SOURCE - Romano Libero - Golias - 20 mai 2010
Certains évêques sont les cibles favorites et privilégiées des sites internets intégristes : c’est le cas en particulier de Mgr Albert Rouet, archevêque de Poitiers, comme ce fut le cas jadis de Jacques Gaillot.
Mgr Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens, a prononcé voici quelques mois une conférence à l’occasion du centième (bravo !) anniversaire de son prédécesseur dans la Somme, Mgr Géry Leuliet, que la Documentation catholique a publiée. Ce qui lui vaut aussi de faire la une de l’Osservatore Vaticano. Certains passages qui ne surprendront pas tous ceux qui connaissent et apprécient cet évêque d’ouverture mériteraient d’être cités intégralement. Nous ne retenons qu’un passage : « Je crois en vérité qu’on pourrait passer à côté de la réalité de l’événement conciliaire si on ne retenait que les textes. C’est, me semble-t-il, ce que l’on tente aujourd’hui. »
Les tradis ont bien compris ce qui était en jeu au travers de ces quelques mots, et qui marquent une vraie césure entre deux compréhensions du Concile.
Selon la première, celle qui semblait obvie, le Concile qui n’est seulement un corpus de textes aujourd’hui inertes mais un véritablement évènement et un point de départ marque un tournant. Sans quoi d’ailleurs il aurait été inutile et on voit mal pourquoi le bon Pape aurait éprouvé le désir de le convoquer.
Selon la deuxième, appelée pudiquement « herméneutique de la continuité », le Concile doit - au mépris finalement du sens historique et du bon sens tout court - être interprété « à la lumière de la tradition ». C’est-à-dire en définitive « neutralisé » de tous éléments de nouveauté qui lui donnaient pourtant son sens et sa prégnance.
Un théologien romain de la vieille école Mgr Brunero Gherardini, 85 ans, a théorisé cette doctrine - non sans arguments doctrinaux. Or il nous semble que l’histoire récente dément qu’il soit objectivement acceptable de lire et de comprendre Vatican II de cette façon. C’est tout l’enjeu du bras-de-fer entre l’école historique de Bologne (autour de Giuseppe Alberigo en particulier) et les relectures restauratrices du Pontificat actuel, visant au fond à nous faire croire que le Concile n’aurait été convoqué que pour répéter sagement tout ce qui aurait été dit auparavant.
Concédons à nos amis tradis qu’ils ont bien compris où résidait l’enjeu. L’Église peut-elle ou non évoluer profondément dans sa pensée ? Personne, même les plus fixistes des intégristes, ne nient des mutations secondaires ou « accidentelles ». Mais ce que les uns acceptent et les autres refusent c’est l’idée d’un tournant décisif, avec un véritable changement de perspective. Ceci dit, leur relecture de l’histoire ancienne ou médiévale pèche certainement aussi par le manque de sens historique, mais nous ne pouvons développer ici point - en soi important.
Remercions en tout cas notre ami Jacques Noyer. Cet évêque octogénaire, lucide et courageux, auquel le catholicisme français doit toujours beaucoup.
Il soulève le véritable lièvre !
Les tradis ont bien compris ce qui était en jeu au travers de ces quelques mots, et qui marquent une vraie césure entre deux compréhensions du Concile.
Selon la première, celle qui semblait obvie, le Concile qui n’est seulement un corpus de textes aujourd’hui inertes mais un véritablement évènement et un point de départ marque un tournant. Sans quoi d’ailleurs il aurait été inutile et on voit mal pourquoi le bon Pape aurait éprouvé le désir de le convoquer.
Selon la deuxième, appelée pudiquement « herméneutique de la continuité », le Concile doit - au mépris finalement du sens historique et du bon sens tout court - être interprété « à la lumière de la tradition ». C’est-à-dire en définitive « neutralisé » de tous éléments de nouveauté qui lui donnaient pourtant son sens et sa prégnance.
Un théologien romain de la vieille école Mgr Brunero Gherardini, 85 ans, a théorisé cette doctrine - non sans arguments doctrinaux. Or il nous semble que l’histoire récente dément qu’il soit objectivement acceptable de lire et de comprendre Vatican II de cette façon. C’est tout l’enjeu du bras-de-fer entre l’école historique de Bologne (autour de Giuseppe Alberigo en particulier) et les relectures restauratrices du Pontificat actuel, visant au fond à nous faire croire que le Concile n’aurait été convoqué que pour répéter sagement tout ce qui aurait été dit auparavant.
Concédons à nos amis tradis qu’ils ont bien compris où résidait l’enjeu. L’Église peut-elle ou non évoluer profondément dans sa pensée ? Personne, même les plus fixistes des intégristes, ne nient des mutations secondaires ou « accidentelles ». Mais ce que les uns acceptent et les autres refusent c’est l’idée d’un tournant décisif, avec un véritable changement de perspective. Ceci dit, leur relecture de l’histoire ancienne ou médiévale pèche certainement aussi par le manque de sens historique, mais nous ne pouvons développer ici point - en soi important.
Remercions en tout cas notre ami Jacques Noyer. Cet évêque octogénaire, lucide et courageux, auquel le catholicisme français doit toujours beaucoup.
Il soulève le véritable lièvre !