SOURCE - Mgr Jacques Masson - 5 novembre 2009
La débâcle liturgique - débâcle dans la foi (1)
Le silence des pasteurs
Introduction
Introduction
Suite à la publication par Hermas.info de la série d'articles intitulés « Monseigneur Lefebvre, on le poussera au schisme », j’ai reçu beaucoup de courrier. Et notamment celui d’un lecteur qui, lisant ce que je racontais à propos de déclarations faites par des séminaristes au Séminaire Saint-Sulpice, m’a écrit :
« J'en suis en 1964/1965, quelques-uns de vos camarades ne croient ni au diable ni à la Sainte Vierge, etc.
« Je me pose une question: pourquoi restaient-ils? Ils auraient pu partir, devenir avocat commerçant ou instit, avoir une femme et des enfants... pourquoi restaient-ils? ».
Oui, c’est vrai, pourquoi restaient-ils ? Mais la question qui se pose est plus grave encore, et plus compliquée. Car ces séminaristes ont été appelés, par le Conseil des professeurs, aux Ordres Majeurs (à l’époque sous-diaconat, et diaconat), et à la prêtrise, SANS AUCUN PROBLEME ! Ils ont été ordonnés prêtres, sans aucun problème ! Et ils exercent toujours leur ministère, du moins ceux qui sont restés prêtres et qui sont toujours vivants, naturellement.
Alors que pour moi, comme je l’ai raconté dans un autre article publié sur Hermas.info (« Comment j’ai été ordonné prêtre tout en portant la soutane », Hermas, 15 juillet 2009), le Supérieur m’a conseillé fortement de porter le clergyman SINON JE NE SERAIS PAS APPELE AUX ORDRES MAJEURS NI ORDONNE PRETRE… Car , pour le Conseil des professeur cela serait aller contre le Concile (nous étions au mois d’octobre 1965, le Concile n’était pas encore terminé, et n’avait jamais abordé cette question), et faire preuve d’orgueil.
Oui, pourquoi ? Si ce n’est parce que la mentalité était alors au « renouveau », à lancer par-dessus bord tout ce qui avait précédé le Concile et retrouver enfin, soi-disant, l’Eglise Primitive ! Ceux qui se comportaient ainsi étaient persuadés, étaient convaincus qu’ils étaient l’Eglise nouvelle, la véritable Eglise voulue Par Jésus-Christ, et que les autres, ceux qui, comme moi, « s’attachaient au passé », étaient des « arriérés », des gens qui empêchaient l’Eglise d’aller de l’avant, d’aller vers le peuple, d’empêcher l’évangélisation des ouvriers ! En un mot, des « intégristes », des gens qui « s’opposaient au Concile ».
« Revenir à l’Eglise Primitive » ? Quand on m'affirmait cela je répondais :
« Bien volontiers, mais que l’on rouvre les arènes de Lutèce et que l’on jette les chrétiens aux lions ! ».
S’ils ne sont pas partis, c’est parce qu’ils étaient convaincus, formés par des prêtres de la génération précédente (la crise remonte plus loin que l’on ne pense ! cf. là aussi « Hermas où j’aborde cette question) qu’ils étaient dans le vrai, dans le sens de l’histoire, QU’ILS ETAIENT LA VERITABLE EGLISE CATHOLIQUE, ENFIN !
Le sens de l’Histoire : tout est dit dans ces mots ! Ils expliquent tout.
« Intégristes » : l’étiquette infamante. Celui qui la porte, la portera à vie, car c’est un péché originel pour lequel il n’existe pas de « baptême. Le pauvre, le misérable, est alors rejeté, en toute charité chrétienne bien sûr, de manière catégorique. J’en ai donné plusieurs exemples dans mes récits publiés sur « Hermas ». Beaucoup ont dû céder, par la force, sur l’insistance de leurs Evêques (je pense à deux séminaristes de Paris, nous étions dans le même Cours), auxquels Mgr Veuillot a déclaré sans ambages : « Si vous ne vous mettez pas en clergyman, je ne vous ordonnerai pas ! ». (janvier-février 1965). Mgr Veuillot avait pris la « précaution », pour connaître ses futurs prêtres, de les inviter un par un à partager le petit-déjeuner avec lui. Et c’est ce qu’il leur a déclaré. Ils ont dû se mettre en clergyman.
Tel était alors le climat qui régnait dans l'Eglise de France (à suivre).
Mgr J. MASSON