SOURCE - Nicolas Senèze - La Croix - 5 décembre 2011
Alors que l’Église prépare les célébrations du cinquantenaire du concile Vatican II, « L’Osservatore Romano » a publié vendredi 2 décembre un texte rappelant l’adhésion due à l’enseignement conciliaire
Alors que l’Église prépare les célébrations du cinquantenaire du concile Vatican II, « L’Osservatore Romano » a publié vendredi 2 décembre un texte rappelant l’adhésion due à l’enseignement conciliaire
Il s’agit d’une réponse aux critiques des intégristes autant qu’à ceux qui, à l’intérieur de l’Église, remettent en cause l’interprétation du Concile
Signe de l’importance du texte « À propos de l’adhésion au concile Vatican II », paru vendredi 2 décembre dans L’Osservatore Romano , le site Internet du quotidien édité par le Saint-Siège a pris soin de le publier en six langues, dont le français.
Les discussions doctrinales menées entre 2009 et 2011 entre la Congrégation pour la doctrine de la foi et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), ont en effet montré les divergences doctrinales avec les intégristes, notamment sur Vatican II. « Le concile Vatican II s’est voulu pastoral ; il n’a pas défini de dogme. Il n’a pas ajouté aux articles de foi », répétait ainsi Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la FSSPX, dans un entretien diffusé en début de semaine sur le site de la Fraternité. Le chef de file des lefebvristes y répétait aussi l’impossibilité, à ses yeux, de concilier les textes conciliaires avec l’enseignement traditionnel de l’Église.
Face à ces critiques qui commencent à trouver des échos jusqu’au sein de l’Église catholique, Rome a donc choisi de laisser répondre Mgr Fernando Ocariz, numéro 2 de l’Opus Dei, et un des théologiens qui a mené les entretiens doctrinaux avec la FSSPX.
« Il ne semble pas inutile de rappeler que la visée pastorale du Concile ne signifie pas qu’il n’est pas doctrinal », souligne Mgr Ocariz selon qui « il importe surtout de répéter que la doctrine est ordonnée au salut, et son enseignement partie intégrante de la pastorale ». Et de rappeler que « dans les documents conciliaires, il est évident qu’il existe de nombreux enseignements de nature purement doctrinale », ainsi les constitutions doctrinales Dei verbum , sur la Révélation, et Lumen Gentium , sur l’Église.
« Le Concile Vatican II n’a défini aucun dogme, au sens où il n’a proposé aucune doctrine au moyen d’un acte définitif, poursuit-il sur un ton très pédagogique. Toutefois, le fait qu’un acte du Magistère de l’Église ne soit pas garanti par le charisme de l’infaillibilité ne signifie pas qu’il puisse être considéré comme “faillible”, au sens où il transmettrait une “doctrine provisoire” ou encore des “opinions autorisées”. Toute expression du Magistère authentique doit être accueillie pour ce qu’elle est véritablement : un enseignement donné par des pasteurs qui, dans la succession apostolique, parlent avec un “charisme de vérité” “pourvus de l’autorité du Christ”, “sous la lumière du Saint-Esprit”. »
Aussi tous les enseignements du concile rappelant des enseignements déjà revêtus de l’infaillibilité « requièrent évidemment l’adhésion de la foi théologale ». « Les autres enseignements doctrinaux du Concile requièrent des fidèles le degré d’adhésion appelé “assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence” » qui « ne se présente pas comme un acte de foi, mais plutôt d’obéissance ».
S’il s’agit ici clairement d’une mise en garde à la FSSPX, dont Mgr Fellay a souligné qu’elle répondrait « ces jours-ci » au Préambule doctrinal remis par le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en conclusion des entretiens doctrinaux, ce texte est aussi une pierre dans le jardin de ceux qui, au nom d’un « esprit du concile », en font une interprétation maximaliste.
« Une interprétation authentique des textes conciliaires ne peut être faite que par le Magistère même de l’Église », rappelle-t-il in fine , estimant que « des espaces légitimes de liberté théologique demeurent, pour expliquer, d’une façon ou d’une autre, la non-contradiction avec la Tradition de certaines formulations présentes dans les textes conciliaires ».
Nicolas Senèze
Les discussions doctrinales menées entre 2009 et 2011 entre la Congrégation pour la doctrine de la foi et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), ont en effet montré les divergences doctrinales avec les intégristes, notamment sur Vatican II. « Le concile Vatican II s’est voulu pastoral ; il n’a pas défini de dogme. Il n’a pas ajouté aux articles de foi », répétait ainsi Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la FSSPX, dans un entretien diffusé en début de semaine sur le site de la Fraternité. Le chef de file des lefebvristes y répétait aussi l’impossibilité, à ses yeux, de concilier les textes conciliaires avec l’enseignement traditionnel de l’Église.
