SOURCE - Père Bernard Galizia - décembre 2011
Toute personne a le droit d’être informée. Après, elle peut avoir son opinion personnelle sous le regard de Dieu. J’écris cette note sous ma propre responsabilité, elle n’engage pas l’Eglise. Mon rôle, mon devoir de prêtre, et je dirai même de simple baptisé, est de chercher à éclairer dans cet écrit les catholiques de base. Ma position est une opinion parmi d’autres, je ne prétends pas qu’elle soit la meilleure. Au lecteur de juger.
En général, j’ai remarqué que peu de catholiques sont au courant de l’affaire Castellucci, et très peu connaissent le sujet de sa pièce de théâtre controversée. Ils ont appris, à travers les médias, selon les termes affectionnés par les journalistes, que« des intégristes catholiques, des royalistes, des extrêmes droites catholiques et des fondamentalistes chrétiens » ont perturbé cette pièce qu’ils estiment être triviale, blasphématoire envers le Christ et provocante envers la foi catholique. Mais ils n’ont eu droit qu’à quelques mots dans les médias catholiques, sur la présence des catholiques de base dans les manifestations, lesquels ne se sentent affiliés à aucune de ces dénominations, et qui sont venus prier en silence aux côtés de Civitas. Ce mouvement, qui veut rétablir la royauté du Christ sur le monde, a au moins le mérite de manifester sa foi au grand jour, et de vouloir réparer l’affront fait au Christ par une prière publique. Mais pas un mot à la télévision, à la radio, et pas un article dans les journaux sur ce que pensent les catholiques pratiquants de nos paroisses, que l’on s’abstient résolument d’interviewer.
Personnellement, comme prêtre diocésain attaché à l’obéissance au Saint Père, je trouve qu’il n’est pas mauvais que les catholiques montrent leur désapprobation en priant publiquement et silencieusement devant les théâtres où le Christ est bafoué. N’imaginons pas un instant que l’on puisse dialoguer facilement avec l’art contemporain antichrétien. Quel mal y a-t-il à faire une réparation publique ? On la fait souvent dans une église où les hosties ont été profanées, avec souvent l’évêque en tête, même si certains pensent qu’on peut aussi bien rester chez soi et prier secrètement pour cette profanation. Qui ne voit pas que les deux attitudes sont complémentaires ? On peut donc pareillement prier publiquement autour d’un théâtre où le visage du Christ est profané. Personne n’a brutalisé un spectateur, ni brulé le théâtre, ce qui aurait eu lieu si on s’en était pris au Coran. Rappelons-nous l’incendie récent des locaux de Charlie Hebdo après que ce dernier ait titré « Charia Hebdo » au sujet de la Libye.
La mauvaise foi de ces médias est révélée par l’affaire de Rennes. D’un côté, ils reconnaissent que l’évêque de Vannes, Mgr Centène, est contre cette pièce, et qu’il appelle ses fidèles à manifester leur désapprobation, de l’autre, les mêmes médias refusent de voir parmi les manifestants un seul catholique pratiquant non intégriste ! Où sont passés les cars des fidèles de Mgr Centène ? Ainsi, tout catholique opposé à cette pièce devient intégriste du seul fait qu’il met le pied dans une manifestation de réparation par la prière, à l’insulte de l’art contemporain contre le visage du Christ. Cela arrange les médias, les artistes et les hommes politiques. On veut nous faire croire que les catholiques qui ne sont pas intégristes ne sont pas dans les manifestations. Donc, comprenez : « Les catholiques, dans leur grande majorité, n’ont rien contre cette pièce ». Triste et horrible mensonge !
Dans toutes les familles catholiques pratiquantes où je suis invité, j’entends avec quelle consternation est ressentie l’offense faite au Christ, et ces personnes me disent que l’on n’en ferait jamais le dixième sur une représentation de Moïse ou de Mahomet !
L'insulte est tout autant faite au Christ qu'aux catholiques, des personnes, après tout, qui ont le droit de réagir vigoureusement à l'insulte qui leur est faite, à travers une image qu'ils vénèrent. Rappelons ici ce qu’a déclaré le Cardinal Ratzinger, lors de la sortie du film ‘La dernière tentation du Christ’ :« Il me semble que le respect de la conscience des hommes, des hommes religieux, et du sacré, est aussi une des conditions de la liberté. Je ne sais pas si on a violé cette liberté, mais il me semble que ce n'est pas une atteinte contre la liberté de l'art, de parler du respect nécessaire du sacré aussi dans l'art d'aujourd'hui ». (Interview par TSR).
Venons-en au sujet de cette pièce de théâtre qui dure 50 minutes. Le scénario est simple, voire indigent ! Un homme âgé a perdu le contrôle de ses intestins. Au fond de la scène du théâtre d’un blanc immaculé, se trouve une immense reproduction du magnifique visage du Christ peint par Antonello de Messine. Peu à peu, le sol se recouvre de la diarrhée du vieil homme. Son fils qui a de la tendresse pour son père vient trois fois le « torcher », passez-moi l’expression. Le père humilié se lamente. A la fin, le fils n’en pouvant plus se dirige vers l’image du Christ pour l’embrasser sur les lèvres. Mais le vieux père voit les choses différemment. Puisque le Christ ne peut rien pour empêcher sa déchéance, il va se révolter contre lui si on en juge par le geste qu’il va faire. Montant derrière l’image du Christ grâce à un escalier, il répand ses matières fécales qui s’écoulent d’un œil déchiré, tandis que l’image ne cesse de se déformer avant d’être découpée par des hommes habillés en noir « qui représentent, les forces du mal », ainsi que l’explique l’auteur à Famille Chrétienne (N° 1767, du 12 au 15 novembre, p. 10).
S’il n’y avait pas eu l’image du visage du Christ sur la scène et la controverse espérée par l’auteur, personne n’aurait payé 30 euros une place de théâtre pour assister à un scénario nul qui consiste à voir un vieillard déféquer sur scène sans retenue, et à sentir de mauvaises odeurs, spectacle impudique, indigne et sordide que la bienséance n’avait pas permis de montrer jusqu’ici.
Aussi, les catholiques de base ont-ils été étonnés que le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Vingt-Trois, après la première représentation de cette pièce, n’ait rien dit de la provocation déplacée de l’auteur, mais ait dénoncé uniquement ceux qui cherchaient à défendre le visage de notre Sauveur, même si une minorité d’entre eux l’ont fait maladroitement. Deux poids et deux mesures, ont-ils jugé. Certes, l’Archevêque de Paris a voulu désamorcer l’affaire. Ils n’ont pas compris non plus qu’un prêtre bien connu à Versailles, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, qui vient du milieu traditionnel, ait trouvé que les catholiques présents aux manifestations s’étaient fait piéger par les intégristes : "on nous a menti, manipulé en criant au blasphème". Ils ont été encore plus surpris que Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, ne voie « aucune christianophobie »dans cette pièce, y trouve même un sens spirituel et déclare que les opposants « se trompent de perspective » ; et que cet évêque, pour conclure, leur ait demandé« de se replonger dans les déclarations de l’auteur ».
Or les catholiques, dans leur ensemble, ne connaissent même pas le sujet de la pièce, sinon qu’il y a des matières fécales un peu partout, même sur l’image du visage du Christ, et ils ignorent davantage encore les déclarations de l’auteur de cette pièce !
