SOURCE - Abbé Guillaume de Tanoüarn - MetaBlog - 21 juin 2011
C'est un des grands penseurs catholiques d'aujourd'hui que nous accueillons ce soir, mardi au Centre Saint Paul. Jean Borella a un long itinéraire intellectuel, commencé dans les parages de Frithjof Schuon et qui se conclut dans la magnificence de l'orthodoxie catholique intégralement et tranquillement assumée.
Il y a des critiques grincheux de Jean Borella, en particulier dans le monde traditionaliste. L'abbé Coache en fit partie. C'est un des premiers souvenirs de ma vie intellectuelle. Je lisais Borella dans La Pensée catholique de l'abbé Luc Lefèvre. Et voilà que l'ancien curé de Montjavoux partit en guerre contre ce pelé, ce galeux, ce gnostique dont vient tout le mal.
Je me souviens d'une phrase de Borella dans La charité profanée, sur laquelle l'abbé Coache avait achoppé : "Le trisagion sacré monte vers la théarchie suressentielle".
Pour Coache, c'était clair : trisagion = Trinité. Théarchie suressentielle = Hypertheos gnostique. Pour Borella, il y avait un Dieu au dessus de la Trinité. J'ai d'abord été assomé par tant de certitude. Puis... à l'époque du haut de mes vingt ans, dans mon loden beige, j'ai eu comme un doute et j'ai pris un dictionnaire. Trisagion : est-ce la Trinité ? comme le prétend l'abbé C. Y a-t-il deux Dieux pour Borella ? Dans le Larousse de l'époque, trisagion était référencé. On nous apprenait qu'il s'agissait du Sanctus, le chant au Dieu trois fois saint. Borella était lyrique en évoquant le Sanctus en grec mais certainement pas hérétique. Quant à Coache... il était au moins léger dans cette affaire, qui pouvait bien relever de la diffamation. J'étais jeune à l'époque. Je crois que c'est cette petite méprise, orchestrée avec tant d'assurance et sur laquelle l'abbé Coache n'a jamais voulu revenir, qui m'a fait mépriser l'intégrisme. Pour toujours.
Je suis heureux de recevoir Jean Borella. Autant que je connaisse sa pensée, il s'est beaucoup rapproché du néothomisme, qu'il interprète avec toute la rigueur d'un philosophe de profession, en lui donnant son aura mystique - préeckhartienne. Hum ! Cajétan et moi, ce n'est pas notre tasse de thé, cette analogie d'attribution extrinsèque (ou quelque chose ainsi) que défend Borella (dans son livre Penser l'analogie). Borella, ce faisant, a avec lui toute l'Ecole néothomiste - Geiger, Fabro et bien sûr Gilson. Et je crois être l'un des rares apprentis théologiens à en tenir de mon côté non pour l'analogie d'attribution, mais pour l'analogie de proportionnalité. Aussi bien j'écouterai Jean Borella avec attention.
D'autant que son sujet ne sera pas l'analogie, mais la gnose. Le christianisme est-il une connaissance ? Un certain "christianisme pratique" dit aussi "christianisme progressif" qui sévit depuis le début du siècle vingtième, prétend qu'il n'y a aucune connaissance dans le christianisme. La révolution culturelle de l'Après concile a largement suivi cette piste, avec les résultats que l'on sait. Jean Borella a appelé cette situation : la charité profanée.
J'oubliais de dire que Jean Borella m'a fasciné par son éloquence, son aisance, sa puissance de conviction et de pensée lors du premier colloque de l'Institut Saint Pie X, où il était invité. Je crois que ce soir je serai encore ébloui. Et je souhaite à beaucoup de liseurs cet éblouissement là !
C'est un des grands penseurs catholiques d'aujourd'hui que nous accueillons ce soir, mardi au Centre Saint Paul. Jean Borella a un long itinéraire intellectuel, commencé dans les parages de Frithjof Schuon et qui se conclut dans la magnificence de l'orthodoxie catholique intégralement et tranquillement assumée.
Il y a des critiques grincheux de Jean Borella, en particulier dans le monde traditionaliste. L'abbé Coache en fit partie. C'est un des premiers souvenirs de ma vie intellectuelle. Je lisais Borella dans La Pensée catholique de l'abbé Luc Lefèvre. Et voilà que l'ancien curé de Montjavoux partit en guerre contre ce pelé, ce galeux, ce gnostique dont vient tout le mal.
Je me souviens d'une phrase de Borella dans La charité profanée, sur laquelle l'abbé Coache avait achoppé : "Le trisagion sacré monte vers la théarchie suressentielle".
Pour Coache, c'était clair : trisagion = Trinité. Théarchie suressentielle = Hypertheos gnostique. Pour Borella, il y avait un Dieu au dessus de la Trinité. J'ai d'abord été assomé par tant de certitude. Puis... à l'époque du haut de mes vingt ans, dans mon loden beige, j'ai eu comme un doute et j'ai pris un dictionnaire. Trisagion : est-ce la Trinité ? comme le prétend l'abbé C. Y a-t-il deux Dieux pour Borella ? Dans le Larousse de l'époque, trisagion était référencé. On nous apprenait qu'il s'agissait du Sanctus, le chant au Dieu trois fois saint. Borella était lyrique en évoquant le Sanctus en grec mais certainement pas hérétique. Quant à Coache... il était au moins léger dans cette affaire, qui pouvait bien relever de la diffamation. J'étais jeune à l'époque. Je crois que c'est cette petite méprise, orchestrée avec tant d'assurance et sur laquelle l'abbé Coache n'a jamais voulu revenir, qui m'a fait mépriser l'intégrisme. Pour toujours.
Je suis heureux de recevoir Jean Borella. Autant que je connaisse sa pensée, il s'est beaucoup rapproché du néothomisme, qu'il interprète avec toute la rigueur d'un philosophe de profession, en lui donnant son aura mystique - préeckhartienne. Hum ! Cajétan et moi, ce n'est pas notre tasse de thé, cette analogie d'attribution extrinsèque (ou quelque chose ainsi) que défend Borella (dans son livre Penser l'analogie). Borella, ce faisant, a avec lui toute l'Ecole néothomiste - Geiger, Fabro et bien sûr Gilson. Et je crois être l'un des rares apprentis théologiens à en tenir de mon côté non pour l'analogie d'attribution, mais pour l'analogie de proportionnalité. Aussi bien j'écouterai Jean Borella avec attention.
D'autant que son sujet ne sera pas l'analogie, mais la gnose. Le christianisme est-il une connaissance ? Un certain "christianisme pratique" dit aussi "christianisme progressif" qui sévit depuis le début du siècle vingtième, prétend qu'il n'y a aucune connaissance dans le christianisme. La révolution culturelle de l'Après concile a largement suivi cette piste, avec les résultats que l'on sait. Jean Borella a appelé cette situation : la charité profanée.
J'oubliais de dire que Jean Borella m'a fasciné par son éloquence, son aisance, sa puissance de conviction et de pensée lors du premier colloque de l'Institut Saint Pie X, où il était invité. Je crois que ce soir je serai encore ébloui. Et je souhaite à beaucoup de liseurs cet éblouissement là !