SOURCE - DICI - Mgr Fellay - 20 novembre 2010
Sermon de Mgr Bernard Fellay au Séminaire d’Ecône, le 1er Novembre 2010, à l’occasion du 40e anniversaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Chers membres de la Fraternité,
En ce jour nous avons une double joie. Tout d’abord la joie de la fête liturgique que nous célébrons aujourd’hui, la Toussaint. L’Eglise veut rassembler en une fête tous ses enfants qui jouissent déjà de la béatitude éternelle, de la vision béatifique. Une fête extraordinaire puisque c’est l’accomplissement, l’achèvement de l’Eglise ! On y voit réalisée sa raison d’être, sa mission. Et nous espérons bien que ce sera aussi notre fin. C’est bien une grande joie pour nous que de penser au ciel, et aujourd’hui vraiment l’Eglise nous demande de penser au ciel, à ce pour quoi Dieu nous a créés. Pendant l’année, nous célébrons un certain nombre de saints, ces saints que l’Eglise a voulu nous donner comme modèles car en chacun d’eux il y a quelque chose d’extraordinaire qui dépasse l’habituel, l’ordinaire humain. Ce sont des modèles sublimes, parfaits, à imiter bien que certains de leurs exploits restent au niveau de l’admiration : on contemple leurs miracles qui demeurent pour nous des objets d’admiration mais pas d’imitation. Mais l’Eglise nous dit aujourd’hui : il y a certes tous ces modèles, mais il n’y a pas qu’eux ! Il y a 365 jours dans le martyrologe, on y trouve quelques milliers de saints mentionnés, mais il y en a bien plus au ciel ! Et ce nous est une occasion de grande espérance, car le ciel est notre patrie.
Et en même temps, ce jour de la Toussaint nous procure une autre joie : nous célébrons un anniversaire, celui des 40 ans de la fondation de notre chère Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. En ce jour, et ce n’est certainement pas un hasard car nous savons bien que pour la Divine Providence il n’y a pas de hasard – même s’il n’est pas toujours facile de voir quelles sont les intentions du Bon Dieu, quels sont les liens entre les événements qu’il est licite de faire ou quels sont ceux que l’on doit faire d’une manière plus lointaine. Mais certainement que pour le Bon Dieu, sous son regard, tout se tient. Et il y a une raison pour laquelle c’est en cette fête de la Toussaint que la Fraternité a été fondée. Essayons au moins de l’entrevoir.
L’Eglise militante sur terre est triomphante au ciel
Lorsqu’on parle de la Toussaint, lorsqu’on parle des saints, on pense bien sûr à chacun d’eux pris individuellement, mais aussi à l’ensemble qu’ils composent. Dès qu’on dit « tous les saints », on pense à un corps. Cet ensemble a un nom, c’est l’Eglise triomphante. Et l’Eglise triomphante, nous le savons, est une partie de l’Eglise, on pourrait dire que c’est la partie définitive, celle qui est l’achèvement de l’Eglise d’ici-bas, son aboutissement au ciel, sa perfection définitive. Il y a là un lien, c’est la même Eglise que nous appelons sur terre « militante » et au ciel « triomphante ». C’est exactement la même Eglise, mais qui se trouve ici-bas sous un autre mode, puisqu’elle se situe dans le temps, et qu’elle est aussi dans une façon d’agir différente. En dehors du temps, dans la vision du Bon Dieu, disparaît tout l’aspect de la lutte contre le péché, contre le démon, qui est notre sort sur terre. Les saints se vouent tout entiers à l’adoration de Dieu, à cette jouissance des perfections de Dieu dans la vision qu’Il a de Lui-même, dans la lumière de gloire. Mais ici-bas effectivement l’Eglise combat. Sa fin se trouve au ciel.
S’il y a une Eglise sur terre, si Notre Seigneur a fondé son Eglise, c’est pour sauver, pour arracher les âmes à leur état pitoyable, à leur misérable état de péché. Nous le savons, c’est la foi qui nous l’enseigne, tout homme qui entre dans ce monde est conçu avec le péché originel. Il est privé de cette amitié avec Dieu qu’est la grâce. Il est dans un état non pas de nature, mais dans un état déchu, dans un état qui fait qu’il ne peut pas arriver par lui-même à la fin que lui a offerte le Bon Dieu. S’il compte sur lui-même, il est perdu, et sa vie ici-bas ne sera qu’une suite de joies passagères, de plaisirs, de larmes, de tristesses, de souffrances, avec une fin malheureuse. Dès lors il faut chercher quel est le moyen donné par Dieu pour tirer l’homme de cet état de misère, encore aggravé par la suite de nos péchés personnels, et qui, si on ne fait rien, se termine par l’enfer, la privation de Dieu, la privation de ce pourquoi Dieu a fait l’homme, c’est-à-dire cette jouissance éternelle dans la vision béatifique, – cette privation qu’est la peine de la damnation est difficile à comprendre, elle est plus facile à comprendre par les peines sensibles du feu et de toutes les autres souffrances physiques de l’enfer… Cet état effroyable est celui dans lequel l’homme se précipite, s’il ne prend pas le seul moyen donné par Dieu pour se sauver qui est l’Eglise que Lui-même a fondée, l’Eglise catholique, l’Eglise catholique romaine. Et tirer l’âme de cet état de misère, ce n’est pas simplement une œuvre de bienfaisance, c’est un combat.
