les péchés». Et il me semble que nous réalisons cela d’une triple façon. Cela signifie que nous devons faire de la Sainte Messe le centre, le cœur de notre vie spirituelle, de notre vie sacerdotale, de notre vie. Et que c’est de la Messe, de la Sainte Messe, et de la célébration de la Sainte Messe que nous devons puiser, tirer, toutes les grâces de sanctification personnelle, et de sanctification des fidèles. C’est à dire que le principal de la sanctification, c’est la Sainte Messe.C’est bien cela que nous a dit Monseigneur Lefebvre. Ensuite, il faut que nous accomplissions notre tâche de médiateur par la prière. Il y a une médiation du prêtre, par la prière, aussi bien publique que privée. Bien sûr, la Liturgie, cela est clair, mais aussi la vie de prière personnelle, privée. Le prêtre est ordonné à une médiation entre Dieu et les hommes. Autrement dit, c’est une prière de demande, d’intercession, de médiation, de réparation, d’expiation, surtout de propitiation. Notre Seigneur lui-même a dit aux Apôtres, dans l’Évangile de Saint Jean : «Ce n’est pas vous qui M’avez choisi, c’est Moi qui vous ai choisis, et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure». Et Notre Seigneur ajoute : «…et afin que tout ce que vous demanderez à Mon Père en Mon Nom, Il vous le donne». Donc il y a quand même un office d’intermédiaire par la prière. Puissant office, fonction du prêtre, semblable à celle de Moïse, par exemple dans l’Ancien Testament, quand il a obtenu le pardon du peuple, par sa prière. Ou quand il a obtenu la victoire dans la bataille, dans la mesure où il a prié pour le peuple. Un pouvoir semblable à celui d‘Élie, d’ouvrir ou de fermer le ciel, les grâces du ciel. Et c’est Notre Seigneur lui-même qui nous a donné l’exemple. Monseigneur Lefebvre parlait de Notre Seigneur comme d’un «grand priant». Il est le modèle de prière sacerdotale par excellence. Et la prière sacerdotale par excellence, c’est la Sainte Messe, encore. C’est donc bien l’exemple que nous avons reçu de Notre Seigneur, c’est la médiation. Afin de rendre Dieu propice, pas seulement pour l’Église, pour les Chrétiens, mais pour le monde. Comme le signale Saint Jean Chrysostome, on est constitué afin de prier pour tout le monde.
C’est donc la Sainte Messe et le Sacrifice de la Messe qui doit être comme le modèle et la forme de la prière sacerdotale. Et nous réalisons ce premier aspect essentiel aussi en nous conformant à Notre Seigneur Jésus-Christ prêtre et victime. Il y a donc une identification qui est requise, une conformité croissante à Notre Seigneur dans notre vie sacerdotale. Imitamini quod tractatis - c’est le Pontifical Romain - : imitez ce que vous traitez. Imitez donc Notre Seigneur dans la Sainte Messe. Or Notre Seigneur dans la Sainte Messe est le prêtre. Il est l’oblation. Il est le Sacrifice. Il est la Victime. Donc il y a une double imitation. Nous devons chercher à ressembler chaque jour davantage à Notre Seigneur Prêtre. Donc, dans Sa sainteté, dans la recherche qu’Il a fait tout le temps de la Gloirede Dieu. Tout est ordonné à la Gloire du Père. Et aussi dans Son souci du Salut des âmes, et dans Sa Miséricorde. Sainteté, Gloire de Dieu, Miséricorde. Mais nous devons aussi nous conformer à Notre Seigneur, victime, oblation, sacrifice. Or le sacrifice implique toujours une destruction. Il y a forcément une destruction, une mort, mystiquement parlant. Surtout à la Messe. Et c’est surtout à l’exemple de la Messe que nous devons puiser cet esprit qui est le vrai esprit sacerdotal. Et pour traduire en mots simples, c’est là qu’il faut accepter les souffrances joyeusement, volontiers. Les adversités, les difficultés, les incompréhensions, les misères… La liste des malheurs de l’homme est très longue. Et c’est donc assumer cela, accepter avec résignation de souffrir la Croix. On ne peut pas éviter de ressentir la Croixcomme une Croix. Sinon ce n’est plus une Croix. En union avec Notre Seigneur, de la vivre en Lui, pour tout le bien dont nous avons besoin, et pour les pécheurs et pour la Sainte Eglise. Je pense que c’est là le sommet de la vie sacerdotale, c’est la fleur, ou le fruit, plutôt.
2. Le deuxième élément essentiel au Sacerdoce : la prédication de la Vérité. Notre Seigneur Jésus Christ est la vérité même. «Je suis la Vérité». Et Il est venu en ce monde afin de rendre témoignage de la Vérité. Comme il le dit devant Kephas. Et la Sainte Église catholique est la colonne et le soutien de la Vérité. Il s’ensuit donc que c’est une tâche essentielle du prêtre que de prêcher la Vérité. Le prêtre doit donc se préparer. Il doit être ou il doit se rendre capable d’enseigner la Vérité. Et il doit se consacrer à la Prédication. Pour Saint Paul, être Apôtre, c’est essentiellement prêcher, enseigner. C’est être un docteur, un messager, un héraut qui proclame toujours la parole de Dieu. Ce sont ses propres mots. La Parole de Dieu, la Parole de Vérité, les saintes paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les paroles de la Foi. La Sainte Doctrine. Et c’est bien l’exemple que nous a donné Notre Seigneur. Sa vie publique est une vie de prédication, d’enseignement. De révélation de la Vérité, déjà. Et c’est même Son commandement : «Allez et enseignez toutes les créatures». C’est à dire tous les hommes. Tous les hommes. Et cette prédication doit être fidèle. Ce qui est requis donc dans l’exercice de ses devoirs, c’est d’avoir la fidélité. Ce que l’on demande au ministre, c’est qu’il soit fidèle. Un ministre doit être fidèle à son ministère, à ce qu’on lui demande. De transmettre. Et être fidèle, cela veut dire d’abord prêcher l’intégrité de la Doctrine. Et ensuite, prêcher, enseigner cette doctrine dans toute sa pureté. Donc vous voyez : toute la Foi, rien que la Foi. On ne peut rien ajouter, ni rien retrancher.
