SOURCE - Jean Madiran - Présent - 28 décembre 2011
C’était trop gros, ce pouvait être une erreur de transcription, je l’avais mise de côté, je n’ai pas voulu l’alléguer en analysant (Présent du 15 décembre) la faiblesse d’ensemble de la « réponse » que Mgr Ocariz a été chargé d’opposer en bloc aux critiques qui de plus en plus s’élèvent à propos des nouveautés du concile Vatican II et de leurs conséquences. Cette « réponse » avait paru dans L’Osservatore romano du 2 décembre. Quatre semaines ont passé, aucune rectification n’est venue. Nicolas Senèze, qui avait imperturbablement cité l’énormité dans La Croix du 5 décembre, n’a manifesté aucun trouble.
Lisons donc maintenant cette énormité non démentie par son auteur ni par ses propagateurs :
« Le fait, a osé écrire Mgr Ocariz, qu’un acte du Magistère de l’Eglise ne soit pas garanti par le charisme de l’infaillibilité ne signifie pas qu’il puisse être considéré comme “faillible”, au sens où il transmettrait une “doctrine provisoire” ou encore des “opinions autorisées”. »
Or il est au contraire évident que si un acte n’est pas infaillible, il est inévitable de le considérer comme faillible.
Et un acte qui n’est pas « faillible » est évidemment « infaillible ».
Il peut paraitre très commode de se retrancher dans l’argument d’autorité. Mais d’une telle acrobatie l’autorité ne sort pas augmentée.
Donc, par une construction conceptuelle audacieuse jusqu’à l’incohérence, Mgr Ocariz distingue une catégorie : l’« infaillible », et immédiatement au-dessous une autre catégorie : le « non-faillible ».
Il tente ainsi d’instituer, pour renforcer ce qui n’est évidemment pas infaillible, la promotion d’une non-faillibilité qui serait une sorte d’infaillibilité alternative, subreptice, non officielle mais impérative.
Son article de L’Osservatore romano n’était certes pas infaillible : voudrait-il le faire passer néanmoins pour « non faillible » ?
Cette embrouille dans L’Osservatore romano nous a été présentée dans La Croix comme l’acte décisif par lequel « Rome rappelle l’importance doctrinale du concile [pastoral] Vatican II ».
Ce qui devient plutôt décisif en l’occurrence, c’est la faiblesse prolongée d’une « réponse » officieuse qui voudrait se faire passer pour officielle afin de se dispenser d’argumenter.
Les deux livres de Gherardini, sa « Supplique au Saint Père », et celle qui a suivi, d’une cinquantaine de personnalités italiennes, « au pape Benoît XVI pour un examen approfondi du concile œcuménique Vatican II », tout cela, en marge des requêtes propres à la FSSPX et finalement dans le même sens, exprime la persistance d’une réclamation qui s’est manifestée avec une insistance ininterrompue depuis quarante-cinq ans. Elle tend à une réinterprétation point par point de l’ensemble des nouveautés de Vatican II. Autrement dit, quand le moment sera venu, une sorte de Vatican III doctrinal pour un examen théologique du Vatican II pastoral : la comparution des nouveautés devant les critères traditionnels du Magistère de l’Eglise, pour obtenir que soient tranchées les contestations, les divergences, les oppositions. Mais elles ne pourront l’être, demain ou plus tard, en concile ou sans concile, que par le Pape.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7505 de Présent du Mercredi 28 décembre 2011
C’était trop gros, ce pouvait être une erreur de transcription, je l’avais mise de côté, je n’ai pas voulu l’alléguer en analysant (Présent du 15 décembre) la faiblesse d’ensemble de la « réponse » que Mgr Ocariz a été chargé d’opposer en bloc aux critiques qui de plus en plus s’élèvent à propos des nouveautés du concile Vatican II et de leurs conséquences. Cette « réponse » avait paru dans L’Osservatore romano du 2 décembre. Quatre semaines ont passé, aucune rectification n’est venue. Nicolas Senèze, qui avait imperturbablement cité l’énormité dans La Croix du 5 décembre, n’a manifesté aucun trouble.
Lisons donc maintenant cette énormité non démentie par son auteur ni par ses propagateurs :
« Le fait, a osé écrire Mgr Ocariz, qu’un acte du Magistère de l’Eglise ne soit pas garanti par le charisme de l’infaillibilité ne signifie pas qu’il puisse être considéré comme “faillible”, au sens où il transmettrait une “doctrine provisoire” ou encore des “opinions autorisées”. »
Or il est au contraire évident que si un acte n’est pas infaillible, il est inévitable de le considérer comme faillible.
Et un acte qui n’est pas « faillible » est évidemment « infaillible ».
Il peut paraitre très commode de se retrancher dans l’argument d’autorité. Mais d’une telle acrobatie l’autorité ne sort pas augmentée.
Donc, par une construction conceptuelle audacieuse jusqu’à l’incohérence, Mgr Ocariz distingue une catégorie : l’« infaillible », et immédiatement au-dessous une autre catégorie : le « non-faillible ».
Il tente ainsi d’instituer, pour renforcer ce qui n’est évidemment pas infaillible, la promotion d’une non-faillibilité qui serait une sorte d’infaillibilité alternative, subreptice, non officielle mais impérative.
Son article de L’Osservatore romano n’était certes pas infaillible : voudrait-il le faire passer néanmoins pour « non faillible » ?
Cette embrouille dans L’Osservatore romano nous a été présentée dans La Croix comme l’acte décisif par lequel « Rome rappelle l’importance doctrinale du concile [pastoral] Vatican II ».
Ce qui devient plutôt décisif en l’occurrence, c’est la faiblesse prolongée d’une « réponse » officieuse qui voudrait se faire passer pour officielle afin de se dispenser d’argumenter.
Les deux livres de Gherardini, sa « Supplique au Saint Père », et celle qui a suivi, d’une cinquantaine de personnalités italiennes, « au pape Benoît XVI pour un examen approfondi du concile œcuménique Vatican II », tout cela, en marge des requêtes propres à la FSSPX et finalement dans le même sens, exprime la persistance d’une réclamation qui s’est manifestée avec une insistance ininterrompue depuis quarante-cinq ans. Elle tend à une réinterprétation point par point de l’ensemble des nouveautés de Vatican II. Autrement dit, quand le moment sera venu, une sorte de Vatican III doctrinal pour un examen théologique du Vatican II pastoral : la comparution des nouveautés devant les critères traditionnels du Magistère de l’Eglise, pour obtenir que soient tranchées les contestations, les divergences, les oppositions. Mais elles ne pourront l’être, demain ou plus tard, en concile ou sans concile, que par le Pape.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7505 de Présent du Mercredi 28 décembre 2011