Le témoignage de Poulat «Ils sont tous modernistes» |
31 octobre 2008 - Jean Madiran - present.fr |
L‘événement est religieux. L‘événement, c’est Poulat et son témoignage irrécusable. Dans les 280 pages de France chrétienne, France laïque (Desclée de Brouwer, achevé d’imprimer : octobre 2008), Emile Poulat est interrogé, contredit, écouté par Danièle Masson, qui est un redoutable inquisiteur et un critique parfaitement informé des sortilèges idéologiques contemporains. Impressionnant, Emile Poulat, par la diversité, le volume, la sûreté de ses connaissances historiques, et souvent par la pertinence de ses observations. Mais il pourrait sans doute, à la manière de Mauriac, dire de Pie X : « Ce saint n’est pas de ma paroisse. » C’est dommage. Emile Poulat est, en matière d’histoire du catholicisme moderne, l’auteur le plus important et le principal témoin. J’entends qu’on m’objecte : – Le principal ? Le plus ? Mais que faites-vous donc d’Yves Chiron ? – Patience ! Yves Chiron est sur la voie de devenir nec Poulato impar, mais quand il aura le même âge et autant de travaux accomplis. Ce livre, France chrétienne, France laïque, est d’une grande richesse. Je n’en fais pas une recension. J’en retiens avant tout un témoignage capital. On cite souvent le jugement de Maritain en 1966, sans tenir compte de son contexte un peu restrictif. Il apercevait dans le catholicisme une fièvre néo-moderniste fort contagieuse, disait-il, auprès de laquelle le modernisme du temps de Pie X lui paraissait n‘être qu’un modeste rhume des foins. L’exagération verbale mise à part, Maritain avait raison. Les élites intellectuelles et sociales du catholicisme vivent aujourd’hui sous la domination d’un modernisme d’une gravité jamais atteinte auparavant. Les historiens, même catholiques ? Désormais, « ils sont tous modernistes », dit Poulat, « sans toujours le savoir ou l’admettre » (p. 61) : pour eux, « Dieu a cessé d‘être un personnage de l’histoire comme il pouvait l‘être pour Bossuet et encore pour Dom Guéranger ». D’ailleurs, « on ne peut plus essayer de présenter en Sorbonne une thèse où il apparaîtrait comme tel ». Ce n’est point limité aux historiens, mais l’enseignement historique est ici décisif. La foi chrétienne en effet est la foi en la réalité d’une histoire : le Décalogue révélé par Dieu à Moïse, l’annonce d’un Messie par les prophètes juifs, l’incarnation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, son enseignement, sa mort, sa résurrection, son Eglise… Quand l’histoire enseignée est moderniste, on aboutit inévitablement à « ce modernisme ambiant et vulgarisé qui traîne aujourd’hui partout » (p. 236). Partout, c’est-à-dire partout dans les hiérarchies de la société civile et de la société ecclésiastique, et surtout chez leurs diplômés de « sciences humaines », leurs docteurs en religieuse et leurs autres stars audiovisuelles. Il n’est pas indispensable au salut temporel ni au salut éternel d’avoir une philosophie : mais il est indispensable de n’en avoir pas une qui soit mauvaise, fût-ce sans le savoir. Or « le kantisme », dit Poulat, est « la forme d’esprit qui façonne aujourd’hui tout homme normalement constitué. L’homme politique, l’industriel, le scientifique, même catholique, est spontanément kantien » (p. 215). Il ne dit pas : l‘évêque, le commissaire doctrinal, le recteur d’université catholique, mais cela va de soi, il a dit « partout », il a dit « tous », et s’il y a bien sûr quelques rares exceptions, elles sont presque toutes automatiquement marginalisées, aussi bien dans la société ecclésiastique que dans la société civile. Ce que dit Poulat du modernisme dominant, d’autres l’ont dit, mais ils ne comptent pas, car dansl’Egl ise et dans sa hiérarchie, parler contre la prépotence moderniste fait immédiatement ranger dans la catégorie d’« intégriste », qui est disqualifiante. Mais là il s’agit d’Emile Poulat, qu’il est impossible de soupçonner d’« intégrisme ». Si l’on devait le suspecter de pencher d’un côté, ce serait plutôt du côté « moderniste » et « kantien ». En cela consiste l‘événement. Le témoin est compétent, il sait de quoi il parle, il est la référence reconnue en matière d’« intégrisme » et de « modernisme ». Quelle clarification ! JEAN MADIRAN Article extrait du n° 6707 de Présent, du Vendredi 31 octobre 2008 http://www.present.fr/article-7626-6707.html |
▼
31 octobre 2008
30 octobre 2008
La Révolution de Benedetto |
30 octobre 2008 - abbé Guillaume de Tanoüarn - ab2t.blogspot.com |
"Lire le Concile à la lumière de la tradition", la formule n'est pas neuve, elle avait d'ailleurs servi à Mgr Lefebvre lui-même, qui a signé la plupart des documents du Concile et qui admettait que l'on puisse et que l'on doive en "discuter" à la lumière de la Tradition, en cas de difficulté (alors que Mgr Fellay à Villepreux le 11 octobre dit curieusement que "Pour nous le Concile, c'était pas matière à discussion". S'il refuse de le discuter, il refuse donc de le lire à la lumière de la Tradition). Mais ce n'est pas cette "discussion autour du Concile" qui est nouvelle chez Benoît XVI. Ce qui est nouveau, c'est que quelle que soit la pertinence des questions posées par Vatican II (qui, ayant refusé de condamner le communisme nous a placé dans un univers mondialisé, le monde idéal rêvé après la IIème Guerre Mondiale et qui naît après la chute du Mur de Berlin en 1989), on ne peut les comprendre, ces interrogations nouvelles apportées par le Concile, que par la méditation des grands auteurs de la Tradition catholique, et en particulier par la méditation de saint Bonaventure. Concrètement cela donne quoi ? Voici un exemple de lecture bonaventurienne du Concile. On doit comprendre la fameuse "autonomie des réalités créées" exaltée par les Pères conciliaire non pas en la référant à la théorie kantienne de l'autonomie du sujet, seule source de la loi, mais en relisant l'Itinerarium mentis ad Deum et en faisant de la consistance autonome du créé devant le Créateur une raison supplémentaire d'adorer sa Toute-puissance. L'autonomie du créé n'est que celle de l'image par rapport à ce dont elle est l'image. Et voilà Bonaventure interprète de Vatican II ! Mais cette référence papale à Bonaventure (référence cum grano sais comme je l'écris plus haut) signifie encore autre chose, parce que le sel du pape est corrosif. Elle induit une attitude totalement nouvelle face au Concile. Benoît XVI n'a pas seulement en vue l'interprétations de quelques passages difficiles dans le Concile. Il explique, bénignement, qu'entre Bonaventure et Vatican II, entre un auteur traditionnel et un texte magistériel resté volontairement sans les formes de l'autorité et sans les anathema sit qui la formalisent, l'autorité discriminante ou référentielle se trouve habituellement dans le docteur traditionnel et pas dans le texte conciliaire. Ceux qui seraient choqués ou inquiets devant ce "new deal" de la foi peuvent reprendre le texte du pape au Seraphicum (cf. post préc.) : on ne peut comprendre Vatican II et son actualité que par Bonaventure et sa Tradition. On ne peut donner autorité au Concile que dans l'autorité des docteurs de la foi, qui ne le connaissaient pas, mais qui permettent de comprendre les questions qu'ont posé de manière pertinente les Père conciliaires. Parmi ces docteurs de la foi, il y en a un qui a connu le Concile et c'est le pape Jean Paul II, autour duquel tourne le colloque organisé au Seraphicum. Certes les encycliques de la première décade de son pontificat révèlent "une écriture très personnelle", note Joseph Ratzinger dans un texte d'hommage pour les 20 ans de pontificat de JPII. Mais les encycliques de la deuxième décade (il cite particulièrement Veritatis splendor 1993), c'est autre chose : "Ils se déploient en profondeur, confrontant les questions du temps présent à la plénitude de la Tradition, enseignant ainsi à conjuguer continuité et développement". Telle est la Révolution de Benedetto ! Un changement du centre de gravité. Le centre, c'est la Tradition, le concile, c'est la périphérie. Périphérique, le concile n'est pas cité dans la dernière encyclique papale, Spe salvi, centrée sur le coeur traditionnel de l'Eglise, la Parole de Dieu en général et les épîtres de saint Paul en particulier. |
29 octobre 2008
Benoît XVI et Vatican II : nouvelle déclaration |
29 octobre 2008 - abbé Guillaume de Tanoüarn - ab2t |
Le pape vient d’envoyer au Père Marco Tasca, Ministre général de l’Ordre des Frères Mineurs un message à l’occasion de l'ouverture à Rome du congrès international sur "le Concile Vatican II dans le pontificat de Jean-Paul II". Rappelant d'abord le 50 anniversaire de l'élection de Jean XXIII, qui convoqua ce concile (1962-1965), Benoît XVI écrit que les documents de Vatican II n'ont rien perdu de leur actualité. « Au contraire, leur enseignement apparaît tout particulièrement pertinent face aux nouveaux problèmes de l'Eglise et de la société globalisée ». Citant Jean-Paul II, il souligne combien son prédécesseur a intégré dans son magistère et dans sa manière d'être pape les lignes-guides du concile, au point d'en devenir un interprète qualifié. « Nous sommes tous débiteurs de ce grand évènement ecclésial. La richesse de son héritage doctrinal, contenu dans les constitutions dogmatiques, décrets et déclarations, continue de nous encourager à approfondir la Parole et à l'appliquer à l'Eglise tout en tenant compte des besoins de l'homme contemporain, avide de connaître et de voir la lumière de l'espérance chrétienne ». Enfin le Saint-Père, s’exprimant dans le cadre du Seraphicum, la faculté franciscaine de Rome, a encouragé les participants au congrès à se pencher sur la riche pensée de saint Bonaventure (1221-1274), une oeuvre « qui donne des clefs de lecture toujours valables pour aborder les textes de Vatican II, pour y trouver des réponses satisfaisantes aux interrogations de notre temps ». A travers l’éloge attendu de Vatican II par Benoît XVI, on retrouve l’idée que le Concile doit être interprété à la lumière de la Tradition et non la Tradition à la lumière du Concile. Saint Bonaventure pour comprendre Vatican II, avouons qu’il fallait y penser ! On n’imagine pas le pape s’exprimer ainsi sans un léger sourire… Cum grano salis comme on dit dans la langue de l’Eglise. |
28 octobre 2008
Le plus grand rassemblement de la Tradition catholique depuis le Concile |
2008-10-28 - Ennemond - leforumcatholique.org |