Voilà où nous en sommes ! Certains disent : « Il fallait se taire ». Mais ce serait revenir au « tout laisser faire » qui a prévalu jusqu’ici, le célèbre « enfouissement » qui n’est plus de mise aujourd’hui depuis que les papes Jean-Paul II et Benoît XVI nous ont demandé d’afficher notre foi, de ne pas la laisser dans le domaine privé, et d’entrer en politique pour remettre le véritable bien commun de l’homme à l’honneur. D’autres voudraient en découdre, ce n’est pas la solution, ce ne serait pas évangélique. Il ne s’agit pas de faire comme Pierre et de sortir l’épée, il n’en est pas question. Mais Jésus a tout de même dit à Pierre, avant d’être arrêté dans la même nuit, à Gethsémani : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de prier une heure avec moi ! » (Mt. 26, 40). Or personne ne pourra dire que les catholiques engagés, présents autour du théâtre, n’ont pas eu la force de prier avec le Christ durant la nuit, à Paris et à Rennes. Certains de ces catholiques engagés sont certes Lefesvristes, et même s’ils ne sont plus excommuniés, il ne faut pas se cacher qu’ils ne sont pas dans la pleine communion avec le Magistère de l’Eglise. Mais c’est bien à eux, dans les événements qui nous occupent, que l’on peut, à juste titre, appliquer les paroles du Christ : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Mc 9, 40). D’autres enfin, et c’est la majorité, ont prié dans le calme devant le théâtre en signe de réparation, et ont aussi dénoncé l’offense faite au Christ à travers des tracts, par leur présence dans les médias, spécialement sur Internet.
Face à la mobilisation des catholiques engagés, commencée bien avant la première du spectacle à Paris, Romeo Castelluci a fait volte face : dans un communiqué du 24 octobre, il récuse l’idée d’avoir voulu que le vieillard fasse couler ses selles sur le visage du Christ : « C’est faux et je trouve cette idée horrible ». Mais voilà : une journaliste de MetroFrance, peu suspecte de complaisance à l’égard des manifestants chrétiens, qui a assisté à la représentation au Théâtre 104, atteste que c’est à ce moment-là, quand dégouline de l’œil déchiré du Christ un liquide brunâtre versé par le vieux qui a précédemment répandu ses excréments sur la scène immaculée, qu’une odeur nauséabonde envahit la salle.
L’auteur est un manipulateur. Il s’en tire en prétendant qu’à la fin du spectacle, l’image du visage du Christ se recouvre uniquement « d’un voile d’encre noire descendant tel un suaire nocturne ». Un symbole de deuil, en quelque sorte.
En fait, c’est bien le vieillard lui-même qui, dans le scénario, est censé répandre ses matières fécales sur le visage du Christ, puisque dans la pièce originale jouée à Avignon, on l’entendait rire d’une manière sardonique pendant qu’il montait l’escalier derrière l’image du Christ, et que se déversait ce liquide représentant ses selles liquides ! Ce rire diabolique a été supprimé pour les représentations de la pièce à Paris et à Rennes ! Pourquoi ? Sinon parce que le démenti de Castelluci sur la coulée de matières fécales sur le visage du Christ ne serait plus recevable, s’il n’avait pas pris la précaution de retirer du scenario ce rire qui prouve le contraire.
Revenons à notre homme déféquant sur la scène. A travers le geste de ce vieil homme désespéré, c’est d’abord le cri de révolte de Satan contre Dieu : « Christ, je t’emmerde ». Et même si la restitution de la beauté de l’image apparaît à la fin, signe qui peut être interprété comme l’espérance en la Résurrection, ce geste du vieillard est un pur désespoir, un pur blasphème contre l’amour du Père, un pur déni de sa toute Puissance dans le monde !
Pourquoi tout le monde s’insurge-t-il quand un signe religieux est bafoué chez les autres, comme les caricatures de Mahomet, et pourquoi personne ne devrait s’insurger quand est souillée la figure emblématique du christianisme, qu’est le Christ, au nom de la liberté d’expression ?
Comment peut-on se laisser influencer par les allégations de l’auteur dont les autres pièces de théâtre montrent son esprit décadent, et dont les propos tenus lors d’interviews témoignent d’une perception occulte du monde ?
En effet, Castelluci a comme maître à penser Antonin Artaud qui fut lui-même influencé par les doctrines gnostiques et kabbalistiques. Ainsi, la critique éclairante de Jonathan Marshall, dans Realtime Arts de déc.-janv. 2002, au sujet de la pièce Geneside Castellucci, jouée pour la première fois, le 5 juin 1999, au festival d’Amsterdam, puis en France au festival d’Avignon, le 8 juillet 2000, et enfin au théâtre de l’Odéon, le 19 octobre 2000, et que personne, en haut lieu, ne peut donc ignorer :
"L'histoire de Dieu créant amoureusement l'Univers, après quoi l'Homme a commis le péché originel et fut expulsé du Jardin de l'Eden, est bien connue. Moins familière est pourtant la version mystique, judéo-chrétienne que l'on trouve dans le Gnosticisme, la Kabbale et les Rose-croix. C'est cette version que Castellucci représentepar le moyen de sons, performances physiques et effets massifs, spectaculaires. Castellucci puise dans les mêmes traditions qui ont servi d'inspiration à des artistes tels que Baudelaire, Antonin Artaud, Peter Brook […]. Dans cette version plus sombre de la Genèse, l'acte de création n'est pas celui de l'amour, mais une terrible erreur ».
Et Castellucci, interviewé ensuite par Jonathan Marschall, au sujet de Genesi, déclare que « Dieu doit se transformer lui-même dans quelque chose de la chair afin de pouvoir manifester des possibilités qui, autrement, demeureraient irréalisées dans un monde inconsistant ». Pour Castellucci, l’Incarnation n’est donc pas une union du Verbe divin avec la nature humaine mais une transformation de Dieu dans quelque chose de la chair ! Quel ésotérisme !
Quant à sa vision de l’art, il déclare dans la même interview que « l’Ange de l’art, c’est Lucifer », que « L’art devient nécessaire quand on n’est plus dans le paradis », et encore : « Mon spectacle Genesi n’est pas uniquement la Genèse biblique, mais c’est celle qui met au monde (en scène) ma prétention rhétorique de refaire le monde : elle met en scène les aspects les plus vulgaires de mon être : l’artiste, celui qui veut voler à Dieu le dernier et le plus important des sepiroth ».
Or les sepiroth, au nombre de 10, sont les dix éléments de base de la numérologie kabbalistique hébraïque, et censés être la totalité des faisceaux de l’intelligence divine ! Peut-on encore voir en Castellucci un chrétien en recherche, comme certains voudraient nous le faire croire ? Et, surtout, comment voir dans sa pièce, le concept de la Rédemption, puisque pour Castelluci, le Christ n’est pas Dieu fait homme, comme l’entend la foi catholique ? Si le Christ n’est pas à la fois totalement Dieu et totalement homme, il ne peut être notre rédempteur. Avec cela, Castellucci déclare à Famille chrétienne qu’il est « profondément chrétien » (N° 1765, p. 10).
