SOURCE - Abbé Scott, fsspx - RomanCatholics - virgo-maria.org - 30 novembre 2009
Question/réponse par l’abbé Peter Scott (FSSPX) - diffusé en anglais par RomanCatholics le 30 novembre 2009 - Traduction française: pour virgo-maria.org le 14 janvier 2010
Question : Peut-on maintenant être à la fois anglican et catholique ?
Réponse de l’abbé Scott (FSSPX) : La Constitution apostolique du pape Benoît XVI datée du 4 novembre dernier a ouvert aux anglicans la perspective d’« être reçus dans la pleine communion catholique, à titre individuel mais aussi collectivement » (cf. Anglicanorum coetibus). C’est là une approche nouvelle et révolutionnaire du problème des « frères séparés », en laquelle certains voient l’initiative la plus audacieuse que l’Église ait prise depuis la Réforme.
La nouveauté tient ici à ce que les anglicans sont traités de la même manière que ceux des orthodoxes orientaux schismatiques qui réintègrent la véritable Église. Ils seront canoniquement et liturgiquement distincts de l’Église catholique et auront donc le droit de conserver leurs paroisses, leurs évêques, leurs prêtres mariés, ainsi que leurs coutumes liturgiques et spirituelles. Cela est normal pour les chrétiens de rite oriental qui renoncent à leur schisme pour réintégrer l’Église, car leur liturgie, leur spiritualité et leurs traditions sont aussi anciennes que celles du rite latin. En outre, ils sont seulement schismatiques, et non pas hérétiques à proprement parler, car leurs rares hérésies sont d’origine récente et faciles à corriger (par exemple, rejet des dogmes relatifs au Purgatoire, à l’Immaculée conception ou à l’infaillibilité papale).
Cette analogie est-elle exacte et justifiée ? Car un examen attentif de la situation révèle de multiples différences.
1. En effet. Il y a tout d’abord la question de la motivation. La plupart de ceux qui demandent à entrer dans l’Église catholique se sont déjà séparés de la « Communion » anglicane telle qu’elle est. Ils l’ont fait non pas tant par rejet de l’anglicanisme lui-même qu’à cause de la nouvelle orientation prise par l’église anglicane depuis 1991, qui a consisté à ouvrir le sacerdoce et l’épiscopat aux femmes et aux homosexuels actifs, de même qu’à bénir les unions homosexuelles, toutes choses manifestement contraires à la Bible, principe fondateur du protestantisme.
2. Le deuxième grande différence tient à ce que l’anglicanisme repose sur des ordres invalides et n’a donc pour sacrements valides que le baptême et le mariage, contrairement à l’orthodoxie, qui peut prétendre à la validité de ses sept sacrements.
3. Troisième différence : l’anglicanisme a toujours été intégralement hérétique et protestant. Depuis l’époque de Thomas Cranmer, tous les théologiens anglicans, sans exception, ont adhéré aux théories de Luther et des autres réformateurs protestants. L’anglicanisme n’est autre qu’une forme de protestantisme, et c’est pourquoi il a toujours accepté l’intercommunion avec toutes les sectes protestantes. S’il est vrai qu’au milieu du dix-neuvième siècle, le mouvement d’Oxford a marqué le retour à une forme de spiritualité, de culte et de piété plus traditionnelle, cela ne traduisait pas pour autant un intérêt renouvelé pour les aspects catholiques de l’anglicanisme, car ces derniers n’ont jamais existé. Il s’agissait d’une découverte pure et simple de certains trésors de l’Église catholique. Toutefois, ces anglicans de ce qu’on appelait la High Church ne suivirent pas le cardinal Newman dans sa conversion, en 1845, et choisirent de rester anglicans. Tout comme leurs successeurs actuels, ils n’eurent pas le courage de se convertir à la véritable Église.
4. La quatrième différence, qui tient à ce que l’anglicanisme est une secte protestante, c’est qu’il ne dispose d’aucune autorité ou unité doctrinale. On distingue en effet autant de catégories différentes d’anglicanisme qu’il y a d’anglicans. Ils apprécient d’ailleurs cette vaste latitude qui permet à chacun de choisir sa propre pratique religieuse.
5. Cinquième différence : l’anglicanisme est dépourvu de la tradition spirituelle et monastique que possèdent les rites orientaux. Ce n’est d’ailleurs nul autre qu’Henry VIII, fondateur de l’anglicanisme, qui se rendit responsable de la destruction des mille monastères d’Angleterre. Si, au siècle dernier, de modestes efforts ont été accomplis pour fonder quelques communautés religieuses, ce n’était que par imitation de la spiritualité catholique, non en raison d’une quelconque tradition anglicane.