Après quelques jours d'absence (hormis les deux trois secondes où j'ai lancé le lien), il est toujours étonnant de considérer l'évolution d'un fil. Celui-ci me paraît pour le moins curieux ou révélateur. Ce week-end s'est déroulé le plus grand rassemblement de la Tradition catholique depuis le Concile. Il y eut les pèlerinages romains (celui de 1975, celui de 2000), il y eut les grands pélés de Chartres (notamment à l'époque où les deux tendances étaient réunies, il y eut les sacres de 1988 ou le jubilé du Bourget en 1989). Mais aucun de ces rendez-vous n'avait rassemblé des foules si impressionnantes. Les vétérans de 83 (Chouette, Nemo) pourront témoignager pour raconter ce qu'était le premier pèlerinage du Christ-Roi à Lourdes autour de l'abbé Coache : des interdits d'accès, quelques centaines de pèlerins. Cette année, d'après les communions distibuées, ce sont entre 18 et 20.000 personnes qui ont assisté à la messe du dimanche. Au-delà de la démarche spirituelle de tous ces malades et de tous ces pèlerins, il y avait un puissant rappel, celui que le mouvement traditionaliste - sous l'égide de la FSSPX - existe bien, il est bien vivant. Il est bien catholique, tout simplement catholique. Quelques-uns le disent tantôt en voie de radicalisation, tantôt en voie de ramollissement, et bien, sans avoir à se justifier, il se contente d'exister. Les reportages photos sont sans doute beaucoup plus parlants que des commentaires. Quel décalage avec l'état de l'Eglise de France. Les yeux romains - et j'en ai repéré ! - n'auront sans doute pas manqué ce qui n'était plus de l'ordre du détail... |
27 octobre 2008
Le vade mecum du demandeur de célébration de la messe extraordinaire : 3éme Partie |
27 octobre 2008 - Lettre n°149 de paixliturgique.com |
Pour bon nombre des personnes ayant entrepris de demander, dans leurs paroisses, la mise en œuvre du Motu proprio de Benoît XVI, la situation ne s'améliore pas et bien qu'ils aient démontré la consistance de leurs demandes et qu'ils aient obtenu le soutien de nombreux paroissiens tant attachés à la forme extraordinaire du rite romain qu’à la forme ordinaire d’ailleurs, leur curé reste inflexible et refuse d'appliquer les bienfaits du Motu Proprio. La situation reste bloquée et aucune issue bienveillante ne semble pouvoir se dessiner. QUE FAIRE DANS CE CAS ? Notre propos n’est en aucun cas de donner des consignes à suivre. Il s’agit simplement de proposer les solutions que des groupes de demandeurs ont déjà expérimentées avant vous, à charge pour vous, demain, à votre tour, de nous proposer vos meilleures solutions… FAIRE « APPEL » La possibilité d'un « appel » (canoniquement, il s’agit en l’espèce de la « recherche d’une solution équitable », qui est l’équivalent du recours gracieux en droit pénal ou administratif) est explicitement mentionné dans le texte du Motu proprio Summorum Pontificum lui-même. Le fait que le Saint Père ait prévu expressément cette possibilité de faire un recours est bien la preuve qu’il est parfaitement conscient des difficultés et de la situation dans les paroisses. Il a donc anticipé ces blocages en prévoyant cette procédure d’appel. C’est bien là la preuve que la possibilité de faire appel n’est ni scandaleuse, ni farfelue. D'ABORD INFORMER SON EVEQUE C'est une solution tout à fait normale et prévue par le texte du Pape : citons le texte du Motu Proprio Summorum Pontificum Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs … … n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. ….. Pourquoi demander l’intervention de son évêque ? Tout d’abord, parce que le texte du Motu proprio rappelle le rôle majeur de l'évêque dans le "ministère de l'unité" au sein de l'Eglise : " …L'évêque dont le rôle demeurera de toute façon celui de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelques problèmes devaient surgir et que le curé ne puisse pas les résoudre, l'ordinaire local - l'évêque - pourra toujours intervenir en pleine harmonie cependant avec ce qu'établissent les nouvelles normes du Motu proprio" " Soyez attentifs - les évêques - à vous mêmes et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens, pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre fils" AC,20, 28 Voilà donc ce qu'il convient de faire en espérant que l'évêque – dont le Motu Proprio nous dit qu’il est « instamment prié d’exaucer leur désir » (ndlr : des groupes de demandeurs) - s'associe aux vœux du Saint-Père. COMMENT LE FAIRE ? Le plus simple est de solliciter un rendez-vous où vous vous rendrez à trois ou quatre familles pour lui présenter votre demande, lui en démontrer le sérieux et la consistance et le prier d'inviter votre curé de paroisse à accepter celle-ci dans la paix et la charité. Si - ce qui parait improbable naturellement - ce rendez-vous s'avérait impossible et que votre évêque vous répondait en substance « compte tenu de votre demande, je ne juge pas utile de vous rencontrer », il conviendrait d'adresser un courrier à votre pasteur (avec copie à votre curé) pour formaliser vos démarches et ainsi éviter que votre demande ne soit pas considérée comme sérieuse et ne passe aux oubliettes… A ce stade, il faut encore espérer que le bon sens l'emporte et que ce qui n'est qu'une demande simple de fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain, soit simplement résolu sans détour , sans déloyauté, ni arrières pensées mesquines. Il se pourrait cependant que pour mille bonnes raisons, l'évêque soit empêché de satisfaire cette demande ou ne souhaite pas y répondre. Dans ce cas, le texte du Motu Proprio a une nouvelle fois anticipé cette difficulté et prévu ce qu’il convenait alors de faire : il vous reste encore la possibilité de faire appel de cette situation tout à fait sereinement et respectueusement. S'ADESSER ENSUITE A LA COMMISSION ECCLESIA DEI Une nouvelle fois tournons-nous vers le texte du Motu Proprio Art. 7. ….. S’il [L'évêque ] ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei. Il reste donc encore la possibilité de s'adresser à la commission Ecclesia Dei qui à été chargée par le Saint-Père de trouver des solutions aux éventuels difficultés qui pourraient survenir…. COMMENT S'ADRESSER A LA COMMISSION ECCLESIA DEI ? Il faut respecter les formes et les usages de la Curie romaine : un texte court qui ne devra pas dépasser une page (Un recto), adressé principalement par FAX et éventuellement et en plus par courriel (eccdei@ecclsdei.va) dans lequel vous résumerez en quelques lignes circonstanciées les étapes de votre demande et le nombre de personnes concernées par celle-ci ainsi que vos coordonnées (Adresse postale, téléphone, fax et méls). Vous n’oublierez pas de mettre votre curé et votre évêque en copie de votre recours à la Commission. Avant de lancer cette nouvelle démarche, vous pourriez vous interroger sur ce que vous pouvez espérer de votre appel à la Commission Ecclesia Dei. Sachez qu'avec le temps, vous pouvez en attendre beaucoup. - Tout d'abord, vous adresser à la Commission Ecclesia Dei, c'est informer le Saint-Père par le biais de ceux qu'il a choisis et mandatés. C'est pour cela qu'il est essentiel que vous informiez le Commission de la situation invraisemblable dans laquelle vous vous trouvez. Vous éviterez ainsi que certains ne fassent croire, comme ils l'ont fait depuis si longtemps, qu'il n'y a pas de problème liturgique dans nos paroisses et nos diocèses. Vous éviterez aussi qu’on prétende que votre demande, initiée par quelques « activistes » - dont vous-même - ne repose en fait sur rien ni personne et n'a d'autre but que de nuire à votre évêque… - Ensuite il faut savoir que si la Commission Ecclesia Dei n'a pas, à ce jour, de pouvoir coercitif, son rôle est néanmoins essentiel car elle cherchera toujours avec bon sens à apaiser les antagonismes et saura œuvrer avec charité "à la manière romaine » - et donc notamment avec le temps qui " n'a pas à Rome la même durée » que chez nous - à trouver des solutions harmonieuses dans l'esprit de la volonté du Saint-Père. C'est l'une des missions que précise le Motu Proprio qui déclare dans son article 8 que la Commission devra apporter "conseil et aide aux évêques ". - Enfin, il faut être convaincu que la multiplication de la présentation des situations difficiles qui sont faites à la Commission Ecclesia Dei, l’amènera à inviter le Saint-Père à trouver de nouvelles solutions pour propager la paix , l'unité et la charité de l'Eglise. Voici au moins trois bonnes raisons pour ne pas se passer de ce recours au motif qu'il serait inutile. Ensuite il vous faudra de nouveau attendre une réponse de la Commission sans pour cela rester inactif ! Il ne faudrait pas en effet que ceux auxquels vous avez adressé votre demande, ne s’imaginent que vous avez renoncé à obtenir la célébration d'une messe selon la forme extraordinaire dans votre paroisse… DOCUMENT ANNEXE N° 1: La lettre à votre évêque par laquelle vous l'informez que vous vous tournez vers la commission Ecclésia Dei Monseigneur, Il y a quelques semaines, nous vous avons fait part des difficultés que nous avons rencontrées dans notre paroisse pour bénéficier au sein de celle-ci d'une célébration chaque dimanche et fêtes , d'une messe selon la forme " Extraordinaire" de l'unique rite romain comme le Saint-Père l'a rendu possible en publiant le 7 juillet 2007 son motu proprio Summorum Pontificum. Nous nous étions alors tourné vers vous , le père commun de tous les fideles du diocèse et le ministre de l'Unité, en espérant que vous pourriez nous aider par votre bienveillance et votre autorité à surmonter les difficultés qui nous étaient opposées comme cela était suggéré dans l'article 7 du Motu proprio Summorum Pontificum ( Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs … … n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. …) Vous comprendrez Monseigneur que votre réponse négative va à l'encontre de notre espérance légitime de vivre avec nos familles notre foi catholique au rythme de la forme extraordinaire du rite romain dans notre paroisse, en pleine communion avec vous et notre diocèse. C'est pourquoi, après avoir prié et réfléchi , nous avons décidé, conformément aux termes du Motu proprio summorum Pontificum ( Art 7 ) de nous tourner vers la commission Ecclésia Dei afin qu'elle nous aide à trouver une issue favorable. Nous restons Monseigneur vos enfants fidèles qui espèrent encore que vous nous aiderez avec bienveillance à œuvrer pour que l'unité triomphe au sein de l'Eglise du Christ Nous vous assurons de nos prières et nous recommandons aux vôtres Familles X…. DOCUMENT ANNEXE N° 2 : Un exemple de dossier adressé à la Commission Ecclesia Dei Lettre à adresser de préférence par fax. : 00 39/06 698 83412 XXX, le XX XX 2008 M et Mme M Mme Tél 00 33/……… A SE le Cardinal CASTRILLON Président de la Commission Ecclesia Dei A l’attention de Mons Camille Perl 00120 CITTÁ DEL VATICANO Eminence, Notre groupe, composé de … personnes de la paroisse de ……, diocèse de…….., a demandé à notre curé, le P… (adresse – téléphone), par une série de démarches orales et écrites échelonnées du….. au…, la célébration selon la forme extraordinaire : 1°/ d’une messe dominicale, à intégrer aux autres messes de la paroisse, le tout en vertu de l’article 5 § 1 du Motu proprio Summorum Pontificum ; 2°/ et d’une messe en semaine. Nous estimons à …. sur……., le nombre des paroissiens pratiquants qui pourraient assister à une messe dominicale selon la forme extraordinaire. Nous avons pu évaluer à ……% le nombre des fidèles pratiquants de la paroisse qui sont favorables à la coexistence des deux formes du rite dans notre paroisse. Sur refus de notre curé, qui nous a été signifié le………, nous avons adressé notre requête à notre évêque, Mgr… (adresse, téléphone). Ce dernier nous a signifié son refus de la manière suivante : ( Une à deux lignes de synthèse )……… Toutes nos démarches ont été courtoises, discrètes, confiantes, non polémiques, soutenues en outre par un nombre considérable de fidèles de la forme ordinaire. Dans notre paroisse sont réunies les conditions pour une cohabitation aisée, pacifique, et souhaitée par le plus grand nombre, des deux formes du rite. C’est pourquoi, nous nous tournons vers Votre Eminence pour solliciter sa paternelle intervention et La prions de recevoir l’hommage de notre profond et filial respect. |