Et cette prédication, intégrale et pure, doit être nécessairement celle de la Tradition. Elle doit prêcher selon l’enseignement de la Tradition. Selon la prédication traditionnelle, qui est le critère et la norme de la Foi. Le principal et le premier des critères de la Foi. C’est ainsi que Saint Paul le nomme. «Nous ne sommes pas comme beaucoup qui frelatent, qui adultèrent la Parole de Dieu. Mais c’est en toute pureté, comme de la part de Dieu, devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons». Prière, justement, de ne pas adultérer la Foi. Et il donne comme conseil à Timothée : «Aie comme modèle les saintes paroles que tu as entendues de moi dans la Foi et la Charité du Christ». L’enseignement pur, parfait. Et il ajoute : «Garde le précieux dépôt de la Foi, par le Saint Esprit, qui habite en nous». Donc le prêtre reçoit le Saint Esprit, spécialement dans le Sacerdoce, afin de garder cet enseignement, cette Tradition, et afin de l’enseigner, de le prêcher. C’est bien là les critères de catholicité. Rappelez-vous les paroles de Saint Paul dans l’Épître aux Galates : «Si quelqu’un, fût-ce moi-même, ou un ange du Ciel…» ; donc si n’importe qui, que ce soit un prêtre, un évêque ou un cardinal, ou un pape, «vous annonce un Évangile différent de celui que nous avons annoncé, que vous avez reçu, qu’il soit anathème». Le critère de la Foi catholique et de la prédication du prêtre, c’est la Tradition. La conformité avec la Tradition de l’Église catholique. Et nous faisons toujours appel à cela. Et c’est cela qui fait notre force. Nous ne faisons pas un magistère «au-dessus du magistère du Pape». Nous faisons appel au magistère du Pape et à l’enseignement constant, à la tradition de l’Église catholique, qui est au-dessus de nous et qui est au-dessus du Pape.
Et ensuite, le prêtre doit aussi prêcher et enseigner avec autorité. Avec force, - qualité essentielle de la prédication. Cela ne veut pas dire, évidemment, avec violence, ou agressivité. Cela veut dire : «force». Etre fort. Saint Thomas dit bien que le prêtre doit prêcher et enseigner avec autorité, parce qu’il est l’instrument, le ministre de Dieu. Donc, il a l’autorité, il est revêtu de l’autorité de Dieu pour cet office. Alors, il doit non seulement enseigner la Doctrine, il doit non seulement exhorter les fidèles, - les exhorter au Bien, à la pratique du Bien -, mais il doit aussi corriger les fautes et les déviations. Que ce soit en dénonçant le Mal, ou en blâmant les fautifs. Et si c’est une question de Foi, une question doctrinale, il est obligé de faire une réfutation solide. Et Saint Paul dit : «…capable de convaincre ou confondre les contradicteurs». De convaincre ou de faire taire les contradicteurs. Il dit à Tite : «Dis ces choses, exhorte et reprends avec toute ton autorité». Et il lui dit aussi : «…le prêtre doit être fortement attaché aux paroles authentiques, telles qu’elles ont été enseignées, afin d’être capable d’enseigner la Sainte Doctrine et de confondre les contradicteurs de la Foi». Ce sont les paroles de Saint Paul à Tite.
Donc il est inhérent à cette obligation de prêcher de défendre les fidèles de toute contamination doctrinale. Le prêtre doit lutter contre les erreurs et contre les faux docteurs. Contre les hérésies et contre les hérétiques. Car il est le gardien des vérités de Foi, première chose. Mais il est aussi gardien du Bien des âmes. Dont le premier est justement cette Vérité en eux, la Foi catholique. Saint Paul est très formel à ce sujet. Rappelez-vous : «Je t’adjure», dit-il à Timothée, «devant Dieu et devant Notre Seigneur Jésus-Christ : prêche la Parole, insiste à temps et à contretemps ; exhorte, convaincs, reprends, en toute longanimité et doctrine. Cela ne veut pas dire avec patience. Bien sûr qu’il faut de la patience vis-à-vis des fidèles ou des fautifs pour les corriger. Mais il ne parle pas de ça. Il dit qu’il faut le faire avec patience, parce que c’est difficile, c’est une souffrance, c’est un combat. Et il annonce, - et c’est le testament spirituel de Saint Paul -, il rappelle que viendront des temps où les Catholiques même se détourneront de la Vérité et tourneront leurs oreilles vers des fables. C’est là donc que le prêtre doit être vigilant. «Endure la souffrance. Remplis ton ministère. Fais œuvre d’évangéliste». Donc c'est bien un devoir que cette sauvegarde de la Foi et des âmes. Et donc, on doit dénoncer les erreurs, les hérésies, mais aussi les fauteurs des erreurs et des hérésies. Et cela, évidemment, suppose de la force. Dans la mesure où le combat, la crise durent, c’est surtout notre patience et notre force qui sont mises à l’épreuve. C’est pour cela que Saint Paul dit à Timothée : «Et toi, homme de Dieu, combats le bon combat de la Foi». C’est un bon combat pour Saint Paul, ce n’est pas un mauvais combat. Mais alors, il faut se battre, il faut lutter. Et pour cela, il faut que nous soyons forts dans la Foi. Et Saint Paul rappelle à Timothée que par l’imposition des mains, nous n’avons pas reçu un esprit de timidité, c’est à dire de crainte, mais un esprit de force, de charité et de sagesse. Il dit d’abord «de force».
3. Le troisième élément essentiel, c’est que le Sacerdoce est tout ordonné à Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout ordonné à faire régner Notre Seigneur. «Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, lequel est le Christ Jésus». Encore des paroles de Saint Paul. Autrement dit, on ne peut pas chercher à bâtir cet édifice mystique qu’est l’Eglise catholique en dehors du seul fondement, qui est Notre Seigneur Jésus-Christ. Et celui qui bâtit sur un autre fondement, bâtit un édifice purement humain. Et comme nous le voyons aujourd’hui, humaniste. Donc tout d’abord, le prêtre doit tout fonder dans son sacerdoce, dans toute sa vie, dans son apostolat, sur Notre Seigneur Jésus-Christ en tant que base. Mais en même temps, Notre Seigneur doit être la fin de tous ses efforts. Car nous sommes constitués afin de : omnia instaurare in Christo - tout restaurer dans le Christ.
Tout restaurer, tout instaurer, tout réunir - comme dit le grec - en Notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, la fin de l’apostolat, la fin du Sacerdoce, la fin de la Sainte Eglise, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est de tout fonder sur Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout inspirer de Notre Seigneur. Le prêtre ne peut avoir d’autre désir, d’autre volonté que de consacrer sa vie, toute sa vie, tous ses efforts, tout son travail à faire que Notre Seigneur Jésus-Christ soit tout, en tout, et en tous. Je voulais dire un petit peu à la façon de Saint Augustin : Notre Seigneur doit être tout, en tout et en tous. Mais il faut que ce soit tout Notre Seigneur : Sa doctrine, Son sacerdoce, Sa grâce, Son sacrifice, Sa royauté, Son Eglise, Sa très Sainte Mère. Tout Notre Seigneur. Ensuite il faut que ce soit Notre Seigneurpour tous. Pour tous. Justement, il n’y a pas de salut en dehors de Notre Seigneur. Il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions nous sauver. Et donc, c’est en même temps un don, et c’est en même temps une exigence. Donc, Notre Seigneur pour tous. Pas seulement pour les Catholiques, ou pour les autres qui pratiquent bien leur culte. Eh bien, non ! C’est Notre Seigneur pour tous. Et ensuite, il faut tout ordonner à Notre Seigneur. Tout pour Notre Seigneur. Saint Paul est clair : «Tout est à vous, vous êtes au Christ, et le Christ à Dieu». Voilà la volonté de Dieu, du Père. Que tout soit ramené à Dieu, à Lui-même par Notre Seigneur Jésus-Christ .
