SOURCE - Stéphanie Le Bars - 5 février 2009
Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, devait s'exprimer sur le négationnisme et l'antisémitisme, jeudi 5 février, lors de son intervention télévisée, à la suite de la polémique suscitée par la levée de l'excommunication, par le pape Benoît XVI, d'un évêque intégriste qui a nié l'existence des chambres à gaz. Mardi, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait été la première dirigeante à juger "insuffisantes" les clarifications apportées par le Vatican. En France, les responsables politiques se sont globalement tenus à l'écart de la polémique. Le débat qui traverse les milieux catholiques sur la levée de l'excommunication des évêques intégristes a toutefois donné lieu à des déclarations divergentes de deux membres du gouvernement, pratiquants revendiqués.
Condamnant les propos de l'évêque négationniste, Richard Williamson, jugés "inacceptables, abjects, intolérables", le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel a ajouté, sur Radio J, dimanche 1er février : "Je suis catholique pratiquant. A ce titre-là, je ne suis pas sûr que cette réintégration soit la meilleure chose pour l'Eglise et pour la réconciliation au sein de l'Eglise." La veille, Christine Boutin, ministre du logement, avait elle aussi condamné les déclarations de Mgr Williamson, mais n'avait pas rejeté la main tendue aux intégristes par Benoît XVI. "Il ne faut pas regarder cette question-là par le petit bout de la lorgnette", avait-elle déclaré.
Des milliers de fidèles
Le courant intégriste de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, créé par le Français Marcel Lefebvre, jouit en France d'une audience particulière, avec plusieurs dizaines de milliers de fidèles. L'église parisienne de Saint-Nicolas du Chardonnet, occupée par les lefebvristes en 1977, n'a jamais été "récupérée" par l'Eglise catholique.
Le supérieur du district de France de la Fraternité, Régis de Cacquerey, est régulièrement reçu au cabinet de la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie - en charge des cultes -, "au même titre que d'autres responsables de mouvements religieux", indique-t-on place Beauvau, où l'on précise que "le ministère agit au nom de la liberté de l'exercice du culte, inscrite dans la loi de 1905".
Lors de ces rencontres, il est en général question de dossiers juridiques ou de problèmes liés à l'ouverture de lieux pour l'exercice du culte. Selon les diocèses, les évêques se montrent plus ou moins enclins à céder des églises aux fidèles schismatiques.
Le bureau des cultes du ministère peut alors jouer un rôle de "facilitateur", comme c'est le cas à Amiens, où les intégristes cherchent à occuper une église. La dernière rencontre date de mercredi ; les derniers développements venus du Vatican ont pris le pas sur les dossiers juridiques.
Stéphanie Le Bars