6. Une sixième différence, enfin, est due à ce qu’il n’y a pas d’uniformité liturgique dans l’anglicanisme. Les livres de prière entièrement protestants de 1549 et 1661 prétendaient instaurer cette uniformité, mais ils ont été remplacés au cours des dernières années, et les anglicans de la High Church les ont rejetés en grande partie ou les ont adaptés en instituant diverses combinaisons entre la nouvelle liturgie anglicane et certains usages empruntés, tels la résurrection de l’ancien rite de Sarum (nom latin de Salisbury), qui était usité en Angleterre avant la Réforme, ou le rite tridentin en anglais, ou bien encore la nouvelle messe. Il n’existe aucune tradition liturgique anglicane en dehors du livre de prière de 1661.
Dès lors, pourquoi le pape est-il si décidé à traiter les anglicans comme les orthodoxes orientaux ? Dans cette même Constitution apostolique, il en fournit très clairement l’explication, qui tient dans la nouvelle définition de l’Église du Christ donnée par Vatican II et selon laquelle l’Église du Christ « subsiste dans » l’Église catholique au lieu de s’identifier à celle-ci. C’est pourquoi les divisions entre baptisés sont à percevoir comme des divisions au sein de l’Église même et comme une atteinte à la marque d’unité qui caractérise la véritable Église. Ce qui amène Benoît XVI à déclarer dans le texte en question : « Toute division parmi ceux qui ont été baptisés en Jésus-Christ blesse ce que l'Église est et ce pour quoi l'Église existe ». D’où il ressort que l’unité entre les baptisés est un bien absolu qu’il importe de rechercher à tout prix, d’autant qu’il s’agit désormais d’une « unité dans la diversité », objectif ultime à viser. Or, aux yeux de l’enseignement catholique traditionnel, le bien absolu réside dans la Foi, le culte et les sacrements, et c’est lui qui détermine l’unité de l’Église catholique véritable, ainsi que le souligne le catéchisme de l’Église. La séparation des hérétiques et des schismatiques – toute déplorable qu’elle est – ne nuit en rien à la Foi, au culte et aux sacrements, pas plus qu’à l’autorité hiérarchique, parce que l’Église du Christ s’identifie à l’Église catholique romaine.
Les conséquences de cette recherche forcenée d’une fausse unité reposant sur de faibles assises réelles ne sauraient être acceptables par l’esprit catholique. En voici quelques-unes :
- Il ne doit y avoir aucune conversion à proprement parler, c’est-à-dire avec abjuration de l’hérésie, profession publique de la Foi catholique et absolution de la censure d’excommunication. On se borne à indiquer que « les fidèles laïcs aussi bien que les membres des instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostolique, issus de la Communion anglicane, qui veulent entrer dans un ordinariat personnel, devront exprimer ce désir par écrit » (IX). Il n’est requis ni de confesser la faute de s’être tenu en dehors de la seule véritable Église, ni de demander à être reçu dans la seule véritable Église.
- Il n’est requis, en outre, aucune adhésion expresse aux articles de foi que l’église anglicane nie depuis 450 ans. Tout ce qui est demandé, c’est d’accepter implicitement la déclaration suivante : « Le Catéchisme de l'Église catholique est l'expression officielle de la foi catholique professée par les membres de l'ordinariat » (I, § 5). Or, ce catéchisme de Vatican II, adopté en 1993, est très ambigu, notamment sur des points de doctrine à propos desquels les protestants sont en désaccord avec l’Église catholique, et l’acceptation implicite d’une telle déclaration n’a rien à voir avec le serment condamnant les hérésies protestantes qui fait partie de la Profession de Foi tridentine de Pie IV.
- Les anglicans sont autorisés à conserver leurs livres et prières liturgiques anglicans, ainsi que leur spiritualité anglicane et leurs coutumes pastorales : « l'ordinariat a la faculté de célébrer l'Eucharistie et les autres sacrements, la liturgie des heures et les autres célébrations liturgiques selon les livres liturgiques propres à la tradition anglicane qui auront été approuvés par le Saint-Siège, de manière à ce que soient maintenues au sein de l'Église catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la Communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l'ordinariat et comme un trésor à partager » (III). La modeste condition de l’acceptation par le Saint-Siège n’ôte rien à la profonde nouveauté de cette disposition, dont il ressort que le protestantisme anticatholique et sa liturgie relèveraient d’une tradition à conserver au sein de l’Église catholique. Le texte continue dans la même veine en soulignant que tout cela constitue « un don précieux » et « un trésor à partager ». Quelle insulte pour des catholiques tels que saint Thomas More, saint John Fisher et saint Edmund Campion, qui ont donné leur vie plutôt que de devenir anglicans, ou encore pour d’authentiques convertis comme le cardinal Newman, qui ont renoncé volontairement, mais nécessairement au cérémonial anglican – protestant, hérétique et invalide – pour devenir de vrais catholiques !
