La nouvelle a pu passer à tort plus ou moins inaperçu. Le pape Benoît XVI vient de demander à la Communauté des Bénédictins de St Benoît de Nursie en Italie de célébrer la messe indifféremment sous les deux formes, « ordinaire » et « extraordinaire » (entendez selon la nouvelle et l’ancienne liturgie), selon les moments et les occasions.
Cette décision confirme nos analyses effectuées il y a deux ans sur le vrai sens du motu proprio qui n’avait rien d’une simple concession ou d’une « simple parenthèse miséricordieuse » - pour reprendre l’expression de Mgr Pierre Raffin, évêque de Metz - mais relève bel et bien d’une volonté d’établir un bi-ritualisme de fait et de droit, en vue, à moyen et à long terme, de corriger la réforme liturgique dans un sens plus conforme à la tradition.
Sans doute, cette décision relève-t-elle aussi d’une stratégie longuement concertée de « clins d’oeil » à destination des courants les plus extrêmes, et en particulier des lefèbvristes, surtout à l’orée d’un été décisif dans le cadre de la reprise des négociations. A cet égard, on nous permettra de citer l’expression, qui vaut son pesant d’or, de Dom Cassian Folsom, prieur du monastère bénédictin concerné et proche de Joseph Ratzinger sur les questions liturgiques qui parle d’un « œcuménisme international » à destination du courant tradi et s’en réjouit.
En France, plusieurs couvents bénédictins, il est vrai théologiquement et ecclésialement très marqués, célèbrent régulièrement selon l’ancienne liturgie : outre l’ abbaye Sainte Madeleine du Barroux (Vaucluse) refusant catégoriquement la « nouvelle messe » et sa fondation de La Garde (Lot-et-Garonne), il faut citer les abbayes de Triors (Drôme), Randol (Puy-de-Dôme) et Fontgombault (Indre).
Quelques évêques français, NN SS Dominique Rey (Fréjus-Toulon), Raymond Centène (Vannes), Marc Aillet (Bayonne) et Jean-Pierre Batut (auxiliaire Lyon) ne cachent pas leur conviction du bien-fondé et de l’opportunité d’un tel bi-ritualisme.