SOURCE - Paix Liturgique n°299 - 7 septembre 2011
I – UN PEU D'HISTOIRE ET QUELQUES CHIFFRES
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, il y a quatre ans, en juillet 2007, des milliers de fidèles à travers le monde ont manifesté auprès de leurs pasteurs légitimes, leur souhait de pouvoir vivre leur foi catholique en pleine communion avec l'Église, au sein même de leurs paroisses, au rythme de la forme extraordinaire de la liturgie romaine. En France particulièrement, plusieurs centaines de groupes de demandeurs ont ainsi usé des termes du Motu Proprio.
Si de rares pasteurs ont su les entendre et se montrer soucieux d’obéir au vœu du Saint Père, le plus grand nombre n’y a pas fait droit. Il subsiste d'ailleurs encore en France métropolitaine 5 diocèses (1) et 8 en outre-mer (2) dans lesquels aucune célébration traditionnelle n'a encore été accordée. Par ailleurs, on décompte 15 diocèses (3) sans messe dominicale hebdomadaire régulière à horaire familial célébrée en parfaite communion avec l'Ordinaire et 3 départements qui n'ont pas rang de diocèses, car rattachés à des diocèses voisins, sans forme extraordinaire (4). Enfin, parmi les rares pasteurs ayant accepté de faire quelque chose, une grande partie n’a pour l’heure appliqué le Motu Proprio que « timidement » (messes en semaine et non pas le dimanche, messes mensuelles et non hebdomadaires ou célébrations à des horaires ou dans des lieux non familiaux).
C'est dans ce contexte de négation de la réalité de la demande par trop de pasteurs que Paix liturgique a décidé d'amplifier ses enquêtes d’opinion auprès d’organismes professionnels reconnus et indépendants afin de tenter de mesurer d'une manière la plus objective possible la réalité de la demande.
Rappelons au passage que Paix liturgique n'a pas la prétention de se substituer aux groupes de demandeurs ni à les représenter ou à les fédérer. Paix liturgique est seulement un réseau d'amitié et de solidarité au service des silencieux et des exclus qui s'est créé spontanément et progressivement au cours des 40 dernières années. Paix liturgique souhaite ainsi se faire la voix des sans voix, la voix des fidèles au nom de qui les pasteurs parlent… sans jamais les consulter. Paix liturgique, média libre et indépendant, entend également briser les tabous en abordant les thèmes religieusement incorrects ignorés de la presse officielle et en fournissant de la matière inédite à ce sujet (sondages, enquêtes chiffrées précises quant aux entrées dans les séminaires ou aux ordinations sacerdotales, présentation de communautés ou de prélats en accord avec la réforme de la réforme voulue par Benoît XVI).
La multiplication des sondages internationaux entre 2007 et 2011, a révélé d'une manière définitive que l'attachement à la liturgie traditionnelle n'était pas une affaire franco-française mais bien une préoccupation que l'on retrouvait dans toutes les régions de l'Église latine : que ce soit en Italie, en Allemagne, au Portugal, en Grande Bretagne, en Suisse ou en Espagne (sondages en ligne sur le site de Paix Liturgique), un socle incompressible d'au moins 35% des fidèles pratiquants demeure attaché à la forme extraordinaire du rite romain.
En France, après les quelques courageuses décisions de 2007/2008 (sur 103 nouveaux lieux accordés en France entre la publication du Motu Proprio le 7 juillet 2007 et l'été 2011, 95 l'ont été pendant entre 2007 et 2010 alors que seulement 8 nouveaux lieux ont été accordés entre l'été 2010 et l'été 2011) et après avoir mené une grande enquête de terrain auprès des fidèles de plus de 1000 paroisses avec les résultats que l'on sait, Paix liturgique a décidé d'entreprendre des sondages d'opinion auprès des catholiques de chacun des diocèses français.
Ces sondages ont débuté en 2009 avec le diocèse de Versailles, puis vinrent Paris et Saint Denis en 2010 et La Rochelles-Saintes et Rennes en 2011(sondages en ligne sur le site de Paix Liturgique). D’autres sondages sont en cours et verront leurs résultats prochainement publiés.
Là aussi, il apparait désormais clairement que parmi les catholiques pratiquants français le socle des 35% de fidèles attachés à la forme extraordinaire est très largement dépassé et que d'après les sondages réalisés depuis un an ce chiffre dépasse désormais nettement les 50%.
À la différence de ce qui se passe à l’étranger où la publication de nos sondages suscite un débat dans la presse religieuse ou profane, en France nous assistons à un curieux et bien étrange silence : pas de commentaires, pas de critiques. Des sondages de Paix liturgique on ne parle pas ! Du moins pas en public. Car de nombreux échos nous confirment qu’ils intéressent beaucoup le clergé français, spécialement les responsables ecclésiastiques. Rares sont d’ailleurs les clercs qui – en privé – contestent les données de ces sondages (faut-il rappeler que ce sont ceux d’organismes professionnels dont on entend parler tous les jours à la radio, à la télévision ou dans la presse et non ceux de Paix liturgique). Le silence des instances de l'Église de France et de sa presse officielle ne laissent planer aucun doute sur la gêne qu'engendrerait l'ouverture d'un honnête débat sur ce sujet, tant en haut lieu l'on sait que les résultats fournis par ces sondages reflètent la réalité.
D’ailleurs les chiffres révélés par les sondages sont en adéquation avec ceux fournis par nos enquêtes régulières menées au sujet des vocations sacerdotales et des ordinations en France (voir par exemple les lettres de Paix Liturgique n°290, 275, 238 ou 203 pour les plus récentes). Il apparaît ainsi clairement que malgré son caractère marginal (une présence dans moins de 10% des paroisses françaises), ses détracteurs et ses manques de moyens, la composante traditionnelle attire à elle un tiers des futurs lévites sans oublier qu'un grand nombre de ceux qui choisissent la voie officielle (c’est à dire pour l’heure la forme ordinaire) sont proches voire très proches pour certains de la forme extraordinaire (les proportions de séminaristes diocésains pro-Motu Proprio, quand on peut les établir, sont étonnantes).
À partir de ces éléments, il nous faut nous interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à la paix et à la réconciliation.
Au vu de la manière dont sont ignorés la majorité des groupes de demandeurs (nous avons connaissance d’environ 500 groupes ; Mgr Planet, évêque de Carcassonne, officieusement chargé par la CEF de suivre le dossier des "traditionnalistes" n'en connaîtrait quant à lui qu'une centaine), il apparaît que les moyens employés jusqu’à aujourd'hui pour obtenir l’application du Motu Proprio de Benoît XVI dans les paroisses n'ont pas été les bons.
II – LA MISSION DE PAIX LITURGIQUE
Avec quatre années de recul, on constate que la Commission Ecclesia Dei est extrêmement occupée par la gestion des instituts Ecclesia Dei, par le rapprochement avec la Fraternité Saint Pie X, et jusqu’au mois de mai dernier, par l’établissement du texte de l’Instruction Universae Ecclesiae. De sorte qu'elle ne paraît pas encore en mesure de jouer efficacement le rôle de « 3ème instance » que lui réserve le Motu Proprio (en cas de refus du curé, puis de l’évêque, on s’adresse à la Commission Pontificale, qui aide le curé à répondre à la demande du groupe stable). L’expérience prouve :
- 1°/ que les curés, dans un nombre très important de cas renvoient directement les demandeurs à l’évêque ;
- 2°/ que la Commission Ecclesia Dei, après avoir pris l’avis de l’évêque, surtout dès lors qu’il a accordé quelques miettes, ne s’estime pas en mesure de le contraindre par un décret, comme le prévoit en principe l’Instruction parue le 13 mai dernier.
