Entretien du cardinal Ricard à Apcom, le 31 mai 2006 |
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Selon le président de la Conférence épiscopale de France, il pourrait y avoir un acte de bienveillance du pape envers les lefebvristes, pour montrer que la porte n’est pas fermée Cité du Vatican, 31 mai. (Apcom) – « Dans les prochains mois » on peut s’attendre à un « geste de bienveillance » de la part du pape vis-à-vis des lefebvristes, pour montrer que la porte n’est pas fermée. Ce n’est qu’après, probablement, qu’un geste de réponse pourrait venir de la part de la communauté schismatique traditionaliste ; il n’est pas envisageable que cela arrive avant le ’chapitre’ de juillet, qui devra décider si Mgr Bernard Fellay est confirmé à la tête de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X ou s’il aura un successeur: c’est l’analyse du président des évêques français, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Aussi, tout en précisant ne pas disposer de renseignements particuliers, le cardinal Ricard - archevêque de Bordeaux et membre de la commission pontificale Ecclesia Dei, chargée de l’affaire Lefebvre - interrogé au cours d’un séjour de travail à Rome affirme: « Je pense que le pape veut faire un geste pour montrer que la porte n’est pas fermée, un geste de bienveillance. Dans les mois prochains, nous verrons quelle en sera l’expression concrète. Puis il faudra voir si la Fraternité va faire un pas supplémentaire ». Dans les contacts avec le mouvement fondé par l’archevêque français Marcel Lefebvre, Benoît XVI, dès son accession au siège de Pierre, a montré des signes d’attention qui prouvent son intention de réparer la déchirure consommée en 1988 entre Mgr Lefebvre et Jean-Paul II. Le cardinal Ricard rappelle qu’il y a deux points sur lesquels pourrait se concentrer l’effort de dialogue: la confirmation de la possibilité de célébrer la messe selon le rite traditionnel dit de « Saint Pie V » et la suppression des excommunications qui frappèrent les quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre sans l’accord du Vatican. Il y a « un climat d’attente », affirme l’archevêque de Bordeaux. Mais chaque décision, poursuit-il, sera prise par le pape seul et selon son style coutumier: « Le pape se renseigne, il écoute. Et puis il décide. » Et qu’en est-il d’une lettre de la part d’Ecône - quartier général des lefebvristes, en Suisse – qui montrerait la volonté de dialoguer avec Rome? « Au vu des déclarations et homélies de Mgr Fellay – répond le président de l’Église catholique en France – je serais porté à penser qu’il y n’aura pas de lettre pour ouvrir le dialogue, si ce n’est après un premier geste d’ouverture de la part de Rome. » « Il me semble que, même si c’est avec lenteur, les choses commencent aujourd’hui à bouger ; nous ne sommes plus dans une situation de distance hostile ; il y a des contacts », remarque le cardinal Ricard. « Il y a une dynamique qui voit le jour, mais il faut du temps pour qu’on puisse voir un véritable rapprochement. » Le point important, selon le cardinal, n’est pas juridique: « S’il devait y avoir un rapprochement avec la Fraternité Saint Pie X, il faudrait lui trouver une structure (administrative) propre », explique-t-il, en précisant que l’orientation prédominante est en faveur d’ une « prélature personnelle » comme l’Opus Dei. « Le vrai problème – ponctue Mgr Ricard - n’est pas de nature juridique, mais doctrinale: à savoir quelle autorité (les lefebvristes) sont prêts à reconnaître au concile Vatican II et aux enseignements des papes après le concile. » Monseigneur Fellay a plusieurs fois confirmé, tout récemment encore, que c’est l’Église qui a le devoir de corriger la « grave crise » qui est née avec le concile Vatican II et l’ouverture de l’Église à la modernité. C’est là, selon le cardinal Ricard, que pourrait naître une équivoque. Les lefebvristes « apprécient la personne de Benoît XVI. Ils se trompent peut-être un peu, parce que si le Pape dénonce, lui aussi, un faux esprit du concile, il considère cependant le texte du concile comme une source de lumière pour l’Église. Il peut y avoir ici une entente (entre les lefebvristes et le pape Ratzinger, ndlr Apcom) sur la critique des dérives (de l’esprit conciliaire, ndlr Apcom) - conclut Mgr Ricard - mais ensuite les appréciations divergent. » |
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