Et nous, prêtres, nous ne faisons que coopérer à tout réunir dans le Christ. Et c’est pour cela que Monseigneur Lefebvre résumait souvent notre position par ces paroles de Saint Paul : «Opportet Illum regnare» : Il faut qu’Il règne. Oui, il faut qu’Il règne. Il faut que Notre Seigneur règne. Et le Sacerdoce est une œuvre de christianisation. Les offices sont totalement ordonnés à christianiser et à établir le règne de Notre Seigneur dans toute son étendue. Aussi bien sur tous les individus, toutes les institutions et les sociétés. Aussi bien, l’un que l’autre. Evidemment, «in quantum possumus» : dans la mesure où nous le pouvons aujourd’hui. Mais donc, nous sommes pour cette royauté, que ce soit vis-à-vis des individus autant que des sociétés. Et nous travaillons pour cela. Et nous sommes pour la confessionnalité d’Etat ; c’est une conséquence. Nous sommes pour la royauté sociale de Notre Seigneur, et donc pour la confessionnalité d’Etat. Et ce n’est pas une question simplement politique ; ce n’est pas une question de possibilisme : est-ce possible ou non ? Enfin, c’est une question de Foi ! «Opportet Illum regnare». Déjà Saint Grégoire le Grand le disait : Il y a des hérétiques qui nient la divinité de Notre Seigneur, d’autres qui nient l’humanité de Notre Seigneur, et d’autres hérétiques qui nient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Des hérétiques.
Alors, vous voyez, Mes bien chers Frères, cette simple description du Sacerdoce et ses éléments essentiels, met en évidence combien Monseigneur Lefebvre a été fidèle à nous transmettre le vrai Sacerdoce catholique.Et cela met en évidence aussi la dérive à laquelle nous assistons dans les autorités ecclésiastiques de l’Eglise. Car il y a une radicale opposition par rapport à tout ce que je viens de dire. Et cela nous le constatons même aujourd’hui. Tenez, par exemple, le voyage du Saint Père aux Etats-Unis. C’est un exemple, pour ainsi dire, typique. C’est toujours sous-jacent. Et donc, cela s’applique à des degrés différents, selon les personnes et selon les circonstances. Nous ne disons pas qu’il ne prêche que l’erreur, qu’il prêche toujours l’erreur. Nous ne disons pas cela. Mais si l’on dégage les principes sous-jacents, nous trouvons justement cet esprit naturaliste. Naturaliste. Humaniste. Qui n’est pas à proprement parler surnaturel. Mais plutôt humain. Une vision humaine, où l’homme est le centre un peu de tout. C’est une prédication qui favorise la liberté de conscience et la liberté religieuse. C’est justement là le contraire de la christianisation. Tout ramener au Christ. Et bien, non. Tout est indépendant. L’homme est autonome. Que ce soit dans sa conscience, ou que ce soit dans sa vie sociale, dans la société. Oui, ils font une œuvre de déchristianisation. Diamétralement opposée à ces règles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Qu’ils le veuillent ou non. Pourquoi ? Parce qu’ils adhèrent à des principes libéraux modernistes. Comme l’Eglise l’a dénoncé, depuis deux siècles. Ils n’ont qu’à lire les encycliques des Papes précédents.
Ensuite, on ne prêche plus la Vérité. On est en quête de la Vérité. Alors, le principal moyen d’apostolat, c’est le dialogue. Qu’est-ce que cela a à voir avec la vocation du prêtre. Qui doit prêcher, et prêcher la Vérité. Enseigner. Et selon la Tradition. Nous voyons comment ce qui est vraiment une chaire de Vérité, de Sagesse, devient, dans les meilleurs des cas, une chaire de confusion. Et dans les pires des cas, une chaire d’erreur. C’est terrible. C’est à cela que nous assistons. Le Sacrifice de la Messe est absolument diminué, estompé, obscurci. Au point qu’il devient même un obstacle à la Foi, à la Grâce de Notre Seigneur. Au véritable esprit catholique et chrétien qui est fondé sur la Croix et sur le Sacrifice de la Croix. C’est terrible. L’Ecriture dit, parlant des enfants d’Elie : «Leurs péchés étaient très graves, car ils éloignaient les hommes du sacrifice». Leurs péchés étaient graves, puisqu’ils ont étécondamnés par Dieu. Et ils sont morts à cause de cela.
Et cela, en tout cas, montre l’importance et la nécessité des sacres. Car si nous avons fait cet acte des Sacres, c’est justement pour la survie du Sacerdoce catholique. Donc aujourd’hui, nous revendiquons les Sacres. Nous revendiquons cet acte. Mais non pas comme s’il était une sorte de rébellion contre l’autorité, ou contre l’autorité du Pape. C’est à dire que nous ne revendiquons pas cet acte dans son apparente désobéissance. Mais par contre, nous le revendiquons dans sa résistance réelle. Dans la mesure où nous avons posé cet acte simplement afin de sauvegarder le Sacerdoce catholique. Et qui dit sauvegarder le Sacerdoce, dit sauvegarder la Foi catholique. Et l’Eglise catholique. Et donc, nous revendiquons la figure de Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre. C’est dans ce contexte que sa figure émerge, avec la taille d’un géant. Car Monseigneur a été, quand même, le principal sauveur de la Tradition. Et souvent l’on nous dit : «Vous êtes lefèbvristes». Et nous disons toujours : «Nous ne sommes pas lefèbvristes, nous sommes Catholiques». Mais je souligne quand même que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre, et nous en sommes très fiers. Car il ne faut toujours entrer dans la logique, la sémantique des ennemis. Bien sûr, «lefèbvristes» c’est méprisant. Cela veut dire que nous serions Catholiques parce que lefèbvristes. Et bien non, c’est parce que nous sommes Catholiques, et que Monseigneur Marcel Lefebvre était très Catholique, que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre. Et à l’inverse, aujourd’hui, les gens croient, parce qu’ils obéissent. Ils n’obéissent pas parce qu’ils croient. Ce n’est pas avoir la Foi surnaturelle, c’est avoir l’obéissance. Vous êtes Catholiques si vous obéissez. Et non pas si vous croyez. Or l’obéissance est une conséquence de la Foi. Et donc, si nous avons adhéré à cet homme, sauveur de la Tradition, c’est parce qu’il était vraiment Catholique. Mais ceci étant dit, ceci étant précisé, nous revendiquons sa figure. Et nous sommes très heureux d’avoir partagé ce combat. Et nous serons très heureux encore de continuer ce combat. Et de partager les souffrances, les peines, les adversités, et si vous voulez les déclarations et même les condamnations dont il a souffert. Nous n’avons pas honte de l’Evangile de Notre Seigneur. Nous n’avons pas honte de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas honte de la Foi catholique de toujours. Nous n’avons pas honte de l’Eglise Catholique de toujours. Et, par conséquent, nous ne rougissons pas de Monseigneur Marcel Lefebvre.
Et cela m’amène à vous parler très rapidement de la situation actuelle. Vous avez peut-être entendu dire, par ci, par là, que nous avions reçu un ultimatum de la part de Rome. De la part du Cardinal Castrillon. Moi je pense que c’est trop dire, un «ultimatum». C’est trop dire. Il y a évidemment une volonté de nous émouvoir, de nous effrayer un peu. De nous mettre un peu de pression. Nous presser, dans le sens d’un accord purement pratique, qui a été toujours la proposition de Son Eminence. Alors, évidemment, vous connaissez déjà notre pensée. Cette voie est une voie morte. Et puisque c’est là, pour nous, c’est la voie de la mort. Et donc, il n’est pas question de la suivre. Nous ne pouvons pas nous engager à trahir la confession publique de la Foi. Il n’est pas question. C’est impossible. Et nous ne voulons pas, en tant que nous voulons garder la Tradition, défier ce bâtiment mystique qu’est l’Eglise, etnous embaucher dans une entreprise de démolition. Impossible. Vous réfléchirez sur tout ce que nous avons déjà dit. C’est impossible.
Alors évidemment, notre réponse va plutôt dans le sens de ce que nous avons déjà demandé. Ce que nous demandons depuis longtemps, ce sont les étapes avec les préalables. Et qui aboutiraient, éventuellement, à une discussion, à une confrontation. Théologique. Plus que théologique, encore, doctrinale. Plus que doctrinale, encore, du magistère. Et plus que du magistère, de Foi. Mais c’est la seule voie que nous sommes prêts à accepter. C’est la seule voie que nous demandons. Evidemment, la réponse de la Fraternité va dans ce sens-là. Et elle ira dans ce sens-là.
Alors, que nous prépare l’avenir proche ? Moi, je ne sais pas. Je pense que le plus probablement ceci aboutira à une pause, à une stagnation de nos contacts avec Rome.
Moins probablement, à une déclaration, nouvelle, contre nous.
Et moins probablement encore, cela aboutira au retrait du Décret d’excommunication, et ensuite à une discussion sur la Foi catholique. Discussion, pour ainsi dire, évidemment.
Voilà. Je vous les ai données dans l’ordre décroissant. D’après moi. C’est une conjecture que je fais moi-même, à mes frais.
Pour terminer, je vous rappelle, chers ordinands et chers confrères, les paroles de Notre Seigneur avant de monter au Ciel, qui me semblent contenir des passages beaux, si beaux. Qui contiennent la quintessence de l’Evangile : «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». C’est le Christ Roi, Universel, qui parle. Le Maître de l’Histoire et de l’Eglise. «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». «Allez donc, et enseignez tous les hommes, toutes les nations», - c’est bien le Christ Prêtre, Docteur, Docteur de Vérité. C’est le Christ-Vérité qui nous les dit -, «les baptisant, au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit». C’est bien le Christ-Vie. C’est le Christ-Prêtre qui communique la grâce. Qui nous donne cet ordre de les convertir, de leur donner la grâce. «Leur apprenant à garder tout ce que Je vous ai demandé». «Tout ce que Je vous ai demandé». Absolument tout. Et c’est bien le Christ Législateur, qui établit leur morale même, qui nous demande d’enseigner cela. Ceux qui croiront, et se feront baptiser se sauveront. Et ceux qui ne croiront pas, se condamneront, seront condamnés. C’est le Christ Juge et Rémunérateur qui nous l’annonce. «Et voici que Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles». C’est le Christ Sauveur, Rédempteur, le Christ Tête de l’Eglise. C’est le Sacré-Cœur de Jésus qui nous annonce Son secours, dans Sa Toute-Puissance et dans Sa Miséricorde. Alors, nous n’avons rien à craindre. Il l’a dit lui-même aux Apôtres : «Ne craignez rien ! J’ai vaincu le monde». Et Notre Seigneur ne parle pas seulement du monde mondain. Le contexte le montre bien que, dans «J’ai vaincu le monde», Notre Seigneur inclut les autorités ecclésiastiques de l’époque, puisqu’il parlait un peu avant des Pharisiens et des Sadducéens. Autrement dit, Notre Seigneur a vaincu tous Ses ennemis. Et nous, nous sommes au service de ce si puissant Seigneur, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs. Alors nous n’avons rien à craindre. Et la Providence va nous donner, pour l’avenir, ce qui nous convient. Comme toujours. Parfois c’est la souffrance, parfois c’est l’épreuve, une accalmie, une petite bataille gagnée. Nous ne connaissons pas l’avenir. Nous ne savons pas où l’histoire du monde va aboutir, ni l’Eglise elle-même, et le monde. A quoi Dieu nous prépare-t-Il ? Nous ne le savons pas. Mais que ce soit dans la souffrance, dans le combat, dans la joie, dans la victoire, nous sommes toujours également rassurés. Car notre Espérance est bien fondée en Dieu, en Sa Providence et en Notre Seigneur Jésus Christ.
Et c’est pour cela que nous prions également aujourd’hui la Très Sainte Vierge Marie. Et tout particulièrement l’Immaculée, la Toute Pure. Car c’est bien Elle qui est le chemin pour aller à Notre Seigneur Jésus Christ, qui est le chemin assuré pour aller au Christ, pour vivre de la Vie du Christ. Mais c’est aussi l’Immaculée qui a reçu les promesses de la Victoire. Ipsa conteret. La Victoire a commencé déjà, par Marie. La victoire finale viendra aussi par l’entremise de l’Immaculée. Par le triomphe du Cœur Immaculé et douloureux de Marie.
Alors, ayons cette confiance et soyons courageux dans notre Sacerdoce, dans notre ministère et dans l’accomplissement, chaque jour meilleur, des exigences de notre Sacerdoce Catholique.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Ainsi soit-il.
+ Alfonso de Galarreta, Ecône le 27 juin 2008.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi soit-il.
Excellences,
Chers Confrères,
Chers Ordinands,
Mes bien chers Frères,
Lorsque l’on considère quelle est la pensée de la Sainte Église, que ce soit dans les Saintes Écritures, spécialement dans Saint Paul, ou dans la Tradition, qui est comme condensée dans le Pontifical Romain, on constate que c’est vrai : Monseigneur Lefebvre, notre saint fondateur, a été le serviteur fidelis et prudens, fidèle et prudent, et l’on pourrait bien ajouter : fort, vaillant, qui n’a fait autre chose que nous transmettre avec fidélité ce qu’il avait reçu de la Saint Eglise, c’est à dire le vrai Sacerdoce catholique.
Et cela est vrai à tel point que pour nous, il suffit de vivre ce qu’il nous a transmis, vivre ce que nous avons reçu, et plus précisément, vivre ce que nous sommes. La sainteté sacerdotale, c’est tout simplement de vivre ce que nous sommes.
Je voudrais donc vous parler de cet enseignement que nous avons reçu, de ce Sacerdoce. Evidemment non pas d’une façon exhaustive, mais dans ses éléments essentiels, dans ce qui me semble être ses éléments essentiels.