26 octobre 2008
Sermon de Mgr Fellay lors du pèlerinage international de la Fraternité Saint-Pie X à Lourdes |
26 octobre 2008 |
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen Mes bien chers Seigneurs, Messieurs les abbés, religieux, religieuses, chers fidèles, chers pèlerins, Nous voici rassemblés ici en cette fête si magnifique du Christ Roi pour honorer, louer, remercier, écouter, supplier la TS Vierge Marie. Et nous fêtons la fête du Christ Roi. Pie XI devant les tribulations du monde, devant cette rébellion systématique des hommes contre Dieu, a voulu insister sur ces droits de Dieu sur la terre. Et cette fête du Christ-Roi, de Notre Seigneur Jésus Christ image du Dieu invisible, vrai Dieu et vrai homme affirme ces droits de Dieu, et nous voyons Notre Seigneur affirmer ces droits de Dieu, non seulement au ciel, non seulement à la fin des temps, mais en tous temps, hier, aujourd'hui et demain. Notre Seigneur nous demande de prier "Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel." Et ainsi dans cette fête nous l'avons entendu dans l'épître : "tout a été créé par lui, et pour lui, et tout a en lui sa consistance: les individus, les sociétés, tout. Malgré cette affirmation, ce rappel, nous voyons cette sourde oreille du monde qui ne veut pas écouter. Nous le voyons déjà au 19e siècle, nous le voyons dès la Révolution, nous voyons que cela continue. Et quand nous regardons ces apparitions de la Ste Vierge qu'il s'agisse de La Salette, qu'il sagisse de Lourdes, qu'il s'agisse de Fatima, on a l'impression que le ciel dit quelque chose comme ceci: "Ils ne veulent pas écouter le Fils, peut-être écouteront-ils la Mère. Ces apparitions sont des miséricordes du Bon Dieu qui rappellent justement ces droits de Dieu. Notre Dame nous conduit tout droit à Notre Seigneur, à Dieu. Et si nous sommes ici c'est tout d'abord pour l'honorer, pour dire que nous voulons nous, prêter attention si la Ste Vierge, si le ciel daigne parler aux hommes. Certes ce n'est pas la révélation publique terminée à la mort des apôtres, mais c'est encore le ciel qui parle, et bien évidemment, toujours dans le même sens. Nous venons pour honorer cette messagère du ciel qui prend le plaisir de confirmer ici le dogme qui la concerne. Quatre ans auparavant, de l'Immaculée conception. Nous devinons le plaisir du ciel à cette proclamation sur la terre. Nous devinons la joie de Notre Dame lorsqu'elle dit à la petite Bernadette : Je suis l'immaculée Conception. Et donc unissons-nous à tous ceux qui saluent notre Dame dans son Immaculée conception. Mettons-y tout notre coeur, tout notre affection, toute notre volonté de réparer pour tous ces mécréants pour toutes ces pauvres âmes qui ne trouvent rien de mieux que d'insulter leur Mère par toutes sortes d'outrages. Réparons dans cette salutation angélique, dans ce rosaire répété. Et ce qu'elle nous dit ici Notre Dame, c'est très simple: "priez, pénitence, pénitence, pénitence". On pourrait croire qu'elle est avare de mots, pourtant cela suffit. Elle nous donne là les deux remèdes proportionnés à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Si nous sommes sur la terre, c'est pour gagner notre ciel, c'est pour nous sauver. Dieu permet que nous vivions dans une époque terriblement troublée, et les remèdes sont toujours les mêmes, toujours aussi simples : prière, et pénitence. Et quelle insistance sur la pénitence, trois fois:"pénitence, pénitence, pénitence". C'est l'écho exact de ces paroles de Notre Seigneur lui-même : "Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous," C'était vrai au moment où il le disait et c'est vrai pour tous les temps. Et ce qui se passe depuis une quarantaine d'années, quelque chose de vraiment étonnant, c'est que cette parole là s'est tue. Le monde ne pense qu'au plaisir, le monde ne veut que la vie facile. Et on ne trouve presque plus de bouches qui rappellent ce chemin du ciel : pénitence. C'est la croix, c'est le chemin de Notre Seigneur, pas un autre. Nous sommes sauvés par la croix de Jésus. C'est là que nous trouvons, dans son Sang qui coule, dans sa mort, le prix de notre rédemption, et si nous voulons être sauvés, il nous faut le suivre. C'est le grand enseignement du sacrifice de la messe, de cette extraordinaire invitation du souverain prêtre notre seigneur, invitation aux âmes baptisées à s'unir à lui dans son sacrifice. Et pas seulement le temps d'une messe, le temps d'une vie sur la terre. Prière, cette prière, elle l'indique par ses mains qui tiennent un rosaire à ses pieds on voit des roses. Lourdes en arabe veut dire rose. Du nom de ce chef de château-fort: Mirat, qui refusait de se rendre à Charlemagne en 778, mais qui sous les injonctions de l'évêque du Puy, fut d'accord de se rendre corps et âme à la Reine du ciel. Et peu après se convertit en prenant le nom de Lourdes : Lourdus : Rose. Nous sommes ici sur le terrain de la Ste Vierge. Une dame qui nous apprend à prier une chaîne de roses, le rosaire. Combien elle insiste durant tous ces derniers siècles : priez le Rosaire. Il est indéniable que le ciel a voulu mettre dans cette prière une puissance toute particulière, un antidote au monde moderne, à l'esprit moderne. Car cette chaîne nous enlace aux mystères de notre Seigneur et nous unit aux grâces qu'il y a méritées, et nous fortifie dans l'esprit chrétien. Elle nous donne la force de vivre en chrétiens aujourd'hui, dans ce monde. Prenons donc au sérieux ces deux invitations de la pénitence et du rosaire. Si nous sommes ici, nous sommes ici à l'anniversaire des 150 ans des apparitions de Notre Dame, mes bien chers frères, nous sommes aussi ici pour un autre anniversaire que nous voyons lié intimement à Notre Dame. Parce que nous y voyons la protection de Notre Dame. Cet anniversaire, bien chers frères, ce sont 20 ans des consécrations épiscopales. Et nous osons dire que nous y voyons là comme un miracle. Un miracle que vingt ans après nous soyons là, que nous soyons là sans avoir changé de cap dans une tourmente extrêmement difficile, délicate, une ligne qui est comme un fil de rasoir où il est si facile de tomber soit à droite, soit à gauche. Et humainement, un faux pas va presque de soi. De maintenir ce cap cela signifie une protection toute spéciale et cette protection toute spéciale nous osons l'attribuer à Notre Dame. Une autre chose, une autre protection, mes bien chers frères, c'est que les 4 évêques consacrés il y a 20 ans sont tous ici, non seulement bien vivants, mais unis. Unis dans le même combat, malgré tous les prophètes, les faux prophètes qui prédisaient il y a déjà 20 ans toute sorte de divisions, et bien non, ils sont là, et c'est une grande grâce du ciel et nous remercions la Très Ste Vierge. Et pendant ces jours, certainement, nous voulons élever vers Notre Dame un grand élan de gratitude pour ces sacres, pour toute la protection que cela a pu donner à tout ce mouvement que nous appelons Tradition. Et bien évidemment, nous supplions le ciel, nous supplions la TSV qu'elle nous maintienne dans cette ligne de fidélité, fidélité à la foi, fidélité à l'Eglise. Aujourd'hui, mes bien chers frères, dans cette ligne des consécrations, nous aimerions relancer une croisade, et précisément, une croisade du rosaire. Il y a deux ans nous en avions lancé une. C'était pour obtenir ce fameux premier préalable comme nous l'appelons, pour obtenir du St Père, par l'intervention de la TSV que la très sainte messe, la Messe de toujours retrouve ses droits dans l'Eglise. Que ses droits de l'Eglise soient réaffirmés, et même jusqu'à Rome aujourd'hui, il y a des voix pour attribuer à cette prière ce fameux Motu Proprio. Confiants en Notre Dame, aujourd'hui nous voudrions relancer la même croisade. Nous voudrions relancer votre générosité, mes bien chers frères, pour demander à la TSV Marie qu'elle obtienne ce deuxième préalable: le retrait du décret d'excommunication, et ainsi nous vous invitons jusqu'à Noël de rassembler, dans votre générosité, de nouveau un million de chapelets que nous pourrons de nouveau présenter au souverain pontife avec insistance. Si nous demandons ces choses c'est pour deux motifs qui sont à des niveaux différents, et de différente importance. Le premier, nous ne le considérons pas si important. Il a une importance évidemment, mais comparé au deuxième il est moins important. C'est que ma foi, cet argument de l'excommunication est utilisé très souvent par, disons, les progressistes comme un moyen facile de ne pas entrer en discussion, de ne pas écouter, de ne pas regarder l'importance de ce que nous aimerions apporter, des questions graves que nous avons. Elles sont facilement écartées avec ce mot : vous êtes excommuniés. Le deuxième, plus important, c'est que cette excommunication n'a en fait pas tellement excommuniés quatre personnes ou six personnes. En fait Mgr Lefebvre incarnait une attitude, et nous pouvons dire cette attitude catholique par excellence de l'attachement au dépôt révélé, de l'attachement à tout ce qui a été donné par Notre Seigneur à l'Eglise et transmis de génération en génération et que l'on appelle : la Tradition. Ce n'est pas un attachement fossile, ou mort, c'est un attachement pour prendre dans le passé les principes, les leçons et la vie pour vivre aujourd'hui, car la vérité, Dieu, est au-dessus du temps. La foi ne change pas, les principes surnaturels de l'Eglise ne changent pas. Et cette excommunication a eu pour conséquence que tous ceux qui de près ou de loin essayent quelque chose dans ce sens de l'attachement au passé de l'Eglise se font --plus ou moins – traités de Lefebvristes. C'est cette attitude catholique absolument nécessaire à l'être de l'Eglise et à sa continuation qui a été excommuniée. Et nous demandons au Saint Père, au Souverain pontife, qui, nous dirons, par définition, par nécessité de sa fonction doit vouloir le bien de l'Eglise et par conséquent doit vouloir aussi cet "être" catholique qui a été touché, marqué. Nous en avons des exemples, nous pourrions dire par centaines, où nous voyons des prêtres, des séminaristes, mais surtout des prêtres qui ont eu un moindre comportement en cette direction d'être un petit peu conservateurs, et tout de suite, ils ont reçu le label. Je me souviens d'un Mgr à Rome qui m'expliquait, c'était un brésilien, qu'au séminaire, un jour, il a eu l'idée saugrenue de mettre une chemise noire, cela a suffi pour qu'il soit traité de Lefebvriste! Et donc d'obtenir cette réprobation. C'est presque le sacrilège de faire une telle chose! Ou un autre prêtre, cette fois aux Philippines, qui pendant des années se faisait déplacer de poste en poste parce que lui aussi était trop conservateur. Il disait la nouvelle messe, il voulait simplement la dire à peu près correctement. C'était déjà trop. Lui aussi était Lefebvriste. Un beau jour il s'est dit: il faut quand même que je sache ce que cela veut dire. Il a fini chez nous! Et oui, mes bien chers frères, et si nous demandons encore une fois le retrait de ce décret d'excommunication, insistons sur ce point, cela ne veut pas dire qu'après cela tout sera terminé. Bien au contraire, ce pas ressemble, si vous voulez, au défrichage dans la jungle. Si vous voulez passer, si vous voulez établir une route ou qu'un avion atterrisse quelque part, il faut d'abord aplanir, il faut défricher. C'est un travail qui n'est pas encore essentiel ni à la piste d'atterrissage ni à la route, mais qui est pourtant très important et qui facilite les choses. La chose, la vraie chose, c'est la foi catholique, une fois débarrassée des choses accessoires sur lesquelles se reposent précisément les progressistes, ce label excommunié, nous espérons pouvoir aller enfin au fond des choses. Voyez -vous, il a suffit de quelques secousses dans les finances pour que tout le monde s'affole, il y a une crise économique, il y a une crise financière. Si la terre bouge un peu trop fort, j'allais dire tout le monde saute en l'air, tout le monde constate qu'il y a un tremblement de terre. L'Eglise est mise sens dessus dessous et on nous dit que tout va bien. Il faut aller au fond des choses. C'est bien sûr cela que nous voulons. C'est cette grâce là qu'au fond nous demandons à la Ste Vierge. Même s'il y a des pas, différents pas pour y arriver. Et finalement, mes bien chers frères, nous terminons sur cette pensée, non seulement une croisade du rosaire, non seulement prier la Ste Vierge. Nous vivons des temps indescriptibles, et voyant comment le ciel insiste pour que nous ayons une relation toute spéciale envers la Sainte Vierge Marie, il nous semble que c'est bien le moment, que ce pèlerinage pour renouveler notre consécration à la TSVM. En 84, cela fait déjà bien longtemps, toute la Fraternité Sacerdotale St Pie X s'était consacrée au Coeur Immaculé de Marie. Et nous voyons, et encore une fois, nous attribuons bien à cette protection de la TSVM le fait que nous soyons ici, le fait que cette oeuvre continue de croître. Et il ne s'agit pas de s'encenser personnellement, mais tout simplement de constater les faits et d'en remercier le Bon Dieu, la TSVM. Cette consécration a des conséquences, il ne s'agit pas d'un simple acte, posé une fois, il faut en vivre. Consacrer, cela veut dire se donner. Dans cette consécration nous disons à la TSVM après la consécration, puisque nous nous sommes donnés à vous, notre apostolat, c'est le vôtre, ce n'est plus le nôtre. La responsable de cet apostolat, c'est la TSVM. A nous de la suivre, à nous de l'écouter. Se consacrer cela veut dire aussi travailler à l'imitation de ses vertus, de sa vie, en ce en quoi nous pouvons l'imiter, en sa foi, en son humilité en sa pureté, dans toutes les vertus. Et donc de grand coeur, en toute vérité, renouvelons cette consécration, nous le ferons à la fin de ce sermon, pour encore une fois proclamer que nous la voulons comme notre Mère, comme notre Reine, comme notre Souveraine. C'est elle qui nous conduira à Notre Seigneur, c'est elle qui nous protégera, c'est elle qui nous conduira à Dieu et au ciel. In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen |
23 octobre 2008
Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 73 - Mgr Fellay, Supérieur Général de la FSSPX |
23 octobre 2008 - laportelatine.org |
Lettres aux amis et bienfaiteurs n° 73 Mgr Fellay, Supérieur Général de la FSSPX Chers amis et bienfaiteurs, Cette lettre aurait voulu avant tout vous livrer quelques nouvelles concernant la vie interne de la Fraternité. Cependant, l'actualité plus générale de l'Eglise et en particulier des développements en faveur de la Tradition nous obligent à nous arrêter davantage à des sujets plus externes à cause de leur importance. Une fois encore, il nous semble nécessaire d'aborder ce thème, afin d’exposer aussi clairement que possible ce qui a pu causer un certain trouble au début de l'été. Comme la presse l'a annoncé, d'une manière assez surprenante d'ailleurs, nous avons effectivement reçu un ultimatum du Cardinal Castrillón Hoyos. Mais la chose est assez complexe et demande à être clarifiée afin d’être bien comprise. Un regard sur le passé récent nous aidera à y voir un peu plus clair. Nos demandes préalables Dès les premières approches et propositions de solution de la part de Rome, c'est-à-dire au début de 2001, nous avions dit clairement que la manière dont les autorités ecclésiastiques traitaient les problèmes posés par ceux qui avaient voulu tenter l'expérience de la Tradition avec Rome ne nous inspiraient pas confiance et que nous devions logiquement nous attendre à nous voir être traités comme eux dès que nos relations auraient été réglées. Dès ce moment, et pour nous protéger, nous demandions des actions concrètes qui indiqueraient sans équivoque les intentions romaines à notre égard : la messe pour tous les prêtres et le retrait du décret d'excommunication. Ces deux mesures n'étaient pas réclamées pour obtenir directement un avantage propre, mais bien pour redonner un souffle traditionnel au Corps mystique et ainsi, indirectement, aider à un sain rapprochement entre la Fraternité et Rome. Les premières réponses n'étaient guère engageantes et confirmaient plutôt nos craintes : il n'était pas possible d'accorder la liberté de la messe car, malgré la constatation que cette messe n'avait jamais été abrogée, des évêques et des fidèles pensaient que ce serait un désaveu de Paul VI et de la réforme liturgique... Quant à l'excommunication, elle serait levée au moment de l'accord. Malgré cette fin de non-recevoir, nous n'avons pas coupé le fil ténu de relations assez difficiles, bien conscients que l'enjeu nous dépasse de très loin. Il n'y va pas de nos personnes mais d'une attitude qui, pendant des siècles, a été celle de tous les membres de l'Eglise et qui demeure la nôtre, à l'opposé du nouvel esprit, baptisé « esprit de Vatican II », et dont nous percevons à l'évidence qu'il est l'origine et la cause principale des malheurs actuels de la sainte Eglise. Dès lors, le motif fondamental de notre action et de nos relations avec les autorités romaines a toujours été, prudemment, de tout mettre en œuvre pour le retour de l'Eglise à ce dont elle ne peut se priver sans courir au suicide. Notre situation est bien délicate : d'un côté, nous reconnaissons ces autorités, tant romaines qu'épiscopales comme légitimes, et d'autre part, nous contestons certaines de leurs décisions parce qu'opposées, à différents degrés, à ce que le Magistère a toujours enseigné et commandé. Il n'y là aucune prétention à nous ériger en juge ou à choisir ce qui nous plairait. Il y a simplement le constat extrêmement douloureux d'une opposition qui heurte notre conscience et notre foi catholiques. Une telle situation est d'une gravité extrême et ne peut en aucun cas être traitée à la légère. C'est aussi pour cela que nous n'avançons que très lentement et avec prudence. Pour nous, si nous sommes évidemment très intéressés à obtenir une situation concrète vivable dans l'Eglise, la perception de l’enjeu beaucoup plus profond que nous venons de décrire, nous interdit de mettre sur le même plan les deux questions. Il est si clair pour nous que la question de la foi et de l'esprit de foi passe avant tout, que nous ne pourrons pas envisager une solution pratique avant que la première question ne trouve une solution assurée. Notre Mère l'Eglise nous a toujours enseigné qu'il fallait être prêt à tout perdre, même la vie, pour ne pas perdre la foi. Ce qui est étrange, c'est que les coups, désormais, viennent de l'intérieur de l'Eglise, et c'est bien tout le drame que nous vivons. La réponse sur un des points en 2007, le motu proprio En 2007, le nouveau souverain Pontife Benoît XVI a finalement accordé le premier point que nous demandions, la messe pour tous les prêtres du monde entier. Nous sommes profondément reconnaissants de ce geste personnel du pape. Et cela est pour nous la cause d'une très grande joie, car nous y voyons avec un grand espoir un renouveau pour tout le Corps mystique. Cependant le Motu Proprio est devenu, de par la nature de ce qu'il affirme et redonne – la messe traditionnelle –, l’objet du combat dont nous avons parlé plus haut : car le culte traditionnel s'oppose au culte qui s'est voulu nouveau, "novus ordo missae". Il devient une occasion de lutte entre les progressistes, d’une part, qui protestent des lèvres de leur pleine communion ecclésiale alors qu'ils s'opposent plus ou moins ouvertement aux ordres et aux dispositions du Souverain Pontife, et les conservateurs, d’autre part, qui, du coup, se retrouvent en position de résistance à leurs évêques... A qui faut-il donc obéir ? Les progressistes savent bien que l'enjeu est bien plus que liturgique. Malgré les efforts du Motu Proprio de minimiser l'opposition en affirmant la continuité, ce qui est en jeu, c'est le sort d'un Concile qui s'est voulu pastoral et qu'on a appliqué d'une manière telle que, déjà, Paul VI pouvait parler "d’autodémolition de l'Eglise". L’espérance que le 2e point se réalise assez rapidement Ce premier pas de Rome en notre direction laissait présager que le deuxième acte suivrait bientôt. Certains signes semblaient l'indiquer. Mais, alors que depuis longtemps nous avions proposé notre feuille de route, il semble bien que Rome ait voulu choisir une autre voie. Malgré notre demande réitérée de retirer le décret d'excommunication, et bien qu'il