SOURCE - Catherine Coroller - Libération - 7 avril 2011
Pipi . La photo par Andres Serrano d’un crucifix plongé dans l’urine refait scandale, cette fois à Avignon.
L’affaire rappelle celle des caricatures de Mahomet, en mineur. Le dessin du prophète coiffé d’un turban en forme de bombinette avait fait hurler les intégristes. La photo d’un crucifix trempant dans l’urine fait des vagues dans les milieux catholiques.
L’objet du scandale est un cliché de l’artiste américain Andres Serrano. Réalisée en 1987, elle met en scène un petit crucifix en plastique immergé dans un verre rempli d’urine de l’artiste.
En 1989, Piss Christ a été récompensée par un prix du Southeastern Center for Contemporary Art. Ce musée américain est financé en partie par le National Endowment for the Arts, organisme fédéral qui soutient des projets artistiques. Le fait qu’une telle œuvre soit subventionnée sur fonds publics au pays du puritanisme avait fait protester les sénateurs américains Al D’Amato et Jesse Helms. Depuis, Piss Christ a fait le tour du monde cahin-caha, nourri par la polémique. Verbalement et physiquement. Alors qu’elle était présentée à la National Gallery of Victoria, en Australie, elle a été contestée à coups de marteaux.
Insultes. Il y a quatre ans, Piss Christ avait été montrée pendant quatre mois à la galerie Lambert d’Avignon. Sans souci. Elle l’est de nouveau, depuis le 12 décembre et jusqu’au 8 mai, dans le cadre d’une exposition intitulée «Je crois aux miracles», à l’occasion de la célébration des dix ans de la collection Lambert. Et cette fois le musée est assailli de mails de protestation et d’insultes. Fer de lance de la mobilisation, Civitas se présente comme un «mouvement politique regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier». En clair, des ultra-catholiques proches de l’extrême droite.
Sur Internet, Civitas a lancé un manifeste «pour l’honneur du crucifix». «Le ministère de la Culture du gouvernement Sarkozy, une mairie UMP et un conseil régional PS financent actuellement cette exposition, dénoncent ces intégristes catholiques. Le groupe LVMH (Dior, Guerlain, Moët, Hennessy, etc.), dirigé par Bernard Arnault, cofinance ce Piss Christ et met son logo sur l’affiche, alors que ce même groupe LVMH se définit sur son site Internet, comme "l’ambassadeur de l’art de vivre occidental dans ce qu’il a de plus raffiné" !!!»
Contestataire. L’extrême droite catholique bénéficie-t-elle d’un microclimat favorable à Avignon ? «Cattenoz [l’archevêque du diocèse, ndlr] ne voit pas nécessairement d’un mauvais œil le buzz que fait Civitas autour de cette affaire, note Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique contestataire Golias. Le hiérarque affiche d’ailleurs sa sympathie pour l’extrême droite. En octobre, il a reçu Emile Cavasino, secrétaire départemental du FN, révélait Golias.
Et Civitas ne s’en prend pas qu’aux «blasphémateurs». En mars 2010, des militants issus de ses rangs avaient empêché le rabbin Krygier de participer à la conférence de carême organisée dans la nef de Notre-Dame de Paris. Sur leur site web, l’islam fait également partie de leurs cibles.
L’affaire rappelle celle des caricatures de Mahomet, en mineur. Le dessin du prophète coiffé d’un turban en forme de bombinette avait fait hurler les intégristes. La photo d’un crucifix trempant dans l’urine fait des vagues dans les milieux catholiques.
L’objet du scandale est un cliché de l’artiste américain Andres Serrano. Réalisée en 1987, elle met en scène un petit crucifix en plastique immergé dans un verre rempli d’urine de l’artiste.
En 1989, Piss Christ a été récompensée par un prix du Southeastern Center for Contemporary Art. Ce musée américain est financé en partie par le National Endowment for the Arts, organisme fédéral qui soutient des projets artistiques. Le fait qu’une telle œuvre soit subventionnée sur fonds publics au pays du puritanisme avait fait protester les sénateurs américains Al D’Amato et Jesse Helms. Depuis, Piss Christ a fait le tour du monde cahin-caha, nourri par la polémique. Verbalement et physiquement. Alors qu’elle était présentée à la National Gallery of Victoria, en Australie, elle a été contestée à coups de marteaux.
Insultes. Il y a quatre ans, Piss Christ avait été montrée pendant quatre mois à la galerie Lambert d’Avignon. Sans souci. Elle l’est de nouveau, depuis le 12 décembre et jusqu’au 8 mai, dans le cadre d’une exposition intitulée «Je crois aux miracles», à l’occasion de la célébration des dix ans de la collection Lambert. Et cette fois le musée est assailli de mails de protestation et d’insultes. Fer de lance de la mobilisation, Civitas se présente comme un «mouvement politique regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier». En clair, des ultra-catholiques proches de l’extrême droite.
Sur Internet, Civitas a lancé un manifeste «pour l’honneur du crucifix». «Le ministère de la Culture du gouvernement Sarkozy, une mairie UMP et un conseil régional PS financent actuellement cette exposition, dénoncent ces intégristes catholiques. Le groupe LVMH (Dior, Guerlain, Moët, Hennessy, etc.), dirigé par Bernard Arnault, cofinance ce Piss Christ et met son logo sur l’affiche, alors que ce même groupe LVMH se définit sur son site Internet, comme "l’ambassadeur de l’art de vivre occidental dans ce qu’il a de plus raffiné" !!!»
Contestataire. L’extrême droite catholique bénéficie-t-elle d’un microclimat favorable à Avignon ? «Cattenoz [l’archevêque du diocèse, ndlr] ne voit pas nécessairement d’un mauvais œil le buzz que fait Civitas autour de cette affaire, note Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique contestataire Golias. Le hiérarque affiche d’ailleurs sa sympathie pour l’extrême droite. En octobre, il a reçu Emile Cavasino, secrétaire départemental du FN, révélait Golias.
Et Civitas ne s’en prend pas qu’aux «blasphémateurs». En mars 2010, des militants issus de ses rangs avaient empêché le rabbin Krygier de participer à la conférence de carême organisée dans la nef de Notre-Dame de Paris. Sur leur site web, l’islam fait également partie de leurs cibles.