1. Et tout d’abord, le Prêtre au Sacerdoce est ordonné au Sacrifice, au Saint Sacrifice de la Messe. Le Prêtre est avant tout l’homme du culte de Dieu, l’homme consacré et établi, afin de rendre au vrai seul Dieu le vrai culte. Il est établi aussi comme médiateur, intermédiaire entre Dieu et les hommes pour offrir des prières et des sacrifices. Il est surtout et essentiellement l’homme du Saint Sacrifice. Il n’y a pas de Sacerdoce, il n’y a pas de prêtre sans le Saint Sacrifice de la Messe.
L’Apôtre Saint Paul dans l’Epître aux Hébreux le dit d’une façon très claire : «Car tout Pontife pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices» -munera et sacrificia. Et après avoir montré que le prêtre doit compatir avec les pécheurs, c’est à dire qu’il doit avoir des sentiments de compassion et de miséricorde vis-à-vis des pécheurs, car lui-même est revêtu de faiblesse, l’Apôtre insiste : «C’est pour cela qu’il doit offrir pour lui-même ainsi que pour le peuple des sacrifices pour les péchés». Et il me semble que nous réalisons cela d’une triple façon. Cela signifie que nous devons faire de la Sainte Messe le centre, le cœur de notre vie spirituelle, de notre vie sacerdotale, de notre vie. Et que c’est de la Messe, de la Sainte Messe, et de la célébration de la Sainte Messe que nous devons puiser, tirer, toutes les grâces de sanctification personnelle, et de sanctification des fidèles. C’est à dire que le principal de la sanctification, c’est la Sainte Messe.C’est bien cela que nous a dit Monseigneur Lefebvre. Ensuite, il faut que nous accomplissions notre tâche de médiateur par la prière. Il y a une médiation du prêtre, par la prière, aussi bien publique que privée. Bien sûr, la Liturgie, cela est clair, mais aussi la vie de prière personnelle, privée. Le prêtre est ordonné à une médiation entre Dieu et les hommes. Autrement dit, c’est une prière de demande, d’intercession, de médiation, de réparation, d’expiation, surtout de propitiation. Notre Seigneur lui-même a dit aux Apôtres, dans l’Évangile de Saint Jean : «Ce n’est pas vous qui M’avez choisi, c’est Moi qui vous ai choisis, et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure». Et Notre Seigneur ajoute : «…et afin que tout ce que vous demanderez à Mon Père en Mon Nom, Il vous le donne». Donc il y a quand même un office d’intermédiaire par la prière. Puissant office, fonction du prêtre, semblable à celle de Moïse, par exemple dans l’Ancien Testament, quand il a obtenu le pardon du peuple, par sa prière. Ou quand il a obtenu la victoire dans la bataille, dans la mesure où il a prié pour le peuple. Un pouvoir semblable à celui d‘Élie, d’ouvrir ou de fermer le ciel, les grâces du ciel. Et c’est Notre Seigneur lui-même qui nous a donné l’exemple. Monseigneur Lefebvre parlait de Notre Seigneur comme d’un «grand priant». Il est le modèle de prière sacerdotale par excellence. Et la prière sacerdotale par excellence, c’est la Sainte Messe, encore. C’est donc bien l’exemple que nous avons reçu de Notre Seigneur, c’est la médiation. Afin de rendre Dieu propice, pas seulement pour l’Église, pour les Chrétiens, mais pour le monde. Comme le signale Saint Jean Chrysostome, on est constitué afin de prier pour tout le monde.
C’est donc la Sainte Messe et le Sacrifice de la Messe qui doit être comme le modèle et la forme de la prière sacerdotale. Et nous réalisons ce premier aspect essentiel aussi en nous conformant à Notre Seigneur Jésus-Christ prêtre et victime. Il y a donc une identification qui est requise, une conformité croissante à Notre Seigneur dans notre vie sacerdotale. Imitamini quod tractatis - c’est le Pontifical Romain - : imitez ce que vous traitez. Imitez donc Notre Seigneur dans la Sainte Messe. Or Notre Seigneur dans la Sainte Messe est le prêtre. Il est l’oblation. Il est le Sacrifice. Il est la Victime. Donc il y a une double imitation. Nous devons chercher à ressembler chaque jour davantage à Notre Seigneur Prêtre. Donc, dans Sa sainteté, dans la recherche qu’Il a fait tout le temps de la Gloirede Dieu. Tout est ordonné à la Gloire du Père. Et aussi dans Son souci du Salut des âmes, et dans Sa Miséricorde. Sainteté, Gloire de Dieu, Miséricorde. Mais nous devons aussi nous conformer à Notre Seigneur, victime, oblation, sacrifice. Or le sacrifice implique toujours une destruction. Il y a forcément une destruction, une mort, mystiquement parlant. Surtout à la Messe. Et c’est surtout à l’exemple de la Messe que nous devons puiser cet esprit qui est le vrai esprit sacerdotal. Et pour traduire en mots simples, c’est là qu’il faut accepter les souffrances joyeusement, volontiers. Les adversités, les difficultés, les incompréhensions, les misères… La liste des malheurs de l’homme est très longue. Et c’est donc assumer cela, accepter avec résignation de souffrir la Croix. On ne peut pas éviter de ressentir la Croixcomme une Croix. Sinon ce n’est plus une Croix. En union avec Notre Seigneur, de la vivre en Lui, pour tout le bien dont nous avons besoin, et pour les pécheurs et pour la Sainte Eglise. Je pense que c’est là le sommet de la vie sacerdotale, c’est la fleur, ou le fruit, plutôt.
2. Le deuxième élément essentiel au Sacerdoce : la prédication de la Vérité. Notre Seigneur Jésus Christ est la vérité même. «Je suis la Vérité». Et Il est venu en ce monde afin de rendre témoignage de la Vérité. Comme il le dit devant Kephas. Et la Sainte Église catholique est la colonne et le soutien de la Vérité. Il s’ensuit donc que c’est une tâche essentielle du prêtre que de prêcher la Vérité. Le prêtre doit donc se préparer. Il doit être ou il doit se rendre capable d’enseigner la Vérité. Et il doit se consacrer à la Prédication. Pour Saint Paul, être Apôtre, c’est essentiellement prêcher, enseigner. C’est être un docteur, un messager, un héraut qui proclame toujours la parole de Dieu. Ce sont ses propres mots. La Parole de Dieu, la Parole de Vérité, les saintes paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les paroles de la Foi. La Sainte Doctrine. Et c’est bien l’exemple que nous a donné Notre Seigneur. Sa vie publique est une vie de prédication, d’enseignement. De révélation de la Vérité, déjà. Et c’est même Son commandement : «Allez et enseignez toutes les créatures». C’est à dire tous les hommes. Tous les hommes. Et cette prédication doit être fidèle. Ce qui est requis donc dans l’exercice de ses devoirs, c’est d’avoir la fidélité. Ce que l’on demande au ministre, c’est qu’il soit fidèle. Un ministre doit être fidèle à son ministère, à ce qu’on lui demande. De transmettre. Et être fidèle, cela veut dire d’abord prêcher l’intégrité de la Doctrine. Et ensuite, prêcher, enseigner cette doctrine dans toute sa pureté. Donc vous voyez : toute la Foi, rien que la Foi. On ne peut rien ajouter, ni rien retrancher.