semble ne plus y avoir d'obstacle majeur à la réalisation de cet acte, nous assistons à un coup de théâtre : le Cardinal Castrillón veut nous imposer des conditions avant d'aller plus avant, bien que nous ayons clairement dit que nous attendions un acte unilatéral. Il estime notre attitude ingrate envers le Souverain Pontife, et surtout hautaine, orgueilleuse, puisque nous continuons de dénoncer ouvertement les maux qui affectent l'Eglise. Surtout la dernière Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n'a pas plu. Cela nous a valu cet ultimatum dont nous n'arrivons toujours pas à saisir les termes précis. Car soit nous acceptons la solution canonique, soit on nous déclare schismatiques ! Nos prises de position sont interprétées comme des retards, des atermoiements voulus, on met en doute nos intentions et notre bonne volonté de discuter vraiment avec Rome. On ne comprend pas pourquoi nous ne voulons pas d'une solution canonique immédiate. Pour Rome, le problème de la Fraternité serait par là-même résolu, les discussions doctrinales seraient évitées ou reportées. Pour nous, chaque jour nous apporte des preuves supplémentaires de la nécessité de clarifier au maximum les questions sous-jacentes avant d'aller plus avant dans une situation canonique, qui n'est cependant pas pour nous déplaire. Mais c’est là un ordre de nature, et inverser les choses nous mettrait immanquablement dans une situation invivable ; nous en avons la preuve tous les jours. Il y va ni plus ni moins de notre existence future. Nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas laisser d'ambiguïté sur la question de l'acceptation du Concile, des réformes, des nouvelles attitudes tolérées ou favorisées. Devant ces nouvelles difficultés, nous nous permettons de faire appel à nouveau à votre générosité, et au vu du succès de notre première croisade de rosaires pour obtenir le retour de la messe tridentine, nous voulons présenter à Notre Dame un nouveau bouquet d’un million de chapelets pour obtenir de son intercession le retrait du décret d'excommunication. A partir du 1er novembre jusqu'à la fête de la Nativité, nous aurons à cœur de prier avec une ardeur renouvelée pour que le Saint Père, en ces heures difficiles de l'histoire, remplisse avec fidélité ses augustes fonctions selon le Cœur de Jésus, pour le bien de toute l'Eglise. Nous sommes intimement persuadés qu'une telle mesure de la part du Souverain Pontife produirait des effets tout aussi profonds sur le Corps mystique que la liberté de la liturgie traditionnelle. En effet, l'excommunication ne nous a pas coupés de l'Église, mais elle a séparé bon nombre de ses membres du passé de l'Église, de sa Tradition, ce dont elle ne peut se priver sans graves dommages. Cela relève de l'évidence que la sainte Église ne peut pas faire fi de son passé, elle qui a tout reçu et qui reçoit encore aujourd'hui tout de son divin fondateur, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Car par l'excommunication, c’est l'attitude même qui spécifiait le combat de Mgr Lefebvre qui a été fustigée et pénalisée, ce rapport au passé de l'Église, à sa Tradition. Et depuis, à cause de cette réprobation, nombreux sont ceux qui craignent d’aller aux sources de l’eau vive, seules capables de ramener de beaux jours à notre Mère l'Église. Pourtant, Mgr Lefebvre ne faisait qu’épouser l’attitude d’un saint Paul, au point qu’il demanda que soit gravée sur sa tombe "tradidi quod et accepi" : j'ai transmis ce que j'ai reçu. Saint Pie X lui-même n’a-t-il pas écrit que "les vrais amis de l’Eglise ne sont ni révolutionnaires, ni novateurs, mais traditionalistes" ? Voilà pourquoi, chers fidèles, nous relançons une croisade du Rosaire à l'occasion de notre pèlerinage à Lourdes, pour les cent cinquante ans des apparitions de la Sainte Vierge. Nous remercions la Mère de Dieu pour sa maternelle protection pendant toutes ces années, en particulier pour les vingt ans des consécrations épiscopales, nous lui confions toutes vos intentions, personnelles, familiales et professionnelles. Nous lui confions notre avenir et implorons cette fidélité à la foi et à l'Eglise sans laquelle nul ne peut faire son salut. En vous remerciant de tout cœur pour votre inlassable générosité qui nous permet de continuer l’œuvre magnifique fondée par Mgr Lefebvre, nous demandons à notre bonne Mère du Ciel de daigner vous protéger et vous garder tous dans son Cœur Immaculé. + Bernard Fellay A Menzingen, le 23 octobre 2008, en la fête de saint Antoine-Marie Claret |
[Séminaire St Vincent - IBP] 1ère Messe au Sanctuaire de Nostra Signora di Interrios Villanova Monteleone (Sardaigne)
SOURCE - Séminaire St Vincent - IBP - 23 octobre 2008
Première messe solennelle de M. l'abbé Stefano Carusi, au sanctuaire de "Nostra Signora di Interrios", à Villanova-Monteleone, en Sardaigne, le 23 octobre 2008. En présence du "vicaire forain", représentant de l'évêque, de Don Pietro, curé du village, et de quatre autres curés de paroisses voisines, du diocèse d'Alghero-Bosa; Prêtre-assistant Don Giuseppe Pisanu, curé de la ville de Suni; venant du diocèse de Cagliari, le diacre Don Luca, curé de Gesico, et le sous-diacre Don Pascal, curé de Mandas; Cérémoniaire M. l'abbé Matthieu Raffray, diacre de l'Institut du Bon Pasteur; service liturgique de l'équipe des "chierichetti" (servants de messe) de la paroisse san Leonardo à Villanova-Monteleone. Schola : "Coro de Iddanoa Monteleone", choeur internationalement connu de chants traditionnels latins et sardes.
22 octobre 2008
Rapport de la Fédération Internationale Una Voce |
22.10.2008 - unavoce.fr |
Le 17 juillet 2008, Una Voce France adressait une lettre ouverte au Saint-Père, avant sa visite en France, pour lui demander un soutien plus effectif aux fidèles dans leur possibilité concrète de retrouver la messe latine grégorienne traditionnelle. Les 20 et 21 octobre 2008, c'est la Fédération Internationale Una Voce (dont Una Voce France est adhérente) qui est allée à Rome remettre aux autorités vaticanes un rapport détaillé sur l'application du Motu proprio de Sa Sainteté Benoît XVI un an après son entrée en vigueur. Le document remis comprend aussi une synthèse dont vous allez pouvoir prendre connaissance ci-dessous. Il a été élaboré en se fondant sur les informations en provenance d'une quarantaine de pays. N'hésitez pas à faire connaître ce document autour de vous et à favoriser l'action d'Una Voce. Patrick Banken, Président d'Una Voce France |
20 octobre 2008
|
Chant du Pater et troisième Confiteor |
2008-10-20 - leforumcatholique.org |
Constatant les divergences entre certaines écoles, Monsieur le Curé de Saint-Eugène à Paris a porté la question devant Ecclesia Dei de savoir ce que prévoit le rite en 1962 au niveau du chant du Pater et de la récitation du Confiteor avant la communion des fidèles. Le Curé a donc transmis la réponse d'Ecclesia Dei avec application immédiate dimanche prochain à Saint-Eugène : le Pater est chanté par le célébrant seul, les fidèles reprennent à sed libera nos a malo, et le confiteor avant la communion est supprimé. |
19 octobre 2008
Retour sur la nomination de Mgr Aillet |
2008-10-19 - Ennemond - leforumcatholique.org |
La très récente nomination de Mgr Marc Aillet sur le siège épiscopal de Bayonne fait réfléchir. Qu’un prêtre en soutane, aux tendances biritualistes, attaché à un vocabulaire relativement traditionnel, qui n’a pas hésité à publier un ouvrage sur le Motu Proprio, intègre « l’équipe » des évêques de France ne peut laisser indifférent. Quel statut revêt donc cette nomination ? Si l’on veut considérer les choses d’un point-de-vue optimiste, on peut d’abord la relier à celle de Mgr Nicolas Brouwet, parvenu au moins d’avril à l’auxiliariat du diocèse altiséquanien, et présenter 2008 comme une année de rupture dans le mode de nomination épiscopale. Auparavant, certains blocages ou bien la volonté de ne pas brusquer les esprits avaient fait en sorte que les sièges étaient pourvus par des évêques, finalement bien semblables à leur pairs. Songeons aux nominations de l’évêque de Laval ou de l’auxiliaire strasbourgeois. La nomination de Mgr Aillet, quelques semaines seulement après le discours du pape à la Conférence réunie en assemblée plénière à Lourdes, a quelque chose de symbolique, voire de didactique. Benoît XVI semble presque présenter le modèle de l’évêque français dans une religion restaurée, au goût de la « réforme de la réforme » : L’heureux élu défend le Motu Proprio, il ne rechigne pas devant le rite grégorien, il est issu d’un diocèse ouvert à de nombreuses communautés. Avis aux prêtres ambitieux qui convoiteraient les prochaines mitres, Saint-Denis ou Chambéry par exemple… A contrario, la vision plus pessimiste présenterait le système des nominations épiscopales comme un vaste plan œcuménique où chaque tendance aurait finalement ses représentants. Le Saint-Siège soufflerait alternativement le chaud et le froid. Mgr Delmas constituerait le creux de la vague tandis que Mgr Aillet en serait la cime. Les transferts, ceux de NN.SS. Santier (Créteil), Dufour (Aix-en-Provence), Ulrich (Lille) ou Maillard (Bourges), rappelleraient de leur côté que Mgr Baldelli doit prendre en compte l’inertie de l’institution ecclésiastique française et que, tout compte fait, les vagues finissent par se suivre et se ressembler. Mais, même dans cette vision d’une marée noire – ou du moins violacée – il faut considérer que le chaud qui est soufflé est de plus en plus chaud ou que la vague est de plus en plus haute : Nous sommes passés de Mgr Le Vert (diocésain classique) à Mgr Brouwet (diocésain conservateur frayant dans les pèlerinages « intégristes ») pour arriver à Mgr Aillet (extra-diocésain issue d’une communauté en soutane). Espérons qu’advienne un jour un tsunami. En attendant, surfons sur les nouvelles… |
18 octobre 2008
[Cardinal Castrillon Hoyos] Homélie pour le 20ème anniversaire de la FSSP
SOURCE - Cardinal Castrillon Hoyos - 18 octobre 2008
[Original : allemand] Rome, Très Ste Trinité des Pèlerins, le 18 octobre 2008
"Il les envoya devant lui deux par deux dans toutes les villes et bourgades où il voulait se rendre." (Évangile)
Révérend Supérieur général, M. l’abbé John Berg,
Révérends confrères dans le sacerdoce,
Chers séminaristes,
Chers fidèles,
Dieu, notre Seigneur, a toujours voulu se servir de certaines personnes, pour ouvrir à d’autres personnes les trésors du salut. Il cherche lui-même ceux qui doivent être envoyés pour la moisson : "Je vous ai choisis du milieu du monde, afin que vous alliez et portiez du fruit, et que votre fruit demeure " (Alléluia). Les élus sont envoyés comme ouvriers et non pas en tant que maîtres de l’héritage de Dieu, non pas comme propriétaires, mais comme administrateurs des mystères de Dieu.