- L’état matrimonial des prêtres restera un mode de vie acceptable dans le cadre de cet ordinariat, et à l’avenir, on pourra ordonner des hommes déjà mariés. Or, ce sera là un moyen fort efficace de miner le trésor du célibat des prêtres, qui est l’un des plus grands signes extérieurs de sainteté de l’Église. Certes, on ne pourra accepter d’évêques mariés, mais tout homme marié pourra quand même devenir prêtre et se voir investir des compétences d’un Ordinaire (cf. la Note publiée le 20 octobre 2009 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), ce qui permettra de tourner la « difficulté » du célibat des prêtres, dont ces anglicans ne veulent pas.
Tout cela est tragique, parce que ces gens seront considérés comme des catholiques et des anglicans tout à la fois, ce qui brouillera en grande partie la distinction entre la vérité et l’erreur, la Foi et l’infidélité, la soumission et l’indépendance. Le cardinal Levada le reconnaît lui-même lorsqu’il décrit les bases aussi ténues que vagues d’une telle unité : « Ils ont déclaré partager la foi catholique commune, telle qu’elle est exprimée dans le catéchisme de l’Église catholique, et accepter le ministère de Pierre comme un élément voulu par le Christ pour l’Église. [Que faut-il entendre par là ? L’exercice de l’infaillibilité papale ? Un vrai pouvoir de gouvernement ? Une simple place honorifique ?] Selon eux, le temps est venu d’exprimer cette union implicite sous une forme visible de pleine communion ». (Ib. In ZENIT.org)
Si nous devons assurément craindre que cette acceptation ne provoque de la confusion chez les catholiques, non sans confirmer davantage encore ces anglicans dans leurs faux principes et leurs fausses traditions, nous n’en devons pas moins prier pour qu’ils finissent pas se convertir vraiment à la pleine et entière pratique de la Foi catholique, hors de laquelle il n’est point de salut.
Question/réponse par l’abbé Peter Scott (FSSPX) - diffusé en anglais par RomanCatholics le 30 novembre 2009 - Traduction française: pour virgo-maria.org le 14 janvier 2010
Question : Peut-on maintenant être à la fois anglican et catholique ?
Réponse de l’abbé Scott (FSSPX) : La Constitution apostolique du pape Benoît XVI datée du 4 novembre dernier a ouvert aux anglicans la perspective d’« être reçus dans la pleine communion catholique, à titre individuel mais aussi collectivement » (cf. Anglicanorum coetibus). C’est là une approche nouvelle et révolutionnaire du problème des « frères séparés », en laquelle certains voient l’initiative la plus audacieuse que l’Église ait prise depuis la Réforme.
La nouveauté tient ici à ce que les anglicans sont traités de la même manière que ceux des orthodoxes orientaux schismatiques qui réintègrent la véritable Église. Ils seront canoniquement et liturgiquement distincts de l’Église catholique et auront donc le droit de conserver leurs paroisses, leurs évêques, leurs prêtres mariés, ainsi que leurs coutumes liturgiques et spirituelles. Cela est normal pour les chrétiens de rite oriental qui renoncent à leur schisme pour réintégrer l’Église, car leur liturgie, leur spiritualité et leurs traditions sont aussi anciennes que celles du rite latin. En outre, ils sont seulement schismatiques, et non pas hérétiques à proprement parler, car leurs rares hérésies sont d’origine récente et faciles à corriger (par exemple, rejet des dogmes relatifs au Purgatoire, à l’Immaculée conception ou à l’infaillibilité papale).
Cette analogie est-elle exacte et justifiée ? Car un examen attentif de la situation révèle de multiples différences.
1. En effet. Il y a tout d’abord la question de la motivation. La plupart de ceux qui demandent à entrer dans l’Église catholique se sont déjà séparés de la « Communion » anglicane telle qu’elle est. Ils l’ont fait non pas tant par rejet de l’anglicanisme lui-même qu’à cause de la nouvelle orientation prise par l’église anglicane depuis 1991, qui a consisté à ouvrir le sacerdoce et l’épiscopat aux femmes et aux homosexuels actifs, de même qu’à bénir les unions homosexuelles, toutes choses manifestement contraires à la Bible, principe fondateur du protestantisme.
