Église : début de dialogue entre ''tradis'' et progressistes |
23 novembre 2006 - Sophie de Ravinel - lefigaro.fr |
Rencontre inédite entre catholiques de sensibilités opposées à la Mutualité. APRÈS UN PREMIER mouvement d'humeur chez les évêques, la main tendue par Benoît XVI à la minorité traditionaliste semble avoir permis de renouer un timide dialogue entre deux communautés qui se lancent des anathèmes depuis trente ans. Lundi soir, au palais de la Mutualité à Paris, des catholiques de différentes sensibilités se sont ainsi retrouvés autour d'une même table pour débattre d'une éventuelle sortie de crise. Devant une assemblée de plusieurs centaines de fidèles pour la plupart traditionalistes, Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie (groupe Le Monde), ainsi que Gérard Leclerc, éditorialiste à France Catholique, se sont retrouvés aux côtés de Bruno Larebière, rédacteur en chef du magazine d'extrême droite Choc du mois, et de l'abbé Philippe Laguérie, supérieur du nouvel Institut du Bon Pasteur, organisateur de la soirée. « Il souffle ici ce soir un bon air catholique qui semblait s'être raréfié depuis les années 1970 », a lancé, enflammé, l'animateur du débat, Daniel Hamich, rédacteur à L'Homme nouveau. L'assemblée, visiblement briefée, n'a pas ménagé ses applaudissements lorsque Jean-Pierre Denis a pris la parole. Le jeune patron de La Vie avait pourtant titré il y a peu « Pourquoi cet homme devait rester dehors » à propos de l'abbé Laguérie, ex-lefebvriste récemment réintégré par Benoît XVI. «Excès de tiédeur» « Une des difficultés du christianisme dans la société est l'excès de tiédeur », a-t-il lancé à un auditoire ravi, justifiant sa présence par le fait qu'il appartient à la génération de l'après-concile, désireuse de « dépasser les conflits idéologiques ». Précisant sa pensée, il expliquait en aparté : « Les intégristes nous obligent à nous poser la question de notre identité catholique et de ce en quoi nous croyons. Il faut avoir le courage de leur répondre. » Comme c'était à prévoir, le dialogue a porté sur le concile Vatican II. Les traditionalistes veulent pouvoir l'interpréter. « Pour interpréter une partition, a prévenu Jean-Pierre Denis, encore faut-il accepter de la jouer. » Gérard Leclerc a fait remarquer pour sa part : « Plus on se rapproche, plus les différences apparaissent. » Ce qui, a-t-il analysé, « est une règle du genre ». |
▼