Cette élection implique une grande confiance : car le trésor confié c’est le Christ lui-même, et c’est pourquoi le Christ appelle ses élus mes "amis" : "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis, parce que je vous ai dit tout ce que j’ai entendu de mon père". Les élus sont donc ouvriers, serviteurs et amis de l’Époux : "J’ai en grand honneur vos amis, ô Seigneur." (Introït)
Comme St Paul, nous avons reçu la grâce de la vocation sacerdotale et nous avons été appelés à annoncer les "insondables richesses du Christ". Ces richesses que le Christ a confiées à son Église, ont été au cours des siècles utilisées, et jamais épuisées, pour servir à la construction du corps mystique de Jésus-Christ, selon les temps et les circonstances fixées par l’Esprit-Saint. Ainsi les dons de l’Esprit-Saint ont été distribués, et les différentes vocations dans l’Église éveillées à la vie: elles sont si nombreuses, parce qu’elles jaillissent du trésor infini de l’Église. Et il n’y aura jamais un instant dans l’histoire, où l’Esprit de Christ n’éveillera pas des vocations particulières, qui avec un zèle renouvelé, serviront la vérité "ancienne et en même temps toujours nouvelle ", comme le dit saint Augustin, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
Il y a vingt ans, le Seigneur a rassemblé un modeste groupe de prêtres, pour les envoyer eux aussi dans le monde ; ces prêtres ont voulu se mettre avec leur charisme au service du Saint-Père. Ils furent approuvés par le représentant du Christ comme un véritable don de l’Esprit Saint à l’Église.
C'est bien à dessein que cette communauté s’est mise alors sous la protection de saint Pierre le prince des apôtres, afin de montrer son intention de n’agir que "cum et sub Petro", et d’ouvrir aux hommes les richesses de l’Amour miséricordieux du Christ seulement avec la bénédiction et sous la direction du Saint-Père.
Vous le faites, en particulier, mes chers amis, par la célébration de la liturgie de l’Église dans sa forme "extraordinaire". Cette forme est particulièrement adaptée pour montrer la sainteté et la beauté de la célébration de l’Église. Depuis votre fondation, vous vous efforcez d’apporter ce trésor aux fidèles. Sa Sainteté le pape Benoît XVI a, par le Motu Proprio "Summorum Pontificum", il y a un an, rendu plus facile pour toute l’Église la célébration de la liturgie grégorienne et, par le fait même, ouvert de nouvelles possibilités à votre apostolat. Aujourd’hui, je voudrais vous en remercier et vous encourager à réaliser ces possibilités avec joie dans la mesure de vos forces.
"Dans le monde entier a retenti leur message" (Graduel) : vous êtes désormais deux cent huit prêtres de vingt-six différentes nations, qui travaillent dans deux cents diocèses, en dix-sept pays, sur quatre continents. "Votre fruit doit rester" (Alléluia) : dans vos deux séminaires cent trente-neuf séminaristes se préparent au sacerdoce dans votre Communauté. Vos prêtres travaillent aujourd’hui dans plus de cent cinquante maisons, dont onze ont été érigées en paroisses personnelles. Comme les Apôtres autrefois, le Seigneur vous envoie, aujourd’hui encore, "comme des agneaux parmi les loups" (Ev.), mais il vous donne en même temps l’aide de nombreux amis et familles, dont certaines se sont rassemblées dans une communauté de prière et soutiennent leurs prêtres et séminaristes par la prière et le sacrifice. Cette communauté de bienfaiteurs spirituels a reçu le nom de "Confraternité Saint-Pierre". Que le Seigneur récompense leur prière et leurs sacrifices au centuple, et que beaucoup puissent suivre leur exemple, pour l’édification et le soutien de l’ensemble du clergé.
Nous ne devons pas non plus oublier le calendrier : aujourd’hui, le 18 octobre, nous fêtons l’Évangéliste saint Luc. Dans son Évangile, il nous laisse une image très vivante de Jésus et de Marie sa mère, en particulier par l’Évangile de l’enfance.
Beaucoup de peintures de Marie lui ont été attribuées, et même si nous ne pouvons pas avec une certitude absolue déterminer quelles icones il aurait peintes, nous connaissons de lui la plus belle image de la Mère de Dieu, chef-d’œuvre inspiré par le Saint-Esprit, dans les couleurs célestes de l’Évangile qui ne s’ouvre qu’à l’œil contemplatif : Marie a accepté ce que Dieu lui a demandé par l’archange Gabriel et a prononcé son "Fiat" et ainsi donné au monde le Sauveur. Ce n’est que par Marie que nous arrivons à celui qui est venu à nous par elle seule (saint Louis-Marie Grignon de Montfort).
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre doit s’illustrer dans la dévotion à Marie et l’imitation de ses vertus et tendre sous sa direction à la perfection sacerdotale, pour mener les fidèles à la même vénération et imitation. L’imitation de l’humilité et l’obéissance de Marie est le moyen le plus sûr d’obtenir cet esprit que Jésus-Christ donne toujours de nouveau à son Église. Elle est pour nous tous le moyen le plus sûr d’aller vers le ciel, de sorte que, libres de tout lien terrestre, nous puissions célébrer la victoire de la croix sur le mal pour l’éternité.
Amen.
Loué soit Jésus-Christ!
17 octobre 2008
L’anti-intégrisme systématique (II) La crise dans l’Eglise ? Elle est moderniste ! |
17 octobre 2008 - Jean Madiran - Présent - mise en en ligne: leforumcatholique.org |
Nicolas Senèze s’est donné le tort de faire ce qu’il appelle pourtant « trop focaliser le débat sur la question intégriste » (p. 186). En effet, pourquoi son livre est-il sur « la crise intégriste » et non pas sur « la crise moderniste » ? Il s’aperçoit pourtant qu’après saint Pie X « la crise moderniste continuera à travailler l’Eglise pendant de longues années ». Pendant de longues années ? Il aurait pu préciser : jusqu‘à maintenant. Mais il se fait une idée bien atténuée (et bien commode) de ce modernisme que saint Pie X avait condamné comme « le rendez-vous de toutes les hérésies ». Il en écrit (p. 17), et c’est la clef de son orientation générale : « Ce terme de “modernisme” visait un ensemble de tendances assez disparates, mais qui avaient en commun de vouloir combler le fossé séparant l’enseignement traditionnel de l’Eglise et les jeunes sciences nées en dehors d’elle, notamment l’exégèse critique. » Si c’est simplement cela le modernisme, nous sommes tous des modernistes. Personne ne rêve d‘élargir ni même de maintenir le « fossé ». Mais aussitôt, sans avoir l’air d’y toucher, Nicolas Senèze amorce sa bombe : « Il s’agit de combler le retard pris par l’Eglise, notamment dans le domaine biblique et doctrinal, en acceptant les exigences des sciences profanes. » Ainsi ce qui n‘était qu’un « fossé » (évident) devient, comme allant de soi, un « retard » ; et « pris par l’Eglise » ; et ce retard est notamment dans le domaine « doctrinal » ! Nous sommes là au cœur de la crise moderniste d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui : c’est le monde profane qui enseigne, et c’est l’Eglise qui doit accepter les exigences d’un tel enseignement. Dans un tel contexte, l’« intégrisme » n’est pas une doctrine particulière. A l’origine, le terme est un sobriquet caricatural inventé pour (dis)qualifier les catholiques qui suivaient saint Pie X dans sa lutte contre le modernisme, – et finalement le sobriquet est appliqué à saint Pie X lui même. « Intégristes » parce qu’ils se veulent intégralement catholiques, dans la vie publique comme dans la vie privée. L’anti-intégrisme systématique les présentera comme des agresseurs, des fauteurs de désordres, des perturbateurs de l’unité ecclésiale. Or c’est exactement l’inverse : c’est le modernisme l’agresseur. Les surnommés « intégristes » ne font jamais que défendre leur droit à exister dans l’Eglise et à y professer intégralement la foi de l’Eglise. Que cette légitime défense ait pu être excessive ou trop violente, c’est une autre question, qui n’enlève rien à sa foncière légitimité. Exemple lamentable d’agression, Nicolas Senèze, qui vaut mieux que cela, s’abaisse néanmoins à citer sans dégoût, comme une autorité, le triste Ternisien, pour faire de Maurras une sorte d’ennemi public. On sait bien que la plus grande partie du clergé français, quand il a été formé en France, n’arrête toujours pas de fulminer contre le « maurrassisme » en ignorant volontairement que l’injuste condamnation de Pie XI a été levée par Pie XII en 1939. On reconnaît là quelle trace profonde a laissée dans l’Eglise la hargne militante du cardinal Lustiger contre ce qu’il osait nommer « le paganisme le plus cynique et plus dangereux » ! Personne n’est parfait, il serait étonnant que l’on n’ait pas quelque souci à se faire du côté perfidement surnommé « intégriste ». Mais souci combien secondaire par rapport à la gravité de la crise moderniste traversée aujourd’hui encore, aujourd’hui plus que jamais par le catholicisme. Il y a jusqu‘à des évêques pour mettre en doute que l’Eglise soit la seule à détenir la vérité religieuse intégrale, et pour considérer comme un simple symbole la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Il y a jusqu‘à L’Osservatore romano du 29 juin dernier, selon la revue Catholica, pour assurer que saint Luc a meublé les Actes des Apôtres avec des affabulations populaires. Il y a le sentiment, qui s‘étend parmi les fidèles eux-mêmes, qu’en définitive toutes les religions se valent, l’important étant d’y croire. La crise est majeure. Elle n’a pas reculé. Elle bat son plein. Elle n’est pas intégriste. Elle est moderniste, et de plus en plus à visage découvert ! JEAN MADIRAN Article extrait du n° 6697 de Présent, du Vendredi 17 octobre 2008 |
[Luc Perrin - Le Forum Catholique] La recension de N. Senèze : entre le marteau et l'enclume
SOURCE - Luc Perrin - Le Forum Catholique - 17 octobre 2008
[La recension de N. Senèze : entre le marteau et l'enclume] dans La Croix du 16 octobre 2008 est très révélatrice. N.S. relève, avec gourmandise, tout ce qui peut créer des tensions dans "le petit monde de "la tradition", dans le livre de C. Geffroy : et pour toutes les critiques adressées au Tradiland, il le qualifie de "livre courageux". Il donne un satisfecit à C. Geffroy car "il prend en effet le contre-pied de ceux qui, à coups de méthodes dignes de l'agit-prop [sourire à la pensée que ceci est écrit par un journaliste disons engagé], ont fait de la "paix liturgique" un drapeau pour semer le trouble et la discorde dans les diocèses." Pour mieux enfoncer le clou, de la discorde parmi les traditionalistes cette fois, le journal met en titre secondaire en gras la citation suivante : "On a du mal à comprendre le blocage de certains prêtres "traditionnels" qui refusent toute célébration du nouvel Ordo...".
Voilà pour le marteau.
Maintenant l'enclume de la néo-liturgie désacralisatrice militante se déploie dans la seconde moitié de la recension, enclume sur laquelle toutes les bonnes volontés des traditionalistes accommodants se brisent périodiquement. Enclume dont Denis Crouan en France, Adoremus aux USA ont mesuré, eux aussi, l'inentamable résistance, bien avant les tout nouveaux chevaliers de Benoît XVI.
Je la recopie en entier, elle est tellement révélatrice de l'opiniâtreté des tenants de la néo-liturgie. Au passage, N. Senèze fait un gros contre-sens autour des "déficiences" car C. Geffroy rejette énergiquement, à plusieurs reprises, toute déficience du Novus Ordo. Point qu'il a répété avec force lors de la Rencontre de Versailles.
Méditons la voix du néo-liturgisme impénitent, qui va même jusqu'à user de la Messe des Invalides pour promouvoir l'exact opposé ... De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace : notre journaliste est un digne émule de Danton.
Voilà pour le marteau.
Maintenant l'enclume de la néo-liturgie désacralisatrice militante se déploie dans la seconde moitié de la recension, enclume sur laquelle toutes les bonnes volontés des traditionalistes accommodants se brisent périodiquement. Enclume dont Denis Crouan en France, Adoremus aux USA ont mesuré, eux aussi, l'inentamable résistance, bien avant les tout nouveaux chevaliers de Benoît XVI.
Je la recopie en entier, elle est tellement révélatrice de l'opiniâtreté des tenants de la néo-liturgie. Au passage, N. Senèze fait un gros contre-sens autour des "déficiences" car C. Geffroy rejette énergiquement, à plusieurs reprises, toute déficience du Novus Ordo. Point qu'il a répété avec force lors de la Rencontre de Versailles.
Méditons la voix du néo-liturgisme impénitent, qui va même jusqu'à user de la Messe des Invalides pour promouvoir l'exact opposé ... De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace : notre journaliste est un digne émule de Danton.
"On a l'impression, à la lecture de ce livre, que l'enrichissement mutuel des deux Missels, prôné par Benoît XVI, ne va finalement que dans un seul sens, la forme ordinaire devenant une sous-liturgie de l'ancienne. Et c'est là sans doute que réside l'ambiguïté de ce propos, qui appelle, comme d'autres avant lui, à une "resacralisation de la liturgie". Avec le reste du monde traditionaliste, il dénonce en effet les "déficiences" du Missel de Paul VI. Outre qu'elles oublient la façon dont maintes célébrations selon l'ancien Missel pouvaient être bâclées, ces critiques éculées sont aujourd'hui loin de correspondre à la réalité. La messe récemment présidée par Benoît XVI aux Invalides a suffisamment rappelé [suffisamment ? allez donc dans les paroisses pour voir...] combien le Missel de Paul VI peut [tout est dans ce verbe "peut" donc pas "est"] être porteur de silence et de recueillement [un peu court pour les "déficiences"].
Reste à savoir aussi si la liturgie chrétienne se doit d'être d'être "sacrée", au sens où elle pousserait à séparer Dieu et les hommes."
L'apologie de la désacralisation en conclusion, à partir d'une définition pour le moins bizarre du "sacré", est un rappel de la persistance dans les esprits de l'enclume néo-liturgique, enclume qui écrase au sol le renouveau dont la Forme ordinaire a tant besoin, en l'empêchant de prendre son envol. Prenons garde à ne pas, même avec les meilleures intentions du monde, conforter en lui donnant du poids, directement ou indirectement, cette redoutable enclume dont La Croix est ici, comme trop souvent hélas, la propagandiste.
Le petit pot de terre traditionaliste est aisé à fissurer voire à briser mais le massif pot de fer à quintuple blindage mental de la néo-liturgie est plus dur à atteindre. C'est pourtant bien lui qui a produit, au moins sérieusement aggravé, la crise dont N. Senèze voudrait nous faire croire qu'elle n'existe pas.
* en italique, le texte de la recension.
Le petit pot de terre traditionaliste est aisé à fissurer voire à briser mais le massif pot de fer à quintuple blindage mental de la néo-liturgie est plus dur à atteindre. C'est pourtant bien lui qui a produit, au moins sérieusement aggravé, la crise dont N. Senèze voudrait nous faire croire qu'elle n'existe pas.
* en italique, le texte de la recension.
16 octobre 2008
Christophe Geffroy : Benoît XVI et « la paix liturgique » - une étude documenté et militante |
16 octobre 2008 - Aletheia n°132 - yveschiron.blogspot.com |
Christophe Geffroy a fondé la Nef, il y a près de vingt ans. Il voulait militer, selon le titre de son premier éditorial, pour l’union des forces traditionnelles par une revue mensuelle qui allie journalisme et réflexion, information factuelle et combat des idées. À ce jour, 197 numéros sont parus et l’on peut dire que Christophe Geffroy est resté fidèle à son projet initial. Certes, dans la forme, la revue a changé. Elle a pris de la couleur et de l’élégance dans la mise en page. Elle s’est ouverte à de nouvelles questions (avec une part plus importante accordée aux questions de société). Elle s’est ouverte aussi à de nouveaux collaborateurs. Il n’est pas sûr qu’aujourd’hui Christophe Geffroy formulerait de la même manière les cinq points qui constituaient la « Charte de La Nef » en 1990. C’est que, depuis cette date, le monde et l’Eglise ont changé. Loin d’être une rupture, le pontificat de Benoît XVI a accentué une marche — un « retour au centre » (au sens balthasarien) — commencée sous le pontificat précédent. La Nef, fidèle au 4e point de sa Charte : « Attachement indéfectible à la primauté souveraine du Pape comme chef de l’Eglise et soutien de son autorité universelle sur celle-ci », a accompagné cette marche. Sur la question liturgique, dès son premier numéro, en décembre 1990, la revue avait pris le parti de publier le calendrier liturgique du mois en deux colonnes parallèles : calendrier de saint Pie V d’un côté, calendrier de Paul VI de l’autre. Près de deux cents numéros plus tard, ce diptyque est toujours présent, même si le calendrier liturgique n’occupe plus une pleine page. Cette égale importance accordée aux deux calendriers n’est pas anecdotique. Elle est un signe de ce pour quoi la revue a milité dès l’origine : que la liturgie latine dite de saint Pie V puisse être maintenue « pour toute communauté qui le souhaite », communauté étant à prendre, ici, au sens large (communauté religieuse, paroisse, etc.). Christophe Geffroy et la Nef n’ont jamais réclamé l’abolition du missel de Paul VI, ni le retour obligatoire au missel de saint Pie V, mais leur coexistence pacifique et respectueuse l’une de l’autre. Dans son éditorial du premier numéro de la Nef, Christophe Geffroy citait la parole du Christ que nous rapporte saint Jean : « Il y a des demeures nombreuses dans la maison de mon Père » (Jn 14, 2). Dix-huit ans plus tard, on retrouve cette même parole à la dernière ligne de l’ouvrage qu’il vient de publier. Cela indique chez l’auteur une volonté d’unité, dans la foi commune, au-delà des « différences légitimes et enrichissantes ». Cette position se retrouve appliquée précisément à la question liturgique. C’est une étude, fort documentée, intitulée Benoît XVI et « la paix liturgique » (Cerf, 311 pages, 24 euros). Le titre, et l’intention, rappellent La Paix de Mgr Forester de l’abbé Brian Houghton (1979 pour l’édition anglaise, 1982 pour la traduction française aux éditions DMM). Mais là où l’abbé Houghton publiait une sorte de roman d’anticipation liturgique, Christophe Geffroy publie un essai qui est à la fois une étude historique et un ouvrage militant. Genèse du motu proprio L’ouvrage s’ouvre par une présentation rapide du motu proprio du 7 juillet 2007. Christophe Geffroy y discerne, à juste titre, trois motifs : réconcilier les catholiques, resacraliser la liturgie, affirmer la continuité historique d’un missel à l’autre. On pourra en ajouter un quatrième : réparer l’injustice subie par les catholiques à qui l’on a pratiquement interdit la messe traditionnelle pendant plus de trois décennies. C. Geffroy recherche ensuite la genèse de ce motu proprio dans les écrits du cardinal Ratzinger consacrés à la liturgie. De tous les cardinaux créés depuis le concile Vatican II, le cardinal Ratzinger a été, sans conteste, celui qui a le plus écrit sur la question liturgique. Aujourd’hui, devenu le pape Benoît XVI, il a des idées bien précises sur ce qui reste à faire pour restaurer un véritable Esprit de la liturgie (titre d’un ouvrage qu’il a publié en 2000). Le directeur de la Nef a retenu quatre livres sur la liturgie publiés par Joseph Ratzinger entre 1985 (1981 pour l’édition allemande) et 2003. Les pages qu’il leur consacre témoignent d’une lecture attentive et intelligente. Mais Christophe Geffroy minimise l’évolution qu’on a pu observer chez le cardinal Ratzinger dans ces années. Il estime que dans La Célébration de la foi, publié en français en 1985, on trouve les « principales idées [de Ratzinger] sur la liturgie, reprises ou développées par la suite ». Cette affirmation me semble exagérée. On trouvait certes, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, sous la plume de celui qui n’était encore qu’archevêque de Munich, des pages sur la participatio actuosa, par exemple, ou sur la caractère « fabriqué » de la nouvelle liturgie (« un ouvrage revu et corrigé par des professeurs » disait Ratzinger) qu’on relira, sous des formes guère différentes, dans ses ouvrages de la fin des années 1990. Mais, sur d’autres points importants – la « réforme de la réforme » ou la remise à l’honneur du rite dit tridentin –, il y a bien eu, chez le cardinal Ratzinger, une évolution intellectuelle et spirituelle. Dans un ouvrage paru en 1981, que Christophe Geffroy ne cite pas, celui qui n’est pas encore le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi estimait encore : « on est obligé de qualifier d’irréel l’entêtement à garder le ”missel tridentin”[1] » Le Bref examen critique Le chapitre 3, consacré à la crise de l’Eglise, est intéressant. Christophe Geffroy cherche à être plus explicatif que descriptif. Néanmoins, pour s’en tenir au descriptif, on contestera l’affirmation : « la crise que l’Eglise traverse depuis le concile Vatican II » (p. 57)[2]. En réalité, la crise de l’Église est antérieure au concile, elle date des années 50 et même, en certains domaines, de l’immédiat après-guerre ; qu’il s’agisse de la chute des vocations, de la crise d’identité du clergé, des expérimentations hasardeuses en matière pastorale, catéchétique ou liturgique. Le concile, comme événement, n’a pas enrayé cette crise polymorphe et, au contraire, a favorisé son développement (je ne parle pas, ici, des documents conciliaires promulgués mais du bouillonnement de