Et cette prédication, intégrale et pure, doit être nécessairement celle de la Tradition. Elle doit prêcher selon l’enseignement de la Tradition. Selon la prédication traditionnelle, qui est le critère et la norme de la Foi. Le principal et le premier des critères de la Foi. C’est ainsi que Saint Paul le nomme. «Nous ne sommes pas comme beaucoup qui frelatent, qui adultèrent la Parole de Dieu. Mais c’est en toute pureté, comme de la part de Dieu, devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons». Prière, justement, de ne pas adultérer la Foi. Et il donne comme conseil à Timothée : «Aie comme modèle les saintes paroles que tu as entendues de moi dans la Foi et la Charité du Christ». L’enseignement pur, parfait. Et il ajoute : «Garde le précieux dépôt de la Foi, par le Saint Esprit, qui habite en nous». Donc le prêtre reçoit le Saint Esprit, spécialement dans le Sacerdoce, afin de garder cet enseignement, cette Tradition, et afin de l’enseigner, de le prêcher. C’est bien là les critères de catholicité. Rappelez-vous les paroles de Saint Paul dans l’Épître aux Galates : «Si quelqu’un, fût-ce moi-même, ou un ange du Ciel…» ; donc si n’importe qui, que ce soit un prêtre, un évêque ou un cardinal, ou un pape, «vous annonce un Évangile différent de celui que nous avons annoncé, que vous avez reçu, qu’il soit anathème». Le critère de la Foi catholique et de la prédication du prêtre, c’est la Tradition. La conformité avec la Tradition de l’Église catholique. Et nous faisons toujours appel à cela. Et c’est cela qui fait notre force. Nous ne faisons pas un magistère «au-dessus du magistère du Pape». Nous faisons appel au magistère du Pape et à l’enseignement constant, à la tradition de l’Église catholique, qui est au-dessus de nous et qui est au-dessus du Pape.
Et ensuite, le prêtre doit aussi prêcher et enseigner avec autorité. Avec force, - qualité essentielle de la prédication. Cela ne veut pas dire, évidemment, avec violence, ou agressivité. Cela veut dire : «force». Etre fort. Saint Thomas dit bien que le prêtre doit prêcher et enseigner avec autorité, parce qu’il est l’instrument, le ministre de Dieu. Donc, il a l’autorité, il est revêtu de l’autorité de Dieu pour cet office. Alors, il doit non seulement enseigner la Doctrine, il doit non seulement exhorter les fidèles, - les exhorter au Bien, à la pratique du Bien -, mais il doit aussi corriger les fautes et les déviations. Que ce soit en dénonçant le Mal, ou en blâmant les fautifs. Et si c’est une question de Foi, une question doctrinale, il est obligé de faire une réfutation solide. Et Saint Paul dit : «…capable de convaincre ou confondre les contradicteurs». De convaincre ou de faire taire les contradicteurs. Il dit à Tite : «Dis ces choses, exhorte et reprends avec toute ton autorité». Et il lui dit aussi : «…le prêtre doit être fortement attaché aux paroles authentiques, telles qu’elles ont été enseignées, afin d’être capable d’enseigner la Sainte Doctrine et de confondre les contradicteurs de la Foi». Ce sont les paroles de Saint Paul à Tite.
Donc il est inhérent à cette obligation de prêcher de défendre les fidèles de toute contamination doctrinale. Le prêtre doit lutter contre les erreurs et contre les faux docteurs. Contre les hérésies et contre les hérétiques. Car il est le gardien des vérités de Foi, première chose. Mais il est aussi gardien du Bien des âmes. Dont le premier est justement cette Vérité en eux, la Foi catholique. Saint Paul est très formel à ce sujet. Rappelez-vous : «Je t’adjure», dit-il à Timothée, «devant Dieu et devant Notre Seigneur Jésus-Christ : prêche la Parole, insiste à temps et à contretemps ; exhorte, convaincs, reprends, en toute longanimité et doctrine. Cela ne veut pas dire avec patience. Bien sûr qu’il faut de la patience vis-à-vis des fidèles ou des fautifs pour les corriger. Mais il ne parle pas de ça. Il dit qu’il faut le faire avec patience, parce que c’est difficile, c’est une souffrance, c’est un combat. Et il annonce, - et c’est le testament spirituel de Saint Paul -, il rappelle que viendront des temps où les Catholiques même se détourneront de la Vérité et tourneront leurs oreilles vers des fables. C’est là donc que le prêtre doit être vigilant. «Endure la souffrance. Remplis ton ministère. Fais œuvre d’évangéliste». Donc c'est bien un devoir que cette sauvegarde de la Foi et des âmes. Et donc, on doit dénoncer les erreurs, les hérésies, mais aussi les fauteurs des erreurs et des hérésies. Et cela, évidemment, suppose de la force. Dans la mesure où le combat, la crise durent, c’est surtout notre patience et notre force qui sont mises à l’épreuve. C’est pour cela que Saint Paul dit à Timothée : «Et toi, homme de Dieu, combats le bon combat de la Foi». C’est un bon combat pour Saint Paul, ce n’est pas un mauvais combat. Mais alors, il faut se battre, il faut lutter. Et pour cela, il faut que nous soyons forts dans la Foi. Et Saint Paul rappelle à Timothée que par l’imposition des mains, nous n’avons pas reçu un esprit de timidité, c’est à dire de crainte, mais un esprit de force, de charité et de sagesse. Il dit d’abord «de force».
3. Le troisième élément essentiel, c’est que le Sacerdoce est tout ordonné à Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout ordonné à faire régner Notre Seigneur. «Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, lequel est le Christ Jésus». Encore des paroles de Saint Paul. Autrement dit, on ne peut pas chercher à bâtir cet édifice mystique qu’est l’Eglise catholique en dehors du seul fondement, qui est Notre Seigneur Jésus-Christ. Et celui qui bâtit sur un autre fondement, bâtit un édifice purement humain. Et comme nous le voyons aujourd’hui, humaniste. Donc tout d’abord, le prêtre doit tout fonder dans son sacerdoce, dans toute sa vie, dans son apostolat, sur Notre Seigneur Jésus-Christ en tant que base. Mais en même temps, Notre Seigneur doit être la fin de tous ses efforts. Car nous sommes constitués afin de : omnia instaurare in Christo - tout restaurer dans le Christ.