Revenons à la pièce de Castellucci qui nous occupe. Il y a surtout, dans la façon du vieillard de répandre ses excréments sur le visage du Christ, l’accusation grave et révoltante qu’il porte au silence de Dieu et à son impuissance apparente à le guérir. Si demain quelqu’un jette ses selles à la tête d’un prêtre (ou d’un évêque), parce celui-ci l’aura déçu, qui s’en offusquera ? On s’en moquera même ! Aussi le Christ nous a prévenus : « S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront » (Jn 15, 20).
Il ne m’apparaît pas évident, d’autre part, que l’Eglise, à travers ses déclarations complaisantes, conforte les artistes à continuer et à encourager cette perversion de l’art qui consiste à inverser la notion du bien et du mal, et à oser l’inimaginable dans la transgression et la dérision.
Car même les Romains n’ont pas versé de déjections sur la tête du Christ ! Le Père du ciel ne l’a pas permis. Je ne sais même pas si on a osé faire cette horreur sur une représentation du visage du Christ sous la Révolution française ? Il a fallu que ce soit fait à notre époque troublée, enfoncée dans la culture de mort, et qu’on trouve des personnes catholiques pour approuver cette pièce en y repérant le sens religieux qu’y trouve l’auteur pour se justifier.
En novembre 2004, lors de représentation de la pièce « The Crying Body » du Flamand Jan Fabre, dans ce même théâtre de la Ville, à Paris, la hiérarchie catholique s’était tue. Pourtant le Christ y apparaissait entièrement nu, avec un comportement indécent, tandis qu’un évêque, après avoir écouté la confession érotique d’une « pénitente », avait également une conduite scandaleuse et se déshabillait entièrement. Certains spectateurs quittaient la salle en criant au scandale, et n’étaient pas interpellés par la police, comme c’est le cas aujourd’hui pour les chrétiens qui font la même chose pour le spectacle de Castelluci.
C’est à cause du silence de la hiérarchie de l’époque que les traditionalistes se sont organisés et mobilisés cette fois, non pas pour obtenir une réparation, mais pour réparer par la prière l’offense faite au Christ. Résultat des courses : c’est uniquement sur la façon de faire de certains que l’on a trouvé à redire. Au début, pas un mot du président de la Conférence épiscopale contre ce spectacle ! Or c’est pourtant là que les catholiques de base l’attendaient. En plus, ces catholiques, pratiquants ou non, qui ont suivi la manifestation de Civitas – preuve qu’ils y étaient bien présents – se sont vus taxés « d’idiots sympathiques », en référence à Lénine ! Ce ne fut pas d’un grand réconfort pour eux devant leur souffrance !
Cela leur a surtout paru deux poids et deux mesures difficiles à comprendre. Beaucoup espéraient au moins de la part des autorités catholiques de France une condamnation de la trivialité de cet art décadent qui s’attaque à ce qu’il y a de plus sacré chez les catholiques : le Christ ; mais qui évite de souiller le visage de Mahomet, d’Abraham ou de Moïse.
Pour trouver un sens chrétien dans le spectacle du concept du visage du Fils de Dieu, il y faudrait alors la présence d’une sainte Véronique qui, elle, a essuyé le visage du Christ sali par nos péchés. C’est elle qui, avec la Vierge Marie, se montra compatissante envers l’Homme des douleurs. On attend vainement sur la scène quelqu’un se précipitant pour laver le visage bafoué du Christ. Ce serait la véritable compassion, alors que les critiques favorables à cette pièce ne voient que la compassion du fils envers son vieux père. L’esprit d’amour et de réparation envers notre Sauveur est inexistant dans cette pièce à laquelle on ne peut donc qu’abusivement trouver un sens chrétien. Heureusement, à l’extérieur du théâtre régnait la prière réparatrice et silencieuse de la majorité des catholiques présents. Certains étaient entrainés injustement aux postes de police et étaient placés 48h en garde à vue, comme des voleurs, pour avoir sifflé la pièce à l’intérieur du théâtre.
Par ailleurs, il est inutile d’opposer ceux qui se déplacent sur le lieu où la pièce est jouée, et ceux qui se contentent de prier dans une église voisine. Les deux comportements sont nécessaires, et ceux qui prient sur place sont heureux d’être soutenus par ceux qui prient devant le saint Sacrement exposé. Pourquoi les opposer ? N’est-ce pas grâce à la manifestation des catholiques, dès avant l’ouverture du spectacle à Paris, plutôt que pour des raisons économiques, comme on le prétend, que l’auteur a supprimé au Théâtre de la Ville la scène qui se jouait à Avignon où des enfants envoyaient des grenades factices contre le visage du Christ, pendant qu’on entendait les explosions, en bruit de fond ? Mais le fait que cette scène soit dans le scenario, qu’elle est été programmée en juillet au festival d’Avignon, et remise à Rennes, en dit long sur la deshumanisation qui s’installe aujourd’hui dans certaines pièces de théâtre.
C’est, en effet, une violence gratuite sur l’Innocent par excellence, à une époque où ceux qui défendent la pièce sont, par ailleurs, les premiers à parler de paix, de concorde, de tolérance envers toutes les religions, et du « vivre ensemble » ! Mais quelle paix, quelle compassion à venir si on accepte que des enfants envoient des grenades sur le Prince de la paix ? On n’aurait pas accepté ce geste sur un portrait de Gandhi, et il y a là plus que Gandhi ! Je crois voir dans le fait que Castelluci ait replacé à Rennes cette scène qu’il avait retirée, l’assurance que lui apporte la dernière déclaration de l’archevêque de Rennes à ce sujet (site Internet de l’évêché, 3 nov. 2011) : « La pièce cherche à nous emmener encore plus loin. Le visage de Jésus peint par Messine est mis devant la pire souffrance : des enfants qui lui jettent des grenades apparentes. Cela rappelle la Passion. Castelluci le sait et il précise : « Il n’est pas dans mon intention de désacraliser le visage de Jésus, bien au contraire : pour moi, il s’agit d’une forme de prière qui se fait à travers l’innocence d’un geste d’enfant. »
Je trouve scandaleux que Castellucci voit dans cet envoi de grenades (engins de guerre – on a parlé à tort de cailloux), l’innocence d’un geste d’enfant et une forme de prière. Quant on sait combien l’enfant innocent qui entend parler de Jésus est naturellement attiré par lui ! On ne voit pas de petits enfants lever la main contre une image de Jésus ou un crucifix. Mais si on dévoie la petite enfance, on aura en effet des jeunes enfants qui feront ce geste. Mais c’est un geste dévoyé que je ne peux comprendre contre le visage du Christ innocent qui a dit : « Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt. 18, 3). De toute évidence, il ne s’agit pas de ces enfants que Castellucci arment de grenades, lesquels représentent plus la criminalité en herbe, la révolte contre l’amour, que l’innocence ! On ne peut même pas leur trouver l’excuse d’agir dans l’inconscience de leur âge. Ils savent très bien contre qui ils lancent des grenades puisqu’apparaît ensuite, au milieu de la phrase « You are my shepherd » : (Tu es mon berger), bien visible et bien lisible sur l’écran, la présence plus sombre et clignotante de la négation « not » qui annule tout : « You are not my shepherd » (Tu n’es pas mon berger). C’est un refus de se laisser conduire par le Christ. L’archevêque continue : « Au premier abord, ce geste est très (trop ?) provocant. Il exige un surcroît de réflexion pour que soit déchiffré ce qu’a voulu dire l’auteur. Castelluci en parle dans son texte joint. Ce geste m’a fait penser aux questions vives des chercheurs de Dieu qui, innocents dans leur absence de foi, souffrent de ne pas trouver la Vérité et crient vers ce visage comme s’ils lui disaient : vas-tu nous dire enfin quelque chose, une parole d’espérance ? Un peu comme Job qui a crié son angoisse à son Dieu qui s’était tu, ou comme le psalmiste : « pourquoi me cacher ton visage ? »(Ps 88, 15)
Une fois encore Mgr d’Ornellas s’en remet entièrement aux explications de Castellucci et les reprend à son compte. Mais« Crier vers ce visage, un peu comme Job qui a crié son angoisse à son Dieu qui s’était tu », n’est pas tuer ce visage ! Car que font des grenades si elles ne tuent pas ? Ensuite, le visage du Christ est ici à découvert, il n’est pas caché à ces enfants. Au contraire, il leur sourit. Il n’y a pas plus bienveillant que ce portrait d’Antonello de Messine. C’est comme un appel à le rejoindre. J’ai dû mal à comprendre les arguments de Castelluci repris par l’archevêque de Rennes.
