SOURCE - Le Monde - 27 octobre 2011
Ses militants manifestent quotidiennement, depuis une semaine, devant le Théâtre de la Ville, à Paris. Ils ont même réussi, à plusieurs reprises, à interrompre la représentation de la pièce de théâtre de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu (Le Monde du 27 octobre).
Aux avant-postes de cette mouvance contre-révolutionnaire, catholique intégriste, obnubilée par "la subversion" et dont les référents historiques sont les dictateurs espagnol Franco et portugais Salazar, se trouve un groupuscule, le Renouveau français (RF). Celui-ci a formellement revendiqué les actions menées au Théâtre de la Ville, pour lesquelles il était secondé par les maurrassiens de l'Action française.
FAMILIER DES ACTIONS "COUPS DE POING"
Créé par Thibaut de Chassey et redynamisé aujourd'hui par Gaël de Crépy, ce groupe avait déjà été très en pointe au mois d'avril. Il s'agissait alors pour lui de dénoncer des photographies de l'Américain Andres Serrano exposées à Avignon. L'une d'elles, intitulée Immersion, Piss Christ, avait été détruite par une action commando.
Le RF est en outre familier des actions "coups de poing" contre les manifestations homosexuelles, "kiss-in" (embrassades sur la voie publique) et Gay Pride, qu'il qualifie d'"aberrations anthropologiques". Certains de ses militants ont aussi été mis en cause lors d'une agression raciste, dans le 2e arrondissement de Paris, début 2011.
Pour ses faits d'armes devant le Théâtre de la Ville, le Renouveau français a reçu le soutien de Bruno Gollnisch, sur le blog de ce dernier. Ce n'est pas un hasard. Lors de la campagne interne du Front national, en 2010, les nationaux-catholiques avaient fait la campagne de M. Gollnisch, qui incarnait cette ligne politique face à Marine Le Pen. La défaite de leur candidat à la présidence du FN, en janvier 2011, a douché leurs espoirs de sortir de leur marginalité politique.
JEUNES ET BOURGEOIS
La thématique de la "christianophobie" arrive à point nommé. Elle a, pour cette mouvance, le double avantage de lui redonner une certaine visibilité – et, espère-t-elle, une dynamique – et de servir de ciment à cette famille éclatée, qui peine à se structurer. Plutôt issus de milieux bourgeois (et de l'Ouest parisien), les militants du RF sont jeunes.
Ils ont leurs entrées à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Paris), dont ils assurent, de temps à autre, "la protection", avec la bénédiction de l'abbé Xavier Beauvais, prieur de ce lieu de culte accaparé depuis plus de trente ans par des militants intégristes proches de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, créée par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre.
L'abbé Beauvais n'est pas un modéré. On a pu l'entendre, en mai 2009, lors d'une messe commémorative dans son église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, faire appel à la figure du dirigeant de l'extrême droite belge Léon Degrelle, rallié aux nazis pendant la seconde guerre mondiale. Dans ce prêche adressé à un parterre de militants d'extrême droite radicale, sur fond de croix celtiques stylisées au-dessus de l'autel, l'abbé n'avait pas hésité à appeler au "martyre".
"GROUPE CHOC"
Xavier Beauvais est une figure de l'Institut Civitas, qui rassemble des catholiques traditionalistes et intégristes proches de l'extrême droite et qui se présente comme "un mouvement dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ".
Le RF joue volontiers le rôle de "groupe choc" pour l'Institut Civitas, aux manifestations duquel il s'associe, se réservant le soin d'actions plus rudes et ne dédaignant pas la violence. L'Institut Civitas a ainsi appelé à une manifestation nationale à Paris, samedi 29 octobre, contre la "christianophobie".
Cette manifestation devrait réunir toute la famille nationale-catholique. Le Renouveau français y sera bien entendu présent, tout comme l'Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste. Après la pièce de Romeo Castellucci, la mouvance a un autre spectacle dans le viseur à Paris : Golgota Picnic de Rodrigo Garcia, à l'affiche à partir du 8 décembre au Théâtre du Rond-Point.