L’homme n’est pas tombé tout seul. Ces esprits déchus que sont les démons sont bien là. Dieu permet qu’ils puissent avoir une certaine action. Ils vont ainsi essayer d’entraver le travail de l’Eglise qui consiste à sortir les âmes du péché. Cette mission est un véritable combat, un combat essentiellement spirituel, mais qui peut très facilement avoir des extensions dans le monde physique. L’Eglise n’a pas que des guerres spirituelles à mener, elle doit subir de véritables persécutions physiques. Le diable s’ingénie à avoir des adeptes sur terre, c’est ce qu’on appelle pour faire court le « monde ». Et ce monde, malgré toutes sortes de charmes et de sourires, est un ennemi. Un ennemi du bien des hommes et de leur salut. Ce qui fait que, sur terre, l’Eglise, dans la réalisation de sa fin qui est d’amener les hommes à Dieu, qui est de les sanctifier, qui est de leur communiquer cette grâce qui fait les saints, l’Eglise doit effectivement consacrer la plus grande partie de son énergie et de son temps à ce combat.
Ce combat, on le verra dans la défense de la foi, dans la protection du trésor de la foi, et il exigera de la part de l’Eglise des condamnations, des défenses, des punitions, des excommunications. C’est normal et cela ne peut pas être autrement. Nous sommes dans une véritable guerre, beaucoup plus grave, beaucoup plus décisive que toutes les guerres humaines. Il y va, encore une fois, du salut des âmes ! Ce combat, on le voit aussi au niveau des mœurs. Il faut la foi, mais aussi il faut une vie qui corresponde aux commandements de Dieu. Et donc charge à l’Eglise de répéter aux hommes quelle est la voie du Bon Dieu. L’expérience de tous les jours nous montre combien le rappel de ce que sont les mœurs catholiques peut déclencher une guerre. Fondamentalement, le combat de la foi est beaucoup plus profond, mais au niveau des hommes presque toujours ce sera autour des mœurs que le combat se déroulera. Que l’homme d’aujourd’hui se fasse rappeler à l’ordre sur la morale, voilà qui provoque un déchaînement général ! Quelque part les deux se trouvent liés, le combat de la foi et le combat des mœurs, mais à l’évidence, et l’expérience de tous les jours le montre, le combat se joue au plan moral. C’est bien pourquoi l’Eglise sur terre s’appelle « militante ». Et ce combat quotidien peut nous faire un peu oublier le beau côté de l’Eglise. Ou disons plus exactement que ceux qui voudraient ne penser qu’au beau côté de l’Eglise risquent fort d’oublier ce qui n’est peut-être pas l’essentiel, mais qui est pourtant absolument nécessaire : le combat ici, sur terre, autrement dit l’ascèse. Notre Seigneur l’a bien dit : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il se renonce, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive » (Luc 9, 23). C’est ainsi ! Mais aujourd’hui, en cette fête de la Toussaint, l’Eglise nous demande d’élever nos cœurs, sans pour autant oublier ce combat, elle nous invite à regarder cette récompense que le Bon Dieu donne à ceux qui se vouent à ce combat, à ceux qui se dévouent au salut de leur âme et de celle de leur prochain, la béatitude éternelle.
Qu’est ce que la Fraternité aux yeux du monde ?
Comment établir une relation entre cette vérité et la Fraternité ? Ce n’est pas si difficile finalement, mes bien chers frères. Quand on parle de la Fraternité, quand on regarde autour de nous, qu’est-ce que notre Fraternité pour les gens du monde ? C’est une bande de bagarreurs, des rebelles, des excommuniés, des schismatiques… bref, des enfants terribles de l’Eglise… ou quelque chose d’approchant. Ils sont tout le temps en train de rouspéter, de ronchonner, d’attaquer, de critiquer. C’est ainsi que l’on voit la Fraternité. Et on peut dire qu’au cours de ces 40 ans d’existence, on trouve pas mal de batailles, pas mal d’éléments de cette guerre. C’est là qu’on constate combien la Fraternité fait partie de l’Eglise militante. A une époque où précisément cet aspect combatif de l’Eglise veut être oublié. Il est frappant de constater qu’en cette époque qui est la nôtre, et surtout depuis le concile, on essaye de faire disparaître cet aspect militant. On ne veut plus en parler, on veut présenter une Eglise bien gentille, sympathique avec tout le monde, avec toutes les religions, avec tous les hommes, avec tous les pécheurs, comme s’il n’y avait qu’un seul démon qui subsistait, la Fraternité Saint-Pie X ! Avec celle-là, oui, on va se maintenir en état de guerre ! C’est assez impressionnant de voir ce contraste.