A Rennes, sont venus des catholiques en grand nombre, beaucoup d’entre eux n’ont rien à faire de la querelle faite aux traditionalistes. Ils aiment le Christ, c’est tout ! Et, pour eux, la tradition de l’Eglise est avant tout de servir le Christ, de l’honorer et de ne pas rougir de lui quand il est bafoué.
En revanche, la majorité des contre-manifestants à Rennes, au nombre de 150, étaient sous la houlette de la « Gauche unitaire », parti créé en mars 2009 par 4 anciens dirigeants de la ligue communiste révolutionnaire, dont le plus connu est, sans conteste, Christian Piquet, de son vrai nom Christian Lamothe. C’est un ancien membre de la jeunesse communiste, puis de la ligue communiste et enfin du LCR, jusqu’à sa dissolution. Ces manifestants sont, pour la plupart, athées et respectables comme chaque être humain. Mais on ne comprend pas bien leur combat. Leur slogan : « Ce n’est pas aux catholiques de nous dire ce qu’on peut voir et ce qu’on ne peut pas voir ». Mais là n’est pas la vraie question. La vérité nous oblige à dire que les catholiques parlent autrement. Ils rappellent aux artistes ce que l’on peut dire et montrer et ce qu’il n’est pas digne ou convenable de dire et de montrer pour rester dans la morale élémentaire. Aurait-on idée de montrer sur scène aujourd’hui des gladiateurs se battant jusqu’à ce que mort s’en suive, comme dans l’antiquité païenne ? C’est donc en amont que la morale judéo-chrétienne rappelle la vraie liberté de l’homme et condamne les représentations cruelles, licencieuses ou provocantes. D’ailleurs, sur ce point, ces personnes athées sont capables de nous suivre. En effet, si on produisait une pièce de théâtre où un acteur urinait sur un chandelier à 7 branches, les mêmes hurleraient à l’antisémitisme – ce qui ne serait pas faux car dénigrer la religion juive, c’est dénigrer le peuple Juif. Nos libertaires seraient tous devant le théâtre avec leur drapeaux rouges et vociféreraient leur réprobation ! Pourquoi agissent-ils autrement aujourd’hui quand ce sont les catholiques qui sont attaqués dans leur foi ?
Je m’inquiète pour ces catholiques engagés quand sortira la pièce « Golgota picnic » à Paris, dans le même théâtre de la Ville, pièce blasphématoire de Rodrigo Garcia qui déclare lui-même son spectacle « absolument impudique », et surnomme le Christ « Le putain de diable ».
Qui va voir ce genre de spectacle ? Tout le monde branché de l’art contemporain qui va de M. Frédéric Mitterrand, Ministre de la culture, à M. Pierre Berger, président de ce festival d’automne qui présente cette pièce de théâtre ; ce monde déjanté et antichrétien qui trouve beau tout ce qui est provocation gratuite, comme Piss-Christ à Avignon. Faut-il, en cautionnant cette pièce, leur donner raison de faire perdurer et triompher cet art théâtral décadent subventionné par nos impôts ? L’ennemi est ici la culture contemporaine qui véhicule le mal, et non Castelluci qui est dans l’obscurité et pour lequel on doit prier parce qu’il est enfant de Dieu et prisonnier de cette fausse culture. Ne peut-on penser que les manifestants, en prière à genoux, prient d’abord pour la conversion de cet auteur adepte des sciences occultes, comme on l’a montré plus haut ?
A force d’avoir peur de mêler nos voix aux intégristes, on est prêt à toutes les compromissions. Les déclarations de certains prélats et d’autres prêtres influents, ne vont certainement pas inciter les Lefesvristes à entrer dans le giron de l’Eglise. Mais le veut-on vraiment ? Il semble qu’on ait tout fait dans cette affaire pour leur faire préférer la dissidence. En tout cas, on ne leur a pas tendu la main, c’est le moins qu’on puisse dire.
Pour ma part, je pense avec tristesse que la réaction complaisante de certains prélats et prêtres au sujet de la pièce de Castelluci va se retourner contre eux-mêmes, et finalement contre nous, catholiques blessés en nos âmes, car cela va leur enlever beaucoup de crédibilité et de force pour s’opposer ensuite à la pièce « Golgota Picnic » qui sera jouée à partir du 8 décembre (fête de l’Immaculée Conception, date si importante pour les catholiques et peut-être pas choisie par hasard). Cette pièce est pire encore ! Après les déclarations complaisantes de certaines autorités ecclésiastiques sur l’œuvre de Castellucci, malheureusement si différentes de celles d’un Mgr Centène et d’autres évêques français, certains y trouveront bien encore un sens chrétien en fouillant dans la psychanalyse.
En revanche, les évêques et les prêtres qui ont pris courageusement une position inverse, peuvent dès maintenant mettre en garde leurs fidèles contre Golgota picnic, et pourront critiquer sévèrement ensuite son odieux anticatholicisme. Les débordements attendus pour cette prochaine pièce, et tout ce qu’il va falloir encore entendre contre ceux qui seront finalement les seuls à se mouiller pour défendre l’honneur du Christ, même s’il y a à craindre chez certains quelques dérapages regrettables et condamnables, me font présager un Noël 2011 bien triste pour beaucoup de catholiques français, surtout parmi les gens simples qui sentent intuitivement où est la vérité. Il faut rappeler ici le scandale inouï que Golgota picnic a suscité en Espagne.
Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une dimension eschatologique, où les forces du mal sont déchaînées contre les commandements les plus élémentaires du Créateur, contre la vie même (avortement, euthanasie), contre la vérité sur l’homme et son rôle sur terre (mariage homosexuel, attaques contre la famille et contre les consacrés). C’est le refus de faire retourner vers Dieu l’amour gratuit reçu de lui. C’est une cassure effrayante qui est en chacun de nous, mais qui est entrée massivement dans l’art contemporain, non pour dénoncer le mal mais pour s’y complaire. Cet art là, il ne faut pas avoir peur de l’appeler antichrétien.
