SOURCE - Paix Liturgique n°296 - 17 août 2011
Ambassadeurs du Saint-Siège autour du globe tout autant que représentants du Pape auprès des églises locales, les nonces apostoliques sont d’ordinaire tellement pris par leurs obligations diplomatiques qu’on en oublie qu’ils sont aussi, et avant tout, des pasteurs. Et donc des liturgistes : il y a des nonces bugniniens, comme le nonce au Kazakhstan, qui a imposé à cette Église l’introduction de la communion dans la main, et il y a des nonces ratzinguériens comme le nouveau nonce en Ukraine (si nous étions polémistes, ce qu’à Dieu ne plaise, nous ajouterions qu’il y a aussi des nonces couleur de muraille, ou couleur de conférence épiscopale…) La récente nomination (mai 2011), par Benoît XVI, du prélat américain Thomas E. Gullickson, archevêque titulaire de Bomarzo, comme nonce apostolique en Ukraine, nous offre l’occasion de mettre en lumière l’un de ces hommes d’Église, souvent méconnus. La nonciature en Ukraine est un poste très sensible eu égard aux relations avec le monde orthodoxe : le patriarcat d’Ukraine, catholique depuis la fin du XVIe siècle, réintégré de force dans l’orthodoxie en 1945 par Staline, mais devenu autonome, depuis la chute du communisme, vis-à-vis du patriarcat de Moscou, est le talon d’Achille de l’orthodoxie ; l’un des grands desseins de Benoît XVI est son retour vers Rome, qui pourrait se réaliser par la réunion du patriarcat orthodoxe de Kiev et l’archevêché majeur catholique (l’Église ruthène illustrée par l’héroïque cardinal Josef Slipyi).
Nonce apostolique aux Antilles anglophones depuis 2004 (Bahamas, Jamaïque, Trinidad et Tobago, etc.) en même temps que délégué apostolique auprès des Eglises de Guyane, Guadeloupe et Martinique (l’équivalent d’un primat de cette région), Mgr Gullickson a tenu durant son séjour dans les Caraïbes un blog très intéressant, nourri par ses homélies dominicales, ses lectures et ses réflexions spirituelles et liturgiques. Dans ce blog, intitulé Island Envoy, Mgr Gullickson a abordé à plusieurs reprises le Motu Proprio Summorum Pontificum.
Dans le texte qui suit, publié l’été dernier, à l’occasion de la fin des trois années probatoires du Motu Proprio, il commente les trois objectifs poursuivis par le Pape lors de la promulgation de Summorum Pontificum. Ces trois objectifs ont été résumés ainsi par le canoniste allemand Gero Weishaupt :
a) une réponse aux signes des temps et un retour à la normale
b) l’enrichissement mutuel des missels de 1962 et de 1970
c) la réconciliation dans l’Église.
LE TEXTE DE MGR GULLICKSON
Trois ans après la publication de Summorum Pontificum, la situation liturgique de l’Église s’est-elle améliorée ? Quel type d’exposition à la liturgie ancienne entraînera la réalisation de ces objectifs ? Les trois objectifs formulés par Weishaupt rendent-ils justice à ceux fixés par le Saint Père dans sa lettre aux évêques du 7 juillet 2007 ? La défense de la vérité et la promotion de la justice, tout comme le respect de la continuité qui doit exister en matière de tradition liturgique de l’Église, me semblent s’imposer comme des priorités plus évidentes de la lecture de la lettre du Saint Père lui-même.
(...) Ce que signifie Weishaupt par son premier objectif est certainement en accord avec les paroles du Pape, mais il vient à court de l’expression du Saint Père : plus que de parler des “signes des temps” il devrait faire une référence claire à la correction des abus liturgiques. Parler d’un retour à la normale semble passer à côté de la question, car tout dépend de la normalité que vous recherchez. Il va sans dire que la réconciliation (objectif c) est fondée sur un profond respect mutuel, mais c’est plus compliqué que cela.