La croix, on ne veut plus en parler. Ou si on en parle encore, on en a ôté le Crucifié. On laisse encore une croix avec un bandeau au milieu, c’est la croix du Ressuscité, celle qui ne sert plus à rien parce que le Christ est ressuscité. Alléluia ! Tout va bien. Et on ne veut plus parler de la valeur de la souffrance, de la nécessité de ce combat. Le péché ? Pensez, il n’y a plus de pécheurs ! De toute façon tout le monde va au ciel. C’est vite fait. C’est simple. Tout le monde est gentil, tout le monde se sauve. Soyez de bons protestants, soyez de bons païens, vous irez au ciel ! C’est à peu près le message qui passe un peu partout. On a peine à voir ce qu’est l’Eglise militante. Quand on regarde aujourd’hui l’Eglise, on peut bien se demander pourquoi on l’appelle encore militante. Parce qu’elle milite, je ne sais pas, pour les droits de la femme ou pour les pauvres ? Est-ce que c’est cela, l’Eglise militante ?
De notre côté, certainement que ce côté « bataille pour la messe » et « défense de la foi » est bien visible, et déjà dans notre vocabulaire, car si on fait le recensement de nos sermons très souvent on trouve ces idées de combat, de bataille, de guerre. Mais nous sommes presque les seuls à en parler. On voit bien chez nous cet aspect de l’Eglise militante. Et en même temps, nous le savons, nous ne nous battons pas que pour le plaisir de nous battre. Nous ne donnons pas l’impression – je dis bien l’impression – de désobéir pour le plaisir d’affirmer notre opinion personnelle. Nous cherchons autre chose. Nous cherchons le salut. Nous cherchons Dieu. Si nous nous lançons dans cette bataille, c’est parce que nous voulons plaire à Dieu, c’est parce que nous voulons la gloire de Dieu et par là notre salut.
Sans Mgr Marcel Lefebvre, pas de Fraternité Saint-Pie X
Regardons d’un peu plus près notre Fraternité. Il y a quelque chose d’évident : parler de la Fraternité, parler de ce qu’elle fait, parler de ses intentions, c’est nécessairement parler d’une personne, notre cher et vénéré fondateur, Mgr Marcel Lefebvre. S’il n’était pas là, il n’y aurait pas de Fraternité, nous ne serions pas là. Cette œuvre de l’Eglise existe parce qu’il en est le fondateur, mais non seulement cela, tout notre combat pour l’Eglise est régi par des lignes directrices, par un esprit que nous avons reçu de Mgr Lefebvre. Evidemment, il est tellement clair pour nous que c’est un homme suscité par la Divine Providence pour cette époque. Le Bon Dieu l’a doté d’un nombre impressionnant de talents, de dons, pour notre époque. Il lui a permis, tout d’abord, de comprendre qu’il y avait un problème dans l’Eglise, qu’il y avait une crise, mais aussi de saisir où était le problème, quelle était la cause de cette crise. Le Bon Dieu lui a donné aussi de faire voir quels étaient les moyens à appliquer pour en sortir, quel était l’antidote à cette crise. Et la Fraternité, depuis 40 ans, vit de ces indications que Monseigneur nous a données. Et ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que ces lignes qu’il nous a laissées, soit pour expliquer ce qui se passe dans l’Eglise, soit pour nous montrer quels sont les moyens qu’il faut utiliser pour s’en sortir, eh bien ! Cette vision de l’Eglise est tellement profonde que 40 ans après vous pouvez lire ce qu’il disait il y a 40 ans, et vous pouvez l’appliquer comme s’il le disait aujourd’hui. Cela veut dire que cette vision est tellement élevée qu’elle dépasse en quelque sorte le temps. Bien sûr, elle est pour notre époque, mais néanmoins elle est suffisamment au-dessus des éléments particuliers et contingents d’une époque, qu’elle peut nous montrer ce qu’il faut faire. Voilà le problème et voilà la solution !