De sorte que, de facto, l’évêque diocésain (lui-même très dépendant d’un climat idéologique diffusé par ses collaborateurs et par ses confrères de la Conférence épiscopale) occupe tout l’espace : d’une part, il décide à la place du curé, et d’autre part, il court-circuite toute décision du Saint-Siège. Ce qui est parfaitement conforme à l’ecclésiologie concrète qui s’est imposée depuis Vatican II : une espèce d’épiscopalisme, par ailleurs très dépendant d’une idéologie anti-traditionnelle, qui paraît traduire l’esprit du Concile. Cependant, un certain nombre d’évêques – et parfois ceux que l’on n'imaginerait pas prendre cette position – ne peuvent pas ne pas tenir compte des désirs du Pape, surtout au vu de l’effondrement des vocations, de la pratique dominicale, des catéchismes, etc., au sein duquel ne surnage pratiquement qu’un monde « de restauration ».
C’est donc en nous appuyant tant sur la pensée du Pape, clairement exprimée dans le Motu Proprio de 2007 et l’Instruction subséquente de 2011, que sur la « fécondité » manifeste de la liturgie traditionnelle, que nous nous tournons du côté de nos pasteurs diocésains et aussi de nos curés, car c’est à eux seuls qu’il revient de prendre l'initiative des célébrations « extraordinaires », étant certains qu’un certain nombre de ces pasteurs sont ou vont se montrer de bonne volonté, de plus en plus conscients de l’intérêt qu’il y a de laisser un espace de liberté à la liturgie extraordinaire.
III – LA MESSE DANS TOUTES LES PAROISSES
Mais comment faire, demanderont ceux de nos pasteurs qui réellement auraient un souci de paix, autrement dit nos pasteurs de bonne volonté, évêques d’abord et parfois curés ?
Il y a encore quelques années, il pouvait paraître normal de n'accorder la célébration de la messe traditionnelle que là où un groupe de demandeurs l'avait expressément sollicité… c'était l’expression d’un certain bon sens.
Toutefois et comme un bon nombre de demandeurs ont préféré se replier sous leurs tentes aujourd’hui en raison de l’attitude massive de rejet du Motu Proprio par les évêques et curés de paroisses (nous présenterons quelques cas emblématiques au cours de nos prochaines lettre comme celui de la demande faite à Maisons-Laffitte dans le diocèse de Versailles), c'est donc désormais à nos pasteurs – à ceux qui en comprennent l’intérêt ecclésial – de prendre l'initiative.
Le bon sens consisterait d’abord à enquêter auprès des fidèles pour connaître leurs souhaits en matière liturgique sans en rester à l'opinion de conseils non représentatifs, bref d'oser aller à la rencontre des silencieux… Une telle entreprise pourrait se montrer difficile pour nombre de nos pasteurs, et ce, d’autant plus que la spontanéité des fidèles pourrait être mise à mal par l’auto-censure pratiquée nombre d'entre eux qui n’osent dire ce qu’ils souhaitent afin de ne pas être mis au ban de leurs paroisses.
Le travail de Paix liturgique peut aujourd'hui aider tout intéressé à prendre la mesure des attentes des fidèles. Les résultats des sondages réalisés par des organismes professionnels sont sans appel : au moins un tiers des catholiques pratiquants français souhaitent pouvoir assister à la messe extraordinaire dans leurs paroisses, une immense majorité trouverait normale l'instauration du bi-formalisme dans leurs paroisses (comme l'avait déjà démontré le sondage "grandeur nature" réalisé dans la paroisse Notre-Dame de Versailles) quand seulement une minorité (moins de 10 % des pratiquants) ne veut pas en entendre parler…
Ainsi et au nom de millions de catholiques silencieux, nous demandons aujourd'hui clairement et résolument que la messe selon le forme extraordinaire soit désormais célébrée dans les 4.500 paroisses des diocèses de France. Non seulement car cette célébration est une richesse qui doit être partagée, mais aussi parce que si 35% des pratiquants catholiques français veut vivre leur foi en communion avec leur pasteur au rythme de la forme extraordinaire du rite romain, cela implique que dans toutes les paroisses, même la plus petite, même la plus isolée, il se trouve des catholiques qui souhaitent bénéficier de ce trésor spirituel (de prochaines enquêtes de Paix liturgique en donneront bientôt un bon florilège).
"Mais comment ferons-nous pour célébrer toutes ces messes, demanderont ces évêques de bonne volonté, alors que nous n'avons déjà plus de prêtres pour célébrer la forme ordinaire ?"
Et bien nous répondrons qu'il est relativement simple d'y parvenir :
- D'abord, en manifestant clairement que l’on permet aux prêtres diocésains qui le désirent de pouvoir librement célébrer la forme extraordinaire du rite romain. Si le texte du Motu Proprio est clair sur ce point, cela ne suffit pas et nous avons d’innombrables témoignages de prêtres qui nous disent les interdictions, les pressions ou les bâtons dans les roues qu’ils subissent afin de ne pas célébrer la messe traditionnelle. Les exemples que nous évoquerons dans nos prochaines lettres le démontreront aisément.
- Ensuite en faisant appel à des prêtres de communautés Ecclesia Dei (et sans doute bientôt de la Fraternité Saint-Pie-X) formés et préparés pour ce ministère et tout disposés à aider nos évêques (constatons que cette solution qui était jusque là évitée - décision du conseil des évêques oblige - commence à se mettre en œuvre. Ainsi, par exemple à partir du 4 septembre prochain, la messe traditionnelle sera célébrée à Valence (26) - où il n'y avait jusqu'alors aucune célébration extraordinaire - par un prêtre de la Fraternité Saint Pierre.
De notre côté, pour atteindre cette vraie paix liturgique en France et dans le monde, nous comptons amplifier notre action de la manière suivante :
- multiplier les données objectives permettant de faire de bons choix : réalisation de sondages et d’enquêtes et diffusion auprès d’un public toujours plus nombreux ;
- amplifier notre réseau d'amitié dans le monde entier. Nous allons ainsi lancer au cours de l'année à venir, en collaboration avec nos réseaux internationaux, huit nouvelles versions de notre lettre électronique de Paix liturgique (en plus des versions française, allemande, anglaise, espagnole, italienne, polonaise et portugaise déjà existantes). Ainsi, nos amis suédois et croates vont bientôt pouvoir lire notre lettre électronique dans leur langue maternelle ;
- renforcer le tissu de nos amis au sein de chaque paroisse afin de pouvoir faire connaître les bonnes nouvelles mais aussi les persécutions dont font parfois l'objet les demandeurs courageux.
Pour tout cela, nous avons besoin de votre soutien : prières, courage, actions locales, fourniture d’informations ou d’adresses électroniques, et de votre générosité, chacun selon ses charismes et possibilités.
Par avance, nous vous remercions pour tout ce que vous pourrez entreprendre pour qu'enfin nos pasteurs se montrent bons, droits et généreux envers leurs fidèles.
(1) Diocèses d'Angoulême, de Châlons-en-Champagne, de Langres, de Mende et de Viviers.
(2) Les 8 diocèses d'outre-mer où n'est pas célébrée de liturgie "extraordinaire" en parfaite communion avec l'évêque : Diocèse de Cayenne (Guyane) ; Diocèse de Basse-Terre – Guadeloupe ; Diocèse de Fort de France – Martinique ; Diocése de Nouméa ( Nouvelle Calédonie ) ; Archidiocèse de Papeete (Polynésie Française) ; Diocèse de Taiohae, îles Marquises - Polynésie Française ; Diocèse de Wallis-et-Futuna (Polynésie Française).
(3) 15 diocèses (nous incluons dans notre liste les diocèses où la forme extraordinaire n'est célébrée d'une manière stable et hebdomadaire que dans le cadre monastique ) : Agen, Ajaccio, Amiens, Autun, Bourges, Digne, Évreux, La Rochelle, Reims, Rodez, Saint-Claude, Saint-Denis, Soissons, Tulle, Verdun.
(4) Les départements sans célébrations extraordinaires : Ardennes, Creuse, Haute-Sâone.
I – UN PEU D'HISTOIRE ET QUELQUES CHIFFRES
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, il y a quatre ans, en juillet 2007, des milliers de fidèles à travers le monde ont manifesté auprès de leurs pasteurs légitimes, leur souhait de pouvoir vivre leur foi catholique en pleine communion avec l'Église, au sein même de leurs paroisses, au rythme de la forme extraordinaire de la liturgie romaine. En France particulièrement, plusieurs centaines de groupes de demandeurs ont ainsi usé des termes du Motu Proprio.
Si de rares pasteurs ont su les entendre et se montrer soucieux d’obéir au vœu du Saint Père, le plus grand nombre n’y a pas fait droit. Il subsiste d'ailleurs encore en France métropolitaine 5 diocèses (1) et 8 en outre-mer (2) dans lesquels aucune célébration traditionnelle n'a encore été accordée. Par ailleurs, on décompte 15 diocèses (3) sans messe dominicale hebdomadaire régulière à horaire familial célébrée en parfaite communion avec l'Ordinaire et 3 départements qui n'ont pas rang de diocèses, car rattachés à des diocèses voisins, sans forme extraordinaire (4). Enfin, parmi les rares pasteurs ayant accepté de faire quelque chose, une grande partie n’a pour l’heure appliqué le Motu Proprio que « timidement » (messes en semaine et non pas le dimanche, messes mensuelles et non hebdomadaires ou célébrations à des horaires ou dans des lieux non familiaux).
C'est dans ce contexte de négation de la réalité de la demande par trop de pasteurs que Paix liturgique a décidé d'amplifier ses enquêtes d’opinion auprès d’organismes professionnels reconnus et indépendants afin de tenter de mesurer d'une manière la plus objective possible la réalité de la demande.
Rappelons au passage que Paix liturgique n'a pas la prétention de se substituer aux groupes de demandeurs ni à les représenter ou à les fédérer. Paix liturgique est seulement un réseau d'amitié et de solidarité au service des silencieux et des exclus qui s'est créé spontanément et progressivement au cours des 40 dernières années. Paix liturgique souhaite ainsi se faire la voix des sans voix, la voix des fidèles au nom de qui les pasteurs parlent… sans jamais les consulter. Paix liturgique, média libre et indépendant, entend également briser les tabous en abordant les thèmes religieusement incorrects ignorés de la presse officielle et en fournissant de la matière inédite à ce sujet (sondages, enquêtes chiffrées précises quant aux entrées dans les séminaires ou aux ordinations sacerdotales, présentation de communautés ou de prélats en accord avec la réforme de la réforme voulue par Benoît XVI).
La multiplication des sondages internationaux entre 2007 et 2011, a révélé d'une manière définitive que l'attachement à la liturgie traditionnelle n'était pas une affaire franco-française mais bien une préoccupation que l'on retrouvait dans toutes les régions de l'Église latine : que ce soit en Italie, en Allemagne, au Portugal, en Grande Bretagne, en Suisse ou en Espagne (sondages en ligne sur le site de Paix Liturgique), un socle incompressible d'au moins 35% des fidèles pratiquants demeure attaché à la forme extraordinaire du rite romain.
En France, après les quelques courageuses décisions de 2007/2008 (sur 103 nouveaux lieux accordés en France entre la publication du Motu Proprio le 7 juillet 2007 et l'été 2011, 95 l'ont été pendant entre 2007 et 2010 alors que seulement 8 nouveaux lieux ont été accordés entre l'été 2010 et l'été 2011) et après avoir mené une grande enquête de terrain auprès des fidèles de plus de 1000 paroisses avec les résultats que l'on sait, Paix liturgique a décidé d'entreprendre des sondages d'opinion auprès des catholiques de chacun des diocèses français.
Ces sondages ont débuté en 2009 avec le diocèse de Versailles, puis vinrent Paris et Saint Denis en 2010 et La Rochelles-Saintes et Rennes en 2011(sondages en ligne sur le site de Paix Liturgique). D’autres sondages sont en cours et verront leurs résultats prochainement publiés.
Là aussi, il apparait désormais clairement que parmi les catholiques pratiquants français le socle des 35% de fidèles attachés à la forme extraordinaire est très largement dépassé et que d'après les sondages réalisés depuis un an ce chiffre dépasse désormais nettement les 50%.
À la différence de ce qui se passe à l’étranger où la publication de nos sondages suscite un débat dans la presse religieuse ou profane, en France nous assistons à un curieux et bien étrange silence : pas de commentaires, pas de critiques. Des sondages de Paix liturgique on ne parle pas ! Du moins pas en public. Car de nombreux échos nous confirment qu’ils intéressent beaucoup le clergé français, spécialement les responsables ecclésiastiques. Rares sont d’ailleurs les clercs qui – en privé – contestent les données de ces sondages (faut-il rappeler que ce sont ceux d’organismes professionnels dont on entend parler tous les jours à la radio, à la télévision ou dans la presse et non ceux de Paix liturgique). Le silence des instances de l'Église de France et de sa presse officielle ne laissent planer aucun doute sur la gêne qu'engendrerait l'ouverture d'un honnête débat sur ce sujet, tant en haut lieu l'on sait que les résultats fournis par ces sondages reflètent la réalité.
D’ailleurs les chiffres révélés par les sondages sont en adéquation avec ceux fournis par nos enquêtes régulières menées au sujet des vocations sacerdotales et des ordinations en France (voir par exemple les lettres de Paix Liturgique n°290, 275, 238 ou 203 pour les plus récentes). Il apparaît ainsi clairement que malgré son caractère marginal (une présence dans moins de 10% des paroisses françaises), ses détracteurs et ses manques de moyens, la composante traditionnelle attire à elle un tiers des futurs lévites sans oublier qu'un grand nombre de ceux qui choisissent la voie officielle (c’est à dire pour l’heure la forme ordinaire) sont proches voire très proches pour certains de la forme extraordinaire (les proportions de séminaristes diocésains pro-Motu Proprio, quand on peut les établir, sont étonnantes).
À partir de ces éléments, il nous faut nous interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à la paix et à la réconciliation.
Au vu de la manière dont sont ignorés la majorité des groupes de demandeurs (nous avons connaissance d’environ 500 groupes ; Mgr Planet, évêque de Carcassonne, officieusement chargé par la CEF de suivre le dossier des "traditionnalistes" n'en connaîtrait quant à lui qu'une centaine), il apparaît que les moyens employés jusqu’à aujourd'hui pour obtenir l’application du Motu Proprio de Benoît XVI dans les paroisses n'ont pas été les bons.
II – LA MISSION DE PAIX LITURGIQUE
Avec quatre années de recul, on constate que la Commission Ecclesia Dei est extrêmement occupée par la gestion des instituts Ecclesia Dei, par le rapprochement avec la Fraternité Saint Pie X, et jusqu’au mois de mai dernier, par l’établissement du texte de l’Instruction Universae Ecclesiae. De sorte qu'elle ne paraît pas encore en mesure de jouer efficacement le rôle de « 3ème instance » que lui réserve le Motu Proprio (en cas de refus du curé, puis de l’évêque, on s’adresse à la Commission Pontificale, qui aide le curé à répondre à la demande du groupe stable). L’expérience prouve :
- 1°/ que les curés, dans un nombre très important de cas renvoient directement les demandeurs à l’évêque ;
- 2°/ que la Commission Ecclesia Dei, après avoir pris l’avis de l’évêque, surtout dès lors qu’il a accordé quelques miettes, ne s’estime pas en mesure de le contraindre par un décret, comme le prévoit en principe l’Instruction parue le 13 mai dernier.
De sorte que, de facto, l’évêque diocésain (lui-même très dépendant d’un climat idéologique diffusé par ses collaborateurs et par ses confrères de la Conférence épiscopale) occupe tout l’espace : d’une part, il décide à la place du curé, et d’autre part, il court-circuite toute décision du Saint-Siège. Ce qui est parfaitement conforme à l’ecclésiologie concrète qui s’est imposée depuis Vatican II : une espèce d’épiscopalisme, par ailleurs très dépendant d’une idéologie anti-traditionnelle, qui paraît traduire l’esprit du Concile. Cependant, un certain nombre d’évêques – et parfois ceux que l’on n'imaginerait pas prendre cette position – ne peuvent pas ne pas tenir compte des désirs du Pape, surtout au vu de l’effondrement des vocations, de la pratique dominicale, des catéchismes, etc., au sein duquel ne surnage pratiquement qu’un monde « de restauration ».
C’est donc en nous appuyant tant sur la pensée du Pape, clairement exprimée dans le Motu Proprio de 2007 et l’Instruction subséquente de 2011, que sur la « fécondité » manifeste de la liturgie traditionnelle, que nous nous tournons du côté de nos pasteurs diocésains et aussi de nos curés, car c’est à eux seuls qu’il revient de prendre l'initiative des célébrations « extraordinaires », étant certains qu’un certain nombre de ces pasteurs sont ou vont se montrer de bonne volonté, de plus en plus conscients de l’intérêt qu’il y a de laisser un espace de liberté à la liturgie extraordinaire.
III – LA MESSE DANS TOUTES LES PAROISSES
Mais comment faire, demanderont ceux de nos pasteurs qui réellement auraient un souci de paix, autrement dit nos pasteurs de bonne volonté, évêques d’abord et parfois curés ?
Il y a encore quelques années, il pouvait paraître normal de n'accorder la célébration de la messe traditionnelle que là où un groupe de demandeurs l'avait expressément sollicité… c'était l’expression d’un certain bon sens.
Toutefois et comme un bon nombre de demandeurs ont préféré se replier sous leurs tentes aujourd’hui en raison de l’attitude massive de rejet du Motu Proprio par les évêques et curés de paroisses (nous présenterons quelques cas emblématiques au cours de nos prochaines lettre comme celui de la demande faite à Maisons-Laffitte dans le diocèse de Versailles), c'est donc désormais à nos pasteurs – à ceux qui en comprennent l’intérêt ecclésial – de prendre l'initiative.
Le bon sens consisterait d’abord à enquêter auprès des fidèles pour connaître leurs souhaits en matière liturgique sans en rester à l'opinion de conseils non représentatifs, bref d'oser aller à la rencontre des silencieux… Une telle entreprise pourrait se montrer difficile pour nombre de nos pasteurs, et ce, d’autant plus que la spontanéité des fidèles pourrait être mise à mal par l’auto-censure pratiquée nombre d'entre eux qui n’osent dire ce qu’ils souhaitent afin de ne pas être mis au ban de leurs paroisses.
Le travail de Paix liturgique peut aujourd'hui aider tout intéressé à prendre la mesure des attentes des fidèles. Les résultats des sondages réalisés par des organismes professionnels sont sans appel : au moins un tiers des catholiques pratiquants français souhaitent pouvoir assister à la messe extraordinaire dans leurs paroisses, une immense majorité trouverait normale l'instauration du bi-formalisme dans leurs paroisses (comme l'avait déjà démontré le sondage "grandeur nature" réalisé dans la paroisse Notre-Dame de Versailles) quand seulement une minorité (moins de 10 % des pratiquants) ne veut pas en entendre parler…
Ainsi et au nom de millions de catholiques silencieux, nous demandons aujourd'hui clairement et résolument que la messe selon le forme extraordinaire soit désormais célébrée dans les 4.500 paroisses des diocèses de France. Non seulement car cette célébration est une richesse qui doit être partagée, mais aussi parce que si 35% des pratiquants catholiques français veut vivre leur foi en communion avec leur pasteur au rythme de la forme extraordinaire du rite romain, cela implique que dans toutes les paroisses, même la plus petite, même la plus isolée, il se trouve des catholiques qui souhaitent bénéficier de ce trésor spirituel (de prochaines enquêtes de Paix liturgique en donneront bientôt un bon florilège).
"Mais comment ferons-nous pour célébrer toutes ces messes, demanderont ces évêques de bonne volonté, alors que nous n'avons déjà plus de prêtres pour célébrer la forme ordinaire ?"
Et bien nous répondrons qu'il est relativement simple d'y parvenir :
- D'abord, en manifestant clairement que l’on permet aux prêtres diocésains qui le désirent de pouvoir librement célébrer la forme extraordinaire du rite romain. Si le texte du Motu Proprio est clair sur ce point, cela ne suffit pas et nous avons d’innombrables témoignages de prêtres qui nous disent les interdictions, les pressions ou les bâtons dans les roues qu’ils subissent afin de ne pas célébrer la messe traditionnelle. Les exemples que nous évoquerons dans nos prochaines lettres le démontreront aisément.
- Ensuite en faisant appel à des prêtres de communautés Ecclesia Dei (et sans doute bientôt de la Fraternité Saint-Pie-X) formés et préparés pour ce ministère et tout disposés à aider nos évêques (constatons que cette solution qui était jusque là évitée - décision du conseil des évêques oblige - commence à se mettre en œuvre. Ainsi, par exemple à partir du 4 septembre prochain, la messe traditionnelle sera célébrée à Valence (26) - où il n'y avait jusqu'alors aucune célébration extraordinaire - par un prêtre de la Fraternité Saint Pierre.
De notre côté, pour atteindre cette vraie paix liturgique en France et dans le monde, nous comptons amplifier notre action de la manière suivante :
- multiplier les données objectives permettant de faire de bons choix : réalisation de sondages et d’enquêtes et diffusion auprès d’un public toujours plus nombreux ;
- amplifier notre réseau d'amitié dans le monde entier. Nous allons ainsi lancer au cours de l'année à venir, en collaboration avec nos réseaux internationaux, huit nouvelles versions de notre lettre électronique de Paix liturgique (en plus des versions française, allemande, anglaise, espagnole, italienne, polonaise et portugaise déjà existantes). Ainsi, nos amis suédois et croates vont bientôt pouvoir lire notre lettre électronique dans leur langue maternelle ;
- renforcer le tissu de nos amis au sein de chaque paroisse afin de pouvoir faire connaître les bonnes nouvelles mais aussi les persécutions dont font parfois l'objet les demandeurs courageux.
Pour tout cela, nous avons besoin de votre soutien : prières, courage, actions locales, fourniture d’informations ou d’adresses électroniques, et de votre générosité, chacun selon ses charismes et possibilités.
Par avance, nous vous remercions pour tout ce que vous pourrez entreprendre pour qu'enfin nos pasteurs se montrent bons, droits et généreux envers leurs fidèles.
(1) Diocèses d'Angoulême, de Châlons-en-Champagne, de Langres, de Mende et de Viviers.
(2) Les 8 diocèses d'outre-mer où n'est pas célébrée de liturgie "extraordinaire" en parfaite communion avec l'évêque : Diocèse de Cayenne (Guyane) ; Diocèse de Basse-Terre – Guadeloupe ; Diocèse de Fort de France – Martinique ; Diocése de Nouméa ( Nouvelle Calédonie ) ; Archidiocèse de Papeete (Polynésie Française) ; Diocèse de Taiohae, îles Marquises - Polynésie Française ; Diocèse de Wallis-et-Futuna (Polynésie Française).
(3) 15 diocèses (nous incluons dans notre liste les diocèses où la forme extraordinaire n'est célébrée d'une manière stable et hebdomadaire que dans le cadre monastique ) : Agen, Ajaccio, Amiens, Autun, Bourges, Digne, Évreux, La Rochelle, Reims, Rodez, Saint-Claude, Saint-Denis, Soissons, Tulle, Verdun.
(4) Les départements sans célébrations extraordinaires : Ardennes, Creuse, Haute-Sâone.