Communiqué de Michel Moubèche
13 novembre 2006
Les organisateurs de la conférence intitulée « La Tradition catholique, notre bien commun », qui doit se tenir le 20 novembre au Palais de Mutualité à Paris, ont diffusé un tract au terme duquel je dirigerais un débat sur les « solutions théologiques après Vatican II ». Il s’agit d’une méprise.
Je considère en effet que la terrible crise, que subit l’Eglise catholique depuis quarante ans, provient de la folle tentative de ce concile d’ouvrir l’Eglise au Monde et de marier la doctrine catholique à la philosophie des Lumières. Le cœur de cette tentative est la doctrine conciliaire de la liberté religieuse, fondée sur une conception de la dignité humaine directement issue de cette philosophie des Lumières. Les corollaires de cette doctrine sont l’œcuménisme et le dialogue inter-religieux, qui supposent entre les diverses religions un état de droit analogue au mécanisme du contrat social démocratique.
Cette doctrine revient à placer les faux dieux sur le même plan que Jésus-Christ et à donner aux fausses religions les mêmes prérogatives qu’au catholicisme. Elle conduit inéluctablement à s’abstenir de confesser pleinement la divinité du Christ et l’unicité de l’Eglise qu’Il a fondée. Elle a été maintes fois condamnée solennellement par les papes, notamment Pie IX et Pie XI. Elle constitue tout simplement une hérésie que les chrétiens doivent rejeter vigoureusement s’ils veulent conserver la foi catholique.
La philosophie des Lumières est radicalement incompatible avec le christianisme. Le concile Vatican II est pétri de cette philosophie : il ne doit donc pas être réinterprété mais condamné.
Les velléités de Benoît XVI de faciliter l’usage du missel traditionnel sont, selon les explications mêmes de la Curie(1), une simple manœuvre destinée à conduire les traditionalistes à la « pleine communion », laquelle implique l’acceptation des orientations de Vatican II, ainsi que Benoît XVI l’a clairement rappelé à Mgr Fellay lors de l’audience du 29 août 2005.
Parce que la confession de la foi est une grave obligation, il m’est impossible de participer à une réunion religieuse « dans la ligne de Benoît XVI » et d’arbitrer un « débat » dont les participants supposent que Vatican II est conforme à la foi catholique.
Une longue amitié me lie aux fondateurs de l’Institut du Bon Pasteur dont j’ai toujours soutenu les combats quand ils me paraissaient légitimes. Je ne peux aujourd’hui souscrire à leur stratégie d’ « entrisme » dans l’Eglise conciliaire, dont je crains qu’elle n’aboutisse au mieux à d’amères désillusions.
Michel Moubèche
(1) Cf. l’entretien du Cardinal Castrillon Hoyos à I.Media du 21/9/06 et le discours du Cardinal Ricard aux évêques de France le 4/11/06.
Le 20 novembre, une polémique - par l'abbé Guillaume de Tanoüarn
Je savais, en organisant cette soirée à la Mutualité que j'aurais quelques difficultés à aménager une cohabitation charitable entre catholiques. Je ne les attendais pas de ce côté-là. Michel Moubèche est et demeure un ami. C'est à ce titre - et connaissant sa valeur et sa hauteur de vue - que je lui avais proposé d'arbitrer l'un des débats, lundi soir. Il m'avait répondu par un “oui” franc et massif. Il est vrai que j'avais évoqué la possibilité de la présence d'un sédévacantiste au surnom très romain parmi les invités. Pour des raisons d'équilibre interne, j'ai renoncé à confirmer cette invitation. Et j'ai pensé que Maxence H, avec lequel j'ai organisé naguère certain symposium sur Vatican II, serait la personne idoine pour conduire un débat intitulé de façon très ouverte : Des solutions théologiques après Vatican II. J'ai ainsi légèrement changé la donne, pour lui comme pour beaucoup d'autres participants, contactés téléphoniquement et qui ne se sont pas plaints. Aujourd'hui, cher Maxence, vous m'accusez de “méprise” et vous le faites publiquement. Je veux bien confesser ici une certaine légèreté, due aux multiples sollicitations du moment. Mais je ne me suis pas mépris sur votre acceptation première. Par ailleurs, je vous ai proposé et je renouvelle ici cette proposition, de participer à cette Table ronde en tant que débatteur... Jusqu'ici vous avez refusé cette proposition. Je trouve cela dommage : en tant que catholique de bonne foi, vous aviez votre place dans ce débat.