La Fraternité est un héritage. Là aussi, il y a un lien avec l’Eglise. L’Eglise est une tradition, dans le sens où, de génération en génération, ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a confié aux apôtres est transmis aux générations futures. C’est réellement une tradition, la transmission d’un dépôt, d’un trésor qu’on appelle le « dépôt révélé », ce que Dieu a confié aux hommes pour leur salut. Et l’on entend se répéter, dans notre Fraternité, exactement la même chose, en écho fidèle, non pas quelque chose de différent puisque nous sommes dans l’Eglise. Monseigneur nous disait, et c’est ce qu’il a voulu voir inscrit sur sa tombe : « J’ai transmis ce que j’ai reçu » (1 Cor. 11,23). Eh bien ! Nous l’avons reçu et nous vivons encore maintenant de ce trésor. Et si vous êtes là, c’est parce que vous-mêmes vous l’avez reçu à votre tour ce trésor. Et si nous avons aujourd’hui 40 ans d’existence, c’est que pendant 40 ans cette transmission s’est maintenue. Car ce que nous faisons – Monseigneur a tellement insisté là-dessus – ce ne doit être rien d’autre que ce que fait l’Eglise. Il a insisté lorsqu’il a voulu nous parler de l’esprit de la Fraternité. Quel est l’esprit de la Fraternité ? Il nous a dit : « il n’y en a pas ». Il n’y a pas d’esprit propre. L’esprit propre de la Fraternité, c’est l’esprit de l’Eglise. Regardons l’Eglise, cherchons qu’est-ce qui domine, qu’est-ce qui meut l’Eglise ? C’est cet esprit-là qui doit être ce qui meut la Fraternité. Effectivement il y a le combat, il y a la défense de la foi. Mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas tout. Vous-mêmes, vous le comprenez bien, même si les gens qui nous regardent de l’extérieur voient des éléments négatifs comme la défense ou le combat ou encore la guerre…, et souvent en restent là. Il faudrait qu’ils regardent un peu mieux, et ils verraient que ces éléments négatifs sont bien réels, mais que n’est pas la fin ni l’achèvement des choses. L’achèvement, c’est la sainteté. C’est la fin même de l’Eglise. C’est tellement beau, tellement extraordinaire de considérer cette finalité à l’époque qui est la nôtre, où la sainteté est bafouée partout, où on a enlevé toutes les protections qu’offraient les lois, au niveau des Etats qui protégeaient encore un peu les mœurs et le comportement des hommes selon la loi naturelle. Tout a sauté, tout a été plongé dans la pourriture, dans le fumier, excusez-moi… Eh bien ! Dans ce milieu-là, dans ce naufrage, il est vraiment extraordinaire de voir que cette petite Fraternité au sein de ce combat où elle est attaquée de toutes parts, arrive néanmoins à faire briller la lumière du Bon Dieu, qui est la lumière de la foi, et parvient à donner aux hommes le courage de résister au milieu de tout cela, pour vivre une vie qui plaît à Dieu, une vie dans la grâce. Oui, c’est quelque chose d’absolument extraordinaire qui tient du miracle. Il y a vraiment de quoi rendre grâce à Dieu aujourd’hui. Rendre grâce à Dieu de nous avoir donné un Monseigneur Lefebvre.
Le but de l’Eglise est de faire des saints
Dans ce petit livre qu’il nous a dit être son testament, son Itinéraire spirituel, la préface nous apprend que toute sa vie il a été hanté par le désir de transmettre les principes de la sanctification sacerdotale, de la sanctification chrétienne. Le désir de faire des saints, voilà ce que cela veut dire. Et c’est précisément le but de l’Eglise : faire des saints, faire de saints prêtres pour qu’il y ait de saints fidèles. Il faut vraiment que toute l’Eglise soit sanctifiée. Et pour cela il n’a pas proposé une invention de son cru. Il a repris tout simplement ce que l’Eglise nous donne. Ce sur quoi il faudrait être centré : la Messe. C’est le fondement, c’est la source de toute grâce, de toute sanctification. Et c’est vraiment le remède, le remède à cette crise. Déjà on le voit, un petit commencement, quelque chose qui n’est pas très fort, un petit quelque chose qui commence et que l’on voit bien dans l’Eglise. C’est autour de la Messe que cela se passe, c’est à partir de là que se reconstruit petit à petit la chrétienté, au milieu de toutes sortes de misères, de peines, de larmes. Mais néanmoins cela germe, cela croît lentement. C’est encore imperceptible, mais malgré tout on voit qu’il se passe quelque chose. On voit la main du Bon Dieu tout simplement. Je me souviens – et ce n’est pas nous qui avons cherché cette louange –, lors de la première visite de trois évêques de la Fraternité au cardinal Castrillón, juste après le pèlerinage de l’an 2000, il déclara en parlant de la Fraternité : « Les fruits sont bons, donc il y a le Saint-Esprit ». Qu’est-ce qu’on veut de plus ? Le Saint-Esprit, l’Esprit qui sanctifie, l’Esprit qui ne se trouve que dans l’Eglise et qui sanctifie les âmes.
Demandons bien aujourd’hui à Notre Dame, demandons à tous les saints, demandons à notre cher Mgr Lefebvre, les grâces de fidélité à ce dépôt qui nous est donné par l’Eglise, fidélité à la foi, fidélité à la grâce. Demandons de vivre toujours plus de ce feu de la charité vraie qui aime Dieu par-dessus tout, et qui aime le prochain pour l’amour de Dieu. Demandons cette grâce de la fidélité pour que notre belle histoire ne s’arrête pas aux 40 ans, mais qu’elle continue, car il n’est pas difficile de comprendre, en regardant l’état de l’Eglise, que nous n’en avons pas fini. Si d’un côté il y a des espoirs, de l’autre côté il y a aussi la compréhension bien claire que notre combat dans et pour l’Eglise n’est pas terminé. Aussi demandons vraiment au Bon Dieu ce feu, le feu de son Amour qui veut partout voir que son Nom soit sanctifié, que son Règne arrive, que sa Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Demandons à tous les saints du ciel, aux anges de nous assister, de nous aider, de nous conduire dans ce combat pour la gloire de Dieu, pour notre salut et la gloire de l’Eglise. Ainsi soit-il.