Face à ces critiques qui commencent à trouver des échos jusqu’au sein de l’Église catholique, Rome a donc choisi de laisser répondre Mgr Fernando Ocariz, numéro 2 de l’Opus Dei, et un des théologiens qui a mené les entretiens doctrinaux avec la FSSPX.
« Il ne semble pas inutile de rappeler que la visée pastorale du Concile ne signifie pas qu’il n’est pas doctrinal », souligne Mgr Ocariz selon qui « il importe surtout de répéter que la doctrine est ordonnée au salut, et son enseignement partie intégrante de la pastorale ». Et de rappeler que « dans les documents conciliaires, il est évident qu’il existe de nombreux enseignements de nature purement doctrinale », ainsi les constitutions doctrinales Dei verbum , sur la Révélation, et Lumen Gentium , sur l’Église.
« Le Concile Vatican II n’a défini aucun dogme, au sens où il n’a proposé aucune doctrine au moyen d’un acte définitif, poursuit-il sur un ton très pédagogique. Toutefois, le fait qu’un acte du Magistère de l’Église ne soit pas garanti par le charisme de l’infaillibilité ne signifie pas qu’il puisse être considéré comme “faillible”, au sens où il transmettrait une “doctrine provisoire” ou encore des “opinions autorisées”. Toute expression du Magistère authentique doit être accueillie pour ce qu’elle est véritablement : un enseignement donné par des pasteurs qui, dans la succession apostolique, parlent avec un “charisme de vérité” “pourvus de l’autorité du Christ”, “sous la lumière du Saint-Esprit”. »
Non « un acte de foi, mais plutôt d’obéissance »Si celui que le cardinal Ratzinger avait choisi en 1988 pour négocier avec Mgr Lefebvre, aux côtés de l’actuel cardinal Bertone, concède que « les affirmations contenues dans les documents conciliaires n’ont pas toutes la même valeur doctrinale et ne requièrent donc pas toutes le même degré d’adhésion », il ajoute que « les divers degrés d’adhésion aux doctrines proposées par le Magistère ont été rappelés par Vatican II, au n° 25 de la Constitution Lumen gentium, puis résumés dans les trois paragraphes ajoutés au Symbole de Nicée-Constantinople dans la formule de la Professio fidei , publiée en 1989 par la Congrégation pour la doctrine de la foi ».
Aussi tous les enseignements du concile rappelant des enseignements déjà revêtus de l’infaillibilité « requièrent évidemment l’adhésion de la foi théologale ». « Les autres enseignements doctrinaux du Concile requièrent des fidèles le degré d’adhésion appelé “assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence” » qui « ne se présente pas comme un acte de foi, mais plutôt d’obéissance ».
« Assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence »Quant aux « diverses nouveautés d’ordre doctrinal sur le caractère sacramentel de l’épiscopat, la collégialité épiscopale, la liberté religieuse, etc. », Mgr Ocariz insiste sur le fait « qu’une caractéristique essentielle du Magistère est sa continuité et son homogénéité dans le temps ». Mais « continuité ne signifie pas absence de développement », précise-t-il, rappelant donc que « l’assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence (sont) requis face à des nouveautés dans des matières relatives à la foi et à la morale », même si « certaines d’entre elles ont été et sont encore l’objet de controverses en ce qui concerne leur continuité avec le Magistère précédent, c’est-à-dire leur compatibilité avec la Tradition ».
S’il s’agit ici clairement d’une mise en garde à la FSSPX, dont Mgr Fellay a souligné qu’elle répondrait « ces jours-ci » au Préambule doctrinal remis par le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en conclusion des entretiens doctrinaux, ce texte est aussi une pierre dans le jardin de ceux qui, au nom d’un « esprit du concile », en font une interprétation maximaliste.
« Espaces légitimes de liberté théologique »« Face aux difficultés qui peuvent apparaître pour comprendre la continuité de certains enseignements conciliaires avec la Tradition, l’attitude catholique, compte tenu de l’unité du Magistère, consiste à chercher une interprétation unitaire, dans laquelle les textes du concile Vatican II et les documents magistériels précédents s’éclairent mutuellement », insiste donc Mgr Ocariz dans la lignée du discours à la Curie de Benoît XVI, en 2005. « L’interprétation des nouveautés enseignées par le concile Vatican II doit donc repousser l’herméneutique de la discontinuité par rapport à la Tradition, tandis qu’elle doit affirmer l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité ».
« Une interprétation authentique des textes conciliaires ne peut être faite que par le Magistère même de l’Église », rappelle-t-il in fine , estimant que « des espaces légitimes de liberté théologique demeurent, pour expliquer, d’une façon ou d’une autre, la non-contradiction avec la Tradition de certaines formulations présentes dans les textes conciliaires ».
Nicolas Senèze