SOURCE - La Provence - 10 avril 2011
Des catholiques ont prié devant la collection Lambert contre le "Piss Christ"
Il est 15 heures passées hier quand, descendu spécifiquement de Paris, l'abbé de Cacqueray, qui perpétue un catholicisme traditionaliste façon feu Monseigneur Lefebvre, sonne à l'entrée de la collection Lambert, à Avignon. Entouré d'une trentaine de croyants venus d'Aix-en-Provence, du Gard et du Vaucluse, il entend faire une "prière de réparation" à l'intérieur du musée d'art contemporain, en réaction à "cette oeuvre blasphématoire".
L'oeuvre en question, c'est cette photographie datée de 1987, signée de l'artiste américain Andres Serrano, titrée "Immersions" (Piss Christ), et représentant un Jésus immergé dans de l'urine. Las, quelques minutes auparavant, les gardiens du musée en ont fermé les portes provisoirement, par mesure de sécurité. C'est donc à genoux dans la rue Violette que l'abbé de Cacqueray entame sa prière, aidé pour ce faire d'une feuille A4 recto-verso sous plastique.
Une scène rocambolesque, à peine dérangée par un visiteur qui ne peut accéder au musée et lance à la cantonade : "Et les athées, ils peuvent pas rentrer ?". Un des fidèles présents lui rétorque alors : "Je vais prendre ta mère en photo, je vais lui pisser dessus, je serai content !" Amen.
Un chemin de croix aujourd'hui
Hormis cette succincte escarmouche, le temps de méditation se passe sans encombres,et ce sous le regard bienveillant de deux policiers, juchés sur leur VTT. "Nous ne sommes pas des malfaiteurs", leur dira d'ailleurs l'abbé de Cacqueray, avant de parler, dans sa prière, des "égarés qui s'obstinent dans l'infidélité". Et de demander au directeur du musée ainsi qu'aux autorités de la ville de retirer LA photo, avant cette sortie peu daltonienne : "Devant le jaune pisseux de cette oeuvre, nous ne voyons pas jaune, nous voyons rouge !"
Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (fondée en 1970 par Mgr Lefebvre), l'abbé de Cacqueray va ensuite jusqu'à tenter un oecuménisme de la colère : "cette soi-disant oeuvre, c'est le mépris de tout ce qui est religieux. Ça ne doit pas être du goût des musulmans et des juifs." Un senior, lui, se lâche sans complexe, sans même avoir vu l'oeuvre : "Oui mais on me l'a décrite" assure ce catholique.
"C'est pas une oeuvre, c'est un torche-cul monsieur ! Si les musulmans étaient concernés, il y aurait 3000 personnes dans la rue. Là, y a trois pelés, un tondu!" Une analyse pour le moins rigoureuse de la situation. L'abbé de Cacqueray n'a pas encore pris le chemin du retour vers Paris. Il sera encore à Avignon cet après-midi pour un chemin de croix au départ des Pénitents noirs. L'exposition "Je crois aux miracles" s'achève le 8 mai.
Fabien BONNIEUX
Il est 15 heures passées hier quand, descendu spécifiquement de Paris, l'abbé de Cacqueray, qui perpétue un catholicisme traditionaliste façon feu Monseigneur Lefebvre, sonne à l'entrée de la collection Lambert, à Avignon. Entouré d'une trentaine de croyants venus d'Aix-en-Provence, du Gard et du Vaucluse, il entend faire une "prière de réparation" à l'intérieur du musée d'art contemporain, en réaction à "cette oeuvre blasphématoire".
L'oeuvre en question, c'est cette photographie datée de 1987, signée de l'artiste américain Andres Serrano, titrée "Immersions" (Piss Christ), et représentant un Jésus immergé dans de l'urine. Las, quelques minutes auparavant, les gardiens du musée en ont fermé les portes provisoirement, par mesure de sécurité. C'est donc à genoux dans la rue Violette que l'abbé de Cacqueray entame sa prière, aidé pour ce faire d'une feuille A4 recto-verso sous plastique.
Une scène rocambolesque, à peine dérangée par un visiteur qui ne peut accéder au musée et lance à la cantonade : "Et les athées, ils peuvent pas rentrer ?". Un des fidèles présents lui rétorque alors : "Je vais prendre ta mère en photo, je vais lui pisser dessus, je serai content !" Amen.
Un chemin de croix aujourd'hui
Hormis cette succincte escarmouche, le temps de méditation se passe sans encombres,et ce sous le regard bienveillant de deux policiers, juchés sur leur VTT. "Nous ne sommes pas des malfaiteurs", leur dira d'ailleurs l'abbé de Cacqueray, avant de parler, dans sa prière, des "égarés qui s'obstinent dans l'infidélité". Et de demander au directeur du musée ainsi qu'aux autorités de la ville de retirer LA photo, avant cette sortie peu daltonienne : "Devant le jaune pisseux de cette oeuvre, nous ne voyons pas jaune, nous voyons rouge !"
Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (fondée en 1970 par Mgr Lefebvre), l'abbé de Cacqueray va ensuite jusqu'à tenter un oecuménisme de la colère : "cette soi-disant oeuvre, c'est le mépris de tout ce qui est religieux. Ça ne doit pas être du goût des musulmans et des juifs." Un senior, lui, se lâche sans complexe, sans même avoir vu l'oeuvre : "Oui mais on me l'a décrite" assure ce catholique.
"C'est pas une oeuvre, c'est un torche-cul monsieur ! Si les musulmans étaient concernés, il y aurait 3000 personnes dans la rue. Là, y a trois pelés, un tondu!" Une analyse pour le moins rigoureuse de la situation. L'abbé de Cacqueray n'a pas encore pris le chemin du retour vers Paris. Il sera encore à Avignon cet après-midi pour un chemin de croix au départ des Pénitents noirs. L'exposition "Je crois aux miracles" s'achève le 8 mai.
Fabien BONNIEUX