Père Bernard Gallizia, prêtre catholique.
Toute personne a le droit d’être informée. Après, elle peut avoir son opinion personnelle sous le regard de Dieu. J’écris cette note sous ma propre responsabilité, elle n’engage pas l’Eglise. Mon rôle, mon devoir de prêtre, et je dirai même de simple baptisé, est de chercher à éclairer dans cet écrit les catholiques de base. Ma position est une opinion parmi d’autres, je ne prétends pas qu’elle soit la meilleure. Au lecteur de juger.
En général, j’ai remarqué que peu de catholiques sont au courant de l’affaire Castellucci, et très peu connaissent le sujet de sa pièce de théâtre controversée. Ils ont appris, à travers les médias, selon les termes affectionnés par les journalistes, que« des intégristes catholiques, des royalistes, des extrêmes droites catholiques et des fondamentalistes chrétiens » ont perturbé cette pièce qu’ils estiment être triviale, blasphématoire envers le Christ et provocante envers la foi catholique. Mais ils n’ont eu droit qu’à quelques mots dans les médias catholiques, sur la présence des catholiques de base dans les manifestations, lesquels ne se sentent affiliés à aucune de ces dénominations, et qui sont venus prier en silence aux côtés de Civitas. Ce mouvement, qui veut rétablir la royauté du Christ sur le monde, a au moins le mérite de manifester sa foi au grand jour, et de vouloir réparer l’affront fait au Christ par une prière publique. Mais pas un mot à la télévision, à la radio, et pas un article dans les journaux sur ce que pensent les catholiques pratiquants de nos paroisses, que l’on s’abstient résolument d’interviewer.
Personnellement, comme prêtre diocésain attaché à l’obéissance au Saint Père, je trouve qu’il n’est pas mauvais que les catholiques montrent leur désapprobation en priant publiquement et silencieusement devant les théâtres où le Christ est bafoué. N’imaginons pas un instant que l’on puisse dialoguer facilement avec l’art contemporain antichrétien. Quel mal y a-t-il à faire une réparation publique ? On la fait souvent dans une église où les hosties ont été profanées, avec souvent l’évêque en tête, même si certains pensent qu’on peut aussi bien rester chez soi et prier secrètement pour cette profanation. Qui ne voit pas que les deux attitudes sont complémentaires ? On peut donc pareillement prier publiquement autour d’un théâtre où le visage du Christ est profané. Personne n’a brutalisé un spectateur, ni brulé le théâtre, ce qui aurait eu lieu si on s’en était pris au Coran. Rappelons-nous l’incendie récent des locaux de Charlie Hebdo après que ce dernier ait titré « Charia Hebdo » au sujet de la Libye.
La mauvaise foi de ces médias est révélée par l’affaire de Rennes. D’un côté, ils reconnaissent que l’évêque de Vannes, Mgr Centène, est contre cette pièce, et qu’il appelle ses fidèles à manifester leur désapprobation, de l’autre, les mêmes médias refusent de voir parmi les manifestants un seul catholique pratiquant non intégriste ! Où sont passés les cars des fidèles de Mgr Centène ? Ainsi, tout catholique opposé à cette pièce devient intégriste du seul fait qu’il met le pied dans une manifestation de réparation par la prière, à l’insulte de l’art contemporain contre le visage du Christ. Cela arrange les médias, les artistes et les hommes politiques. On veut nous faire croire que les catholiques qui ne sont pas intégristes ne sont pas dans les manifestations. Donc, comprenez : « Les catholiques, dans leur grande majorité, n’ont rien contre cette pièce ». Triste et horrible mensonge !
Dans toutes les familles catholiques pratiquantes où je suis invité, j’entends avec quelle consternation est ressentie l’offense faite au Christ, et ces personnes me disent que l’on n’en ferait jamais le dixième sur une représentation de Moïse ou de Mahomet !
L'insulte est tout autant faite au Christ qu'aux catholiques, des personnes, après tout, qui ont le droit de réagir vigoureusement à l'insulte qui leur est faite, à travers une image qu'ils vénèrent. Rappelons ici ce qu’a déclaré le Cardinal Ratzinger, lors de la sortie du film ‘La dernière tentation du Christ’ :« Il me semble que le respect de la conscience des hommes, des hommes religieux, et du sacré, est aussi une des conditions de la liberté. Je ne sais pas si on a violé cette liberté, mais il me semble que ce n'est pas une atteinte contre la liberté de l'art, de parler du respect nécessaire du sacré aussi dans l'art d'aujourd'hui ». (Interview par TSR).
Venons-en au sujet de cette pièce de théâtre qui dure 50 minutes. Le scénario est simple, voire indigent ! Un homme âgé a perdu le contrôle de ses intestins. Au fond de la scène du théâtre d’un blanc immaculé, se trouve une immense reproduction du magnifique visage du Christ peint par Antonello de Messine. Peu à peu, le sol se recouvre de la diarrhée du vieil homme. Son fils qui a de la tendresse pour son père vient trois fois le « torcher », passez-moi l’expression. Le père humilié se lamente. A la fin, le fils n’en pouvant plus se dirige vers l’image du Christ pour l’embrasser sur les lèvres. Mais le vieux père voit les choses différemment. Puisque le Christ ne peut rien pour empêcher sa déchéance, il va se révolter contre lui si on en juge par le geste qu’il va faire. Montant derrière l’image du Christ grâce à un escalier, il répand ses matières fécales qui s’écoulent d’un œil déchiré, tandis que l’image ne cesse de se déformer avant d’être découpée par des hommes habillés en noir « qui représentent, les forces du mal », ainsi que l’explique l’auteur à Famille Chrétienne (N° 1767, du 12 au 15 novembre, p. 10).
S’il n’y avait pas eu l’image du visage du Christ sur la scène et la controverse espérée par l’auteur, personne n’aurait payé 30 euros une place de théâtre pour assister à un scénario nul qui consiste à voir un vieillard déféquer sur scène sans retenue, et à sentir de mauvaises odeurs, spectacle impudique, indigne et sordide que la bienséance n’avait pas permis de montrer jusqu’ici.
Aussi, les catholiques de base ont-ils été étonnés que le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Vingt-Trois, après la première représentation de cette pièce, n’ait rien dit de la provocation déplacée de l’auteur, mais ait dénoncé uniquement ceux qui cherchaient à défendre le visage de notre Sauveur, même si une minorité d’entre eux l’ont fait maladroitement. Deux poids et deux mesures, ont-ils jugé. Certes, l’Archevêque de Paris a voulu désamorcer l’affaire. Ils n’ont pas compris non plus qu’un prêtre bien connu à Versailles, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, qui vient du milieu traditionnel, ait trouvé que les catholiques présents aux manifestations s’étaient fait piéger par les intégristes : "on nous a menti, manipulé en criant au blasphème". Ils ont été encore plus surpris que Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, ne voie « aucune christianophobie »dans cette pièce, y trouve même un sens spirituel et déclare que les opposants « se trompent de perspective » ; et que cet évêque, pour conclure, leur ait demandé« de se replonger dans les déclarations de l’auteur ».
Or les catholiques, dans leur ensemble, ne connaissent même pas le sujet de la pièce, sinon qu’il y a des matières fécales un peu partout, même sur l’image du visage du Christ, et ils ignorent davantage encore les déclarations de l’auteur de cette pièce !