Abel Mestre et Caroline Monnot
Ses militants manifestent quotidiennement, depuis une semaine, devant le Théâtre de la Ville, à Paris. Ils ont même réussi, à plusieurs reprises, à interrompre la représentation de la pièce de théâtre de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu (Le Monde du 27 octobre).
Aux avant-postes de cette mouvance contre-révolutionnaire, catholique intégriste, obnubilée par "la subversion" et dont les référents historiques sont les dictateurs espagnol Franco et portugais Salazar, se trouve un groupuscule, le Renouveau français (RF). Celui-ci a formellement revendiqué les actions menées au Théâtre de la Ville, pour lesquelles il était secondé par les maurrassiens de l'Action française.
FAMILIER DES ACTIONS "COUPS DE POING"
Créé par Thibaut de Chassey et redynamisé aujourd'hui par Gaël de Crépy, ce groupe avait déjà été très en pointe au mois d'avril. Il s'agissait alors pour lui de dénoncer des photographies de l'Américain Andres Serrano exposées à Avignon. L'une d'elles, intitulée Immersion, Piss Christ, avait été détruite par une action commando.
Le RF est en outre familier des actions "coups de poing" contre les manifestations homosexuelles, "kiss-in" (embrassades sur la voie publique) et Gay Pride, qu'il qualifie d'"aberrations anthropologiques". Certains de ses militants ont aussi été mis en cause lors d'une agression raciste, dans le 2e arrondissement de Paris, début 2011.
Pour ses faits d'armes devant le Théâtre de la Ville, le Renouveau français a reçu le soutien de Bruno Gollnisch, sur le blog de ce dernier. Ce n'est pas un hasard. Lors de la campagne interne du Front national, en 2010, les nationaux-catholiques avaient fait la campagne de M. Gollnisch, qui incarnait cette ligne politique face à Marine Le Pen. La défaite de leur candidat à la présidence du FN, en janvier 2011, a douché leurs espoirs de sortir de leur marginalité politique.
JEUNES ET BOURGEOIS
La thématique de la "christianophobie" arrive à point nommé. Elle a, pour cette mouvance, le double avantage de lui redonner une certaine visibilité – et, espère-t-elle, une dynamique – et de servir de ciment à cette famille éclatée, qui peine à se structurer. Plutôt issus de milieux bourgeois (et de l'Ouest parisien), les militants du RF sont jeunes.
Ils ont leurs entrées à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Paris), dont ils assurent, de temps à autre, "la protection", avec la bénédiction de l'abbé Xavier Beauvais, prieur de ce lieu de culte accaparé depuis plus de trente ans par des militants intégristes proches de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, créée par l'évêque schismatique Marcel Lefebvre.
L'abbé Beauvais n'est pas un modéré. On a pu l'entendre, en mai 2009, lors d'une messe commémorative dans son église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, faire appel à la figure du dirigeant de l'extrême droite belge Léon Degrelle, rallié aux nazis pendant la seconde guerre mondiale. Dans ce prêche adressé à un parterre de militants d'extrême droite radicale, sur fond de croix celtiques stylisées au-dessus de l'autel, l'abbé n'avait pas hésité à appeler au "martyre".
"GROUPE CHOC"
Xavier Beauvais est une figure de l'Institut Civitas, qui rassemble des catholiques traditionalistes et intégristes proches de l'extrême droite et qui se présente comme "un mouvement dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ".
Le RF joue volontiers le rôle de "groupe choc" pour l'Institut Civitas, aux manifestations duquel il s'associe, se réservant le soin d'actions plus rudes et ne dédaignant pas la violence. L'Institut Civitas a ainsi appelé à une manifestation nationale à Paris, samedi 29 octobre, contre la "christianophobie".
Cette manifestation devrait réunir toute la famille nationale-catholique. Le Renouveau français y sera bien entendu présent, tout comme l'Œuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste. Après la pièce de Romeo Castellucci, la mouvance a un autre spectacle dans le viseur à Paris : Golgota Picnic de Rodrigo Garcia, à l'affiche à partir du 8 décembre au Théâtre du Rond-Point.
Abel Mestre et Caroline Monnot