SOURCE - Abbé Patrick de La Rocque, fsspx - Editorial de L'Hermine n° 25 - décembre 2009
Bâtisseurs d’église
Il n’est pas un village de France qui ne parle de la foi de nos aïeux. Des humbles clochers aux merveilleuses cathédrales, chaque édifice sacré est un véritable témoignage où nos ancêtres ont gravé dans la pierre la vivacité de leur foi. Parfois bâties en des périodes de difficultés voire de pauvreté, ces églises attestent encore de la place première que nos anciens accordaient à la glorification de Dieu. Malgré les siècles écoulés, ils transmettent encore par le biais de ces pierres ce qui fut leur trésor sur cette terre : la foi en la puissance de la Croix, gage d’éternité. Au sens propre du terme, ils ont fait oeuvre de tradition.
A leur suite, vous voici bientôt de nouveaux bâtisseurs. Enfin propriétaires du Prieuré, l’heure est venue de rassembler les fonds nécessaires à notre future construction. Il importe de réaliser tout ce que veut dire édifier une église. Certes, il faudra mettre pierre sur pierre, et commencer par accumuler ces pierres symboliques d’une valeur unitaire de 500 €. Certes, votre future église témoignera, des siècles durant, d’une héroïque résistance surnaturelle au sein d’une époque bâtie sur l’oubli et le mépris de Dieu, ponctuée de lâchetés et de trahisons en matière de foi. Certes, vos arrières petits enfants et arrières arrières petits enfants (je m’arrête là !) pénétreront avec beaucoup de fierté en cet édifice sacré, conscients des efforts et sacrifices qu’il vous en aura coûté. Mais l’essentiel n’est pas encore là, et ce n’est point en premier pour cela que vous serez éternellement couronnés dans l’éternité. Le plus important est ailleurs : bâtir une église, c’est un petit peu bâtir l’Eglise. C’est encrer davantage Notre Seigneur et son mystère rédempteur au milieu d’un monde pécheur, c’est donner à beaucoup la possibilité « d’entrer dans la structure de l’édifice pour former un temple spirituel afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ » (1 Pe 2, 5).
Je ne suis pas sans ignorer que certains trouvent superflu l’édification d’une nouvelle église: notre ville de Nantes n’en compte-t-elle pas suffisamment ? Non. Il ne s’en trouve aucune qui témoigne de l’héroïque constance de l’Eglise au sein même de la tempête. Il ne s’en trouve aucune qui demain, une fois la paix revenue, pourra être le foyer du rayonnement de notre Fraternité. Cette dernière sera alors comparable à ces ordres séculiers et réguliers qui, pour s’inscrire dans un diocèse, se doivent d’avoir leurs propres édifices, distincts des églises diocésaines.
Ainsi, bâtir, il nous le faut. Pour les bâtisseurs d’église, il est certaines paroles d’évangile qui prennent des résonnances toutes particulières :
« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra sur son trône de gloire. Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : Venez les bénis de mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde : car j’étais étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez revêtu » (Mt 25, 31 sq.).
Et comment, en ces temps de Noël, ne pas citer la magnifique promesse tout droit venue du Ciel :
« A tous ceux qui l’ont reçu, il sera donné de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12)
Que vienne bientôt le jour où ne le recevrons plus en une étable ou un hangar, mais dans une magnifique église. Joyeux et saint Noël à tous.
Abbé Patrick de La Rocque