Voilà où nous en sommes ! Certains disent : « Il fallait se taire ». Mais ce serait revenir au « tout laisser faire » qui a prévalu jusqu’ici, le célèbre « enfouissement » qui n’est plus de mise aujourd’hui depuis que les papes Jean-Paul II et Benoît XVI nous ont demandé d’afficher notre foi, de ne pas la laisser dans le domaine privé, et d’entrer en politique pour remettre le véritable bien commun de l’homme à l’honneur. D’autres voudraient en découdre, ce n’est pas la solution, ce ne serait pas évangélique. Il ne s’agit pas de faire comme Pierre et de sortir l’épée, il n’en est pas question. Mais Jésus a tout de même dit à Pierre, avant d’être arrêté dans la même nuit, à Gethsémani : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de prier une heure avec moi ! » (Mt. 26, 40). Or personne ne pourra dire que les catholiques engagés, présents autour du théâtre, n’ont pas eu la force de prier avec le Christ durant la nuit, à Paris et à Rennes. Certains de ces catholiques engagés sont certes Lefesvristes, et même s’ils ne sont plus excommuniés, il ne faut pas se cacher qu’ils ne sont pas dans la pleine communion avec le Magistère de l’Eglise. Mais c’est bien à eux, dans les événements qui nous occupent, que l’on peut, à juste titre, appliquer les paroles du Christ : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Mc 9, 40). D’autres enfin, et c’est la majorité, ont prié dans le calme devant le théâtre en signe de réparation, et ont aussi dénoncé l’offense faite au Christ à travers des tracts, par leur présence dans les médias, spécialement sur Internet.
Face à la mobilisation des catholiques engagés, commencée bien avant la première du spectacle à Paris, Romeo Castelluci a fait volte face : dans un communiqué du 24 octobre, il récuse l’idée d’avoir voulu que le vieillard fasse couler ses selles sur le visage du Christ : « C’est faux et je trouve cette idée horrible ». Mais voilà : une journaliste de MetroFrance, peu suspecte de complaisance à l’égard des manifestants chrétiens, qui a assisté à la représentation au Théâtre 104, atteste que c’est à ce moment-là, quand dégouline de l’œil déchiré du Christ un liquide brunâtre versé par le vieux qui a précédemment répandu ses excréments sur la scène immaculée, qu’une odeur nauséabonde envahit la salle.
L’auteur est un manipulateur. Il s’en tire en prétendant qu’à la fin du spectacle, l’image du visage du Christ se recouvre uniquement « d’un voile d’encre noire descendant tel un suaire nocturne ». Un symbole de deuil, en quelque sorte.
En fait, c’est bien le vieillard lui-même qui, dans le scénario, est censé répandre ses matières fécales sur le visage du Christ, puisque dans la pièce originale jouée à Avignon, on l’entendait rire d’une manière sardonique pendant qu’il montait l’escalier derrière l’image du Christ, et que se déversait ce liquide représentant ses selles liquides ! Ce rire diabolique a été supprimé pour les représentations de la pièce à Paris et à Rennes ! Pourquoi ? Sinon parce que le démenti de Castelluci sur la coulée de matières fécales sur le visage du Christ ne serait plus recevable, s’il n’avait pas pris la précaution de retirer du scenario ce rire qui prouve le contraire.
Revenons à notre homme déféquant sur la scène. A travers le geste de ce vieil homme désespéré, c’est d’abord le cri de révolte de Satan contre Dieu : « Christ, je t’emmerde ». Et même si la restitution de la beauté de l’image apparaît à la fin, signe qui peut être interprété comme l’espérance en la Résurrection, ce geste du vieillard est un pur désespoir, un pur blasphème contre l’amour du Père, un pur déni de sa toute Puissance dans le monde !
Pourquoi tout le monde s’insurge-t-il quand un signe religieux est bafoué chez les autres, comme les caricatures de Mahomet, et pourquoi personne ne devrait s’insurger quand est souillée la figure emblématique du christianisme, qu’est le Christ, au nom de la liberté d’expression ?
Comment peut-on se laisser influencer par les allégations de l’auteur dont les autres pièces de théâtre montrent son esprit décadent, et dont les propos tenus lors d’interviews témoignent d’une perception occulte du monde ?
En effet, Castelluci a comme maître à penser Antonin Artaud qui fut lui-même influencé par les doctrines gnostiques et kabbalistiques. Ainsi, la critique éclairante de Jonathan Marshall, dans Realtime Arts de déc.-janv. 2002, au sujet de la pièce Geneside Castellucci, jouée pour la première fois, le 5 juin 1999, au festival d’Amsterdam, puis en France au festival d’Avignon, le 8 juillet 2000, et enfin au théâtre de l’Odéon, le 19 octobre 2000, et que personne, en haut lieu, ne peut donc ignorer :
"L'histoire de Dieu créant amoureusement l'Univers, après quoi l'Homme a commis le péché originel et fut expulsé du Jardin de l'Eden, est bien connue. Moins familière est pourtant la version mystique, judéo-chrétienne que l'on trouve dans le Gnosticisme, la Kabbale et les Rose-croix. C'est cette version que Castellucci représentepar le moyen de sons, performances physiques et effets massifs, spectaculaires. Castellucci puise dans les mêmes traditions qui ont servi d'inspiration à des artistes tels que Baudelaire, Antonin Artaud, Peter Brook […]. Dans cette version plus sombre de la Genèse, l'acte de création n'est pas celui de l'amour, mais une terrible erreur ».
Et Castellucci, interviewé ensuite par Jonathan Marschall, au sujet de Genesi, déclare que « Dieu doit se transformer lui-même dans quelque chose de la chair afin de pouvoir manifester des possibilités qui, autrement, demeureraient irréalisées dans un monde inconsistant ». Pour Castellucci, l’Incarnation n’est donc pas une union du Verbe divin avec la nature humaine mais une transformation de Dieu dans quelque chose de la chair ! Quel ésotérisme !
Quant à sa vision de l’art, il déclare dans la même interview que « l’Ange de l’art, c’est Lucifer », que « L’art devient nécessaire quand on n’est plus dans le paradis », et encore : « Mon spectacle Genesi n’est pas uniquement la Genèse biblique, mais c’est celle qui met au monde (en scène) ma prétention rhétorique de refaire le monde : elle met en scène les aspects les plus vulgaires de mon être : l’artiste, celui qui veut voler à Dieu le dernier et le plus important des sepiroth ».
Or les sepiroth, au nombre de 10, sont les dix éléments de base de la numérologie kabbalistique hébraïque, et censés être la totalité des faisceaux de l’intelligence divine ! Peut-on encore voir en Castellucci un chrétien en recherche, comme certains voudraient nous le faire croire ? Et, surtout, comment voir dans sa pièce, le concept de la Rédemption, puisque pour Castelluci, le Christ n’est pas Dieu fait homme, comme l’entend la foi catholique ? Si le Christ n’est pas à la fois totalement Dieu et totalement homme, il ne peut être notre rédempteur. Avec cela, Castellucci déclare à Famille chrétienne qu’il est « profondément chrétien » (N° 1765, p. 10).
Revenons à la pièce de Castellucci qui nous occupe. Il y a surtout, dans la façon du vieillard de répandre ses excréments sur le visage du Christ, l’accusation grave et révoltante qu’il porte au silence de Dieu et à son impuissance apparente à le guérir. Si demain quelqu’un jette ses selles à la tête d’un prêtre (ou d’un évêque), parce celui-ci l’aura déçu, qui s’en offusquera ? On s’en moquera même ! Aussi le Christ nous a prévenus : « S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront » (Jn 15, 20).
Il ne m’apparaît pas évident, d’autre part, que l’Eglise, à travers ses déclarations complaisantes, conforte les artistes à continuer et à encourager cette perversion de l’art qui consiste à inverser la notion du bien et du mal, et à oser l’inimaginable dans la transgression et la dérision.
Car même les Romains n’ont pas versé de déjections sur la tête du Christ ! Le Père du ciel ne l’a pas permis. Je ne sais même pas si on a osé faire cette horreur sur une représentation du visage du Christ sous la Révolution française ? Il a fallu que ce soit fait à notre époque troublée, enfoncée dans la culture de mort, et qu’on trouve des personnes catholiques pour approuver cette pièce en y repérant le sens religieux qu’y trouve l’auteur pour se justifier.
En novembre 2004, lors de représentation de la pièce « The Crying Body » du Flamand Jan Fabre, dans ce même théâtre de la Ville, à Paris, la hiérarchie catholique s’était tue. Pourtant le Christ y apparaissait entièrement nu, avec un comportement indécent, tandis qu’un évêque, après avoir écouté la confession érotique d’une « pénitente », avait également une conduite scandaleuse et se déshabillait entièrement. Certains spectateurs quittaient la salle en criant au scandale, et n’étaient pas interpellés par la police, comme c’est le cas aujourd’hui pour les chrétiens qui font la même chose pour le spectacle de Castelluci.
C’est à cause du silence de la hiérarchie de l’époque que les traditionalistes se sont organisés et mobilisés cette fois, non pas pour obtenir une réparation, mais pour réparer par la prière l’offense faite au Christ. Résultat des courses : c’est uniquement sur la façon de faire de certains que l’on a trouvé à redire. Au début, pas un mot du président de la Conférence épiscopale contre ce spectacle ! Or c’est pourtant là que les catholiques de base l’attendaient. En plus, ces catholiques, pratiquants ou non, qui ont suivi la manifestation de Civitas – preuve qu’ils y étaient bien présents – se sont vus taxés « d’idiots sympathiques », en référence à Lénine ! Ce ne fut pas d’un grand réconfort pour eux devant leur souffrance !
Cela leur a surtout paru deux poids et deux mesures difficiles à comprendre. Beaucoup espéraient au moins de la part des autorités catholiques de France une condamnation de la trivialité de cet art décadent qui s’attaque à ce qu’il y a de plus sacré chez les catholiques : le Christ ; mais qui évite de souiller le visage de Mahomet, d’Abraham ou de Moïse.
Pour trouver un sens chrétien dans le spectacle du concept du visage du Fils de Dieu, il y faudrait alors la présence d’une sainte Véronique qui, elle, a essuyé le visage du Christ sali par nos péchés. C’est elle qui, avec la Vierge Marie, se montra compatissante envers l’Homme des douleurs. On attend vainement sur la scène quelqu’un se précipitant pour laver le visage bafoué du Christ. Ce serait la véritable compassion, alors que les critiques favorables à cette pièce ne voient que la compassion du fils envers son vieux père. L’esprit d’amour et de réparation envers notre Sauveur est inexistant dans cette pièce à laquelle on ne peut donc qu’abusivement trouver un sens chrétien. Heureusement, à l’extérieur du théâtre régnait la prière réparatrice et silencieuse de la majorité des catholiques présents. Certains étaient entrainés injustement aux postes de police et étaient placés 48h en garde à vue, comme des voleurs, pour avoir sifflé la pièce à l’intérieur du théâtre.
Par ailleurs, il est inutile d’opposer ceux qui se déplacent sur le lieu où la pièce est jouée, et ceux qui se contentent de prier dans une église voisine. Les deux comportements sont nécessaires, et ceux qui prient sur place sont heureux d’être soutenus par ceux qui prient devant le saint Sacrement exposé. Pourquoi les opposer ? N’est-ce pas grâce à la manifestation des catholiques, dès avant l’ouverture du spectacle à Paris, plutôt que pour des raisons économiques, comme on le prétend, que l’auteur a supprimé au Théâtre de la Ville la scène qui se jouait à Avignon où des enfants envoyaient des grenades factices contre le visage du Christ, pendant qu’on entendait les explosions, en bruit de fond ? Mais le fait que cette scène soit dans le scenario, qu’elle est été programmée en juillet au festival d’Avignon, et remise à Rennes, en dit long sur la deshumanisation qui s’installe aujourd’hui dans certaines pièces de théâtre.
C’est, en effet, une violence gratuite sur l’Innocent par excellence, à une époque où ceux qui défendent la pièce sont, par ailleurs, les premiers à parler de paix, de concorde, de tolérance envers toutes les religions, et du « vivre ensemble » ! Mais quelle paix, quelle compassion à venir si on accepte que des enfants envoient des grenades sur le Prince de la paix ? On n’aurait pas accepté ce geste sur un portrait de Gandhi, et il y a là plus que Gandhi ! Je crois voir dans le fait que Castelluci ait replacé à Rennes cette scène qu’il avait retirée, l’assurance que lui apporte la dernière déclaration de l’archevêque de Rennes à ce sujet (site Internet de l’évêché, 3 nov. 2011) : « La pièce cherche à nous emmener encore plus loin. Le visage de Jésus peint par Messine est mis devant la pire souffrance : des enfants qui lui jettent des grenades apparentes. Cela rappelle la Passion. Castelluci le sait et il précise : « Il n’est pas dans mon intention de désacraliser le visage de Jésus, bien au contraire : pour moi, il s’agit d’une forme de prière qui se fait à travers l’innocence d’un geste d’enfant. »
Je trouve scandaleux que Castellucci voit dans cet envoi de grenades (engins de guerre – on a parlé à tort de cailloux), l’innocence d’un geste d’enfant et une forme de prière. Quant on sait combien l’enfant innocent qui entend parler de Jésus est naturellement attiré par lui ! On ne voit pas de petits enfants lever la main contre une image de Jésus ou un crucifix. Mais si on dévoie la petite enfance, on aura en effet des jeunes enfants qui feront ce geste. Mais c’est un geste dévoyé que je ne peux comprendre contre le visage du Christ innocent qui a dit : « Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt. 18, 3). De toute évidence, il ne s’agit pas de ces enfants que Castellucci arment de grenades, lesquels représentent plus la criminalité en herbe, la révolte contre l’amour, que l’innocence ! On ne peut même pas leur trouver l’excuse d’agir dans l’inconscience de leur âge. Ils savent très bien contre qui ils lancent des grenades puisqu’apparaît ensuite, au milieu de la phrase « You are my shepherd » : (Tu es mon berger), bien visible et bien lisible sur l’écran, la présence plus sombre et clignotante de la négation « not » qui annule tout : « You are not my shepherd » (Tu n’es pas mon berger). C’est un refus de se laisser conduire par le Christ. L’archevêque continue : « Au premier abord, ce geste est très (trop ?) provocant. Il exige un surcroît de réflexion pour que soit déchiffré ce qu’a voulu dire l’auteur. Castelluci en parle dans son texte joint. Ce geste m’a fait penser aux questions vives des chercheurs de Dieu qui, innocents dans leur absence de foi, souffrent de ne pas trouver la Vérité et crient vers ce visage comme s’ils lui disaient : vas-tu nous dire enfin quelque chose, une parole d’espérance ? Un peu comme Job qui a crié son angoisse à son Dieu qui s’était tu, ou comme le psalmiste : « pourquoi me cacher ton visage ? »(Ps 88, 15)
Une fois encore Mgr d’Ornellas s’en remet entièrement aux explications de Castellucci et les reprend à son compte. Mais« Crier vers ce visage, un peu comme Job qui a crié son angoisse à son Dieu qui s’était tu », n’est pas tuer ce visage ! Car que font des grenades si elles ne tuent pas ? Ensuite, le visage du Christ est ici à découvert, il n’est pas caché à ces enfants. Au contraire, il leur sourit. Il n’y a pas plus bienveillant que ce portrait d’Antonello de Messine. C’est comme un appel à le rejoindre. J’ai dû mal à comprendre les arguments de Castelluci repris par l’archevêque de Rennes.