paroles, de discours et d’initiatives qui ont précédé, accompagné puis suivi les quatre sessions conciliaires ; ce qu’on pourrait appeler le périconcile). Les chapitres 4 et 5, consacrés à l’histoire de la réforme liturgique et à l’opposition à cette réforme, sont parmi les plus intéressantes de l’ouvrage. Les informations sont nombreuses, précises et honnêtement présentées. On relève, entre autres rappels pertinents : la nécessité reconnue par Mgr Lefebvre, en 1965, de réformer la messe (p. 109) ; la « messe expérimentale » de 1967 refusée par le synode réuni à Rome (p. 116-117) ; les contradictions de l’instruction de 1969 sur la communion dans la main (p. 119-120) ; le dialogue du Saint-Siège avec Mgr Lefebvre et la FSSPX qui n’a commencé vraiment qu’en 1982 (p. 150) ; la création d’une commission cardinalice sur la messe traditionnelle en 1986 (p. 151), commission dont la composition et l’histoire restent, en partie, encore inconnues aujourd’hui ; la faiblesse de l’argumentation théologique de la FSSPX dans sa critique du CEC et du NOM (p. 183). Les pages sur le Bref examen critique de la nouvelle messe, présenté à Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci en 1969, sont bien informées. À juste titre, C. Geffroy fait remarquer que la supplique n’est pas restée sans effet, puisque l’Institutio generalis a été modifiée en plusieurs points (notamment le § 7 du ch. II qui donnait une définition de la messe). Il y aura d’autres modifications. À ce jour, il manque une étude exhaustive des différentes modifications intervenues dans le nouveau missel d’une édition typique à l’autre (l’édition typique de 2002 comprise). Après la publication du Bref, Dom Lafond, moine de l’abbaye de Saint-Wandrille, a publié une lettre du cardinal Ottaviani, en date du 17 février 1970, qui disait notamment : « je regrette seulement que l’on ait abusé de mon nom dans un sens que je ne désirais pas, par la publication d’une lettre que j’avais adressée au Saint-Père sans autoriser personne à la publier[3] ». Jean Madiran, témoin et acteur dans cette affaire, a contesté l’authenticité de cette lettre[4]. C. Geffroy a l’honnêteté de signaler les deux versions de cette controverse. On peut, cependant, ajouter une autre pièce au dossier. Emilio Cavaterra, un des biographes du cardinal Ottaviani, a apporté d’autres lumières sur le Bref. Il se fonde notamment sur les carnets intimes de l’ancien Préfet du Saint-Office et sur plusieurs témoignages, entre autres, celui du cardinal Siri et celui de Mgr Agustoni, secrétaire d’Ottaviani. Il expose malheureusement trop brièvement l’affaire[5]. Le cardinal Bacci n’aurait pas joué un rôle secondaire, comme on le lit souvent[6]. La signature du Bref aurait été extorquée au cardinal Ottaviani par « un véritable coup de main » de certains de ses familiers. L’histoire critique du Bref, de ses origines, de sa rédaction, de sa réception par Paul VI et de ses conséquences reste à écrire. Examinant l’opposition à la réforme liturgique, et les autres motifs d’opposition aux orientations de l’Eglise depuis le concile Vatican II, Christophe Geffroy accorde une large place à la FSSPX. Il raconte son histoire avec un souci de rigueur dans l’information qui est rare. La suspense a divinis de 1976 puis l’excommunication de 1988 sont les deux moments les plus dramatiques de la résistance lefebvriste. À chaque fois, C. Geffroy fait des rappels utiles (par exemple, les mises en garde de Louis Salleron et du Père abbé de Fontgombault en 1976) qui ne laissent dans l’ombre aucun aspect de la situation et qui exposent les argumentations des uns et des autres. Après avoir évoqué longuement, les différents moments du dialogue, à éclipses, de la FSSPX avec Rome, Geffroy porte une appréciation qui sonne juste : « Rome a raison quand elle essaie depuis le jubilé de l’an 2000 d’obtenir d’abord un accord juridique permettant à la Fraternité d’avoir sa place dans l’Eglise ; le reste viendra après progressivement. Car, ne l’oublions pas, il y a une grâce de la communion retrouvée et celle-ci contribue à montrer l’Eglise sous son véritable jour et à faire tomber peu à peu les préventions qui obscurcissent l’intelligence. Le problème avec la Fraternité n’est pas d’abord doctrinal, quoi qu’elle en dise — même si je ne nie pas, évidemment, qu’il existe un grave contentieux doctrinal —, il est d’abord une question de foi dans l’Eglise, de peur et donc de manque de confiance » (p. 192-193). Des vues d’avenir Le dernier chapitre de l’ouvrage est une présentation chronologique des enseignements récents du Magistère sur la liturgie. Sont examinés six documents importants parus entre 2001 et 2007 : de l’instruction sur « l’usage des langues vernaculaires dans l’édition des livres de la liturgie romaine » à l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis qui fait suite au synode sur l’Eucharistie réuni à Rome à l’automne 2005. Christophe Geffroy a raison d’attirer l’attention sur ces enseignements et instructions du « Magistère récent ». Les catholiques ignorent trop ce qu’enseigne Rome sur ces sujets ; et, généralement, les catholiques traditionnels connaissent mal les interventions de Rome en matière liturgique depuis 1969, y compris les interventions les plus solennelles qu’ont représentées les éditions typiques successives du nouvel Missel (1970, 1975, 2002). Néanmoins, ne peut-on estimer que dans des temps normaux, dans des temps paisibles, les simples fidèles ne devraient pas avoir à s’intéresser de près aux instructions et directives venues de Rome. Ils feraient confiance à leurs pasteurs immédiats (curé et évêque) pour être guidés sur le chemin de la foi et de la vie chrétienne. Christophe Geffroy, « en guise de conclusion », émet, sur une dizaine de pages, des propositions et des suggestions et des opinions qui sont la part la plus personnelle de son ouvrage. Curieusement, il pense que la « réforme de la réforme » voulue par Benoît XVI n’a pas encore commencé (p. 273, p. 275). Au contraire, elle me semble en marche. Soit avec éclat, par le motu proprio du 7 juillet 2007 et par la lettre aux évêques qui l’accompagne, soit par touches successives, avec les initiatives prises par le pape lors de ses célébrations publiques de la messe (agenouillement pour la communion, etc.), initiatives qui sont autant d’enseignements par l’exemple. Plus loin, Christophe Geffroy estime que la « cohabitation » actuelle des deux formes du rite romain n’est pas satisfaisante et devra prendre d’autres formes. Il juge, ainsi, que l’usage exclusif du missel traditionnel concédé par le Saint-Siège à l’Institut du Bon Pasteur en 2006 « crée une ambiguïté détestable » (p. 279). Cette concession à l’IBP pourrait, selon lui, servir de prétexte pour dévaloriser voire mépriser la forme nouvelle du rite romain. C. Geffroy dit aussi avoir « du mal à comprendre le blocage de certains de ces prêtres “traditionnels“ qui refusent toute célébration du nouvel Ordo – donc aussi la concélébration de la messe chrismale avec l’évêque » (p. 281). Il affirme même : « Benoît XVI a explicitement demandé que les prêtres célébrant avec l’ancien missel ne refusent pas de célébrer avec le nouveau » (p. 282, note 1). Comme l’ont déjà fait remarquer Jean Madiran et Denis Sureau, en promulguant le motu proprio libéralisant la messe selon le rite traditionnel, Benoît XVI n’a pas rendu obligatoire la messe selon le rite ordinaire. Il a demandé que la célébration avec les nouveaux livres ne soit pas exclue « par principe ». Jean Madiran l’a souligné : « Refuser la messe montinienne par principe, ce serait la refuser comme invalide ou comme hérétique ». Ce qui n’est pas le cas, sauf exception. Et, comme l’a écrit Denis Sureau, « le curé célébrant selon la forme ordinaire n’est pas contraint de célébrer dans la forme extraordinaire ; on voit mal pourquoi l’inverse s’imposerait. » La coexistence de deux liturgies de rite romain est une nouveauté dans l’histoire de l’Eglise catholique. Mais il y a des précédents historiques pour d’autres rites, et des précédents qui durent depuis des siècles : le rite byzantin, pour s’en tenir aux Eglises catholiques, s’exprime à travers différentes formes : le rite byzantin-ukrainien, le rite grec-melkite, etc. C. Geffroy estime encore que la multiplication de paroisses dévolues au seul rite dans sa forme traditionnelle « risquerait de favoriser la tentation du “ghetto“ » (p. 281). Cette crainte me semble infondée. À Paris, il y a eu neuf paroisses dévolues exclusivement à l’un ou l’autre des rites catholiques orientaux. On ne voit pas que les fidèles qui fréquentent ces paroisses de rite oriental aient la sensation d’être dans un « ghetto » ou soient amenés à mépriser les catholiques de rite romain. Au contraire, même, elles ont été attirantes : depuis les années 1970, des fidèles ont déserté leurs paroisses habituelles, où le rite romain était trop bouleversé, pour rejoindre ces paroisses de rite catholique oriental. On relèvera enfin que C. Geffroy fait des propositions concrètes qui sont de nature « à changer assez profondément l’esprit de la liturgie actuelle [montinienne]» (p. 284-285). Benoît XVI a déjà montré l’exemple sur certains points, et, en France, certains prêtres ont commencé à l’imiter. Le livre de Christophe Geffroy, malgré les quelques divergences que l’on peut exprimer, est très utile. Il devrait être lu par les évêques français qui, pour nombre d’entre eux, connaissent mal le monde traditionaliste, son histoire, ses divisions et subdivisions. Il devrait être lu aussi par les historiens, y compris par les historiens catholiques du catholicisme contemporain qui, sauf exceptions très rares, lorsqu’ils abordent, la crise de l’Eglise et les résistances qu’elle a suscitées, sont, à l’évidence, mal informés. Il devrait être lu, enfin, par les catholiques traditionnels eux-mêmes qui, parfois, connaissent mal ce qu’a fait Rome, ce qu’a dit Rome et les raisons des divisions et des séparations qui ont affecté leur propre histoire. ---------- [1] Card. Joseph Ratzinger, « Peut-on modifier la liturgie ? Réponses à des interrogations », dans le volume collectif L’Eucharistie, pain rompu pour un monde nouveau, Fayard, 1981, p. 167. [2] Page 21, C. Geffroy avait déjà écrit : « la crise qui s’est manifestée au grand jour après le concile ». [3] Lettre publiée dans la Documentation catholique, le 5 avril 1970, p. 343. [4] Supplément au n° 142 d’Itinéraires, avril 1970, et encore dans Présent du 16 octobre 2008. [5] Emilio Cavaterra, Il Prefetto del Sant’ Offizio. Le opere e i giorni del cardinale Ottaviani, Milan, Mursia, 1990, p. 95 et p. 117-118. [6] Mais Cavaterra semble ignorer et le P. Guérard des Lauriers et Cristina Campo et les autres rédacteurs du Bref. |