La messe en latin |
16 décembre 2006 - golias.ouvaton.org |
Les six cardinaux de la Commission Pontificale "Ecclesia Dei" se sont retrouvés à Rome, mercredi dernier, pour évoquer la question liturgique, et en particulier le motu proprio qui devrait libéraliser la célébration de la messe selon l’ancien missel dit de Saint Pie V. Parmi les six porporati, on compte le cardinal français Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence épiscopale. IL sera sans doute le seul à émettre de véritables réserves substantielles quant à la légitimation du rite ancien voulue par le Pape. En définitive, il se limiterait à exiger des contreparties (comme une reconnaissance de la part des intégristes de la valeur de Vatican II). En effet, la décision serait déjà prise. Certes, Benoît XVI a reçu cet automne les cardinaux Ricard et Lustiger qui se sont fait l’écho des réticences épiscopales françaises et leur a prodigués des paroles apaisantes, mais les observateurs qualifiés estiment généralement que ce n’est en fait que partie remise. Ce printemps, le Rubicon devrait être franchi. Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, à la tête de la Commission "Ecclesia Dei" semble plus déterminé que jamais. Beaucoup pensent que le Pape pourrait élever au printemps le bras droit de Mgr Castrillon, Mgr Camille Perl, à l’épiscopat (une fois les "négociations" internes d’Ecclesia Dei achevées). Mgr Perl serait en quelque sorte visiteur du Pape auprès des communautés, et des groupes isolés, attachés à la tradition liturgique latine (cf. à son sujet le document publié par Golias il y a quinze jours concernant ce prélat qui invite les fidèles tradis à se passer de l’accord des évêques pour célébrer la messe en latin). La décision envisagée exprime en fait un dessein caressé à la Curie, en particulier par le cardinal Ratzinger, depuis un quart de siècle. En fait, dès le milieu des années 1980, le cardinal Paul-Augustin Mayer, un bénédictin bavarois, alors préfet de la congrégation pour le culte divin, avait été chargé d’envisager un triple plan d’action : libéralisation de l’ancien rite, répression des abus liturgiques, réforme de la réforme elle-même (dans un sens conservateur et restaurateur). L’opposition tenace du secrétaire du même dicastère, Mgr Virgilio Noè, mais surtout des conférences épiscopales minèrent l’entreprise qui n’aboutit qu’à des demi-mesures : indult partiel plus ou moins étendu, mais largement conditionné par le bon vouloir épiscopal. Le Pape actuel entend faire de cette restauration liturgique un axe de son Pontificat. Il rejoint sur le fond la position d’un prélat autrichien, le cardinal Alfons Maria Stickler, ancien préfet de la Bibliothèque apostolique Vaticane et historien connu à Rome que l’on peut résumer en deux points : le nouveau missel n’a pas remplacé l’ancien mais l’a dédoublé ; il y a au fond deux rites légitimes, l’ancien et le "moderne" ; la restauration doctrinale et morale est indissociable d’un redressement de la liturgie (à cet égard, Joseph Ratzinger jugeait inachevée l’oeuvre de Jean PAul II). La question en débat va donc bien au-delà de la stratégie de l’accueil à réserver aux lefebvriste. Toute une vision de l’Eglise, de sa doctrine et peut-être de l’homme semble en jeu. |
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