SOURCE - Abbé Philippe Laguérie - 9 mars 2010
La dernière interview de Mgr Fellay dans FIDELITER (N° 194 de mars 2010) recèle un passage particulièrement cocasse. Jugez plutôt :
A la question, à peine tendancieuse et digne des sondages de l’Express, « Seule la Fraternité a obtenu ces entretiens, sérieux et presque solennels. Aucune communauté Ecclésia Dei n’en a obtenu. A votre avis, est-ce le signe du bien fondé de notre (sic ! là l’Express aurait mis votre) attitude de résistance et de refus d’un compromis ou d’une reconnaissance canonique équivoque, ou bien est-ce le signe que les communautés Ecclésia Dei n’ont finalement plus grand-chose qui les distingue de la ligne conciliaire ».
Docte réponse du prélat : « c’est sans doute le signe des deux ».
Pinocchio n’aurait pas fait mieux. A la question « Est-ce vous qui avez raison ou bien sont-ce les autres qui ont tort ? ». Il eût répondu assurément : « c’est un peu les deux, voyez-vous ».
D’autant que le journaliste (Il n’y a que l’abbé Lorans, ou du même acabit, me trompe-je ?) pose évidemment trois ou quatre questions d’un coup pour une seule réponse. Très fort.
Ces discussions doctrinales sont le signe :
Du bien fondé de notre attitude de résistance ?
Du refus de tout compromis ?
D’une reconnaissance canonique équivoque des autres ?
De leur alignement sur la ligne conciliaire ?
Ainsi décortiquée, comme elle aurait du l’être, cette question cornue aurait amené des réponses totalement spécifiques que n’aurait jamais satisfait le péremptoire et flegmatique : « c’est sans doute… »
Laissons à l’histoire future, je vous prie, de juger du bien fondé de votre attitude de résistance quant au fruit de ces discussions. C’est de ça qu’il s’agit, uniquement. Qu’il ait fallu cette attitude pour le maintien de votre œuvre et sa prospérité, c’est une évidence que personne ne vous conteste et surtout pas le pape actuel. Mais en exciper comme démonstration d’un heureux futur est plus qu’hasardeux. Cette manie de se donner raison avant le résultat des courses est assez présomptueuse.
On pourrait de même acquiescer sur le refus de tout compromis, quand il serait défini… Vos prédécesseurs hurlaient au compromis, et même au ralliement, dès lors que Mgr Lefebvre montait à Rome. A ce compte, vous êtes en pleine compromission et déjà largement ecclésia-déistes-ralliés. Passons ! Ces attitudes antécédentes de post-autojustification ne militent guère en faveur de votre assurance, Mss les journalistes de Fideliter. Car j’ose encore espérer que seule la réponse est de Mgr Fellay.
Surtout que ces réflexions ne se bornent pas à vous-même. Votre justification est tellement étincelante qu’elle ne peut s’empêcher d’aller fouiner chez les autres, c’est plus fort que vous. Si nous avons raison, comprenez-vous, c’est parce que les autres ont tort. C’est d’ailleurs la meilleure preuve que nous en ayons. On va finir par croire que c’est la seule, méfiez-vous, et le but recherché.
Ainsi l’I.B.P., qui décidément est votre véritable cible, aurait une reconnaissance canonique équivoque. Ah bon ? Nouveau ça et il fallait le trouver ! Lorans vous dis-je, il n’y a que lui pour inventer un concept aussi tordu que celui de droit équivoque. Rome érige souverainement un institut de Droit Pontifical (qui vous gène, bien sûr) en lui accordant l’exclusivité liturgique et une constructive critique du concile selon une herméneutique de continuité et vous appelez ça un droit équivoque, une reconnaissance canonique équivoque !
Au fait, depuis les « dubia » et le symposium de 2002, dont les chevilles ouvrières furent les abbés Héry et de Tanoüarn, et qui n’étaient que la partie négative du dispositif, où est votre contribution théologique un peu sérieuse au chapitre du concile et de son interprétation ? Pour quelques idées à creuser, reportez-vous aux conférences de l’abbé de Tanoüarn ou sur notre site « Disputationes Theologicae ». Elle est passée, l’époque des dénonciations et des lamentations dans les bulletins des jeunes abbés. On est sous Benoît XVI. Il faut reconstruire. Le grand Saint-hilaire a cherché et a trouvé un sens acceptable à l’ « homoiousios » des ariens hérétiques et a sauvé le 3èm formulaire de Sirmium où s’était aventuré le pape Libère. Encore un fichu rallié, cet Hilaire de Poitiers.
La votre, de reconnaissance canonique, qui arrivera certainement un jour si vous n’avez pas tout fait pour l’empêcher, (ce à quoi vous semblez vous employer consciencieusement), ne sera-t-elle pas équivoque, sans doute ? Vous aurez auparavant rayé de l’histoire jusqu’à l’existence du Concile Vatican II, n’est-ce pas ? Vous l’aurez fait condamner par Vatican III, (ou mieux, Trente II) ? Il vous aura fallu exhumer combien de cadavres ? C’est bien ça le droit univoque de la FSSPX... ?
Faites-nous plutôt quelque chose d’analogue, aussi bien ficelé juridiquement que l’I.B.P, par la bonté romaine. Quant aux discussions doctrinales, pour y revenir, elles ne s’emmanchent pas du tout comme vous le laissez croire aux fidèles. Des thèmes prévus, énumérés dans ladite interview, aucun n’a été abordé, et pas seulement faute de temps. Comme c’était à prévoir, Rome veut établir une continuité du magistère, une absence de rupture qui est la condition de l’herméneutique qu’Elle s’est fixée. Les discussions doctrinales commenceront derrière cette question de principe. Et je souhaite à toute l’Eglise que vous passiez le cap !
L’interview reconnaît que Mgr Lefebvre a changé de tactique en 1988. D’un accord pratique, (l’expérience de la Tradition) il est passé aux préalables doctrinaux. Si vous ne vous sentez plus de la seconde, revenez à la première.
Sans équivoque ni rancune.
La dernière interview de Mgr Fellay dans FIDELITER (N° 194 de mars 2010) recèle un passage particulièrement cocasse. Jugez plutôt :
A la question, à peine tendancieuse et digne des sondages de l’Express, « Seule la Fraternité a obtenu ces entretiens, sérieux et presque solennels. Aucune communauté Ecclésia Dei n’en a obtenu. A votre avis, est-ce le signe du bien fondé de notre (sic ! là l’Express aurait mis votre) attitude de résistance et de refus d’un compromis ou d’une reconnaissance canonique équivoque, ou bien est-ce le signe que les communautés Ecclésia Dei n’ont finalement plus grand-chose qui les distingue de la ligne conciliaire ».
Docte réponse du prélat : « c’est sans doute le signe des deux ».
Pinocchio n’aurait pas fait mieux. A la question « Est-ce vous qui avez raison ou bien sont-ce les autres qui ont tort ? ». Il eût répondu assurément : « c’est un peu les deux, voyez-vous ».
D’autant que le journaliste (Il n’y a que l’abbé Lorans, ou du même acabit, me trompe-je ?) pose évidemment trois ou quatre questions d’un coup pour une seule réponse. Très fort.
Ces discussions doctrinales sont le signe :
Du bien fondé de notre attitude de résistance ?
Du refus de tout compromis ?
D’une reconnaissance canonique équivoque des autres ?
De leur alignement sur la ligne conciliaire ?
Ainsi décortiquée, comme elle aurait du l’être, cette question cornue aurait amené des réponses totalement spécifiques que n’aurait jamais satisfait le péremptoire et flegmatique : « c’est sans doute… »
Laissons à l’histoire future, je vous prie, de juger du bien fondé de votre attitude de résistance quant au fruit de ces discussions. C’est de ça qu’il s’agit, uniquement. Qu’il ait fallu cette attitude pour le maintien de votre œuvre et sa prospérité, c’est une évidence que personne ne vous conteste et surtout pas le pape actuel. Mais en exciper comme démonstration d’un heureux futur est plus qu’hasardeux. Cette manie de se donner raison avant le résultat des courses est assez présomptueuse.
On pourrait de même acquiescer sur le refus de tout compromis, quand il serait défini… Vos prédécesseurs hurlaient au compromis, et même au ralliement, dès lors que Mgr Lefebvre montait à Rome. A ce compte, vous êtes en pleine compromission et déjà largement ecclésia-déistes-ralliés. Passons ! Ces attitudes antécédentes de post-autojustification ne militent guère en faveur de votre assurance, Mss les journalistes de Fideliter. Car j’ose encore espérer que seule la réponse est de Mgr Fellay.
Surtout que ces réflexions ne se bornent pas à vous-même. Votre justification est tellement étincelante qu’elle ne peut s’empêcher d’aller fouiner chez les autres, c’est plus fort que vous. Si nous avons raison, comprenez-vous, c’est parce que les autres ont tort. C’est d’ailleurs la meilleure preuve que nous en ayons. On va finir par croire que c’est la seule, méfiez-vous, et le but recherché.
Ainsi l’I.B.P., qui décidément est votre véritable cible, aurait une reconnaissance canonique équivoque. Ah bon ? Nouveau ça et il fallait le trouver ! Lorans vous dis-je, il n’y a que lui pour inventer un concept aussi tordu que celui de droit équivoque. Rome érige souverainement un institut de Droit Pontifical (qui vous gène, bien sûr) en lui accordant l’exclusivité liturgique et une constructive critique du concile selon une herméneutique de continuité et vous appelez ça un droit équivoque, une reconnaissance canonique équivoque !
Au fait, depuis les « dubia » et le symposium de 2002, dont les chevilles ouvrières furent les abbés Héry et de Tanoüarn, et qui n’étaient que la partie négative du dispositif, où est votre contribution théologique un peu sérieuse au chapitre du concile et de son interprétation ? Pour quelques idées à creuser, reportez-vous aux conférences de l’abbé de Tanoüarn ou sur notre site « Disputationes Theologicae ». Elle est passée, l’époque des dénonciations et des lamentations dans les bulletins des jeunes abbés. On est sous Benoît XVI. Il faut reconstruire. Le grand Saint-hilaire a cherché et a trouvé un sens acceptable à l’ « homoiousios » des ariens hérétiques et a sauvé le 3èm formulaire de Sirmium où s’était aventuré le pape Libère. Encore un fichu rallié, cet Hilaire de Poitiers.
La votre, de reconnaissance canonique, qui arrivera certainement un jour si vous n’avez pas tout fait pour l’empêcher, (ce à quoi vous semblez vous employer consciencieusement), ne sera-t-elle pas équivoque, sans doute ? Vous aurez auparavant rayé de l’histoire jusqu’à l’existence du Concile Vatican II, n’est-ce pas ? Vous l’aurez fait condamner par Vatican III, (ou mieux, Trente II) ? Il vous aura fallu exhumer combien de cadavres ? C’est bien ça le droit univoque de la FSSPX... ?
Faites-nous plutôt quelque chose d’analogue, aussi bien ficelé juridiquement que l’I.B.P, par la bonté romaine. Quant aux discussions doctrinales, pour y revenir, elles ne s’emmanchent pas du tout comme vous le laissez croire aux fidèles. Des thèmes prévus, énumérés dans ladite interview, aucun n’a été abordé, et pas seulement faute de temps. Comme c’était à prévoir, Rome veut établir une continuité du magistère, une absence de rupture qui est la condition de l’herméneutique qu’Elle s’est fixée. Les discussions doctrinales commenceront derrière cette question de principe. Et je souhaite à toute l’Eglise que vous passiez le cap !
L’interview reconnaît que Mgr Lefebvre a changé de tactique en 1988. D’un accord pratique, (l’expérience de la Tradition) il est passé aux préalables doctrinaux. Si vous ne vous sentez plus de la seconde, revenez à la première.
Sans équivoque ni rancune.