En ce jour nous avons une double joie. Tout d’abord la joie de la fête liturgique que nous célébrons aujourd’hui, la Toussaint. L’Eglise veut rassembler en une fête tous ses enfants qui jouissent déjà de la béatitude éternelle, de la vision béatifique. Une fête extraordinaire puisque c’est l’accomplissement, l’achèvement de l’Eglise ! On y voit réalisée sa raison d’être, sa mission. Et nous espérons bien que ce sera aussi notre fin. C’est bien une grande joie pour nous que de penser au ciel, et aujourd’hui vraiment l’Eglise nous demande de penser au ciel, à ce pour quoi Dieu nous a créés. Pendant l’année, nous célébrons un certain nombre de saints, ces saints que l’Eglise a voulu nous donner comme modèles car en chacun d’eux il y a quelque chose d’extraordinaire qui dépasse l’habituel, l’ordinaire humain. Ce sont des modèles sublimes, parfaits, à imiter bien que certains de leurs exploits restent au niveau de l’admiration : on contemple leurs miracles qui demeurent pour nous des objets d’admiration mais pas d’imitation. Mais l’Eglise nous dit aujourd’hui : il y a certes tous ces modèles, mais il n’y a pas qu’eux ! Il y a 365 jours dans le martyrologe, on y trouve quelques milliers de saints mentionnés, mais il y en a bien plus au ciel ! Et ce nous est une occasion de grande espérance, car le ciel est notre patrie.
Et en même temps, ce jour de la Toussaint nous procure une autre joie : nous célébrons un anniversaire, celui des 40 ans de la fondation de notre chère Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. En ce jour, et ce n’est certainement pas un hasard car nous savons bien que pour la Divine Providence il n’y a pas de hasard – même s’il n’est pas toujours facile de voir quelles sont les intentions du Bon Dieu, quels sont les liens entre les événements qu’il est licite de faire ou quels sont ceux que l’on doit faire d’une manière plus lointaine. Mais certainement que pour le Bon Dieu, sous son regard, tout se tient. Et il y a une raison pour laquelle c’est en cette fête de la Toussaint que la Fraternité a été fondée. Essayons au moins de l’entrevoir.
L’Eglise militante sur terre est triomphante au ciel
Lorsqu’on parle de la Toussaint, lorsqu’on parle des saints, on pense bien sûr à chacun d’eux pris individuellement, mais aussi à l’ensemble qu’ils composent. Dès qu’on dit « tous les saints », on pense à un corps. Cet ensemble a un nom, c’est l’Eglise triomphante. Et l’Eglise triomphante, nous le savons, est une partie de l’Eglise, on pourrait dire que c’est la partie définitive, celle qui est l’achèvement de l’Eglise d’ici-bas, son aboutissement au ciel, sa perfection définitive. Il y a là un lien, c’est la même Eglise que nous appelons sur terre « militante » et au ciel « triomphante ». C’est exactement la même Eglise, mais qui se trouve ici-bas sous un autre mode, puisqu’elle se situe dans le temps, et qu’elle est aussi dans une façon d’agir différente. En dehors du temps, dans la vision du Bon Dieu, disparaît tout l’aspect de la lutte contre le péché, contre le démon, qui est notre sort sur terre. Les saints se vouent tout entiers à l’adoration de Dieu, à cette jouissance des perfections de Dieu dans la vision qu’Il a de Lui-même, dans la lumière de gloire. Mais ici-bas effectivement l’Eglise combat. Sa fin se trouve au ciel.
S’il y a une Eglise sur terre, si Notre Seigneur a fondé son Eglise, c’est pour sauver, pour arracher les âmes à leur état pitoyable, à leur misérable état de péché. Nous le savons, c’est la foi qui nous l’enseigne, tout homme qui entre dans ce monde est conçu avec le péché originel. Il est privé de cette amitié avec Dieu qu’est la grâce. Il est dans un état non pas de nature, mais dans un état déchu, dans un état qui fait qu’il ne peut pas arriver par lui-même à la fin que lui a offerte le Bon Dieu. S’il compte sur lui-même, il est perdu, et sa vie ici-bas ne sera qu’une suite de joies passagères, de plaisirs, de larmes, de tristesses, de souffrances, avec une fin malheureuse. Dès lors il faut chercher quel est le moyen donné par Dieu pour tirer l’homme de cet état de misère, encore aggravé par la suite de nos péchés personnels, et qui, si on ne fait rien, se termine par l’enfer, la privation de Dieu, la privation de ce pourquoi Dieu a fait l’homme, c’est-à-dire cette jouissance éternelle dans la vision béatifique, – cette privation qu’est la peine de la damnation est difficile à comprendre, elle est plus facile à comprendre par les peines sensibles du feu et de toutes les autres souffrances physiques de l’enfer… Cet état effroyable est celui dans lequel l’homme se précipite, s’il ne prend pas le seul moyen donné par Dieu pour se sauver qui est l’Eglise que Lui-même a fondée, l’Eglise catholique, l’Eglise catholique romaine. Et tirer l’âme de cet état de misère, ce n’est pas simplement une œuvre de bienfaisance, c’est un combat.