Plus que l’expression laconique "enrichissement mutuel", je pense que nous avons besoin de citer en entier les paroles du Saint Père en ce qui concerne les abus et le malaise général qui, dans la célébration de facto de la forme ordinaire au cours des quarante dernières années, ont trop souvent entravée l’adoration en esprit et en vérité et ont été une source de confusion et de découragement pour les catholiques. Je voudrais souligner en particulier l’espoir pour la liturgie nouvelle exprimé par le Pape : “La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.”
Le Pape Benoît XVI veut clairement délier les chaînes qui ont limité l’usage du Missel de 1962 au cours des quatre dernières décennies et préserver le Missel de 1970 de ceux qui ont pris en otage la liturgie contemporaine durant la même période. Il signifie en définitive qu’il est temps d’appliquer correctement la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.
Summorum Pontificum constitue certainement un point de repère dans la lutte pour l’expression liturgique complète et correcte dans l’Église. Il pourrait être décrit comme un moyen de persuasion douce, une mise en contact, une introduction. Il ne peut pas servir de seul véhicule pour la réforme, parce que la vérité exige aussi d’exposer de façon continue et persistante les abus liturgiques qui continuent à contrecarrer le culte vernaculaire dans son expression complète et adéquate. Seul un retour à l’usus antiquior comme forme ordinaire du culte pourrait éliminer les abus d’un seul coup, mais ce n’était pas l’intention du Saint Père. Benoît XVI n’a pas dispensé ses frères évêques de se montrer vigilants dans leurs efforts de réforme ; il n’a pas dispensé les prêtres d’enseigner à leurs fidèles la juste manière de célébrer ; il exhorte les musiciens et les artistes à de consciencieux efforts pour restaurer les liens avec la tradition à laquelle nous devons tenir.
Le culte divin est plus qu’une réunion de prière, beaucoup plus qu’un exercice spirituel. Les paramètres du culte céleste et la tradition qui nous vient des apôtres conditionnent le caractère sublime et la gravité qui appartiennent au sacrifice eucharistique et tout ce qui en découle. (...)
En méditant hier sur les mystères lumineux du rosaire, la pensée m’est venue qu’ils sont d’une certaine façon des mystères très eucharistiques ou qu’ils pourraient être abordés ainsi à des fins de méditation. Les Noces de Cana, en particulier, m’ont parlé de l’application de Summorum Pontificum et de toute la question de la réforme la liturgie en langue vernaculaire : seuls les serviteurs qui avaient puisé l’eau savaient ce qui se passait, ce qui n’empêche pas l’Évangile de faire de la transformation de l’eau en vin par Notre Seigneur, à la demande de Sa Sainte Mère, Son premier signe public.
Je suis résolu à poursuivre l’humble travail de remplissage des jarres, je vais le faire en montrant le bon exemple en célébrant et plus particulièrement à travers l’adoration ad orientem. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui travaillent pour le culte bien ordonné et pieux la possibilité de changer les cœurs et les esprits. La liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir. Nous devons le meilleur à Notre Seigneur et aussi à ses enfants au sein de l’Eglise, pour l’amour du salut du monde.
RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
Cette réflexion sur le Motu Proprio est très intéressante à plusieurs titres.
Tout d’abord elle ne reflète pas la position d’un fidèle "lambda" mais d’un évêque, de surcroit nonce dans un pays très délicat à superviser du fait des rapports constants avec le monde orthodoxe. Il va de soi que Benoit XVI, aidé par le Substitut Mamberti, n’a pas nommé Mgr Gullickson à ce poste-clé pour la diplomatie et la pastorale du Saint-Siège par hasard : il a choisi un homme de confiance et dont la position fondamentale d’attachement à la Tradition de l’Eglise doit avoir un rôle important dans le cadre de sa mission en Ukraine.
Du même coup, et en raison de ses prises de position liturgiques, cela permet de situer ce prélat dans le groupe d’influence des hommes de gouvernement favorables (cardinal Cañizares, cardinal Burke, cardinal Ranjith, cardinal Piacenza, cardinal Koch) à une « réforme de la réforme ». Et non seulement cardinaux, mais autour d’eux évêques, diplomates, officiers de Curie, et non des moindres.
Par ailleurs, Mgr Gullickson ne se contente pas de défendre une application large et généreuse du Motu Proprio ; il insiste sur les nombreux abus liturgiques que connait la pratique de la forme ordinaire du rite romain et sur la nécessité d’appliquer, enfin, correctement la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II (si tant est que cela soit possible…)
Mgr Gullickson va même très loin en louant implicitement la sagesse de Benoit XVI qui aurait pu faire cesser ces abus en imposant la forme extraordinaire du rite romain mais qui a plutôt fait le choix de permettre à nos pasteurs de corriger progressivement la façon souvent abusive dont est célébrée la forme ordinaire du rite romain dans les diocèses. Ces propos, typiques des prélats évoqués plus haut, sont d’une grande force et annoncent le développement à long terme que pourrait amener la vision de notre Pape.
En effet, dès lors que l’on constate comme une évidence qu’il y a une forme riche et une autre, disons, beaucoup moins riche, l’enrichissement mutuel est mis au second plan et n’est plus vu comme un échange entre les deux forme mais plutôt tout naturellement comme une amélioration (une rectification ?) par la forme extraordinaire du rite romain de la forme ordinaire, l’urgence étant de revenir au total à une célébration traditionnelle de la Sainte Liturgie. On comprend bien alors la vision (qui exprime le « programme » des prélats dont nous parlions) de ce pasteur selon laquelle la forme extraordinaire du rite romain ne s’imposera pas brutalement mais, par sa présence dans tous les diocèses, amènera progressivement la forme ordinaire du rite romain à elle. C’est tout simplement la mort annoncée de la forme ordinaire du rite romain.
Merci à Mgr Gullickson pour ce cri du cœur qui induit le développement des lieux où est célébrée la forme extraordinaire du rite romain. En effet, si comme il l’affirme " la liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir", il est urgent pour tout catholique de bonne volonté, quelle que soit son rang, de faire tout son possible pour que la forme extraordinaire du rite romain soit enfin offerte à tous les fidèles de toutes les paroisses et de tous les diocèses.
Ambassadeurs du Saint-Siège autour du globe tout autant que représentants du Pape auprès des églises locales, les nonces apostoliques sont d’ordinaire tellement pris par leurs obligations diplomatiques qu’on en oublie qu’ils sont aussi, et avant tout, des pasteurs. Et donc des liturgistes : il y a des nonces bugniniens, comme le nonce au Kazakhstan, qui a imposé à cette Église l’introduction de la communion dans la main, et il y a des nonces ratzinguériens comme le nouveau nonce en Ukraine (si nous étions polémistes, ce qu’à Dieu ne plaise, nous ajouterions qu’il y a aussi des nonces couleur de muraille, ou couleur de conférence épiscopale…) La récente nomination (mai 2011), par Benoît XVI, du prélat américain Thomas E. Gullickson, archevêque titulaire de Bomarzo, comme nonce apostolique en Ukraine, nous offre l’occasion de mettre en lumière l’un de ces hommes d’Église, souvent méconnus. La nonciature en Ukraine est un poste très sensible eu égard aux relations avec le monde orthodoxe : le patriarcat d’Ukraine, catholique depuis la fin du XVIe siècle, réintégré de force dans l’orthodoxie en 1945 par Staline, mais devenu autonome, depuis la chute du communisme, vis-à-vis du patriarcat de Moscou, est le talon d’Achille de l’orthodoxie ; l’un des grands desseins de Benoît XVI est son retour vers Rome, qui pourrait se réaliser par la réunion du patriarcat orthodoxe de Kiev et l’archevêché majeur catholique (l’Église ruthène illustrée par l’héroïque cardinal Josef Slipyi).
Nonce apostolique aux Antilles anglophones depuis 2004 (Bahamas, Jamaïque, Trinidad et Tobago, etc.) en même temps que délégué apostolique auprès des Eglises de Guyane, Guadeloupe et Martinique (l’équivalent d’un primat de cette région), Mgr Gullickson a tenu durant son séjour dans les Caraïbes un blog très intéressant, nourri par ses homélies dominicales, ses lectures et ses réflexions spirituelles et liturgiques. Dans ce blog, intitulé Island Envoy, Mgr Gullickson a abordé à plusieurs reprises le Motu Proprio Summorum Pontificum.
Dans le texte qui suit, publié l’été dernier, à l’occasion de la fin des trois années probatoires du Motu Proprio, il commente les trois objectifs poursuivis par le Pape lors de la promulgation de Summorum Pontificum. Ces trois objectifs ont été résumés ainsi par le canoniste allemand Gero Weishaupt :
a) une réponse aux signes des temps et un retour à la normale
b) l’enrichissement mutuel des missels de 1962 et de 1970
c) la réconciliation dans l’Église.
LE TEXTE DE MGR GULLICKSON
Trois ans après la publication de Summorum Pontificum, la situation liturgique de l’Église s’est-elle améliorée ? Quel type d’exposition à la liturgie ancienne entraînera la réalisation de ces objectifs ? Les trois objectifs formulés par Weishaupt rendent-ils justice à ceux fixés par le Saint Père dans sa lettre aux évêques du 7 juillet 2007 ? La défense de la vérité et la promotion de la justice, tout comme le respect de la continuité qui doit exister en matière de tradition liturgique de l’Église, me semblent s’imposer comme des priorités plus évidentes de la lecture de la lettre du Saint Père lui-même.
(...) Ce que signifie Weishaupt par son premier objectif est certainement en accord avec les paroles du Pape, mais il vient à court de l’expression du Saint Père : plus que de parler des “signes des temps” il devrait faire une référence claire à la correction des abus liturgiques. Parler d’un retour à la normale semble passer à côté de la question, car tout dépend de la normalité que vous recherchez. Il va sans dire que la réconciliation (objectif c) est fondée sur un profond respect mutuel, mais c’est plus compliqué que cela.
Plus que l’expression laconique "enrichissement mutuel", je pense que nous avons besoin de citer en entier les paroles du Saint Père en ce qui concerne les abus et le malaise général qui, dans la célébration de facto de la forme ordinaire au cours des quarante dernières années, ont trop souvent entravée l’adoration en esprit et en vérité et ont été une source de confusion et de découragement pour les catholiques. Je voudrais souligner en particulier l’espoir pour la liturgie nouvelle exprimé par le Pape : “La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.”
Le Pape Benoît XVI veut clairement délier les chaînes qui ont limité l’usage du Missel de 1962 au cours des quatre dernières décennies et préserver le Missel de 1970 de ceux qui ont pris en otage la liturgie contemporaine durant la même période. Il signifie en définitive qu’il est temps d’appliquer correctement la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.
Summorum Pontificum constitue certainement un point de repère dans la lutte pour l’expression liturgique complète et correcte dans l’Église. Il pourrait être décrit comme un moyen de persuasion douce, une mise en contact, une introduction. Il ne peut pas servir de seul véhicule pour la réforme, parce que la vérité exige aussi d’exposer de façon continue et persistante les abus liturgiques qui continuent à contrecarrer le culte vernaculaire dans son expression complète et adéquate. Seul un retour à l’usus antiquior comme forme ordinaire du culte pourrait éliminer les abus d’un seul coup, mais ce n’était pas l’intention du Saint Père. Benoît XVI n’a pas dispensé ses frères évêques de se montrer vigilants dans leurs efforts de réforme ; il n’a pas dispensé les prêtres d’enseigner à leurs fidèles la juste manière de célébrer ; il exhorte les musiciens et les artistes à de consciencieux efforts pour restaurer les liens avec la tradition à laquelle nous devons tenir.
Le culte divin est plus qu’une réunion de prière, beaucoup plus qu’un exercice spirituel. Les paramètres du culte céleste et la tradition qui nous vient des apôtres conditionnent le caractère sublime et la gravité qui appartiennent au sacrifice eucharistique et tout ce qui en découle. (...)
En méditant hier sur les mystères lumineux du rosaire, la pensée m’est venue qu’ils sont d’une certaine façon des mystères très eucharistiques ou qu’ils pourraient être abordés ainsi à des fins de méditation. Les Noces de Cana, en particulier, m’ont parlé de l’application de Summorum Pontificum et de toute la question de la réforme la liturgie en langue vernaculaire : seuls les serviteurs qui avaient puisé l’eau savaient ce qui se passait, ce qui n’empêche pas l’Évangile de faire de la transformation de l’eau en vin par Notre Seigneur, à la demande de Sa Sainte Mère, Son premier signe public.
Je suis résolu à poursuivre l’humble travail de remplissage des jarres, je vais le faire en montrant le bon exemple en célébrant et plus particulièrement à travers l’adoration ad orientem. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui travaillent pour le culte bien ordonné et pieux la possibilité de changer les cœurs et les esprits. La liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir. Nous devons le meilleur à Notre Seigneur et aussi à ses enfants au sein de l’Eglise, pour l’amour du salut du monde.
RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
Cette réflexion sur le Motu Proprio est très intéressante à plusieurs titres.
Tout d’abord elle ne reflète pas la position d’un fidèle "lambda" mais d’un évêque, de surcroit nonce dans un pays très délicat à superviser du fait des rapports constants avec le monde orthodoxe. Il va de soi que Benoit XVI, aidé par le Substitut Mamberti, n’a pas nommé Mgr Gullickson à ce poste-clé pour la diplomatie et la pastorale du Saint-Siège par hasard : il a choisi un homme de confiance et dont la position fondamentale d’attachement à la Tradition de l’Eglise doit avoir un rôle important dans le cadre de sa mission en Ukraine.
Du même coup, et en raison de ses prises de position liturgiques, cela permet de situer ce prélat dans le groupe d’influence des hommes de gouvernement favorables (cardinal Cañizares, cardinal Burke, cardinal Ranjith, cardinal Piacenza, cardinal Koch) à une « réforme de la réforme ». Et non seulement cardinaux, mais autour d’eux évêques, diplomates, officiers de Curie, et non des moindres.
Par ailleurs, Mgr Gullickson ne se contente pas de défendre une application large et généreuse du Motu Proprio ; il insiste sur les nombreux abus liturgiques que connait la pratique de la forme ordinaire du rite romain et sur la nécessité d’appliquer, enfin, correctement la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II (si tant est que cela soit possible…)
Mgr Gullickson va même très loin en louant implicitement la sagesse de Benoit XVI qui aurait pu faire cesser ces abus en imposant la forme extraordinaire du rite romain mais qui a plutôt fait le choix de permettre à nos pasteurs de corriger progressivement la façon souvent abusive dont est célébrée la forme ordinaire du rite romain dans les diocèses. Ces propos, typiques des prélats évoqués plus haut, sont d’une grande force et annoncent le développement à long terme que pourrait amener la vision de notre Pape.
En effet, dès lors que l’on constate comme une évidence qu’il y a une forme riche et une autre, disons, beaucoup moins riche, l’enrichissement mutuel est mis au second plan et n’est plus vu comme un échange entre les deux forme mais plutôt tout naturellement comme une amélioration (une rectification ?) par la forme extraordinaire du rite romain de la forme ordinaire, l’urgence étant de revenir au total à une célébration traditionnelle de la Sainte Liturgie. On comprend bien alors la vision (qui exprime le « programme » des prélats dont nous parlions) de ce pasteur selon laquelle la forme extraordinaire du rite romain ne s’imposera pas brutalement mais, par sa présence dans tous les diocèses, amènera progressivement la forme ordinaire du rite romain à elle. C’est tout simplement la mort annoncée de la forme ordinaire du rite romain.
Merci à Mgr Gullickson pour ce cri du cœur qui induit le développement des lieux où est célébrée la forme extraordinaire du rite romain. En effet, si comme il l’affirme " la liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir", il est urgent pour tout catholique de bonne volonté, quelle que soit son rang, de faire tout son possible pour que la forme extraordinaire du rite romain soit enfin offerte à tous les fidèles de toutes les paroisses et de tous les diocèses.