"Le ministre de l'Intérieur Florencio Randazzo a annoncé aujourd'hui que la Direction nationale des Migrations sommait Richard Williamson de quitter impérativement le pays dans un délai de dix jours sous peine d'être expulsé", a annoncé le ministère dans un communiqué.
La levée de l'excommunication par Benoît XVI de Mgr Williamson et de trois autres évêques intégristes le 24 janvier a suscité un tollé et déclenché une crise qui a compromis les relations du Vatican avec le judaïsme et brouillé l'image du pape.
Deux jours avant le décret pontifical, Richard Williamson avait déclaré à une télévision suédoise: "Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration mais pas un seul dans les chambres à gaz".
L'Argentine, où l'évêque négationniste réside depuis 2003, a justifié sa décision en précisant que ses papiers n'étaient pas en règle.
La Direction argentine des Migrations a fait valoir "que l'évêque a falsifié à plusieurs reprises la véritable raison de sa résidence dans ce pays, puisqu'il déclarait être employé de l'Association civile +La Tradition+, alors qu'il était prêtre et directeur du séminaire lefebvriste que la Fraternité Saint Pie X possède dans la localité de Moreno", à 40 km de Buenos Aires, précise le communiqué.
Le ministère de l'Intérieur a rappelé, ensuite, que "l'évêque Williamson est devenu connu après avoir fait des déclarations antisémites à un média suédois, dans lesquelles il a mis en doute l'Holocauste dont a été victime le peuple juif".
"Pour ces raisons, qui s'ajoutent à la ferme condamnation du gouvernement argentin de positions qui heurtent profondément la société argentine, le peuple juif et l'humanité entière, prétendant nier une vérité historique, le gouvernement décide (...) de sommer l'évêque lefebvriste de quitter le pays ou de se soumettre à l'expulsion", toujours selon le texte.
Le secrétaire au Culte, Guillermo Oliveri, a précisé que l'évêque "pouvait évidemment faire appel" de cette décision administrative. Mais il a été on ne peut plus clair en déclarant à l'AFP que "le gouvernement a décidé qu'il ne doit plus résider dans le pays".
La communauté juive d'Argentine, la plus importante en Amérique Latine, a "salué" la décision du gouvernement.
"Nous estimons juste de le déclarer +persona non grata+ et d'aller jusqu'à l'expulsion", a déclaré le président de la Délégation d'associations israélites, Aldo Donzis.
Le secrétaire général de l'AMIA, la mutuelle juive, a dit que les déclarations de Williamson "portaient atteinte à la paix sociale dont a tant besoin ce pays".
Une plainte devant la justice fédérale argentine pour apologie du négationnisme avait été déposée le 10 février à l'encontre de Williamson par le responsable de l'édition argentine du magazine américain Newsweek.
Mgr Williamson, 68 ans, devait également répondre à l'Institut national contre la discrimination (INADI) qui lui a officiellement demandé "d'infirmer ou de confirmer ses propos".