2. Le deuxième grande différence tient à ce que l’anglicanisme repose sur des ordres invalides et n’a donc pour sacrements valides que le baptême et le mariage, contrairement à l’orthodoxie, qui peut prétendre à la validité de ses sept sacrements.
3. Troisième différence : l’anglicanisme a toujours été intégralement hérétique et protestant. Depuis l’époque de Thomas Cranmer, tous les théologiens anglicans, sans exception, ont adhéré aux théories de Luther et des autres réformateurs protestants. L’anglicanisme n’est autre qu’une forme de protestantisme, et c’est pourquoi il a toujours accepté l’intercommunion avec toutes les sectes protestantes. S’il est vrai qu’au milieu du dix-neuvième siècle, le mouvement d’Oxford a marqué le retour à une forme de spiritualité, de culte et de piété plus traditionnelle, cela ne traduisait pas pour autant un intérêt renouvelé pour les aspects catholiques de l’anglicanisme, car ces derniers n’ont jamais existé. Il s’agissait d’une découverte pure et simple de certains trésors de l’Église catholique. Toutefois, ces anglicans de ce qu’on appelait la High Church ne suivirent pas le cardinal Newman dans sa conversion, en 1845, et choisirent de rester anglicans. Tout comme leurs successeurs actuels, ils n’eurent pas le courage de se convertir à la véritable Église.
4. La quatrième différence, qui tient à ce que l’anglicanisme est une secte protestante, c’est qu’il ne dispose d’aucune autorité ou unité doctrinale. On distingue en effet autant de catégories différentes d’anglicanisme qu’il y a d’anglicans. Ils apprécient d’ailleurs cette vaste latitude qui permet à chacun de choisir sa propre pratique religieuse.
5. Cinquième différence : l’anglicanisme est dépourvu de la tradition spirituelle et monastique que possèdent les rites orientaux. Ce n’est d’ailleurs nul autre qu’Henry VIII, fondateur de l’anglicanisme, qui se rendit responsable de la destruction des mille monastères d’Angleterre. Si, au siècle dernier, de modestes efforts ont été accomplis pour fonder quelques communautés religieuses, ce n’était que par imitation de la spiritualité catholique, non en raison d’une quelconque tradition anglicane.
6. Une sixième différence, enfin, est due à ce qu’il n’y a pas d’uniformité liturgique dans l’anglicanisme. Les livres de prière entièrement protestants de 1549 et 1661 prétendaient instaurer cette uniformité, mais ils ont été remplacés au cours des dernières années, et les anglicans de la High Church les ont rejetés en grande partie ou les ont adaptés en instituant diverses combinaisons entre la nouvelle liturgie anglicane et certains usages empruntés, tels la résurrection de l’ancien rite de Sarum (nom latin de Salisbury), qui était usité en Angleterre avant la Réforme, ou le rite tridentin en anglais, ou bien encore la nouvelle messe. Il n’existe aucune tradition liturgique anglicane en dehors du livre de prière de 1661.
Dès lors, pourquoi le pape est-il si décidé à traiter les anglicans comme les orthodoxes orientaux ? Dans cette même Constitution apostolique, il en fournit très clairement l’explication, qui tient dans la nouvelle définition de l’Église du Christ donnée par Vatican II et selon laquelle l’Église du Christ « subsiste dans » l’Église catholique au lieu de s’identifier à celle-ci. C’est pourquoi les divisions entre baptisés sont à percevoir comme des divisions au sein de l’Église même et comme une atteinte à la marque d’unité qui caractérise la véritable Église. Ce qui amène Benoît XVI à déclarer dans le texte en question : « Toute division parmi ceux qui ont été baptisés en Jésus-Christ blesse ce que l'Église est et ce pour quoi l'Église existe ». D’où il ressort que l’unité entre les baptisés est un bien absolu qu’il importe de rechercher à tout prix, d’autant qu’il s’agit désormais d’une « unité dans la diversité », objectif ultime à viser. Or, aux yeux de l’enseignement catholique traditionnel, le bien absolu réside dans la Foi, le culte et les sacrements, et c’est lui qui détermine l’unité de l’Église catholique véritable, ainsi que le souligne le catéchisme de l’Église. La séparation des hérétiques et des schismatiques – toute déplorable qu’elle est – ne nuit en rien à la Foi, au culte et aux sacrements, pas plus qu’à l’autorité hiérarchique, parce que l’Église du Christ s’identifie à l’Église catholique romaine.