Tout restaurer, tout instaurer, tout réunir - comme dit le grec - en Notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, la fin de l’apostolat, la fin du Sacerdoce, la fin de la Sainte Eglise, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est de tout fonder sur Notre Seigneur Jésus-Christ. Tout inspirer de Notre Seigneur. Le prêtre ne peut avoir d’autre désir, d’autre volonté que de consacrer sa vie, toute sa vie, tous ses efforts, tout son travail à faire que Notre Seigneur Jésus-Christ soit tout, en tout, et en tous. Je voulais dire un petit peu à la façon de Saint Augustin : Notre Seigneur doit être tout, en tout et en tous. Mais il faut que ce soit tout Notre Seigneur : Sa doctrine, Son sacerdoce, Sa grâce, Son sacrifice, Sa royauté, Son Eglise, Sa très Sainte Mère. Tout Notre Seigneur. Ensuite il faut que ce soit Notre Seigneurpour tous. Pour tous. Justement, il n’y a pas de salut en dehors de Notre Seigneur. Il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions nous sauver. Et donc, c’est en même temps un don, et c’est en même temps une exigence. Donc, Notre Seigneur pour tous. Pas seulement pour les Catholiques, ou pour les autres qui pratiquent bien leur culte. Eh bien, non ! C’est Notre Seigneur pour tous. Et ensuite, il faut tout ordonner à Notre Seigneur. Tout pour Notre Seigneur. Saint Paul est clair : «Tout est à vous, vous êtes au Christ, et le Christ à Dieu». Voilà la volonté de Dieu, du Père. Que tout soit ramené à Dieu, à Lui-même par Notre Seigneur Jésus-Christ .
Et nous, prêtres, nous ne faisons que coopérer à tout réunir dans le Christ. Et c’est pour cela que Monseigneur Lefebvre résumait souvent notre position par ces paroles de Saint Paul : «Opportet Illum regnare» : Il faut qu’Il règne. Oui, il faut qu’Il règne. Il faut que Notre Seigneur règne. Et le Sacerdoce est une œuvre de christianisation. Les offices sont totalement ordonnés à christianiser et à établir le règne de Notre Seigneur dans toute son étendue. Aussi bien sur tous les individus, toutes les institutions et les sociétés. Aussi bien, l’un que l’autre. Evidemment, «in quantum possumus» : dans la mesure où nous le pouvons aujourd’hui. Mais donc, nous sommes pour cette royauté, que ce soit vis-à-vis des individus autant que des sociétés. Et nous travaillons pour cela. Et nous sommes pour la confessionnalité d’Etat ; c’est une conséquence. Nous sommes pour la royauté sociale de Notre Seigneur, et donc pour la confessionnalité d’Etat. Et ce n’est pas une question simplement politique ; ce n’est pas une question de possibilisme : est-ce possible ou non ? Enfin, c’est une question de Foi ! «Opportet Illum regnare». Déjà Saint Grégoire le Grand le disait : Il y a des hérétiques qui nient la divinité de Notre Seigneur, d’autres qui nient l’humanité de Notre Seigneur, et d’autres hérétiques qui nient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Des hérétiques.
Alors, vous voyez, Mes bien chers Frères, cette simple description du Sacerdoce et ses éléments essentiels, met en évidence combien Monseigneur Lefebvre a été fidèle à nous transmettre le vrai Sacerdoce catholique.Et cela met en évidence aussi la dérive à laquelle nous assistons dans les autorités ecclésiastiques de l’Eglise. Car il y a une radicale opposition par rapport à tout ce que je viens de dire. Et cela nous le constatons même aujourd’hui. Tenez, par exemple, le voyage du Saint Père aux Etats-Unis. C’est un exemple, pour ainsi dire, typique. C’est toujours sous-jacent. Et donc, cela s’applique à des degrés différents, selon les personnes et selon les circonstances. Nous ne disons pas qu’il ne prêche que l’erreur, qu’il prêche toujours l’erreur. Nous ne disons pas cela. Mais si l’on dégage les principes sous-jacents, nous trouvons justement cet esprit naturaliste. Naturaliste. Humaniste. Qui n’est pas à proprement parler surnaturel. Mais plutôt humain. Une vision humaine, où l’homme est le centre un peu de tout. C’est une prédication qui favorise la liberté de conscience et la liberté religieuse. C’est justement là le contraire de la christianisation. Tout ramener au Christ. Et bien, non. Tout est indépendant. L’homme est autonome. Que ce soit dans sa conscience, ou que ce soit dans sa vie sociale, dans la société. Oui, ils font une œuvre de déchristianisation. Diamétralement opposée à ces règles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Qu’ils le veuillent ou non. Pourquoi ? Parce qu’ils adhèrent à des principes libéraux modernistes. Comme l’Eglise l’a dénoncé, depuis deux siècles. Ils n’ont qu’à lire les encycliques des Papes précédents.
Ensuite, on ne prêche plus la Vérité. On est en quête de la Vérité. Alors, le principal moyen d’apostolat, c’est le dialogue. Qu’est-ce que cela a à voir avec la vocation du prêtre. Qui doit prêcher, et prêcher la Vérité. Enseigner. Et selon la Tradition. Nous voyons comment ce qui est vraiment une chaire de Vérité, de Sagesse, devient, dans les meilleurs des cas, une chaire de confusion. Et dans les pires des cas, une chaire d’erreur. C’est terrible. C’est à cela que nous assistons. Le Sacrifice de la Messe est absolument diminué, estompé, obscurci. Au point qu’il devient même un obstacle à la Foi, à la Grâce de Notre Seigneur. Au véritable esprit catholique et chrétien qui est fondé sur la Croix et sur le Sacrifice de la Croix. C’est terrible. L’Ecriture dit, parlant des enfants d’Elie : «Leurs péchés étaient très graves, car ils éloignaient les hommes du sacrifice». Leurs péchés étaient graves, puisqu’ils ont étécondamnés par Dieu. Et ils sont morts à cause de cela.
Et cela, en tout cas, montre l’importance et la nécessité des sacres. Car si nous avons fait cet acte des Sacres, c’est justement pour la survie du Sacerdoce catholique. Donc aujourd’hui, nous revendiquons les Sacres. Nous revendiquons cet acte. Mais non pas comme s’il était une sorte de rébellion contre l’autorité, ou contre l’autorité du Pape. C’est à dire que nous ne revendiquons pas cet acte dans son apparente désobéissance. Mais par contre, nous le revendiquons dans sa résistance réelle. Dans la mesure où nous avons posé cet acte simplement afin de sauvegarder le Sacerdoce catholique. Et qui dit sauvegarder le Sacerdoce, dit sauvegarder la Foi catholique. Et l’Eglise catholique. Et donc, nous revendiquons la figure de Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre. C’est dans ce contexte que sa figure émerge, avec la taille d’un géant. Car Monseigneur a été, quand même, le principal sauveur de la Tradition. Et souvent l’on nous dit : «Vous êtes lefèbvristes». Et nous disons toujours : «Nous ne sommes pas lefèbvristes, nous sommes Catholiques». Mais je souligne quand même que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre, et nous en sommes très fiers. Car il ne faut toujours entrer dans la logique, la sémantique des ennemis. Bien sûr, «lefèbvristes» c’est méprisant. Cela veut dire que nous serions Catholiques parce que lefèbvristes. Et bien non, c’est parce que nous sommes Catholiques, et que Monseigneur Marcel Lefebvre était très Catholique, que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre. Et à l’inverse, aujourd’hui, les gens croient, parce qu’ils obéissent. Ils n’obéissent pas parce qu’ils croient. Ce n’est pas avoir la Foi surnaturelle, c’est avoir l’obéissance. Vous êtes Catholiques si vous obéissez. Et non pas si vous croyez. Or l’obéissance est une conséquence de la Foi. Et donc, si nous avons adhéré à cet homme, sauveur de la Tradition, c’est parce qu’il était vraiment Catholique. Mais ceci étant dit, ceci étant précisé, nous revendiquons sa figure. Et nous sommes très heureux d’avoir partagé ce combat. Et nous serons très heureux encore de continuer ce combat. Et de partager les souffrances, les peines, les adversités, et si vous voulez les déclarations et même les condamnations dont il a souffert. Nous n’avons pas honte de l’Evangile de Notre Seigneur. Nous n’avons pas honte de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas honte de la Foi catholique de toujours. Nous n’avons pas honte de l’Eglise Catholique de toujours. Et, par conséquent, nous ne rougissons pas de Monseigneur Marcel Lefebvre.