Cette bonne foi que je vous reconnaîs, vous me la contestez à moi en m'accusant, en outre, “d'entrisme” dans l'Eglise conciliaire. Entrisme ? Commme si l'IBP était entré en fraude dans l'Eglise. C'est l'opinion de Jean Pierre Denis directeur de la Vie. Il viendra l'exprimer le 20 novembre, ainsi qu'il l'a annoncé à ses lecteurs dernièrement. Mais que ce soit la vôtre, cela peut surprendre... Je précise ici que nous n'avons jamais cherché à tricher sur nos convictions, ni moi ni les autres membres de l'IBP. Simplement nous avons un pape, Benoît XVI, qui depuis le 22 décembre 2005, lors d'un mémorable discours à la Curie, modifie profondément la perception que l'Eglise se faisait du concile Vatican II. Il nous invite à en faire un objet d'interprétation. Et aujourd'hui, en écho, le cardinal Ricard, à Lourdes, nous demande de « le relire à nouveaux frais ». C'est ce que personnellement j'avais fait dans le symposium auquel je faisais allusion. C'est ce que nous ferons ce lundi 20 novembre. Entrisme ? Non : volonté de fidélité... mise à l'épreuve du débat.
On ne peut quand même pas faire comme si Vatican II n'existait pas... On ne peut pas non plus lui intenter un procès en hérésie, comme je l'ai écrit en 2003 dans l'introduction à mon petit livre Vatican II et l'Evangile. Que faire alors ? Benoît XVI nous l'indique : il faut lire Vatican II à la lumière de la Tradition. Cette formule ne vous rappelle rien ?
Réponse à un ami - par Michel Moubèche
Cher Monsieur l’Abbé,
Vous m’aviez invité à prendre le train pour Budapest et j’avais accepté. J’apprends qu’il va finalement à Oslo ! Comme il est difficile d’aller de chez nous à Oslo par le train… je préfère m’abstenir.
J’invite nos lecteurs à dépasser les questions de forme et à relire mon communiqué. L’horrible crise de l’Eglise que nous vivons est une crise de la foi, une crise dogmatique. Vatican II veut donner à l’erreur les droits de la vérité. C’est une hérésie qui a clairement mérité l’anathème de Pie IX dans le Syllabus. C’est un fait auquel ni vous ni moi ne pouvons rien changer. L’Eglise ne peut enseigner l’erreur, donc Vatican II doit être condamné. Le reste n’est que paroles jetées au vent.
Quant à ceux qui me traitent avec ironie de « pur », je leur confesse humblement que je suis un misérable pécheur digne de leur miséricorde. Mais mon impureté même ne m’autorise pas à supporter les atteintes à la pureté de la foi.
Quant aux autres qui me disent « désespéré », qu’ils sachent que je n’ai jamais dit que l’Eglise avait disparu. Mais l’Eglise est bien plus grande que deux générations d’un clergé félon. Dieu qui nous juge du haut du ciel est toujours « omnipotens » et son bras ne s’est pas raccourci. Je ne sais pas comment Il fera mais je ne doute pas un instant de sa victoire. Il ne nous demande pas de gagner mais d’être fidèle.
Face à cette dangereuse hérésie de la liberté religieuse, le « politique d’abord » de Maurras apparaît dérisoire. Le véritable rempart est la confession intrépide et confiante de l’entière foi de nos pères : Jésus-Christ est Dieu et on ne se sauve que par Lui.
Bien amicalement et respectueusement,
In caritate Christi,
Michel Moubèche
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