L’homme n’est pas tombé tout seul. Ces esprits déchus que sont les démons sont bien là. Dieu permet qu’ils puissent avoir une certaine action. Ils vont ainsi essayer d’entraver le travail de l’Eglise qui consiste à sortir les âmes du péché. Cette mission est un véritable combat, un combat essentiellement spirituel, mais qui peut très facilement avoir des extensions dans le monde physique. L’Eglise n’a pas que des guerres spirituelles à mener, elle doit subir de véritables persécutions physiques. Le diable s’ingénie à avoir des adeptes sur terre, c’est ce qu’on appelle pour faire court le « monde ». Et ce monde, malgré toutes sortes de charmes et de sourires, est un ennemi. Un ennemi du bien des hommes et de leur salut. Ce qui fait que, sur terre, l’Eglise, dans la réalisation de sa fin qui est d’amener les hommes à Dieu, qui est de les sanctifier, qui est de leur communiquer cette grâce qui fait les saints, l’Eglise doit effectivement consacrer la plus grande partie de son énergie et de son temps à ce combat.
Ce combat, on le verra dans la défense de la foi, dans la protection du trésor de la foi, et il exigera de la part de l’Eglise des condamnations, des défenses, des punitions, des excommunications. C’est normal et cela ne peut pas être autrement. Nous sommes dans une véritable guerre, beaucoup plus grave, beaucoup plus décisive que toutes les guerres humaines. Il y va, encore une fois, du salut des âmes ! Ce combat, on le voit aussi au niveau des mœurs. Il faut la foi, mais aussi il faut une vie qui corresponde aux commandements de Dieu. Et donc charge à l’Eglise de répéter aux hommes quelle est la voie du Bon Dieu. L’expérience de tous les jours nous montre combien le rappel de ce que sont les mœurs catholiques peut déclencher une guerre. Fondamentalement, le combat de la foi est beaucoup plus profond, mais au niveau des hommes presque toujours ce sera autour des mœurs que le combat se déroulera. Que l’homme d’aujourd’hui se fasse rappeler à l’ordre sur la morale, voilà qui provoque un déchaînement général ! Quelque part les deux se trouvent liés, le combat de la foi et le combat des mœurs, mais à l’évidence, et l’expérience de tous les jours le montre, le combat se joue au plan moral. C’est bien pourquoi l’Eglise sur terre s’appelle « militante ». Et ce combat quotidien peut nous faire un peu oublier le beau côté de l’Eglise. Ou disons plus exactement que ceux qui voudraient ne penser qu’au beau côté de l’Eglise risquent fort d’oublier ce qui n’est peut-être pas l’essentiel, mais qui est pourtant absolument nécessaire : le combat ici, sur terre, autrement dit l’ascèse. Notre Seigneur l’a bien dit : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il se renonce, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive » (Luc 9, 23). C’est ainsi ! Mais aujourd’hui, en cette fête de la Toussaint, l’Eglise nous demande d’élever nos cœurs, sans pour autant oublier ce combat, elle nous invite à regarder cette récompense que le Bon Dieu donne à ceux qui se vouent à ce combat, à ceux qui se dévouent au salut de leur âme et de celle de leur prochain, la béatitude éternelle.
Qu’est ce que la Fraternité aux yeux du monde ?
Comment établir une relation entre cette vérité et la Fraternité ? Ce n’est pas si difficile finalement, mes bien chers frères. Quand on parle de la Fraternité, quand on regarde autour de nous, qu’est-ce que notre Fraternité pour les gens du monde ? C’est une bande de bagarreurs, des rebelles, des excommuniés, des schismatiques… bref, des enfants terribles de l’Eglise… ou quelque chose d’approchant. Ils sont tout le temps en train de rouspéter, de ronchonner, d’attaquer, de critiquer. C’est ainsi que l’on voit la Fraternité. Et on peut dire qu’au cours de ces 40 ans d’existence, on trouve pas mal de batailles, pas mal d’éléments de cette guerre. C’est là qu’on constate combien la Fraternité fait partie de l’Eglise militante. A une époque où précisément cet aspect combatif de l’Eglise veut être oublié. Il est frappant de constater qu’en cette époque qui est la nôtre, et surtout depuis le concile, on essaye de faire disparaître cet aspect militant. On ne veut plus en parler, on veut présenter une Eglise bien gentille, sympathique avec tout le monde, avec toutes les religions, avec tous les hommes, avec tous les pécheurs, comme s’il n’y avait qu’un seul démon qui subsistait, la Fraternité Saint-Pie X ! Avec celle-là, oui, on va se maintenir en état de guerre ! C’est assez impressionnant de voir ce contraste.