A Rennes, sont venus des catholiques en grand nombre, beaucoup d’entre eux n’ont rien à faire de la querelle faite aux traditionalistes. Ils aiment le Christ, c’est tout ! Et, pour eux, la tradition de l’Eglise est avant tout de servir le Christ, de l’honorer et de ne pas rougir de lui quand il est bafoué.
En revanche, la majorité des contre-manifestants à Rennes, au nombre de 150, étaient sous la houlette de la « Gauche unitaire », parti créé en mars 2009 par 4 anciens dirigeants de la ligue communiste révolutionnaire, dont le plus connu est, sans conteste, Christian Piquet, de son vrai nom Christian Lamothe. C’est un ancien membre de la jeunesse communiste, puis de la ligue communiste et enfin du LCR, jusqu’à sa dissolution. Ces manifestants sont, pour la plupart, athées et respectables comme chaque être humain. Mais on ne comprend pas bien leur combat. Leur slogan : « Ce n’est pas aux catholiques de nous dire ce qu’on peut voir et ce qu’on ne peut pas voir ». Mais là n’est pas la vraie question. La vérité nous oblige à dire que les catholiques parlent autrement. Ils rappellent aux artistes ce que l’on peut dire et montrer et ce qu’il n’est pas digne ou convenable de dire et de montrer pour rester dans la morale élémentaire. Aurait-on idée de montrer sur scène aujourd’hui des gladiateurs se battant jusqu’à ce que mort s’en suive, comme dans l’antiquité païenne ? C’est donc en amont que la morale judéo-chrétienne rappelle la vraie liberté de l’homme et condamne les représentations cruelles, licencieuses ou provocantes. D’ailleurs, sur ce point, ces personnes athées sont capables de nous suivre. En effet, si on produisait une pièce de théâtre où un acteur urinait sur un chandelier à 7 branches, les mêmes hurleraient à l’antisémitisme – ce qui ne serait pas faux car dénigrer la religion juive, c’est dénigrer le peuple Juif. Nos libertaires seraient tous devant le théâtre avec leur drapeaux rouges et vociféreraient leur réprobation ! Pourquoi agissent-ils autrement aujourd’hui quand ce sont les catholiques qui sont attaqués dans leur foi ?
Je m’inquiète pour ces catholiques engagés quand sortira la pièce « Golgota picnic » à Paris, dans le même théâtre de la Ville, pièce blasphématoire de Rodrigo Garcia qui déclare lui-même son spectacle « absolument impudique », et surnomme le Christ « Le putain de diable ».
Qui va voir ce genre de spectacle ? Tout le monde branché de l’art contemporain qui va de M. Frédéric Mitterrand, Ministre de la culture, à M. Pierre Berger, président de ce festival d’automne qui présente cette pièce de théâtre ; ce monde déjanté et antichrétien qui trouve beau tout ce qui est provocation gratuite, comme Piss-Christ à Avignon. Faut-il, en cautionnant cette pièce, leur donner raison de faire perdurer et triompher cet art théâtral décadent subventionné par nos impôts ? L’ennemi est ici la culture contemporaine qui véhicule le mal, et non Castelluci qui est dans l’obscurité et pour lequel on doit prier parce qu’il est enfant de Dieu et prisonnier de cette fausse culture. Ne peut-on penser que les manifestants, en prière à genoux, prient d’abord pour la conversion de cet auteur adepte des sciences occultes, comme on l’a montré plus haut ?
A force d’avoir peur de mêler nos voix aux intégristes, on est prêt à toutes les compromissions. Les déclarations de certains prélats et d’autres prêtres influents, ne vont certainement pas inciter les Lefesvristes à entrer dans le giron de l’Eglise. Mais le veut-on vraiment ? Il semble qu’on ait tout fait dans cette affaire pour leur faire préférer la dissidence. En tout cas, on ne leur a pas tendu la main, c’est le moins qu’on puisse dire.
Pour ma part, je pense avec tristesse que la réaction complaisante de certains prélats et prêtres au sujet de la pièce de Castelluci va se retourner contre eux-mêmes, et finalement contre nous, catholiques blessés en nos âmes, car cela va leur enlever beaucoup de crédibilité et de force pour s’opposer ensuite à la pièce « Golgota Picnic » qui sera jouée à partir du 8 décembre (fête de l’Immaculée Conception, date si importante pour les catholiques et peut-être pas choisie par hasard). Cette pièce est pire encore ! Après les déclarations complaisantes de certaines autorités ecclésiastiques sur l’œuvre de Castellucci, malheureusement si différentes de celles d’un Mgr Centène et d’autres évêques français, certains y trouveront bien encore un sens chrétien en fouillant dans la psychanalyse.
En revanche, les évêques et les prêtres qui ont pris courageusement une position inverse, peuvent dès maintenant mettre en garde leurs fidèles contre Golgota picnic, et pourront critiquer sévèrement ensuite son odieux anticatholicisme. Les débordements attendus pour cette prochaine pièce, et tout ce qu’il va falloir encore entendre contre ceux qui seront finalement les seuls à se mouiller pour défendre l’honneur du Christ, même s’il y a à craindre chez certains quelques dérapages regrettables et condamnables, me font présager un Noël 2011 bien triste pour beaucoup de catholiques français, surtout parmi les gens simples qui sentent intuitivement où est la vérité. Il faut rappeler ici le scandale inouï que Golgota picnic a suscité en Espagne.
Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une dimension eschatologique, où les forces du mal sont déchaînées contre les commandements les plus élémentaires du Créateur, contre la vie même (avortement, euthanasie), contre la vérité sur l’homme et son rôle sur terre (mariage homosexuel, attaques contre la famille et contre les consacrés). C’est le refus de faire retourner vers Dieu l’amour gratuit reçu de lui. C’est une cassure effrayante qui est en chacun de nous, mais qui est entrée massivement dans l’art contemporain, non pour dénoncer le mal mais pour s’y complaire. Cet art là, il ne faut pas avoir peur de l’appeler antichrétien.
Père Bernard Gallizia, prêtre catholique.