Et cela m’amène à vous parler très rapidement de la situation actuelle. Vous avez peut-être entendu dire, par ci, par là, que nous avions reçu un ultimatum de la part de Rome. De la part du Cardinal Castrillon. Moi je pense que c’est trop dire, un «ultimatum». C’est trop dire. Il y a évidemment une volonté de nous émouvoir, de nous effrayer un peu. De nous mettre un peu de pression. Nous presser, dans le sens d’un accord purement pratique, qui a été toujours la proposition de Son Eminence. Alors, évidemment, vous connaissez déjà notre pensée. Cette voie est une voie morte. Et puisque c’est là, pour nous, c’est la voie de la mort. Et donc, il n’est pas question de la suivre. Nous ne pouvons pas nous engager à trahir la confession publique de la Foi. Il n’est pas question. C’est impossible. Et nous ne voulons pas, en tant que nous voulons garder la Tradition, défier ce bâtiment mystique qu’est l’Eglise, etnous embaucher dans une entreprise de démolition. Impossible. Vous réfléchirez sur tout ce que nous avons déjà dit. C’est impossible.
Alors évidemment, notre réponse va plutôt dans le sens de ce que nous avons déjà demandé. Ce que nous demandons depuis longtemps, ce sont les étapes avec les préalables. Et qui aboutiraient, éventuellement, à une discussion, à une confrontation. Théologique. Plus que théologique, encore, doctrinale. Plus que doctrinale, encore, du magistère. Et plus que du magistère, de Foi. Mais c’est la seule voie que nous sommes prêts à accepter. C’est la seule voie que nous demandons. Evidemment, la réponse de la Fraternité va dans ce sens-là. Et elle ira dans ce sens-là.
Alors, que nous prépare l’avenir proche ? Moi, je ne sais pas. Je pense que le plus probablement ceci aboutira à une pause, à une stagnation de nos contacts avec Rome.
Moins probablement, à une déclaration, nouvelle, contre nous.
Et moins probablement encore, cela aboutira au retrait du Décret d’excommunication, et ensuite à une discussion sur la Foi catholique. Discussion, pour ainsi dire, évidemment.
Voilà. Je vous les ai données dans l’ordre décroissant. D’après moi. C’est une conjecture que je fais moi-même, à mes frais.
Pour terminer, je vous rappelle, chers ordinands et chers confrères, les paroles de Notre Seigneur avant de monter au Ciel, qui me semblent contenir des passages beaux, si beaux. Qui contiennent la quintessence de l’Evangile : «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». C’est le Christ Roi, Universel, qui parle. Le Maître de l’Histoire et de l’Eglise. «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». «Allez donc, et enseignez tous les hommes, toutes les nations», - c’est bien le Christ Prêtre, Docteur, Docteur de Vérité. C’est le Christ-Vérité qui nous les dit -, «les baptisant, au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit». C’est bien le Christ-Vie. C’est le Christ-Prêtre qui communique la grâce. Qui nous donne cet ordre de les convertir, de leur donner la grâce. «Leur apprenant à garder tout ce que Je vous ai demandé». «Tout ce que Je vous ai demandé». Absolument tout. Et c’est bien le Christ Législateur, qui établit leur morale même, qui nous demande d’enseigner cela. Ceux qui croiront, et se feront baptiser se sauveront. Et ceux qui ne croiront pas, se condamneront, seront condamnés. C’est le Christ Juge et Rémunérateur qui nous l’annonce. «Et voici que Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles». C’est le Christ Sauveur, Rédempteur, le Christ Tête de l’Eglise. C’est le Sacré-Cœur de Jésus qui nous annonce Son secours, dans Sa Toute-Puissance et dans Sa Miséricorde. Alors, nous n’avons rien à craindre. Il l’a dit lui-même aux Apôtres : «Ne craignez rien ! J’ai vaincu le monde». Et Notre Seigneur ne parle pas seulement du monde mondain. Le contexte le montre bien que, dans «J’ai vaincu le monde», Notre Seigneur inclut les autorités ecclésiastiques de l’époque, puisqu’il parlait un peu avant des Pharisiens et des Sadducéens. Autrement dit, Notre Seigneur a vaincu tous Ses ennemis. Et nous, nous sommes au service de ce si puissant Seigneur, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs. Alors nous n’avons rien à craindre. Et la Providence va nous donner, pour l’avenir, ce qui nous convient. Comme toujours. Parfois c’est la souffrance, parfois c’est l’épreuve, une accalmie, une petite bataille gagnée. Nous ne connaissons pas l’avenir. Nous ne savons pas où l’histoire du monde va aboutir, ni l’Eglise elle-même, et le monde. A quoi Dieu nous prépare-t-Il ? Nous ne le savons pas. Mais que ce soit dans la souffrance, dans le combat, dans la joie, dans la victoire, nous sommes toujours également rassurés. Car notre Espérance est bien fondée en Dieu, en Sa Providence et en Notre Seigneur Jésus Christ.
Et c’est pour cela que nous prions également aujourd’hui la Très Sainte Vierge Marie. Et tout particulièrement l’Immaculée, la Toute Pure. Car c’est bien Elle qui est le chemin pour aller à Notre Seigneur Jésus Christ, qui est le chemin assuré pour aller au Christ, pour vivre de la Vie du Christ. Mais c’est aussi l’Immaculée qui a reçu les promesses de la Victoire. Ipsa conteret. La Victoire a commencé déjà, par Marie. La victoire finale viendra aussi par l’entremise de l’Immaculée. Par le triomphe du Cœur Immaculé et douloureux de Marie.
Alors, ayons cette confiance et soyons courageux dans notre Sacerdoce, dans notre ministère et dans l’accomplissement, chaque jour meilleur, des exigences de notre Sacerdoce Catholique.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Ainsi soit-il.
+ Alfonso de Galarreta, Ecône le 27 juin 2008.