La croix, on ne veut plus en parler. Ou si on en parle encore, on en a ôté le Crucifié. On laisse encore une croix avec un bandeau au milieu, c’est la croix du Ressuscité, celle qui ne sert plus à rien parce que le Christ est ressuscité. Alléluia ! Tout va bien. Et on ne veut plus parler de la valeur de la souffrance, de la nécessité de ce combat. Le péché ? Pensez, il n’y a plus de pécheurs ! De toute façon tout le monde va au ciel. C’est vite fait. C’est simple. Tout le monde est gentil, tout le monde se sauve. Soyez de bons protestants, soyez de bons païens, vous irez au ciel ! C’est à peu près le message qui passe un peu partout. On a peine à voir ce qu’est l’Eglise militante. Quand on regarde aujourd’hui l’Eglise, on peut bien se demander pourquoi on l’appelle encore militante. Parce qu’elle milite, je ne sais pas, pour les droits de la femme ou pour les pauvres ? Est-ce que c’est cela, l’Eglise militante ?
De notre côté, certainement que ce côté « bataille pour la messe » et « défense de la foi » est bien visible, et déjà dans notre vocabulaire, car si on fait le recensement de nos sermons très souvent on trouve ces idées de combat, de bataille, de guerre. Mais nous sommes presque les seuls à en parler. On voit bien chez nous cet aspect de l’Eglise militante. Et en même temps, nous le savons, nous ne nous battons pas que pour le plaisir de nous battre. Nous ne donnons pas l’impression – je dis bien l’impression – de désobéir pour le plaisir d’affirmer notre opinion personnelle. Nous cherchons autre chose. Nous cherchons le salut. Nous cherchons Dieu. Si nous nous lançons dans cette bataille, c’est parce que nous voulons plaire à Dieu, c’est parce que nous voulons la gloire de Dieu et par là notre salut.
Sans Mgr Marcel Lefebvre, pas de Fraternité Saint-Pie X
Regardons d’un peu plus près notre Fraternité. Il y a quelque chose d’évident : parler de la Fraternité, parler de ce qu’elle fait, parler de ses intentions, c’est nécessairement parler d’une personne, notre cher et vénéré fondateur, Mgr Marcel Lefebvre. S’il n’était pas là, il n’y aurait pas de Fraternité, nous ne serions pas là. Cette œuvre de l’Eglise existe parce qu’il en est le fondateur, mais non seulement cela, tout notre combat pour l’Eglise est régi par des lignes directrices, par un esprit que nous avons reçu de Mgr Lefebvre. Evidemment, il est tellement clair pour nous que c’est un homme suscité par la Divine Providence pour cette époque. Le Bon Dieu l’a doté d’un nombre impressionnant de talents, de dons, pour notre époque. Il lui a permis, tout d’abord, de comprendre qu’il y avait un problème dans l’Eglise, qu’il y avait une crise, mais aussi de saisir où était le problème, quelle était la cause de cette crise. Le Bon Dieu lui a donné aussi de faire voir quels étaient les moyens à appliquer pour en sortir, quel était l’antidote à cette crise. Et la Fraternité, depuis 40 ans, vit de ces indications que Monseigneur nous a données. Et ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que ces lignes qu’il nous a laissées, soit pour expliquer ce qui se passe dans l’Eglise, soit pour nous montrer quels sont les moyens qu’il faut utiliser pour s’en sortir, eh bien ! Cette vision de l’Eglise est tellement profonde que 40 ans après vous pouvez lire ce qu’il disait il y a 40 ans, et vous pouvez l’appliquer comme s’il le disait aujourd’hui. Cela veut dire que cette vision est tellement élevée qu’elle dépasse en quelque sorte le temps. Bien sûr, elle est pour notre époque, mais néanmoins elle est suffisamment au-dessus des éléments particuliers et contingents d’une époque, qu’elle peut nous montrer ce qu’il faut faire. Voilà le problème et voilà la solution !