Les conséquences de cette recherche forcenée d’une fausse unité reposant sur de faibles assises réelles ne sauraient être acceptables par l’esprit catholique. En voici quelques-unes :
- Il ne doit y avoir aucune conversion à proprement parler, c’est-à-dire avec abjuration de l’hérésie, profession publique de la Foi catholique et absolution de la censure d’excommunication. On se borne à indiquer que « les fidèles laïcs aussi bien que les membres des instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostolique, issus de la Communion anglicane, qui veulent entrer dans un ordinariat personnel, devront exprimer ce désir par écrit » (IX). Il n’est requis ni de confesser la faute de s’être tenu en dehors de la seule véritable Église, ni de demander à être reçu dans la seule véritable Église.
- Il n’est requis, en outre, aucune adhésion expresse aux articles de foi que l’église anglicane nie depuis 450 ans. Tout ce qui est demandé, c’est d’accepter implicitement la déclaration suivante : « Le Catéchisme de l'Église catholique est l'expression officielle de la foi catholique professée par les membres de l'ordinariat » (I, § 5). Or, ce catéchisme de Vatican II, adopté en 1993, est très ambigu, notamment sur des points de doctrine à propos desquels les protestants sont en désaccord avec l’Église catholique, et l’acceptation implicite d’une telle déclaration n’a rien à voir avec le serment condamnant les hérésies protestantes qui fait partie de la Profession de Foi tridentine de Pie IV.
- Les anglicans sont autorisés à conserver leurs livres et prières liturgiques anglicans, ainsi que leur spiritualité anglicane et leurs coutumes pastorales : « l'ordinariat a la faculté de célébrer l'Eucharistie et les autres sacrements, la liturgie des heures et les autres célébrations liturgiques selon les livres liturgiques propres à la tradition anglicane qui auront été approuvés par le Saint-Siège, de manière à ce que soient maintenues au sein de l'Église catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la Communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l'ordinariat et comme un trésor à partager » (III). La modeste condition de l’acceptation par le Saint-Siège n’ôte rien à la profonde nouveauté de cette disposition, dont il ressort que le protestantisme anticatholique et sa liturgie relèveraient d’une tradition à conserver au sein de l’Église catholique. Le texte continue dans la même veine en soulignant que tout cela constitue « un don précieux » et « un trésor à partager ». Quelle insulte pour des catholiques tels que saint Thomas More, saint John Fisher et saint Edmund Campion, qui ont donné leur vie plutôt que de devenir anglicans, ou encore pour d’authentiques convertis comme le cardinal Newman, qui ont renoncé volontairement, mais nécessairement au cérémonial anglican – protestant, hérétique et invalide – pour devenir de vrais catholiques !
- L’état matrimonial des prêtres restera un mode de vie acceptable dans le cadre de cet ordinariat, et à l’avenir, on pourra ordonner des hommes déjà mariés. Or, ce sera là un moyen fort efficace de miner le trésor du célibat des prêtres, qui est l’un des plus grands signes extérieurs de sainteté de l’Église. Certes, on ne pourra accepter d’évêques mariés, mais tout homme marié pourra quand même devenir prêtre et se voir investir des compétences d’un Ordinaire (cf. la Note publiée le 20 octobre 2009 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), ce qui permettra de tourner la « difficulté » du célibat des prêtres, dont ces anglicans ne veulent pas.
Tout cela est tragique, parce que ces gens seront considérés comme des catholiques et des anglicans tout à la fois, ce qui brouillera en grande partie la distinction entre la vérité et l’erreur, la Foi et l’infidélité, la soumission et l’indépendance. Le cardinal Levada le reconnaît lui-même lorsqu’il décrit les bases aussi ténues que vagues d’une telle unité : « Ils ont déclaré partager la foi catholique commune, telle qu’elle est exprimée dans le catéchisme de l’Église catholique, et accepter le ministère de Pierre comme un élément voulu par le Christ pour l’Église. [Que faut-il entendre par là ? L’exercice de l’infaillibilité papale ? Un vrai pouvoir de gouvernement ? Une simple place honorifique ?] Selon eux, le temps est venu d’exprimer cette union implicite sous une forme visible de pleine communion ». (Ib. In ZENIT.org)
Si nous devons assurément craindre que cette acceptation ne provoque de la confusion chez les catholiques, non sans confirmer davantage encore ces anglicans dans leurs faux principes et leurs fausses traditions, nous n’en devons pas moins prier pour qu’ils finissent pas se convertir vraiment à la pleine et entière pratique de la Foi catholique, hors de laquelle il n’est point de salut.