SOURCE - Justin Petipeu - Le Forum Catholique - 26 janvier 2008
L'heure est grave !
Lorsqu'on se promène sur les forums et sites du progressisme militant et autrefois triomphant, on ne peut que se dire que l'affrontement est proche ! C'est un appel général à la résistance, on veut s'insurger, il est dit et écrit partout qu'on ne se laissera pas faire...On insulte le pape, on vilipende même les évêques de France, coupables de ne pas s'opposer frontalement et d'être trop mous face à l'abominable Vatican.
On est prêt au combat ! Les fauteuils roulants ont été révisés et graissés de la belle manière, les déambulateurs étincellent dans ce qui sera sûrement le soleil d'Austerlitz, on a fait des stocks impressionnants de couche-culottes, toutes les piles des sonotones ont été changées et une partie du lectorat de "la Vie" a enlevé les bouchons des béquilles. Ça va saigner, l'on vous dit !
Ici, l'un assure qu'il ne remettra plus les pieds à l'église...puis se ravise lorsqu'on lui fait remarquer qu'il n'y a jamais été. Là, c'est un comité paroissial tout entier qui veut organiser des représailles : il propose d'anticiper la messe anticipée du samedi soir au vendredi soir..."ca leur fera les pieds", qu'ils disent ! Ah ben nan, zut ! le vendredi, c'est le jour de la belotte chez Fanfan...Tant pis, on trouvera autre chose. On fait appel à Jean XXIII, à Mgr Romero -"euuuuh, j'crois qu'ils sont morts, ceux-là, Roger" - . Qu'importe ! Il reste l'abbé Pierre -"non plus !"-. Bref, on est trahi de partout. C'est le complot fasciste qui a son siège au Vatican ! Et tous les beaux espoirs que nous avons eus dans les années 60 pour bâtir un monde de paix et de fraternité ?
On va pas se laisser bouffer comme ça, quand même !
Dans la paroisse, la seule association encore existante, le Mouvement Chrétien des retraités, est réunie au grand complet. Ils sont tous là. Tous les huit.
René est arrivé le dernier ; il sentait fort l'anisette. Il a traversé la pièce sans dire un mot, a ouvert le placard et sur la dernière étagère, il a saisi le portrait tout poussiéreux de Mao et l'a mis sur le bureau. Devant les regards désapprobateurs des autres, il a juste gueulé : "Ben quoi ? Y a pas de raison, merde !" Puis il est parti. Dans un coin, Simone a les larmes aux yeux et maugrée, la rage aux commissures des lèvres.."Si encore on avait nos prêtres-ouvriers, on pourrait s'battre !" Jules a une idée : "On n'a qu'à lancer un mot d'ordre au niveau national ! Plus personne à la messe le dimanche !"
Derrière, Nicole persifle : "Riche idée, la moyenne d'âge des pratiquants va être divisée par deux ! Ca leur ferait trop plaisir !" Mince, Jules n'y avait pas pensé...Quel niais, alors !
Ah voilà le père Michel qui arrive ! ça c'est un curé ! Dommage qu'il soit à la retraite. Il a été de tous les combats, le père Michel ! Et dès qu'il s'agit de faire Eglise ensemble, on peut compter sur lui. Pas comme son remplaçant, un blanc-bec en col romain qui n'écoute même pas les Anciens ( Faut dire qu'il dessert 27 clochers, alors forcément, il a autre chose à faire...). Jules reprend l'initiative : "dites, Père Michel, et si on faisait un séminaire sauvage, comme ce Lefebvre-là ?" Le père Michel a le regard perdu dans le vague puis finalement, il articule mollement au-dessus de son col roulé : "Ah oui ? et qui on mettrait dedans ?". Décidément, c'est pas sa journée, à Jules...
Joséphine ne dit rien ; elle a sa tête des mauvais jours et quelques souvenirs du temps où elle partait en traction avant avec les FFI. Elle n'ose pas le dire mais elle le pense si fort. "De toute façon, avec un pape boche, faut pas s'étonner".
Alphonse, dans le doute, avait pris du viagra avant de venir (on ne sait jamais, pour tenir le coup à cause des émotions) mais à la tête du père Michel, il sent que c'est foutu. Il brandira une autre fois l'étendard de la révolte. C'est le père Michel qui conclut : "Demain, je téléphonerai à Jacques". Mais oui ! Mais c'est bien sûr ! Jacques Gaillot ! Au moins, lui, il saura quoi faire ! Le problème, c'est qu'il n'est pas facilement joignable ; aux dernières nouvelles, il est dans un squatt du côté de Bobigny.
On se sépare. La nuit est froide et humide et le père Michel ne se fait pas d'illusions. Jacques ne viendra pas ; il n'y a pas un seul sans-papier au Mouvement chrétien des retraités ! Dommage...
