SOURCE - Christian Terras - Golias - 7 novembre 2009
Les plus conservateurs des évêques grinçaient les dents à l’écoute du discours très « présidentiel » d’André Vingt-Trois (voir notre article à ce sujet plus bas). Ils y devinaient manifestement une récurrence de l’esprit postconciliaire, sinon un retour partiel au ton et aux convictions des années soixante-dix ! Contre lesquels au fond ils entendent se positionner. Il faut savoir que les plus radicaux dans le conservatisme intransigeant en sortent plus réservés encore à l’endroit d’un André Vingt-Trois qu’il juge trop modéré, et surtout peu fiable.
Les plus conservateurs des évêques grinçaient les dents à l’écoute du discours très « présidentiel » d’André Vingt-Trois (voir notre article à ce sujet plus bas). Ils y devinaient manifestement une récurrence de l’esprit postconciliaire, sinon un retour partiel au ton et aux convictions des années soixante-dix ! Contre lesquels au fond ils entendent se positionner. Il faut savoir que les plus radicaux dans le conservatisme intransigeant en sortent plus réservés encore à l’endroit d’un André Vingt-Trois qu’il juge trop modéré, et surtout peu fiable.
Par ailleurs, dans le contexte d’une crise drastique des vocations, de vieillissement spectaculaire de ses troupes, l’Église catholique ne peut éluder la question de la diminution du nombre des prêtres (27 200 en 1997 et 20 277 en 2007) et la réorganisation du maillage pastoral que cela implique.
Ainsi, certains diocèses tentent effectivement de maintenir, coûte que coûte, un maillage paroissial le plus dense possible, avec une vision très cléricale du prêtre. C’est, par exemple, la ligne adoptée par le diocèse de Fréjus-Toulon dont les paroisses n’ont pas fait l’objet d’un regroupement. Mgr Dominique Rey, défenseur d’une vision tridentine du sacerdoce, et d’une Eglise très cléricale, fait appel à des prêtres étrangers et à des communautés nouvelles, plutôt que de revoir et de réformer le fonctionnement de l’Eglise diocésaine.
D’autres évêques, comme Michel Santier de Créteil estiment que l’appel aux vocations n’est qu’une partie de la réponse aux difficultés. Il faut miser aussi sur les laïcs.
La controverse de Langres
Les courants intégristes suivent donc avec une grande attention les travaux de l’Assemblée des évêques. Ils savent qu’en majorité nos évêques français, bien que devenus somme toute très conformistes, du moins en comparaison avec d’autres épiscopats comme celui d’ Allemagne , ne leur sont pas sont pas du tout acquis, c’est le moins que l’on puisse dire.
Sur l’un de leur site « La Lettre de Paix Liturgique », on peut ainsi relever le récit, ô combien significatif, des controverses entre les tradis et l’évêque de Haute-Marne, Mgr Philippe Gueneley. Mgr de Langres est l’un des rares évêques français qui résistent encore à la généralisation du Motu proprio sur la liturgie. Peu importe les détails au demeurant. Il n’en demeure pas moins que Mgr Gueneley fit preuve de peu de sympathie à l’endroit des tenants de l’ancienne liturgie. Du moins selon ces derniers. A la fin d’une cérémonie, en août dernier à Joinville, Mgr de Langres fit une déclaration dans laquelle il critiquait ouvertement l’attitude de ces fidèles traditionalistes, en définitive peu soucieux de communion. Exprimant sans doute tout fort et tout haut ce que nombre de ses pairs pensent tout bas, sans pouvoir l’exprimer. Il est vrai que, fatigué, Philippe Gueneley compte partir à la retraite - anticipée - d’ici quelques mois ou quelques semaines. Ce qui lui donne une plus grande liberté de pensée et d’action. Il n’a plus rien à perdre. Les évêques à la retraite reprennent souvent leurs couleurs. Y compris dans le sens tradi, à l’instar de Mgr Maurice Gaidon, ancien évêque de Cahor s. Cependant, l’évêque de Langres , excédé par la tournure des événements, s’engagea plus avant encore dans sa critique des traditionalistes en pointant cette fois l’attitude de certains de ses confrères évêques proches de ces milieux. Et de déclarer :« Monseigneur Centène (l’évêque de Vannes -ndlr), on l’a fait plier. Monseigneur Aillet ( l’évêque de Bayonne , - ndlr), on lui donne trois ans. Après nous verrons. Dominique Rey (l’évêque de Toulon- Fréjus , - ndlr), son diocèse finira par couler !!! ». Fermez le ban, la messe est dite !
Mgr Vingt-Trois en rajoute une couche
Cet épisode de Langres est cependant significatif de la résistance, parfois tacite, reposant sur la force d’inertie, que rencontrent les courants les plus tradis de la part d’une majorité d’évêques français. Même le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris , héritier du cardinal Lustiger, qui ne cache pas son ironie méprisante à l’égard des courants d’ouverture, n’est sans doute pas mieux disposé à l’endroit des courants les plus droitiers. Qui ne l’aiment guère d’ailleurs. On remarquera à ce sujet, lors de l’émission« Face aux chrétiens » du 5 novembre dernier (co-produite par Radio Notre Dame, RCF et La Croix), que le président des évêques de France abonde dans le sens de son collègue de Langres .
Ainsi, à la question :« On a quand même le sentiment d’une grande diversité, selon les évêques... », le cardinal- archevêque de Paris répond avec son style parfois franco de port :« je ne suis pas surpris qu’il y ait une différence d’approche, pourvu que cette différence s’appuie sur un travail. C’est à dire que ce n’est pas »au chic« . On peut avoir un évêque qui croit aux communautés nouvelles (suivez notre regard ! ndlr) : il sonne la cloche, appelle six communautés nouvelles dans son diocèse et pense que ca va marcher ! Cela va peut - être marcher tant qu’il sera là, mais après ?... »
Bref, la controverse de Langres et les paroles du patron de l’épiscopat français sont un signe de la complexité d’une situation ecclésiastique française qui s’ajoute à l’érosion de la sécularisation et du vieillissement du clergé et des fidèles.
A suivre donc.