La Fraternité est un héritage. Là aussi, il y a un lien avec l’Eglise. L’Eglise est une tradition, dans le sens où, de génération en génération, ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a confié aux apôtres est transmis aux générations futures. C’est réellement une tradition, la transmission d’un dépôt, d’un trésor qu’on appelle le « dépôt révélé », ce que Dieu a confié aux hommes pour leur salut. Et l’on entend se répéter, dans notre Fraternité, exactement la même chose, en écho fidèle, non pas quelque chose de différent puisque nous sommes dans l’Eglise. Monseigneur nous disait, et c’est ce qu’il a voulu voir inscrit sur sa tombe : « J’ai transmis ce que j’ai reçu » (1 Cor. 11,23). Eh bien ! Nous l’avons reçu et nous vivons encore maintenant de ce trésor. Et si vous êtes là, c’est parce que vous-mêmes vous l’avez reçu à votre tour ce trésor. Et si nous avons aujourd’hui 40 ans d’existence, c’est que pendant 40 ans cette transmission s’est maintenue. Car ce que nous faisons – Monseigneur a tellement insisté là-dessus – ce ne doit être rien d’autre que ce que fait l’Eglise. Il a insisté lorsqu’il a voulu nous parler de l’esprit de la Fraternité. Quel est l’esprit de la Fraternité ? Il nous a dit : « il n’y en a pas ». Il n’y a pas d’esprit propre. L’esprit propre de la Fraternité, c’est l’esprit de l’Eglise. Regardons l’Eglise, cherchons qu’est-ce qui domine, qu’est-ce qui meut l’Eglise ? C’est cet esprit-là qui doit être ce qui meut la Fraternité. Effectivement il y a le combat, il y a la défense de la foi. Mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas tout. Vous-mêmes, vous le comprenez bien, même si les gens qui nous regardent de l’extérieur voient des éléments négatifs comme la défense ou le combat ou encore la guerre…, et souvent en restent là. Il faudrait qu’ils regardent un peu mieux, et ils verraient que ces éléments négatifs sont bien réels, mais que n’est pas la fin ni l’achèvement des choses. L’achèvement, c’est la sainteté. C’est la fin même de l’Eglise. C’est tellement beau, tellement extraordinaire de considérer cette finalité à l’époque qui est la nôtre, où la sainteté est bafouée partout, où on a enlevé toutes les protections qu’offraient les lois, au niveau des Etats qui protégeaient encore un peu les mœurs et le comportement des hommes selon la loi naturelle. Tout a sauté, tout a été plongé dans la pourriture, dans le fumier, excusez-moi… Eh bien ! Dans ce milieu-là, dans ce naufrage, il est vraiment extraordinaire de voir que cette petite Fraternité au sein de ce combat où elle est attaquée de toutes parts, arrive néanmoins à faire briller la lumière du Bon Dieu, qui est la lumière de la foi, et parvient à donner aux hommes le courage de résister au milieu de tout cela, pour vivre une vie qui plaît à Dieu, une vie dans la grâce. Oui, c’est quelque chose d’absolument extraordinaire qui tient du miracle. Il y a vraiment de quoi rendre grâce à Dieu aujourd’hui. Rendre grâce à Dieu de nous avoir donné un Monseigneur Lefebvre.
Le but de l’Eglise est de faire des saints
Dans ce petit livre qu’il nous a dit être son testament, son Itinéraire spirituel, la préface nous apprend que toute sa vie il a été hanté par le désir de transmettre les principes de la sanctification sacerdotale, de la sanctification chrétienne. Le désir de faire des saints, voilà ce que cela veut dire. Et c’est précisément le but de l’Eglise : faire des saints, faire de saints prêtres pour qu’il y ait de saints fidèles. Il faut vraiment que toute l’Eglise soit sanctifiée. Et pour cela il n’a pas proposé une invention de son cru. Il a repris tout simplement ce que l’Eglise nous donne. Ce sur quoi il faudrait être centré : la Messe. C’est le fondement, c’est la source de toute grâce, de toute sanctification. Et c’est vraiment le remède, le remède à cette crise. Déjà on le voit, un petit commencement, quelque chose qui n’est pas très fort, un petit quelque chose qui commence et que l’on voit bien dans l’Eglise. C’est autour de la Messe que cela se passe, c’est à partir de là que se reconstruit petit à petit la chrétienté, au milieu de toutes sortes de misères, de peines, de larmes. Mais néanmoins cela germe, cela croît lentement. C’est encore imperceptible, mais malgré tout on voit qu’il se passe quelque chose. On voit la main du Bon Dieu tout simplement. Je me souviens – et ce n’est pas nous qui avons cherché cette louange –, lors de la première visite de trois évêques de la Fraternité au cardinal Castrillón, juste après le pèlerinage de l’an 2000, il déclara en parlant de la Fraternité : « Les fruits sont bons, donc il y a le Saint-Esprit ». Qu’est-ce qu’on veut de plus ? Le Saint-Esprit, l’Esprit qui sanctifie, l’Esprit qui ne se trouve que dans l’Eglise et qui sanctifie les âmes.
Demandons bien aujourd’hui à Notre Dame, demandons à tous les saints, demandons à notre cher Mgr Lefebvre, les grâces de fidélité à ce dépôt qui nous est donné par l’Eglise, fidélité à la foi, fidélité à la grâce. Demandons de vivre toujours plus de ce feu de la charité vraie qui aime Dieu par-dessus tout, et qui aime le prochain pour l’amour de Dieu. Demandons cette grâce de la fidélité pour que notre belle histoire ne s’arrête pas aux 40 ans, mais qu’elle continue, car il n’est pas difficile de comprendre, en regardant l’état de l’Eglise, que nous n’en avons pas fini. Si d’un côté il y a des espoirs, de l’autre côté il y a aussi la compréhension bien claire que notre combat dans et pour l’Eglise n’est pas terminé. Aussi demandons vraiment au Bon Dieu ce feu, le feu de son Amour qui veut partout voir que son Nom soit sanctifié, que son Règne arrive, que sa Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Demandons à tous les saints du ciel, aux anges de nous assister, de nous aider, de nous conduire dans ce combat pour la gloire de Dieu, pour notre salut et la gloire de l’Eglise. Ainsi soit-il.