Lorsqu'on se promène sur les forums et sites du progressisme militant et autrefois triomphant, on ne peut que se dire que l'affrontement est proche ! C'est un appel général à la résistance, on veut s'insurger, il est dit et écrit partout qu'on ne se laissera pas faire...On insulte le pape, on vilipende même les évêques de France, coupables de ne pas s'opposer frontalement et d'être trop mous face à l'abominable Vatican.
On est prêt au combat ! Les fauteuils roulants ont été révisés et graissés de la belle manière, les déambulateurs étincellent dans ce qui sera sûrement le soleil d'Austerlitz, on a fait des stocks impressionnants de couche-culottes, toutes les piles des sonotones ont été changées et une partie du lectorat de "la Vie" a enlevé les bouchons des béquilles. Ça va saigner, l'on vous dit !
Ici, l'un assure qu'il ne remettra plus les pieds à l'église...puis se ravise lorsqu'on lui fait remarquer qu'il n'y a jamais été. Là, c'est un comité paroissial tout entier qui veut organiser des représailles : il propose d'anticiper la messe anticipée du samedi soir au vendredi soir..."ca leur fera les pieds", qu'ils disent ! Ah ben nan, zut ! le vendredi, c'est le jour de la belotte chez Fanfan...Tant pis, on trouvera autre chose. On fait appel à Jean XXIII, à Mgr Romero -"euuuuh, j'crois qu'ils sont morts, ceux-là, Roger" - . Qu'importe ! Il reste l'abbé Pierre -"non plus !"-. Bref, on est trahi de partout. C'est le complot fasciste qui a son siège au Vatican ! Et tous les beaux espoirs que nous avons eus dans les années 60 pour bâtir un monde de paix et de fraternité ?
On va pas se laisser bouffer comme ça, quand même !
Dans la paroisse, la seule association encore existante, le Mouvement Chrétien des retraités, est réunie au grand complet. Ils sont tous là. Tous les huit.
René est arrivé le dernier ; il sentait fort l'anisette. Il a traversé la pièce sans dire un mot, a ouvert le placard et sur la dernière étagère, il a saisi le portrait tout poussiéreux de Mao et l'a mis sur le bureau. Devant les regards désapprobateurs des autres, il a juste gueulé : "Ben quoi ? Y a pas de raison, merde !" Puis il est parti. Dans un coin, Simone a les larmes aux yeux et maugrée, la rage aux commissures des lèvres.."Si encore on avait nos prêtres-ouvriers, on pourrait s'battre !" Jules a une idée : "On n'a qu'à lancer un mot d'ordre au niveau national ! Plus personne à la messe le dimanche !"
Derrière, Nicole persifle : "Riche idée, la moyenne d'âge des pratiquants va être divisée par deux ! Ca leur ferait trop plaisir !" Mince, Jules n'y avait pas pensé...Quel niais, alors !
Ah voilà le père Michel qui arrive ! ça c'est un curé ! Dommage qu'il soit à la retraite. Il a été de tous les combats, le père Michel ! Et dès qu'il s'agit de faire Eglise ensemble, on peut compter sur lui. Pas comme son remplaçant, un blanc-bec en col romain qui n'écoute même pas les Anciens ( Faut dire qu'il dessert 27 clochers, alors forcément, il a autre chose à faire...). Jules reprend l'initiative : "dites, Père Michel, et si on faisait un séminaire sauvage, comme ce Lefebvre-là ?" Le père Michel a le regard perdu dans le vague puis finalement, il articule mollement au-dessus de son col roulé : "Ah oui ? et qui on mettrait dedans ?". Décidément, c'est pas sa journée, à Jules...
Joséphine ne dit rien ; elle a sa tête des mauvais jours et quelques souvenirs du temps où elle partait en traction avant avec les FFI. Elle n'ose pas le dire mais elle le pense si fort. "De toute façon, avec un pape boche, faut pas s'étonner".
Alphonse, dans le doute, avait pris du viagra avant de venir (on ne sait jamais, pour tenir le coup à cause des émotions) mais à la tête du père Michel, il sent que c'est foutu. Il brandira une autre fois l'étendard de la révolte. C'est le père Michel qui conclut : "Demain, je téléphonerai à Jacques". Mais oui ! Mais c'est bien sûr ! Jacques Gaillot ! Au moins, lui, il saura quoi faire ! Le problème, c'est qu'il n'est pas facilement joignable ; aux dernières nouvelles, il est dans un squatt du côté de Bobigny.
On se sépare. La nuit est froide et humide et le père Michel ne se fait pas d'illusions. Jacques ne viendra pas ; il n'y a pas un seul sans-papier au Mouvement chrétien des retraités ! Dommage...