SOURCE - Stéphanie Le Bars - Le Monde - 12 mars 2009
La forme et le ton sont inhabituels et soulignent l'ampleur du séisme vécu par l'Eglise catholique ces dernières semaines. Un mois et demi après la levée des excommunications, le 21 janvier, de quatre évêques intégristes, parmi lesquels un négationniste, le pape Benoît XVI a rendu publique, jeudi 12 mars, une longue lettre aux accents personnels dans laquelle il justifie ce geste controversé.
La missive de sept pages adressée à tous les évêques de l'Eglise catholique revient sur les défauts d'explications et les "erreurs" commises dans ce dossier.
Benoît XVI y reconnaît d'emblée que sa décision de tendre la main à un courant schismatique, la Fraternité Saint-Pie X, qui refuse les orientations du concile Vatican II, "a suscité une discussion d'une véhémence telle qu'on n'en avait plus connue depuis longtemps".
Ainsi qu'il l'affirme depuis le déclenchement de cette affaire, le pape répète qu'il ignorait les prises de positions négationnistes de Richard Williamson, l'un des quatre évêques concernés par son " geste discret de miséricorde". Benoît XVI qualifie la superposition du "cas Williamson" à la levée de l'excommunication "d'incident fâcheux imprévisible". A l'avenir, le Vatican devra "prêter davantage attention à Internet", dont la consultation préalable "aurait permis d'avoir connaissance du problème", avoue le pape.
Au-delà des propos négationnistes tenus par Mgr Williamson, les positions clairement assumées des intégristes, qui refusent les relations avec le judaïsme défendues par le concile, avaient inquiété les communautés juives à travers le monde. Le pape déplore que sa main tendue ait pu apparaître comme "un retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens et juifs" depuis le concile et remercie "les amis juifs qui ont aidé à dissiper le malentendu". Jeudi, le pape devait recevoir au Vatican le rabbin David Rosen, du grand rabbinat d'Israël, pour solder cette période de tensions.
S'il reconnaît un manque de pédagogie, le pape justifie longuement le bien-fondé de sa volonté de ramener dans le giron de l'Eglise une communauté de "491 prêtres, 215 séminaristes et de milliers de fidèles". Face à l'athéisme ambiant et à de possibles radicalisations, il faut serrer les rangs des croyants, explique en substance Benoît XVI. "En ce moment de notre histoire où le vrai problème est que Dieu disparaît de l'horizon des hommes (...), nous devons avoir à coeur l'unité des croyants." "Devons-nous impassiblement laisser (la Fraternité) aller à la dérive, loin de l'Eglise, l'exclure comme un groupe marginal radical ?", s'interroge le pape.
A charge pour les membres de la Fraternité d'accepter les acquis de Vatican II, insiste Benoît XVI, qui rappelle au passage aux "défenseurs du concile" que "Vatican II renferme l'entière histoire doctrinale de l'Eglise" et qu'ils doivent "accepter la foi professée au cours des siècles".
Cet exercice inédit et argumenté rassurera sans doute des croyants déstabilisés par cette affaire. Pour certains peut-être arrive-t-il un mois et demi trop tard.
Stéphanie Le Bars
La missive de sept pages adressée à tous les évêques de l'Eglise catholique revient sur les défauts d'explications et les "erreurs" commises dans ce dossier.
Benoît XVI y reconnaît d'emblée que sa décision de tendre la main à un courant schismatique, la Fraternité Saint-Pie X, qui refuse les orientations du concile Vatican II, "a suscité une discussion d'une véhémence telle qu'on n'en avait plus connue depuis longtemps".
Ainsi qu'il l'affirme depuis le déclenchement de cette affaire, le pape répète qu'il ignorait les prises de positions négationnistes de Richard Williamson, l'un des quatre évêques concernés par son " geste discret de miséricorde". Benoît XVI qualifie la superposition du "cas Williamson" à la levée de l'excommunication "d'incident fâcheux imprévisible". A l'avenir, le Vatican devra "prêter davantage attention à Internet", dont la consultation préalable "aurait permis d'avoir connaissance du problème", avoue le pape.
Au-delà des propos négationnistes tenus par Mgr Williamson, les positions clairement assumées des intégristes, qui refusent les relations avec le judaïsme défendues par le concile, avaient inquiété les communautés juives à travers le monde. Le pape déplore que sa main tendue ait pu apparaître comme "un retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens et juifs" depuis le concile et remercie "les amis juifs qui ont aidé à dissiper le malentendu". Jeudi, le pape devait recevoir au Vatican le rabbin David Rosen, du grand rabbinat d'Israël, pour solder cette période de tensions.
S'il reconnaît un manque de pédagogie, le pape justifie longuement le bien-fondé de sa volonté de ramener dans le giron de l'Eglise une communauté de "491 prêtres, 215 séminaristes et de milliers de fidèles". Face à l'athéisme ambiant et à de possibles radicalisations, il faut serrer les rangs des croyants, explique en substance Benoît XVI. "En ce moment de notre histoire où le vrai problème est que Dieu disparaît de l'horizon des hommes (...), nous devons avoir à coeur l'unité des croyants." "Devons-nous impassiblement laisser (la Fraternité) aller à la dérive, loin de l'Eglise, l'exclure comme un groupe marginal radical ?", s'interroge le pape.
A charge pour les membres de la Fraternité d'accepter les acquis de Vatican II, insiste Benoît XVI, qui rappelle au passage aux "défenseurs du concile" que "Vatican II renferme l'entière histoire doctrinale de l'Eglise" et qu'ils doivent "accepter la foi professée au cours des siècles".
Cet exercice inédit et argumenté rassurera sans doute des croyants déstabilisés par cette affaire. Pour certains peut-être arrive-t-il un mois et demi trop tard.
Stéphanie Le Bars