SOURCE - IBP Roma - 30 janvier 2010
Monseigneur, que vous apporte votre sacerdoce chaque jour ? Peut-on on vivre du sacerdoce aujourd’hui ?
Certainement encore aujourd’hui, dans notre temps, il est possible d’offrir sa vie dans le sacerdoce ministériel, en y trouvant le sens plein de sa propre existence. Et plus encore, j’ajoute que cela est vraiment très beau et fascinant. On peut l’affirmer sans aucun doute, à partir d’une considération de foi : il ne peut pas y avoir de vie de l’Eglise sans le sacerdoce ministériel, et dès lors il ne pourra jamais perdre sa capacité d’attraction. Mais je peux l’affirmer aussi à partir de l’expérience personnelle : être appelé par le Seigneur à vivre « in persona Christi » est un don inestimable que l’on ne pourra vraiment comprendre qu’au Ciel, comme l’affirmait le saint Curé d’Ars.
Vous arrive-t-il, vous-même, d’être fier de votre sacerdoce ? En quelles occasions éprouvez-vous particulièrement cette fierté ou cette joie d’être prêtre ?
La vocation sacerdotale que j’ai reçue du Seigneur et que j’ai commencé à percevoir de l’âge de seize ans, est ma joie quotidienne. Il me semble important d’affirmer qu’être prêtre en soi, indépendamment de la façon concrète et du lieu dans lequel le ministère est exercé, est une source de joie et de plénitude du cœur. Il est vrai, d’ailleurs, que la Célébration Eucharistique est le moment le plus haut de la vie d’un prêtre. Comme le disait Saint François de Sales, il faudrait que tout, dans la journée d’un prêtre, soit une préparation à la Messe et une action de grâce. C’est dire que la Messe est le cœur et le centre de la vie sacerdotale. Avec la Messe, il me semble que la célébration du sacrement de Pénitence et l’annonce de La Parole du Seigneur sont les deux autres moments décisifs de l’expérience ministérielle, capables de remplir de joie et de gratitude un cœur sacerdotal.
Le prêtre apparaît de plus en plus comme ce qu’il est : un homme seul. Quels soutiens concrets peut-il ou devra-t-il trouver autour de lui pour remplir sa mission ?
Il y a en effet une dimension de solitude dans la vie du prêtre. Et c’est bien qu’il en soit ainsi. Le prêtre est l’homme de Dieu qui, dans un rapport d’amour personnel et exclusif avec le Seigneur Jésus, vit sa propre expérience spirituelle et humaine. D’autre part, il est vrai aussi que personne d’autre que le prêtre n’est inséré dans un contexte de rapports aussi intenses et significatifs, parce que cela se fonde sur l’amitié vraie et sur ce qu’il y a de plus profond dans la vie des hommes et des femmes : l’expérience de la foi.
Que signifie le fait que le Saint Curé d’Ars ait été nommé patron de tous les prêtres du monde par le pape Benoît XVI ? S’agit-il de privilégier un certain type de prêtre ? (Si oui lequel ?)
Avoir montré du doigt le saint Curé d’Ars comme exemple pour tous les prêtres du monde, me semble être de la part du Saint Père une orientation précieuse pour la vie de chaque prêtre. Il est clair qu’on ne se peut pas aujourd’hui, reproposer dans le détail, la vie de saint Jean-Marie Vianney. Il a d’ailleurs été dit que saint Vianney, en quelques aspects de sa vie, est à admirer mais pas à imiter. Mais sans doute faut-il revivre les grands enseignements qui proviennent de l’exercice de son sacerdoce, selon les fondements de la spiritualité sacerdotale qui sont toujours valides dans la vie de l’Église. Je me réfère par exemple, à la centralité de la Sainte Messe et de l’adoration eucharistique, à la prière continue, à la dévotion à la Sainte Vierge et aux saints, au dévouement généreux à la confession et à la direction spirituelle, à la prédication quotidienne bien préparée et expressive d’un cœur amoureux envers le Seigneur, à la charité pastorale qui se penche sur les nécessités des frères avec le Cœur du Christ, à la dimension pénitentielle de la vie comme participation au sacrifice de Jésus.
Après Vatican II, l’apparence extérieure et la vie des prêtres ont beaucoup changé, qu’est-ce qui, dans leur quotidien, doit demeurer intangible?
Il n’y a pas doute : le fait que le prêtre soit la représentation sacramentelle du Christ dans la vie de l’Église. Tout ce qui, même extérieurement, aide à rendre manifeste une telle représentation, doit être recherché, gardé et valorisé. À ce propos, il me semble important de rappeler la valeur de l’habit sacerdotal. Au-delà des multiples significations spirituels dont il est porteur, on ne doit pas oublier que l’habit du prêtre a la capacité de lui rappeler à lui-même et aux fidèles que le ministre du Christ n’est pas une personne privée, qu’il ne vit pour lui-même pas, pas même à un instant de sa journée, qu’il est toujours témoin du Seigneur face au monde, un signe d’espoir et de salut.
En quoi la formule « sacerdos alter Christus » est-elle plus qu’une métaphore ?
L’expression « alter Christus » est très belle. La tradition théologique et spirituelle l’a employée pour indiquer que dans le prêtre, et à toutes les époques, est présent le Christ Prêtre, Chef et Pasteur. Certains préfèrent employer l’expression « in persona Christi » qui, peut-être, est plus exacte. Mais ce qui importe, c’est qu’on ne perde pas de vue la dimension sacrée du sacerdoce, c’est-à-dire que la présence du prêtre vit du Christ en vertu du sacrement de l’Ordre.
Que conseilleriez-vous à un séminariste de première année ? Sur quoi d’après vous doit-il faire porter son effort et son discernement ?
Je pense qu’au début du chemin de discernement, comme d’ailleurs toujours dans la vie spirituelle, il est important de mettre le Seigneur à la première place. C’est d’une importance vitale donc, de rester fidèles au primat de la prière et de s’engager dans cette école de vie intérieure qui découle de l’accompagnement d’un prêtre sage et prudent. De cette manière le discernement sera une œuvre quotidienne de clarification progressive et sereine de la voix de Dieu. Dans la mesure où croît l’intimité avec le Seigneur, croît aussi la capacité de « voir » Sa face et de connaître Sa volonté.
Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question du sacerdoce, pour l’encourager à persévérer dans sa vocation ?
Je lui dirais que le « oui » dit au Seigneur, quand on est appelé, est le secret de la vraie joie. Il n’y a rien de plus beau et de plus exaltant dans la vie d’un homme que de suivre Jésus qui, avec un amour impensable, l’appelle à Lui dans le sacerdoce ministériel.
Quelle est la qualité dont aucun prêtre ne peut faire l’économie selon vous ?
Monseigneur, que vous apporte votre sacerdoce chaque jour ? Peut-on on vivre du sacerdoce aujourd’hui ?
Certainement encore aujourd’hui, dans notre temps, il est possible d’offrir sa vie dans le sacerdoce ministériel, en y trouvant le sens plein de sa propre existence. Et plus encore, j’ajoute que cela est vraiment très beau et fascinant. On peut l’affirmer sans aucun doute, à partir d’une considération de foi : il ne peut pas y avoir de vie de l’Eglise sans le sacerdoce ministériel, et dès lors il ne pourra jamais perdre sa capacité d’attraction. Mais je peux l’affirmer aussi à partir de l’expérience personnelle : être appelé par le Seigneur à vivre « in persona Christi » est un don inestimable que l’on ne pourra vraiment comprendre qu’au Ciel, comme l’affirmait le saint Curé d’Ars.
Vous arrive-t-il, vous-même, d’être fier de votre sacerdoce ? En quelles occasions éprouvez-vous particulièrement cette fierté ou cette joie d’être prêtre ?
La vocation sacerdotale que j’ai reçue du Seigneur et que j’ai commencé à percevoir de l’âge de seize ans, est ma joie quotidienne. Il me semble important d’affirmer qu’être prêtre en soi, indépendamment de la façon concrète et du lieu dans lequel le ministère est exercé, est une source de joie et de plénitude du cœur. Il est vrai, d’ailleurs, que la Célébration Eucharistique est le moment le plus haut de la vie d’un prêtre. Comme le disait Saint François de Sales, il faudrait que tout, dans la journée d’un prêtre, soit une préparation à la Messe et une action de grâce. C’est dire que la Messe est le cœur et le centre de la vie sacerdotale. Avec la Messe, il me semble que la célébration du sacrement de Pénitence et l’annonce de La Parole du Seigneur sont les deux autres moments décisifs de l’expérience ministérielle, capables de remplir de joie et de gratitude un cœur sacerdotal.
Le prêtre apparaît de plus en plus comme ce qu’il est : un homme seul. Quels soutiens concrets peut-il ou devra-t-il trouver autour de lui pour remplir sa mission ?
Il y a en effet une dimension de solitude dans la vie du prêtre. Et c’est bien qu’il en soit ainsi. Le prêtre est l’homme de Dieu qui, dans un rapport d’amour personnel et exclusif avec le Seigneur Jésus, vit sa propre expérience spirituelle et humaine. D’autre part, il est vrai aussi que personne d’autre que le prêtre n’est inséré dans un contexte de rapports aussi intenses et significatifs, parce que cela se fonde sur l’amitié vraie et sur ce qu’il y a de plus profond dans la vie des hommes et des femmes : l’expérience de la foi.
Que signifie le fait que le Saint Curé d’Ars ait été nommé patron de tous les prêtres du monde par le pape Benoît XVI ? S’agit-il de privilégier un certain type de prêtre ? (Si oui lequel ?)
Avoir montré du doigt le saint Curé d’Ars comme exemple pour tous les prêtres du monde, me semble être de la part du Saint Père une orientation précieuse pour la vie de chaque prêtre. Il est clair qu’on ne se peut pas aujourd’hui, reproposer dans le détail, la vie de saint Jean-Marie Vianney. Il a d’ailleurs été dit que saint Vianney, en quelques aspects de sa vie, est à admirer mais pas à imiter. Mais sans doute faut-il revivre les grands enseignements qui proviennent de l’exercice de son sacerdoce, selon les fondements de la spiritualité sacerdotale qui sont toujours valides dans la vie de l’Église. Je me réfère par exemple, à la centralité de la Sainte Messe et de l’adoration eucharistique, à la prière continue, à la dévotion à la Sainte Vierge et aux saints, au dévouement généreux à la confession et à la direction spirituelle, à la prédication quotidienne bien préparée et expressive d’un cœur amoureux envers le Seigneur, à la charité pastorale qui se penche sur les nécessités des frères avec le Cœur du Christ, à la dimension pénitentielle de la vie comme participation au sacrifice de Jésus.
Après Vatican II, l’apparence extérieure et la vie des prêtres ont beaucoup changé, qu’est-ce qui, dans leur quotidien, doit demeurer intangible?
Il n’y a pas doute : le fait que le prêtre soit la représentation sacramentelle du Christ dans la vie de l’Église. Tout ce qui, même extérieurement, aide à rendre manifeste une telle représentation, doit être recherché, gardé et valorisé. À ce propos, il me semble important de rappeler la valeur de l’habit sacerdotal. Au-delà des multiples significations spirituels dont il est porteur, on ne doit pas oublier que l’habit du prêtre a la capacité de lui rappeler à lui-même et aux fidèles que le ministre du Christ n’est pas une personne privée, qu’il ne vit pour lui-même pas, pas même à un instant de sa journée, qu’il est toujours témoin du Seigneur face au monde, un signe d’espoir et de salut.
En quoi la formule « sacerdos alter Christus » est-elle plus qu’une métaphore ?
L’expression « alter Christus » est très belle. La tradition théologique et spirituelle l’a employée pour indiquer que dans le prêtre, et à toutes les époques, est présent le Christ Prêtre, Chef et Pasteur. Certains préfèrent employer l’expression « in persona Christi » qui, peut-être, est plus exacte. Mais ce qui importe, c’est qu’on ne perde pas de vue la dimension sacrée du sacerdoce, c’est-à-dire que la présence du prêtre vit du Christ en vertu du sacrement de l’Ordre.
Que conseilleriez-vous à un séminariste de première année ? Sur quoi d’après vous doit-il faire porter son effort et son discernement ?
Je pense qu’au début du chemin de discernement, comme d’ailleurs toujours dans la vie spirituelle, il est important de mettre le Seigneur à la première place. C’est d’une importance vitale donc, de rester fidèles au primat de la prière et de s’engager dans cette école de vie intérieure qui découle de l’accompagnement d’un prêtre sage et prudent. De cette manière le discernement sera une œuvre quotidienne de clarification progressive et sereine de la voix de Dieu. Dans la mesure où croît l’intimité avec le Seigneur, croît aussi la capacité de « voir » Sa face et de connaître Sa volonté.
Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question du sacerdoce, pour l’encourager à persévérer dans sa vocation ?
Je lui dirais que le « oui » dit au Seigneur, quand on est appelé, est le secret de la vraie joie. Il n’y a rien de plus beau et de plus exaltant dans la vie d’un homme que de suivre Jésus qui, avec un amour impensable, l’appelle à Lui dans le sacerdoce ministériel.
Quelle est la qualité dont aucun prêtre ne peut faire l’économie selon vous ?
L’amour passionné pour le Christ et pour l’Église. Le prêtre en effet, trouve sa propre identité dans l’amour du Seigneur qui est toute sa vie. Mais le prêtre trouve aussi son identité dans l’amour fidèle à l’Église, dont il est l’époux amoureux et pour laquelle, à l’exemple de Christ, il est appelé à s’offrir sans réserves jusqu’à son dernier soupir. J’ajouterais parmi les qualités, l’amour filial et confiant en la Sainte Vierge. Jésus sur la croix avait confié Marie à l’apôtre Jean, c’est un acte à rénover dans la vie de chaque prêtre. Et c’est là la garantie d’une persévérance fidèle et joyeuse.
Que répondez-vous à ceux qui vous disent que le célibat est trop difficile aujourd’hui ?
Le célibat n’est pas facile aujourd’hui comme hier, puisqu’il demande au prêtre d’aller à contre-courant. Mais aujourd’hui comme hier, le Seigneur ne manque pas de donner sa grâce à celui qu’Il appelle. Et dans le célibat Il le rend heureux. On ne doit pas oublier que la vocation sacerdotale, selon l’enseignement de l’Église – en ce qui concerne l’Église latine -, est lié au don de la chasteté dans le célibat, qui est bien plus qu’une simple règle disciplinaire. En imitant la forme de vie demandée par le Seigneur aux Apôtres, le prêtre, au moyen du célibat, participe à l’offrande totale de lui-même par laquelle le Christ a racheté l’humanité. Lorsque le Seigneur appelle au sacerdoce ministériel par conséquent, il donne aussi les grâces nécessaires pour vivre dans une plénitude d’amour et avec joie le célibat. Il est clair que chaque prêtre est appelé à garder le don reçu. La fidélité dans le célibat, qui est une fidélité d’amour au Seigneur et à l’Église, elle n’est pas donnée une fois pour toutes, mais elle est à conquérir de jour en jour par une intense vie spirituelle, faite d’intimité avec Dieu et d’ascèse.
Propos recueillis par l’abbé Edouard Le Conte
Que répondez-vous à ceux qui vous disent que le célibat est trop difficile aujourd’hui ?
Le célibat n’est pas facile aujourd’hui comme hier, puisqu’il demande au prêtre d’aller à contre-courant. Mais aujourd’hui comme hier, le Seigneur ne manque pas de donner sa grâce à celui qu’Il appelle. Et dans le célibat Il le rend heureux. On ne doit pas oublier que la vocation sacerdotale, selon l’enseignement de l’Église – en ce qui concerne l’Église latine -, est lié au don de la chasteté dans le célibat, qui est bien plus qu’une simple règle disciplinaire. En imitant la forme de vie demandée par le Seigneur aux Apôtres, le prêtre, au moyen du célibat, participe à l’offrande totale de lui-même par laquelle le Christ a racheté l’humanité. Lorsque le Seigneur appelle au sacerdoce ministériel par conséquent, il donne aussi les grâces nécessaires pour vivre dans une plénitude d’amour et avec joie le célibat. Il est clair que chaque prêtre est appelé à garder le don reçu. La fidélité dans le célibat, qui est une fidélité d’amour au Seigneur et à l’Église, elle n’est pas donnée une fois pour toutes, mais elle est à conquérir de jour en jour par une intense vie spirituelle, faite d’intimité avec Dieu et d’ascèse.
Propos recueillis par l’abbé Edouard Le Conte