SOURCE - Joséphine Bataille - la Vie - 14 septembre 2009
L'ouverture des discussions théologiques qui permettront à la Fraternité Saint Pie X et au Vatican de mesurer leurs dissensions est imminente. Benoît XVI espère qu'elles pourront conduire à la réconciliation.
Depuis la levée des excommunications des évêques lefébvristes, on les attend. Ces « discussions théologiques » entre le Vatican et la Fraternité Saint Pie X (FSSPX) doivent conditionner le retour plein et définitif du groupe intégriste à la communion de l'Eglise. Or d'après les déclarations du cardinal-archevêque de Vienne Christoph Schönborn au quotidien bavarois Passauer Neue Presse, le 12 septembre, leur ouverture est imminente.
Selon le cardinal, ce dialogue sera l'occasion pour le Vatican de « clairement signifier » aux lefébvristes ce qui n'est « pas négociable » : la position à l'égard des juifs, des autres religions, chrétiennes et non-chrétiennes, et le droit fondamental de l'être humain à la liberté religieuse. Des thèmes cruciaux puisqu'ils engagent le fond de la foi, en abordant la question du Salut et de la place de l'Eglise catholique dans le projet divin. Des thèmes précisément, qui valent à l'Église les foudres de la FSSPX depuis des années, la communauté estimant qu'ils sont inconciliables avec la théologie catholique.
Les intégristes ne manqueront pas, de leur côté, de mettre sur la table la question fondamentale de la liturgie. Qui s'avère tout aussi délicate. Car même si le pape Benoît XVI a autorisé la célébration de la messe Saint Pie V, et même s'il plaide pour une plus grande « sacralité » de la liturgie par la réintroduction d'éléments rituels anciens — comme le fait de célébrer dos au peuple, de réciter certaines prières en latin ou de donner la communion à genoux —, il n'a nullement l'intention de supprimer le missel de Paul VI, dont il défend la richesse. Or la FSSPX rejette purement et simplement ce missel, produit de Vatican II, en estimant qu'il génère une « fausse messe ». Il exprimerait « une nouvelle théologie, donc une autre religion », comme le redisait encore l'évêque lefébvriste Bernard Tissier de Mallerais en juin dernier.
Sur le plan pratique, les rencontres se feront dans le cadre de la commission Ecclesia Dei, rattachée depuis le mois de juillet à la Congrégation pour la doctrine de la Foi, et à son président, le Cardinal Levada. Le Vatican a formé un groupe d'experts, qui est dirigé par Guido Pozzo, le secrétaire de la commission Ecclesia Dei, et qui comprend notamment le Dominicain suisse Charles Morerod, le Jésuite allemand Karl Josef Becker et le vicaire général de l'Opus Dei, Fernando Ocariz Brana.
Côté FSSPX, une « commission composée d’une dizaine de prêtres qui sont spécialistes de la doctrine, ayant fait leur théologie à Écône ou étant professeurs de séminaires », a été mise en place, annonçait Mgr Tissier de Mallerais en juin : « Ils seront capables d'exposer nos reproches au Concile et de répondre aux objections qui nous seraient faites ». La responsabilité de ces discussions a été confiée à l'espagnol Alfonso De Galaretta, le moins médiatique des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefèbvre.